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SG3-01
RÉSUMÉ
Cet article propose une description du processus post-analytique. Ce processus transforme les
résultats analytiquement vérifiés en résultats dûment validés et interprétés par les biologistes
médicaux, consignés dans un compte rendu et communiqués aux prescripteurs et aux patients.
Son périmètre inclut les règles de traitement des échantillons après analyse, leur conservation
et leur élimination, ainsi que l'archivage des enregistrements. La phase post-analytique est
une étape clé, à l'origine de dysfonctionnements qui peuvent nuire gravement à la prise en
charge des patients. Ces erreurs témoignent souvent d'une organisation insuffisamment maî-
trisée et de défauts de communication avec les cliniciens ou d'adaptation à leurs besoins.
Des exemples d'indicateurs qualité permettant de surveiller et maîtriser le fonctionnement
des différents sous-processus sont proposés, ainsi qu'un modèle de contrat clinico-biologique.
KEY WORDS: accreditation | ISO 15189 | post-examination phase | laboratory errors | quality
indicators | clinico-biological contract
* Liste des membres du SG3 : Agnès Perrin (coordonnateur), Anne Boutten, Florence Doucet-Populaire,
Franck Felden, Patricia Franck, Jean-Marc Giannoli, Jean-Paul Lionne, Sylvie Maurellet-Evrard, Franck Sturtz,
Alain Suiro, Anton Szymanowicz, Anne Vassault.
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Recommandations pour l'accréditation des laboratoires de biologie médicale 2
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LBM : laboratoire de biologie médicale.
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2 Le processus post-analytique
Sur la cartographie des processus, le processus post-analytique figure comme la troi-
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sième et dernière étape du macroprocessus « métier » du LBM qui est de « réaliser des
examens de biologie médicale » [Figure 1].
Les éléments entrants du processus sont les résultats des examens de biologie médi-
cale, vérifiés sur le plan technique analytique (qui sont aussi les éléments de sortie du
processus analytique) produits par les techniciens.
Ses éléments de sortie sont les résultats finaux, validés, interprétés et commentés
lorsque cela est nécessaire, consignés dans un compte rendu écrit, signé et communiqué
au patient et au médecin prescripteur.
Ce processus post-analytique peut lui-même être décomposé en plusieurs étapes ou
sous-processus, correspondant aux différentes activités successivement réalisées
[Figure 2]. Cette segmentation des actions, utilisée pour la rédaction des différents articles
de la partie SG3, est en partie théorique, car certaines étapes peuvent être concomitantes
dans le cheminement intellectuel et selon l'organisation et les moyens de transmission du
LBM. La chronologie de ces actions peut également différer, non seulement d'un LBM à
l'autre, mais en fonction du moment (heures ouvrables/permanence des soins).
Le détail des tâches des différents sous-processus post-analytiques de la figure 2 n'est
pas présenté dans cet article. Cette description est faite dans les articles thématiques
de la partie SG3 de ce 2e volume des recommandations SFBC pour l'accréditation des
LBM (présentés au chapitre 4 de cet article).
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Recommandations pour l'accréditation des laboratoires de biologie médicale 2
CR : compte rendu.
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la qualité ainsi que les progrès techniques ont considérablement amélioré la qualité
analytique des résultats depuis 40 ans, même si des progrès sont nécessaires [11]. Par
conséquent, il ne suffit pas de se focaliser sur la qualité analytique des résultats, ni de
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consacrer uniquement ses efforts sur la réduction des erreurs et non-conformités
pré-analytiques.
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Les indicateurs qualité sont d'excellents outils pour mesurer et surveiller le bon fonc-
tionnement d'un processus et pour aider à l'améliorer.
Un indicateur qualité doit être basé sur un critère spécifique du processus ou sous-
processus concerné et sur des événements ayant une fréquence suffisamment impor-
tante pour avoir une bonne sensibilité. De nombreux indicateurs peuvent être mis en
oeuvre concernant la phase post-analytique.
