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FÉVRIER 2023

BAISSER LES
IMPÔTS ET
ÉLARGIR
Mouhieddine Afdel
L'ASSIETTE
Étudiant en Audit à l'ISCAE
Casablanca
FISCALE

Cas des produits imposables à


l'IS au Maroc
En 2019, un article apparu sur le journal lesEco, a traité le
problème de la pression fiscale est la voie de réforme
adéquate à adopter. Cet article a nuancé un projet de
réaménagement de l'IS et l'IR sur l'horizon de 5 ans. Les
axes principaux de ce projet sont la simplification du code
général des impôts pour éviter les problèmes
d'interprétation qui nourrissent les contentieux, la
suppression de la cotisation minimale pour remédier à
l'injustice fiscale des sociétés déficitaires qui s'acquittent
d'un impôt même sans avoir réalisées un bénéfice et
ajuster les taux d'imposition à l'impôt sur les sociétés pour
s'aligner avec les normes de l'OCDE.
Le Maroc est un champion de la pression fiscale, les
recettes fiscales représentent plus de 28% du PIB, un taux
qui dépasse largement les chiffres officiels pour publiés
par la direction des impôts qui ramène la pression fiscale à
un taux de 20.6% (2022).
L'impôt sur les sociétés est calculé sur la base d'un résultat
fiscal obtenu sur la base d'un résultat comptable corrigé
par des normes fiscales. Ces derniers sont instaurés par la
direction des impôts afin de maîtriser la liberté fiscale des
entreprises. Le principe de la non immixtion empêche
l'administration fiscale d'exprimer un avis sur la gestion de
l'entité mais elle dispose du droit de contrôle qu'elle exerce
dans des conditions spécifiques.
Le résultat fiscal est égal au résultat comptable rectifié
conformément aux dispositions légales régissant l'impôt
sur les sociétés.
RF = RC +/- corrections fiscales

