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99-111)
Récit traduit de l’arabe par Richard Jacquemond © Actes Sud, France, 2021
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Iman Mersal
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Iman Mersal
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/ema/14804
DOI : 10.4000/ema.14804
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ISSN : 2090-7273
Éditeur
CEDEJ - Centre d’études et de documentation économiques juridiques et sociales
Édition imprimée
Date de publication : 2 décembre 2021
Pagination : 197-203
ISBN : 978-2-900956-26-7
ISSN : 1110-5097
Référence électronique
Iman Mersal, « Sur les traces d’Enayat Zayyat (extrait, p. 99-111) », Égypte/Monde arabe [En ligne],
Troisième série, Mémoire, narration et espace, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 06
décembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/ema/14804 ; DOI : https://doi.org/10.4000/
ema.14804
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(EXTRAIT, P. 99-111)
Il n’y a pas de place Astra sur les cartes de Dokki, et encore moins de rue
Abdel-Fattah-Zeini. Une fois de plus, je prie Nadia Lutfi de se souvenir du
nom. « Chez Enayat, c’était chez moi. Sur la place où il y a le magasin des
Laiteries Astra. Vous n’avez qu’à demander, c’est bien simple, ce sont les meil-
leurs produits laitiers d’Égypte. »
Bon, les Laiteries Astra vendaient peut-être les meilleurs produits laitiers
d’Égypte jusqu’à la dernière fois où Nadia est allée chez Enayat, le jour où on
a découvert son corps, mais c’était il y a plus de cinquante ans.
J’ai décidé de me promener librement dans le quartier pour en chercher la
trace par moi-même. La première fois, je suis allée de la place Messaha
jusqu’au bloc d’immeubles qui fait face au jardin d’El-Orman. Plus de vingt-
cinq ans se sont écoulés depuis l’époque où, étudiante, j’habitais ce quartier,
mais ses rues m’étaient encore familières. Je les ai passées au peigne fin, repé-
rant les concierges les plus âgés et me renseignant auprès d’eux : je les saluais
poliment et leur demandais s’ils connaissaient les Laiteries Astra ou la rue
Abdel-Fattah-Zeini. Parfois, ils avaient une histoire à raconter sur l’ancien
nom de la rue où ils vivaient, une villa qu’on avait démolie, une famille qui
habitait ici et était partie, une boutique qui avait changé d’activité, ou encore
un arbre qu’on avait arraché pour construire un immeuble. Personne ne se
souvenait des Laiteries Astra.
Le lendemain, j’ai commencé mon périple depuis la place Fini. Rue
Hendawi, le hagg Abdel-Hamid m’a invitée à m’asseoir à côté de lui sur son
banc de bois et m’a raconté comment il était arrivé à l’âge de seize ans de
Chatrama, son village natal au sud d’Assouan, pour travailler dans un palais
du quartier. Il est maintenant à la retraite et vit chez son petit-fils, concierge
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sa cage d’escalier et rendre de menus services à ses occupants, mais aussi à
connaître dans tous ses détails le périmètre à l’intérieur duquel ils évoluent.
Comme si les pièces exiguës où ils vivent, souvent situées en dessous du
niveau de la rue, étaient équipées de caméras cachées qui enregistrent tout ce
qui se passe alentour.
1 Dans les grandes villes égyptiennes, le semsar (litt. courtier) est une sorte d’agent
immobilier informel : en contact avec les concierges (quand il ne l’est pas aussi lui-
même, comme celui dont il est question ici) du périmètre où il opère, c’est à lui que
les acheteurs (ou locataires) éventuels s’adressent pour connaître les biens dis-
ponibles, les visiter et entrer en contact avec les propriétaires, le tout moyennant
diverses commissions.
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sieurs rues latérales. Mon projet de ratissage systématique du quartier était
dès lors voué à l’échec.
J’ai trouvé sur internet le site de l’institution dénommée office égyptien
général du cadastre, où l’on peut lire ce bref historique de l’Office depuis
sa fondation :
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— Ici c’est le bureau de la direction des Actes notariés, des Actes d’éva-
luation foncière, des Expropriations et des Grands Projets.
— ...
