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CHAPITRE XII 

: Les dépréciations et les provisions

Le SYSCOHADA fait la distinction entre la dépréciation et la provision. Les dotations aux


dépréciations ou charges pour dépréciations indiquent une perte de valeur d’un élément
d’Actif, alors que les dotations aux provisions ou charges pour provisions constituent un
passif externe (dette) dont l’échéance ou le montant est incertain.
Les dotations aux dépréciations, les dotations aux provisions, tout comme les amortissements,
constituent des outils permettant de régulariser des éléments de l’actif immobilisé. Elles se
distinguent toutefois des amortissements. En effet, si ces derniers (sauf dans le cas rare de
reprises d’amortissements) constituent des charges irréversibles, les dotations aux
dépréciations et les dotations aux provisions quant à elles, enregistrent des charges réversibles
dans la mesure où elles sont seulement probables mais incertaines.
Les charges pour dépréciations, elles, constatent des pertes de valeurs réversibles d’éléments
de l’Actif circulant (stocks, créances clients, trésorerie), tandis que les charges pour
provisions enregistrent des provisions pour risques et charges à moins d’un an.
Les provisions sont constituées ainsi, sans que l’on constate une perte de valeur probable et
réversible d’un élément d’actif; mais pour tirer profit des mesures d’incitations fiscales
(provisions réglementées) ou lorsque des évènements rendant probables et incertains des frais
à la charge de l’entreprise, surviennent. (Provisions pour litiges, provisions pour garanties
données aux clients, provisions pour pertes sur marchés à achèvement futur, provisions pour
pertes de change, provisions pour impôts, provisions pour pensions et obligations similaires,
provision pour restructuration).
Les provisions trouvent leur justification dans l’application de la convention de prudence et
du postulat de spécialisation des exercices comptables.
La convention de principe de prudence signifie qu’en comptabilité, les plus-values probables
ne sont pas enregistrées avant qu’elles ne se réalisent. Par contre, les moins-values sont l’objet
d’écritures dans les comptes dès qu’elles sont probables.
La quintessence du postulat de spécialisations des exercices comptables est que les charges et
ses produits doivent être rattachés à l’exercice des événements qui les ont générés.
L’analyse des dépréciations et des provisions sera abordée ici, d’abord sous l’angle de la
constatation de la dépréciation d’un élément de l’actif du bilan, ensuite du point de vue de
l’application d’une mesure fiscale et de l’enregistrement des dettes de l’entreprise vis-à-vis
des tiers que les évènements en cours rendent probables mais incertaines.
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Section I : Dépréciations d’un élément de l’actif.
La comptabilisation de la dépréciation diffère selon qu’elle porte sur une immobilisation ou
sur un élément de l’actif circulant.
A) Dotations aux dépréciations des immobilisations
Elles sont constituées pour enregistrer la perte de valeur des immobilisations. Cet
amoindrissement de valeur étant toutefois jugé réversible. Les immobilisations pouvant subir
des dépréciations constatées par des dotations sont essentiellement : le fonds commercial, les
brevets, le droit au bail, les terrains autres que les terrains d’exploitation et les titres de
participation, les autres immobilisations financières (dépôts et cautionnements notamment).
Le montant de la dépréciation constatée par une dotation se calcule comme suit :
Immobilisation amortissables = VNC – Valeur actuelle.
Immobilisation non amortissables =
Coût d’acquisition ou Coût de fabrication – Valeur actuelle

