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Chapitre I : Absorption

I Absorption

I.1 Généralités

L’absorption est une opération de séparation des mélanges gazeux dans laquelle un ou
plusieurs constituants de la phase gazeuse (solutés) sont éliminés par dissolution dans un
liquide approprié appelé solvant ou absorbant. Les constituants insolubles présents dans le gaz
sont appelés gaz vecteur (carrier gas) ou gaz inerte. Pour que l’absorption soit possible, la
pression partielle du soluté dans le gaz doit être supérieure à sa pression partielle de saturation
dans la phase liquide. Les lois d’équilibre liquide-vapeur, examinées dans le module
Opérations Unitaires 1, constituent la base théorique de ce processus de transfert de matière.

L’absorption consiste à mettre en contact intime un gaz riche en soluté avec un solvant
pauvre dans un équipement adéquat comme par exemple une colonne à plateaux ou une
colonne à garnissage dans lesquelles les fluides circulent à contre-courant ou bien une
colonne à pulvérisation (Figure I.1) ou un scrubber (Figure I.2) dans lesquels le liquide est
dispersé dans le gaz.

Figure I.1 : Colonne à pulvérisation (spray tower)


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Figure I.2 : (a) Scrubber (venturi scrubber), (b) Scrubber avec un séparateur gaz-liquide

Dans de nombreuses opérations, le gaz absorbé réagit chimiquement avec le solvant


dans la phase liquide. Le taux d’absorption du soluté dans ce cas augmente considérablement.
Ce processus est parfois appelé absorption chimique par distinction de l’absorption physique
dans laquelle il n’y a aucune réaction chimique.

L’absorption des gaz s’accompagne généralement par un dégagement de chaleur due à


la dissolution du gaz dans l’absorbant et à l’exothermicité de la réaction entre le soluté et le
solvant. L’opération est favorisée par une diminution de la température et une augmentation
de la pression.

L’inverse de l’absorption est la désorption ou le stripping (transfert des substances du


liquide vers le gaz). Cette opération est presque aussi importante que l’absorption, elle permet
la régénération du solvant et la récupération des gaz dissous dans le liquide. Contrairement à
l’absorption, la désorption est un processus endothermique, elle est favorisée par une
augmentation de la température et un abaissement de la pression.

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I.2 Description d’une unité d’absorption avec régénération du solvant

Le schéma simplifié d’une unité industrielle d’absorption est représenté sur la


Figure I.3. Le mélange gazeux à séparer est introduit en bas de la colonne d’absorption (C1),
le solvant pauvre provenant du réservoir de stockage (V) est introduit en haut de cette
colonne. Le solvant riche en soluté quitte le bas de l’absorbeur (C1) pour être strippé dans la
colonne (C2) à l’aide d’une vapeur surchauffée (généralement de la vapeur d’eau). Le soluté
récupéré en tête du strippeur (C2) est séparé de la vapeur par condensation, il pourra être
utilisé ultérieurement. Le solvant régénéré quitte le bas de la colonne (C2), il sera refroidi dans
un échangeur de chaleur avant d’alimenter le réservoir (V) dans lequel du solvant frais sera
ajouté. Dans certaines installations la régénération du solvant s’effectue par distillation, dans
ce cas la colonne de désorption (C2) est remplacée par une colonne de rectification.

Figure I.3 : Schéma d’une unité industrielle d’absorption avec régénération du solvant

I.3 Critères de sélection d’un absorbant

Les caractéristiques principales à prendre en considération pour le choix d’un


absorbant industriel sont les suivantes :

1- La solubilité et la sélectivité : Un bon solvant est celui dans lequel le ou les éléments à
absorber sont très solubles, mais il ne doit pas dissoudre le gaz inerte. La capacité
d’absorption d’un solvant augmente considérablement dans le cas d’une réaction chimique

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entre le soluté et le solvant. Cette réaction doit être réversible pour permettre la régénération
du solvant et la récupération du soluté par stripping.

