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Université d’Alger 1 Faculté de Médecine

Module de Biochimie

2ème Année Médecine

Année Universitaire : 2022/ 2023

Notions Générales

Hormones thyroïdiennes

Bases structurales et fonctionnelles

Enseignante : Dr L. RABAHI

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Plan

Introduction
I- La glande thyroïde.
I-1-Embryologie thyroïdienne.
I-2- Anatomie de la glande thyroïde.
I-3- Histologie de la glande thyroïde.
II- Etapes de synthèse des hormones thyroïdiennes.
III- Transport et métabolisme des hormones thyroidiennes.
IV- Mode d’action et effets biologiques des hormones thyroïdiennes.
V- Régulation de la fonction thyroïdienne.
VI- Exploration biochimique de la fonction thyroïdienne.

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Introduction

La thyroïde est une glande endocrine située à la base du cou.


Sécrétées par la glande thyroïde, les hormones thyroïdiennes influencent la croissance et la
différenciation ainsi que le métabolisme et ont un effet sur le cœur. Dans l’ensemble, elles
augmentent le métabolisme de base.
Fonctionnement sous contrôle hormonal hypothalamo-hypophysaire.
Les dysthroidies impliquant une hyper ou hyposécrétion d’hormones thyroïdiennes sont
toutefois fréquentes et leur prise en charge, repose sur les données cliniques, l’exploration
biologique et l’imagerie médicale.

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Bases structurales et fonctionnelles

I- La glande thyroïde.

I- 1-Embryologie thyroïdienne.

I-2-Anatomie de la glande thyroïde.

I-3-Histologie de la thyroïde.

I-1-Embryologie thyroïdienne.

1-1-L’ébauche médiane.

L’ébauche médiane de la glande thyroïde apparait au cours de la troisième semaine de


développement embryonnaire.
A la fin du troisième mois : début d’activité (premiers follicules remplis de colloïde).
Semaine 7 : la thyroïde apparait.
Semaine 10 : la thyroïde synthétise T3 et T4.
Semaine 12 : la thyroïde est régulée par la TSH.
le développement du cerveau du fœtus et le développement cognitif et psychomoteur du
jeune enfant sont corrélés à la fonction thyroïdienne maternelle au 1er trimestre de
gestation.

1-2-Les ébauches latérales.

Les cellules C proviennent des crêtes neurales.

la glande thyroïde est donc d'origine entoblastique et neurectoblastique.

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Développement embryologique

Thyréocytes dérivent du plancher de l’intestin pharyngien.


Cellules C proviennent des crêtes neurales.
Tissu conjonctif provient du mésoblaste.

I-2- Anatomie de la glande thyroïde.

Le corps de la thyroïde est impair et médian.


La glande thyroïde est située dans la partie antérieure et basse du cou.
Elle enserre les faces latérales du larynx et les premiers anneaux de la trachée.
Composée de deux lobes, droit et gauche, reliés par un isthme thyroïdien.
La forme habituelle de la glande thyroïde est celle d’un H ou d’un papillon.
Son poids se situe entre 15 et 30 g.

Fig 1 : Anatomie de la glande thyroïde.

Son nom provient du Grec « thuréos » qui signifie en forme de bouclier.


La consistance de la glande est souple et élastique, de couleur rougeâtre.

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I-3- Histologie de la glande thyroïde.

Deux types cellulaires sont présents dans la glande thyroïde :

Les cellules épithéliales ou folliculaires Synthèse des hormones thyroïdiennes.

Les cellules para folliculaires (ou C) Synthèse de la thyrocalcitonine.

Elle est organisée en follicules (ou vésicules) d’un diamètre moyen de l’ordre de 200
micromètres.
Le follicule est l’unité de base anatomique et fonctionnelle.
Un follicule est constitué par un épithélium de cellules folliculaires appelées thyréocytes,
représentant plus de 99% des cellules de la glande.
Les thyréocytes délimitent une cavité (l’espace folliculaire) contenant la substance
colloïde.
Dans cette lumière se trouve la thyréoglobuline.
Les thyréocytes ont un rôle unique : celui de la synthèse des hormones thyroïdiennes.
Les thyréocytes sont des cellules bipolaires (02 pôles) :
Pôle basolatéral.
Pôle apical

Assurant un double fonctionnement :


Exocrine : Passage de la thyroglobuline dans l’espace folliculaire.
Endocrine : sécrétion des hormones thyroïdiennes dans la circulation sanguine.
Le pôle apical des thyréocytes projette des microvillosités dans la lumière du follicule qui
contient la colloïde, tandis que le pôle basolatéral est en rapport avec les capillaires.

