Vous êtes sur la page 1sur 3

Caroline Dawson, Là où je me terre

Montréal, Éditions du Remue-ménage, 2021, 208 p., 17 €.


Victor Piché
Dans Hommes & Migrations 2022/1 (n° 1336), pages 230 à 230
Éditions Musée de l’histoire de l’immigration
ISSN 1142-852X
ISBN 9782919040605
DOI 10.4000/hommesmigrations.13839
© Musée de l?histoire de l?immigration | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 207.162.93.3)

© Musée de l?histoire de l?immigration | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 207.162.93.3)

Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/revue-hommes-et-migrations-2022-1-page-230.htm

Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner...


Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Distribution électronique Cairn.info pour Musée de l’histoire de l’immigration.


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le
cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque
forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est
précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Hommes & migrations
Revue française de référence sur les dynamiques
migratoires 
1336 | 2022
Place aux jeunes !

Caroline Dawson, Là où je me terre


Montréal, Éditions du Remue-ménage, 2021, 208 p., 17 €.

Victor Piché

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/hommesmigrations/13839
DOI : 10.4000/hommesmigrations.13839
ISSN : 2262-3353

Éditeur
Musée national de l'histoire de l'immigration

Édition imprimée
Date de publication : 1 janvier 2022
Pagination : 230
ISBN : 978-2-919040-60-5
ISSN : 1142-852X
 

Référence électronique
© Musée de l?histoire de l?immigration | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 207.162.93.3)

© Musée de l?histoire de l?immigration | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 207.162.93.3)


Victor Piché, « Caroline Dawson, Là où je me terre », Hommes & migrations [En ligne], 1336 | 2022, mis
en ligne le 01 janvier 2022, consulté le 26 mai 2022. URL : http://journals.openedition.org/
hommesmigrations/13839  ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.13839

Tous droits réservés


230

par d’autres femmes, immigrantes


comme ma mère ».
C’est dans ce contexte qu’elle
renie en quelque sorte sa mère :
« Stupidement, au début de
l’adolescence, je me suis construite
contre elle, contre ce qui la
constituait, pensant que c’était bas,
ordinaire ; méprisant sa culture,
dédaignant ses lectures. Je ne me
rendais pas compte que c’était
justement parce qu’elle m’avait tant
élevée que je pouvais maintenant la
regarder de haut. »
Pour réussir sa propre intégration
à l’école, elle comprit rapidement
qu’elle devait se fondre dans la
masse : « Je ne pourrais jamais être
l’univers d’une enfant forcée de
caméléon pour leur ressembler
suivre ses parents et d’être témoin
physiquement ; c’est ma
de leur vie dévaluée. Comme
personnalité qui a été étouffée. J’ai
beaucoup d’enfants ayant dû quitter
décidé à huit ans d’éviter de sortir
leur pays, l’auteure a subi le
du lot. » Son livre nous fait pénétrer
traumatisme du départ : « Je me suis
dans l’univers de l’école où elle
arrachée à mon passé en même
subissait le racisme au quotidien.
temps qu’on me déracinait. »
Au cégep (collège d’enseignement
Caroline Dawson, sociologue et
général et professionnel), elle a pris
professeure, est arrivée à Montréal
conscience des différences de
en 1986 avec ses parents fuyant le
classes : « Il était pourtant clair que
Chili pour échapper à la dictature
© Musée de l?histoire de l?immigration | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 207.162.93.3)

© Musée de l?histoire de l?immigration | Téléchargé le 23/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 207.162.93.3)


je n’étais pas des leurs. J’avais beau
meurtrière. Au moment de
fréquenter l’un d’eux, circuler dans
demander l’asile politique à la
leur cercle des heures durant, parler
douane canadienne, ils furent
la même langue, tout me ramenait
confrontés à un douanier sceptique
constamment à ces espaces qui
: « Nous nous sommes retrouvés
nous séparaient » Mais, malgré tout,
devant un homme antipathique en
la résilience : « Élève exemplaire,
uniforme qui est resté de glace
hautes aspirations, tenue
devant nous. » Précisons qu’au
irréprochable, vocabulaire riche,
Canada, les années 1980 sont
sens du collectif. À force d’avoir
caractérisées par de nouvelles
l’appartenance comme seule
politiques plus restrictives mises en
obsession, j’étais devenue une
œuvre par le gouvernement de
immigrante exemplaire. » Comme
Brian Mulroney et bien accueillies
plusieurs groupes immigrants, les
par le Québec de Robert Bourassa.
parents voulaient un meilleur avenir
« Nous venions à peine de quitter la
pour leurs enfants, « … et ça passait
dictature qu’on nous enfermait en
nécessairement par un détachement
nous interdisant de sortir en dehors
de nos racines… ». À la dernière
du périmètre de l’hôtel. »
phrase du livre, elle se demande à
Elle souffrit beaucoup, petite fille,
quel moment elle cessa de voir des
de voir ses parents travailler dans
montagnes dans sa tête : « Je me
des conditions pénibles et
rends compte que c’est l’amour de
Là où je me terre humiliantes. Sa mère, qui était
ma mère qui a déplacé les
Caroline Dawson, Montréal, éducatrice en service de garde au
montagnes, et pas n’importe
Éditions du Remue-ménage, Chili, se retrouve à faire des
lesquelles, toute la cordillère. » "
2021, 208 p., 17 €. ménages. Selon Dawson, le
féminisme aura libéré « les femmes Victor Piché
Le roman de Caroline Dawson, Là où blanches d’une partie des travaux
je me terre, offre d’entrer dans domestiques pour les faire exécuter

Vous aimerez peut-être aussi