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Programme de renforcement des capacités des Pays pauvres très endettés

INDICATEURS DE VIABILITÉ DE LA DETTE

1. Introduction

À l’échelle internationale et au fil du temps, on a utilisé différents indicateurs et seuils pour évaluer la
viabilité de la dette des pays à faible revenu. Préalablement à l’introduction de l’Initiative PPTE en
1996, la viabilité de la dette était généralement évaluée à l’aide des ratios du stock de dette au PNB
et/ou aux exportations, ainsi que du service de la dette aux exportations. Il n’existait toutefois aucune
norme de référence convenue au niveau international pour déterminer la viabilité, même si la Banque
mondiale publiait régulièrement les fourchettes qu’elle employait pour classer les pays comme
gravement ou modérément endettés, sur la base de la moyenne sur trois ans des ratios de la Valeur
actualisée (VA) de la dette au PNB ou de la Valeur actualisée de la dette aux exportations de biens et
1
services .

Avec l’introduction de l’Initiative PPTE en 1996 et son renforcement en 1999, les indicateurs clés
utilisés pour évaluer la viabilité de la dette d’un pays sont devenus les suivants :
• valeur actualisée de la dette aux exportations ;
• valeur actualisée de la dette aux recettes budgétaires intérieures ; et
• service de la dette aux exportations.

Plus récemment, les Institutions de Bretton Woods (IBW) ont revu la question de comment évaluer la
viabilité de la dette à long terme, ainsi que les indicateurs et seuils employés pour les pays à faible
revenu, au-delà de l’Initiative PPTE. C’est ainsi qu’ils ont établi le nouveau Cadre de viabilité de la
dette à long terme (CVD).

Outre les indicateurs et seuils utilisés sur la scène internationale, il existe des critères applicables à
l’échelle régionale, tels que les plafonds sur les ratios dette/PIB découlant des initiatives de
convergence régionales. De surcroît, certains pays ont établi des critères nationaux destinés à
maintenir la dette viable.

Le présent article esquisse les indicateurs et seuils actuellement utilisés sur la scène internationale,
régionale et nationale, les méthodologies employées pour leurs calculs, ainsi que les principaux
objectifs qu’ils visent.

2. Indicateurs et seuils de viabilité PPTE

Depuis les années 1990, les indicateurs et seuils les plus couramment utilisés pour évaluer la viabilité
2
de la dette extérieure sont ceux de l’Initiative PPTE , tels que présentés dans le tableau 1.

Tableau 1 : indicateurs de viabilité de la dette PPTE


Indicateurs et seuils PPTE
VA dette/ exportations 150%
VA dette/ recettes budgétaires 250%
Service dette/ exportations < 15% - 20% au point d'achèvement

Le but principal des indicateurs et des seuils d’endettement PPTE est d’évaluer l’éligibilité d’un pays à
l’allégement de la dette PPTE, ainsi que de déterminer la quantité d’allégement PPTE à attribuer aux

1
Les pays gravement endettés étaient définis comme les pays dont le ratio VA/PNB > 80 % ou VA/exportations > 220 %. Les
pays modérément endettés avaient des ratios de 48 % < VA/PNB < 80 % ou 132 % < VA/exportations < 220 %.
2
Le tableau 1 présente les seuils correspondant à l’Initiative PPTE renforcée, applicable depuis 1999. Les seuils de l’Initiative
PPTE originelle étaient 200 %-250 % pour VA/exportations et 280 % pour VA/recettes budgétaires. Pour avoir droit à l’initiative
sur la base du ratio VA/recettes budgétaires (guichet budgétaire), un pays doit aussi satisfaire le critère d’ouverture avec un
ratio exportations/PIB de 30 % ou plus, tandis qu’il doit respecter le critère de revenus avec un ratio recettes budgétaires/PIB
de 15 % ou plus.
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pays admissibles. Un pays est jugé éligible à l’allégement PPTE 3 si après le Traitement de Naples
(67 % de réduction du stock), son ratio VA/exportations ou VA/recettes budgétaires dépasse les
seuils présentés au tableau 1. Bien que l’indicateur de service de la dette ne serve pas à évaluer la
viabilité aux fins de PPTE, il permet de déterminer si les créanciers anticiperont suffisamment
d’allégement pour veiller à ce que les coûts de service annuels tombent en dessous de la fourchette
15 %-20 %.