Titres de participation : }
Titres immobilisés de l’activité de portefeuille} Coût d’acquisition – Valeur actuelle
Créances immobilisées = montant nominal de la créance et montant probable du
recouvrement.
Les dépréciations des immobilisations sont constatées par des dotations qui sont des charges
calculées mais non décaissées.
Pour constater en comptabilité la constitution des dotations aux dépréciations, il faut donc
débiter un compte de charges 69 ou 85 et créditer un compte d’actif soustractif.
691 : dotations aux provisions et aux dépréciations d’exploitation
6913 : dotations aux dépréciations des immobilisations incorporelles
6914 : dotations aux dépréciations des immobilisations corporelles
697 : dotations aux provisions et aux dépréciations financières
6972 : dotations aux dépréciations des immobilisations financières
853 : dotations aux dépréciations HAO
291 : dépréciations des immobilisations incorporelles
2912 : dépréciations des brevets, licence, concessions et droits similaires
2915 : dépréciations du fonds commercial.
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2916 : ------------------------------------------de droit au bail.
294 : dépréciation du matériel, du mobilier et de l’actif biologique.
296 : dépréciation des titres de participation
297 : -------------------- autres immobilisations financières
Remarques : Ils convient, à la fin de chaque exercice, d’ajuster les dépréciations, soit en les
augmentant lorsque la perte de valeur réelle est supérieure à celle existante, soit en les
diminuant dans le cas contraire, soit en les soldant si la dépréciation devient sans objet.
Les écritures constatant une augmentation des dépréciations sont identiques à celles d’une
dotation nouvelle 69 par 29. Par contre pour enregistrer la diminution ou le solde d’une
dotation on débite le compte de dépréciation concerné 29 par le crédit de 79 Reprises de
provisions ….
791 : Reprises de provisions et de dépréciations d’exploitation
797 : ------------------------------ et de dépréciations financières
863 : Reprises de dépréciations H.A.O
Remarques : Les dotations aux dépréciations financières constatent les dépréciations des
titres de participations, des titres immobilisés, des prêts et des dépôts et cautionnements.
Quant aux dotations aux dépréciations H.A.O, elles servent à enregistrer des dépréciations
liées à des catastrophes naturelles ou à des restructurations de l’entreprise.
Les dépréciations d’éléments de l’actif, concernent également les ceux de l’actif circulant.

B/: Dépréciation d’éléments de l’actif circulant.


Les pertes de valeurs réversibles d’éléments de l’actif circulant, stocks, créances clients,
trésorerie, sont aussi constatées par des dépréciations, en vertu de la convention de prudence
du SYSCOHADA.
1) Dépréciation des stocks
En fin d’exercice, les stocks sont l’objet d’un inventaire extracomptable ou inventaire
physique en cours duquel, il est procédé à leur décompte en unités et en valeurs.
Lorsque l’entreprise a, ainsi, pratiqué l’inventaire permanent des stocks, il sera procédé à
l’enregistrement éventuel des différences d’inventaire. En d’autres termes, si le stock
physique est supérieur au stock théorique (cas rare), il faudra débiter le compte de stock
concerné par le crédit de variations des stocks. Par contre si le stock réel est inférieur au stock
sur les livres de l’entreprise (cas fréquent), il faudra diminuer le stock théorique en débitant
variations des stocks par le crédit du compte des stocks concerné.
Dans le premier cas de figure, on débite :
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311 : marchandises
32 : matières premières
33 : autres approvisionnements
34 : produits en cours
35 : services en cours
36 : produits finis
37 : produits intermédiaires et résiduels
On crédite :
603 : variations des stocks de biens achetés
6031 : variations des stocks de marchandises
6032 : ------------------- de matières premières et fournitures liées
6033 : ------------------- d’autres approvisionnements
73 : variations des stocks de biens et de services produits
734 : variations des stocks de produits en cours
735 : ------------ des en-cours de services
736 : ----------------- stocks de produits finis
737: ----------------------------------------intermédiaires et résiduels

