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Modernisation des structures et activités des marchés de capitaux

Type Doctrine - Synthèse

Droit d'origine Maroc

Date de fraîcheur 24 août 2021

Thématiques Assurance, Banque, Finance - Général ; Marché financier

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Modernisation des structures et activités des marchés de capitaux

Table des matières


I. - Modernisation des structures du marché ................................................................................................................................. 3
A. - Fragmentation du marché ........................................................................................................................................... 3
B. - Cotation des entreprises étrangères ............................................................................................................................ 4
C. - Extension du rôle et des pouvoirs de la société gestionnaire ...................................................................................... 4
D. - Pouvoir normatif de la société gestionnaire ................................................................................................................ 5
E. - Encadrement de l'activité des conseillers et services d'investissement ....................................................................... 5
1° Définition du conseiller en investissement .............................................................................................................................. 5
2° Agrément du conseiller en investissement ............................................................................................................................... 6
3° Obligations du CIF envers son client ........................................................................................................................................ 6

II. - Modernisation des activités financières .................................................................................................................................. 6


A. - Élargissement du domaine d'action des sociétés de Bourse ........................................................................................ 6
B. - Renforcement du rôle de prévention et de sanction du gendarme de la Bourse .......................................................... 7
Textes de référence ........................................................................................................................................................................ 7
Bibliographie .................................................................................................................................................................................. 8
Auteur ............................................................................................................................................................................................ 9
Notes ............................................................................................................................................................................................ 10
Liens ................................................................................................................................................................................. 10

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Modernisation des structures et activités des marchés de capitaux

Quelques mois après l'entrée en vigueur de la loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés dite «  Loi
bancaire  » (Da. n° 1-14-193, 1er rab. I 1436 [24 déc. 2014] : BORM n° 6340, 5 mars 2015, p. 978, version française) et dans un
esprit de continuité, le Maroc a jugé nécessaire de lancer une nouvelle phase de réforme qui vise à mettre en place de nouvelles
structures répondant aux besoins exprimés par les opérateurs de marché et à rapprocher ce marché des normes et standards
internationaux.
À cet effet, le Conseil du gouvernement a adopté le 10 septembre 2015 le projet de loi n° 19-14 relatif à la Bourse des valeurs, aux
sociétés de Bourse et aux Conseillers en investissement financier (CIF).
Ce texte a été promulgué par le dahir n° 1-16-151 du 21 kaada 1437 (25 août 2016) (Da. n° 1-16-151, 21 kaa. 1437 : BORM n° 6552,
16 mars 2017, p. 186, version française). Il comprend 129 articles, abrogeant et remplaçant le dahir portant loi n° 1-93-211 du
21 septembre 1993 relatif à la Bourse des valeurs.
Son objectif est double :
- d'une part, moderniser le cadre législatif régissant la Bourse des valeurs ;
- et, d'autre part, permettre la mise en place de nouveaux marchés favorisant l'émergence de nouveaux relais de croissance.
Ainsi, les principaux apports de loi n° 19-14 relative à la bourse des valeurs, aux sociétés de bourse et aux conseillers en
investissement financier (Da. n° 1-16-151, 21 kaada 1437 (25 août 2016) portant promulgation de la loi n° 19-14  : BORM n° 6522,
16 mars 2017, p.186) comme énoncés dans sa note de présentation, visent :
- la création de deux marchés : le premier est le marché principal et le second est le marché alternatif. Ce dernier sera dédié aux PME
avec des conditions d'accès au marché adaptées aux spécificités de cette catégorie d'entreprises. Il est également prévu de créer des
compartiments réservés à la négociation des fonds collectifs notamment les exchange traded funds (ETF) et les fonds immobiliers ;
- la cotation des entreprises étrangères, en permettant aux organismes ou personnes morales n'ayant pas leur siège au Maroc d'être
cotés à l'un des compartiments des marchés ;
- une meilleure répartition du pouvoir normatif de la loi, à travers la détermination par le règlement général de la Bourse et non par
la loi des conditions techniques de fonctionnement du marché et des critères d'admission aux différents compartiments ;
- l'encadrement de l'activité des conseillers en investissement et les services d'investissement, à travers l'énumération et la définition
des services d'investissements, et l'élargissement des domaines d'action des sociétés de Bourse pour toucher aux activités connexes au
domaine de l'intermédiation.
Il s'agit donc d'une modernisation des structures et des activités des marchés financiers pour l'adapter aux normes et standards
internationaux et surtout européens.