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Fig 2a : Schéma illustrant l’histologie de la glande thyroïde.

Fig 2b : Schéma illustrant les thyréocytes.

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La thyroïde comporte par ailleurs des cellules claires ou parafolliculaires ou Cellules C
responsables de la synthèse de calcitonine (ou thyrocalcitonine), représentent moins de 1%
du parenchyme thyroïdien.

Fig 2c : Les cellules folliculaires et para folliculaires et l’espace folliculaire.

La calcitonine :
Est une hormone peptidique (32 AA), sécrétée par la thyroïde en réponse à une
hypercalcémie, elle n’est pas régulée par la TSH.
Intervient dans la régulation du métabolisme phospho-calcique.
La calcitonine est l’antagoniste de la parathormone en ce qui concerne la calcémie :
Hypocalcémiante.
Hypophosphorémiante.
La calcitonine permet le diagnostic et le suivi des cancers médullaires de la thyroïde.

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Bases structurales et fonctionnelles

II-Etapes de synthèse des hormones thyroïdiennes.

La synthèse des hormones thyroïdiennes comportent plusieurs étapes :

1-Captation de l’iode sous forme d’iodure par la glande thyroïde.

2- oxydation de l’iodure et iodation de la thyroglobuline par une enzyme spécifique : la


thyroperoxydase (TPO) « organification de l’iode ».

3-Couplage des résidus d’iodotyrosyl en hormones thyroïdiennes, sous l’effet de la


thyroperoxydase (TPO).

4- Stockage : L'ensemble thyroglobuline avec ses molécules T3, T4, MIT et DIT, est stocké
dans la colloïde.

5- Libération des hormones thyroïdiennes après endocytose et protéolyse de la


thyroglobuline.

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II-1- Les hormones thyroïdiennes.

Dérivés iodés de la Tyrosine.


Possèdent une même structure organique La thyronine :

formée par deux noyaux aromatiques reliés par un pont éther.


Les hormones se différencient entre elles par le nombre et la position variables des atomes
d'iode qu’elles portent.
Les HT sont produites par les cellules épithéliales de la glande thyroïde : les thyréocytes.
Les HT sont synthétisées par iodation d’un acide aminé, la tyrosine grâce à une enzyme : la
thyroperoxydase (TPO).
Les HT sont, soit stockées dans la thyroïde, soit libérées dans la circulation sanguine où elles
sont prises en charge par des protéines de transport.
La majorité des HT sont sécrétées sous forme T4, qui est dite « forme circulante » alors que
la T3 est considérée comme la « forme active ».

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Fig 3 : Structure des hormones thyroïdiennes.

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Fig 4a : Synthèse des hormones thyroïdiennes.

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II-2-Biosynthèse des hormones thyroïdiennes.

1-Captation de l’iode sous forme d’iodure par la glande thyroïde.

L’iode est indispensable à la biosynthèse des hormones thyroïdiennes.

1-1-Origine des iodures.

Exogène.
Les entrées de l’iode se font surtout par voie digestive (apport alimentaire en iode).
Les besoins sont de 100 à 150 µg /jour et jusqu’à 200 µg /jour lors de la grossesse et
de l’allaitement.
C’est un oligoélément fourni par notre alimentation par les poissons et les crustacés.
L’iode alimentaire est réduit en iodures dans l’estomac.
L’iode est absorbé sous forme d’iodures I- par l’intestin grêle.
Les iodures sont captés par les thyréocytes grâce à un transport actif au niveau des
membranes basolatérales.
L’excès d’iode absorbé est éliminé dans les urines.
Endogène.
Par désiodation des hormones thyroïdiennes

1-2-Captation des iodures


Par les thyréocytes s’effectue grâce à une pompe à iodures (une ATPase) au même
temps que des ions Na+.
Par un mécanisme de transport actif.
Le transport se fait contre un gradient de concentration, car la concentration d’iodure
est faible dans le plasma sanguin et élevée dans les cellules épithéliales folliculaires.
Grace à un transporteur membranaire spécifique « symporteur sodium-
iodure »(NIS).
L’iodure ne peut pénétrer que dans les cellules qui possèdent à leur surface cette
pompe (cellules épithéliales des follicules).

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Les ions iodures ne peuvent plus sortir de la cellule car la pompe ne fonctionne que
dans une direction.
Ce mécanisme est saturable puisqu’en présence d’une surcharge iodée, un trouble de
l’organification de l’iodure décrit par Wolff et Chaikoff entraine l’accumulation d’iode
non organifié qui réduit l’influx d’iodure.
La captation d’iodure est stimulée par la TSH et inhibée par le brome, le thiocyanate
(SCN-) et le perchlorate (Cl O4-).
Les ions iodures quittent les cellules épithéliales par des canaux au pôle apical
(implication de la pendrine), par un mécanisme passif et pénètrent dans la substance
colloïde où ils sont oxydés grâce à une peroxydase située sur la membrane.