Le résultat comptable se calcule sur l'excédent des


produits sur les charges de l'exercice. Ce résultat
représente un solde de gestion qui signifie la part de la
richesse à distribuer sur les différentes parties prenantes
de l'entreprise. La partie qui nous intéresse est celle
transférée à l'État sous forme d'IS, un impôt appliqué aux
entreprises résidentes ou étrangères. L'impôt sur les
sociétés est un impôt transversal parce qu'il s'applique sur
les sociétés pour la part du bénéfice réalisé sous le
territoire de ladit pays.
La technique fiscale détermine la manière du calcul de la
base imposable de l'IS selon un tableau de corrections
fiscales. Ce tableau se divise en trois colonnes, la première
inclut le compte a traité et la mesure d'ajustement (Le taux
maximal à tolérer et la mesure dictée par le Fisc), la
deuxième colonne inclut les réintégrations à faire, c'est à
dire les éléments de charges qui sont prises en compte
dans le calcul du résultat fiscal et qui ne sont pas
déductibles selon les dispositifs de l'administration fiscale
(Économie fiscale retraitée), la dernière colonne inclut les
déductions, des éléments de produits qui sont à retrancher
de la base imposable pour éliminer le risque de la double
imposition ou bien pour élargir la charge fiscale (Mesures
incitatives, cas des dividendes perçus).
Le tableau des corrections se présente comme suit :
L'assiette fiscale est elle-même le résultat fiscal qu'on vient
de déterminer. La correction des éléments comptables se
base sur un référentiel fiscal.
Le premier élément à apprécier est le chiffre d'affaires de
l'entreprise, il est le résultat de sa politique commerciale,
du coup il figure dans les produits d'exploitation. Le chiffre
d'affaires comprend les recettes et les créances de
l'entreprise qui constituent la richesse interne créée, la
condition d'imposition de ce gain est son caractère
livrable,c'est-à-dire dès que le produit ou le service de
l'entreprise a été livré au client, sa taxation est définitive.
Les autres produits d'exploitation enregistrés dans la
classe 7 du plan comptable sont considérés comme
imposables. L'enjeu de la réforme de l'assiette fiscale peut
être traduit par l'intégration de plusieurs produits exonérés
dans le champ d'application dudit impôt. La loi fiscale de
2023 a prévu la réduction de l'exonération des sociétés
ayant le statut CFC à la limite de 60 mois, comme elle a
prévu l'élimination de l'exonération temporaire (5ans)
accordée aux sociétés installées dans les zones
d'accélération industrielle pour les établissements de
crédit, les sociétés de construction et les entreprises du
secteur assurance.
Généralement l'appréciation des produits d'exploitation ne
pose aucun problème pour l'administration fiscale vu qu'il
n'y a pas de seuil limite, la hausse des produits joue en
faveur de l'autorité parce qu'elle perçoit plus d'impôt, mais
le risque éclatant c'est la sous-déclaration des revenus par
les contribuables (Évitement fiscal).
Les associations sont des groupements de personnes
volontaires réunies autour d'un objectif commun à but non
lucratif. Ces établissements ne cherchent pas à réaliser des
bénéfices mais ils sont dans l'obligation d'autofinancer
leurs activités, la loi fiscale marocaine accorde
l'exonération totale de ces organismes mais elle impose les
établissements de ventes ou de services appartenant aux
associations précitées. L'imposition des établissements
commerciaux affiliés à des organismes à but non lucratif a
pour but de préserver l'objet social.
Les produits financiers sont constitués généralement des
rémunérations fixes ou variables perçues sur des
placements mobiliers. L'observation fiscale des produits
financiers s'accentue autour de trois produits principaux.
En premier lieu on trouve les intérêts de prêts et produits
assimilés, se sont des rémunérations périodiques obtenues
sur un compte bloqué ou sur une valeur mobilière, ces
revenus sont imposés par voie de retenue à la source à un
taux de 20% chez les sociétés. Cette retenue à la source
(TPPRF) est non libératoire, ce qui fait que la somme
prélevée sera introduite dans le calcul du résultat fiscal afin
d'augmenter la base imposable. Une traduction en chiffres
sera plus illustrative ; Un prêt de 100 accordé à un tiers à
un taux de 5%. Le prêteur reçoit périodiquement une
annuité d'intérêt de 5 , le capital est remboursé en mode
infine. Sur le montant de 5, le prêteur paye une taxe de 1
(20%) et il ne reçoit dans son propre compte que 4 . Au
niveau du calcul de son résultat imposable de fin d'année,
l'administration fiscale lui dit :" Bon voilà, tu as payé les 20%
mais tu réintègres la somme payée dans ton résultat
comme un crédit d'impôt que tu vas retrancher de ton
impôt dû".
Le deuxième champ des produits financiers est celui des
produits de participation, c'est à dire la rémunération des
détenteurs de capital social des entreprises émettrices. La
société dans sa durée de vie est conçue pour réaliser un
profit et pour maximiser la richesse des actionnaires. Le
bénéfice réalisé sera rapatrié sur les différentes parties
prenantes, la politique de distribution détermine la portion
du résultat à consacrer pour rémunérer les fonds propres,
les titres détenus donnent le droit aux dividendes, l'intitulé
juridique de ces rémunérations. La loi fiscale marocaine
impose ces produits variables (selon l'AGO) avec un taux
de 15% , qui va converger par la suite à un taux de 10%
vers l'horizon de 2026. Cette taxe empêche la double
imposition des revenus vu que l'administration fiscale
accorde un abattement de 100% chez les bénéficiaires.
Cette mesure incitative évite la double imposition des
dividendes à condition que le bénéficiaire dispose d'une
attestation de détention desdits titres.
La base imposable des revenus mobiliers est le produit
brut constaté chez la société émettrice. Les OPCI, un
véhicule d'investissement en immobilier (Location des
immeubles) ne bénéficie pas de la même disposition
précitée, l'abattement fiscal sur les dividendes est ramené
à 40%, ce qui laisse une partie de 60% soumise à la double
imposition. La majorité des revenus exonérés sont des
éléments relatifs aux organismes de placements mobiliers
(OPCVM) qui bénéficient d'une fiscalité assez favorable, ce
qui réduit la marge de manœuvre fiscale pour les autres
types de sociétés.
Le compte "Produits nets sur cession des titres et val.de
placement" enregistre le prix de cession encaissé sur la
cession des titres volatiles. Les normes de la gestion de
trésorerie précisent que l'excès des disponibilités non
utilisées engendre un coût d'opportunité à l'entreprise, ce
qui fait qu' une politique de placement doit être mise en
place pour renforcer la performance financière des
sociétés.
L'entreprise entre dans le marché secondaire avec un
objectif spéculatif, l'achat et la vente des titres à court
terme afin de réaliser une plus-value et de mobiliser
l'excédent de trésorerie. Le prix de cession n'est que le
facteur positif de l'équation, le facteur négatif est le coût
d'achat qui figure dans la classe des charges qu'on traitera
par la suite. Le prix de cession est diminué par des frais de
cession relatifs à l'opération de vente, l'administration
fiscale accorde un seuil d'exonération de 30000 DH sur ce
prix pour les personnes physiques mais pour les sociétés
imposables à l'IS aucun seuil n'est appliqué (Régime de
droit commun). La gestion fiscale des entreprises favorise
l'option du scénario de cession le moins coûteux
fiscalement, tandis que l'administration fiscale encadre ces
opérations et vérifie la concordance entre le prix de
cession et la valeur réelle des titres.
Le décès d'une entreprise est au moment de sa liquidation.
"Boni de liquidation" est une expression par laquelle on
désigne les sommes que se partagent les associés d'une
société dissoute, après que les actifs aient été réalisés, que
les créanciers et le personnel aient été payés et que les
apports aient été repris (Serge Braudo), ces produits sont
imposés à la TPA de 15% similaire aux dividendes.
Si les conditions d'entrée au marché boursier sont élargies,
les entreprises tendent à investir de plus en plus dans des
valeurs mobilières pour réaliser une plus-value, ce qui
signifie plus d'impôt à collecter.
L'administration fiscale impose la distribution des réserves
de capital et la distribution des actions gratuitement.
L'autorité ne reconnaît pas le caractère "Gratuit" des
opérations. L'administration fiscale ne tolère pas le
manque à gagner fiscal.

