Vous êtes sur la page 1sur 3

Texte BAC : LXXVIII - Spleen,  

 Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle


Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,


Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées


D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie


Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,


Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Intro : partie « Spleen et Idéal ». Décrit "en images" l’horreur d’un emprisonnement et d’une
asphyxie de l’esprit jusqu’à la crise, proche de la démence. 5 § = chronologie de la crise ( 3 premières
= circonstances du spleen et 2 dernières = explosion + anéantissement )

PB : Comment la crise de Spleen est-elle rendue par le croisement


d’isotopies reliant paysage extérieur et paysage intérieur du poète?
I. Montée de l’angoisse (§1-3)

A. Un paysage inquiétant, qui se resserre

*Le ciel devient couvercle : écrasement §1, oppression, plainte, souffrance (horizontalité)

*La terre devient cachot : enfermement §2 / claustrophobie / affolement (horizontalité et verticalité)

*La pluie devient prison : piège §3, emprisonnement (verticalité)

B. Une image météorologique : paysage avt l’orage

Ciel lourd+ perte de la lumière (oxymore « jour noir ») puis terre humide puis pluie battante

C. Une atmosphère fantastique (rappel : Baudelaire admirateur d’E.Poe) : malsaine, morbide, décrite
avec tous les sens (auditif : « gémissant » « peuple muet », visuel, tactile « humide », olfactif
« pourri") + bestiaire fantastique + impression de folie

D. Ces 3 isotopies , décrivant un paysage extérieur, évoquent le paysage mental, intérieur du poète :
la montée de la crise. Le « Je »  est envahi progressivement.

3 étapes (cf : anaphores de « Quand » , 3 prop sub de temps) = 3 parties du « Je »  envahies : esprit +
Espérance (allégorie ?)+ cerveaux ( pluriel poétique ? dépersonnalisation ? généralisation de
l’expérience du spleen à tous

Donc images concrètes pour expliquer l’invisible, l'abstrait de la montée de l'angoisse (cf :
symbolisme). Donc le monde extérieur prend possession de l’univers mental du poète ( rappel : le
poète n’est pas « du monde » , il ne s’y sent pas à sa place)

E. La souffrance est soulignée par des sonorités : assonances en « an » (nasale) , allitération en « s »
(sifflante), en « i » (souffrance)

II. La crise elle-même (4ième quatrain)


*Proposition principale (effet d’attente) : enfin !

*univers sonore marqué : «  cloches » sonnent « avec furie » : danger  ? glas ?

*explosion (verticalité après l’écrasement )  : violence déchaînée : après lente progression, adverbe
« tout à coup », bruit « hurlement », mouvnt « sautent avec furie », rythme (allitération en « t » +
mots courts)

*suite de la métaphore : l’orage éclate !

* caractère hystérique de la sc : mouvt incontrôlé, horreur du bruit, paroxysme de la douleur (diérèse
« opini/âtrement »)

* opposition entre l’ horizontal des strophes précédentes et le surgissement violent , vertical  :


révolte , énergie du désespoir , explosion de douleur ?

*reprise isotopie du fantastique : monde envahi par morts-vivants

III. L’échec définitif (5ième quatrain)

*début un tiret et « Et » : ellipse, après pause, rupture par rapport à l’explosion précédente :
aboutissement, ccl crise , conséquence

*apparition de la 1ère pers  : « mon crâne », « mon âme » : le « je » assiste à sa propre destruction.

*âme/espoir/crâne reprennent esprit/Espérance /cerveaux : l’âme est endeuillée, l’espoir est vaincu,
pleure (personnification ) et le crâne (vidé du cerveau) est vaincu, soumis, incliné : défaite et mort

*image d’un champ de bataille ravagé : nouvelle isotopie (annoncée par les « cloches » §4)(cf «  La
cloche fêlée »)

« Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis

Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits,

Il arrive souvent que sa voix affaiblie 

Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie

Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts,

Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts »

*Image de l’enterrement  + rythme marche funèbre : 3x4, multiplication des virgules, rôle des rejets
(dérèglement de la phrase, disloquée)

*le spleen comme un combat épique, manichéen entre des forces surnaturelles (allégories)

Vous aimerez peut-être aussi