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Chapitre II: ABSORPTION

II-1 Généralités

L’absorption consiste en un transfert de matière entre une phase gazeuse et une phase liquide.
Cette dernière est constituée d’un corps pur ou d’un mélange de constituant (solvant). Par
ailleurs, on admet que la phase gazeuse est formée uniquement par deux composants : celui
qui est en transfert « soluté » et le gaz porteur inerte appelé « diluant ».

L’absorption se réalise en mettant en contact le gaz contenant le soluté et le solvant pendant


tout le temps nécessaire au transfert, c à d jusqu’à ce que l’équilibre de concentrations entre
les deux phases liquide – gaz soit atteint.

L’opération consiste à laver un mélange gazeux par un liquide dans le but de dissoudre l’un
des constituants gazeux dans le liquide. Le composé dissous peut être récupéré par exemple
par distillation et le solvant sera recyclé dans la colonne d’absorption.

La désorption ou strippage est l'inverse du processus d'absorption dans lequel l'absorbant est à
nouveau retiré du solvant (figure 1).

Figure 1 : Colonne d’absorption et de désorption

II-2 Les types d’absorption :

Il existe deux types d’absorption :

 Absorption physique : par exemple absorption des hydrocarbures volatils (légers)


dans un solvant constitué par des hydrocarbures moins volatils. Le phénomène ne

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dépend que des équilibres liquide – vapeur, c’est le cas dans la distillation. Ce type
d’absorption est préféré dans les cas suivants :

o les gaz d'alimentation sont présents en grandes quantités et à haute pression et


la quantité du composant à être absorbé est relativement importante

o la fraction de gaz non absorbé doit présenter une très grande pureté

o un ou plusieurs constituants absorbés sélectivement doivent être obtenus soit


sous forme enrichie ou pure.

o Le soluté doit faire l’objet d’une opération de synthèse ultérieure.

 Absorption avec réaction chimique : Assez courante dans l’industrie, la réaction


chimique d’un ou plusieurs constituants du mélange gazeux peut se produire avec le
solvant (exemple : absorption du chlore par de l’eau) ou avec un soluté dissous dans le
solvant (absorption du CO2 et H2S par de l’eau). La désorption dans ce cas nécessite
toujours un strippage à la vapeur ou une distillation dont le coût est très élevé dans
certains cas. Ce type d’absorption est adopté dans les cas :

o La récupération du solvant n’exige pas une grande quantité d’énergie

o Les constituants à séparer à partir du mélange d’alimentation sont présents en


faibles concentration sous une faible pression.

o Les constituants devant être séparés sont fortement acides ou subissent une
réaction thermiquement réversible avec le solvant

o La chaleur à faible coût perdue est disponible pour la régénération thermique


de l'absorbant.

II- 3 Choix du solvant :

Si le but de l’opération est de produire une solution spécifique par exemple : la fabrication de
l’acide chloridrique, le solvant est spécifié par la nature du produit. Par contre, si le but
recherché est de récupérer ou d’éliminer un constituant du mélange gazeux, alors plusieurs
choix sont possibles. Dans ce cas, le solvant doit présenter les caractéristiques suivantes :

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o Le pouvoir solvant : la solubilité du gaz augmente pour une quantité de solvant faible.

o Un solvant moins volatil afin d’éviter la perte de solvant avec le gaz saturé

o Un solvant moins visqueux afin d’éviter l’engorgement et la perte de pression dans le


dispositif de pompage

o Un solvant non corrosif

o Un solvant non inflammable, non toxique et chimiquement stable

o Un solvant bon marché et possibilité de sa récupération

II- 4 Equilibre gaz-liquide :

Dans le système gaz-liquide en contact s’établit un équilibre macroscopique qui dépend de la


nature des phases en contact, de la température et de la pression. Le gaz se dissout dans le
liquide jusqu’à ce que la concentration d’équilibre soit atteinte. Ainsi, pour un certain gaz en
contact avec un liquide, la concentration à l’équilibre est une fonction de la pression et de la
température

C = f (P, T)

A température constante, et pour de faibles concentration en soluté, la relation précédente


correspond à la loi d’Henry PA = HA.xA

xA : Fraction molaire du soluté A dans la phase liquide

HA : Constante d’Henry (dimension d’une pression)

En considérant le gaz comme étant parfait, on peut écrire PA = PT.yA

Ainsi HA.xA = PT.yA

yA : Fraction molaire du soluté A dans la phase gazeuse

Par conséquent et à pression constante , la courbe de distribution qui exprime la composition


du soluté A dans la phase gazeuse en fonction de sa composition dans la phase liquide en
équilibre s’écrit :

yA = (HA/PT).xA

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sera une droite dont la pente (HA/PT) = KA est égale au coefficient de partage du soluté A entre
les phases liquide et gazeuse.

