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Dr A GOURI,

Laboratoire de Biochimie Médicale, CHU Annaba.


www.biochmed.blogspot.com
OBJECTIFS
1. Identifier les examens de routine et spécifiques
d’exploration rénale

2. Connaître les examens de routine et spécifiques pour


l’exploration d’une protéinurie
PLAN
I. INTRODUCTION

II. RAPPELS

III. EXPLORATION FONCTIONNELLE RENALE

III. PATHOLOGIES RENALES

A. Insuffisances rénale aigue

B. Insuffisances rénale chronique

IV. EXPLORATION D’UNE PROTEINURIE


LES FONCTIONS RENALES
1 Régulation l’équilibre acido-basique et hydro électrolytique

2 Elimination des déchets : produits du métabolisme + substances exogène.

3 Fonction endocrine :
• Erythropoïétine (Globules rouges),
• Rénine (régulation de la PA),
• 1-25 dihydroxy-cholécalciférol (Vitamine D active) ,
• Prostaglandines (effet vasodilatateur et hypotenseur),
• IGFI ( insulin grouth factor I)
• Kallikréine (inflammation)

4 Fonction métabolique : néoglucogenèse ( 20  en cas de jeun, formation


de l’urine )
1. Examens d’exploration de la filtration
glomérulaire
1. Méthodes de référence (DFG)

2. Examens de routine (urée, créatinine)

3. Formules d’estimation du DFG

4. Autres marqueurs d’insuffisance rénale


1. Méthodes de référence

• Débit de filtration glomérulaire (DFG) = volume


sanguin épuré d’une substance / unité de temps ;

• DFG «normal» = 120 ± 20 ml/min/1,73 m2;

• Meilleur marqueur quantitatif de la fonction rénale ;

• Corrélé à la quantité de néphrons fonctionnels.


1. Méthodes de référence

• Le DFG est mesuré à l'aide de substances :

 librement filtrées (faible PM, non liée aux Prˉ),

 ni métabolisées,

 ni sécrétées par les tubules du néphron

 non toxique.

• Exp : Inuline, produit de contraste iodé ou EDTA


marqué au 51 Cr. (couteuse, lourde)
2. Examens de routine

• Urée,

• Créatinine

• Acide urique
Urée (métabolisme)
• Produit final de dégradation des protéines (AA),
• Synthèse hépatique (cycle de l’urée),
• Elimination urinaire (90%),
• Réabsorption 50% => TCP de l’urée filtrée,
• Sécrétion => l’anse de Henlé.
Urée (métabolisme)
Sa concentration dépend de :
 Fonction rénale

 Diurèse ‘’état d’hydratation’’.

 Fonction hépatique

 Teneur en protéines du régime alimentaire (l’azotémie)


Urée (Dosage)
• Conditions de prélèvement:
− Sang total, plasma, sérum (urémie), urines (urée urinaire)
− Paramètre d’urgence
− Patient à jeun (en dehors de l’urgence)
− Tube sec ou hépariné
− Eviter le fluorure de sodium (Inhib. uréase)
− Urines: miction ou urines de 24h sur antiseptique.
(bactéries uréase +)
− Dilution des urines
Urée
• Valeurs usuelles:

 SANG: 0,1 à 0,55 g/L


2,5 et 7,5 mmol/L
Taux plus bas chez l’enfant et la femme enceinte !

 URINES: Adulte: 15 à 30 g/L 300 et 500 mmol/24 h


 Enfant: 4 à 20 g/L
Urémie

• Variations physiologiques de L’urémie


– plus ↓chez F que chez H
– ↓ chez les prématurés par défaut de maturité
hépatique
– à la naissance plus ↓ 40 % par rapport à l’adulte
– ↓pendant la grossesse (état d’hémodilution)
– ↑avec l’âge
– ↑avec l’alimentation riche en azote (viandes…)
Urémie

• Variations pathologiques : Augmentations


 Hyper-catabolisme azoté (septicémie,
hémorragie digestive, grand brûlé, corticoïdes…) :
insuffisance rénale fonctionnelle et d’une↑ de
l’urée urinaire
 Déshydratation extracellulaire
(hémoconcentration)
 Insuffisance rénale (IR) par défaut d’excrétion
rénale
Urémie