Fig 5 : Captation des iodures.

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2-Organification de l’iode.

L’iode ayant pénétré dans la lumière folliculaire est incorporé à la thyroglobuline.


La thyroglobuline : La Pro hormone thyroïdienne.
Glycoprotéine riche en tyrosine.
Est un homodimère de deux sous unités de 330 Kd.
Synthétisée exclusivement par la glande thyroïde (thyréocytes) et libérée dans la lumière
folliculaire de la thyroïde où elle constitue 90% des protéines de la colloïde.
La Tg sert à la fois d’échafaudage et de dépôt pour l’hormone thyroïdienne.
Elle est excrétée en faible quantité dans le sang où sa demi-vie est comprise entre 2 et 4
jours.

Oxydation des iodures et iodation de la thyroglobuline par la thyroperoxydase.


La thyroperoxydase (TPO ) catalyse l’oxydation des ions iodures (I-) en diiode (I2) en
présence de l’’H2O2 (peroxyde d’hydrogène).
La thyroperoxydase (TPO) est une enzyme spécifique ancré dans la membrane apicale et
exerce son activité dans la lumière folliculaire.
Peroxyde thyroïdienne ou thyroïde peroxydase est l’enzyme clé de l’hormonogenèse, il
s’agit d’une oxydoréductase qui catalyse la première étape de la biosynthèse des
hormones thyroïdiennes à partir de la tyrosine.
Les dérivés de la thio-urée sont des inhibiteurs sélectifs de la peroxydase.

La TPO : enzyme spécifique liée à la membrane qui reconnait trois substrats :


L’iode.
La Thyroglobuline.
L’H2O2.

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Dans la lumière folliculaire, s’effectue une iodation des résidus de tyrosine de la
thyroglobuline, (les atomes d’iode sont fixés sur le noyau aromatique de la tyrosine, sans
apport d’énergie).
L’iodation des résidus tyrosyl se fait par la même enzyme TPO en même temps que
l’oxydation des iodures.

Il se forme des résidus de mono-iodotyrosine et de di-iodotyrosine.

Fig 6 : Iodation des résidus tyrosyl et formation de MIT et DIT.

Le Système générateur d’H2O2.


L’ H2O2 est le facteur limitant de cette étape de la biosynthèse hormonale, ce substrat
est produit par le système générateur d’ H2O2 comprenant deux enzymes DUOX2 (Dual
oxydase 2), acteur principal et son isoenzyme DUOX1 appartenant à la famille des NADPH
oxydase, catalysant la réaction :

NADPH +O2 + H+ NADP+ + H202

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Fig 7 : Système générateur d’H2O2.

3-Couplage des résidus d’iodotyrosyl en hormones thyroïdiennes, sous l’effet de la


thyroperoxydase (TPO).

La Thyroperoxydase (TPO), catalyse à la fois l’iodation des résidus tyrosyls et le couplage


des iodotyrosines pour former les complexes T3 et T4-iodothyronine Tg.
Les différents résidus réagissent entre eux, alors qu’ils sont liés à la thyroglobuline.
Il existe trois possibilités de couplage :
MIT+DIT triiodothyronine (T3 )
DIT+DIT Tétra iodothyronine (Thyroxine) T4
DIT + MIT reverse T3 (r T3)

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4- Stockage : L'ensemble thyroglobuline avec ses molécules T3, T4, MIT et DIT, est stocké
dans la colloïde.

Les HT néo synthétisées sont mises en réserves dans la lumière folliculaire (colloïde)
toujours unies a la thyroglobuline.
La thyroïde contient une réserve d’hormones thyroïdiennes pour environ 2 mois pour pallier
aux variations des apports.

Fig 8 : Mise en réserve des HT néosynthétisées dans la lumière du follicule unies à la Tg.

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5- Libération des hormones thyroïdiennes après endocytose et protéolyse de la
thyroglobuline.

