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A – Droit constitutionnel – T3 – Les institutions des USA, l’état fédéral

Thème 3 : Les institutions des États-Unis, l’état fédéral

Le concept de constitution a été inventé aux Usa par les 13 colonies qui sont devenues les 13
états qui se sont rassemblés dans une fédération, les USA.
C’est la première constitution au monde : 1787 et elle invente la notion d’état fédéral. C’est
une innovation dans l’organisation des états.
Plusieurs guerres ont marqué l’avènement des USA.

I. La constitution de 1787

18ème siècle : les USA n’existent pas. Ce sont à l’origine 13 colonies britanniques sur la côte
est du continent nord-américain. En 1775, l’Angleterre décide d’imposer de nouvelles taxes et
les colons s’y opposent car ils ne veulent pas de taxes sans représentation. Cela donne lieu à la
guerre d’indépendance en 1775, qui dure 6 ans, qui fait 25 000 morts qui voie la victoire
complète des colons américains.
Le 4 juillet 1776 : déclaration d’indépendance avant la fin de la guerre (1780) où on retrouve
un certain nombre de principes et droits fondamentaux. Ce texte sort de propagande pendant
la guerre, rédigé par Thomas Jefferson et John Adams qui deviendront président des USA.

1777 : établissement d’une confédération entre les colonies : échec du a des difficultés dans le
fonctionnement (unanimité, luttes et rivalités commerciales).
1781 : fin de la guerre et victoire des 13 colonies
3 septembre 1783 : le traité de Versailles reconnait l’indépendance des USA
17 septembre 1787 : adoption de la constitution américaine.

La constitution devait être ratifié par les conventions constitutionnelles des 13 colonies
(adopté si 9 sur 13 l’auraient adopté). Le seuil de 9 états est atteint en 1788 avec la ratification
du New Hampshire. Mais c’est seulement en 1789 que la constitution entre en vigueur.

15 septembre 1791 : Bill of Right entre en vigueur (ensemble composé des 10 premiers
amendements apportés à la Constitution américaine).

La constitution de 1787 est importante par tous les travaux préparatoires à sa rédaction :


 Federalist Papers : recueil d’articles publié dès 1787 offrants une lecture de la nouvelle
constitution pas encore en vigueur : Hamilton, Jay, Madison.
Mais les colonies ont des intérêts commerciaux différents et le débat la plus vive porte sur
l’esclavage car les états du sud veulent que le nombre d’esclave se répercutent dans le nombre
de représentants. Les états du nord sont contre car ils ont moins de populations esclaves.
Compromis des 3/5èmes : cinq esclaves comptent pour 3 citoyens dans la prise en compte de
la base électorale pour la représentation.

C’est une constitution assez courte car elle comporte 7 articles décomposés en différentes
sections :
- 1er article : pouvoir législatif
- 2ème article : pouvoir exécutif
- 3ème article : pouvoir judiciaire
- 4ème : fédéralisme
- 5ème : amendements possibles
- 6ème : dispositions diverses
- 7ème : processus de ratification
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Ensuite, on trouve les amendements (les révisions constitutionnelles). On ne modifie par le


texte en lui-même mais on rajoute des amendements. On a donc 27 amendements. Les 10
premiers constituent le Bill of Right : voté dès le lendemain de l’adoption de la constitution.
Ils consistent à limiter les pouvoirs du congrès, des organes institutionnels, pouvoir judiciaire,
pouvoir fédéral. Pour être adoptés, ils doivent être ratifiés par les ¾ des états fédérés.
Le 10ème amendement : « Les pouvoirs qui ne sont pas délégués par la constitution sont
réservés aux états ».

Checks and Balances : esprit de la constitution : poids et contrepoids garantissant un équilibre


des pouvoirs au sein des institutions fédérales américaines.
La constitution de 1787 est assez brève et ancienne (plus de 2 siècles) : le texte constitutionnel
laisse une place importante à l’interprétation du texte. Par exemple, quid des pouvoirs de
l’arme nucléaire ? Il a fallu interpréter la constitution de 1787 pour savoir à qui il revient.