• Variations pathologiques : Diminutions


 Déficits congénitaux des Enz de l’uréogenèse
hépatique :++++ le déficit en OCT
ornithine-carbamyltransférase
 Hémodilution (hyperhydratation
extracellulaire)
 Insuffisance hépatique terminale
 Carences protéiques
 Carences nutritionnelles
 Malabsorptions digestives
Créatinine
• Produit de dégradation du phosphate de créatine dans
le muscle (substrat énergétique)

• La production de la créatinine est proportionnelle à la


masse musculaire

• Son élimination se fait exclusivement par le rein après


filtration glomérulaire totale sans subir une
quelconque réabsorption tubulaire. (sécrétion
négligeable)

• Sa valeur est le reflet du débit de la


filtration glomérulaire (DFG)
Créatinine
• Conditions de prélèvement:
Examen d’urgence
Patient à jeun (en dehors de l’urgence)
plasma sanguin hépariné ou le sérum (créatininémie)
À distance des repas et exercices physiques.
Eviter un jeune prolongé, formation de corps
cétoniques (interférence avec méthode de dosage)
Urines: recueille des urines des 24H ou sur miction
Dilution des urines
• Valeurs usuelles:
SANG: Homme : 8 à 13 mg/L
71 - 115 μmoles/L
Femme: 6 à 12 mg/L
53 -106 μmoles/L

Enfant : 0.15-0.4 g/l


2.5 à 6.6 mmol/l
URINES: 1 à 2 g/24H
10 - 18 mmoles/24
• Variations physiologiques :
– indépendante de l'alimentation
– ↑ Exercice physique (au repos)
• Variations pathologiques:
 Augmentations
– ↑ Créatinine sanguine =>affections rénales
Utilisée pour suivre les malades insuffisants rénaux et une
estimation du DFG.
 Diminutions : atteintes musculaires: les myopathies, fonte
musculaire.
Clearance de la créatinine
• Clearance de la créatinine (urines des 24 h)
• Clearance : coefficient d’épuration plasmatique =
volume de plasma épuré totalement de la créatinine /
unité de temps
Cl =UV/P
– U : concentration urinaire de la créatinine (mg/l, umol/l)
– P : concentration plasmatique de la créatinine (mg/l,
umol/l)
– V : Débit urinaire en ml / mn calculé à partir de la diurèse
des 24 h

• Cl corrigée = Cl mesurée x 1,73/surface calculée


3. Formule d’estimation du DFG
• Formule de Cockcfoft et Gault (CG) :

• Formule MDRD : (Modification of Diet in Renal Disease)


DFG = 186 x (créatinine (µmol/l) x 0,0113)-1,154 x âge-0,203

• Formule CKD-EPI : (Chronic Kidney Disease EPIdemiology


collaboration)
DFG = 141 x min(Scr/K,1)a x max(Scr/K,1)-1,209 x 0,993Age x 1,018 (si femme)
4. Autres marqueurs
 Cystatine C: Cys C
• Protéines synthétisée par toutes les cellules nucléées
• Indépendante de la masse musculaire , âge , sexe
• Ni réabsorbée ni secrétée
• Taux sanguin de référence : 0,5 - 0, 96 mg / l
• Test couteux
• Indications :
– Dépistage de l’insuffisance rénale
– Suivi chez le diabète type 2
– Après transplantation rénale
– Pédiatrie
– Suivie d’une médication néphrotoxique en cancérologie
III. PATHOLOGIES RENALES

• Insuffisances rénales
– Insuffisance rénale aigue (IRA) :
 Fonctionnelle (pré-rénale)

 Organique (rénale)

 Obstructive (post-rénale)

– Insuffisance rénale chronique (IRC)


A- L’insuffisance rénale aigue (IRA)

Perte brutale, en général réversible, de la fonction rénale,


empêchant le maintien de l'équilibre interne de l'organisme

1. IRA PRERENALE OU FONCTIONNELLE : (55 a 70% des IRA)


– Diminution du DFG secondaire a une hypo-perfusion
rénale.
– Sur le plan histologique le rein est strictement normal.

– Principales étiologies : les hypo-volémies


(déshydratation, hémorragies) ; défaillance cardiaque,
Septicémies.
1- L’insuffisance rénale aigue (IRA)

2. IRA RENALE OU ORGANIQUE :

– Conséquence d’une destruction du parenchyme rénal,


– Peut toucher toutes les structures anatomiques : le
glomérule, les tubules, l’interstitium ou les vaisseaux
rénaux.