Une liste de mesures de performance issue de différentes enquêtes qualité du College
of American Pathologists (CAP) avait été recommandée par Howanitz auprès des labo-
ratoires inscrits [14], dont les délais d'exécution des examens (TAT pour Turnaround
time) et la communication des résultats critiques (pourcentage de cliniciens non
joignables).
En 2004, l'Institut de santé catalan a également proposé aux laboratoires de ses éta-
blissements de santé d'expérimenter 12 indicateurs ciblés sur les trois processus métiers
[15], dont 5 pour la phase post-analytique :
• taux de duplicatas réalisés ;
• taux de comptes rendus présentant des résultats critiques à notifier ;
• taux de transmission de résultats dépassant les délais définis, pour les examens
réalisés sur place et les examens sous-traités ;
• nombre de problèmes techniques concernant le réseau de communication des
résultats.
Le retour de 5 ans d'expérience vient d'être publié, permettant d'affiner et d'ajuster
pour chacun un seuil cible, à partir des résultats de tous les sites [16].
Un groupe de l'IFCC (International Federation of Clinical Chemistry and laboratory Medi-
cine) se consacre spécifiquement aux erreurs de laboratoire et à la sécurité des patients
(WG-LEPS Working Group on laboratory errors and patient safety) [17]. L'axe de travail
choisi est également la conception d'indicateurs qualité standardisés, pour permettre
ensuite la compilation des données de laboratoires de différents pays et aboutir à la
définition des spécifications qualité internationales (« l'état de l'art »). Parmi la liste de
25 indicateurs, 5 concernent la phase post-analytique :
• pourcentage de résultats rendus hors des délais spécifiés ;
• pourcentage de résultats critiques communiqués (sur le total à communiquer) ;
• délai moyen de communication des résultats critiques ;
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que les LBM français participent à cette démarche, par l'intermédiaire de la Société
française de biologie clinique (SFBC), qui est membre de l'IFCC.
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Une autre voie pour trouver des actions d'amélioration des pratiques, adaptées aux
besoins des prescripteurs, est d'organiser une enquête de satisfaction auprès des clini-
ciens. Une démarche standardisée a été réalisée en 2007 à grande échelle (138 insti-
tutions participantes de toutes tailles et localisations) par le CAP, avec un questionnaire
sur 15 items (fiabilité des résultats, TAT des examens de routine, TAT des examens
urgents et des examens spécialisés sous-traités, accessibilité du biologiste, amabilité du
personnel du laboratoire, etc.) avec pour chacun 5 niveaux de réponse [19]. En plus de
leur niveau de satisfaction, il était demandé aux médecins de préciser leur priorité,
parmi ces 15 points. Les résultats (3 754 réponses) correspondent aux données obtenues
lors d'enquêtes ponctuelles en France, non publiées. Derrière la fiabilité analytique des
résultats (31,7 % des réponses), l'aspect considéré comme le plus important pour les
cliniciens est le délai de communication des résultats (22 % pour les examens urgents,
15 % pour les examens de routine). Il arrive même en tête (37 %) en cumulant les
items portant sur les délais. Viennent ensuite le guide des examens comme aide à la
prescription (10,9 %), l'accessibilité des biologistes pour un conseil (4,3 %) et la commu-
nication des résultats critiques (4 %). C'est sur ces thématiques que les LBM doivent
encore progresser.
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Recommandations pour l'accréditation des laboratoires de biologie médicale 2
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des éléments cliniques pertinents qui lui permettront de rendre des résultats interprétés
(L. 6211-2 et L. 6211-8 du Code de la Santé publique) ».