En outre, la méthodologie PPTE prescrit comment calculer ces ratios, comme suit :

• Le champ d’application de la dette est limité à la dette extérieure contractée et avalisée par
l’État.
• La valeur actualisée de la dette est calculée en utilisant comme taux d’escompte la moyenne
sur six mois des Taux d’intérêt commerciaux de référence (TICR) de l’OCDE pour les crédits
à l’exportation avalisés officiellement et en convertissant la monnaie du prêt en dollar US, à
l’aide des taux de change historiques de fin d’année correspondants.
• Le dénominateur d’exportation est la moyenne historique sur trois ans des exportations de
biens et services non facteurs, tandis que les recettes budgétaires intérieures (hors dons)
sont exprimées par un chiffre annuel, converti en dollar US selon le taux de change de fin
d’année qui correspond à la monnaie nationale.
• Les résultats de l’AVD supposent que tous les créanciers assureront le maximum
d’allégement de la dette, sur le principe du partage du fardeau.
Au titre de l’Initiative PPTE, la viabilité de la dette est uniquement calculée au moment de l’évaluation
de l’éligibilité d’un pays à PPTE, avec les analyses de viabilité de la dette (AVD) du document
préliminaire et de point de décision, ainsi qu’à l’occasion du point d’achèvement PPTE d’un pays, qui
marque son départ de l’Initiative. En outre, l’analyse PPTE doit être réalisée de façon tripartite par les
fonctionnaires nationaux et le personnel des IBW.

Les AVD PPTE englobent des analyses de sensibilité destinées à apprécier la vulnérabilité de la
viabilité de la dette à long terme face à des risques comme la contraction de nouvelles dettes sous
des conditions moins concessionnelles, une plus faible croissance des exportations et du PIB, des
chocs tels que les sécheresses et l’augmentation potentielle de l’aide. Les tests de contrainte inclus
dans les AVD PPTE sont généralement conçus pour refléter les risques spécifiques aux pays.

Les indicateurs et seuils PPTE continueront à être employés par les IBW et autres pour évaluer la
viabilité de la dette des pays toujours soumis au processus PPTE ou qui n’y ont pas encore été
déclarés éligibles. Ratios, normes de référence et méthodologie ont donc toujours leur place et un
rôle à jouer quant au but et à la durée de l’Initiative PPTE.

3. Indicateurs et seuils de viabilité de la dette CVD

Au cours des récentes années, les IBW ont examiné comment évaluer la viabilité de la dette plus
largement que dans le seul contexte de l’Initiative PPTE, de manière à conseiller tous les pays à
faible revenu sur les nouveaux prêts, assurant ainsi la viabilité de la dette à long terme. Les
considérations des IBW s’appuient sur trois questions clés :
• Le besoin d’évaluer la viabilité de la dette d’une manière plus universelle est lié au nouveau
4
critère de l’IDA concernant l’éligibilité aux dons, introduit par l’IDA-14 . Bien que l’IDA-13
prévoyait un mécanisme de don, celui-ci imposait un certain nombre de critères pour en
évaluer l’éligibilité, tandis qu’au titre de l’IDA-14 l’éligibilité d’un pays aux dons de l’IDA est
estimée uniquement sur la base du risque d’endettement du pays.
• Le problème des « profiteurs » (free-riders), que les IBW définissent comme la « situation
dans laquelle l’allégement concessionnel de la dette ou les dons peuvent profiter par ricochet
aux prêteurs qui offrent des prêts non concessionnels ». En d’autres termes, si les pays post-
PPTE qui reçoivent actuellement des prêts fortement concessionnels ainsi que des dons des
créanciers/donateurs multilatéraux et bilatéraux commencent à emprunter de manière moins

