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Le régime matrimonial :
ses conséquences sur
la gestion du cabinet
médical
Patrice MARIE
La « séparation de biens »
Elle impose un contrat rédigé devant notaire. Chacun des deux époux garde la pleine
propriété de ses biens dont il peut jouir, donner ou vendre à sa convenance. Comme il
tire seul profit de ses biens, il est seul responsable de ses dettes. Bien évidemment,
chacun des époux doit, en fonction de ses moyens, subvenir aux besoins communs du
couple.
Ce type de contrat permet aisément les manipulations de patrimoine. Dans la mesure
où, pour tout achat après mariage, une facture définit le propriétaire, tous les éléments
du patrimoine ont un propriétaire bien défini : l’un ou l’autre des deux conjoints.
Mais ce type de contrat peut être source d’injustices. En effet, si le conjoint non
médecin n’a apporté qu’un maigre patrimoine, si de plus il se consacre exclusivement
et bénévolement à la bonne marche du cabinet... in fine, il ne possédera toujours que
son maigre patrimoine initial, avec toutes les conséquences en cas de divorce ou de
décès de l’autre.
En effet, schématiquement, tous les biens des époux dépendent de la communauté et,
en l’absence d’enfants d’un autre lit, la clause d’attribution est considérée, tant sur le
plan civil que fiscal, comme un « avantage matrimonial » avec exonération des droits
de succession lors du décès de l’un des époux.
Mais toute médaille a son revers : les enfants, qui n’hériteront qu’au décès du
survivant de leurs auteurs, auront perdu le bénéfice des abattements sur les droits de
succession du premier de leur parent décédé, et les droits dus au décès de leur dernier
parent seront donc beaucoup plus élevés... sauf si ceux-ci ont pris la précaution de
procéder à des donations dûment enregistrées, chaque décennie leur vie durant, à
chacun de leurs enfants, dans la limite de leurs moyens et des possibilités
d’abattements fiscaux (actuellement 45750 € par parent à chaque enfant).
Un changement de contrat matrimonial est toujours possible, en cours de mariage,
pour un couple qui souhaite un nouveau contrat qui lui paraisse mieux adapté.
Il faut être marié depuis au moins deux ans pleins (même délai entre deux
changements). Le changement de régime est établi par un acte notarié. Les frais
notariaux sont d’environ 450 € actuellement, mais ces frais peuvent s’avérer bien
supérieurs si les époux ont des biens immobiliers pour lesquels le changement de
contrat va induire un changement d’affectation qui nécessitera une publication aux
Hypothèques.
Une expédition de ce contrat est remise à un avocat (coût : environ 750 €) qui se
chargera de demander l’homologation au Tribunal de Grande Instance du domicile des
parties. Le Tribunal statue en fonction de l’intérêt de la famille et d’éventuels
intéressés. En pratique, il n’est pas obligé d’accepter la demande mais l’accorde le
plus souvent s’il a obtenu l’aval des enfants qui pourraient être lésés (changement en
communauté universelle avec clause d’attribution au dernier survivant) ou si le
changement ne lèse ni les enfants, ni les créanciers actuels des époux (changement en
séparation de biens).
Ce n’est qu’après homologation par le Tribunal que le nouveau contrat prend effet et
que, le cas échéant, il y a lieu de faire publier aux Hypothèques l’acte de changement
d’affectation des biens immobiliers.
Références
Maury J. Successions et libéralités. Editions Litec 1999
Les echo.fr
http://www.lesechos.fr/patrimoine/guide/TRA54.html