2- La volatilité : Un bon solvant doit avoir une faible volatilité afin d’éviter les pertes en
solvant par entrainement avec le gaz vecteur ou par vaporisation lors de l’étape de
régénération. En plus des pertes financières, les pertes en solvant peuvent provoquer la
pollution de l'air au voisinage des unités de traitement.

3- La viscosité : Un solvant doit avoir une faible viscosité pour pouvoir circuler facilement
dans l’installation. L’utilisation d’un solvant trop visqueux dans un absorbeur à agitation
mécanique (Figure I.4) nécessite une plus grande consommation d’énergie. Dans une colonne
à garnissage, un solvant visqueux peut entrainer l’engorgement de la colonne sous de faibles
débits de gaz et de liquide.

Figure I.4 : Colonne à agitation mécanique pour absorption des gaz

4- La corrosion : L’utilisation d’un solvant non corrosif ou peu corrosif permet de réduire le
prix des équipements et le coût de leur maintenance.

5- Le prix : Un solvant doit avoir un prix abordable pour minimiser le coût des pertes en
solvant.

6- La sécurité et la toxicité : Un solvant ne doit pas être dangereux ou toxique pendant son
utilisation. Il est préférable qu’il soit non-inflammable.

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I.4 Absorption d’un seul soluté


I.4.1 Notations

Un mélange gazeux composé d’un seul soluté et d’un gaz inerte (ou gaz sec) est admis
dans une colonne d’absorption fonctionnant à contre-courant (Figure I.5). Le solvant utilisé
pour la réalisation de cette opération est très sélectif vis-à-vis du soluté. On suppose que seul
le soluté est absorbé par le solvant et que la quantité de gaz sec absorbée est nulle. On admet
que l’absorbant n’est pas entrainé par le flux de vapeur montant. On note :

• 𝐺𝐺 : Le débit massique du gaz sec sans soluté en kg/h (supposé contant).


• 𝑔𝑔𝑖𝑖 et 𝑔𝑔𝑓𝑓 : Les débits massiques respectifs du soluté dans la phase vapeur à l’entrée et à
la sortie de la colonne.
• 𝐿𝐿 : Le débit massique de l’absorbant frais sans soluté en kg/h (supposé constant).
• 𝑙𝑙𝑖𝑖 et 𝑙𝑙𝑓𝑓 : Les débits massiques respectifs du soluté dans la phase liquide à l’entrée et à
la sortie de l’absorbeur.
• 𝑙𝑙 et 𝑔𝑔 sont les débits massiques respectifs du soluté dans la phase liquide et dans la
phase vapeur traversant la section a-a.

Les concentrations massiques relatives du soluté dans la phase vapeur à l’entrée (𝑦𝑦�𝑖𝑖 ) et
à la sortie (𝑦𝑦�𝑓𝑓 ) de la colonne sont données par les relations suivantes :
𝑔𝑔 𝑖𝑖 𝑔𝑔 𝑓𝑓
𝑦𝑦�𝑖𝑖 = (I.1) 𝑦𝑦�𝑓𝑓 = (I.2)
𝐺𝐺 𝐺𝐺

Figure I.5 : Colonne d’absorption d’un seul soluté


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Les concentrations massiques relatives du soluté dans la phase liquide à l’entrée (𝑥𝑥̅𝑖𝑖 ) et
à la sortie (𝑥𝑥̅𝑓𝑓 ) de l’absorbeur sont données par les relations suivantes :
𝑙𝑙 𝑖𝑖 𝑙𝑙 𝑓𝑓
𝑥𝑥̅𝑖𝑖 = (I.3) 𝑥𝑥̅𝑓𝑓 = (I.4)
𝐿𝐿 𝐿𝐿

𝑥𝑥̅ et 𝑦𝑦� sont les concentrations massiques relatives respectives du soluté dans la phase
liquide et dans la phase vapeur qui traversent la section a-a. Elles sont exprimées par les
relations suivantes :
𝑙𝑙 𝑔𝑔
𝑥𝑥̅ = (I.5) 𝑦𝑦� = 𝐺𝐺 (I.6)
𝐿𝐿
Remarque

Les relations examinées dans les modules Transfert de Matière et Opérations


Unitaires 1 (concentrations relatives) restent bien évidemment applicables pour ce chapitre.