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Un tel document peut être conclu entre le biologiste médical responsable du LBM et la
communauté médicale d'un établissement de santé dans son entier, par l'intermédiaire
du président de la commission médicale d'établissement (CME) ou du médecin directeur
ou responsable pour les établissements privés. Des contrats plus limités et spécifiques
peuvent être conclus entre le LBM et des secteurs de soins particuliers comme les
urgences ou les réanimations ; ou bien un modèle type peut être dupliqué et signé par
chaque médecin responsable d'un pôle d'activités cliniques. Les aspects pré-analytiques
peuvent être inclus dans un contrat clinico-biologique unique et global ou faire l'objet
d'un document indépendant, signé avec la direction des soins infirmiers (DSI) dans les
établissements de santé. Pour mener à bien la rédaction du contrat et surtout de ses
annexes, puis son suivi régulier, il peut être utile de nommer un « référent contrat »
pour chaque partie prenante [22]. Son plan type peut être basé sur des thèmes ou sur
les trois phases métier (pré-, per- et post-analytique).
Un modèle de contrat relativement exhaustif entre un LBM hospitalier et un service ou
pôle clinique du même établissement est présenté en annexe. Il peut facilement être
adapté à l'établissement dans son ensemble et pour un LBM d'exercice libéral avec un
établissement de santé privé ou public. Dans tous les cas, il devra être adapté aux
possibilités et souhaits des biologistes et des cliniciens.
Ce type de document contractuel peut être établi pour 1, 2 ou 3 ans. Il doit faire l'objet d'une
revue, de préférence annuelle (intervalle plus long ou répartition sur l'année possible en cas
de contrats multiples et individualisés par pôle ou service), par exemple lors d'une réunion
de la commission clinico-biologique (cf. SG3-03), durant laquelle seront étudiés :
• le respect des engagements réciproques (en particulier la qualité des prescrip-
tions et des échantillons, les délais de communication des résultats), attesté
entre autres par les non-conformités détectées, les réclamations reçues par le
LBM et l'évolution des indicateurs qualité afférents ;
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tiques du LBM, si la phase pré-analytique est prise en compte dans une contractualisation
spécifique. La présence du cadre de santé du secteur/pôle concerné est alors indispen-
sable, de même que celle du directeur des soins infirmiers ou son représentant.
Cette revue de contrat doit donner lieu à un compte rendu, qui reprendra les points
précédents et les actions correctives ou actions d'amélioration respectives à mettre en
oeuvre. Le compte rendu de la revue conclura à la reconduction ou non du contrat, avec
adaptation si nécessaire des objectifs et/ou seuils cibles des indicateurs qualité.
L'organisation de la revue de contrat et sa fréquence doivent être définies et mention-
nées dans le contrat lui-même. Le contrat et les comptes rendus des revues devraient
être conservés au moins 5 ans.
Dans le cadre de la collaboration clinico-biologique, il peut être utile d'organiser une
enquête de satisfaction et de recueil des besoins des cliniciens, concernant les presta-
tions du LBM. D'autres types d'actions de concertation peuvent être intéressants : analyse
et discussion collégiale de dossiers (revues de morbidité-mortalité), publications scien-
tifiques, élaboration de protocoles de bonne prescription (par ex. nouveaux examens
coûteux dont la prescription est restreinte aux médecins seniors) ou organisation d'éva-
luations de pratiques professionnelles.
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➜ TABLEAU I.
Thème Référence Intitulé de l'article
de l'article
Description générale de la phase SG3-01 Description et maîtrise du processus
post-analytique et de son importance, post-analytique en biologie médicale
Exemples d'indicateurs qualité
Validation SG3-02 Recommandations pour la validation des
résultats d'examens de biologie médicale
Commentaires, interprétation des SG3-03 Recommandations concernant les
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Entre le service (le pôle) ..., représenté par X, chef de service/de pôle
Et le laboratoire de biologie médicale (LBM) de l'établissement, représenté par Y,
biologiste médical responsable,
il est convenu ce qui suit :
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et des résultats ;
• prévenir le biologiste responsable en cas d'essais cliniques nécessitant des examens
de biologie médicale.
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Une analyse peut devenir urgente sur communication téléphonique d'un clinicien senior.