3
Pour avoir droit à l’allégement PPTE, en plus de présenter un fardeau de dette non viable, un pays doit aussi être éligible au
niveau exclusivement IDA et de la FRPC et il doit s’acquitter de bons antécédents économiques avec les IBW.
4
Un mécanisme de don similaire a également été introduit par la Banque africaine de développement pour le FAD-X.
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concessionnelle auprès d’organismes de crédit à l’exportation ou de gouvernements


bilatéraux hors OCDE (Chine et Inde, par ex.), cela risque d’accroître leur risque de futur
endettement.
• À mesure qu’un nombre croissant de pays achève l’Initiative PPTE et IADM, il est nécessaire
de suivre la viabilité de la dette de manière à prévenir de futurs problèmes d’endettement.
C’est pour cela que la nouvelle approche des IBW – à travers le Cadre de viabilité de la dette
(CVD) – privilégie les projections futures, au lieu de l’approche historique (ou « instantanée »
de l’Initiative PPTE.
Les IBW ont donc mis au point la Cadre de viabilité de la dette (CVD) comme l’outil à utiliser pour
évaluer le risque d’endettement d’un pays, en fonction d’une série d’indicateurs et de seuils
d’endettement.

En développant leur nouveau cadre, les IBW ont lié les seuils de viabilité de la dette à la qualité des
politiques et institutions d’un pays. Elles partent du principe que les pays disposant de politiques et
d’institutions performantes ont plus de chances de supporter des fardeaux de dette plus élevés et
risquent donc moins de tomber dans l’endettement, que les pays dotés de politiques et d’institutions
médiocres. Les IBW ont donc formulé des seuils distincts selon que les performances des pays sont
5
satisfaisantes, moyennes ou insuffisantes en termes de politiques et d’institutions .

La qualité, et donc la classification, des performances d’orientation et de la solidité institutionnelle


d’un pays est mesurée par l’Index d’allocation des ressources IDA de la Banque mondiale 6 (IRAI en
anglais). En particulier, les IBW classent les performances des pays comme satisfaisantes,
moyennes ou insuffisantes comme suit :
• Performances satisfaisantes – pays dont le score IRAI 7 global est égal ou supérieur à 3,75.
• Performances moyennes – pays dont le score IRAI global se situe entre 3,25 et 3,75.
• Performances insuffisantes – pays dont le score IRAI global est égal ou inférieur à 3,25.

En fonction de ces classifications, le tableau 2 présente les indicateurs et seuils du CVD pour la
viabilité de la dette.

Tableau 2 : indicateurs et seuils de viabilité de la dette du CVD


Indicateurs et seuils CVD
Évaluation de la solidité institutionnelle et de la qualité des
Indicateurs politiques
Insuffisantes Moyennes Satisfaisantes
VA dette /PIB 30% 40% 50%
VA dette /exportations 100% 150% 200%
Service dette /exportations 15% 20% 25%
VA dette /recettes budgétaires 200% 250% 300%
Service dette /recettes budgétaires 25% 30% 35%
Tel qu’illustré au tableau 2, les pays dotés de solides politiques et institutions sont censés être en
mesure de maintenir un fardeau de dette nettement plus élevé que les pays moins performants. En
conséquence, les seuils appliqués aux pays les plus performants sont considérablement plus élevés
que les seuils à partir desquels la dette d’un pays moins performant est jugée non viable.

En théorie il existe cinq indicateurs. Dans la pratique toutefois, les IBW privilégient surtout les ratios
au PIB et aux exportations. Elles estiment que les données nationales sur les recettes sont moins
fiables et moins comparables entre pays que les données sur le PIB et les exportations. Les
indicateurs liés aux recettes budgétaires ont donc été exclus lors de l’évaluation de l’éligibilité aux
dons de l’IDA-14.