I.4.2 Quantité de soluté transférée et taux d’absorption

La quantité massique de soluté transférée ou absorbée ( 𝑀𝑀 ) est déterminée par


l’équation suivante :
𝑀𝑀 = 𝑔𝑔𝑖𝑖 − 𝑔𝑔𝑓𝑓 = 𝑙𝑙𝑓𝑓 − 𝑙𝑙𝑖𝑖 (I.7)

Le terme de gauche de l’équation (I.7) représente la quantité de soluté cédée par le


mélange gazeux, le terme de droite exprime la quantité de soluté retenue par le solvant.

D’après les relations (I.1), (I.2), (I.3) et (I.4) l’équation (I.7) devient :

𝑀𝑀 = 𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑓𝑓 = 𝐿𝐿 𝑥𝑥̅𝑓𝑓 − 𝐿𝐿 𝑥𝑥̅𝑖𝑖

D’où : 𝑀𝑀 = 𝐺𝐺 �𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓 � = 𝐿𝐿 (𝑥𝑥̅𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 ) (I.8)

La quantité molaire de soluté transférée (𝑀𝑀̀ ) peut être déterminée de la même manière
à partir de l’équation suivante :
𝑀𝑀̀ = 𝐺𝐺̀ �𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 � = 𝐿𝐿̀ (𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ − 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 ) (I.9)
Où 𝐺𝐺̀ et 𝐿𝐿̀ sont des débits molaires en kmol/h et 𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 , 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 , 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 et 𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ sont les concentrations
molaires relatives du soluté.

Le rendement de l’opération ou le taux d’absorption (𝜂𝜂 %) est le rapport entre la


quantité de soluté absorbée et la quantité de soluté présente initialement dans le mélange
gazeux. Il peut être calculé à partir de la relation suivante :
𝑀𝑀 𝑔𝑔𝑖𝑖 − 𝑔𝑔𝑓𝑓
𝜂𝜂 = = (𝐼𝐼. 10)
𝑔𝑔𝑖𝑖 𝑔𝑔𝑖𝑖

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D’après les équations (I.1) et (I.2), la relation précédente peut s’écrire comme suit :

𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑓𝑓
𝜂𝜂 =
𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑖𝑖
Après simplification on trouve :
𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓
𝜂𝜂 = (𝐼𝐼. 11)
𝑦𝑦�𝑖𝑖

Le taux d’absorption peut être déterminé de la même façon en utilisant les


concentrations molaires relatives du soluté :

𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓
𝜂𝜂 = (𝐼𝐼. 12)
𝑦𝑦̀�𝑖𝑖

I.4.3 Bilan matière de l’absorbeur

Le bilan matière de la colonne pour le soluté s’écrie comme suit :

𝑔𝑔𝑖𝑖 + 𝑙𝑙𝑖𝑖 = 𝑔𝑔𝑓𝑓 + 𝑙𝑙𝑓𝑓 (I.13)

D’après les équations (I.1), (I.2), (I.3) et (I.4) la relation précédente devient :

𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑖𝑖 + 𝐿𝐿 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 = 𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑓𝑓 + 𝐿𝐿 𝑥𝑥̅𝑓𝑓

D’où : 𝐺𝐺 �𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓 � = 𝐿𝐿 (𝑥𝑥̅𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 )

𝐿𝐿 �𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓 �
= (𝐼𝐼. 14)
𝐺𝐺 (𝑥𝑥̅𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 )
𝐿𝐿
Le quotient est appelé consommation moyenne ou consommation spécifique de
𝐺𝐺
l’absorbant (kg de solvant frais /kg de gaz sec).

