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La castanéiculture 

Le châtaignier, Castanea sativa (Fagacée) est un arbre présent naturellement en Ardèche depuis plus
de 8 millions d’années. Surnommé « l’arbre à pain », pour son importance dans l’alimentation des
générations préindustrielles, sa mise en culture est apparue avec la technique de greffage au XIIIème
siècle. Dans un contexte de forte déprise agricole depuis la révolution industrielle, les châtaigniers
ont subi un abattage massif au profit de l’exploitation du tanin dans les industries de sériciculture
ardéchoises pour la coloration de la soie en noir. La surface agricole est ainsi passée de 60 000 ha en
1870 à 6 000 ha en 1960, date à laquelle le syndicat de défense des châtaignes de l’Ardèche fut créé,
corroboré par des opérations de sauvegarde. L’Ardèche reste tout de même le premier producteur
de châtaignes avec environs 5000 Tonnes par an dont une partie est exportée vers le nord de
l’Europe, principalement en Allemagne.

Mon maître de stage, Jean Luc Boulon, n’a cessé depuis 2000 de reconquérir des forêts
abandonnées, dans une logique d’appropriation et de préservation du terroir locale. Il possède
aujourd’hui 6 ha de châtaigneraies productives, soit 8% de sa SAU avec comme objectif la production
de 8 à 12 tonnes de châtaignes par an. Cette activité est totalement intégrée au système agro-
pastoral crée par Jean Luc et isabelle Boulon en 1987, à la suite de leurs diplômes à l’ISARA Lyon.

Le châtaignier européen est un arbre majestueux qui vit pendant plusieurs siècles, pouvant atteindre
plus d’un millénaire, 35m de hauteur et 4m de diamètre à la base du tronc au maximum. Il évolue sur
des sols acides, pauvres, bien drainés à l’étage collinéen. Son optimum se situe entre 400 et 800
mètres avec une pluviométrie de 800 à 1500 mm par an. Il tolère une grande amplitude thermique
avec une préférence thermophile, mais demande une grande quantité d’eau d’où son enracinement
puissant, pivotant et profond. Il a besoin d’un sol frais, siliceux ou décalcifié mais ne supporte pas les
sols hydromorphes, d’où sa forte présence dans les topographies vallonnées. La toxicité de ses tanins
confère aux forets une litière peu dégradé de type Mohr. Cependant, le châtaignier est très sociable
avec de nombreux champignons hébergés sur son tronc ou à ses pieds. Il pousse également sous son
ombre de nombreuses plantes comme la fougère, le millepertuis ou encore le chèvrefeuille. Son
cycle végétal est atypique avec un débourrement tardif au mois d’avril après la période de repos
végétatif de décembre à fin mars. Le développement des feuilles se poursuit ainsi jusqu’au début de
la floraison en juin. La fécondation se fait en juillet avant la formation des premières bogues à la fin
de ce même mois. La période de floraison/fécondation est une phase critique très sensible au déficit
hydrique. La maturation des bogues se réalise jusqu’à fin septembre avant leurs ouvertures en
octobre. Le bon déroulement de cette phase de maturation, en termes de productivité, est
également très liée à la quantité d’eau disponible. Enfin, après les dernières récoltes début
novembre, les arbres vont rentrer dans la phase de jaunissement jusqu’à tomber dans la période de
repos en décembre. Il faut préciser que pas moins de 65 variétés différentes sont recensées à ce jour
en Ardèche avec différents niveaux de précocités. Cette diversité était favorisée par les agriculteurs
afin d’étaler la récolte faite entièrement à la main, et ainsi limiter le pourrissement et la perte causé
par les animaux (rongeurs, sangliers) venant manger les châtaignes une fois celles-ci tombées de
l’arbre. Le châtaignier est un arbre monoïque, donc à la fois mâle et femelle. Les fleurs mâles sont
regroupées en long chatons blancs jaunâtres, dressés de 10 à 30 cm aux extrémités des rameaux. A
leurs bases se trouvent les petites fleurs femelles (5-6cm), verdâtres et regroupées par 3 dans une
cupule épineuse qui se développera pour former la bogue. En revanche, l’autofécondation n’est pas
possible car le murissement des fleurs mâles et femelles est asynchrone. C’est donc le vent et les
insectes qui sont responsables de la fécondation, attirés par une grande quantité de pollen, nectar et
miellat produites. La châtaigne, libérée par 2 ou 3 dans les bogues est un akène, donc un fruit à
péricarpe sec, ne s’ouvrant pas à maturité et ainsi protégé du dessèchement. L’essence du
châtaignier est dite de demi-lumière, c’est-à-dire que le stade juvénile à besoin d’ombre avant de
préférer la lumière une fois adulte. C’est donc dans cette logique de recherche d’abondance
lumineuse que le châtaignier à une croissance rapide. L’arbre devient productif depuis la germination
d’une graine fraiche au bout de 25 à 30 ans. La technique de greffage d’un rejet ou le marcottage est
préféré pour sa mise en culture car elle permet la conservation des caractéristiques du parent et une
fructification après 5 à 6 ans. Plusieurs ennemis du châtaignier ont causé plus ou moins de dégâts au
fil de l’histoire, dont certaines maladies comme l’encre, le chancre de l’écorce ou encore le cynips
seront développés plus tard.

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