Vous êtes sur la page 1sur 27

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/320183130

Volume 2(16) N O. 2 2011 IMPACT DES NOUVELLES FORMES DE


L'INTERMEDIATION BANCAIRES SUR LA PERFORMANCE DES
BANQUES TUNISIENNES

Article · January 2011

CITATIONS READS

0 1,265

2 authors:

Bassem Salhi Younes Boujelbene


College of Business Administration (CBA) Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de Sfax
43 PUBLICATIONS   238 CITATIONS    157 PUBLICATIONS   1,084 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Economic effect of Microlending View project

Behavioral biais of managers and firms diversification : an observation from the Tunisian market View project

All content following this page was uploaded by Bassem Salhi on 03 October 2017.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

IMPACT DES NOUVELLES FORMES DE L’INTERMEDIATION BANCAIRES


SUR LA PERFORMANCE DES BANQUES TUNISIENNES

Bassem SALHI
Younes BOUJELBENE
Université de Sfax/FSEG URECA, Tunisie
bassem.salhi@yahoo.fr

Résumé
Cet article vise à étudier l’impact des nouvelles formes de l’intermédiation
bancaire sur la performance des banques tunisiennes. L’analyse à été menée sur un
échantillon de 10 banques Tunisiennes pendant une période d’analyse de 10 ans qui
s’étale en 1997 jusqu’à 2006. Pour une meilleure exploitation de notre base de données, la
technique empirique que nous avons utilisée est la technique des données de Panel.
La validation empirique montre que le contexte d’intermédiation des banques
demeure encore traditionnel malgré les réformes de la libéralisation financières, elles
exercent toujours le métier classique de collecte des dépôts et d’octroi des crédits pour
augmenter leurs marges des profits bancaire.

Mots- clés: nouvelle intermédiation bancaire, banques tunisiennes, performance


bancaire.

Classification JEL: M2

Introduction

L’économie tunisienne était jusqu’à 1986, une économie d’endettement


caractérisée par l’administration des taux d’intérêts, par le contrôle de la liquidité bancaire
et par l’orientation des crédits vers des utilisations prioritaires. Ainsi, l’intervention des
autorités monétaires dans la détermination des taux d’intérêts était complexe et s’est
traduite par une multiplication des taux.
La banque centrale tunisienne fixe non seulement le taux de réescompte et celui du
marché monétaire pour le financement au jour le jour, mais aussi les taux tant créditeurs
que débiteurs des banques fixant ainsi la marge bancaire.
Dans ce contexte, la fonction principale des banques était l’intermédiation
financière. Au sens strict de terme, cette fonction consiste à collecter les ressources des
agents économiques disposant d’une capacité de financement pour les mettre à la
disposition des agents déficitaires ayant un besoin de financement.
Un vaste programme de restructuration, de modernisation et d’assainissement du
système bancaire a été entrepris, avec l’adoption du programme d’ajustement structurel
(PAS) depuis 1986, pour permettre au Tunisie de s’engagée dans une dynamique de
transition profonde. Cette transition signifie le passage d’une économie protégée et régulée
par l’Etat à une économie ouverte et régulée par le marché.
Dans le cadre de la transition, ces réformes sont accompagnées par une
145
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
modification des comportements financiers des agents économiques. Certains ont eu
tendance à privilégier l’accès aux marchés financiers pour financer leur besoin de
financement ou placer leurs liquidités, du fait que ces marchés sont plus liquides.
Dans ce cadre, Allen et Santomero (2001) ont affirmé l’orientation des banques
vers les opérations de marché. En fait, l’activité traditionnelle des banques a changé. Les
banques qui collectent les dépôts et octroient les crédits ont trouvé de nouvelles possibilités
pour changer la structure de leurs bilans qui ne sont plus constitués par les dépôts et les
crédits mais aussi par des titres. Suite à ce qui précède nous nous sommes intéressées sur
les transformations de l’activité des banques et l’apparition de nouvelles formes de
l’intermédiation bancaire à savoir la marchéisation des opérations bancaires.
Nous nous sommes donc focalisés sur la question suivante:
Comment s’est répercuté le mouvement international de renoncement à l’activité
traditionnelle, à savoir la collecte des dépôts et l’octroi des crédits, sur la performance des
banques tunisiennes?
L’objectif poursuivi à partir de cette contribution est premièrement, d’approfondir
la compréhension des nouveaux rôles joués par les banques à travers cette perspective
récente de l’intermédiation bancaire, dans un environnement marqué par l’accroissement
de la concurrence des intermédiaires bancaires et des marchés financiers, est
deuxièmement, d’analyser la performance du secteur bancaire tunisien appelé à faire face
aux mutations accrues des activités bancaires générées par la libéralisation de l’économie
et son intégration progressive dans le circuit économique mondiale.
Le présent article est articulé autour de quatre axes:
Le premier sera consacré à approfondir la compréhension des nouveaux rôles joués
par les banques à travers cette perspective récente de l’intermédiation bancaire.
Le second axe tente à analyser la performance du secteur bancaire tunisien appelé
à faire face aux mutations accrues des activités bancaires générées par la libéralisation de
l’économie et son intégration progressive dans le circuit économique mondiale.
Le troisième consiste à spécifier les composantes du système bancaire actuel afin
d’ajuster notre analyse au contexte tunisien. En fin, le dernier volet soulève les effets de la
nouvelle orientation de l’activité bancaire, à savoir la marchéisation des opérations
bancaires, sur la performance des banques tunisiennes.

1. Les nouvelles formes de l’intermédiation bancaire

Les intermédiaires financiers regroupent tous les établissements dont la fonction


primordiale consiste à faciliter les ajustements entre les demandes et les offres de fond
prêtables des agents économiques.
Ces demandes et ces offres traduisent les besoins et les capacités de financement
immédiats ou dans le futur. Suivant cette logique, les banques sont des intermédiaires
financiers dont le rôle économique se réduit à collecter des liquidités des épargnants
(principalement les ménages) pour les prêter ensuite à d’autres (notamment les
entreprises).
Les études menées sur les banques commerciales Américaine par plusieurs
chercheurs tels que Allen et Santoméro (2001), Rajan (1998), a montré que ces dernières
ont régissent aux mutations de leur environnement par le développement de nouvelles
activités et services liés aux marchés financiers.
Pour Lagoutte (2002), les banques tendent à allier les formes traditionnelles
d’intermédiations, liées à la collecte des dépôts et à l’octroi des crédits aux nouvelles
146
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

formes qui se traduisent par une imbrication entre banque et marché.


En effet, l’intermédiation traditionnelle de bilan a été remplacée par une
intermédiation de marché (courtage et échange directs de titres). Ces nouvelles formes se
manifestent par une mobilièrisation de bilan, une marchèisation des conditions bancaires et
encore un développement des opérations hors bilan.

1.1. La mobilièrisation des bilans bancaires

Cela signifie que les banques financent de plus en plus l’économie en achetant des
titres auprès d’agent non financier (exemple: les bons de trésor), et elles collectent une part
croissante de leurs ressources en émettant elles-mêmes des titres (Exemple: Obligations,
certificat de dépôt….).
Ce phénomène est apparu aux Etats-Unis dans les années 70 dans le cadre de la
croissance du marché hypothécaire, la mobilièrisation s’est fortement développée en
Europe depuis la fin des années 90.
Il s’est propagé au reste du monde suite à l’accroissement des pressions sur les
banques pour apurer leur bilan. Il convient de souligner que si la désintermédiation permet
de court - circuiter le bilan des banques, ces dernières, en réponse à la concurrence, sont
devenues très actives sur les circuits de financement direct dont la titrisation en constitue
l’un de ses supports.
Selon Francois Lerous, la titrisation est une technique financière par laquelle des
créances traditionnellement illiquides et gardées par leurs détenteurs jusqu’à l’échéance
sont transformées en titres négociables et liquides.
La titrisation consiste pour une institution à sortir des actifs de son patrimoine en
les cédant sous forme de valeurs mobilières, dans un but de financement et / ou de transfert
de risque. Ainsi, l’une des conséquences premières de la titrisation a été fournir aux
banques (et à toutes les institutions faisant du crédit) des instruments leurs permettant de
gérer de façon nouvelle leurs bilans et d’adapter leurs structures financières à leurs
objectifs.
Dans ce cadre, DALEY (2001) a trouvé que les portefeuilles titres prennent une
importance croissante ce qui entraîne un changement et une déformation dans la structure
du bilan des banques françaises.
Cette évolution de la structure bilancielle s’est caractérisée par un développement
substantiel de l’encours des actions, obligations et autres titres avec une hausse du taux de
mobilièisation (c’est le financement par titre rapporté au total de financement par crédits et
par titres). DALEY (2001) a considéré que ce phénomène ne peut être que la conséquence
directe de l’accroissement de la pression concurrentielle suite au mouvement de la
libéralisation des marchés.