La relation (I.14) peut être facilement déduite à partir de l’équation (I.8), elle peut
également prendre la forme suivante :
𝐿𝐿̀ �𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 �
= (𝐼𝐼. 15)
𝐺𝐺̀ (𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ − 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 )

I.4.4 Equation de la droite opératoire

On considère la partie de la colonne située au-dessus de la section a-a (Figure I.5), le


bilan matière pour le soluté s’exprime comme suit :

𝑔𝑔 + 𝑙𝑙𝑖𝑖 = 𝑙𝑙 + 𝑔𝑔𝑓𝑓 (I.16)

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D’après les relations (I.2), (I.3), (I.5) et (I.6), l’équation (I.16) devient :

𝐺𝐺 𝑦𝑦� + 𝐿𝐿 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 = 𝐿𝐿 𝑥𝑥̅ + 𝐺𝐺 𝑦𝑦�𝑓𝑓

𝐿𝐿 𝐿𝐿
D’où : 𝑦𝑦� = 𝑥𝑥̅ + 𝑦𝑦�𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅ 𝑖𝑖 (I.17)
𝐺𝐺 𝐺𝐺

L’équation (I.17) est l’équation de la droite opératoire de la colonne d’absorption. La


𝐿𝐿
pente de cette droite est égale à la consommation moyenne en absorbant � � . En
𝐺𝐺

concentrations molaires relatives, l’équation de la droite opératoire prend la forme suivante :

𝐿𝐿̀ 𝐿𝐿̀
𝑦𝑦̀� = 𝑥𝑥̀̅ + 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 − ̀ 𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 (I.18)
𝐺𝐺̀ 𝐺𝐺

La droite opératoire passe par deux points A (𝑥𝑥̀̅𝑖𝑖 , 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 ) et B (𝑥𝑥̀𝑓𝑓̅ , 𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 ), elle est représentée
graphiquement sur la Figure I.6.

I.4.5 Détermination du nombre de plateaux théoriques et du débit minimal de solvant

Pour déterminer graphiquement le nombre de plateaux théoriques d’une colonne


d’absorption, on doit disposer de :

1. La courbe d’équilibre du système 𝑦𝑦̀� = 𝑓𝑓(𝑥𝑥̀̅ ) sous les conditions de service de la


colonne. Cette courbe permet de relier la concentration molaire relative du soluté dans
la phase vapeur avec sa concentration molaire relative dans la phase liquide à
l’équilibre sur un même plateau théorique. Dans le cas où les données d’équilibre sont
exprimées en fraction molaires (𝑦𝑦,̀ 𝑥𝑥̀ ) les valeurs de 𝑦𝑦̀� et de 𝑥𝑥̀̅ doivent être calculées.
Pour un mélange idéal :
𝑃𝑃 °
𝑦𝑦̀ = 𝑥𝑥̀ (I.19)
𝑃𝑃
En concentrations molaires relatives l’équation précédente devient :
𝐾𝐾 𝑥𝑥̀̅
𝑦𝑦̀� = (𝐼𝐼. 20)
1 − (𝐾𝐾 − 1) 𝑥𝑥̀̅
𝑃𝑃 °
Où 𝐾𝐾 = est le coefficient d’équilibre qui dépend de la température et de la
𝑃𝑃

pression.

2. La droite opératoire de la colonne d’absorption (équation I.18) qui permet de relier les
concentrations molaires relatives du soluté dans les phases vapeur et liquide à l’état
non-équilibré entre deux plateaux successifs (section a-a de la Figure I.5).

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Comme indiqué sur la Figure I.6, la détermination du nombre de plateaux théoriques


s’effectue en traçant entre la droite opératoire AB et la courbe d’équilibre OC des escaliers à
partir du point B jusqu’au point A. Dans le cas de la Figure I.6, le nombre de plateaux
théoriques est égal à 6. Si la dernière horizontale (11-A) passait au-dessous du point A cela
signifierait que la teneur en soluté dans le gaz sortant serai plus faible que 𝑦𝑦̀�𝑓𝑓 (valeur
généralement imposée), on dispose donc dans ce cas d’une marge de plateaux théoriques. Le
nombre de plateaux réels est égal au nombre théorique divisé par l’efficacité du plateau.