La libération de T3 et T4 à partir de la colloïde et leur sécrétion sanguine surviennent après


la liaison de la TSH (Thyréotrophine) sur les cellules de la thyroïde.
Des molécules de thyroglobuline sont captées par les cellules folliculaires par endocytose
Les vésicules formés, contenant de la substance colloïde, fusionnent ensuite avec les
lysosomes contenant des enzymes protéolytiques (exo et endopeptidases), générant ce
que l’on appelle des phagolysosomes.
Protéolyse de la thyroglobuline avec libération de T3, T4 et iodotyrosines (MIT et DIT).
Les iodothyronines (T4 et T3) passent dans la circulation sanguine :
T4 et T3 sont déversées dans la circulation générale au pôle basolatéral du thyrocyte par
des transporteurs membranaires MCT8 (Monocarboxylate Transporter 8) déjà impliqué
dans la pénétration intracellulaire des hormones thyroïdiennes.

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La thyroïde synthétise nettement plus de T4 que de T3, le rapport des concentrations
plasmatiques est d’environ 20 pour 1.
T4 : hormone majoritaire (≈80 % de la production hormonale thyroïdienne).
La plus grande partie de la T3 est produite par désiodation de la T4 dans les tissus
périphériques par une 5’ désiodase.
L’activité biologique de la T3 est essentiellement supérieure, car elle peut traverser plus
facilement la membrane cellulaire à cause du quatrième atome d’iode manquant.
Une petite fraction des hormones thyroïdiennes est libérée sous forme de 3-3’-
5’iodothyronine appelée rT3 (T3 réverse) biologiquement inactive, par désiodation de la T4
en C-5 au lieu de C-5’.
Cette étape de libération des hormones thyroïdiennes est contrôlée par la TSH et bloquée
par les antithyroïdiens de synthèse et par les sels de lithium.
Désiodation in situ des iodotyrosines dans la cellule folliculaire par action de l’iodotyrosine
deshalogénase :
l’iode ainsi produit est récupéré et recyclé par la cellule.
La tyrosine qui regagne les capillaires et retombe dans le pool des acides aminés.

Fig 9 : Shéma illustrant la libération des hormones thyroïdiennes après endocytose et


protéolyse de la thyroglobuline.

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III- Transport et métabolisme des hormones thyroidiennes.

III-1- Transport sanguin des hormones thyroidiennes.

Les hormones thyroidiennes sont liées à des protéines de transport synthétisées par le foie.
Seulement 0,03 % de la T4 totale (t T4) et 0,3 % de la T3 totale (t T3) plasmatique circulent
sous forme libre ou non liée.

Les trois principales protéines de transport des hormones thyroidiennes sont :


La TBG ( Thyroxin-Binding- Globulin) :
75 % du transport total des hormones thyroidiennes.
Glycoprotéine synthétisée par le foie.
L’affinité de la TBG est 10 fois plus élevée pour la T4 que pour la T3.
Ainsi la fraction libre de T3 est 10 fois plus grande que celle de T4.
Les deux autres transporteurs sont la transthyrétine (TTR) ou thyroxin binding pré
albumine « TBPA »(forme tétramère du rétinol) et l’albumine : Ont une affinité moindre.
Ces protéines permettent le maintien d’un taux d’hormones libres constant protégeant
ainsi le corps de toute variation abrupte.
La grossesse, les oestrogènes et certains opiacés élèvent les niveaux de TBG, à l’inverse les
androgènes et les glucocorticoides réduisent la TBG.

Seule la fraction libre est active.

Chez un sujet euthyroidien ,seulement 0,03 % de la T4 est libre, le reste est lié :
75-80 % à la Thyroxin-Binding- Globulin (TBG).
15-20 % à la préalbumine ou transthyrétine (TTR).
5-10 % à l’albumine.
De même , seulement 0,3 % de la T3 est libre , le reste est lié :
75-80 % à la Thyroxin-Binding- Globulin (TBG).
< 10 % à la préalbumine ou transthyrétine (TTR).
environ 10 % à l’albumine.

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La T3 est 10 fois plus active que la T4 et se lie plus facilement aux récepteurs.
La demi vie de la T4 est de 6 à 7 jours,celle de la T3 est de 24 heures.
La totalité de la T4 circulante provient de la production thyroidienne.

III-2- Transport transmembranaire des hormones thyroidiennes.

La forme biologiquement active de ces hormones est la T3 sécrétée en faible quantité (20
%) par la thyroide, si bien que sa production provient surtout de la désiodation de la T4 au
niveau des tissus périphériques ( foie, rein, muscle, cerveau…).
Une translocation de ces hormones vers le milieu intracellulaire est necessaire.
Ainsi le transfert transmembranaire est essentiellement assuré par divers transporteurs
membranaires :
MCT8 (Monocarboxylate Transporter 8) :
est une protéine à 12 domaines transmembranaires exprimée dans le cœur, le foie ,
le placenta et au niveau des structures fines cérébrales (cellules gliales et
neurones).
Possède un rôle majeur dans le développement cérébral.