Dans le second cas de figure, on inverse les enregistrements faits dans le premier cas de
figure.
Par ailleurs, il faudra constater des pertes de valeur probables des stocks, sous la forme de
dépréciations, lorsqu’il apparait une différence entre le coût d’acquisition ou de fabrication
des stocks et leur valeur de remplacement ou de réalisation.
Cette dépréciation n’est cependant pas constatée par une dotation, mais par une charge pour
dépréciations.
On débitera un compte de charge.
659 : charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme d’exploitation
6593 : charges pour dépréciations sur stocks
839 : charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme H.A.O
Et on créditera un compte d’actif
39 : Dépréciations des stocks et encours de production
391 : dépréciation des stocks de marchandises
392 : ------------------------------matières premières et fournitures liées
393 : ------------------------------d’autres approvisionnements
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394 : ----------------------productions en cours
395 : --------------------- services en cours
396 : --------------------- stocks de produits finis
397 : ----------------------------------produits intermédiaires et résiduels
398 :-------------------------------en cours de route, en consignation ou en dépôt.
Remarques : il convient de solder, à la fin de chaque année, les provisions déjà constituées,
sur le stock et de constituer les nouvelles provisions nécessaires.
Les écritures constatant les reprises des dépréciations sur les stocks déjà constituées sont les
suivantes :
On débite le compte 39 : Dépréciations des stocks et encours de production par le crédit soit
de 759 Reprises de charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme
d’exploitation, soit de 849 Reprises de charges pour dépréciations et provisions pour risques
à court terme H.A.O
2) Dépréciation des créances clients
La justification des dépréciations des créances réside dans le risque de leur non recouvrement
intégral, inhérent aux aléas économiques auxquels les clients sont soumis en permanence.
Dès lors, il convient de constituer une dépréciation des créances clients, dès que le non
recouvrement d’une partie de ces créances devient probable ; cette dépréciation étant égale à
la partie hors taxe des créances clients que l’entreprise risque de ne pas recouvrer. La perte
probable est souvent exprimée en pourcentage du montant hors taxe des créances.
Pour comptabiliser les régularisations des créances clients, on transfère d’abord les créances
dont le recouvrement intégral est incertain, dans un compte particulier : au débit du compte
416 créances clients litigeuses ou douteuses, par le crédit du compte 4111 clients.
Ensuite, on constate les dépréciations des clients dans le compte 659 charges provisionnées
d’exploitation (6594 sur créances) ou dans le compte 839 charges provisionnées H.A.O, par le
crédit de 491 dépréciations des comptes clients ou par le crédit de 498 dépréciations des
créances H.A.O.
Remarques : lorsqu’une créance est totalement irrécouvrable, il convient de la solder en
débitant les comptes 6511 Pertes sur créances clients (Montant HT) et 443 Etat, TVA facturée
(montant de la TVA antérieurement facturée mais qu’on doit récupérer), et en créditant le
compte 4111 clients pour son montant TTC.
3) Dépréciation des titres de placement
Les titres de placement sont des titres détenus par l’entreprise, en vue d’en tirer une plus-
value à court terme (action, obligations, …..).
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La dépréciation des titres de placement est constituée par une charge provisionnée :
679 : Charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme financières
Ou
839 : ---------------------------------- H.A.O
Il faut créditer en contre- partie 590 Dépréciation des titres de placement.
A la fin de chaque exercice comptable, il faut réajuster les provisions pour dépréciations des
titres, soit à la hausse lorsque les provisions nécessaires sont supérieures aux provisions
existantes, soit à la baisse dans le cas contraire ou lorsque les provisions sont sans objet. Il
conviendra alors de débiter 590 dépréciations des titres de placement et créditer 779 Reprises
de charges pour dépréciations et provisions à court terme financières ou 849 Reprises de
charges pour dépréciations et provisions pour risque à court H.A.O.

Section II : Les provisions pour risques et charges.


Dans le SYSCOHADA, les provisions renvoient uniquement aux provisions pour risques et
charges. Elles ne correspondent pas à des dépréciations d’éléments d’Actif mais à des passifs
externes (dettes) à faire supporter à l’entreprise et qui restent liées à la probabilité de la
survenue d’évènements (qui toutefois restent incertains) défavorables à sa situation financière.
Selon le SYSCOHADA, un passif externe est une obligation actuelle de l’entité de transférer
une ressource économique à la suite d’évènements passés. Sous ce rapport les provisions pour
risques et charges sont des éléments du passif du bilan.
Elles peuvent concerner des évènements dont le dénouement s’inscrit dans le LT (plus d’un
an), dans ce cas, elles sont constatées par une dotation : on débite 6911 Dotations aux
provisions pour risques et charges par le crédit de « 19 provisions pour risques et charges ».