Il est important de noter que, si le système n'est pas isotherme et/ou isobare (comme dans le
cas de l'opération de distillation), la ligne d'équilibre n'est plus linéaire

II-5 Le calcul des colonnes d’absorption :

II-5-1 Le montage :

Figure 2: Colonne d’absorption

Le schéma ci-dessus est un schéma typique d’une colonne d’absorption dans laquelle les deux
phases, mélange gazeux et solvant liquide circulent à contre courant. Le mélange gazeux (G 1,
Y1) ou (Vin, yin) entre en bas de la colonne, abandonne une partie du soluté A (constituant
soluble dans le solvant) et sort par l’extrémité supérieure (G2, Y2) ou (Vout, yout). La phase
liquide (L2, X2) ou (Lin, yin)) (le solvant) est introduite au sommet de la colonne, s’enrichit
progressivement en constituant A et s’évacue en bas de la colonne (L1, Y1) ou (Lout, xout).

II-5-2 Bilans matières :

Le calcul d’une colonne d’absorption se fonde spécialement sur les bilans et sur la loi
d’équilibre entre phase et à pour but de déterminer le nombre d’étages théoriques nécessaires
pour une séparation donnée.

Pour le constituant soluble A, l’équation de base dans toute la colonne s’exprime comme ;

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L2 + G1 = L1 + G2

L2X2 + G1Y1 = L1X1 + G2Y2

Pour obtenir une droite opératoire :

 Le bilan énergétique est automatiquement satisfait

 Les débits liquides et gaz sont constantes L1 = L2 = L et G1 = G2 = G

Pour que le bilan énergétique soit automatiquement satisfait, nous devons supposer que :

 la chaleur d'absorption est négligeable


 l'opération d’absorption est isotherme
 le solvant n'est pas volatil
 le gaz porteur est insoluble dans le solvant

Ainsi NA = G (Y1 – Y2) = L (X1 – X2) (1)

NA : le débit molaire du soluté A absorbé dans la colonne (mole/s)

G : le débit du mélange gazeux (mole/s)

L ; le débit du liquide (solvant) (mole/s)

X1, X2 : le rapport molaire du soluté A dans la phase liquide (mole de A/mole de solvant)
respectivement au pied et en tête de la colonne.

Y1, Y2 : le rapport molaire du soluté A dans la phase gazeuse (mole de A/mole de B), avec B
étant le gaz inerte respectivement au pied et en tête de la colonne.

Il est important de noter que, pour que les débits du liquide et de gaz soient constants, en
particulier pour les mélange concentré (phase liquide ou gazeuse), nous ne pouvons pas
utiliser les débits globaux ou totaux de gaz et de liquide.

En d'autres termes,
 le débit de liquide L doit être le débit molaire ou massique du solvant non volatil
 le débit de gaz G doit être le débit molaire ou massique du gaz porteur insoluble (gaz
inerte).

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Pour une partie de la colonne, située entre une section horizontale quelconque et le sommet de
la colonne (on lit sur la figure (V1, y) ou (G, Y) et (L1, x) ou (L, X)), on a  :
L2 + G = L + G2

L2X2 + GY = LX + G2Y2

NA = G (Y – Y2) = L (X2 – X) (2)

Il en résulte des équations (1) et (2) :

L/G = (Y1 – Y2)/ (X1 – X2) = (Y – Y2)/ (X2 – X) d’où

Y = (L/G) X – (L/G) X2 + Y2 équation de la droite opératoire

Le diagramme qui suit, est utilisé pour le calcul d’une colonne d’absorption. On y représente
la courbe d’équilibre dans les coordonnées du diagramme XA, YA (rapports molaires) :

Sachant que : YA = yA/(1-yA) et XA = xA/(1-xA) xA et yA sont les fractions molaires du


soluté A dans les phases liquide et gaz respectivement.