5
Pour obtenir une présentation analytique des nouveaux seuils, consultez les documents répertoriés sur www.worldbank.org
en suivant Home > Topics > Economic Policy and ... > Debt Sustainability Framework for Low-In...
6
Auparavant appelé Évaluation de la politique et des institutions nationales (EPIN). Pour en savoir plus sur l’IRAI et le score
actuel de votre pays, consultez www.worldbank.org et sélectionnez Home > About Us > IDA > Performance Assessment. >
How IDA Resources are Allocated
7
Le score utilisé est le score IRAI global, et non la Classification IDA des performances nationales.
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Les données et la méthodologie utilisées pour classer les performances politiques et institutionnelles,
ainsi que les ratios d’endettement des pays, sont les suivantes :

• Jusqu’à présent, les IBW ont utilisé le dernier score IRAI annuel pour évaluer les
performances politiques et institutionnelles d’un pays. Les IBW proposent d’utiliser désormais
la moyenne des scores IRAI globaux obtenus sur trois ans pour classer les performances.
• Les ratios d’endettement utilisés pour évaluer la viabilité par rapport aux seuils sont ceux
issus du nouveau modèle CVD des IBW 8 . La méthodologie CVD utilisée pour calculer les
indicateurs d’endettement diffère de la méthodologie PPTE comme suit et résumé au tableau
3.
o Le CVD portant sur la dette totale, le champ d’application de la dette englobe la dette
extérieure contractée et avalisée par l’État, la dette privée non avalisée par l’État,
ainsi que la dette extérieure à court terme. Toutefois, le manque de données
complètes sur la dette du secteur privé et à court terme peut empêcher leur inclusion
dans l’analyse CVD spécifique aux pays. En principe, le champ d’application de la
dette englobe également la dette intérieure, mais dans la pratique la dette intérieure
n’est pas encore intégrée au CVD pour des motifs conceptuels et liés aux données.
o L’analyse CVD étant prospective et exprimée entièrement en dollar US, les données
de la dette sont toutes converties en dollars US, à l’aide de taux de change projetés.
En tant que telle, la valeur actualisée de la dette est calculée à l’aide d’un seul taux
d’escompte, actuellement fixé à 5 %, qui se rapproche du taux TICR en dollar US. Ce
taux d’escompte uniforme doit être ajusté en cas de variations importantes des taux
d’intérêt en dollar US 9 .
o Les dénominateurs macroéconomiques sont des projections annuelles, et non des
moyennes pluriannuelles.
o Pour les pays post-PPTE, les données sur la dette extérieure entrées dans le CVD
doivent être postérieures à la prestation de l’allégement maximum, indifféremment de
si un pays a conclu des accords d’allégement/restructuration de la dette avec tous
ses créanciers.
L’une des fonctions clés du CVD étant d’analyser le risque d’endettement futur d’un pays, ce cadre
permet à l’utilisateur d’exécuter des scénarios initiaux et complémentaires. Ces derniers sont conçus
pour évaluer l’impact sur la viabilité de la dette à long terme des « chocs » standard ci-dessous sur la
macroéconomie 10 :
• croissance du PIB réel au niveau moyen historique, moins une déviation standard ;
• croissance de la valeur des exportations au niveau moyen historique, moins une déviation
standard ;
• déflateur du PIB en dollar US au niveau moyen historique, moins une déviation standard ;
• flux nets non créateurs de dette au niveau moyen historique, moins une déviation standard ;
• combinaison des 4 facteurs ci-dessus à l’aide d’un demi choc standard de déviation ;
• dépréciation ponctuelle du taux de change nominal de 30 pour cent par rapport au scénario
initial.
En outre, il est proposé d’incorporer un test de contrainte supplémentaire au CVD, afin d’analyser
systématiquement la vulnérabilité d’un pays à la dette à court terme et du secteur privé.