I. - Modernisation des structures du marché


1. - « Casablanca Finance City » -  Il faut rappeler que le Maroc a mis en place ces dernières années un cadre fiscal, social et
législatif dit « Casablanca Finance City » (CFC) visant à faire peu à peu de Casablanca, une place financière et d'affaires à
l'échelle du continent.
Aujourd’hui, CFC a réussi à constituer une communauté  de plus de 200 entreprises membres qui couvrent pas moins de 50
pays africains, un réseau de 15 centres financiers partenaires (Londres, Bruxelles, Luxembourg, Paris, Barcelone,
Francfort, Astana, Abu Dhabi, Beijing, Shanghai, Busan, Hong Kong, Singapour, Montréal et Toronto). et des
partenariats régionaux.  
Dans un esprit de continuité de ce cadre, le projet de loi opère une restructuration du marché selon de nouveaux critères. Deux
marchés seront créés : un marché principal et un marché alternatif.

A. - Fragmentation du marché

2. - Marché principal et marché alternatif -  L'augmentation du volume d'affaires avait nécessité la réorganisation complète
du marché par le dahir portant loi n° 1-93-211 du 21 septembre 1993 relatif à la Bourse des valeurs. Dans les faits, cela s'était
traduit par la suppression des règles juridiques qui cloisonnaient les marchés nationaux et entravaient la libre circulation des
capitaux et des titres.
Il s'agissait ainsi, au nom de la libre concurrence entre agents économiques, de progresser vers la constitution d'un vaste
marché unifié de capitaux permettant à la collectivité émettrice de se procurer des liquidités en dehors des circuits bancaires
traditionnels.
La nouvelle loi n° 19-14 remet en cause les critères traditionnels de qualification des sociétés cotées (premier et second
marchés pour les grandes et moyennes entreprises, nouveau marché pour les entreprises de pointe) et découpe ces valeurs
cotées selon de nouveaux critères.
Ainsi comme le précise le deuxième alinéa du premier article de loi n° 19-14 , la Bourse des valeurs comprend un marché
principal et un marché alternatif.

3. - Marché principal -  – « Le marché principal comprend au moins quatre compartiments, les deux premiers sont destinés à
la négociation des titres de capital, le troisième compartiment à la négociation des titres des organismes de placements
collectifs tels que définis par la législation en vigueur et le quatrième compartiment dédié à la négociation des titres de
créance » ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 2, al. 2 ).
Le règlement général de la Bourse des valeurs institué par arrêté du Ministre de l’économie et des finances n° 2208-19 du 3

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Le règlement général de la Bourse des valeurs institué par arrêté du Ministre de l’économie et des finances n° 2208-19 du 3
juillet 2019 a apporté plus de précisions sur les compartiments de ce marché.
- Les compartiments « Principal A » et « Principal B » sont destinés à la négociation des titres de capital et ce, en fonction de la
taille de leur capitalisation boursière.
- Le compartiment « Principal C » est destiné à la négociation des titres des OPC.
- Le compartiment « Principal D » est destiné à la négociation des titres de créances.
- Le compartiment « Principal E » est destiné à la négociation des titres de capital par les investisseurs qualifiés et par tout
investisseur détenant une partie du capital de l’émetteur avant l’admission de ces instruments financiers à la cote ; ainsi que
des titres des OPC et des titres de créance par les investisseurs qualifiés.

