Vous êtes sur la page 1sur 1

La question des méthodologies

On distingue très sommairement deux approches en histoire de l'art18, selon leurs


objectifs (voir aussi les théories structurelles et individualistes19, ainsi que
l'opposition formes/contextes20, en particulier dans le monde anglo-saxon21) :

La plus courante ayant comme fin la mise à jour de corpus d'œuvres et d'artistes,
de la singularité de leurs discours, fondée sur des notions telles que chef-
d'œuvre, styles, manière, écoles, mouvements, tendances et leurs articulations,
leurs interactions avec l'histoire, les événements politiques et sociaux.
Identifier, classer et hiérarchiser est alors parfois considéré comme un fondement
méthodologique (cf. A. Chastel). Mais dans certains cas cette approche est
qualifiée (ironiquement) d'attributionniste22 pour son goût des biographies
narratives et des catalogues ou monographies d'artistes.
L'autre approche s'interroge aussi sur son propre discours sur l'art, sur la
théorie de l'art23 ou sur les frontières de l'art24 – plus proche des sciences de
l'art25, est elle aussi initiée autour de (de) Berlin et Vienne26 au xixe siècle27.
Donc, au-delà de l'historiographie (la manière dont cette histoire est écrite), il
s'agit de confronter l'œuvre et les enjeux de l'artiste (cf. les « référents
irréductibles » selon J. Lichtenstein23) avec les regards qui sont portés sur eux.
Aujourd'hui, certains parlent d'histoire de l'art critique (cf. Fr. Bardon, M.
Podro28) et de nouvelle histoire de l’art (cf. A. Wessely29), d'histoire de l'art
comparée (cf. Chr. Michel30) voire d'histoire de l’art philosophante (R.
Pouivet31).
Plus largement, on peut présenter son domaine d'application comme tout ce qui
relève de l'œuvre poétique (au sens large, qui provoque un écart esthétique) et de
son contexte culturel et spirituel, depuis ses conditions de production par son
auteur, de présentation et de diffusion, jusqu'à sa perception variable dans le
temps par un public reconnaissant – ou non – un caractère artistique à l'objet32,
ou à l'acte de l'artiste, et à sa représentation.

La mise en œuvre d'une histoire de l'art fait donc appel simultanément à différents
savoirs et expériences, et il est plus simple de souligner ce qu'elle n'est pas
censée être (un jugement sur l'art, un catalogue de collection, une lecture
exhaustive de l'œuvre33, un parti pris idéaliste34, etc.), que de définir ce
qu'elle est parfois (un travail critique, une interprétation, une épistémologie –
un discours sur la connaissance), mais cela toujours avec une certaine érudition
(un « savoir approfondi » ; soit une ambition en matière de documentation et
d’interprétation des œuvres35).

Vous aimerez peut-être aussi