MCT10 (Monocarboxylate Transporter 10) .


OATP1C1 (Organic Anion Transporting Polypeptide C) :
Transporteur membranaire des hormones thyroidiennes au niveau cérébral , et
présente une haute affinité pour la T4 et la T3 inverse.
Impliqué dans leur traversée de la barrière hémato-encéphalique.

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III-3-Métabolisme des hormones thyroidiennes.

III-3-1-Désiodation des hormones thyroidiennes.

La voie des désiodases est responsable de 80 % de la production de T3 par conversion


périphérique de la T4 en T3 sous l’influence de la 5’ désiodase.
Ces sélénoprotéines sont au nombre de trois et régulent l’activité des hormones
thyroidiennes par retrait d’un atome d’iode.
La 5’désiodase de type 1 (D1) :
est présente dans le foie, le rein, et la thyroide mais non l’antéhypophyse, est
fortement modulée par l’état nutritionnel.
Son substrat préferentiel est la rT3 (reverse T3), elle assure aussi la désiodation de la T4
en T3 en lui soustrayant un atome d’iode en position 5’de l’anneau phénol.
Le site d’action 5’ et 5 : T4→T3, rT3→ 3-3’T2, T3→3-3’T2.

La 5’désiodase de type 2 (D2) :


Est exprimée dans l’antéhypophyse, le système nerveux central , le muscle squelettique
et le tissu adipeux.
Il s’agit également d’une 5’ désiodase qui exerce son action préferentiellement sur la T4.
Son activité est majoré en cas d’hypothyroidie de façon à couvrir les besoins du SNC en
hormones actives.
Le site d’action 5’ uniquement: T4 T3, rT3 3-3’ T2.

La T4 est convertie en T3 par deux désiodases D1 et D2.

La 5 désiodase (désiodase de type 3)D3 :


Est l’enzyme inactivatrice des hormones thyroidiennes par clivage de l’atome d’iode en
position 5.
Elle entraine l’inactivation de T3 en 3,3’-di-iodothyronine et T4 en rT3.

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La 5’ désiodase transforme la 3,5,3’,5’ –tétraiodothyronine (thyroxine, T4) en 3,5,3’
triiodothyronine (T3, hormone active) dans les cellules.

La 5 désiodase transforme la 3,5,3’,5’ –tétraiodothyronine (thyroxine, T4) en 3,3’,5’


triiodothyronine (rT3).

III-3- 2-Dégradation des hormones thyroidiennes.

L’action des hormones thyroidiennes s’achèvent avec leur dégradation ou avec leur
excrétion.
Souvent le catabolisme commence avec l’ablation de l’iode par l’intermédiaire d’une
désiodase en premier lieu dans le foie et les reins.
La tri-iodothyronine et la thyroxine peuvent être excrétées sans désiodation préalable ,
avant tout par la bile (après conjugaison par l’acide glucuronique ou un sulfate dans le
foie).
D’autres processus de désamination, décarboxylation et clivage du pont éther contribuent
aussi à leur catabolisme.

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Réaction de transamination et de décarboxylation en acides triiodoacétique (Triac) et
tétraiodoacétique (Tétrac) qui sont ensuite désiodés ; l’iode est éliminé dans les urines ou
repris par la thyroide.
Certains dérivés cataboliques comme les acides tétraiodoacétique (Tétrac) et
triiodoacétique (Triac) sont réputés avoir un effet lipolytique, et développer un freinage
hypophysaire de la TSH (utilisation pharmacologique).

IV- Mode d’action et effets biologiques des hormones thyroïdiennes.

IV-1- Mode d’action des hormones thyroïdiennes.

Actions nucléaires de la T3.

Les hormones thyroïdiennes libres peuvent traverser la membrane cellulaire à cause de


leur lipophilie.
La T3 se lie plus facilement aux récepteurs.
Les hormones thyroïdiennes exercent des actions génomiques via des récepteurs
nucléaires spécifiques (TR), le complexe entre dans le noyau et participe à la régulation
de l’expression génique.
Les récepteurs des hormones thyroïdiennes sont situés sur l’ADN, en amant des gènes
qu’ils régulent et répriment.
Cette interaction déclenche la transcription de l’ADN en ARN m qui est traduit dans les
ribosomes cytoplasmiques et produit des protéines spécifiques.
Généralement les hormones thyroïdiennes agissent sur le métabolisme des glucides, des
lipides et des protéines.
Des mutations du récepteur (THRβ) ont été mises en évidence dans 85 % des cas de
résistance aux hormones thyroïdiennes, à transmission autosomique dominante.