1.2. La marchèisation des bilans bancaires

L’intensification de la concurrence a poussé les banques à proposer de nouveaux


produits. En effet, la marchèisation consiste à aligner les conditions débitrices des banques
sur les taux d’intérêts des marchés et aboutit généralement à une réduction des marges des
profits bancaires.
Les banques essayent d’adopter leurs offres aux besoins des clients en leurs
proposant de nouveaux produits, c'est-à-dire que les banques offrent des conditions
débitrices plus favorables qu’auparavant, d’où la réduction du taux d’intérêt qui est
147
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
considéré comme l’objectif de développement du marché de financement bancaire.
Selon Laperche et Uzunidis (2003) (Etatisme et Marchèisation du secteur public),
la marchéisation rime souvent, dans les esprits et les attitudes des politiques et idéologues
libéraux, avec modernisation: La nouvelle économie mondialisée serait le produit du
progrès scientifique et technologique.
Ce processus de re-réglementation libérale du secteur public date de la fin des
années 1970 et des choix politiques des gouvernements Thatcher en Grande Bretagne et
Reagan aux Etats-Unis.
La marchèisation des conditions bancaires parait indispensable dans un contexte de
pleine concurrence qui devient de plus en plus vive et qui a conduit à une diversification
des modalités de financements de l’économie, d’où face à ce nouveau paysage, les banques
seront amenées à rechercher une meilleur rentabilité de leur activité car les financements
bancaires ont emprunté de nouvelles voies.
Dans ce cadre NEKHILI, a remarqué que le marché de capitaux français a connu
au début des années quatre vingt un développement important entraînant une marchéisation
des emplois et des ressources bancaires.
SAIDANE (2001) a aussi affirmé la marchèisation dans les banques françaises,
cette marchéisation a touché les deux cotés du bilan de ces banques et a était favorisée par
le transfert de nombreux clients important vers des financements directs sur le marché
monétaire et sur le marché financier.

1.3. Le développement des opérations du hors bilan

Le hors bilan des banques est un ensemble des comptes annexés au bilan et qui
retrace les engagements future ou virtuels d’une banque n’ayant pas donné lieu à un flux
de trésorerie, il enregistre en particulier:
- Les opérations à terme sur titres (tires à recevoir ou à livrer).
- Les opérations à terme sur devise (devises à recevoir ou à livrer).
- Les opérations sur produits dérivés (tels que les swaps, futurs, et les options…).
Dans les banques, la technique de gestion du hors bilan a pris plus d’importance
depuis les années 1990. Donc le développement des opérations du hors bilan est traduit
essentiellement par l’augmentation des opérations à terme, en fait c’est la couverture des
risques de change et de taux qui est la raison initiale pour laquelle les banques se sont
engagées sur les marchés des produits dérivés. Mais, réellement les motivations des
banques ne se limitent pas à la protection contre le risque mais surtout elles souhaitent
augmenter leurs interventions sur le marché des produits dérivés.
En effet, d’un coté, l’environnement concurrentiel les a obligées à rechercher de
façon plus agressive des profits en s’engagent dans des activités hors bilan comme:
1. La cession de prêts.
2. Les engagements de financement (lignes de crédit, autorisations de découvert
pour les particuliers).
3. Les garanties données sur des prêts.
4. L’émission de titres adossés à des prêts hypothécaires.
5. Les opérations de marché du type swaps ou opérations à terme.
D’un autre coté, l’environnement réglementaire a évolué pour tenir compte de
l’accroissement du risque hors bilan généré par ces activités.
Ainsi, les accords successifs de Bâle (radio Cooke) et désormais de Bâle II
transposés ou en cours de transposition dans les législations nationales les contraignent à
148
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

constituer des réserves en capitaux propres proportionnellement au montant de leurs


engagements hors bilan.
Dans ce cadre, EDWARDS et MISHKIN (1995), ont remarqué que suite au déclin
de leur activité traditionnelle de collecte de dépôt et d’octroi de crédit, les banques
commerciales Américaines ont cherché de nouvelles activités plus rentables touchant
surtout leurs hors bilan et ceci afin de développer leur intervention sur le marché des
produits dérivés.

1.4. Le développement de l’intermédiation de marché

Les banques jouent un rôle de plus en plus actifs sur le marché des capitaux:
- Elles sont les principaux apporteurs d’ordre et de fonds a placées en produit de
marché.
- Elles ont une fonction d’ingénierie financière pour le compte de grande entreprise
afin de leurs permettent d’accéder au marché des capitaux (Exemple: Donner l’assistance,
le conseil…).
- Elles assurent la diffusion et une grande partie de la détention des titres émis par
l’Etat.
- Elles exercent les fonctions de teneurs de marché en assurant la liquidité, et de
souscripteurs des titres (directement ou via les OPCVM).
Donc sur le marché des capitaux, les banques servent d’intermédiaires pour les
opérations en bourse des clients et les conseillant aussi dans leurs opérations sur titres.
D’où, hormis les dépôts, les banques proposent à leur clientèle des placements en actions
et obligations. Les clients peuvent transmettre à la banque leurs ordres en bourses et la
banque veille à leur exécution. Les spécialistes de la banque assistent le client de leurs
conseils. La banque se charge aussi de l’émission et la garde des titres et les introductions
en bourse.
Dans ce cadre, Allen et Santomero (2001) ont affirmé l’orientation des banques
vers les opérations de marché. En fait, l’activité traditionnelle des banques a changé. Les
banques qui collectent les dépôts et octroient les crédits ont trouvé de nouvelles possibilités
pour changer la structure de leurs bilans qui ne sont plus constitués par les dépôts et les
crédits mais aussi par des titres.
Allen et Santomero (1998) ont remarqué qu’il faut noter que l’importance de
l’intermédiation de marché est appréciée via la part prise par les revenus bancaires hors
marge d’intermédiation.
C’est pour cela que pendant ces dernières années, les banques américaines ont
développés des opérations d’intermédiation de marché.

2. La performance bancaire

La performance pourrait être interprétée différemment, suivant le champ


d’application de l’étude dont elle fait l’objet. Une multitude de recherche atteste de
l’évolution des théories et des valeurs se rapportant à la définition et à la mesure de la
performance.
La performance a toujours été un sujet controversé. Ceci explique, sans doute, le
nombre important de conceptions de la performance proposées dans la littérature.
En effet, la performance est un construit qui débouche sur des divergences selon
les auteurs. Comme l’affirme Marmuse (1997) « la performance n’existe pas », il s’agit
149
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
donc d’une notion contingente et multidimensionnelle mais nécessaire pour évaluer toute
décision prise.
Mais, si nous chercherons d’approfondir en plus la notion de la performance, nous
pouvons trouver d’autres dimensions qui apparaissent et plusieurs chercheurs dans la
littérature ont expliqué ce concept tel que Bourguignon (1997) qui identifie trois sens
principaux pour la notion de la performance, selon lui, la performance est action, c'est-à-
dire un processus correspondant à « la mise en acte d’une compétence qui n’est qu’une
potentialité », aussi la performance est résultat de l’action « entendu comme l’évaluation
ex-post des résultats obtenus » enfin, la performance est succès, c'est-à-dire fonction des
représentations de la réussite qui est une variable qui dépend des acteurs.
Dans le même sujet, Villarmois (1998, 1999) distingue entre deux dimensions
essentielles du concept de la performance.
D’une part, la dimension objective à la fois économique qui est l’efficience et
systémique qui est la pérennité de l’organisation.
D’autre part, la dimension subjective qui est à la fois sociale tel que la valeur des
ressources humaines et sociétale tel que la légitimité de l’organisation.
En effet, notre partie sera consacrée à l’étude de la notion de performance en
exposant dans un premier temps les déterminants de la performance bancaire, et dans un
second temps, on traitera les principales dimensions de la performance bancaire.

2.1. Les déterminants de la performance bancaire

Les déterminants de la performance des banques ont fait l’objet de plusieurs études
empiriques, dont on peut citer, par exemple, les études menées par C.Robert (2004) portant
sur les déterminants macroéconomiques de performance financière bancaire en Singapore,
G.Stefan, P. Wensheng et S.Chang (2004) qui ont examiné « Les déterminants de la
performance des banques en Hong Kong », J.Guorong et T.Nancy et S.Angela (2003) qui
ont étudié « Les déterminants de la profitabilité des banques en Hong Kong » ; T.A.Nasser
(2003) qui a présenté une analyse des déterminants de la profitabilité des banques dans les
pays de l’union économique et monétaire Ouest Africaine : (L’UEMOA) ; M.Bashir
(2000) qui a étudié, à travers 8 pays du moyen orient « les déterminants de la performance
et de la profitabilité des banques islamiques » Dminiguc-Kunt et Huzinga (1999) qui ont
montré, dans leur étude portant sur 80 pays développés et en voie de développement, que
les différences dans les marges d’intérêts, mesurant la performance et la profitabilité
bancaire, entre les banques reflètent une variété de déterminants.
Selon ces études, on peut regrouper ces déterminants en deux catégories
principales:
- Les déterminants internes et les déterminants externes de la performance
bancaire.
- Parmi les déterminants internes, on peut citer l'impact du capital humain, l'impact
des ressources financières, la qualité de l'actif, la qualité du management....
- Suite à ces déterminants internes, s'ajoute des déterminants externes de la
performance bancaire tel que la taille de la banque, les économies d'échelle,
l'environnement bancaire, les économies d'envergure ou de gamme....