— Le bureau du Cadastre est rue Haroun, à deux pas d’ici. Vous pouvez y
acheter une carte de Dokki, jusqu’à treize heures. »
Il était onze heures vingt, c’était le premier jour ouvré après l’Aïd el-Fitr.
Plutôt que de courir jusqu’à la rue Haroun, et favorablement impressionnée
par le dévouement de la jeune fonctionnaire, la bonne citoyenne en moi s’est
réveillée : j’ai sorti mon téléphone, ouvert la galerie de photos et lui ai dit :
« Il faudrait que vous fassiez relire la présentation de l’office sur le site inter-
net, tenez, regardez ces pages que j’ai scannées dans le livre d’Élias
al-Ayyoubi, il dit que... » La jeune femme m’a regardée d’un air étonné ; je
devais m’exprimer d’une manière confuse, ou comique, ou bien elle ne s’at-
tendait pas à ce qu’un citoyen lambda se mette en tête de rectifier une erreur
des pouvoirs publics. « Vous êtes professeure d’histoire ? me dit-elle. — Non. »
Elle m’a gentiment conseillé d’envoyer mes informations à l’office via
l’adresse électronique de contact indiquée sur le site. Je l’ai remerciée. Avant
que j’arrive à la porte, elle m’a dit : « remontez jusqu’au début de la place
Messaha, parce que la sécurité a fermé la rue Haroun de ce côté. Après, vous
prenez à droite, puis encore à droite quand vous arrivez à la rue Haroun, et
là, vous demandez le coiffeur saïd. C’est le bâtiment juste en face du coiffeur.
Demandez M. Mohammed Mahmoud. »
Quelques minutes plus tard, je trouvais le salon Coiffure saïd à ma droite
et, de l’autre côté de la rue, une grille d’enceinte très haute, ainsi qu’un petit
kiosque à cigarettes ; mais plus loin, il y avait une autre porte en aluminium
qui semblait avoir été percée dans la grille, si basse et étroite qu’une personne
un peu grande ou grosse devait baisser la tête ou se comprimer pour la fran-
chir. Un mètre environ après l’avoir franchie, je suis passée sous un portillon
de contrôle en panne, abandonné au milieu d’un jardin négligé dont les
arbres masquaient la vue de l’immeuble depuis la rue. Après quelques
marches, le hall d’entrée, avec à sa droite un mur tapissé de cartes et, à
gauche, trois employées assises derrière une grande table où étaient posés
une boîte de kaaks et de biscuits et des verres de thé. J’ai demandé l’ostaz
Mohammed Mahmoud, interrompant de ce fait la conversation. « Il n’y a pas
de Mohammed Mahmoud, m’a répondu l’une d’elles, mais il y a l’ostaz
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Mahmoud Mohammed qui peut le faire aussi. » J’ai ri avec elles ; ce goût de la
plaisanterie et cette bonne humeur étaient de bon augure.
L’ostaz Mahmoud Mohammed était assis seul derrière un tas de dossiers
qui cachaient presque sa vue. Il portait des lunettes épaisses et était, à part sa
chevelure un peu trop fournie, une copie conforme du bureaucrate des films
égyptiens des années 1980. Il se montra néanmoins extrêmement coopératif :
« La carte ne vous servira à rien, me dit-il. remplissez le formulaire
« Changement de dénomination » avec le nom de la rue que vous cherchez. »
J’ai décidé de faire les deux quand même. J’ai inscrit sur le formulaire mes
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nom, numéros de carte d’identité et de téléphone, et le nom de la rue Abdel-
Fattah-Zeini. Il l’a examiné d’un air satisfait et m’a dit : « Allez payer
trente-cinq livres et soixante-quinze piastres au comptoir et déposez votre for-
mulaire au bureau des Dénominations. »
Je suis descendue à l’entresol, un couloir long et quasi obscur, aux murs
couverts de piles de dossiers et d’imprimés, au point qu’on ne voyait pas les
portes des bureaux avant de se trouver devant. L’employée qui tout à l’heure
mangeait les kaaks de l’Aïd m’a dit de revenir le lendemain après treize
heures pour prendre réception de « la dénomination ». Puis, curieuse : « C’est
pour une succession, ou pour un procès contre les waqfs ? — Ni l’un ni
l’autre. Je fais une recherche sur l’histoire de la famille. » Il m’a semblé que ce
n’était pas très éloigné de la vérité.