Ainsi :

YA/(1+YA) = (HA/Pt) (XA/1+XA) YA = αAXA/(1+(1-αA)XA) avec αA = (HA/Pt)

Les phases liquide et gazeuse quittant le plateau i sont


en équilibre :

étage i

Les compositions des phases liquide et gazeuse qui se


croisent au dessus ou en dessous du plateau i sont reliées
par l’équation de la droite opératoire :

Yi+1 = (L/G) Xi – (L/G) X2 + Y2

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Figure 3 : le diagramme de McCabe – Thiele pour l’opération d’absorption
(from “Separation Process Engineering” by Wankat, 2007)

Il faut noter que la droite opératoire se situe au dessus de la courbe d’équilibre pour
l’opération d’absorption relativement à l’opération de distillation (droite opératoire en dessous
de la courbe d’équilibre). Ceci est dû au fait qu’au cours de l’absorption, le soluté est transféré
de la phase gazeuse (c'est-à-dire le mélange gazeux) vers la phase liquide (c'est-à-dire le
solvant), qui est en sens opposé de l'opération de distillation, dans laquelle le soluté (ou le
composant plus volatil) est transféré de la phase liquide vers la phase gazeuse (vapeur).

II -5-3 Les conditions limites de l’opération d’absorption

Figure 4 : Les conditions limites de l’opération d’absorption

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La force motrice pour le transfert de masse devient nulle chaque fois que la droite opératoire
croise ou touche la courbe d'équilibre. Cette condition limite représente le taux minimum de
solvant pour récupérer une quantité spécifiée de soluté ou le taux de solvants requis pour
enlever la quantité maximale de soluté. Dans la figure A, l'intersection des lignes d'équilibre
et opératoire se produit au pied de l'absorbeur. Cette condition définit le taux de solvant
minimum pour récupérer une quantité spécifiée de soluté. Ce taux de solvant minimum peut
être calculé à partir de expression suivante:

(3)

Dans la figure B, l'intersection des lignes d'équilibre et d'opératoire se produit au sommet (en
tête) de l'absorbeur. Cette condition représente le taux de solvant requis pour éliminer une
quantité maximale de soluté. Ce taux de solvant peut être calculé à partir de l'expression
suivante:

(4)

L'équation (3) est exactement la même que l'équation (4) sauf dans ce cas les compositions au
pied de la colonne sont fixées de sorte que la pente maximale de la droite opératoire se produit
lorsque celle ci coupe la courbe d'équilibre en tête de la colonne.
La figure C montre le cas lorsque la droite opératoire devient tangente à la courbe d'équilibre.
Le rapport minimum des débits liquide-vapeur pour ce cas peut être déterminé à partir de :

(5)

Dans cette équation, YC et XC sont les coordonnées du point tangent.

II-5-4 Détermination de la valeur minimum du rapport (Lmin/G)

On considère l’expression de la droite opératoire suivante

Y = (L/G) X – (L/G) X2 + Y2
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Y1
L’/G
L’’’/G
L’’/G

dte opératoire
Y
Lmin/G
C. d’équilibre
Y2

X2 X X1max

Figure 5 : Détermination graphique de Lmin

En général, le problème de l’absorption se pose de la façon suivante : on doit traiter une


certaine quantité de gaz de débit G1 ayant une composition Y1, on désire réduire cette
composition à Y2 avec un débit G2. La composition du solvant X2 est en général fixée par des
considérations extérieures. Le débit L du solvant utilisé peut varier dans des limites assez
étendues.

Si on diminue le débit de solvant L en fixant Y 1, Y2, X2 et le débit du gaz G, il est évident que
la composition du soluté A dans le solvant sera grande. Ainsi la pente de la droite opératoire
va diminuer jusqu’à ce qu’elle atteigne une valeur limite correspondant à :

Lmin/G = (Y1 – Y2)/ (X1max – X2) (6) Lmin

X1max est déterminé graphiquement, comme il est indiqué sur la figure ci-dessus.

Le contact entre la droite opératoire et la courbe d’équilibre correspond à un potentiel


d’échange nul qui est compensé par une surface d’échange maximale qui tend vers l’infini. Le
débit liquide opératoire est généralement situé dans la gamme L= 1,5 à 2 Lmin

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