150
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

2.2. Les principales dimensions de la performance bancaire

L'analyse de la performance bancaire s'articule sur deux dimensions principales qui


sont le risque et le profit bancaires.

2 2.1. Les risques bancaires

Le risque peut se définir comme un danger éventuel plus ou moins prévisible. Plus
précisément Bessis (1995), définit le risque comme étant « l'incertitude qui pèse sur les
résultats et les pertes susceptibles de survenir lorsque les évolutions de l'environnement
sont adverses ». La caractéristique propre du risque est donc l'incertitude temporelle d'un
événement ayant une certaine probabilité de survenir et de mettre en difficulté la banque.
Le risque est inhérent au secteur bancaire et constitue la source d’instabilité potentielle de
ses résultats.
Le risque se distingue, dans le secteur bancaire, par sa multiplicité et par son
caractère multidimensionnel ne pouvant être mesuré par un seul indicateur. Les différents
risques susceptibles d'être encourus par un établissement bancaire au titre de l'ensemble
des opérations qu'il a effectué qu’ils s’agissent d'opérations commerciales ou d'opérations
sur le marché peuvent être présentés, en deux grands groupes, risques de nature financière
et risque de nature non financière.
On distingue 6 risques bancaires de nature financière tel que le risque de contre
partie, le risque de taux, le risque d'illiquidité, le risque de marché, le risque de change et le
risque de solvabilité.
Aux risques de nature financière sus visés s'ajoutent autres risques de nature non
financière qui est: le risque opérationnel et le risque commercial.

2.2.2. Le profit bancaire

La première mesure du profit bancaire c'est le résultat net à partir duquel plusieurs
indicateurs sont construits pour mesurer la performance financière des banques.
Les profits des banques dépendent de leur aptitude à créer de nouvelles sources de
revenus, de l’évolution des taux d’intérêt, des tendances affichés par leurs prêts non
rentables et de leur capacité de maitriser leurs couts.
Comme pour toutes les institutions financières, la principale fonction des banques
est de canaliser les capitaux excédentaires des particuliers, des organisations et des
gouvernements vers ceux qui souhaitent les utiliser; c’est pourquoi on les appelle des
intermédiaires financiers.

3. Le secteur bancaire en Tunisie

Le système bancaire tunisien n’a cessé de progresser en réponse aux changements


de l’environnement et ce au moyen de la réforme des marchés de capitaux, la redéfinition
de la profession bancaire et la restructuration des banques afin de consolider le secteur,
améliorer la qualité des actifs, assainir le portefeuille des créances non performantes et
faire face à la baisse des taux et la faiblesse de l’activité économique.
Cette section sera consacrée à l’étude du secteur bancaire en Tunisie, en exposant
dans un premier temps, quelques caractéristiques du système bancaire. Dans un second
temps, on traitera la rénovation du cadre juridique de la profession bancaire. Finalement, la
151
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
dernière partie de notre section fera l’objet d’une architecture actuelle du système bancaire
tunisien.

3.1. La rénovation du cadre juridique de la profession bancaire

La nouvelle loi réglementant la profession bancaire comporte plusieurs volets


essentiels qui portent sur l’application du principe d’universalité et la mise en œuvre de
mécanismes pouvant être qualifiée de sécuritaires.

3.1.1. Le principe d’universalité

La réforme bancaire du 10 juillet 2001 a aboli distinction entre banques de dépôts


et banques de développement au profit du principe de la banque universelle ou la banque à
tout faire. La loi d’organisation du système bancaire n° 2001-65 du 10 juillet 2001 portant
sur l’application du principe d’universalité autorise les banques à pratiquer tous les métiers
bancaires. La nouvelle loi s’applique aux établissements de crédit, qui peuvent être sous
forme de banques ou d’établissements financiers, exerçant leurs activités en Tunisie à
l’exception des banques de développement mixtes qui exercent leurs activités en vertu de
conventions, tout comme elle ne concerne pas les banques off-shore qui demeurent régies
par la loi 85-108 du 6 décembre 1985. Elle est considérée comme établissement de crédit,
toute personne morale qui exerce, à titre de profession habituel, la réception des dépôts du
public quelles qu’en soient la durée et la forme d’exercice à titre d’intermédiaire, des
opérations de change et la mise à la disposition de la clientèle et la gestion des moyens de
paiement.
Les établissements de crédits peuvent aussi effectuer les activités de conseil et
d’assistance en matière de gestion de patrimoine, de gestion financière, d’ingénierie
financière et d’une manière générale tous les services destinés à faciliter la création, le
développement et la restructuration des entreprises. Enfin, l’établissement de crédit peut
prendre des participations au capital d’entreprise existantes ou en création. Seules les
banques sont habilitées à recevoir du public des dépôts qu’elles qu’en soient la durée et la
forme.

3.1.2. Les mécanismes sécuritaires

La loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 vise à renforcer quatre mécanismes


sécuritaires:
- Renforcer la structure d’audit interne par la définition des attributions de sa
structure, dont la création remonte à la loi n° 67-51, mais qui a été largement marginalisée
dans l’organigramme organisationnel des banques.
- Moraliser de plus en plus les rapports commerciaux que peuvent entretenir avec
la banque, ses administrateurs et ses dirigeants. Ce qui oblige les administrateurs et des
dirigeants de la banque aux soumissions suivantes: recueillir l’autorisation préalable du
conseil d’administration pour toute convention conclue avec la banque et n’entrant pas
dans le cadre des opérations courantes.
- D’informer le conseil d’administration de la banque et la banque centrale de
Tunisie de toute autre opération qu’ils auraient initiée dans le cadre des opérations
courantes de la banque.
- La maîtrise des procédures d’administration provisoire et de liquidation.
152
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

L’institution de mécanismes propres de redressement et de liquidation applicable en cas de


difficultés d’un établissement de crédit et qui opèrent sous le contrôle des autorités
monétaires.
Selon la banque d’affaires de Tunisie, le décloisonnement de l’activité est un cadre
incitatif pour l’innovation financière et par conséquent, l’instauration de la concurrence et
la diversification alors que l’instauration des mécanismes sécuritaires constitue les
premiers germes de la responsabilisation des banques face à la montée des risques de
faillite et d’assurer la transparence et la garantie des droits des différents tiers (déposants
créanciers, investisseurs) au niveau du secteur.

3.2. Architecture actuelle du système bancaire tunisien

A la lumière de la nouvelle loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001, le système bancaire


se compose essentiellement de la banque centrale, les établissements de crédit.

3.2.1. La banque centrale de Tunisie (BCT)

La Banque Centrale Tunisienne, créée par la loi NO 58-90 du 19 septembre 1958,


se charge à être à la fois l’organisme d’émission de la monnaie manuelle, la banque des
banques, la banque de l’Etat, le service public de gestion centralisée des devises, l’organe
de contrôle des banques puisqu’elle définit les règles de gestion que les institutions doivent
respecter sous peine de mettre en péril l’institution et les dépôts en fin l’agent de la
politique monétaire décidée par le gouvernement. En plus des missions de service public,
la BCT a pour mission générale de défendre la valeur de la monnaie et de veiller à sa
stabilité et ce par un suivi quotidien des indicateurs monétaires.

3.2.2. Les établissements de crédit

Les établissements de crédit en activité sont constitués par les banques et les
établissements financiers:
- Les banques renferment les banques dites au paravent banques commerciales
agrées sous la loi n° 67-51 réglementant la profession bancaire en qualité de banque de
dépôts et les banques de développements transformées en banques universelles.
A la fin de 2004, les banques sont au nombre de dix sept: les Banques Nationales
Agricoles (BNA), société Tunisienne de la Banque (STB), Union Internationale de banque
(UTB), Banque Franco-tunisienne (BFT), banque du sud (BS), Banque Internationale
Arabe de Tunisie (BIAT), Union Bancaire pour le commerce de l’Industrie (UBCI),
Banque de Tunisie (BT), Arab Tunisian Bank (ATB), Amen Bank (AB), Citi Bank, BH et
l’Arab Banking Corporation (ABC). La tunisien Quatarian Bank (TQB), la Banque de
Tunisie et des Emirats d’Investissement (BTEI) ont réalisé leur transformation en banque
commerciale respectivement en mois d’avril et mai 2004.
Le groupe des banques de dépôts est de loin le pôle le plus important du système
financier tunisien. Elles reçoivent tout type de dépôts quelles qu’en soient la durée et la
forme et accordent du crédit principalement à court terme et à moyen terme pour une durée
n’excédant pas sept ans. Ces banques peuvent en outre octroyer des crédits à long terme
sur leurs ressources propres disponibles après déduction des immobilisations des non-
valeurs et des titres de participation, ou encore sur ressources spéciales affectées, effectuer
à titre d’intermédiaires des opérations de bourse ou de change et enfin, assurer des services
153
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
de caisse pour la clientèle de déposants et des services de conseil et de consultants pour les
entreprises clientes.
- Les établissements financiers regroupent les banques d’affaires, les
établissements financiers de leasing et les établissements financiers de factoring.