– Principales étiologies : Nécrose tubulaire aigue (90%


des cas d’IRA organique, exp…….) ; Néphrite tubulo-
interstitielle aigue ; Glomérulonéphrite aigue.
1- L’insuffisance rénale aigue (IRA)
3. IRA PSOT-RENALE OU OBSTRUCTIVE :

• Elle représente 5% des IRA.

• Elle résulte de l’obstruction des voies urinaires excrétrices.


• L’obstruction peut siéger au niveau uretèro-pelvien
(lithiase, tumeurs, etc.), au niveau vésical ou urétral
(prostatite, vessie neurogène , tumeurs, cathéters).
1- L’insuffisance rénale aigue (IRA)
TABLEAU BIOLOGIQUE:
– La rétention azotée
• ↑↑ de la créatininémie, de l’urémie et de l’uricémie.
– L’hyperkaliémie
• Principal désordre électrolytique de l’IRA.
• Reflète l’impossibilité du rein à excréter le K+.
– L’acidose métabolique :
• le Rein est incapable d’ Éliminer les ions H+, de régénérer
les bicarbonates = Acidose métabolique.
2- L’insuffisance rénale chronique (IRC)
• L’IRC est un syndrome correspondant à une réduction des
fonctions rénales :

– Permanente (installée depuis au moins 3 mois);

– Progressive et irréversible.

• L’IRC se caractérise par l’incapacité définitive des


reins d’accomplir:

– L’élimination des déchets de l’organisme (excrétrion)

– La fonction endocrine.
2- L’insuffisance rénale chronique (IRC)

• Créatinine:
– Meilleur marqueur en pratique de l’IRC
– Créat > 180 μmol/L quand plus de 50 % des néphrons sont
détruits.
• L’équilibre acido-basique : acidose métabolique.
• Les anomalies phosphocalciques : Hypocalcémie
– Hyperparathyroïdie secondaire résultant de
l’hypocalcémie.
– Ostéodystrophie rénale= atteinte osseuse mixte
• L’anémie
– Une anémie apparaît dès que l’IRC est assez évoluée.
Classification de KDIGO* 2013

* kidney disease: improving global outcomes


Dr A GOURI,
Laboratoire de Biochimie Médicale, CHU Annaba.
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La protéinurie “physiologique”

• Inférieure à < 150 mg/24h

• Deux protéines majoritaires :


 Albumine <20mg (plasmatique)

 Protéine Tamm- Horsfall <30mg sécrétée par la


branche ascendante large de l'anse Henlé.
La protéinurie “physiologique”

Protéinurie orthostatique

Protéinurie accompagnant la fièvre (38,3°c)

Protéinurie induite par l’effort


Composition d’une protéinurie physiologique

Tissu rénal
La protéinurie « pathologique »
• La définition de la protéinurie est biologique:
1. Supérieure à 150 mg/24h
2. Intermittente/permanante
3. Massive /modérée
• Exploration de la protéinurie de découverte fortuite :
– Quantitative
– Qualitative : identification des protéines
Protéinurie
Protéinurie
pathologique
> 150 mg/24h

Pré-rénale
Rénale Pré-Rénale Post-rénale

Glomérul
Glomérulaire
aire Tubulaire Mixte
(SN)

Sélective Non
(Albumine) sélective
ORIENTATIONS ETIOLOGIQUES

1. PROTÉINURIE RÉNALES : (90%)


− Protéinurie glomérulaire : altération de la barrière
glomérulaire; taux est >2g/24h (Syndrome néphrotique,
HTA)
– Protéinurie tubulaire : saturation ou altération de la
réabsorption tubulaire et excès de synthèse; le taux < 1g/24h,

– Protéinurie mixte ˃ 1g/24h (glomérulaire et tubulaire)


ORIENTATIONS ETIOLOGIQUES

2. PROTÉINURIE PRÉ-RÉNALES : (SURCHARGE)

– L’augmentation de la concentration des protéines


plasmatiques de faible PM.