Figure I.6 : Détermination du nombre de plateaux théoriques dans colonne d’absorption


(courbe d’équilibre convexe vers le haut)

D’après la Figure I.6, le nombre de plateaux théoriques correspondant à une courbe


𝐿𝐿̀
d’équilibre donnée dépend de la pente de la droite opératoire AB c'est-à-dire du quotient �𝐺𝐺̀ �.

Au fur et à mesure que la consommation moyenne en absorbant (ou consommation


spécifique) augmente, le point B se déplace vers la gauche et la droite opératoire passe
successivement par AB̀ et AB̏ tout en s’éloignant de la courbe d’équilibre ; parallèlement le
nombre de plateaux théoriques diminue. Par contre lorsque, la consommation moyenne en
absorbant diminue la droite AB se rapproche de la courbe d’équilibre et le nombre de plateaux
théoriques augmente. Pour un degré de séparation désiré, représenté par le point A, la
𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚
consommation moyenne en absorbant est à son minimum � 𝐺𝐺̀
� lorsque la droite opératoire

est tangentielle à la courbe d’équilibre, dans ce cas le nombre de plateaux théoriques est
infini. La pente de cette droite va permettre de calculer le débit minimal en absorbant �𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 �.
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La construction graphique pour un système ayant une courbe d’équilibre convexe vers
le bas est représentée sur la Figure I.7. Le débit minimal de solvant �𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 �, correspondant à
une consommation moyenne minimale en absorbant, est déterminé à partir de la pente de la
droite opératoire AB̏ où B̏ est le point d’intersection entre la courbe d’équilibre et la ligne
horizontale qui passe par le point de coordonnées (0, 𝑦𝑦̀�𝑖𝑖 ).

Figure I.7 : Détermination du débit minimal de solvant


(courbe d’équilibre convexe vers le bas)

Une colonne d’absorption doit fonctionner avec un débit de solvant frais plus élevé
que le minimum. Il n’y a pas de règle générale pour la détermination du débit d’absorbant à
utiliser �𝐿𝐿̀𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 � mais en général il est de 1,2 à 2 fois plus élevé que �𝐿𝐿̀𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 �.

Le nombre de plateaux théoriques dépend également de l’allure de la courbe


d’équilibre. Lorsque la température augmente ou la pression baisse la courbure de cette ligne
augmente et elle se rapproche de la droite opératoire (équation I.20). Par conséquent, le
nombre de plateaux théoriques augmente. Par contre, lorsque la température baisse ou la
pression augmente, le nombre de plateaux théoriques nécessaire à la séparation diminue.

I.4.6 Régime d’absorption

Du point de vue consommation de solvant et nombre de plateaux, il est préférable


d’opérer sous une pression élevée et une température basse. Cependant, une pression de

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service élevée nécessite des dépenses énergétiques accrues qui augmentent avec
l’augmentation de la pression. En pratique la température est imposée par le choix de l’agent
frigorifique. Si l’on a opté pour l’eau, la température de travail sera comprise entre 30 et
40°C. Une température plus faible nécessite une très forte consommation en eau et une
surface d’échange considérable dépassant la marge de rentabilité. Dans certains cas, on utilise
comme agent réfrigérant de l’ammoniac ou du propane. Ces agents sont employés lorsque le
recours à une pression élevée devient trop couteux.

Pour ce qui est du nombre de plateaux, il est lié à la consommation moyenne en


absorbant. Si le nombre de plateaux augmente la consommation diminue et vice versa.
L’augmentation du nombre de plateaux entraine une augmentation de la hauteur de la colonne
et donc des frais d’investissement supplémentaires. D’autre part, si on accepte de majorer la
consommation en solvant, on doit faire face à des frais de fonctionnement accrus :
régénération, recyclage, refroidissement de l’absorbant, etc.

