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Voie parentérale
Généralités sur les préparations parentérales
Les préparations parentérales sont des préparations stériles destinées à être injectées, perfusées ou implantées
dans le corps humain ou animal.
Elles sont préparées par des méthodes visant à assurer leur stérilité et à empêcher l’introduction de contaminants,
la présence de pyrogènes et la croissance de micro-organismes.
La pharmacopée distingue :
- Les préparations injectables : solutions, émulsions ou dispersions de principes actifs dans de l’eau ou un
liquide non aqueux, ou un mélange des deux.
Les préparations injectables sont en général unidoses et le volume du contenu doit être tel qu’il permette le
prélèvement de la dose nominale par une technique normale. Lorsqu’il est nécessaire de présenter une préparation
parentérale dans des récipients multidoses ils doivent contenir un ou plusieurs conservateurs antimicrobiens,
- Les préparations pour perfusion : solutions aqueuses ou émulsions en phase aqueuse externe stériles,
normalement isotoniques au sang. Elles sont principalement destinées à être administrées en grand volume.
- Les préparations à diluer pour injection ou pour perfusion : solutions stériles destinées à être injectées ou
administrées par perfusion après dilution. Elles sont diluées au volume prescrit avec un liquide spécifié, avant
l’administration.
-Les poudres pour injection ou pour perfusion : substances solides stériles, réparties dans leurs récipients
définitifs ; elles donnent rapidement, après agitation avec le volume prescrit d’un liquide stérile spécifié, une
solution limpide ou une suspension uniforme. Les lyophilisats pour usage parentéral sont classés dans cette
catégorie.
des préparations injectables ou des préparations pour perfusion intraveineuse.
- Les gels injectables : la viscosité permet de garantir une libération modifiée des substances actives au lieu
d’injection.
- Les implants : préparations solides stériles d’une taille et d’une forme appropriées à l’implantation parentérale.
Ils assurent la libération des principes actifs sur une période étendue. Ils sont conditionnés en récipients stériles
individuels.
Les trois principales voies d’introduction des préparations injectables sont la voie sous-cutanée (SC), la voie
intraveineuse (IV) et la voie intramusculaire (IM).
À côté de ses inconvénients qui sont évidents (nécessité d’appareillage approprié et de personnel compétent,
effets douloureux, risques d’infection…), ce mode d’administration des médicaments présente un certain nombre
d’avantages :
- rapidité d’action : effet immédiat et même instantané dans le cas de la voie intraveineuse ;
- actions secondaires des médicaments sur le système digestif écartées ;
- possibilité d’action thérapeutique localisée - absorption intégrale du médicament assurée.
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Formes parentérales
Contrôle de la contamination particulaire des solutions injectables pour perfusion (particules non visibles)
Plusieurs modes de contrôle de la granulométrie sont utilisables mais la pharmacopée
en recommande deux :
- Les méthodes optiques automatiques qui utilisent des appareils dont le principe de détection repose sur
l’interception ou la diffusion de la lumière.
- La méthode au microscope dont le principe est de recueillir les particules sur un filtre approprié et d’examiner
ce dernier à l’aide d’un microscope.
2.Neutralité. Ajustement du pH
Le pH joue un rôle important dans la fabrication des préparations injectables du fait qu’il conditionne la tolérance
par l’organisme, sa stabilité donc sa conservation et parfois son activité.
Le pH du sang, de la lymphe et du liquide céphalorachidien donc des liquides de l’organisme est de l’ordre de
7,35–7,40. On cherche donc, dans les préparations injectables, à ne pas trop s’éloigner de la neutralité.
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Formes parentérales
Dans de nombreux cas, l’ajustement à la neutralité ne peut donc se faire qu’aux dépens de la stabilité et il faut
alors opter pour un compromis, c’est-àdire choisir un pH qui ne soit pas trop mal toléré et qui assure cependant
une stabilité acceptable pour le médicament.
Ajustement du pH
Deux cas sont encore à envisager :
- si la stabilité de la substance active exige un pH non physiologique, il est préférable
de ne pas tamponner, le titre est ajusté à l’aide d’un acide ou d’une base.
Les solutions injectables officinales d’insuline, d’adrénaline et de chlorure d’apomorphine sont simplement
acidifiées avec de l’acide chlorhydrique.
Si toutefois il est absolument nécessaire de tamponner parce que la zone de pH de stabilité est très étroite, on a
recours à un mélange tampon à faible pouvoir tampon et à faible concentration.