Indicateurs qualité de suivi du contrat [les deux premiers mentionnés sont incon-
tournables, les autres exemples sont des suggestions, réalisables selon les possibilités
du système informatique du laboratoire (SIL)] :
• non-conformités pré-analytiques des échantillons reçus au LBM : nombre et taux
global, répartition par catégories (erreur ou absence d'identification du patient, absence
de renseignements cliniques, erreur de contenant, erreur ou absence de prescription,
etc.), par sous-secteurs du service ou par service dans le pôle clinique. Cet indicateur
sera fourni par le LBM à périodicité définie avec le service/pôle : tous les 1, 2 ou 3 mois ;
• durée totale de traitement d'une demande d'examen (TAT pour turnaround
time) : temps écoulé entre le moment du prélèvement et celui de la réception du
résultat et temps intermédiaires s'ils sont extractibles (moyenne et extrêmes) : délai
d'acheminement (intérêt de l'horodatage à l'arrivée au LBM), délai d'enregistrement,
délai d'analyse et validation technique, délai de validation. Au final : temps moyen
de communication et % de résultats communiqués hors des délais contractualisés,
pour les examens de « routine » et pour les examens demandés en urgence ;
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• Liste des examens et des seuils critiques ou d'alerte qui doivent donner lieu à une
communication rapide au prescripteur par téléphone
• Liste des examens réalisables en urgence, 24 heures sur 24
• Liste des examens effectués en mode de fonctionnement dégradé du LBM
• Organisation des tournées de ramassage et de distribution des échantillons biolo-
giques et plan des pneumatiques disponibles
• Coordonnées des responsables des différents secteurs du laboratoire (adresse cour-
riel, télécopie, téléphone)
• Liste des anomalies constatées à la réception des échantillons et des prescriptions
ne permettant pas la réalisation des examens
• Références
1. NF EN ISO 9000. Systèmes de management de la qualité – principes essentiels et vocabulaire.
Saint-Denis : AFNOR, 2005.
2. Brandeburg H, Wojtyna JP. L'approche processus, mode d'emploi (2e édition). Paris : Éditions d'orga-
nisation, 2006, 192 pages.
3. NF EN ISO 9001. Systèmes de management de la qualité – exigences. Saint-Denis : AFNOR, 2000
(version actuellement applicable : novembre 2008).
4. NF EN ISO 15189. Laboratoires d'analyses de biologie médicale. Exigences particulières concernant
la qualité et la compétence. Saint-Denis : AFNOR, 2007.
5. Ordonnance no 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale. JORF du 15 janvier 2010.
6. Plebani M, Carraro P. Mistakes in a stat laboratory: Types and frequency. Clin Chem 1997 ; 43 :
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7. Bonini P, Plebani M, Ceriotti F, Rubboli F. Errors in laboratory medicine. Clin Chem 2001 ; 48 : 691-8.
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44 : 750-9.
9. Plebani M. Exploring the iceberg of errors in laboratory medicine. Clin Clim Acta 2009 ; 404 : 16-23.
10. Carraro P, Plebani M. Errors in a stat laboratory: Types and frequencies 10 years later. Clin Chem
2007 ; 53 : 1338-42.
11. Westgard JO, Westgard SA. The quality of laboratory testing today. Am J Clin Pathol 2006 ; 125 :
343-54.
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Recommandations pour l'accréditation des laboratoires de biologie médicale 2
12. Kilpatrick ES, Holding S. Use of computer terminals on wards to access emergency test results: A
retrospective audit. BMJ 2001 ; 322 : 1101-3.
13. Plebani M. Errors in laboratory medicine and patient safety: The road ahead. Clin Chem Lab Med
2007 ; 45 : 700-7.
14. Howanitz PJ. Errors in laboratory medicine: Practical lessons to improve patient safety. Arch Pathol
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15. Alsina Kirchner MJ, Alvarez V, et al. Quality indicators and specifications for key processes in
clinical laboratories: A preliminary experience. Clin Chem Lab Med 2007 ; 45 (5) : 672-7.
16. Llopis MA, Trujillo G, Llovet MI, et al. Quality indicators and specifications for key analytical-
extranalytical processes in the clinical laboratory. Five years' experience using the Six Sigma concept.
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