Les provisions pour risques et charges peuvent également être liées à des évènements dont la
survenue a lieu dans un CT (moins d’un an). Elles sont dans ce cas constituées par « des
charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme d’exploitation 659 (6591
sur risques à court termes) » par le crédit de « 499 Provisions pour risques à court terme »
(4991 sur opérations d’exploitation ; 4997 sur opérations financières ; 4998 sur opérations
HAO) ou « 599 Provisions pour risques à court terme à caractère financier ».
A) Les provisions pour Risques et charges à plus d’un an
691 : Dotations aux provisions d’exploitation
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697 : --------------- à caractère financière (Pertes de change)
854 : Dotation aux provisions pour risque et charges H.A.O
191 : Provisions pour litiges
192 : -------------- garanties années aux clients
193 : ------------- pertes sur marchés à achèvement futur
194 : ------------- pertes de change
195 : ------------ impôts
196 :------------- pour pensions et obligations similaires
197 : ------------ pour restructurations.
Remarques : Il convient à la fin de chaque exercice, d’ajuster les provisions pour risques et
charges déjà constituées, soit en les augmentant quand les provisions nécessaires sont
supérieures aux provisions existantes, soit en les diminuant dans le cas contraire. Les écritures
relatives à une baisse des provisions déjà existantes sont les suivantes :
On débite le compte 19 Provisions pour risques et charges par le crédit des comptes
791 : Reprises de provisions et dépréciations d’exploitation
797 : -------------------------------------------------financières
864 : --------------------------- pour risques et charges H.A.O.
B) Les provisions pour risques et changes à moins d’un an
Elles concernent des évènements dont le dénouement intervient dans un court terme
généralement inférieur à l’année. Les provisions pour risques et charges à CT sont constatées
soit dans le compte 659 : Charges pour dépréciations et provisions pour risques à court termes
d’exploitation.
6591 : sur risques à court terme ;
Soit dans le compte 679 : Charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme
financières.
6791 : sur risques financiers ;
Ou au compte 839 : Charges pour dépréciations et provisions pour risques à court terme
H.A.O
Par le crédit de 499 : Provisions pour risques à court terme (tiers)
4991 : sur opérations d’exploitation
4997 : ------------------financières
4998 : ------------------ H.A.O.
Ou de 599 : Provisions pour risques à court terme à caractère financier

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Remarques : En fin d’exercice, il faut ajuster les provisions déjà constatées, soit en les
augmentant (dotation), soit en les diminuant :
En cas de baisse, on passe les écritures suivantes :
4991 : sur opérations d’exploitation
4997 : ------------------financières
4998 : ------------------ H.A.O.
599 : Provisions pour risques à caractère financier
759 : Reprises de charges pour dépréciations et provisions pour
risques à court terme d’exploitation,
7591 : sur risques à court terme
779 : Reprises de charges pour dépréciations et provisions à court
terme financières,
7791 : sur risques financiers
849 : Reprises de charges pour dépréciations et provisions à court
terme H.A.O.

Exercice d’application sur les provisions/ Provisions pour risques et charges

Le 31/12/2007, un ancien employé de nationalité sénégalaise nous réclame une indemnité de


5000 000 F pour licenciement abusif. Notre conseil, Me Ndiaye pense que nous pourrions être
condamnés à lui verser 3000 000 F
Le 31/ 05/2008, l’indemnité est réglé par chèque bancaire de 3500 000 F.
TAF: écritures au journal le 31/12/2007, le 31/05/2008 et le 31/12/2008.

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