II Adsorption
II.1 Généralités
L’adsorption (adsorption) peut être définie comme étant la rétention sélective d’un ou
de plusieurs constituants d’un mélange gazeux ou liquide sur la surface d’un solide. Le solide
qui adsorbe un composant s'appelle l'adsorbant (adsorbent) et le composant adsorbé s'appelle
l'adsorbat (adsorbate). L’adsorption est une opération de transfert de masse importante qui
constitue une excellente méthode de séparation des mélanges fluides, en particulier à faibles
concentrations en solutés.
Dans l’industrie, le mélange d'alimentation à séparer est d'abord mis en contact avec
l'adsorbant dans une colonne verticale généralement à lit fixe (Figure II.1). Lorsque le lit
d’adsorbant est presque saturé, l'écoulement de la charge est arrêté et le lit est soumis à une
désorption ou à une régénération. Un gaz de régénération approprié passe à travers le lit et au
bout d'un certain temps la plupart des molécules adsorbées seront éliminées. L’adsorbant ainsi
régénéré est prêt à être réutilisé. L’utilisation de deux colonnes d’adsorption (Figure II.2)
permet la réalisation de ces deux opérations complémentaires (adsorption-régénération) en
même temps sans interruption de la production.
Figure II.2 : Schéma de principe d’une unité d’adsorption avec régénération de l’adsorbant
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Chapitre II : Adsorption
L’étape de régénération peut être réalisée par deux méthodes, soit en chauffant le lit
adsorbant à l’aide d’un gaz chaud tel que de la vapeur surchauffée (régénération thermique),
ou bien en réduisant la pression dans le lit (régénération sous vide). Dans le cas de la
régénération thermique, il est nécessaire de refroidir le lit avant de le remettre en mode
adsorption. Le refroidissement est effectué en faisant passer à travers le lit un gaz froid tel que
l’air (Figure II.2).
Dans le cas de l’adsorption gaz-solide (Figure II.2), la vapeur chaude est le moyen de
régénération ou de stripping de l’adsorbant. Dans le cas de l’adsorption liquide-solide,
l'adsorbant saturé est régénéré en faisant passer un solvant approprié (liquide) à travers le lit,
souvent en sens inverse. Cette opération est appelée lavage à contre-courant (backwashing).
Un nouveau type d’adsorbeur a été mis au point par le fabricant japonais Kureha
Chemical Co dans les années 1970, il comporte dans sa partie supérieure quelques plateaux
contenant des particules d’absorbant fluidisés (Figure II.3). L'adsorption se produit dans cette
partie où les particules d’adsorbant descendent continuellement vers la section inferieure de
désorption en formant un lit mobile. Les particules solides pénètrent dans un ensemble de
tubes de désorption chauffés à la vapeur. Le produit récupéré par désorption est ensuite
condensé. Un gaz vecteur entraine l'adsorbant régénéré au sommet de l'adsorbeur à travers un
tuyau central. Ce dispositif est utilisé dans de nombreuses usines pour l’élimination et la
récupération de petites quantités de vapeur de solvant présentes dans les gaz de ventilation.
Les adsorbants sont disponibles sous différentes formes (granulés irréguliers, pellets
extrudés ou sphères formées). Des tailles allant jusqu’à environ 6 mm sont courantes. La taille
reflète le besoin de disposer d’une surface maximale dans un volume de lit donné tout en
minimisant la perte de charge à travers le lit.
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Chapitre II : Adsorption
Pour être attractif sur le plan commercial, un adsorbant doit avoir un certain nombre
de caractéristiques à savoir :
- Il doit avoir une grande surface spécifique (en m2/g) pour garantir une bonne capacité
d’adsorption.
- La surface doit être accessible à travers des pores suffisamment grands pour permettre
l'adsorption des molécules de solutés. Il serait encore plus avantageux si les pores
étaient suffisamment petits pour exclure les molécules que l'on ne souhaite pas
adsorber, l’adsorbant dans ce cas serait plus sélectif.
- L'adsorbant doit être facilement régénérable.
- L'adsorbant ne doit pas vieillir rapidement, il doit garder le plus longtemps possible sa
capacité d'adsorption après des cycles continus d’adsorption-régénération.
- L'adsorbant doit avoir une bonne résistante mécanique pour supporter les opérations
de manutention en vrac et les vibrations caractéristiques de toute unité industrielle.
- Le prix de l’adsorbant doit être faible.