4. - Marché alternatif -  Le marché alternatif comprend au moins deux compartiments à fonctionnement allégé dédiés
respectivement à la négociation des titres de capital et des titres de créance émis par des petites et moyennes entreprises ( L.
n° 19-14, 25 août 2016, art. 2, al. 3 ). Les critères définissant cette catégorie d'entreprises sont précisés au niveau du règlement
général de la Bourse visé à l' article 5 de loi n° 19-14 . L'objectif de ce marché, dont les conditions d'admission y sont allégées
et la transparence d'information adaptée, est de répondre aux besoins de financement des Petites et moyennes entreprises
(PME) et de faciliter leur accès à la Bourse.
Le règlement général de la Bourse des valeurs a également apporté plus de précisions sur les compartiments de ce marché.

Le compartiment « Alternatif A » est destiné à la négociation des titres de capital émis par les petites ou moyennes
entreprises.
Le compartiment « Alternatif B » est destiné à la négociation des titres de créances émis par les petites ou moyennes
entreprises.
Le compartiment « Alternatif C » est destiné à la négociation des titres de capital par les investisseurs qualifiés et par
tout investisseur détenant une partie du capital de l’émetteur avant l’admission de ces instruments financiers à la
cote ; ainsi que des titres de créance par les petites et moyennes entreprises, par les investisseurs qualifiés

B. - Cotation des entreprises étrangères

5. - Nouvelle réglementation -  La loi n° 19-14 opère une ouverture. Ainsi, les organismes ou personnes morales n'ayant pas
leur siège au Maroc peuvent être cotés à l'un des compartiments des marchés ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 18, al. 1er ). Ces
instruments financiers peuvent être cotés en devises ou en monnaie nationale. Outre les conditions fixées dans le règlement
général de la Bourse des valeurs, l'admission à la cote de ces instruments financiers, est subordonnée au préalable au respect
des conditions ci-après ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 18, al. 2 ) :

l'adhésion de l'Autorité de contrôle de l'émetteur à une organisation internationale des régulateurs des marchés
financiers. La liste des organisations internationales reconnues est fixée par l'Autorité marocaine du marché des
capitaux (AMMC) ;
la conclusion d'une convention de coopération et d'échange d'informations entre l'AMMC et l'autorité de contrôle de
l'émetteur ;
en cas de double cotation, la fongibilité des instruments financiers, objet de l'admission à la cote.

Préalablement à ladite cotation, l'émetteur concerné doit justifier à l'AMMC du respect des conditions prévues par l' article 18
de la loi n° 19-14 ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 18, al. 3 ).
Les conditions et les modalités de cotation desdits instruments financiers sont fixées dans le règlement de la Bourse des
valeurs ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 18, al. 4 ).
« Lorsque ces instruments financiers sont cotés en monnaie nationale, le plafond annuel des émissions projetées desdits
instruments financiers ainsi que le plafond par opération d'émission sont fixés à la première semaine de chaque année par
décision du ministre chargé des finances » ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 18 , in fine).

C. - Extension du rôle et des pouvoirs de la société gestionnaire

6. - Règles et procédures -  Depuis le dahir portant loi n° 1-93-211 du 21 septembre 1993 relatif à la Bourse des valeurs, la
gestion de la Bourse des valeurs est concédée à une société anonyme (dénommée « société gestionnaire » ( L. n° 19-14, 25 août
2016, art. 4 , in fine), en application d'un cahier des charges approuvé par le ministre chargé des finances ( L. n° 19-14, 25 août
2016, art. 4, al. 1er ). Cette société peut également détenir des participations dans des institutions de marché ou de toutes
autres sociétés dont l'activité est liée directement ou indirectement à l'objet social de la société gestionnaire ( L. n° 19-14,
25 août 2016, art. 8, al. 2 ).
Le législateur a déterminé le contenu de la mission de la société gestionnaire qui a pour activité principale d'émettre des
instructions pour la mise en œuvre du règlement général de la Bourse des valeurs. Celui-ci pose les règles et procédures
relatives au fonctionnement du marché principal et du marché alternatif.

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La société gestionnaire établit donc les règles de marché, prononce l'admission des valeurs et des instruments financiers sur le
marché, décide de l'adhésion de ses membres, gère les systèmes informatiques de cotation, assure la publicité des négociations
et la diffusion des cours, enregistre et consigne les transactions.
La société gestionnaire offre également aux émetteurs les services du marché pour la cotation de leurs titres et la réalisation
de leurs opérations financières.
Le nouveau rôle de contrôle qu'exerce la société gestionnaire est original en ce qu'il est opéré par un contrôle endogène qui
laisse place à des règles d'auto-organisation ou d'autocontrôle.