La meilleure méthode à suivre pour la détermination du régime optimal de


fonctionnement d’une unité d’absorption est de faire des calculs comparatifs de type technico-
économique en faisant varier les conditions opératoires. D’une façon générale il est préférable
d’adopter un nombre de plateaux maximal afin de réduire au minimum la consommation en
absorbant.

I.4.7 Bilan énergétique

Dans le cas où il n’y a pas de réaction chimique entre le soluté et le solvant, la quantité
de chaleur dégagée au cours du processus d’absorption 𝑄𝑄𝑎𝑎 (kcal/h) est égale à la chaleur de
dissolution du soluté dans l’absorbant. A défaut de données plus exactes, on peut considérer
cette chaleur comme étant la chaleur de condensation du soluté. La chaleur dégagée par
absorption d’une quantité 𝑀𝑀 (kg/h) de soluté est donnée par la relation suivante :

𝑄𝑄𝑎𝑎 = 𝑀𝑀 𝐻𝐻𝑎𝑎 (I.21)


Où 𝐻𝐻𝑎𝑎 est l’enthalpie de dissolution du soluté dans le solvant ou sa chaleur latente de
condensation en kcal/kg.

D’après l’équation (I.8), la relation précédente devient :


𝑄𝑄𝑎𝑎 = 𝐺𝐺 �𝑦𝑦�𝑖𝑖 − 𝑦𝑦�𝑓𝑓 � 𝐻𝐻𝑎𝑎 = 𝐿𝐿 �𝑥𝑥̅𝑓𝑓 − 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 � 𝐻𝐻𝑎𝑎 (I.22)
On considère que toute la quantité de chaleur dégagée (𝑄𝑄𝑎𝑎 ) est absorbée par le solvant.
Dans ce cas on peut établir le bilan thermique suivant :

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𝑄𝑄𝑓𝑓 = 𝑄𝑄𝑖𝑖 + 𝑄𝑄𝑎𝑎 (I.23)


Où 𝑄𝑄𝑖𝑖 et 𝑄𝑄𝑓𝑓 sont respectivement la chaleur ramenée par le solvant pauvre et la chaleur
emportée par le solvant riche (Figure I.8). La température finale de sortie du solvant (𝑡𝑡𝑓𝑓 )
pourra être calculée approximativement à partir de l’équation suivante :

𝐿𝐿 𝐶𝐶 𝑡𝑡𝑓𝑓 = 𝐿𝐿 𝐶𝐶 𝑡𝑡𝑖𝑖 + 𝑄𝑄𝑎𝑎


𝑄𝑄
D’où 𝑡𝑡𝑓𝑓 = 𝑡𝑡𝑖𝑖 + 𝐿𝐿 𝑎𝑎𝐶𝐶 (I.24)

𝑡𝑡𝑖𝑖 est la température du solvant pauvre à l’entrée de la colonne d’absorption. 𝐶𝐶 est la


chaleur spécifique moyenne de l’absorbant pour un intervalle de température compris entre 𝑡𝑡𝑖𝑖
et 𝑡𝑡𝑓𝑓 en kcal/kg °C.
𝑡𝑡 𝑖𝑖 +𝑡𝑡 𝑓𝑓
La température moyenne de l’absorbant est : 𝑡𝑡𝑚𝑚 = (I.25)
2
Pour un mélange gazeux riche en soluté et pour lequel la quantité de chaleur dégagée
𝑄𝑄𝑎𝑎 est très élevée, il y a un risque grave d’une augmentation importante de la température en
dessus de la valeur souhaitée. Dans ce cas, afin d’éviter une augmentation de la
consommation en absorbant et une modification indésirable des conditions opératoires, une
certaine quantité de solvant est prélevée de la colonne pour être refroidie dans un échangeur
intermédiaire avant d’être réintroduite dans l’absorbeur (Figure I.8). Dans certaines
installations on prévoit un réfrigérant intermédiaire pour trois plateaux réels. La température
de sortie du solvant riche pourra être déterminée à l’aide de la relation suivante :
𝑄𝑄𝑎𝑎 −𝑄𝑄
𝑡𝑡𝑓𝑓 = 𝑡𝑡𝑖𝑖 + (I.26)
𝐿𝐿 𝐶𝐶
Où 𝑄𝑄 est la chaleur extraite au solvant dans les réfrigérants intermédiaires.

