I Absorption
I.1 Généralités
L’absorption est une opération de séparation des mélanges gazeux dans laquelle un ou
plusieurs constituants de la phase gazeuse (solutés) sont éliminés par dissolution dans un
liquide approprié appelé solvant ou absorbant. Les constituants insolubles présents dans le gaz
sont appelés gaz vecteur (carrier gas) ou gaz inerte. Pour que l’absorption soit possible, la
pression partielle du soluté dans le gaz doit être supérieure à sa pression partielle de saturation
dans la phase liquide. Les lois d’équilibre liquide-vapeur, examinées dans le module
Opérations Unitaires 1, constituent la base théorique de ce processus de transfert de matière.
L’absorption consiste à mettre en contact intime un gaz riche en soluté avec un solvant
pauvre dans un équipement adéquat comme par exemple une colonne à plateaux ou une
colonne à garnissage dans lesquelles les fluides circulent à contre-courant ou bien une
colonne à pulvérisation (Figure I.1) ou un scrubber (Figure I.2) dans lesquels le liquide est
dispersé dans le gaz.
Figure I.2 : (a) Scrubber (venturi scrubber), (b) Scrubber avec un séparateur gaz-liquide
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Chapitre I : Absorption
Figure I.3 : Schéma d’une unité industrielle d’absorption avec régénération du solvant
1- La solubilité et la sélectivité : Un bon solvant est celui dans lequel le ou les éléments à
absorber sont très solubles, mais il ne doit pas dissoudre le gaz inerte. La capacité
d’absorption d’un solvant augmente considérablement dans le cas d’une réaction chimique
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Chapitre I : Absorption
entre le soluté et le solvant. Cette réaction doit être réversible pour permettre la régénération
du solvant et la récupération du soluté par stripping.
2- La volatilité : Un bon solvant doit avoir une faible volatilité afin d’éviter les pertes en
solvant par entrainement avec le gaz vecteur ou par vaporisation lors de l’étape de
régénération. En plus des pertes financières, les pertes en solvant peuvent provoquer la
pollution de l'air au voisinage des unités de traitement.
3- La viscosité : Un solvant doit avoir une faible viscosité pour pouvoir circuler facilement
dans l’installation. L’utilisation d’un solvant trop visqueux dans un absorbeur à agitation
mécanique (Figure I.4) nécessite une plus grande consommation d’énergie. Dans une colonne
à garnissage, un solvant visqueux peut entrainer l’engorgement de la colonne sous de faibles
débits de gaz et de liquide.
4- La corrosion : L’utilisation d’un solvant non corrosif ou peu corrosif permet de réduire le
prix des équipements et le coût de leur maintenance.
5- Le prix : Un solvant doit avoir un prix abordable pour minimiser le coût des pertes en
solvant.
6- La sécurité et la toxicité : Un solvant ne doit pas être dangereux ou toxique pendant son
utilisation. Il est préférable qu’il soit non-inflammable.
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Un mélange gazeux composé d’un seul soluté et d’un gaz inerte (ou gaz sec) est admis
dans une colonne d’absorption fonctionnant à contre-courant (Figure I.5). Le solvant utilisé
pour la réalisation de cette opération est très sélectif vis-à-vis du soluté. On suppose que seul
le soluté est absorbé par le solvant et que la quantité de gaz sec absorbée est nulle. On admet
que l’absorbant n’est pas entrainé par le flux de vapeur montant. On note :
Les concentrations massiques relatives du soluté dans la phase vapeur à l’entrée (𝑦𝑦�𝑖𝑖 ) et
à la sortie (𝑦𝑦�𝑓𝑓 ) de la colonne sont données par les relations suivantes :
𝑔𝑔 𝑖𝑖 𝑔𝑔 𝑓𝑓
𝑦𝑦�𝑖𝑖 = (I.1) 𝑦𝑦�𝑓𝑓 = (I.2)
𝐺𝐺 𝐺𝐺
Les concentrations massiques relatives du soluté dans la phase liquide à l’entrée (𝑥𝑥̅𝑖𝑖 ) et
à la sortie (𝑥𝑥̅𝑓𝑓 ) de l’absorbeur sont données par les relations suivantes :
𝑙𝑙 𝑖𝑖 𝑙𝑙 𝑓𝑓
𝑥𝑥̅𝑖𝑖 = (I.3) 𝑥𝑥̅𝑓𝑓 = (I.4)
𝐿𝐿 𝐿𝐿
𝑥𝑥̅ et 𝑦𝑦� sont les concentrations massiques relatives respectives du soluté dans la phase
liquide et dans la phase vapeur qui traversent la section a-a. Elles sont exprimées par les
relations suivantes :
𝑙𝑙 𝑔𝑔
𝑥𝑥̅ = (I.5) 𝑦𝑦� = 𝐺𝐺 (I.6)
𝐿𝐿
Remarque
D’après les relations (I.1), (I.2), (I.3) et (I.4) l’équation (I.7) devient :
La quantité molaire de soluté transférée (𝑀𝑀̀ ) peut être déterminée de la même manière
à partir de l’équation suivante :
𝑀𝑀̀ = 𝐺𝐺̀ �𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 � = 𝐿𝐿̀ (𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ − 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 ) (I.9)
Où 𝐺𝐺̀ et 𝐿𝐿̀ sont des débits molaires en kmol/h et 𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 , 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 , 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 et 𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ sont les concentrations
molaires relatives du soluté.
