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THEME I

LA DETERMINATION DU RESULTAT FISCAL ET DE L’IMPOT

La fiscalité est une discipline à la remorque de la comptabilité. Tout au long de l’exercice,


l’enregistrement des opérations s’effectue dans le respect des règles comptables et débouche
en fin d’exercice sur l’établissement du résultat fiscal avant impôt.

I. LA DETERMINATION DU BENEFICE NET IMPOSABLE

Le bénéfice imposable correspond aux termes de l’article 8 du CGI au bénéfice net déterminé
d'après le résultat d'ensemble des opérations de toute nature effectuées par les sociétés et
personnes morales, y compris notamment les cessions d'éléments quelconques de l'actif, soit
en fin d'exploitation, soit en cours d'exploitation.

Le même article dispose que le bénéfice net est constitué par la différence entre les valeurs de
l'actif net à la clôture et à l'ouverture de la période dont les résultats doivent servir de base à
l'impôt, diminuée des suppléments d'apport et augmentée des prélèvements effectués au cours
de cette même période par l’exploitant ou les associés.

L'actif net s'entend de l'excédent des valeurs d'actif sur le total formé au passif par les
créances des tiers, les amortissements et les provisions justifiées.

A. La détermination du résultat fiscal

Après avoir établi le résultat comptable, le mécanisme des déductions et des réintégrations
permet de déterminer le résultat fiscal. La mise en œuvre de ces procédés résulte du fait que la
logique comptable diffère sur certains aspects de celle de la fiscalité.

Deux séries de corrections permettent de passer du bénéfice comptable au résultat fiscal.

D’abord, les charges déduites comptablement mais en violation des dispositions de l’article 8
du CGI, sont réintégrées extra-comptablement pour les besoins de la détermination du résultat
fiscal.

Ensuite, les produits comptabilisés et répertoriés dans le compte de résultat mais étant
totalement ou partiellement exonérés d’impôt sur les sociétés sont déduits extra-
comptablement.

BENEFICE COMPTABLE
=
PRODUITS

CHARGES

RESULTAT FISCAL
=
BENEFICE COMPTABLE
+
REINTEGRATIONS EXTRACOMPTABLES

DEDUCTIONS EXTRACOMPTABLES

Les retraitements fiscaux n’entrainent pas d’enregistrements comptables. Ils sont


extracomptables et sont portés sur la déclaration de résultat. Le caractère bénéficiaire ou
déficitaire du résultat fiscal dépend en partie de ces réintégrations et de ces déductions.

B. La période d’imposition

Au sens de l’article 7 du CGI, l'impôt est établi chaque année sur les bénéfices réalisés
l’exercice précédent.Les contribuables sont tenus d’arrêter chaque année leurs comptes à la
date du 31 décembre, sauf en cas de cession ou de cessation d’activité en cours d’année.
Les contribuables qui créent leur entreprise postérieurement au 30 juin sont autorisés à arrêter
leur premier exercice comptable le 31 décembre de l’année suivante. L’impôt est néanmoins
établi sur les bénéfices réalisés au cours de la période allant du jour de la création de
l’entreprise au 31 décembre de la même année.
Ces bénéfices sont déterminés d’après les comptes intermédiaires arrêtés à la date du 31
décembre de l’année de création de l’entreprise. Ils viennent ensuite en déduction des résultats
du premier exercice comptable clos.
Lorsqu'il est dressé des bilans successifs au cours d'une même année, les résultats en sont
totalisés pour l'assiette de l'impôt dû au titre de ladite année.

C. Le lieu d’imposition

L'impôt sur les sociétés est établi au nom de chaque société pour l'ensemble de ses activités
imposables au Sénégal, au siège social ou, à défaut, au lieu du principal établissement (Article
35 du CGI).
Les sociétés et autres personnes morales dont le siège social est fixé hors du Sénégal sont
assujetties à l'impôt au lieu de leur principal établissement au Sénégal, d'après les résultats des
opérations qu'elles y ont réalisées.
Les sociétés qui ont en fait pour unique objet la construction ou l'acquisition d'immeubles ou
de groupes d'immeubles en vue de leur division par fractions destinées à être attribuées aux
associés en propriété ou en jouissance sont réputées, quel que soit leur forme juridique, ne pas
avoir de personnalité distincte de celle de leurs membres, pour l'application de l'impôt.