8
Vous pouvez télécharger le modèle CVD sur www.worldbank.org en suivant Home > Topics > Economic Policy and ... > Debt
Sustainability Framework for Low-In...
9
Pour en savoir plus sur le CVD, consultez les documents répertoriés sur www.worldbank.org en suivant Home > Topics >
Economic Policy and ... > Debt Sustainability Framework for Low-Income Countries.
10
Pour en savoir plus, consultez Debt Dynamics and Financing Terms: A Forward-Looking Approach to IDA Grant Flexibility,
novembre 2006, disponible sur www.worldbank.org en suivant les liens Home > About Us > IDA > IDA Replenishments
> IDA14 Replenishment > IDA14 Mid-Term Review.

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Tableau 3 : comparaison des analyses de viabilité de la dette PPTE et CVD

L’analyse CVD est conduite par le FMI dans le cadre des consultations en vertu de l’Article IV et sur
demande d’un pays souhaitant un nouvel accord FRPC ou PSI (Programme-instrument de soutien
politique). Pour la Banque mondiale, le CVD est utilisé dans le cadre de Stratégies d’assistance aux
pays ou de grandes opérations de prêt. Contrairement au processus AVD PPTE, il n’est pas
obligatoire de conduire l’AVD CVD de manière tripartite, bien que les résultats soient partagés avec
les pouvoirs publics et publiés sur les sites Internet du FMI et de la Banque mondiale 11 .
En termes de politiques, les principales incidences du CVD sont les suivantes :
• Pour la Banque mondiale, les classifications d’endettement du CVD sont les critères utilisés
par l’IDA pour les attributions de dons au titre de l’IDA-14 (voir ci-après).
• Pour le FMI, il y a une focalisation accrue sur l’intégration des questions d’endettement dans
l’analyse et les conseils d’orientation assurés par le Fonds, notamment des recommandations
sur l’élément don minimum et le volume des nouvelles dettes. En outre, les résultats du CVD
peuvent faire varier l’élaboration et les conditionnalités des programmes du Fonds en ce qui
concerne la valeur actualisée de la dette ou les limites du déficit budgétaire, si la viabilité de
la dette suscite des inquiétudes. Le document contenant l’analyse CVD d’un pays peut
identifier des questions de capacités liées à la dette, à aborder par le biais du renforcement
des capacités et de l’assistance technique.
• Le FMI a indiqué qu’il considère une hausse annuelle du ratio de la valeur actualisée de la
dette extérieure publique ou de la dette totale au PIB de plus de 5 % - 7 % comme un « signal
d’alarme » annonçant un risque d’endettement potentiel. En outre, il serait nécessaire de
mener une analyse détaillée des hypothèses macroéconomiques du CVD dans les cas de
figure où le scénario initial comprend des emprunts préalables très importants ou lorsque des
accélérations de croissance s’avèrent décisives pour éviter l’endettement.
• Les IBW conviennent que l’analyse de l’endettement (voir ci-après) doit être au cas par cas et
tenir compte des vulnérabilités des pays face à l’accumulation de la dette du secteur privé et
à la dette intérieure. En particulier, elles ont indiqué qu’il conviendrait que les AVD donnent
l’alerte si l’inclusion de la dette intérieure risque d’aboutir à une classification d’endettement
différente.
• Pour les pays à faible revenu, l’objectif des IBW est que les gouvernements de ces pays
exploitent les résultats et l’analyse CVD comme une base au développement d’une Stratégie
de dette extérieure et publique à moyen terme (SDMT).

11
Pour obtenir la plus récente AVD de votre pays, consultez le site http://www.imf.org/external/pubs/ft/dsa/lic.aspx.
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La méthodologie CVD tend à produire des ratios d’endettement plus faibles que ceux qui s’appuient
sur la méthodologie PPTE, ce qui traduit les variations méthodologiques.