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Chapitre I : Absorption
D’après les équations (I.1) et (I.2), la relation précédente peut s’écrire comme suit :
𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑓𝑓
𝜂𝜂 =
𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑖𝑖
Après simplification on trouve :
𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓
𝜂𝜂 = (𝐼𝐼. 11)
𝑦𝑦�𝑖𝑖
𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓
𝜂𝜂 = (𝐼𝐼. 12)
𝑦𝑦̀�𝑖𝑖
D’après les équations (I.1), (I.2), (I.3) et (I.4) la relation précédente devient :
𝐿𝐿 �𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓 �
= (𝐼𝐼. 14)
𝐺𝐺 (𝑥𝑥̅𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 )
𝐿𝐿
Le quotient est appelé consommation moyenne ou consommation spécifique de
𝐺𝐺
l’absorbant (kg de solvant frais /kg de gaz sec).
La relation (I.14) peut être facilement déduite à partir de l’équation (I.8), elle peut
également prendre la forme suivante :
𝐿𝐿̀ �𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 �
= (𝐼𝐼. 15)
𝐺𝐺̀ (𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ − 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 )
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D’après les relations (I.2), (I.3), (I.5) et (I.6), l’équation (I.16) devient :
𝐿𝐿 𝐿𝐿
D’où : 𝑦𝑦� = 𝑥𝑥̅ + 𝑦𝑦�𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅ 𝑖𝑖 (I.17)
𝐺𝐺 𝐺𝐺
𝐿𝐿̀ 𝐿𝐿̀
𝑦𝑦̀� = 𝑥𝑥̀̅ + 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 − ̀ 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 (I.18)
𝐺𝐺̀ 𝐺𝐺
La droite opératoire passe par deux points A (𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 , 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 ) et B (𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ , 𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 ), elle est représentée
graphiquement sur la Figure I.6.
pression.
2. La droite opératoire de la colonne d’absorption (équation I.18) qui permet de relier les
concentrations molaires relatives du soluté dans les phases vapeur et liquide à l’état
non-équilibré entre deux plateaux successifs (section a-a de la Figure I.5).
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est tangentielle à la courbe d’équilibre, dans ce cas le nombre de plateaux théoriques est
infini. La pente de cette droite va permettre de calculer le débit minimal en absorbant �𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 �.
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Chapitre I : Absorption
La construction graphique pour un système ayant une courbe d’équilibre convexe vers
le bas est représentée sur la Figure I.7. Le débit minimal de solvant �𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 �, correspondant à
une consommation moyenne minimale en absorbant, est déterminé à partir de la pente de la
droite opératoire AB̏ où B̏ est le point d’intersection entre la courbe d’équilibre et la ligne
horizontale qui passe par le point de coordonnées (0, 𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 ).
Une colonne d’absorption doit fonctionner avec un débit de solvant frais plus élevé
que le minimum. Il n’y a pas de règle générale pour la détermination du débit d’absorbant à
utiliser �𝐿𝐿̀𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 � mais en général il est de 1,2 à 2 fois plus élevé que �𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 �.
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Chapitre I : Absorption
service élevée nécessite des dépenses énergétiques accrues qui augmentent avec
l’augmentation de la pression. En pratique la température est imposée par le choix de l’agent
frigorifique. Si l’on a opté pour l’eau, la température de travail sera comprise entre 30 et
40°C. Une température plus faible nécessite une très forte consommation en eau et une
surface d’échange considérable dépassant la marge de rentabilité. Dans certains cas, on utilise
comme agent réfrigérant de l’ammoniac ou du propane. Ces agents sont employés lorsque le
recours à une pression élevée devient trop couteux.
Dans le cas où il n’y a pas de réaction chimique entre le soluté et le solvant, la quantité
de chaleur dégagée au cours du processus d’absorption 𝑄𝑄𝑎𝑎 (kcal/h) est égale à la chaleur de
dissolution du soluté dans l’absorbant. A défaut de données plus exactes, on peut considérer
cette chaleur comme étant la chaleur de condensation du soluté. La chaleur dégagée par
absorption d’une quantité 𝑀𝑀 (kg/h) de soluté est donnée par la relation suivante :
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Chapitre I : Absorption
Exercices
Exercice 1
On veut éliminer le gaz carbonique (CO2) contenu dans un mélange gazeux (air+CO2)
par absorption en utilisant comme solvant de l’eau pure avec un débit de 300 kmol/h.
L’opération est réalisée à contre-courant dans une colonne à plateaux. Le débit massique de
l’air sec est de 4500 kg/h. Les fractions massiques de CO2 dans le mélange gazeux à l’entrée
et à la sortie de l’absorbeur sont de 20 % et 0,8 % respectivement. Calculer :
Exercice 2
Exercice 3
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Le mélange gazeux est admis dans la colonne avec un débit total de 30 kmol/h, la
fraction molaire de l’acétone dans le gaz à l’entrée de l’absorbeur est de 1,5 %. Le débit d’eau
à l’entrée de la colonne est de 90 kmol/h.
Exercice 4
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