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Séance 4 : Acte II, scène 4 : Les différents procédés du comique

Lisez la suite de la pièce : les scènes 1 à 3 de l’Acte II

à Répondez aux questions :


Sur la scène 1 :
1. Dans la scène 1, qu’annoncent Valère et Lucas à Géronte ? Ils lui annoncent qu’ils lui
ont trouvé « le plus grand médecin du monde », mais qu’il se comporte comme un fou
qui a « quelque petit coup de hache à la tête » : cela prépare le quiproquo de la scène
4, où Géronte croit vraiment que Sganarelle est médecin, même s’il se comporte
bizarrement.
2. Jacqueline pense-t-elle qu’un médecin est la bonne solution pour guérir Lucinde ?
Non : elle conseille à Géronte de la laisser épouser Léandre, ce qui suggère au
spectateur que Lucinde n’est pas vraiment malade, mais fait semblant de l’être pour
pouvoir se marier avec l’homme qu’elle aime, et non épouser celui que lui destine son
père.
3. Pourquoi Géronte ne veut pas que Léandre épouse sa fille ? Parce qu’il n’est pas assez
riche.
Sur la scène 2 :
Dans la scène 2, quelle excuse trouve Sganarelle pour frapper Géronte ? Pourquoi cela fait-il
rire le spectateur ? Sganarelle est « devenu médecin » pour que Valère et Lucas arrêtent de le
frapper : il prétend frapper à son tour Géronte pour lui apprendre la médecine. Cela fait rire le
spectateur, d’une part, en raison du comique de gestes (les coups de bâtons), et d’autre part,
parce que cela lui rappelle la scène de l’acte I où Sganarelle se fait battre (comique de
répétition). C’est aussi une manière pour Molière de se moquer des médecins de son temps :
n’importe qui peut jouer au médecin, selon lui, tant les médecins de son époque sont des
ignorants qui font semblant d’être savants.

B. Analyse textuelle

Lisez la scène 4, sur laquelle nous allons travailler en détail.

1. Au début de la scène, p. 5-6, quelles remarques montrent que Sganarelle n’est pas un
bon médecin ? Pourquoi ses questions et ses réponses sont-elles drôles ?
« Il ne faut pas qu’elle meure sans l’ordonnance du médecin » : selon Sganarelle, le rôle du
médecin n’est pas vraiment de guérir, mais simplement de dicter le comportement du patient !
Il n’a aucune compassion pour la malade : il répond « Tant mieux » ou « C’est fort bien fait »
quand Géronte lui explique qu’elle souffre. Ce décalage fait rire le spectateur, comme les
actions absurdes de Sganarelle pour poser un diagnostic : on ne devine pas que quelqu’un est
muet en lui prenant le pouls !
2. Observez ce que prononce Lucinde p. 5-6. S'agit-il vraiment de mots ? Comment
appelle-t-on cette figure de style ?
Ce ne sont pas des mots, mais des onomatopées : des interjections qui imitent des bruits (par
exemple « ouf », « badaboum », « le tic-tac du réveil »…).
3. Regardez la didascalie qui accompagne ses paroles. Qu'est-ce Lucinde cherche à faire
comprendre à Sganarelle ?
Elle cherche à lui faire comprendre qu’elle est muette.
4. Pourquoi le lecteur peut-il supposer que Lucinde fait semblant d’être malade ?
Sa maladie n’est pas très crédible : avec les commentaires de Jacqueline, et ses gestes, on se
doute qu’elle fait semblant d’être malade pour empêcher son père de la marier à un homme
qu’elle n’aime pas.
5. Aux lignes 325-350, Sganarelle vous paraît-il très convaincant ? Pourquoi cela fait-il
rire ?
Sganarelle n’est pas convaincant du tout : au lieu de donner de vraies explications, il enchaîne
les tautologies (= ne faire que répéter la même chose. Ex. : « Pourquoi n’avez vous pas la
même opinion ? Parce que lui c’est lui, et moi c’est moi », ou, de Molière, dans une autre
pièce, L’Avare : « Mais le mal que j'y trouve, c'est que votre père est votre père »). Ainsi, il
explique que si Lucinde est muette, c’est parce qu’elle « a perdu la parole » ! Pas besoin d’un
médecin pour comprendre cela, ce qui provoque le rire.
6. A votre avis, Sganarelle parle-t-il vraiment latin ?
Bien sûr que non : il accumule des expressions latines au hasard. En voici la traduction :
Cabricias, arci thuram, catalamus, = ces mots n’existent même pas en latin
singulariter, nominativo, hœc musa, la muse, bonus, bona, bonum. = au singulier, au
nominatif, cette muse, la muse, bon, bonne, bon (ce qu’on récite pour apprendre les
déclinaisons latines)
Deus sanctus, est-ne oratio latinas ? Etiam, oui. Quare ? pourquoi ? Quia substantivo, et
adjectivum, concordat in generi, numerum, et casus. = Dieu est saint, est-ce une phrase
latine ? Oui, oui. Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que le nom et l’adjectif s’accordent en genre,
en nombre et en cas.
Sganarelle ne fait que réciter de vagues souvenirs de grammaire latine !
7. Aux lignes 422-435, quelle remarque Géronte fait-il ? Se doute-t-il pour autant que
Sganarelle dit n’importe quoi ?
Géronte fait remarquer que Sganarelle s’est trompé sur l’emplacement du foie et du cœur.
Mais au lieu de penser qu’un homme qui ne sait même pas où se trouve le cœur ne peut pas
être médecin, il accepte la justification absurde de Sganarelle, qui lui explique que,
maintenant, la méthode des médecins est de penser que le cœur est à droite !
8. Quel remède Sganarelle propose-t-il pour Lucinde, et pourquoi ? A votre avis, cela
peut-il fonctionner ?
Il lui dit de manger du pain trempé dans du vin, parce que c’est ce qu’on donne aux
perroquets, qui arrivent à parler. Évidemment, c’est un raisonnement absurde, et le spectateur
se doute que ce qui guérira Lucinde, c’est que son père accepte qu’elle épouse l’homme
qu’elle aime.
9. Sganarelle devient médecin sans diplôme. Que critique Molière ?
Il critique le faux savoir des médecins : selon lui, ils font semblant d’être très savants, mais ne
guérissent rien, et n’importe quel idiot peut jouer au médecin aussi bien qu’eux.
10. Observez le comportement de Lucas et de Géronte. Quels sentiments le médecin
suscite-t-il chez eux ?
Il suscite une admiration sans faille : ils n’arrêtent pas de s’exclamer et de le complimenter.
C’est un moyen pour Molière de montrer que les médecins manipulent la population en se
faisant passer pour très savants, pour cacher leur ignorance.
11. Comment Molière montre-t-il clairement que les médecins ne connaissent pas grand-
chose du corps ?
La plaisanterie sur l’emplacement du foie et du cœur fait allusion au fait que les médecins ont
un savoir théorique, qu’ils ont lu les livres antiques de médecine, mais qu’ils connaissent très
peu le fonctionnement concret du corps des malades.
12. A la fin de la scène, que fait semblant de refuser Sganarelle ? En réalité, que veut-il
gagner ? Pourquoi cet effet est-il comique ?
Il fait semblant de vouloir refuser l’argent de Géronte tout en essayant de s’en saisir : c’est un
exemple de comique de gestes : les gestes de Sganarelle trahissent ce qu’il veut vraiment
(gagner de l’argent aux dépens de Géronte), contrairement à son discours.
13. Cherchez dans le dictionnaire le sens du mot « satire ». Est-ce une satire des médecins
qui est faite ici ?
La satire est un écrit dans lequel on critique quelque chose ou quelqu’un en s’en moquant. Ici,
Molière utilise le personnage ridicule de Sganarelle pour faire rire le spectateur et se moquer
des médecins qu’il parodie.