Lorsque ce genre de compromis ne peut être envisagé, il reste la possibilité de présenter la substance active en
poudre stérile à dissoudre, au moment de l’emploi, dans de l’eau pour préparation injectable ou une solution
isotonique neutre ;
- si l’optimum de stabilité du principe actif se trouve dans une zone étroite de pH au voisinage de la neutralité, il
y a intérêt à ajuster le pH avec une solution tampon.
Dans le cas des grands volumes à perfuser, on évite dans la mesure du possible l’usage des tampons.
Mélanges tampons
Pour le choix d’un mélange tampon, il faut tenir compte de son pouvoir– tampon et de sa capacité–tampon.
Les mélanges de phosphates monosodique et disodique sont les plus utilisés pour les préparations injectables. Ils
permettent de tamponner à des pH de 5,4 à 8 selon la proportion des deux sels. Leur pouvoir tampon atteint son
maximum à pH 6,8 donc au voisinage de la neutralité.
Comme autres mélanges utilisables, on peut citer :
- acide citrique–citrate trisodique de pH 3 à 6 ;
- acide acétique–acétate de sodium de pH 3,6 à 5,6 ;
- carbonate monosodique et carbonate disodique de pH 9,2 à 10,7.
Les mélanges acide borique–borate de sodium ne sont pas utilisables pour les préparations injectables du fait de
leurs propriétés hémolytiques, mais ils le sont pour les collyres.
Pour le choix du tampon, il faut aussi tenir compte des incompatibilités possibles avec les autres constituants de
la préparation.
Contrôles
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Formes parentérales
- Mesure du pH par les méthodes classiques : réactifs colorés et surtout pHmètres. Il est à noter que le pH peut
être modifié au cours d’opérations telles que la filtration ou la stérilisation par la chaleur, d’où l’intérêt du contrôle
du pH avant et après stérilisation.
- Mesure du pouvoir tampon. Le principe consiste à mesurer la quantité de soude ou d’acide chlorhydrique à
ajouter à la solution étudiée pour faire virer la couleur d’un réactif coloré convenablement choisi.
- Essais de conservation à différentes températures en fonction du pH et en fonction des agents utilisés pour
l’ajustement du pH. Les incompatibilités des principes actifs avec les acides, bases ou tampons ajoutés peuvent
ainsi être détectées.
3. Isotonie
Les préparations injectables qui doivent entrer en contact avec les liquides tissulaires doivent avoir, dans la mesure
du possible la même pression osmotique donc la même concentration molaire que ceux-ci (9 ‰ de NaCl). Ceci
est tout particulièrement important pour les solutions intraveineuses qui doivent avoir une pression osmotique
voisine de celle du plasma sanguin.
4. Stérilité
Le choix de la méthode de stérilisation est fonction de la préparation injectable à réaliser. Les procédés utilisables
doivent toujours être validés par des moyens appropriés, c’est-à-dire qu’il faut vérifier que le procédé assure la
stérilité du médicament sans altérer ses constituants.
En pratique pour les préparations injectables on a recours :
- pour les préparations liquides : essentiellement à la stérilisation à la chaleur humide à 121 °C.
Lorsque le principe actif ne supporte pas ce traitement, il est possible d’opérer à plus basse température. Il est
alors recommandé d’opérer aussi aseptiquement que possible et éventuellement d’ajouter un bactériostatique
autorisé. Pour les préparations liquides thermolabiles, il ne reste que la filtration stérilisante suivie d’une
répartition aseptique. L’addition d’un bactériostatique est ici encore une précaution utile ;
- pour les préparations solides, c’est-à-dire les poudres : en général, il faut les préparer et les répartir
aseptiquement en ampoules ou flacons stériles.
Le recours aux rayonnements ou à l’oxyde d’éthylène est tout à fait exceptionnel.
Le contrôle de la stérilité des préparations injectables se fait avec des échantillons prélevés sur les lots de
stérilisation dans des conditions qui sont précisées par la Pharmacopée.
Dans le cas des préparations injectables non aqueuses, le mieux est de les filtrer sur un filtre stérile qui est ensuite
placé dans un milieu de culture. En opérant ainsi, l’interprétation des résultats n’est pas gênée par la présence du
solvant dans les milieux.
EXCIPIENTS
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Formes parentérales
- Viscosité. Certains solvants non aqueux sont très visqueux, c’est le cas des huiles et des polymères de poids
moléculaire élevé. Cette viscosité rend l’injection plus douloureuse et ralentit la diffusion du principe actif mais
ceci peut être avantageux lorsqu’on désire une action prolongée du médicament. L’oléate d’éthyle a été proposé
comme solvant non aqueux car plus fluide que les huiles.