3.2.3. Les banques de développement mixtes

Elles ont été créées, pour la plus part, au début des années 80 dans le but d’assurer
le financement de l’économie sous forme d’octroi de crédits à moyen et long terme à partir
de leurs fonds propres et sur ressources d’emprunts, internes et externes, à moyen et long
terme. Elles ont pour activités d’octroyer des crédits à moyen et long terme et sous
certaines conditions, des crédits à court terme, participer au capital d’entreprises, collecter
des dépôts dont la durée est supérieure à 1 an, aussi, collecter des dépôts à vue de leurs
personnel et des entreprises dont elle détiennent la majorité du capital. En égard à leur
vocation particulière d’instrument privilégié de mobilisation de ressources extérieures au
profit de la Tunisie, les banques mixtes de développement ne reçoivent pas de dépôts des
résidents. Elles ont été au nombre de cinq banques et récemment, il n’en reste que deux:
Banque Arabe Tuniso-libyenne de développement et de commerce extérieur (BTL)
et la société Tunisio-Saoudienne d’investissement et de développement (STUSID). Cette
dernière est transformée en un établissement de crédit en qualité de banque en 2005 avec
un capital de 100MDT.
Le BTL a assainissant portefeuille suite à la création d’une société de
recouvrement et l’émission d’un premier emprunt international de 30 millions de dollars.
Ces décisions constituent un premier pas vers la transformation en banque universelle.

Indicateurs caractérisant des banques de développement mixtes


Banque Fonds propres Total bilan Résultat Effectifs
BTKD 135227 315417 5200 150
BTE 130080 265933 5076 112
BTL 72489 243512 0 130
S Tu sid 144015 180412 7497 106
TQB 31533 82473 315 70
Total 513344 1087747 18088 568
Source : APBT (2005)

4. Evidences empiriques concernant l'impact de la marchéisation des


opérations bancaires sur la performance des banques tunisienne

La révolution financière des années quatre - vingt et l’accélération de la


mondialisation de l’économie dans les années quatre - vingt dix justifient que l’on se pose
la question de l’impact de la marchèisation des opérations bancaires sur la performance des
banques tunisiennes et de tester si l’essor des marchés financiers a incité les banques
tunisiennes à marchéiser leurs opérations.

154
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

4.1. Cadre d’analyse et méthodologie de recherche

Cette présente étude essayera d’apporter des réponses à la problématique déjà


avancée au début de notre travail.
A cet effet, il y a lieu de rappeler les différentes interrogations qui lui sont liées,
ainsi, que les objectifs que l’on veut atteindre.

4.1.1. Le cadre d’analyse

On va tenter dans ce chapitre de vérifier l’hypothèse suivante:


HYPOTHESE: La marchéisation des bilans bancaires aboutit généralement à une
réduction des marges des profits bancaires.
A fin d’évaluer l’impact de la marchéisation des opérations bancaires sur la
performance des banques tunisiennes, nous procéderons à vérifier les hypothèses suivantes
qui découlent de l’hypothèse centrale de notre analyse:
Molyneux et Thornton (1992) ont étudié les déterminants de la performance
bancaire dans certains pays. Leurs étude porte sur 18 pays Européens durant la période
1986 à 1989. Ils mettent en relation une corrélation positive entre la rentabilité bancaire et
le niveau de taux d’intérêt de chaque pays, c'est-à-dire plus que le taux de marché
monétaire augmente plus que la performance bancaire augmente. Donc, il est judicieux de
vérifier les conclusions de ces études par l’hypothèse suivante:

H1: Le taux de marché monétaire a un impact positif sur la performance des


banques: Plus elle augmente, plus la performance augmente.

Barth et Alii (1997), dans le cas de 19 pays développés ont établi que les dépôts
collectés ainsi que l’existence d’un dispositif d’assurance de dépôts explicites, n’ont pas
d’impact significatif sur le rendement des titres bancaires.
En second lieu, Bikram (2003) explique que les crédits accordés par les banques
publiques influencent positivement et significativement la rentabilité bancaire car elles
profitent également de réseaux plus développés puisqu’elles se basant sur le poids de l’Etat
dans ces économies émergentes. Ces explications peuvent bien s’appliquer au cas tunisien.
En effet, la BNA et la STB sont les premières banques constituées en Tunisie. En plus,
elles profitent de leurs positions de premier créditeur pour les larges secteurs économiques
tels que les habitats et les constructions pour la BH et l’agriculture et la pêche pour la
BNA.
En outre, Pi et Timme (1993) révèlent dans leur enquête sur des grandes banques
commerciales américaines durant les années 1988-1990, que plus que les crédits accordés à
la clientèle augmentent, plus que les risques de pertes augmentent. Leurs conclusions
tendent à prédire des effets négatifs sur la performance des banques.
Donc, les hypothèses suivantes doivent être vérifiées:

H2: Plus le pourcentage des dépôts collectés augmente, plus la performance des
banques diminue.
H3: Plus le pourcentage des crédits accordés à la clientèle augmente, plus la
performance des banques diminue.

Bassett et Brady (2001) remarquent que les banques de petites tailles (de part leurs
155
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
actifs) sont plus performantes que celles grandes ou « géantes » en se basant sur la
rentabilité des capitaux propres et celle des actifs. Selon eux, la raison est que les petites
banques enregistrent des taux de rentabilités plus élevés sur leurs crédits.
En outre, on constate que la taille da la banque exerce un impact négatif et
statistiquement significatif sur la performance comptable corroborant ainsi les résultats de
Spong et al (1996) et Berger et Bonaccorsi du Patti (2003).
En Tunisie, S.B Nasseur et M.Gaoied (2001) ont introduit la taille, mesurée par le
total actif, parmi les variables explicatives de la performance des banques de dépôts
tunisiennes et leurs résultats ne confirment pas la significativité de la taille dans
l’explication da la performance bancaire.
Donc, il est judicieux de vérifier les conclusions de ces études par l’hypothèse
suivante:

H4: La taille des banques a un impact négatif sur la performance des banques: Plus
elle augmente, plus la performance diminue.

Fernandez et Arrondo (2002) et Bassett et Brady (2001) remarquent que le taux


d’endettement influence négativement et significativement la performance bancaire à cause
charges financières considérables qui font réduire le bénéfice net.
On pose alors l’hypothèse suivante:

H5: Le taux d’endettement a un impact négatif sur la performance des banques.

4.1.2. Description de la méthodologie de recherche

L’objectif de ce chapitre est d’analyser l’activité de 10 banques tunisiennes sur une


période de 10 ans (1997 - 2006). Notre analyse empirique se base sur une étude des
performances des banques à travers une analyse par un indicateur (PNB) et par des ratios
(ROA; ROE).
Pour une meilleure exploitation de notre base de données, la technique empirique
que nous avons utilisée est la technique des données de Panel. Cette technique nous permet
d’exploiter la dimension temporelle (10ans) et la dimension spatiale (10 banques).

L’équation de base à estimer est la suivante:


k ≡k
C + ∑ β K X itK + ε it
π it = k ≡1

Avec:
Πit: est la mesure de la performance de la banque i au temps t.
Πit: correspond à trois mesures de performance à savoir PNB, ROA et ROE.
C: est un terme constant.
ε it : est le terme d’erreur des résidus bruit blanc.
Xit: est le groupe des variables explicatives, il comprend un effet taux et un effet
structure.

156
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

L’équation devient alors:


Πit = C + β1DE + β2CR + β3DEBF + β4CEBF + β5DUM + β6TMM + β7LNTA + β8END +
ε it

Avec: t : 1997………………2006
i : Banque i
Πit : PNB ; ROA ; ROE

4.2. Description des variables

Nous proposons de mettre en évidence les principales variables pouvant affecter la


performance des banques tunisiennes. Pour ce faire, nous allons commencer par présenter
dans une première étape, les variables expliquées qui sera utilisées dans notre modèle, ainsi
qu’un ensemble de variables explicatives pouvant avoir un impact significatif dans
l’évaluation de la performance bancaire.