D. - Pouvoir normatif de la société gestionnaire

7. - Règlement général de la Bourse des valeurs -  Le pouvoir le plus important de la société gestionnaire est celui d'adopter
des règles de marché qui prennent la forme d'un règlement général de la Bourse des valeurs (L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 5),
ainsi que des avis et des instructions pour la mise en œuvre de ce règlement (L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 6). Ce pouvoir
normatif lui est délégué par la loi. Ainsi, elle  a établi un règlement général conformément aux dispositions de la loi. Celui-ci a
été approuvé par arrêté du Ministre de l’économie et des finances n° 2208-19 du 3 juillet 2019[1][1 p.10], après avis de l'AMMC,
et publié au « Bulletin officiel » (L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 5, al. 1er).
Le règlement général fixe des règles qui doivent être « transparentes et non discrétionnaires » et permettre « une négociation
équitable et ordonnée », tout en fixant « des critères objectifs en vue de l'exécution efficace des ordres ». Ces règles de marché
déterminent notamment les conditions d'accès au marché et d'admission aux négociations des instruments financiers, les
dispositions d'organisation des transactions, les conditions de suspension des négociations d'un ou plusieurs instruments
financiers, les dispositions relatives à l'enregistrement et à la publicité des négociations ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 5, al. 2 
).
Par ailleurs, la société gestionnaire doit se soumettre à des règles d'organisation. Ainsi, elle doit prendre les dispositions
nécessaires en vue de :

détecter, prévenir et gérer les effets potentiellement dommageables, pour le fonctionnement du marché réglementé ou
pour les membres du marché, de tout conflit d'intérêts entre les exigences de bon fonctionnement du marché
réglementé qu'elle gère et ses intérêts propres ou ceux de ses actionnaires ;
disposer en permanence des moyens, d'une organisation et de procédures de suivi adéquat permettant d'identifier les
risques significatifs de nature à compromettre le bon fonctionnement des marchés réglementés qu'elle gère et prendre
les mesures appropriées pour atténuer ces risques ;
adopter des règles de déontologie applicables aux membres des organes d'administration, de direction et de
surveillance, aux dirigeants, salariés et préposés et en vérifier le respect ;
garantir le bon fonctionnement des systèmes techniques de négociation et disposer notamment de procédures
d'urgence destinées à faire face aux éventuels dysfonctionnements ;
mettre en œuvre des mécanismes visant à faciliter le dénouement efficace et en temps voulu des transactions
exécutées dans le cadre de leur système ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 28 ).

Ainsi, afin de faciliter l'accompagnement des différentes évolutions et mutations que pourrait connaître le marché boursier et
pour une « meilleure répartition du pouvoir normatif de la loi », les conditions techniques de fonctionnement du marché et les
critères d'admission aux différents compartiments ont été fixés par le règlement général de la Bourse et non dans la loi.

E. - Encadrement de l'activité des conseillers et services d'investissement


1° Définition du conseiller en investissement

8. - CIF -  Le premier alinéa de l'article 60 de loi n° 19-14 définit le conseiller en investissement financier comme « toute
personne morale […] qui exerce à titre principal et habituel et principale une ou plusieurs des activités ci-après :
1. le conseil en gestion de portefeuille d'instruments financiers ;
2. le conseil et l'assistance en matière de gestion de patrimoine ;
3. le conseil et l'assistance en matière de gestion financière et d'ingénierie financière pour le compte des organismes ou des
personnes morales faisant appel public à l'épargne ;
4. le conseil de la clientèle pour l'acquisition ou l'aliénation d'instruments financiers ;
5. le conseil à l'occasion des opérations d'appel public à l'épargne ;
6. le conseil des sociétés en matière d'introduction en Bourse et leur accompagnement après ladite introduction ».
Les conseillers en investissement ne peuvent recevoir en dépôt des fonds ou des titres de leurs clients comme le précise l'
article 67 de la loi n° 19-14 .
Ainsi, le statut de conseiller en investissement est ouvert uniquement aux personnes morales qui exercent à titre principal et
habituel les activités limitativement énumérées.