II. LE TRAITEMENT DU RESULTAT FISCAL

A. Le traitement fiscal du résultat déficitaire

D’un point de vue comptable, le principe du rattachement des charges et des produits à
l’exercice auquel ils se rapportent s’oppose à l’imputation des déficits antérieurs sur les
résultats d’un autre exercice. La fiscalité prend le contrepied de cette position en considérant
de déficit comme une charge à imputer du résultat de l’exercice au cours duquel il est imputé
dans une perspective de continuité de l’exploitation (Article 16 du CGI). Par ailleurs, du point
de vue comptable, le déficit d’un exercice impacte les capitaux propres puisqu’il est inscrit
dans les reports à nouveau débiteurs ou imputé sur les réserves ou sur le capital.

Les déficits des exercices antérieurs sont pris en compte dans la détermination du résultat
fiscal.

1. Les amortissements réputés différés

Lorsque la détermination du résultat fiscal aboutit à une situation déficitaire, il convient


d’apprécier l’impact de la comptabilisation des amortissements sur la constitution dudit
déficit. Ces amortissements comptabilisés sont réintégrés au résultat fiscal. La part du déficit
qui n’a pas été résorbée par la réintégration des amortissements, est constitutive d’un déficit
ordinaire. Les amortissements constitués au cours d’un exercice déficitaire sont alors appelés
amortissements réputés différés. Ils sont reportés de façon indéfinie sur les bénéfices des
exercices ultérieurs de l’entreprise qui les a constitués.

2. La gestion des déficits antérieurs


a. Les amortissements réputés différés

Les déficits ordinaires ne peuvent être reportés dans les exercices ultérieurs que dans une
limite de trois ans à compter de l’exercice déficitaire. A l’expiration du délai de trois ans, les
déficits non imputés par l’entreprise sont définitivement perdus (Article 16 du CGI).
Toutefois, ces déficits ne sont pas comptabilisés. Ils sont donc extracomptables et doivent par
conséquent figurer dans les déclarations fiscales des trois exercices concernés. Le déficit
fiscal apuré par ponction dans les réserves ou dans le capital disparaît de la déclaration fiscale
et n’aura plus d’incidence sur le déficit qui lui survit.
En présence de déficits antérieurs d’âge différents, l’apurement est fait déficit par déficit selon
la méthode du PEPS.

b. L’imputation des amortissements réputés différés

Le caractère bénéficiaire de l’exercice s’apprécie par référence au bénéfice comptable


augmenté des réintégrations extracomptables et diminué des déductions extra comptables.
Lorsque ces retraitements aboutissent à un bénéfice, les déficits ordinaires des trois derniers
exercices antérieurs peuvent être apurés jusqu’à épuisement, puis l’entreprise peut faire valoir
ses amortissements réputés différés constitués en période déficitaire.

Ces instruments qui peuvent être utilisés jusqu’à engloutissement de la totalité du bénéfice,
peuvent conduire l’entreprise à éviter de payer l’impôt sur le bénéfice et payer juste l’impôt
minimum forfaitaire (IMF).

B. L’imposition du résultat

L’imposition du bénéfice est établie à partir de la déclaration de l’entreprise. Le règlement de


cette dette fiscale s’effectue selon des modalités particulières. L’absence de bénéfice
imposable dispense le contribuable du paiement de l’impôt sur les sociétés mais le rend
redevable de l’impôt minimum forfaitaire.
1. Les obligations déclaratives à l’impôt sur les sociétés

L’impôt sur les sociétés est un impôt annuel calculé à partir de l’ensemble du bénéfice réalisé
par les entreprises visées par l’article 4 du CGI. La déclaration d’impôt sur les sociétés doit
être faite au plus tard le 30 avril de chaque année et concerne les bénéfices de l’année
précédente ou des douze mois précédents lorsque l’exercice ne coïncide pas avec l’année
civile. S’il arrive que l’exercice dure plus de douze mois, l’impôt est établi sur les bénéfices
de cet exercice.

Il en est ainsi des entreprises créées au cours du second semestre de l’année, le résultat
imposable doit être établi depuis le commencement jusqu’au 31 décembre de l’année suivant
celle de la création.

La déclaration des résultats doit être déposée au bureau des formalités du Centre des Services
fiscaux auquel le déclarant est rattaché. Un formulaire de déclaration portant un code
alphanumérique unique est généré pour chaque déclaration du bénéfice d’une entreprise
enregistrée au fisc, à partir du système d’information de l’administration fiscale.

La déclaration doit être remplie par le contribuable et retournée au bureau des formalités du
Centre des Services Fiscaux compétent avec cinq exemplaires des états financiers composés
de :

 Bilan,
 Compte de résultat,
 Etat annexé,
 Tableau Financier des Ressources et des Emplois,
 Etat supplémentaire.

NB : Les documents à déposer sont fonction du cadre comptable de la comptabilité de


l’entreprise.