Figure I.8 : Absorbeur avec réfrigérants intermédiaires


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Exercices
Exercice 1

On veut éliminer le gaz carbonique (CO2) contenu dans un mélange gazeux (air+CO2)
par absorption en utilisant comme solvant de l’eau pure avec un débit de 300 kmol/h.
L’opération est réalisée à contre-courant dans une colonne à plateaux. Le débit massique de
l’air sec est de 4500 kg/h. Les fractions massiques de CO2 dans le mélange gazeux à l’entrée
et à la sortie de l’absorbeur sont de 20 % et 0,8 % respectivement. Calculer :

1. La quantité de CO2 transférée en kg/h et en kmol/h.


2. Le taux d’absorption de CO2.
3. La concentration massique relative de CO2 dans la phase liquide à la sortie.

Données : 𝑀𝑀𝐶𝐶𝐶𝐶2 = 44 𝑔𝑔/𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 𝑀𝑀𝐻𝐻2 𝑂𝑂 = 18 𝑔𝑔/𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚

Exercice 2

Pour l’élimination de l’ammoniac (NH3) contenu dans un mélange gazeux (air+NH3),


on utilise 3600 kg/h de solvant composé initialement de 90 % molaire d’eau et de 10 %
molaire de NH3. L’opération est réalisée dans une colonne d’absorption fonctionnant à contre-
courant. La fraction molaire de NH3 dans le mélange gazeux à l’entrée de la colonne est de
0,06. Le débit de l’air sec est de 80 kmol/h. Sachant que la quantité de NH3 absorbée est de
3800 mol/h, déterminer :

1. Le taux d’absorption de l’ammoniac.


2. La concentration molaire relative de NH3 dans la phase liquide à la sortie.

Données : 𝑀𝑀𝑁𝑁𝑁𝑁3 = 17 𝑔𝑔/𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 𝑀𝑀𝐻𝐻2 𝑂𝑂 = 18 𝑔𝑔/𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚

Exercice 3

On souhaite absorber 95 % d’acétone (C3H6O) contenue dans un mélange gazeux


(azote+acétone) en utilisant comme solvant de l’eau pure. L’opération est réalisée dans une
colonne à plateaux fonctionnant à contre-courant sous une température de 300 K et une
pression de 1atm. L’équation d’équilibre est donnée par la relation suivante :

𝑦𝑦̀ = 2,53 𝑥𝑥̀

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Le mélange gazeux est admis dans la colonne avec un débit total de 30 kmol/h, la
fraction molaire de l’acétone dans le gaz à l’entrée de l’absorbeur est de 1,5 %. Le débit d’eau
à l’entrée de la colonne est de 90 kmol/h.

1. Déterminer graphiquement le nombre de plateaux théoriques nécessaire à cette


séparation.
2. Sachant que l’efficacité des plateaux utilisés est de 0,6 ; calculer le nombre de
plateaux réels dans la colonne.

Exercice 4

Dans un complexe pétrochimique, un mélange gazeux composé de 4 % molaire de


cyclohexane et de 96 % molaire de gaz inerte est traité dans une colonne d’absorption
fonctionnant à contre-courant. Le mélange est admis dans la colonne avec un débit total de
80 kmol/h. On souhaite éliminer 98 % de cyclohexane contenu dans ce mélange en utilisant
comme solvant une huile non-volatile. L’huile qui alimente l’absorbeur est fraîche et ne
contient pas de cyclohexane. L’équation d’équilibre est donnée par la relation suivante :
0,2 𝑥𝑥̀̅
𝑦𝑦̀� =
1 + 0,8 𝑥𝑥̀̅
1. Déterminer graphiquement le débit minimal de solvant en kmol/h.

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