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Chapitre II : Adsorption
Le charbon actif (activated carbon) est fabriqué à partir de matières carbonées telles
que les charbons, le coke de pétrole, les noix de coco…etc. Après un traitement initial et une
mise en forme, les matières subissent une étape de carbonisation à 400-500 °C pour éliminer
les composés volatils, puis une étape d’activation par gazéification partielle à 800-1000 °C
pour développer la porosité et la surface. Différents agents de gazéification tels que le CO2, la
vapeur d’eau ou le gaz de combustion sont utilisés. Le charbon actif fabriqué selon ce procédé
est surtout utilisé pour la séparation des mélanges gazeux.
Le charbon actif dispose d’une grande surface spécifique allant de 300 à 3000 m2/g.
Pour les charbons utilisés en phase gazeuse, la taille des micropores varie de 10 à 25 Å. Pour
les applications en phase liquide, on vise des micropores un peu plus grands (environ 30 Å) à
cause de la diffusion plus lente qu’en phase gazeuse.
Les tamis moléculaires carbonés (molecular sieve carbon, MSC) sont des charbons
actifs dont la taille des micropores a été ajustée par des traitements spécifiques pour permettre
des séparations sur la base du tamisage moléculaire. Le diamètre des pores pour ce type
d’adsorbants est généralement compris entre 3,5 et 6,5 Å. Ils peuvent être obtenus par de
nombreuses méthodes telles que la carbonisation de polymères, de cellulose,
d’anthracite…etc.
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Chapitre II : Adsorption
Le gel de silice (silica gel) est fabriqué par addition d’un acide minéral dilué (H2SO4
ou HCl) à une solution de silicate de sodium. Il se forme un gel qui est ensuite lavé puis séché
et grillé. Le produit obtenu se présente sous forme de grains translucides constitués
essentiellement de groupes hydroxyles (OH) liés aux atomes de silicium. Il existe dans le
commerce deux types de silica-gel :
- Le gel de silice courant avec une surface spécifique de 700-850 m2/g, et un diamètre
moyen de pore de 21-26 Å.
- Le gel de silice de basse densité présentant une surface spécifique de 300-350 m2/g, et
un diamètre moyen de pore de 100-150 Å.
Comme l’alumine activée, le silica-gel est un bon adsorbant pour le séchage.
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Chapitre II : Adsorption
Où 𝑞𝑞 est la quantité de gaz adsorbée par gramme d’adsorbant, à l’équilibre, sous une
pression partielle 𝑃𝑃 ; et 𝑞𝑞𝑚𝑚 est la quantité maximale de gaz adsorbée par gramme d’adsorbant
(sous pression élevée).
Où 𝑎𝑎 est la quantité de soluté adsorbée pendant un temps 𝜏𝜏. 𝑎𝑎∞ est le coefficient
d’adsorption à l’équilibre et 𝐾𝐾 " est la constante de vitesse qui dépend de la température et de
la concentration en adsorbant.
II.6 Bilan matière d’une opération d’adsorption (cas d’un seul soluté)
Les équations examinées dans les sections I.4.2 et I.4.3 du Chapitre I restent
applicables pour une opération discontinue d’adsorption d’un seul soluté, dans ce cas :
• 𝐺𝐺 : est la quantité massique du fluide (gaz ou liquide) sec sans soluté en kg.
• 𝐿𝐿 : est la quantité massique d’adsorbant frais sans soluté en kg.
• 𝑦𝑦�𝑖𝑖 et 𝑦𝑦�𝑓𝑓 sont les concentrations massiques relatives du soluté dans le fluide.
• 𝑥𝑥̅𝑖𝑖 et 𝑥𝑥̅𝑓𝑓 sont les concentrations massiques relatives du soluté dans la phase solide.
Ces équations peuvent être utilisées en quantités massiques ou molaires. Dans le cas
d’une opération idéale, qui permet d’atteindre l’état d’équilibre entre les phases, les
concentrations relatives 𝑦𝑦�𝑓𝑓 et 𝑥𝑥̅𝑓𝑓 sont reliées par l’équation d’équilibre du système
d’adsorption considéré telle que l’équation de Langmuir ou l’équation de Freundlich.
Exercices
Exercice 1
Les données d’équilibre de l’adsorption du benzène sur le silica-gel sont présentées sur
le Tableau II.1 sous différentes températures (70 °C et 110 °C).
Exercice 2
Quantité d’argile modifiée utilisée (g) 15 40 60 100 135 210 325 450
% masse de A dans la solution à l’équilibre 9,1 7,81 6,93 5,66 4,76 3,38 2,44 1,48
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