4.2.1. Les variables expliquées

Le Produit Net Bancaire (PNB): Le produit net bancaire est l’équivalent du


chiffre d’affaire d’une entreprise classique. Il mesure la contribution spécifique de
l’établissement à la richesse nationale. Il représente ce qui reste lorsque tout le monde a
touché son salaire et que les autres dépenses, les créanciers et les services fiscaux ont été
réglés.
Il est l’équivalent de la valeur ajoutée en matière d’analyse financière
traditionnelle (Shaked, Michel et Lery 1998).
Le PNB correspond à l’agrégation de trois postes du compte de résultat : La
Marge sur intérêts est calculée comme la différence entre les intérêts reçus des clients et
les intérêts payés par la banque (dépôts ou refinancement), les commissions qui
rémunèrent les services traditionnels (commissions de carte, frais de dossier) et les produits
et charges diverses (produits des portefeuilles financiers, activités interbancaires et de
trésorerie).
- Le ratio de rentabilité des capitaux propres ou le « Return On Equity » (ROE):
ce ratio est mesuré par le rapport du résultat (ou bénéfice) net aux fonds propres. Il est
utilisé essentiellement dans l’évaluation de la performance bancaire, ce ratio permet de
mesurer la capacité bénéficiaire de la banque. Il indique également la rentabilité des
capitaux investis par les actionnaires. Cependant, l’inconvénient de ce ratio est qu’il peut
donner une image biaisée de la rentabilité puisqu’un fort ratio peut provenir d’un faible
niveau des fonds propres. Ce ratio a été choisi entre autres par Holderness et Sheehan
(1988) et Lauterbach et Schreiber (2002).
- Le ratio de rentabilité de l’actif total ou le « Return On Assets » (ROA : Ce
ratio est mesuré par le rapport du résultat (ou bénéfice) net ou total actif (égal au total
bilan). C’est le rendement de l’actif. Il exprime en général la rentabilité économique. Son
avantage principal est qu’il couvre en totalité les activités de la banque. Son inconvénient
principal est qu’il place la totalité des actifs sur un même plan de risque, alors que les
risques afférents aux composantes de l’actif total sont différents. En plus, il néglige les
activités hors bilan qui prennent plus d’ampleur dans les activités bancaires, (Densetz et
Saidenberg, 1999).
Le ROA a été utilisé par nombreux auteurs tels que Barro (1990), Angbazo et

157
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
Narayanan (1997), Yan (1998) et Hirschey(1999).

4.2.2. Les variables explicatives

Cette partie sera consacrée à expliquer la performance des banques tunisiennes et


ce en se référant à un effet taux et un effet structure.
Les variables qui peuvent traduire l’effet taux sont soit le taux de marché (TMM,
TMO….), soit le taux débiteur (TBB). La variable taux que nous avons considéré est le
TMM vu qu’il est régulièrement publié par la BCT.
Le deuxième groupe de variables exogènes concrétisant l’effet structure, rendent
compte de la déformation des bilans. Il peut s’agir soit du rapport des dépôts de la clientèle
au total du bilan, soit du rapport des crédits à la clientèle au total du bilan, soit du rapport
des dépôts et avoirs des établissements bancaires et financiers au total du bilan, soit du
rapport des crédits sur les établissements bancaires et financiers au total du bilan.
En raison des différentes phases de réforme de l’économie tunisiennes et surtout la
réforme bancaire du 10 Juillet 2001, nous avons pris en considération des facteurs
réglementaires (modification du règlement dans le secteur bancaire). Cette variable muette
(DUM) est susceptible d’influer la performance des banques tunisiennes.
Nous utiliserons ici comme variable de contrôle, la taille de la banque et le taux
d’endettement de la banque.
La taille des banques, en terme d’actifs totaux, est utilisée pour évaluer si les
grandes banques sont plus rentables, dans la mesure où elles sont contées mieux diversifier
les risques que les petites banques.
Par ailleurs, les banques de petite taille ont intérêt à grandir en vue d’accroître
leurs compétitivités alors que, inversement, celles des grandes tailles n’ont pas intérêt à
augmenter la leur. Dans notre cas, on utilisera la Log (Total Actif) comme mesure de la
taille des banques tunisiennes.
Le taux d’endettement qui est mesuré par le rapport des dettes totales sur l’actif
total. Il s’agit d’une mesure classique du niveau d’endettement qui a été utilisé par
plusieurs études telles qu’Agrawal et Knoeber (1996), Mak et Ong (1999) et Fernandez et
Arrondo (2002).

Variables Signification
DE Rapport des dépôts de la clientèle au total du bilan
CR Rapport des crédits à la clientèle au total du bilan
DEBF Rapport des dépôts et avoirs des établissements bancaires et financiers au total du
bilan
CEBF Rapport des crédits sur les établissements bancaires et financiers au total du bilan
DUM Facteurs réglementaires susceptibles d’influer la performance des banques
tunisiennes.
TMM Le taux de marché monétaire annuel, publié régulièrement par la BCT
LNTA Taille de la banque : Logarithme népérien de la valeur comptable de l’actif total.
TEND Taux d’endettement de la banque : total dettes / la valeur comptables de l’actif total.

158
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

4.3. Statistiques descriptives et corrélations entre les variables

4.3.1. Statistiques descriptives

La statistique descriptive est l’instrument qui permet de donner un sens, une


expression à l’information requise.
Elle permet de dégager les caractéristiques essentielles d’une série de données
pour obtenir une image simplifiée de la réalité.
Tableau 1
Statistiques descriptives
Variable Moyenne Maximum Minimum Ecart-type observations
PNB 89180.20 212066.00 30940.00 37504.26 100
ROA 0.008144 0.022037 -0.081303 0.010321 100
ROE 0.077580 0.207392 -1.764798 0.192608 100
DE 0.682300 0.840000 0.400000 0.096178 100
CR 0.703500 0.830000 0.030000 0.112729 100
DEBF 0.044400 0.153000 0.005000 0.029578 100
CEBF 0.090230 0.670000 0.014000 0.081087 100
TMM 5.796490 6.880200 5.000000 0.671457 100
DUM 0.500000 1.000000 0.000000 0.502519 100
LNTA 14.45320 15.36000 13.54000 0.472955 100
TEND 0.856866 0.953931 0.624834 0.088484 100

Le tableau montre également une variation considérable du PNB (PNB min 30940
et PNB max 212066) ce qui laisse supposer l’émergence d’une nouvelle conception du
produit net en Tunisie.Selon le tableau N°01, on constate aussi une variation du rapport des
dépôts de la clientèle au total du bilan (DE min = 0,4; DE moy = 0,68; DE max = 0,84) ce
qui laisse supposer que les taux d’intérêt créditeur sont motivants pour les agents à
capacité de financement.
D’autre part, on remarque aussi une variation considérable du rapport des crédits à
la clientèle au total du bilan (CR min = 0,03; CR moy = 0,7; CR max = 0,83) ce qu’il
indique que les taux d’intérêts débiteurs sont totalement libéralisé à partir du 29 novembre
1996 pour l’ensemble de crédit sauf ceux relatifs aux crédits accordées par la banque
tunisienne de solidarité.

4.3.2. Corrélations
Tableau 2
Corrélations des variables explicatives
  CEBF DEBF DE CR TMM DUM LNTA TEND
CEBF 1.00 -0.0574 0.0851 -0.4329 0.11010 -0.1835 -0.1718 0.02055
DEBF -0.057 1.0000 -0.0121 0.16427 0.16837 -0.2548 -0.3580 0.01570
DE 0.085 -0.0121 1.0000 -0.1007 -0.4830 0.30826 -0.0989 0.35171
CR -0.4329 0.1642 -0.1007 1.00000 -0.3294 0.27678 0.18793 0.2537
TMM 0.1101 0.1683 -0.4830 -0.3294 1.0000 -0.4541 -0.3934 -0.3913
DUM -0.1835 -0.2548 0.3082 0.27678 -0.4541 1.00000 0.36805 0.42183
LNTA -0.1718 -0.3580 -0.0989 0.18793 -0.3934 0.36805 1.00000 0.28512
TEND 0.0205 0.0157 0.3517 0.2537 -0.3913 0.42183 0.28512 1.00000

159
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
Après l’analyse du tableau N°02, on remarque que le niveau de corrélation entre
les variables est faible. Donc, nous constatons l’absence d’une corrélation entre les
variables explicatives.