Les entreprise soumises au régime du réel normal (chiffre d’affaires supérieur à 100.000.000
frs) sont tenues de fournir l’ensemble des documents comptables, les entreprises soumises au
régime du réel simplifié (chiffre d’affaires compris entre 50.000.000 et 100.000.000 frs) ne
sont tenues de fournir que le bilan, le compte de résultat et l’état annexé alors que les
entreprises dont le chiffre d’affaires n’excède pas 50.000.000 frs sont soumises au système
minimal de trésorerie.
La déclaration d’impôt est d’abord, analysée et le montant de l’impôt liquidé par les services
de l’assiette, ensuite un avertissement (avis d’imposition) est envoyé au contribuable. Les
entreprises relevant du Centre des Grandes Entreprises (CGE) sont tenues de procéder par
télédéclaration.

2. Les modalités de paiement de l’impôt sur les sociétés


a. Les taux d’impôt sur les sociétés

Le taux de l’impôt sur les sociétés est fixé à 30 % du bénéfice imposable. Toute fraction du
bénéfice imposable inférieure à mille francs est négligée (Article 36 du CGI). Au sens de
l’article 249 du CGI, le taux d’imposition effectif est de 15% pour les entreprises franches
d’exportation justifiant d’un agrément à cet effet, de l’exportation effective de 80% au moins
de la production et du rapatriement effectif des devises correspondant. Toutefois, les
entreprises ne pouvant pas disposer d’un agrément mais établissant l’exportation de 80% de la
production, bénéficient d’une déduction de 50% de leur bénéfice imposable. Le cas échéant, l
´impôt sur les sociétés est calculé sur un taux de 30%.

b. Les modalités de paiement de l’impôt sur les sociétés

Le paiement de l’impôt sur les sociétés fait l’objet d’un règlement par acomptes
provisionnels. L’impôt étant annuel, celui ci concerne l’exercice N-1 est payé au cours de
l’exercice N.

Le système des acomptes provisionnels permet à l’état et aux entreprises de disposer de


trésorerie. Le montant des acomptes provisionnels est déterminé en fonction du dernier impôt
sur les sociétés.

Premier acompte :

Il est versé dans les quinze premiers jours du mois de février de l’année au cours de laquelle
la déclaration d’impôt sur les sociétés doit être faite. Il ne peut être inférieur au montant de
l’impôt minimum forfaitaire sur les sociétés (500.000 frs). Les entreprises exonérées d’impôt
minimum forfaitaire inférieur à 500.000 frs.

Deuxième acompte :

Il est payé au plus tard le 30 avril de l’année d’imposition. Chaque acompte doit être égale au
tiers de l’impôt dû au titre de l’année précédente peu importe que le premier soit supérieur ou
inférieur à l’impôt minimum forfaitaire.

Troisième acompte :

Lorsqu’à la suite du premier acompte, l’entreprise estime, au regard des tendances, que le
cumul des versements est égale ou supérieur au montant de l’impôt dont l’entreprise sera
redevable, elle pourra être dispensé du second acompte par demande adressée avant le 30 avril
au chef du service de recouvrement compétent.

Les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés ont l’obligation de déclarer leur résultat au
plus tard au 30 avril, date à partir de laquelle le bénéfice peut être déterminé avec précision.
Le montant exact de l’impôt sur les sociétés exigibles est calculé et permet la déduction des
acomptes provisionnels préalablement versés. C’est le solde qui devient exigible au plus tard
le 15 juin.

Le paiement des deux acomptes et du solde de l’impôt sur les sociétés s’effectue en principe à
partir d’un avis nominatif dont l’absence n’exonère pas l’entreprise du règlement de sa dette
fiscale.

3. Le champ d’application et le calcul de l’impôt minimum forfaitaire

L’impôt minimum forfaitaire est un impôt qui frappe les sociétés assujetties à l’impôt sur les
sociétés réalisant un résultat déficitaire ou ne permettant pas de dégager un montant d’impôt
sur les sociétés inférieur ou égale au montant de l’impôt minimum forfaitaire qui est de
500.000 frs. Le montant de l’IMF est déterminé en appliquant le taux de 0,5% au chiffre
d’affaires hors taxes de l’année précédent l’année d’imposition. Son montant ne peut ni être
inférieur à 500.000 frs ni être supérieur à 5.000.000 frs.
Certaines sociétés peuvent être exonérées de l’IMF. IL s’agit :

 Sociétés nouvelles dont le premier bilan ne couvre pas douze mois,


 Sociétés d’édition, d’impression ou de vente de périodiques,
 Sociétés ayant cessé toute activité professionnelle avant le 1 janvier et non imposable
à la contribution des patentes,
 Titulaires de permis d’exploitation de concessions minières ou pétrolières pendant une
période de trois ans à compter de la délivrance du titre d’expoitation.

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