Comment l’IDA utilise les classifications d’endettement


Au titre de l’IDA-14, l’éligibilité aux dons de l’IDA 12 dépend uniquement de la classification
d’endettement d’un pays, d’après les indicateurs d’endettement issus des scénarios CVD initiaux et
complémentaires 13 . Ce faisant, l’IDA privilégie trois ratios, VA/PIB, VA/exportations et service de la
dette/exportations, tandis qu’elle compare les ratios d’endettement du pays avec le seuil applicable,
ce qui permet de classer les performances du pays comme satisfaisantes, moyennes ou
insuffisantes.
Les IBW classent le risque d’endettement d’un pays en comparant les scénarios initiaux et
complémentaires ou en réalisant des tests de contrainte sur les indicateurs d’endettement avec les
seuils appropriés. La classification du risque d’endettement comme faible, modéré ou élevé s’appuie
sur les résultats, tels que présentés au tableau 4 ci-après. Par exemple, un pays est classé à faible
risque d’endettement si tous ses ratios d’endettement initiaux et complémentaires sont inférieurs aux
seuils pour la période de projection. En revanche, un pays est classé à fort risque d’endettement si un
ou plusieurs de ses ratios d’endettement ne respectent pas les seuils du scénario initial et que la
situation s’aggrave dans le temps dans les scénarios complémentaires.
Tableau 4 : classification du risque d’endettement
Risque Scénario initial Tests de contrainte Service de la dette
Faible Tous les indicateurs inférieurs Tous les indicateurs inférieurs Aucun arriéré
au seuil au seuil
Modéré Tous les indicateurs inférieurs Rupture des ratios de service Arriérés sporadiques
au seuil et/ou de stock dans le temps

Élevé Rupture des ratios de service Ruptures plus graves dans leArriérés sporadiques et/ou
et/ou de stock dans le temps temps antécédents de cessation de
paiement
Endette- Rupture sensible ou soutenue des ratios du service et/ou du stock Arriérés importants et risque de
ment cessation de paiement, sauf
restructuration

Même si le tableau 4 illustre les grandes lignes qui servent à déterminer les classifications du risque
d’endettement, le personnel des IBW tient également compte des vulnérabilités liées à la dette
intérieure et du secteur privé. Le résultat traduit donc réellement une interprétation et un jugement au
cas par cas.

La classification de l’endettement d’un pays sert ensuite à déterminer son éligibilité aux dons de l’IDA,
sur la base du « système de signalisation » illustré au tableau 5. Un pays classé à faible risque
d’endettement n’aura pas droit aux dons de l’IDA-14 et recevra toute son assistance sous forme de
prêts IDA. Cela part du principe que les pays à faible risque d’endettement peuvent supporter des
fardeaux de dette plus élevés, ce qui les rend inéligibles aux dons de l’IDA. Un pays à risque élevé ne
recevra que des dons de l’IDA, de telle manière que ces nouveaux fonds ne viendront pas aggraver
son niveau d’endettement élevé. Les pays à risque d’endettement modéré recevront 50 % de prêts
IDA et 50 % de dons IDA.

Tableau 5 : système de signalisation tricolore pour l’attribution des dons et prêts de l’IDA

Feu Classification du risque d’endettement Fonds attribués par l’IDA

Vert Risque faible 100 % de prêts

12
Les pays mixtes et déficitaires n’ont pas droit aux dons de l’IDA. Les pays post-conflits ayant droit à des attributions
exceptionnelles post-conflit de l’IDA recevraient des financements par dons limités, en vue de soutenir leurs efforts de reprise
durant la phase d’apurement pré-arriérés.
13
Pour les pays qui ne disposent pas encore d’indicateurs d’endettement CVD, l’IDA utilise des indicateurs historiques. Voir le
document Assessing Implementation of the IDA-14 Grants Framework, octobre 2006, pour plus d’information sur l’approche
« instantanée », sur www.worldbank.org, Home > About Us > IDA > IDA Replenishments > IDA14 Replenishment >
IDA14 Mid-Term Review.
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Jaune Risque modéré 50 % de prêts, 50 % de dons