4.4. Etude de la stationnarité: Tests de racines unitaires

Un moyen de s’assurer de la stationnarité des données individuelle est d’appliquer


le test de racine unitaire (ADF). Le test que nous utilisons est le test d’Im, Pesaran et Shin
(IPS). Ce test a des propriétés plus simples et se caractérise par une plus grande puissance
que le test de Levin Lin (LL).
Le modèle à estimer en vue d’étudier la stationnarité se présente comme suit:
y it = α i + (1 − ρ i ) y i ,t −1 + ∑ ϕ ij Δy it − j + ε it
j =1
Il s’agit de tester:
H 0 : ρ i = 1; ∀ i = 1,.., N ; H a : ρ i < 0; ∀ i = 1; 2,.., N ; ρ i = 0; ∀ i = N + 1; N + 2,.,N
1 1 1

Les résultats d’estimation sur le logiciel EVIEWS 5.0 figurent dans le tableau
suivant:
Tableau 3
Test de racine unitaire
Variables t-calculée Prob
PNB 1,6348 0,7248
ROA 2,0264 0,3326
ROE 1,9033 0,4839
DE 3,8450 0,0000
CR -3,675 0,0001
DEBF -2,7045 0,1099
CEBF -2,937 0,0939
TMM -2,4392 0,1264
LNTA 3,0261 0,0867
TEND -4,835 0,000

Il s’ensuit que les probabilités des variables sont plus grandes que 0,05 à
l’exception des variables DE, CR, TEND. Ceci indique qu’on peut accepter l’hypothèse
nulle de non stationnarité à 95% pour les séries PNB, ROA, ROE, DEBF, CEBF, TMM,
LNTA et qu’on peut rejeter cette hypothèse pour les variables DE, CR, TEND.
Les données DE, CR, TEND sont donc stationnaires comme on peut le voir dans le
tableau n°4. Les variables ne sont pas intégrées à l’ordre 1: Ces données sont stationnaires
en niveau et sont I(0).
Généralement, les tests d’Augmented Dickey-Fuller sur les variables PNB, ROA,
H
ROE, DEBF,CEBF, TMM, LNTA à accepter l’hypothèse nulle 0 de non stationnarité. En
deuxième étape, nous passons à tester la stationnarité des variables en différence première.
H
Le test ADF nous conduit à rejeter l’hypothèse nulle 0 de non stationnarité pour
les variables CEBF, TMM, LNTA. L’hypothèse de stationnarité est donc acceptée à un
seuil de 5% pour ces variables en différence première (variables intégrées d’ordre1).
160
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

En troisième étape, nous passons à tester la stationnarité des restes de variables en


différence secondaire. L’hypothèse de stationnarité est donc acceptée à un seuil de 5%
pour PNB, ROA, ROE, DEBF en différence secondaire.
Sachant par ailleurs, que ces variables intégrées d’ordre 1 et 2 peuvent présenter des
mouvements tendanciels de telle sorte que leurs combinaisons linéaires et leurs
composantes tendancielles se compensent pour donner une série stationnaire.

4.5. Spécification économétrique

Dans cette section, nous allons étudier l’impact de la marchèisation des opérations
bancaires sur la performance des banques tunisiennes à l’aide d’un modèle de régression
multiple en utilisant des outils économétriques.
En effet, lorsqu’on considère un échantillon de données de Panel (Hurlin CH:
«L’Econométrie des données de Panel, modèles linéaires simples» séminaire
méthodologique), la toute première chose qu’il convient de vérifier est la spécification
homogène ou hétérogène du processus générateur de données.
Sur le plan économétrique, les tests de spécifications reviennent à déterminer si
l’on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique
pour tous les banques, ou au contraire s’il existe des spécificités propres à chaque banque.
Pour valider la spécification du modèle, deux tests sont donc critiques. Un test de
Fisher qui permet de vérifier l'existence d'un effet individuel et un test de Haussman qui
permet d'identifier la nature de ces effets.
Les modèles construits concernent la régression des variables de la marchèisation
des opérations bancaires et les variables de contrôle sur la performance des banques.
Afin de tester l’homogénéité du Panel, on a appliqué le test d’Hsiao (1986).
La statistique F d’Hsiao suit une distribution de Fisher avec (K+1) (N-1) et NT - N
(K+1) degrés de liberté et s’écrit sous la forme suivante:

(SCRb − SCRa ) /( N − 1)( K + 1)


F= SCRa / NT − N ( K + 1)

Avec:
SCRb: La somme des carrées des résidus sans effets fixes.
SCRa: La somme des carrées des résidus avec effets individuels fixes.
N: Le nombre des banques → N = 10
T: Le nombre d’années → T = 10
K: Le nombre des variables explicatives et de contrôle → K = 8
Si F est supérieure au seuil théorique à α% alors on rejette l’hypothèse nulle
d’homogénéité. Si elle est inférieure à ce seuil, on accepte H0. Dans ce cas Fcalculée est
nettement inférieure à Fstatistique qui est égale à 2,9.
Le test d’Hsiao (1986) nous permet d’accepter la structure du Panel parfaitement
homogène.
On adopte alors la méthode des moindres carrée ordinaire ou généralisé.

161
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
4.6. Résultats des régressions

4.6.1. Impact de la marchèisation sur la performance des banques mesurée par le


PNB

Pour mesurer l’influence de la marchèisation des opérations bancaires sur la


performance des banques tunisiennes, nous utilisons la spécification suivante qui est une
régression des variables de la marchèisation sur le Produit Net Bancaire (PNB) :

PNB = α + β1DE + β2CR + β3DEBF + β4CEBF + β5TMM + β6DUM + β7LNTA +


β8TEND + εi
Afin de tester ce modèle, nous adoptons alors la méthode de moindres carrée
ordinaire en utilisant le logiciel « Eviews 5 »:
Tableau 4
Résultats de la régression de la marchèisation sur la performance des banques
mesurée par le PNB
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic
C -101.2669 98.97781 10.23128
DE 6.907090 2.640774 2.615555
CR 23.63863 20.30447 2.164208
CEBF 3.101427 2.534640 2.013617
DEBF 16.14670 0.696871 0.231664
TMM -57.72583 6.025659 0.095468
DUM -3.301263 0.627767 5.025924
LNTA 72.95666 4.851133 15.03910
TEND -17.38279 0.381363 0.529743
R-squared 0.792518
Adjusted R-squared 0.774278

Les résultats de la régression révèlent que le taux de marché monétaire (TMM) a


un impact négatif et non significatif sur la performance des banques tunisiennes. Ainsi,
l’hypothèse H1 est infirmée.
Ce résultat est conforme à la littérature stipulant que le crédit bancaire en Tunisie
continue à être la principale source de financement des agents non financiers c'est-à-dire
lorsque le taux d’intérêt augmente, le recours aux crédits diminue et ceci a pour
conséquence la diminution des profits bancaires.
Concernant la présence des dépôts, les résultats montrent l’impact positif de cette
variable sur la performance des banques de dépôts tunisiennes. Donc, l’hypothèse H2 est
infirmée.
De même, concernant la présence des crédits, le tableau de régression montre que
cette variable a un impact positif et statistiquement significatif sur la performance des
banques tunisiennes. Ainsi, l’hypothèse H3 est à rejeter.
En effet, même après les réformes financières, le système financier tunisien reste
fortement intermédié même si l’analyse des bilans et de la composition des produits nets
bancaires a montré qu’il y a apparition des nouveaux métiers au sein des banques de dépôts
tunisiennes. L’examen des bilans bancaires et l’interprétation des composantes des
produits nets bancaires ont bien montré que l’activité d’intermédiation des banques

162
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

commerciales tunisiennes n’est pas en déclin. Elles exercent toujours le métier classique de
collecte des dépôts et d’octroi des crédits.
Les résultats de la régression révèlent, aussi, que la taille des banques a un impact
positif et statistiquement significatif sur la performance des banques tunisiennes. Donc,
l’hypothèse H4 est infirmée.
Ce résultat est l’opposé de la littérature qui stipule que les banques de petites
tailles sont plus performantes que celle grandes (Bassett et Brady (2001)). Par ailleurs, S.B
Nasseur et M.Gaoied révèlent que les banques ayant de grandes tailles ont des
performances plus élevées que les banques ayant de petites tailles.
Nous signalons enfin que le taux d’endettement influence négativement la
performance des banques tunisiennes, donc l’hypothèse H5 est vérifiée. Ce qui est
conforme aux résultats de Agrawal et Knoeber (1996), Mak et Ong (1999) et Fernandez et
Arrondo (2002), qui montrent que si le cœfficient de la variable TEND prend un signe
négatif, il est possible de l’expliquer par la crainte des investisseurs lorsqu’ils
s’aperçoivent que les taux d’endettement des banques ont atteint des niveaux trop élevés.

4.6.2. Impact de la marchèisation sur la performance des banques mesurée par le


ROA

Pour mesurer l’influence de la marchèisation des opérations bancaires sur la


performance comptables, nous utilisons la spécification suivante qui est une régression des
variables de la marchèisation sur le Return On Assets:

ROAit = α + β1DE + β2CR + β3DEBF + β4CEBF + β5TMM + β6DUM + β7LNTA +


β8TEND + εi

Afin de tester ce modèle, nous adoptons alors la méthode de moindres carrés


ordinaires en utilisant le logiciel « Eviews 5 » :
Tableau 5
Résultats de la régression de la marchèisation sur la performance des banques
mesurée par le ROA
Dependent Variable: ROA
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic
C 0.113292 0.055850 2.028505
CEBF 0.039410 0.014302 2.705451
DEBF -0.025436 0.039329 2.046763
DE -0.016253 0.014901 1.990705
CR 7.026103 0.114357 0.633888
TMM -2.904396 0.321450 0.881237
DUM 0.063919 0.035472 2.806515
LNTA -0.005013 0.002737 1.831489
TEND -0.006264 0.018516 0.338285
R-squared 0.412775
Adjusted R-squared 0.305107