En quittant l’immeuble, j’étais gaie, j’aurais aimé attendre là jusqu’au lende-
main, à remercier l’ostaz Mahmoud Mohammed, les sympathiques employées
et les effendis d’antan qui ont inventé le taarî‘, le cadastre et le formulaire de
changement de dénomination.
Je me suis installée au petit café voisin du salon de coiffure saïd, qui
occupe une partie du rez-de-chaussée d’un grand immeuble de construction
récente. Mes yeux sont tombés sur une pancarte : « studio Béla ». Incroyable !
On dit que ce studio a été créé en 1890 par un Hongrois installé au Caire du
nom de Béla ; il occupait six cents mètres carrés avenue Kasr-el-Nil. Après
être passé à d’autres propriétaires, il avait échu à un photographe connu sous
le nom de Mohieddine Béla, celui-là même qui avait pris mes photos de
mariage dans son studio avec un vieil appareil Linhof ; une de ces photos était
restée exposée plusieurs années dans sa vitrine avenue Kasr-el-Nil. Lors de
mon précédent passage au Caire, j’y étais allée pour lui demander de réparer
une de nos photos de mariage dont le cadre de bronze s’était fissuré ; à la
place du studio, j’avais trouvé un magasin de chaussures. « Le hagg Mohie est
mort depuis longtemps, m’avait dit le vendeur de journaux installé devant sur
le trottoir. Les propriétaires de l’immeuble ont gagné leur procès et ils ont fait
expulser son fils Achraf Béla. Je ne sais pas où il est, mais j’ai son portable. »
J’avais noté le numéro, mais je ne l’avais jamais appelé. J’ai fini mon thé et j’y
suis allée. Le studio Béla était fermé ; derrière sa vitrine poussiéreuse, il y
avait un vieil appareil argentique, une photo de l’actrice Hind rostom et une
autre du cheikh Metwalli Chaarawi.
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J’ai marché dans la rue Haroun dans l’état d’esprit de qui n’a rien à faire
jusqu’au lendemain midi, contemplant chaque arbre, chaque immeuble,
chaque balcon. Combien de fois j’avais marché dans les rues sans faire atten-
tion à rien, comme si j’avançais les yeux tournés vers l’intérieur. D’où sortaient
tous ces panneaux ? Au numéro 5, « Anciens élèves de l’école Nokrachi » ;
au 12, « Établissement de services culturels et de développement Basmala »
et « Rotary Club Le Caire-Wadi Degla » ; au 12 bis, « Conseil des affaires
égypto-sud-soudanais » ; au 13, « Association scientifique pour l’enseigne-
ment de l’économie » ; au 14, « Club du corps enseignant de l’université du
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Caire » et « Association égyptienne des sciences et des produits halal » ;
au 15, « Institution d’enseignement de la pensée Al-Haggan », etc.
La rue Abdel-Fattah-Zeini est devenue la rue Cherbini en 1964, quand le
quartier de Dokki a officiellement été intégré au périmètre urbain de la ville du
Caire. Quand vous êtes sur l’avenue Tahrir en venant de l’Opéra en direction
de la place Dokki, la dernière rue avant la place à votre droite est la rue
Mahallawi. si vous marchez dans cette rue quatre minutes environ, en vous
frayant un chemin parmi les vendeurs du marché soliman-Gohar qui ont envahi
le quartier, vous arrivez à un petit carrefour où se rejoignent les rues Cherbini,
Mahallawi et soliman-Gohar. C’est la « place Astra » de Nadia Lutfi. La rue
Cherbini commence à l’ouest, sur l’avenue de Dokki, et se poursuit après ce
petit carrefour sur une centaine de mètres avant de finir en une sorte d’impasse.