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Effets non génomiques.

Les hormones thyroïdiennes ont aussi des effets non génomiques rapides et
complémentaires des précédents.
Indépendamment de la transcription sur les récepteurs nucléaires, les hormones
thyroïdiennes ou leurs dérivés métaboliques apparaissent responsables d’activations
cytoplasmiques ou mitochondriales.
Des isoformes tronquées du récepteur alpha aux hormones thyroïdiennes ont été
identifiées dans la mitochondrie et sont susceptibles d’induire par liaison à l’ADN
mitochondrial l’expression de protéines impliquées dans la chaine respiratoire
mitochondriale.

Fig 10 : Mode d’action des hormones thyroïdiennes.

T4 se lie aussi à ce récepteur mais avec une affinité nettement inférieure.

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IV-2-Effets biologiques des hormones thyroïdiennes.

Les hormones thyroïdiennes agissent sur l’ensemble des tissus de l’organisme :

1- Croissance et développement.
Leur rôle sur le développement du cerveau est confirmé.
Une perturbation pendant la phase embryonnaire peut entrainer un retard mental
irréversible.

2- Effets métaboliques.

Les hormones thyroïdiennes augmentent la consommation d’O2 dans tous les tissus
métaboliquement actifs et développent ainsi une action calorigénique.
Les hormones thyroïdiennes augmentent le métabolisme de base et la production de
chaleur.
Les hormones thyroïdiennes sont des découplant de la chaine respiratoire
mitochondriale, ce qui entraine une activation des oxydations respiratoires, sans
synthèse supplémentaire d’ATP, mais avec production accrue de chaleur.
Cette activation des oxydations cellulaires entraine l’activation des voies métaboliques
énergétiques : glycolyse et lipolyse.
Métabolisme lipidique :
Effet lipolytique :
la lipolyse entraine une augmentation des acides gras libres.
Diminution du LDL-cholestérol et du cholestérol total par augmentation de leur
dégradation.
Métabolisme glucidique :
Rôle hyperglycémiant par augmentation de l’absorption intestinale des glucides, et par
stimulation de la néoglucogenèse et la glycogénolyse.
Métabolisme protidique :
On observe à la fois une stimulation de la synthèse et du catabolisme des protéines.

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Hydrominéral : Augmente la filtration glomérulaire et le débit sanguin rénal.

3- Effets tissulaires.

Effet osseux :
Les hormones thyroïdiennes favorisent la croissance osseuse, en potentialisant les
effets de l’hormone de croissance.
Augmentent le remodelage osseux.

Effets sur le cœur :


La T3 augmente l’expression des récepteurs β adrénergiques et augmente la sensibilité
du cœur aux catécholamines.
Ils comprennent une augmentation de sa contractilité (effet inotrope positif), et une
élevation de la fréquence cardiaque (effet chronotrope positif).

Effet sur le muscle squelettique :


Accroissent l’excitabilité neuromusculaire.
Une amyotrophie liée au catabolisme protidique est observée dans les états
d’hyperthyroïdies sévères.

Effets digestifs : activent le transit, et assurent une grande motilité du tube digestif.

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Fig 11 : Schéma illustrant les effets biologiques des hormones thyroïdiennes.

V-Régulation de la fonction thyroïdienne.

V-1- L’axe thyréotrope.

Rôle de l’hormone thyrostimulante antéhypophysaire.


Thyroid Stimulating Hormone (thyréotrophine) :
Est le principal régulateur de la synthèse et de la sécrétion des hormones thyroïdiennes.
La TSH est une glycoprotéine de 211 acides aminés, sécrétée par l’hypophyse (cellules
hypophysaires thyréotropes) avec une rythmicité nycthémérale (son taux circulant double
environ 1heure après l’endormissement).

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Elle comporte deux sous unités alpha et bêta, la sous unité alpha étant identique à celles des
FSH, LH et HCG (hormones de stimulation folliculaire, lutéinisante et chorionique gonadotrophique
respectivement), et la bêta est spécifique.
La sécrétion de TSH est stimulée par la TRH (Thyrotropin Releasing Hormone) ou
thyréolibérine qui est un tripeptide synthétisée par l’hypothalamus.

La TRH stimule la production de TSH qui stimule à son tour la libération d’hormones
thyroïdiennes (HT).