Les résultats de la régression montrent que le TMM a un impact négatif et non


significatif sur la performance des banques tunisiennes. Ainsi, l’hypothèse H1 est infirmée.
En effet, plus le TMM augmente, plus les agents à besoin de financement se
163
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
trouvent obligés de chercher un financement informel ce qui entraîne le développement
d’un marché de crédit non réglementé et par conséquent une segmentation du système
financier. Cette idée était adaptée par Fry (1997).
Concernant la présence des dépôts, les résultats montrent qu’ils ont un impact
négatif sur la performance comptable. Donc, l’hypothèse H2 est confirmée.
De même, concernant la présence des crédits, le tableau de régression montre que
cette variable a un impact positif et statistiquement significatif sur la performance des
banques tunisiennes. Ainsi, l’hypothèse H3 est à rejeter.
En effet, l’examen des bilans montre que l’activité d’intermédiation des banques
tunisiennes reste la principale source de profits bancaires, elles exercent toujours le métier
classique de collecte de dépôts et d’octroi des crédits.
Les résultats de la régression montent que la taille des banques a un impact négatif
et statistiquement n’est pas significatif sur la performance des banques tunisiennes. Donc,
l’hypothèse H4 est confirmée.
Ce résultat est conforme à la littérature stipulant que plus que la taille des banques
augmente plus la performance diminue (Spong et al (1996); Berger et Bonaccorsi di Patti
(2003)).
Enfin, ces résultats obtenus permettent d’observer l’impact négatif de la présence
du TEND sur la performance comptable des banques, donc l’hypothèse H5 est vérifiée.
Ceci est conforme aux résultats de Mak et Ong (1999) et Agrawal et Knoeber (1996) qui
stipulent que le taux d’endettement influence négativement la performance des banques.

4.6.3. Impact de la marchèisation sur la performance des banques mesurée par le


ROE

Pour mesurer l’influence de la marchèisation des opérations bancaires sur la


performance comptables, nous utilisons la spécification suivante qui est une régression des
variables de la marchèisation sur le Return On Equity:

ROEit = α + β1DE + β2CR + β3DEBF + β4CEBF + β5TMM + β6DUM + β7LNTA +


β8TEND + εi

Les résultats de la régression révèlent que le TMM a un impact positif et


statistiquement n’est pas significatif sur la performance comptable des banques
tunisiennes. Ainsi, l’hypothèse H1 est vérifiée.
Ce résultat est conforme à la littérature stipulant que l’augmentation du TMM,
encourage les agents à capacité de financement de placer leurs fonds dans les banques et
ceci a pour conséquence l’augmentation des profits bancaires.
Concernant la présence des dépôts, les résultats montrent l’impact négatif et non
significatif de cette variable sur la performance des banques de dépôts tunisiennes. Donc,
l’hypothèse H2 est confirmée et ceci est identique à l’expérience de Barth et alu (1997),
dans le cas de 19 pays développés. Ces auteurs ont établi que les dépôts collectés ainsi que
l’existence d’un dispositif d’assurance de dépôts explicites n’ont pas d’impact significatif
sur le rendement bancaire.

Afin de tester ce modèle, nous adoptons alors la méthode de moindres carrés

164
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

ordinaires en utilisant le logiciel « Eviews 5 »:


Tableau 7
Résultats de la régression de la marchèisation sur la performance des banques
mesurée par le ROE
Dependent Variable: ROE
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic
C 0.499132 1.072632 0.465334
CEBF 0.080658 0.275844 2.921405
DEBF -0.105095 0.757667 3.871208
DE -0.119069 0.286704 -0.415304
CR 6.162364 0.219125 2.851410
TMM 0.003597 0.065377 0.055014
DUM -1.206247 0.068141 2.062204
LNTA -0.015644 0.052635 4.972121
TEND -0.172604 0.355940 -0.484925
R-squared 0.731039
Adjusted R-squared 0.648452

De même, concernant la présence des crédits, le tableau de régression montre que


cette variable a un impact positif et statistiquement significatif sur la performance des
banques tunisiennes. Ainsi, l’hypothèse H3 est infirmée.
Les résultats de la régression révèlent, aussi, que la taille des banques a un impact
négatif et statistiquement significatif sur la performance des banques tunisiennes.
Donc, l’hypothèse H4 est vérifiée. Ce résultat est conforme à la littérature stipulant
que plus que la taille des banques augmente, plus la performance diminue (Spong et al
(1996); Berger et Bonaccorsi di Patti (2003)).
Nous signalons enfin que le taux d’endettement influence négativement la
performance des banques tunisiennes, donc l’hypothèse H5 est confirmée. Ce qui est
conforme aux résultats de Agrawal et Knoeber (1996), MAk et Ong (1999) et Fermandez
et Arrondo (2002), qui stipulent que si le cœfficient de la variable TEND prend un signe
négatif, il est possible de l’expliquer par la crainte des investisseurs lorsqu’ils
s’aperçoivent que le taux d’endettement des banques ont atteint des niveaux trop élevés.

Conclusion

Le système bancaire et financier tunisien a été nanti de la lourde responsabilité de


soutenir et d’appuyer l’œuvre de la restructuration, de la modernisation et de la
libéralisation financière engagée depuis 1986.
En effet, le système bancaire doit s’adapter aux profondes transformations qui sont
entrain de façonner le paysage financier national et mondial, et doit avoir une
responsabilité plus accrue pour faire face à la concurrence en diversifiant leurs produits et
services.
En effet, on peut dire que le développement des théories d’intermédiation était
nécessaire pour comprendre les mutations des différents systèmes bancaires. En réalité, la
place qu’occupent les intermédiaires et spécialement des banques a pris de l’ampleur non
seulement sur le marché du crédit mais également sur tous les marchés financiers. La
panoplie de leurs activités s’est largement développée en créant de nouvelles fonctions
dont la plus importante est la marchéisation des opérations bancaires.

165
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 
Par conséquent, l'objectif était de mesurer l'impact de la marchéisation des opérations
bancaires sur la performance des banques tunisiennes.
Toutefois, la marchéisation des opérations bancaires, considéré comme une source
supplémentaire de revenu, est l'activité sur laquelle les banques continuent à faire valoir
leur avantage comparatif à s'adapter à la nouvelle approche de l'intermédiation financière
mais aussi à accroitre leur risque. Les banques sont ainsi réduites à un métier d'arbitrage et
de spéculation et donc condamnés à une exposition croissante aux risques.
En effet, d'après l'analyse effectuée sur un ensemble de dix banques tunisiennes,
sur la période allant de 1997à 2006, nous avons constaté que le taux de marché monétaire
n’a pas d’impact significatif sur la performance bancaire et que les dépôts et les crédits
influencent positivement et significativement la performance des banques tunisiennes.
A la lumière de ces deux résultats, on arrive alors à dire que dans la Tunisie, les
banques n’ont pas encore exploitée les nouvelles formes d’intermédiation bancaire. D’où
on confirme que le contexte d’intermédiation demeure encore traditionnel malgré les
réformes de la libéralisation financières et que les banques exercent toujours le métier
classique de collecte des dépôts et d’octroi des crédits pour augmenter leurs marges des
profits bancaire.
Il y a lieu de préciser que notre étude s’est limitée à dix banques du fait de leur
suprématie sur le secteur bancaire tunisien. Mais, il convient d’élargir notre champ d’étude
à la totalité des banques qui constituent désormais un poids considérable dans le
financement de l’économie tunisienne. En fin, il faut signaler qu’on a essayé de trouver
une relation de court terme entre le développement bancaire et la performance des banques
tunisiennes. Dans une continuation de notre recherche, on va essayer de mener une étude
empirique sur le cas de la Tunisie, pour justifier que le développement financier
notamment bancaire peut avoir des effets positifs sur la croissance économique. Pour cela,
on va tenter à tester empiriquement, par l’analyse de la cointégration, l’éventuelle
existence d’une relation de long terme entre les variables de la croissance économique
d’une part, et les indicateurs du développement bancaire d’autre part.