- Pureté. Les solvants non aqueux ont l’avantage d’être moins facilement contaminés par les micro-organismes
que l’eau. Du point de vue chimique, ils sont en général moins bien définis. Pour les produits de synthèse, il faut
vérifier l’absence de produits voisins qui peuvent être plus toxiques. Pour les mélanges d’isomères ou de
polymères de compositions plus complexes, il faut se contenter en général de normes limites comme on le fait
pour les huiles naturelles : limites de viscosité, densité, indices divers, etc.
- Activité propre et innocuité. C’est le problème le plus important pour les solvants non aqueux. En principe, un
solvant devrait être atoxique, parfaitement toléré, bien résorbé et sans action physiologique propre. En fait, en
dehors de l’eau aucun solvant ne répond parfaitement à toutes ces conditions.
Les huiles ont le gros avantage d’être dépourvues de toxicité mais elles se résorbent plus ou moins vite et plus ou
moins bien. Elles sont parfois utilisées en IM et SC mais jamais en IV, car elles risqueraient de provoquer des
accidents graves.
L’alcool éthylique à petites doses n’est pas toxique tout au moins à des concentrations auxquelles il ne précipite
pas les protéines. En revanche, ses injections sont très douloureuses d’où son emploi très réduit. Ses esters, acétate
et lactate, présentent le même inconvénient.
De tous les polyols, le propylène-glycol (1-2) et le propylèneglycol (1-3), ou encore les macrogols (PEG) liquides
de faible masse molaire seraient les moins toxiques. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne le soient pas du tout. Même
en SC ou en IM on ne peut en injecter que de petits volumes.
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Formes parentérales
Ces solvants sont pratiquement toujours utilisés en mélanges avec de l’eau ppi.
En conclusion, on peut dire que l’utilisation des solvants non aqueux par voie parentérale est assez réduite du fait
qu’il y a toujours des inconvénients à injecter dans l’organisme un liquide non physiologique. Dans le cas des
principes insolubles dans l’eau, on peut cependant préférer les solutions non aqueuses aux suspensions aqueuses
et ceci pour diverses raisons : dosage uniforme plus facile à réaliser, résorption plus régulière et plus grande
stabilité et également moins d’effets indésirables lors de l’injection.
Préparation
Les préparations injectables peuvent se présenter sous forme de solutions, de suspensions, de poudres à dissoudre
au moment de l’emploi ou d’émulsions.
Pour les solutions qui ne se posent pas de problèmes particuliers, si ce n’est les précautions à prendre pour éviter
les contaminations par les micro-organismes et les substances pyrogènes, on a recours aux méthodes de
dissolution classiques.
Aux principes actifs sont ajoutés tous les adjuvants nécessaires pour l’ajustement du pH et de l’isotonie et pour
assurer la bonne conservation de la préparation: bactériostatiques, antioxydants… des conditions aseptiques et ne
peuvent pas être soumises à une stérilisation terminale peuvent contenir un conservateur antimicrobien approprié
à concentration convenable pour les préparations multidoses.
Pour les préparations unidoses, il ne doit pas être ajouté de conservateur antimicrobien lorsque :
- le volume à injecter dépasse 15 mL, sauf exception justifiée ;
Les poudres doivent être simplement de ténuité suffisante pour être facilement remises en solution ou en
suspension. Les lyophilisats, souvent utilisés, se dispersent très aisément.
Les émulsions injectables sont beaucoup moins fréquentes que les suspensions.
On peut cependant citer les émulsions aqueuses nutritives de glycérides administrées en perfusion. Ce sont des
émulsions extrêmement fines dont les particules doivent être de l’ordre de quelques centièmes de micromètre.
Elles ne doivent pas contenir, du fait de leur mode d’administration, de particules de plus de 5 µm (en fait la limite
que s’imposent les fabricants est de 1 µm). Elles doivent rester stables, sans signe de déphasage. Leur mise au
point est extrêmement délicate.
La forme suspension injectable est choisie lorsque le principe actif est insoluble dans l’eau et qu’une solution
non aqueuse n’est pas sans inconvénients.
On y a aussi recours lorsqu’on désire un effet prolongé du médicament, il peut s’agir alors d’une suspension
aqueuse ou huileuse.
Les procédés d’obtention sont ceux qui ont été étudiés à propos des suspensions en général :
- méthodes chimiques dans des conditions très précises, très souvent couvertes par des brevets ;
- méthodes physiques, c’est-à-dire essentiellement le microbroyage en milieu humide (broyeurs à boulets) et le
microbroyage à sec (microniseur à air comprimé).