Au niveau de l’hypothalamus : production activée par le froid (voie adrénergique), et


inhibée par le stress (voie dopaminergique).
La dopamine diminue les effets de TRH et entraine une diminution de la sécrétion de TSH.
Les œstrogènes majorent la stimulation de TRH sur la TSH.
La TSH exerce son action via un récepteur couplé aux protéines G, et favorise la sécrétion
des hormones thyroïdiennes en stimulant les différentes étapes de la biosynthèse
hormonale :
Synthèse de la thyroglobuline et de la thyroperoxydase, capture de l’iode, iodation de la
thyroglobuline, synthèse des iodothyronines, endocytose et hydrolyse de la thyroglobuline
et la sécrétion des hormones thyroïdiennes.
Elle possède aussi un rôle trophique en stimulant la prolifération des thyréocytes et leur
organisation en follicules.
Une réduction de la production de TSH est constatée lors des traitements par
glucocorticoïdes ou des syndromes de Cushing.
Les androgènes et la somatostatine sont susceptibles de réduire la sécrétion de TSH.
Les catécholamines stimulent la sécrétion basale d’hormones thyroïdiennes.

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Fig 12 : Schémas illustrant la régulation au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire.

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Les hormones thyroïdiennes.
Elles exercent un rétrocontrôle négatif sur leur propre production en inhibant la sécrétion
de TRH et de TSH :
L’augmentation de la concentration en HT dans le sang inhibe à la fois la synthèse de la TRH
et de la TSH, menant à l’arrêt de la sécrétion de T4, T3.
Lorsque la concentration en HT diminue, le signal de rétrocontrôle négatif s’affaiblit et la
sécrétion de TRH augmente.

Fig 13 : Schéma illustrant le rétrocontrôle négatif exercé par les hormones thyroïdiennes.

V-2- Régulation intra thyroïdienne par la concentration en iode.

Une surcharge iodée entraine un blocage de l’organification de l’iode et une réduction de la


synthèse hormonale (effet Wolff-Chaikoff), cet effet n’est que transitoire, après 48 heures,
la persistance d’une surcharge iodée n’entraine plus cette inhibition de synthèse, mettant
ainsi le sujet à l’abri d’une hypothyroïdie secondaire.
L’autorégulation thyroïdienne permet la baisse de la captation d’iodure en cas de surcharge.
A l’inverse, en situation de carence iodée la sensibilité à l’effet trophique de la TSH est
accrue, expliquant l’apparition de goitres.
La captation d’iode est d’autant plus forte et plus prolongée que la glande est pauvre en
iode et inversement.

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La sensibilité à l’effet de la TSH est inversement proportionnelle à la quantité d’iode
présente dans la thyroïde.

V-3- Le statut nutritionnel.

Conditionne le niveau de désiodation périphérique.


En cas de dénutrition, de jeûne ou d’hypercatabolisme, il y a une sécrétion préférentielle de
rT3 avec diminution des taux sanguins de T3 en raison d’une inhibition de la 5’ désiodase.

Fig 14 : Schéma sur la production, régulation, transport et action des HT.

Retenir que :

Entre 99,5 et 99,9 % des hormones thyroïdiennes circulent dans le sang liées à des
protéines vectrices.
L’essentiel (80 %) de la T3 provient d’une conversion périphérique cellulaire de T4 en T3.
Ce sont les fractions libres qui agissent au niveau cellulaire.

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VI- Exploration biologique de la fonction thyroïdienne.
Intervient en complément de l’examen clinique ; elle permet :

De confirmer les situations d’euthyroidie, d’hyperthyroïdie ou d’hypothyroïdie (Diagnostic


positif).

Les paramètres du diagnostic positif : Dosage de la TSH et de la fraction libre des


hormones thyroïdiennes (T4, T3).
D’aider à l’enquête étiologique pour préciser l’origine auto-immune, iatrogène, génétique
de l’affection (diagnostic étiologique).
Les paramètres du diagnostic étiologique :
• les marqueurs de l’auto-immunité (Anticorps antithyroglobuline et anticorps
antithyroperoxydase).
• Les anticorps anti récepteurs de la TSH.
• Dosage de la thyroglobuline.
• Dosage de la thyrocalcitonine.
• L’iode.
• Test dynamique à la TRH.

D’effectuer la surveillance de la dysfonction ou de la pathologie tumorale.


Suivi thérapeutique : Efficacité du traitement, surveillance des récidives.

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1-Dosage de la TSH.

Est l’examen de première intention.


paramètre le plus discriminant de dépistage d’une dysthyroïdie fonctionnelle périphérique:
TSH ↑ = hypothyroïdie et TSH↓ = hyperthyroïdie

Dosage immunométrique (sandwich) : 2 Ac anti TSH (2 épitopes différents).