Bibliographie

Allen, F., Santomero, A.M, (2001) What do Financial intermediaries do?, Journal of
Banking and Finance, N°25, pp 271-294
Beck, T., Levine, R., Loayza, N., (2000) Financial intermediation and Growth: causality
and causes, Journal of Monetary Economics, Août, vol 46, pp 31-77
Bottazzi, L., Rin, M.D., Hellmann, T.F., (2004) Active Financial Intermediation: Evidence
on the role of organization and Human capital, juillet, Igier working paper N°266
Barth, J.R., Nolle, D.E., Phuniwasana,.T., Yago, G., (2002) A Cross country Analysis of
the bank supervisory frame work and bank performance. Economic and Policy
analysis Working paper 2, Office opf the comptroller of the currency (O.C.C).
Chichti, J.E., (2000) L’intermédiation financière des banques et des assurances,
Publication de l’imprimerie officielle de la République Tunisienne
Coval, J., Thakor, A.V., (2004) Financial Intermediation as a Beliefs-Bridge between
optimists and pessimists, mai, Journal of Financial Economics, Forthcoming
Djelassi, M., (2004) Les conséquences des réformes financières sur l’intermédiation
bancaire en Tunisie, Document de recherche, N° 2004-03 laboratoire d’économie
d’Orléans
Daley, N., (2001) La banque de détail en France: de l’intermédiation aux services ,
166
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

document de travail, centre d’économie industrielle, Paris, (Fèvrier)


Demsetz, H., Villalonga, B., (2001) Ownership structure and corporate performance.
Journal corporate Finance, pp 209-233
Edwards, F. R., Mishkin, F.S., (1995) The decline of Traditionnel Banking: implication of
Financial stability and regularity policy, Economic policy review, federal reserve
bank of New York, vol 1
Kertudo, J., (2001) Le système Financier face à la globalisation, Edition CFPB
Lagoutte, (2002) La rentabilité des banques Britanique en question: approche théorique et
stratégique, Axe thématique: Intermédiation et systèmes financiers, Université de
Lille III
Louizi, G., (2006) Impact du conseil d’administration sur la performance des banques
Tunisienne, XVème conférence internationale de management stratégique,
Annecy/Genève 13-16 Juin 2006
Nekhili, M., (2001) La relation banque-entreprise: pratiques internationales et théorie
néoinstitutionelle de l’intermédiation financière, Finance et Développement au
Maghreb N° 27, pp 35-48.
Ouelhazi, M., (2001) Système bancaire Tunisien: réformes et perspectives, Finance et
développement au Maghreb N° 28, pp 29-32
Payelle, N., (2001) Typologie des systèmes financiers, Cahiers Français, N° 301, pp 15-22
Paolo, G., Abdelaziz, R., (1999) Efficacité et Performances des banques en Europe: une
analyse « stochastic frontier » sur données de Panel, W.P (CERA).
Rosa, H., (1998) Le rôle clef des intermédiations financiers, L’art de la finance, les Echos,
PP 309-313
Saïdane, D., (2001) La banque commercial traditionnelle est-elle en déclin, Finance et
Développement au Maghreb N°27, pp 12-34
Smida, M., (2003) Le système bancaire tunisien: historique et règlementation, Edition
l’Harmattan
Saïdane, D., (2002) Les mutations de l’intermédiation bancaire dans les pays de l’OCDE :
nouveaux revenus, nouveaux métier, Revue d’économie Financière N°66, pp 307-
334
Venet, B., (2000) Libération financière et développement économique: une revue critique
de la littérature, Université Paris Dauphine.
***, Rapport de la BCT (Banque Centrale de Tunisie)
***, Rapport annuels de l’APBT (Association professionnelle des banques en Tunisies
***, Rapport de la BVMT (Bourse de Valeurs Mobilière de Tunisie)
***, Rapport du FMI (Fonds Monétaire International)
***, Circulaires juridique de la règlementation bancaire.
www.bct.gov.tn
www.apbt.org.tn
www.sciencedirect.com
www.tunisievaleurs.com
www.ssrn.com

167
Revue Valaque d’Etudes Economiques
 

ANNEXES
Tableau 1
Total Bilan des Banques Tunisiennes en milles dinars entre 1997 et 2006
Banques 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
BNA 2824358 3004572 2625038 2897107 2393334 3255413 3474340 3926116 4174497 4491765
STB 2744989 2975668 2418588 3817080 3917981 4228823 4005271 4287610 4399155 4706982
BIAT 1947233 2104389 1988982 2281379 2657301 2800339 3063090 3333126 3667100 4133020
UIB 1380601 1323059 1380732 1540162 17006308 1746973 168190 1681486 1788184 1859642
BH 1422691 1590719 1744963 2153504 2725009 2684725 2862403 3045814 3287289 3801870
BS 1100731 1174595 1175842 1433387 1584357 1648329 1734145 1952400 3220486 2169880
BT 1134971 1219329 1069167 1256447 1387557 1518514 1556163 1610333 1715043 1809883
UBCI 902357 980645 929387 1033354 1092562 998933 1029097 1091684 1212154 1369014
AB 1118351 1348542 1395040 1585835 1834830 1912713 1982939 2032787 2136980 2410801
ATB 796458 763427 902862 968417 1039657 1010078 1202364 1523368 1817858 2162042
Source: APBT (1997 / 2006)
Tableau 2
Indicateurs caractérisant des banques commerciales
Banque Fonds propres millions de D Total bilan million de D Résultat million de D Effectifs
STB 427807 4399155 36286 2619
BNA 352111 4174497 8065 2767
BIAT 284117 3667100 19078 2191
BH 226815 3287289 20631 1920
Attijari-bank 146571 2320486 -1414 1381
AB 210568 2136980 19444 979
UBCI 149029 1212154 7004 932
ATB 166970 1817858 17650 786

168
Volume 2(16) ™ NO. 2 ™ 2011

Banque Fonds propres millions de D Total bilan million de D Résultat million de D Effectifs
UIB 165578 1788184 0 1307
BT 289016 1715043 34101 870
BTS 43024 353936 320 197
Citibank 22370 222189 3283 39
BFT 6422 196804 79 219
ABC 14835 161005 -19670 108
Total 2505233 27452680 141574 16315
Source: APBT (2005)

Tableau 3
Le Produit Net Bancaire (1997 - 2006)
Banques 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
BNA 103480 109890 114560 124460 131060 133416 131781 135619 147937 175948
STB 76460 82924 98709 140216 135686 124236 116916 124236 143637 182727
BIAT 92864 104492 115954 135464 149148 157791 158306 168525 178509 212066
BH 63684 69212 75365 80312 84484 93620 86417 104892 123270 143143
UIB 58992 63216 66741 70942 72571 65712 58495 65748 73967 74449
BS 56784 62316 67537 75592 85325 76866 72358 79526 76878 81481
UBCI 38679 41907 57320 62268 66507 64655 62670 64780 68910 73510
ATB 30940 32864 35136 38064 43014 51131 59481 63894 72237 82687
AB 58554 60212 61503 64395 77699 72125 77976 78926 92552 98519
BT 34260 40020 59702 71342 74548 82893 83475 81519 89908 110326
Moyenne 61469,7 66705,3 75252,7 86305,5 92004,2 92244,5 90787,5 96776,5 106780,5 123485,6
Source: APBT (1997 / 2006)

169
Revue Valaque d’Etudes Economiques
View publication stats

 
Tableau 4
La rentabilité de fonds propres des banques tunisiennes (ROE) (Bénéfice Net / Fonds propres en %)
Banques 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
BNA 7,58 6,22 6,24 6,69 6,76 4,22 4,22 0,9 2,29 4,46
STB 14,36 17,57 14,18 11,49 9,76 4,59 4,32 1,25 8,48 4,97
BIAT 15,9 13,44 11,99 12,73 14,65 9,45 9,04 6,57 6,71 5,54
UIB 8,19 8,33 9,21 12,82 14,12 4,06 0,01 0 0 0
BH 19,26 20,33 15,65 11,89 11,43 8,85 8,57 9,11 8,17 8,04
BS 7,48 8,77 9,01 10,01 11,29 6,51 1,48 0 -2,81 -167,48
BT 15,37 18,28 12,62 15,07 16,07 13,03 12,17 11,83 11,8 12,6
UBCI 19,27 20,74 11,63 12,33 12,35 4,79 4,75 6,74 4,69 8,47
AB 10,69 11,87 14,02 17,18 16,63 9,33 14,52 9,31 9,23 8,85
ATB 9,79 10,64 10,39 10,32 5,85 10,37 14,34 14,64 11,09 12,05
Moyenne % 12,79 13,62 11,49 12,06 11,89 7,52 7,34 6,035 5,965 -111,5
Source: APBT (1997 / 2006)

Tableau 5
La rentabilité des actifs des banques tunisiennes (ROA) (Bénéfice Net / Total Actif en %)
Banques 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
BNA 0,67 0,67 0,81 0,81 0,73 0,45 0,43 0,08 0,19 0,36
STB 0,68 0,81 1,04 1,2 1,06 0,46 0,46 0,12 0,82 0,46
BIAT 0,08 1 1,27 1,28 1,26 0,8 0,73 0,48 0,52 0,51
UIB 0,58 0,85 0,72 0,98 1,07 0,29 0 0 0 0
BH 1,15 1,27 1,27 0,95 0,77 0,63 0,57 0,61 0,56 0,57
BS 0,93 1,05 1,20 1,14 1,19 0,64 0,13 0 -0,18 -0,81
BT 0,89 1,13 1,60 1,91 2,08 1,98 1,94 1,97 1,99 2,2
UBCI 1,39 1,42 1,53 1,6 1,67 0,71 0,69 0,93 0,58 0,96
AB 0,89 1 1,19 1,42 1,47 0,83 1,39 0,91 0,91 0,82
ATB 1,04 1,2 1 ,03 0,96 0,51 0,99 1,11 0,99 1,02 1,01
Moyenne % 0,9 1,04 1,225 1,225 1,181 0,779 0,745 0,609 0,641 0,608
Source: APBT (1997 / 2006)

170

Vous aimerez peut-être aussi