Rouge Risque élevé 100 % de dons

Un pays éligible aux dons de l’IDA ne recevra toutefois pas les fonds IDA-14 : au lieu de cela, le
montant des nouveaux fonds IDA qu’il recevra sera réduit de 20 %. Cette réduction de 20 % du
« volume » s’applique aux pays recevant des dons, afin de compenser l’IDA pour la perte de
commissions due au remplacement des prêts par des dons et pour permettre une redistribution des
fonds en faveur des pays exclusivement IDA, les aidant ainsi à atteindre leurs OMD 14 . Cela signifie
que les pays ayant droit à 100 % de dons recevront des décaissement équivalant à 80 % de leur
attribution IDA-14. Les pays classés jaunes seront confrontés à une réduction de volume de 10 % par
rapport à leur attribution totale. Le tableau 6 présente l’attribution des prêts-dons par l’IDA-14 aux
pays PPTE, d’après le système de signalisation tricolore, pour les exercices budgétaires 06 et 07.

Pour de nombreux pays ne disposant pas d’indicateurs CVD, les classifications d’endettement et les
attributions de dons-prêts par l’IDA s’appuient sur les indicateurs d’endettement historiques pour
l’exercice budgétaire 2006. L’IDA utilisera toutefois les indicateurs CVD à mesure qu’ils deviendront
disponibles. Afin d’atténuer les fluctuations relativement importantes du score IRAI d’un pays, la
classification d’endettement de ce dernier sera mise à jour chaque année d’après la moyenne
évolutive sur 3 ans de son score IRAI.

Le tableau 6 montre que l’attribution de fonds par l’IDA peut se voir affectée par une variation du
score IRAI du pays - par exemple le Burkina Faso a évolué vers 100 % de prêts lorsque son score
IRAI est passé de performances moyennes à satisfaisantes – ainsi que par des variations dans ses
performances macroéconomiques et/ou de la dette.

4. Indicateurs d’endettement régionaux

L’un des critères de convergence communs en vue de l’intégration régionale est le ratio de la dette au
PIB. Celui-ci s’appuie largement sur l’Union européenne, qui fixe un plafond de 60 % sur le stock
nominal de la dette au PIB. D’autres organisations régionales, telles que la Communauté andéenne,
la Zone monétaire ouest-africaine (ZMOA) et l’UEMOA ont établi des limites ou directives pour la
dette publique totale (extérieure et intérieure) au PIB de l’ordre de 60 %- 70 %. En outre, l’UEMOA a
imposé une limite informelle à ses États membres, de 15 % pour le service total de la dette/recettes
budgétaires.

5. Indicateurs d’endettement nationaux

Jusqu’à présent, la plupart des pays n’ont pas établi d’indicateurs ni de seuils d’endettement exigeant
un suivi national, ils ont plutôt recouru aux indicateurs et seuils PPTE. Toutefois, dans un
environnement post-PPTE, il serait utile que les pays déterminent quels indicateurs d’endettement ils
souhaitent contrôler et qu’ils établissent les seuils nationaux par rapport auxquels ils seront mesurés.
Les seuils nationaux peuvent être soit les mêmes que ceux qui sont utilisés au niveau international,
soit inférieurs à ces derniers de manière à refléter les priorités nationales.

Bien que pratiquement la totalité des pays prévoient des éléments dons minimums pour s’assurer des
nouveaux financements uniquement concessionnels, dans le cadre d’un programme FRPC et/ou PSI
convenu avec le FMI, certains sont allés plus loin en exigeant des éléments dons plus élevés. Par
exemple, le Gouvernement tanzanien a revu sa loi sur les prêts de manière à interdire aux pouvoirs
publics d’emprunter dans des conditions à moins de 50 % d’élément don.

14
Cette redistribution s’effectue selon le système de la Banque mondiale pour l’attribution des dons, basé sur les
performances (ABP). Le dosage de prêts et de dons redistribué à un pays répondra au système de signalisation tricolore, sans
aucune réduction supplémentaire pour les bénéficiaires de dons.
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Une autre méthode consiste en ce que les pouvoirs publics analysent le montant de nouvelle dette
qu’ils nécessitent et peuvent absorber, afin de financer leurs plans de développement et de réduction
de la pauvreté et de maintenir leur dette viable à long terme. Par exemple, le Gouvernement rwandais
a imposé un plafond d’emprunt annuel équivalent à 50 millions de USD en VA.