– EXP :

– Chaînes légères monoclonales (myélome multiple)

– Lysozyme ( leucémie myélomonocytaire),

– Hémoglobine, myoglobine.
ORIENTATIONS ETIOLOGIQUES

3. PROTÉINURIE POST-RÉNALES :
– Correspondent à des uropathies inflammatoires ou
lésionnelles

– Exp : cystite et prostatite avec saignements dans les voies


urinaires.
SYNDROME NÉPHROTIQUE (SN)

• Le syndrome néphrotique a une définition


strictement biologique qui associe : une protéinurie >
à 3 g/24Hchez l’adulte (> 50 mg/kg/j chez l’enfant)
et une hypoalbuminémie inférieure à 30 g/L
(œdèmes)
• La protéinurie à 80% d’albumine (SN pure) ou
• À base de protéines de PM > Albumine (SN impure)
EXPLORATION BIOCHIMIQUE
A-ETAPE PRE-ANALYTIQUE

• Prélèvement :
‒ Collecte des urines de 24h
‒ Spot urinaire (miction): Prot urinaire / Créat urinaire.
‒ Patient au repos:
· Eviter le risque d’une protéinurie fonctionnelle.
· Effort musculaire, fièvre, orthostatisme prolongé.
• Conservation à +4˚C.
B/Méthodes d’étude d’une protéinurie

1) METHODE SEMI-QUANTITATIVE

2) METHODE QUANTITATIVE

3) CARACTÉRISATION DES PROTÉINES URINAIRES

 Électrophorèse des protéines urinaires

 Immunofixation des protéines urinaires

4) MICROALBUMINURIE
1-METHODE SEMI-QUANTITATIVE

• Les bandelettes urinaires :


=> Virage de l'indicateur coloré bleu Bromophénol du jaune-vert au
bleu.
• seuil de détection de 150 mg/24h
• sensible à l'albumine, peu ou pas sensible aux chaines légères
• les résultats exprimés en croix :
– négatif(<0,1g/l)
– trace(0,15g/l)
– +(0,3g/l)
– ++(1g/l)
– +++(3g/l)
– ++++(20-30g/l)
• En présence de protéinurie persistante, mesure quantitative sur
une récolte urinaire de 24h avec dosage de la créatininurie.
2- METHODES QUANTITATIVES:

• Différentes méthodes de dosage:

1. Méthodes par précipitation


(acide TCA, sulfo-salicylique)
2. Méthodes colorimétriques
(++++)
3- Caractérisation des protéines urinaires

• L’analyse des protéines urinaires fait appel à


– Méthodes quantitatives indirectes : électrophorèse
– Méthodes quantitatives directes : dosage spécifique
immunochimique de la protéine d’intérêt (par
immunoturbidimétrie, immunonéphélémétrie)

Électrophorèse des protéines urinaires


Immunofixation des protéines urinaires
Typage de la protéinurie

• Marqueurs glomérulaires : (perméabilité)


– Albumine (VN : albuminurie <30mg/g créatinine),
Transferrine et IgG . (Protéinurie glomérulaire
sélective et non sélective)

• Marqueurs tubulaires : trouble de la réabsorption


avec diminution du nombre des transporteurs
– B2 microglobuline (suivi MM)

– Proteines Tamm-Horsfall : dosage difficile


Typage de la protéinurie
• Marqueurs pré- rénaux ou de surcharge :
– Chaînes légères Ig
– Lysosyme(leucémie myélomonocytaire)
– Myoglobuline (rhabdomyolyse)
– Amylase (pancréatite aiguë)
– Orosomucoïde(carcinome bronchique)
• Marqueurs post-rénaux :

– Alpha2 macroglobuline et apo A1 dosés par


immunonéphélémétrie.
4. La micro-albuminurie
Tableau
• L’albuminurie : 10 à 30 mg/24 h,

• La « microalbuminurie » : 30 et 300 mg/24 h.

• La « macroalbuminurie » (ou atteinte


glomérulaire) : > 300 mg/24 h.

• Méthode de dosage : immunoturbidimétrie et


l’immunonéphélémétrie qui présentent d’excellentes
performances.
4. La micro-albuminurie

• Spécifique d’une atteinte glomérulaire.


• Indications :
– Suivi évolutif de certaines maladies rénales
– Suivi de la néphropathie diabétique (diabète type 1)
– Marqueur du risque cardio-vasculaire et à un
moindre degré d’évolution vers la néphropathie diabétique
(diabète type 2)

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