1 Ac anti TSH fixé sur support.
1 Ac anti TSH marqué, selon le marqueur :
• Enzyme (Immunoenzymologie).
• Elément radioactif (Radioimmunologie).
• Substance fluorescente (immunofluorescence).
• Substance luminescente (immunoluminescence).

2- Dosage de la T4 libre (f T4).


Son dosage vient en 2ème intention après celui de la TSH.
1 -Définit la profondeur de l’atteinte fonctionnelle périphérique :

T4L N + TSH perturbée ↑ou ↓= dysthyroïdie fruste ou infraclinique.


- T4L N+ TSH ↓= hyperthyroïdie fruste
- T4L N+TSH↑ = hypothyroïdie fruste.
- T4L ↑ou ↓+ TSH perturbée ↑ou ↓= dysthyroïdie franche ou patente
- T4L ↑+ TSH ↓= hyperthyroïdie patente.
- T4L ↓+TSH↑ = hypothyroïdie patente.

2- Oriente vers une dysthyroidie atypique :

-TSH N ou basse + f T4 basse : Hypothyroïdie centrale = insuffisance thyréotrope.


- TSH élevé + f T4 élevé :
o Hyperthyroidie d’origine centrale → Adénome thyréotrope (hypophyse).
o Résistance aux hormones thyroïdiennes.

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Au cours de la grossesse

L’HCG a un effet thyréostimulant du fait de son homologie structurale avec la TSH.


Au cours du 1er trimestre de grossesse, l’HCG a un effet « TSH like » qui entraine une stimulation
de la thyroïde, une libération d’hormones et un rétrocontrôle négatif avec abaissement voir
effondrement de la TSH.

Au 1er trimestre de grossesse, diminution de la TSH par effet thyréostimulant de l’HCG,


et élévation physiologique de la T4 libre.

3- Dosage de la T3 libre (f T3).


Reflet imparfait de la fonction thyroïdienne.
Elle fait partie des dosages de 3 ème intention.
Intérêt du dosage de la T3 libre :
o Diagnostic de certaines formes d’hyperthyroidie à T3, surtout l’adénome toxique, avec
une sécrétion préférentielle voire isolée de T3 (TSH↘, T4 libre N et T3 libre ↗).
o Syndrome de T3 basse (déficit en désiodases).
o Suivi thérapeutique des dysthyroïdies.

4- Autres paramètres

o La Thyroglobuline (Tg).
•Dosage immunométrique type sandwich.

•N’est pas un paramètre diagnostic de cancer thyroïdien.

•Marqueur de suivi des cancers différenciés de la thyroïde papillaire et/ou vésiculaire.

Après thyroïdectomie et irathrapie (I131), la Tg devient indétectable et toute ascension de


son taux témoigne de la présence de métastases.

•Intérêt dans le diagnostic de l’hypothyroïdie congénitale.

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o La thyrocalcitonine (TCT).
•Dosage immunométrique type sandwich.

•Marqueur sensible et spécifique du Cancer Médullaire de la Thyroïde(CMT).

•Marqueur diagnostic et de suivi des CMT.

o Dosage des anticorps anti thyroperoxydase (Anti TPO) et anticorps anti thyroglobuline
(Anti Tg).
Gardent leur intérêt dans les thyroïdites auto-immunes :
Hyperthyroïdie auto-immune (maladie de Basedow).
Hypothyroïdie auto-immune (Maladie d’Hashimoto).

o Dosage des anticorps anti récepteurs de la TSH.


Ces anticorps se lient aux récepteurs de la TSH qui se trouvent sur les cellules qui
produisent des hormones thyroïdiennes, peuvent limiter l’action de la TSH et provoquer
une hyperthyroïdie ce qui entraine une production anormalement élevé de T3 et T4.
Leur présence signe le caractère auto-immun de l’hyperthyroïdie (maladie de Basedow).

o Test au TRH.
Test de stimulation de la sécrétion de TSH par injection intraveineuse de 250 µg de TRH.

Avec mesure de la TSH avant puis 30 min et 60 min après l’injection.

∆TSH : 2-20 mUI/L (Réponse normale) :

La réponse est appréciée par la différence entre la concentration basale et le pic de


sécrétion ; elle est normalement inférieure à 20 mUI/L

Intérêt : Hypothyroïdie « centrale » = insuffisance thyréotrope = TSH non stimulable et


T4L reste basse.

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o Iode : Iodémie et/ ou Iodurie.

Paramètres peu utiles dans l’exploration.


Sont utiles dans l’exploration :
Des surcharges iodés (prise médicamenteuse, exp : Amiodarone).
Des goitres avides d’iode par fuite urinaire d’iodure.

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