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2° Agrément du conseiller en investissement

9. - Statut -  Seules peuvent exercer l'activité de conseiller en investissement, à titre de profession habituelle et principale, les
personnes morales enregistrées auprès de l'AMMC ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 62 ), qui répondent aux conditions et
garanties requises pour l'exercice de l'activité de conseiller en investissement ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 63 et 64 ).
Le statut de CIF vise, ainsi, à renforcer la protection des investisseurs par un meilleur encadrement de cet acteur de la
commercialisation des instruments financiers. Tout conseiller en investissements financiers est ainsi soumis à un certain
nombre d'obligations et d'interdictions ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 68, 74, 75 et 84 ), contrôlées par l'AMMC ( L. n° 19-14,
25 août 2016, art. 69 ).

3° Obligations du CIF envers son client

10. - Intérêts de la clientèle -  Un conseiller en investissements financiers devrait agir de manière honnête, loyale et
professionnelle pour servir au mieux les intérêts de sa clientèle.
Notons également que les conseillers en investissement, comme les sociétés de Bourse qui doivent adhérer à une Association
professionnelle des sociétés de Bourse (APSB), seront obligés d'adhérer à une association professionnelle dénommée
« Association professionnelle des conseillers en investissement » ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 91 ).
Dans l’attente de l’adoption du projet de circulaire de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux relative aux conseillers en
investissement financier[1 p.10], le nombre des professionnels du marché des capitaux, habilités par l’AMMC, s’établit à 218
professionnels répartis entre les fonctions de négociateur d’instruments financiers, conseiller financier, responsable post-
marché et contrôleurs internes. 

II. - Modernisation des activités financières


11. - Révision du cadre légal -  La loi n° 19-14 opère des modifications concernant les offres publiques sur le marché. Ainsi, il
a été procédé à la révision du cadre légal des opérations d'appel public à l'épargne. La palette des instruments financiers
proposée par le texte a ainsi été étendue aux sukuks, aux parts et aux titres de créances émis par les fonds de placements
collectifs en titrisation ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 1er, 1 et 17 ).
De même, le champ d'action des sociétés de Bourse se trouve élargi et concerne dorénavant des activités connexes à leurs
activités principales.

A. - Élargissement du domaine d'action des sociétés de Bourse

12. - Encadrement par l'AMMC -  Toute société de Bourse doit, avant d'exercer son activité, avoir été préalablement agréée
par décision du président de l'AMMC après avis du comité d'agrément (présidé par le président de l'AMMC, chargé de donner
son avis sur les demandes d'agrément présentées par les sociétés de Bourse) qui sera créé à cet effet ( L. n° 19-14, 25 août 2016,
art. 39 ).
Le projet de loi prévoit qu'outre les activités classiques des sociétés de Bourse, ces sociétés, seules habilitées à exécuter les
transactions sur les instruments financiers inscrits à la cote de la Bourse des valeurs ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 37 et 38 ),
peuvent exercer des activités connexes aux activités d'intermédiation qui sont énumérées comme suit ( L. n° 19-14, 25 août
2016, art. 37, al. 3 ) :

la réception et la transmission d'ordres pour le compte de tiers ;


le placement de titres émis par des personnes morales ou organismes faisant appel public à l'épargne ;
la tenue des comptes titres et les services accessoires, y compris la tenue de comptes d'espèces correspondant à ces
titres conformément à la législation en vigueur ;
la gestion des portefeuilles de titres en vertu d'un mandat ;
le conseil et le démarchage de la clientèle pour l'acquisition ou l'aliénation d'instruments financiers ainsi que le conseil
et l'assistance en matière de gestion de patrimoine ;
l'assistance des personnes morales faisant appel public à l'épargne pour la préparation des documents d'information
destinés au public ;
l'animation du marché des instruments financiers inscrits à la cote de la Bourse des valeurs ;
la gestion des programmes de rachat des sociétés cotées de leurs propres actions ;
l'analyse financière ou toute autre forme de recommandation générale concernant les transactions sur instruments
financiers ;
l'ingénierie financière ;
le conseil et la fourniture de services aux entreprises notamment en matière de structure de capital, de stratégie, des
opérations de fusions et de scission et de rachat d'entreprises.