Plusieurs possibilités pour l’évolution de la constitution. Elle peut être révisée de 2 manières :


- Initiative du congrès fédéral
- Initiative des parlements des états fédérés

En Europe, la constitution la plus ancienne en vigueur est la Norvège (1814).


La constitution des USA est donc la plus ancienne en vigueur et a dû affronter beaucoup de
guerres, modifications, scandales : traversé les âges, les époques.

II. Le fédéralisme

La guerre de Sécession : capitulation du sud en 1865. C’est un des tournants qui consacrent la
supériorité et primauté de l’état fédéral sur les états fédérés.

1. Les états fédérés

Ils sont 50, organisés en interne, chacun a son ordre juridique propre. Les parlements des états
fédérés sont bicaméraux, sauf le Nebraska, et ils ont une cour de justice. L’exécutif s’incarne
dans le gouverneur de l’état.
Les états fédérés consacrent une place importe à la participation du peuple dans le domaine
législatif (référendum populaire, procédure du recall : destituer un élu en cours de mandats).
Ils comportent des sous divisions territoriales : les comtés et les municipalités

2. Les rapports entre état fédéral et états fédérés.

La supériorité de l’état fédéral est actée sous l’influence de la Cour suprême : Madison v.
Marbury.
10ème amendement : tout ce qui n’est pas déterminé dans la constitution appartient aux états
fédérés. Donc l’état fédéral a la compétence d’attribution (compétences présentes dans la
constit) et les états fédérés des compétences de droit commun (tout le reste).
Donc, on peut penser que les compétences de l’état fédéral sont limitées mais non car depuis
1787 s’est développé la théorie des pouvoirs implicites, basé sur la section 8 de l’article 1er de
la constit : consiste à élargir les pouvoirs de l’état fédéral en lui appliquant toutes les
compétences qui découleraient de ses compétences d’attribution. Cette théorie est actée par la
cour suprême avec l’arrêt McCulloch v. Maryland de 1819. On a donc une évolution en
faveur de l’état fédéral.
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Dès l’origine, dans la constit, les compétences des états fédérés ont en fait été limités à travers
certaines dispositions précises : influence de l’état fédéral.
Ex : article 4 section 4 de la constitution : l’état fédéral doit veiller au caractère démocratique
des constitutions des états fédérés : montre la supériorité de l’état fédéral.
De plus, les états fédérés n’ont pas de pouvoir en matière commerciale et monétaire, en
matière diplomatique et de défense (ce qui permet de centraliser des compétences essentielles
entre les mains de l’état fédéré).
Le 10ème amendement n’a pas été applique à la lettre : elle a subi de nombreuses entorses :
interventionnisme de l’état fédéral pendant le New Deal.
Mais les états fédérés ont des compétences importances : loi, impôts, police, équipements,
peine de mort, mariage, cannabis, droit bancaire, assurance, …

Si l’état fédéral a été favorisé, c’est grâce au concours de la Cour suprême : dès 1803, est acté
la supériorité du droit fédéral sur le contrôle de constitutionnalité des lois, puis la théorie des
pouvoirs implicites, validés en 1819 par la cour suprême, et l’Interstate Commerce Clause :
donne au congrès fédéral le pouvoir de réglementer le commerce entre les états. Elle permet
de légitimer l’intervention de l’état fédéral dans les rapports et politiques économiques des
états fédérés : acté dès 1824 dans l’arrêt Gibbons v. Ogden.
L’évolution de l’état fédéral prend donc un tournant très rapide et continue au 19ème et 20ème
siècle. 1937 : temps fort avec le New deal. C’est le passage d’un développement massif en
échange des aides de l’état fédéral aux états fédérés. Ces derniers font face à des limites,
notamment financière, pour exercés leurs compétences. Ils ne sont donc pas opposés à la
délégation de compétences (aides publiques).
Portelli : passage d’un fédéralisme dualiste à un fédéralisme de type coopératif.

L’état fédéral est considéré aux USA par beaucoup d’américains, comme un état lointain,
éloigné : distance, sociétal. Il est aussi perçu négativement avec les impôts et taxes. Dès la
constit, courant qui veut réduire le pouvoir de l’état fédéral, porté aujourd’hui par le
mouvement du Tea party qui influence même les républicains.

