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1er paragraphe : Le jugement se rapportant à l’agréable repose sur la seule sensibilité : il
est donc subjectif et particulier.
l. 1 : l’agréable désigne l’objet d’une satisfaction sensible qui donne lieu à un acte de juger
spécifique. Ce sentiment, c’est-à-dire la sensation de plaisir ou de déplaisir telle qu’elle
est éprouvé par le sujet, ne peut être que subjectif. En effet, le jugement se rapportant à
l’agréable est « fondé sur un sentiment personnel et privé ». Par-là, Kant affirme qu’il est
singulier, propre à un individu en tant que personne. En affirmant « privé », Kant précise
que ce sentiment n’est pas valable pour tous, mais intime.
l. 2 : Parce que le jugement se fonde sur un tel sentiment il est « du même coup restreint à
sa seule personne ». Cette affirmation (l.2-3) est une implication, une conséquence
exprimée par « du même coup ». Le jugement est singulier, parce qu’il est justifié par un
sentiment restreint à la seule subjectivité éprouvant ce sentiment de satisfaction.
l.-3-4 : L’auteur donne un premier exemple reposant sur un jugement incorrect qui doit être
corrigé. Il s’agit d’un jugement du goût, c’est-à-dire porté par l’un des cinq sens à l’endroit
du vin. La première proposition, jugée inexacte, omet de préciser que le vin des Canaries
qui est agréable est agréable « pour moi », c’est-à-dire pour la seule subjectivité qui
éprouve le sentiment de satisfaction.
l. 4-6 : Kant montre ici, que l’agréable ne se rapporte pas au seul sens du goût, convoqué
dans l’exemple précédent, mais s’étend également aux autres sens (« non seulement …
mais aussi… »)
l.6-8 : « La couleur violette … instruments à cordes ». Pour illustrer le fait que la
satisfaction liée à l’agréable s’étend aux cinq sens, Kant propose deux autres exemples, le
premier est lié à la vue, le second à l’ouïe. L’un comme l’autre montre la relativité dans
l’appréciation de ce qui est agréable. Cette relativité dans l’appréciation s’explique par la
subjectivité du sentiment qui fonde alors le jugement. La douceur et l’aimabilité de la
violette ne sont pas partagées par tous, de même les préferences en matière
d’instruments.
l. 8-11 : Ceci posé, l’auteur peut tirer les conséquences : si les jugements se rapportant au
goût des sens sont relatifs parce que fondés sur la subjectivité de sensibilités singulières, il
devient alors déraisonnable de débattre de ces goûts. Ces jugements sont différents,
mais ne s’opposent pas « de façon logique ». Par-là, Kant explique que les jugements se
rapportant aux goûts des sens ne sont pas l’objet d’un raisonnement rationnel. Ils sont
même irrationnels en ce sens qu’ils sont étrangers à toute raison parce que seule la
sensibilité est à l’origine de ces jugements. Aussi, ces jugements ne peuvent faire l’objet
d’aucune démonstration. On ne peut donc donner de motif justifiant l’un ou l’autre de ces
jugements, et l’on ne peut, non plus déclarer l’un ou l’autre comme faux, précisément
parce que ces jugements sont étrangers à toute vérité objective. De la sorte, Kant peut
affirmer comme valable le proverbe « A chacun son goût » comme ayant rang de principe,
c’est-à-dire comme ayant rang de règle d’action. Notons que Kant précise ici qu’il parle
seulement « des goûts des sens », et non du goût au sens propre, ni du jugement
esthétique, objet du second paragraphe.
Analyse linéaire du texte :
2e paragraphe : Le jugement de goût est à prétention universelle parce qu’il est, en droit,
intersubjectif.
l. 12 : L’auteur montre que le beau conduit à un jugement différent. Par beau, il faut
entendre l’objet de notre satisfaction en tant qu’il plaît de manière désintéressée,
contrairement à l’intérêt et au désir que peut susciter l’agréable.
l. 12-15 : L’auteur explique alors en quoi le beau et l’agréable s’opposent. Ceux-ci diffèrent
par la justification que l’on peut donner. On l’a vu, l’agréable ne connaît pas de preuve
objective, mais repose sur un fait subjectif, la satisfaction sensible, expliquant que l’on
doive préciser « pour moi », comme justification du jugement. Une personne qui « se pique
d’avoir du goût », c’est-à-dire une personne qui a la capacité de juger de manière intuitive
et assurée la beauté d’une œuvre, ne donnerait pas cette justification. Kant propose quatre
exemples entre parenthèses, qui se rapportent, pour trois d’entre eux, à des œuvres d’art,
un édifice renvoyant à l’architecture, le concert renvoyant à la musique, et le poème
renvoyant à la poésie – à ceux-ci, l’auteur joint le vêtement.
15-16 Au moyen de la conjonction « car », l’auteur explique alors en quoi il est ridicule de
se justifier en précisant « pour moi ». L’explication repose sur l’incompatibilité entre le
jugement se rapportant au beau et le caractère singulier d’un tel jugement. Un jugement
de goût ne saurait être restreint à une seule personne comme le précise la condition
invalidant le jugement, « si ce dernier ne fait que lui plaire, à lui » (l. 15-16).
16-17 Pour le clarifier, Kant oppose à nouveau l’agréable et le beau et précise que
lorsqu’un jugement se rapporte à l’agrément et qu’il nous conduit à préciser que l’on trouve
« de l’attrait ou de l’agrément » (l. 16-17), alors un tel jugement se limite à une seule
personne et ne peut trouver d’écho chez les autres. La formulation d’un tel jugement ne
concerne personne d’autre que lui, parce qu’il est privé. A ce titre « personne ne s’en
soucie » (l. 17).
17-18 : Si l’agréable ne concerne que l’individu pris dans sa singularité, ce n’est pas le cas
du beau : « s’il affirme que quelque chose est beau », son jugement ne se limite pas à sa
seule personne. Le jugement de goût implique une attente chez autrui que le jugement
agréable n’implique pas : les autres doivent en droit éprouver « la même satisfaction ». La
satisfaction liée à l’agréable reposant sur le seul sentiment ne peut concerner que
l’individu, ce n’est pas le cas de celle liée au beau, qui repose sur une satisfaction
dépassant la seule sensibilité subjective. Un tel jugement a une prétention universelle, en
dépit de sa subjectivité, comme l’explique la glose que nous trouvons aux lignes 18 et 19.
Aussi, peut-on dire qu’un tel jugement est intersubjectif.
l. 19-20 : L’intersubjectivité, la prétention à l’universalité du jugement de goût permet à
Kant de préciser qu’un jugement comme « C’est beau » attribue la beauté à l’objet comme
si c’était sa propriété. Ici, le comme si a son importance : il s’agit d’une comparaison, ce
qui signifie que si l’on ne peut dire que la beauté est objectivement dans la chose, compte
tenu du sentiment subjectif à son origine, l’intersubjectivité tend à nous faire croire que
c’est objectif, bien que ce ne soit pas le cas.
Analyse linéaire du texte :
1er paragraphe : Le jugement se rapportant à l’agréable repose sur la seule
____________ : il est donc ________________________________________.