En janvier 1963, seules quelques familles habitaient là : à droite en arri-
vant de l’avenue de Dokki, on trouvait la villa de Taha Fawzi, deux étages
avec jardin, qu’il habitait seul ; à côté, l’école Magdeyya, une école privée de
langue arabe, de la maternelle au collège, fondée par le professeur Ziyad
Ghannam al-Magdi en 1947 et fermée en 1963 sur ordre du tribunal du tra-
vail pour cause de retard dans le paiement des salaires des enseignants. En
face de la villa Fawzi et de l’école, il y avait un terrain que l’école louait et
utilisait comme aire de jeux. Quand l’école a fermé, ce terrain et l’école ont
été achetés par un certain Al-Halawani, importateur de produits chinois origi-
naire de Damiette, qui y a fait construire les deux gros immeubles qui se font
face et qui appartiennent toujours à son fils, qui habite l’un des deux. Tout au
long de la rue, les anciennes villas ont fait place à des immeubles collés les
uns aux autres, sauf celle sise au numéro 9 qui est toujours là : après avoir été
nationalisée, elle a servi de résidence pour les officiers soudanais en forma-
tion en Égypte ; dans les années 1980, c’était la Maison des étudiants de
Palestine, et c’est aujourd’hui le siège d’une chose qui s’appelle la « Fondation
de la femme arabe et africaine pour le développement ».
La maison construite en 1956 par Abbas Helmy Zayyat portait alors le
numéro 16 et ne comptait que deux étages. Il vivait au rez-de-chaussée et
Enayat à l’étage. Après sa mort, en 1971, elle a été transformée en un immeuble
de six étages ; une partie du rez-de-chaussée est devenue le magasin de pein-
tures Abdel-Meneim al-Charif al-Nawwal, qui est toujours là. sur la carte
ancienne, il y avait en face la villa du cheikh Al-Mahallawi, recteur d’El-Azhar
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dans les années 1930, que son fils saad al-Mahallawi a fait démolir après sa
mort pour faire construire un immeuble. Quant au magasin des Laiteries Astra,
il est resté au carrefour des rues soliman-Gohar et Abdel-Fattah-Zeini jusqu’au
début de 1965 ; il y a un immeuble à sa place aujourd’hui.
Il y avait derrière les Laiteries Astra un terrain planté d’arbres appartenant
à la famille Makar, qui a été divisé en lots sur lesquels plusieurs immeubles
ont été construits, à l’exception d’un lot resté non bâti, qui est occupé par des
gravats et des déchets divers et sur le mur de clôture duquel quelqu’un a tagué
« Bibo 2 ». À gauche, devant le terrain qui était autrefois inoccupé, il y avait
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quatre villas : la villa Makar, qui donnait sur le carrefour, a fait place
aujourd’hui à un immeuble en train d’être terminé ; les trois autres sont tou-
jours là, mais ont été surélevées de deux ou trois étages. Dans l’une d’elles, je
rencontrerai une amie d’Enayat, Mme Nahhas, la plus ancienne et la plus
âgée des habitants de la rue. Les anciens de la rue lui ont donné ce surnom,
me dira-t-elle, parce que Nahhas pacha 3 était un ami de son père, qui était
aussi une personnalité du Wafd ; son mari était aussi un wafdiste, éduqué
selon les préceptes de Nahhas, et ce dernier leur rendait souvent visite, mais
ils n’ont aucun lien de parenté avec lui.
Quand je reviendrai dans le quartier, je m’assiérai souvent devant le maga-
sin de peintures Charif al-Nawwal avec l’ostaz Ghannam, le fils du fondateur
de l’école Magdeyya. Nous dessinerons ensemble la carte de la rue disparue,
nous y replacerons ceux qui l’ont habitée. Il me racontera comment le projet
de la Magdeyya a tué son père et me dira tout le mal qu’il pense du tribunal
du travail qui a fait fermer l’école. La vérité, c’est qu’elle a fait faillite parce
que son père exemptait les enfants des familles pauvres des frais de scolarité.
Et elle a formé des personnalités importantes comme l’acteur saïd saleh, l’am-
bassadeur Hassan al-Abdine ou encore un ingénieur connu dont l’ostaz
Ghannam a oublié le nom et qui fut directeur de l’office du Cadastre à Dokki.
Quand il a dit « l’office du Cadastre », j’ai levé les yeux vers le balcon
d’Enayat à l’étage et j’ai imaginé qu’elle était toujours là, depuis le 3 janvier
1963, derrière les volets fermés.
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