3. La cour Suprême

Elle est à la tête du pouvoir judiciaire.


Charles Hugues : « Nous sommes régis par une constitution mais cette constitution est ce que
les juges disent qu’elle est » : influence de la CS sur le fédéralisme et sur les institutions.
C’est en 1787, dans la constit, qu’est créé un tribunal constitutionnel avec la fonction de
contrôle de constitutionnalité. Chaque état possède chacun sa constitution et sa cour
constitutionnelle. La CS de chaque état est soumise à la CS fédérale.

Au niveau le plus bas : les tribunaux fédéraux


Ensuite : les cours d’appel fédéral et les cours suprême de chaque état
Tout en haut : la CS.
La CS est composé de 9 membres dont le Chief Justice : prévu dans la loi. Les membres sont
nommés par le président et contre-pouvoir à cette nomination : compétence du Sénat qui doit
approuver la nomination (majorité des 2/3). Les membres sont nommés à vie, ce qui renforce
leur indépendance, pensée comme une protection vis-à-vis des pressions.

La qualité du travail de la CS : très longs arrêts, entre 40 et 60 pages en moyenne, et justifiés
constitutionnellement. Les jugements de la CS sont votés à la majorité. Mais la minorité n’est
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pas réduit au silence. Les « opinions dissidentes » sont publiés à la suite de l’arrêt de la CS.
Cela permet une clarté : cela sait qui chacun était d’accord ou pas au sein de la CS, et
pourquoi.

1. Les compétences

La CS peut trancher à travers des litiges dans lequel l’état fédéral est partie ou contre certaines
personnalités fédérales et les recours entre les états fédérés et état fédéral. La CS traite
essentiellement des affaires du fédéralisme.
Plusieurs milliers d’affaires lui sont portés chaque année mais c’est elle qui décide de ce
qu’elle traite.

2. Le contrôle de constitutionnalité

Il est réalisé par voie d’exception : tout justiciable, à l’occasion d’un procès, peut soulever une
exception d’inconstitutionnalité d’une loi. Chaque juge aux USA est un juge constitutionnel
car ils doivent toujours se prononcer sur la conformité d’une loi à la constit : « la judicial
review ». Mais la loi controversée, si jugée inconstitutionnelle, ne sera pas annulée mais juste
pas appliqué au procès : autorité relative de la chose jugée. Le risque est d’avoir des positions
différentes entre les tribunaux, voir entre les états.
Il faut une institution au-dessus qui tranche : rôle de la CS car ses arrêts ont une autorité
absolue de la chose jugée : la position de la CS s’impose à toutes les autres juridictions
(1803 : arrête Madison v Marbury.)
Le contrôle de constitutionnalité aux USA est décentré : opéré par tous les tribunaux mais de
manière essentielle par la CS (autorité absolue).

3. L’influence de la CS

 La composition : dans le système du bipartisme des USA, chaque juge est catalogué
comme étant républicain ou démocrate. C’est donc un jeu politique qui se joue dans la
domination et les choses sont figées (nomination à vie).
Ex : fin du mandat d’Obama en 2016, un juge de la CS devait être remplacé mais en raison du
calendrier très proche avec le nouveau mandat, Obama avait décidé de ne pas exercer cette
compétence et de la laisser au prochain président. C’est donc Trump qui a décidé de cette
nomination : majorité en faveur des républicains depuis avril 2017.

 La production du droit : la CS influence le contenu du pouvoir judiciaire.

La CS forme-t-elle un gouvernement des juges ? les membres de la CS gouvernent en disant


ce qui est et ce qui n’est pas le droit.
On peut le considérer : influence de la CS, rôle très important sur le fédéralisme.
On peut aussi y répondre par la négative : il faut nuancer, garder des mesures car le
gouvernement des juges, c’est une critique, négatif.
La CS interprète la constit, mais comme tout acteur politique. La CS dit le droit par rapport à
une constit ancienne et courte et elle accompagne donc l’évolution de la société, des mœurs.

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