La taille des particules doit être comprise entre 0,10 et 10 µm. La finesse des particules influe sur la vitesse de
résorption.
La phase liquide est en général l’eau mais peut être une huile de qualité injectable.
Elle doit être telle qu’elle ne dissolve pas du tout le principe en suspension pour éviter le phénomène de croissance
des cristaux.
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Formes parentérales
Dans le cas d’une suspension aqueuse, on peut ajouter pour la bonne conservation de la préparation :
- des substances tampons (stabilisation du pH) ;
- divers agents de suspension classiques à la condition qu’ils soient injectables.
Comme surfactif, on peut utiliser un polysorbate et aussi d’autres produits tels que le dioctylsulfosuccinate de
sodium. Comme colloïdes, les plus utilisés sont les dérivés de la cellulose (MC et CMC), des alcools
polyvinyliques et des macrogols.
Le problème de la stabilité ne se pose pas exactement comme pour les suspensions buvables multidoses. Ce qu’on
recherche pour une suspension injectable, c’est une dispersion facile à obtenir par simple agitation du contenant
et d’une durée suffisante pour le prélèvement à l’aide d’une seringue. L’important est que le précipité ne
s’agglomère pas dans le contenant résistant à l’agitation avant l’injection.
C’est pour cette même raison que pour les suspensions, les ampoules « bouteilles » à col large ou les flacons sont
préférées aux ampoules à pointes fines déconseillées car les dépôts dans les pointes sont impossibles à disperser.
La remise en suspension par agitation est alors difficile.
La stérilisation par la chaleur n’est pas applicable aux suspensions terminées, car elle risque de provoquer la
croissance des cristaux et la modification du colloïde protecteur. La filtration stérilisante n’est pas à envisager. Il
ne reste donc que la possibilité de la préparation aseptique : chaque constituant de la suspension doit être stérilisé
séparément par des moyens appropriés à chacun d’eux et finalement le mélange, la préparation de la suspension
et la répartition en ampoules sont réalisés aseptiquement en enceinte stérile.
Les différents stades auxquels peut se faire la stérilisation sont représentés schématiquement dans la figure 2.
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Formes parentérales
Dans les directives des BPF figurent quelques exemples d’opérations qui sont réalisées dans les différentes classes
d’atmosphères contrôlées (tableau 1). Elles distinguent les produits stérilisés dans leur récipient final, ce qui est
le cas général, des préparations aseptiques, en particulier pour les substances actives instables à la chaleur et/ou à
l’humidité dont les solutions doivent être stérilisées par filtration et lyophilisées en atmosphère classée (il faut
toutefois que ces substances
restent assez stables pour être dissoutes et rester en solution jusqu’à la congélation).
Dans tous les cas, la préparation des produits destinés à être stérilisés doit être réalisée en atmosphère classée.
Tous les liquides subissent une succession de filtrations clarifiante puis stérilisante même en cas de stérilisation
dans leur récipient final.
Pour les formes à libération ralentie par voie parentérale, la libération ralentie ou prolongée est obtenue en
retardant la diffusion du principe actif à partir du point d’injection. Pour cela, on peut remplacer une solution
aqueuse par une solution huileuse mais la méthode la plus classique consiste à injecter un dérivé insoluble du
principe actif sous forme de suspension amorphe ou cristalline (ex. : préparations retard d’insuline).
Le principe est le suivant : on opère dans une enceinte dans laquelle on peut faire le vide ; les ampoules sont
placées verticalement, l’extrémité fermée en haut et l’extrémité ouverte en bas et plongeant dans la solution
injectable à répartir.
Lorsque le vide est cassé dans l’enceinte, la solution remonte dans les ampoules.
Dans l’industrie pour faciliter les opérations, les ampoules sont réparties dans des caissettes carrées en acier
inoxydable ou en matière plastique. Des caissettes de 20 cm de côté contiennent environ 700 ampoules de 1 mL
ou 145 de 10 mL.
Les caissons à vide sont conçus pour contenir un nombre important de caissettes.
Pour la mise en ampoule on a la succession d’opérations suivantes :
-pour le lavage, les caissettes d’ampoules vides sont retournées dans une caissette légèrement plus grande
contenant de l’eau pour préparations injectables. Le remplissage par l’eau se fait en faisant le vide puis en cassant
celui-ci. Ces deux opérations peuvent être répétées plusieurs fois. La vidange se fait sur une grille sur laquelle
repose la pointe ouverte des ampoules.
Ce mode de lavage est peu efficace ; il peut être amélioré en soumettant les ampoules à des ultrasons au moment
où elles sont pleines d’eau (figure 3) ;