La régulation exercée par l'AMMC s'appuie aujourd'hui sur une intervention a priori, visant à vérifier le respect des règles au

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La régulation exercée par l'AMMC s'appuie aujourd'hui sur une intervention a priori, visant à vérifier le respect des règles au
stade de l'instruction de chaque dossier. Cette approche de contrôle a priori n'est évidemment pas la seule. Elle est complétée
par un contrôle a posteriori des sociétés de Bourse qui prend la forme de vérification sur pièces et sur place, et par une
surveillance des marchés pouvant déboucher elles aussi sur des enquêtes et porter sur toute personne susceptible d'avoir
commis un abus de marché ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 56 ).
La loi n° 19-14 a prévu des moyens d'action en vue d'assurer la protection des intérêts des clients notamment, lorsque
l'établissement auquel ils ont confié leurs avoirs ne peut plus faire face à ses engagements, une indemnisation, par le fonds de
garantie destiné à indemniser les investisseurs ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 86 à 89 ).
Outre l'encadrement des marchés des capitaux, la loi n° 19-14 confie également à l'AMMC le contrôle de l'activité des services
et conseil en investissement à travers l'énumération et la définition des services d'investissement. Par ailleurs, et suivant la
nature des activités exercées par les conseillers en investissement qui, contrairement aux sociétés de Bourse, n'ont
aucunement le droit de recevoir des fonds ou des titres de leur clientèle ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 67 ).

B. - Renforcement du rôle de prévention et de sanction du gendarme de la Bourse

13. - Élargissement des pouvoirs de l'AMMC -  Dans le cadre de l'exercice de ses missions de contrôle, l'AMMC est habilitée
à faire effectuer par tout agent assermenté et spécialement commissionné à cet effet, des contrôles sur pièces et sur place
auprès des sociétés de Bourse ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 56, al. 3 ).
Il faut rappeler que l'AMMC a une triple mission : veiller au bon fonctionnement du marché, veiller à l'information des
investisseurs et garantir la protection de l'épargne investie dans les instruments financiers.
La loi n° 19-14 élargit les pouvoirs de l'autorité de contrôle et renforce son pouvoir de sanction.
Ainsi, l'AMMC détient d'une part, les pouvoirs de sanction disciplinaire et pécuniaire à l'égard des professionnels agréés dans
le secteur financier et, d'autre part, le pouvoir de sanction administrative contre toute personne qui enfreindrait ses
règlements ( L. n° 19-14, 25 août 2016, art. 101 à 112 ). La dualité du système répressif se manifeste à travers les différents
délits.
La doctrine est en général très critique, pour ne pas dire hostile, à la « double répression » administrative et pénale.
Par ailleurs, seul le pouvoir de sanction de l'AMMC est mis en évidence. Le gendarme de la Bourse a également la mission
d'assurer la protection de l'épargne et des investisseurs. Cette mission n'est pas mise en évidence dans le projet de loi comme
dans la plupart des textes adoptés ces dernières années.
Les mesures envisagées dans ce sens doivent être davantage tournées vers un objectif de réparation et ne pas se cantonner
uniquement sur l'impératif de sanction.
La réflexion doit être tournée vers l'attribution à l'autorité de contrôle d'un rôle indemnitaire des investisseurs victimes
d'infractions boursières.
Par conséquent, force est de constater que l'arsenal juridique érigé pour encadrer le fonctionnement des marchés n'est pas
complet. Un hiatus demeure entre la sophistication croissante des marchés, le renforcement de la régulation et la stagnation
des ressources dont dispose le régulateur.
Face à l'internationalisation des échanges et à la globalisation des marchés, les différents régulateurs doivent, davantage,
collaborer afin de mettre en œuvre un système de régulation adapté aux évolutions des marchés et aux besoins des
investisseurs.
Alors que pendant longtemps, la réglementation était centrée uniquement sur les produits, elle tend aujourd'hui à se focaliser
sur les services et les méthodes de leur commercialisation et promotion. Les pouvoirs publics tentent d'adapter le droit aux
différentes évolutions technologiques et au besoin de sécurité et de confiance que réclament les investisseurs en quête de la
meilleure information et du meilleur équilibre risque/rendement.
La loi n° 19-14 s'est annoncée prometteuse. Cependant, elle doit pallier à certaines lacunes concernant les notions utilisées,
les structures choisies et les activités exercées. Si l'objectif s'inscrit dans la dynamique visant à sortir le marché financier de
son inertie afin qu'il remplisse son rôle de booster de l'économie nationale, il doit procéder à une harmonisation avec les
standards internationaux.
Les marchés sont, de plus en plus, interconnectés. Les mutations des techniques entraînent des innovations dans des
domaines méconnus des juristes.
Afin de suivre ces mutations et évolutions, il s'est avéré nécessaire de doter le marché et les acteurs de moyens permettant de
veiller à sa stabilité et à son bon fonctionnement.
Si on peut se féliciter de l'adoption de certaines réformes, notamment le renforcement du contrôle et de la surveillance des
acteurs financiers, l'élargissement des pouvoirs des autorités de régulation notamment la collaboration au niveau national et
international, on regrette que certaines mesures soient encore en instance de réflexion et de débats alors que la nécessité de
leur mise en œuvre s'impose.