Tableau 6
Tableau 6 : attribution de dons aux PPTE par l'IDA-14
Classification du risque d'endettement Attribution des dons
Raison des changements
EB07
Négociations IDA-14 EB06 EB07
Perf. satisfaisantes (EPIN = >3,75)
Burkina Faso Jaune Vert Vert* 0% Est passé de performances moyennes à satisfaisantes selon score IRAI

Ghana Vert Vert Vert 0% Est passé de performances moyennes à satisfaisantes selon score IRAI,
aucun changement de signalisation*
1 0%
Honduras
Sénégal Jaune Vert Vert 0% Est passé de performances moyennes à satisfaisantes selon score IRAI

Tanzanie Vert Vert Vert* 0%


Ouganda Jaune Jaune Vert* 0% Impact de l'IADM dans AVD de l'EB07
Perf. moyennes (3,25<EPIN<3,75)
Bénin Vert Jaune Vert* 0% Impact de l'IADM dans AVD de l'EB07
1 0%
Bolivie
Cameroun Rouge Rouge Vert* 0% Impact de l'IADM dans AVD de l'EB07
Éthiopie Rouge Jaune Jaune* 45% Feu vert donné par indicateurs d'endettement pour EB06 - 07, mais
vulnérable aux chocs
Guyana Rouge Rouge Jaune* 45% Impact de l'IADM dans AVD de l'EB07
Kenya Jaune Vert Vert 0% Amélioration des exportations
Kirghiz (Rép.) 2 Rouge Rouge Rouge 100%
Madagascar Vert Vert Vert* 0%
Malawi Rouge Jaune Jaune* 45% Impact de l'IADM dans AVD de l'EB07
Mali Rouge Vert Vert* 0% Diminution du stock de la dette
Mozambique Vert Vert Vert 0%
2 Vert Jaune Rouge* 100% Aggravation des ratios d'endettement
Népal
Nicaragua Jaune Vert Jaune* 45% Amélioration du score IRAI pendant l'EB06, puis aggravation de l'IRAI
pendant l'EB07
Niger Rouge Vert Rouge* 100% Malgré l'IADM, aggravation des ratios d'endettement dans AVD de l'EB07

Rwanda Rouge Rouge Rouge* 100%


Zambie Rouge Jaune Vert* 0% Impact de l'allégement PPTE et de l'IADM dans AVD
Perf. insuffisantes (3,25< = EPIN)
Angola Rouge Rouge Jaune* 45% AVD indique un risque modéré, pas élevé
Burundi Rouge Rouge Rouge* 100%
Centrafrique (Rép.) Rouge Rouge Rouge* 100%
Tchad Rouge Rouge Rouge* 100%
Comores Rouge Rouge Rouge 100%
Congo (RD) Rouge Rouge Rouge 100%
Congo (Rép.) Rouge Rouge Rouge 100%
Côte-d'Ivoire Rouge Rouge Rouge 100%
2 Rouge Rouge Rouge 100%
Érythrée
Gambie Rouge Rouge Rouge 100%
Guinée Rouge Rouge Rouge* 100%
Guinée-Bissau Rouge Rouge Rouge 100%
Haïti Rouge Rouge Rouge 100%
Liberia Rouge Rouge Rouge 100%
Mauritanie Rouge Vert Vert* 0% Est passée de performances moyennes à insuffisantes pendant l'EB06,
mais la production pétrolière a amélioré les ratios d'endettement

Sao Tomé-et-Principe Rouge Rouge Rouge 100%


Sierra Leone Rouge Rouge Rouge 100%
Soudan Rouge Rouge Rouge 100%
Togo Rouge Rouge Rouge 100%
* Classification fondée sur les AVD CVD
1 Pays mixte ou à conditions endurcies, donc non éligible aux dons de l'IDA
2 PPTE potentiel
Source : IDA

Source : analyse de moyen-terme de l'IDA, oct. 2006 - Document cadre sur les dons

Février 2009 8

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