Synthèse

A vous de jouer ! Essayez de montrer que cette scène reprend tous les procédés comiques
que nous avons déjà vus :
Il y a un comique de situation, parce qu’il y a un quiproquo : Géronte prend Sganarelle
pour un médecin alors que c’est un personnage ignorant et ridicule.
Il y a un comique de gestes, parce que les gestes de Sganarelle à la fin de la scène
trahissent ce qu’il veut vraiment (gagner de l’argent aux dépens de Géronte),
contrairement à son discours.
Il y a un comique de mots, parce que la tautologie et le faux latin (comique de mots) de
Sganarelle montrent que le discours apparemment impressionnant des médecins est en fait
vide de sens.
Il y a un comique de caractère, parce que Géronte pense être un homme du monde et un
bon père de famille alors qu’il ne voit même pas que sa fille le trompe ; que Sganarelle
continue d’être arrogant et ridicule ; et que Molière, à travers lui, dénonce la cupidité
(=vouloir de l’argent) et l’hypocrisie des médecins.
Il y a un comique de répétition, à la fin de la scène, par exemple, quand Sganarelle
insiste beaucoup trop pour ne pas prendre l’argent (« Je ne suis pas un médecin
mercenaire », « L’intérêt ne me gouverne point », « Ce n’est pas l’argent qui me fait
agir », etc.) alors qu’il est évident que c’est tout ce qu’il veut.

En quelques lignes, expliquez comment, dans cette scène, Molière se moque des médecins
de son temps.
Molière utilise plusieurs procédés comiques pour critiquer les médecins en faisant rire le
spectateur : la tautologie et le faux latin (comique de mots) qui montrent que le discours
apparemment impressionnant des médecins est en fait vide de sens ; le comique de gestes de
Sganarelle qui dénonce l’appât du gain des médecins (ils veulent s’enrichir alors qu’ils ne
guérissent pas leurs patients), le comique de situation avec le quiproquo (Géronte prend
Sganarelle pour un médecin alors que c’est un personnage ignorant et ridicule)… Tout cela
montre que les médecins, au fond, ne valent pas tellement mieux que Sganarelle, puisqu’on
peut les confondre avec lui…

C. Vers la mise en scène (à reprendre en classe entière après le confinement)

1. Si vous deviez jouer cette scène, comment feriez-vous pour rendre drôles les
onomatopées et les gestes de Lucinde ?
2. Comment montrer que le « latin » de Sganarelle est un charabia complet ? Avec
quel ton de voix, quels gestes ?
3. A la fin de la scène, Sganarelle fait semblant de ne pas vouloir de l’argent de
Géronte, tout en voulant absolument le récupérer. Comment faire se déplacer les
personnages pour souligner le caractère comique de son hypocrisie ?

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