Le troisième champ est celui des gains de change obtenus


sur les opérations libellées en devises. Ces produits ne
sont comptabilisés que lorsque le gain est réalisé, le
traitement fiscal dicte la réintégration de ces produits mais
à condition d'être déductible du résultat fiscal en N+1. La
règle fiscale impose les escomptes obtenus par les
fournisseurs pour encourager le paiement précompté des
factures. Les reprises sur les provisions sont des produits
non encaissables mais elles rentrent dans la base
imposable, elles sont comptabilisées pour ajuster les
provisions sur les pertes probables. Ces reprises ne sont
imposables que lorsque les conditions de déduction des
provisions sont vérifiées, l'option d'imposition est dérivée
de la déductibilité des dotations initiales déductibles
destinées à faire face à une perte et à réaliser une
économie d'impôt.
Les produits non courants, comme leur intitulé l'indique,
sont des gains obtenus à la suite à la réalisation de
certaines opérations à caractère non répétitif. La partie
majeure de cette rubrique est celle des produits de cession
des immobilisations. Le prix de cession comptabilisé est la
valeur de l'élément majorée par un surplus de cession, les
immobilisations intangibles sont les plus difficiles à
évaluer. Le fonds de commerce par exemple est un
élément mixte, il comprend des biens tangibles et
intangibles.Afin que la cession du fonds de commerce soit
validée, il est indispensable de l’enregistrer. En effet la loi
impose d’enregistrer tout acte portant transmission de
propriété, qu’il porte sur un bien immobilier, un fonds de
commerce, un bail … . Les actes de cession sont soumis
aux droits d'enregistrement, la formalité de signature peut
être trop coûteuse pour l'entreprise et très profitable pour
l'administration fiscale. Pour cela le prix de cession doit
être formalisé d'une manière à distinguer le prix de cession
de chaque élément. La hausse des prix de cession
augmente proportionnellement les droits recouvrés par la
DGI.
La cession des immobilisations corporelles et financières
(TP) ne pose pas de grand problème lors de l'évaluation.
Les biens tangibles (corporels) sont exprimés par leurs
valeurs nets d'amortissements (VNC), la différence entre le
prix de cession et de la valeur comptable est une plus-
value de cession qui bénéficie d'un abattement de 70%
lorsque le cessionnaire engage de réinvestir le surplus
constaté. Les titres de participation ordinaires cédés
peuvent voir une valeur comptable par la méthode CMUP,
au contraire des titres privilégiés qui ont besoin de modèle
quantitatif adapté à leurs spécificités (Titres avec bons de
souscription ou avec droit préférentiel aux dividendes).
L'administration fiscale a intérêt que le prix de cession
dépasse largement le coût d'achat dudit titre,
l'administration exige un seuil maximal pour les frais
d'achat et ceux du vente pour augmenter la base
imposable et réduire l'écart fiscal.
L'imposition des subventions suit une logique de
compensation, l'approche fonctionnelle de l'entreprise
insère ces éléments comme une partie du chiffre d'affaires
encaissé. Une partie de la richesse additionnelle créée par
l'entreprise doit être transférée à l'État sous forme d'impôt
sur les sociétés.
Les autres produits non courants sont constitués
généralement de produits reçus sur des opérations
exceptionnelles, les dons et les pénalités perçus sont
imposables sans limite tandis que les dégrèvement
d'impôts sont conditionnés par la déductibilité de l'impôt
constaté en départ. Les éléments reçus à titre aide sont
imposables au même niveau que les éléments lucratifs, le
caractère libéral n'est pas considéré comme condition
d'obtention d'un abattement fiscal.

Les mesures fiscales introduites par la loi de finances 2023


a visé une réforme totalitaitre des taux d'imposition. Des
mesures qui favorisent l'investissement et allègent la
pression fiscale sur les investissements pour leurs revenus
variables, mais la base imposable reste la même. Le
secteur agricole est un secteur défiscalisé, l'intégration de
certains produits et la diminution du seuil d'exonération
(5MMDH) peut être une voie de réforme plus efficiente
puisqu'elle vise le secteur informel, elle diminue le risque
de la sous déclaration de certains revenus qui ne figurent
pas clairement dans un texte de loi et elle réduit d'une
manière assez significative le Gap fiscal.

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