Textes de référence
Dahir n° 1-16-151 du 21 kaada 1437 (25 août 2016), portant promulgation de la loi n° 19-14 relative à la Bourse des valeurs,
aux sociétés de Bourse et aux conseillers en investissement financier (BORM n° 6552, 16 mars 2017, p. 186, version française)

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Dahir n° 1-14-193 du 1er rabii I 1436 (24 décembre 2014), portant promulgation de la loi n° 103-12 relative aux établissements
de crédits et organismes assimilés (BORM n° 6340, 5 mars 2015, p. 978, version française)
Dahir n° 1-13-21 du 1er joumada I 1434 (13 mars 2013), portant promulgation de la loi n° 43-12 relative à l'Autorité marocaine
du marché des capitaux (BORM n° 6144, 18 avr. 2013, p. 1749, version française)
Dahir portant loi n° 1-93-211 du 4 rabii 1414 (21 septembre 1993), relatif à la Bourse des valeurs (BORM n° 4223, 6 oct. 1993,
p. 513, version française) abrogé par la loi n° 19-14
Dahir n° 1-16-151 du 21 kaada 1437 (25 août 2016) portant promulgation de la loi n° 19-14 relative à la bourse des valeurs, aux
sociétés de bourse et aux conseillers en investissement financier (BORM n° 6552, 16 mars 2017, version française, p.186.
Arrêté du ministre de l'économie et des finances n° 2208-
19 du 29 chaoual 1440 (3 juillet 2019) approuvant le règlement général de la Bourse des valeurs.
Circulaire de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux relative aux conseillers en investissement financier

Bibliographie
V. Magnier, Information boursière et préjudice des investisseurs : Dalloz, 2008
J. Méadel, Les marchés financiers et l'ordre public. Préface M. Germain : LGDJ, 2007
N. Spitz, La réparation des préjudices boursiers : éd. Revue Banque, 2010
M. Storck, Les obligations d'information, de conseil, et de mise en garde des prestataires de services d'investissement : Bull.
Joly bourse 2007, p. 311
H. de Vauplane et J.-J. Daigre, La loi sur la sécurité financière : éd. Revue Banque, 2004
K. Zemmouri, La consommation des produits financiers : Thèse université d'Orléans, 2011

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Modernisation des structures et activités des marchés de capitaux

Auteur
Karim Zemmouri

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Notes
Liens

1. ^ [p.5] [p.6] https://bo-ma.lexisnexis.fr/~~resw/static/1604658131313-frontPages/fr-FR/home.xhtml#_ftn1

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