Vous êtes sur la page 1sur 42

 7-102-A-15

Anomalies congénitales du pancréas


L. Heyries, J.-P. Bernard

Résumé : Les anomalies congénitales du pancréas sont rares. Après un rappel d’embryologie pancréatique
et de l’arborisation canalaire pancréatique, sont abordés le pancréas divisum, le pancréas annulaire et
le pancréas aberrant. Ne sont pas traitées dans cet article les insuffisances pancréatiques sécrétoires
congénitales (mucoviscidose, syndrome de Schwachman-Diamond, lipomatoses pancréatiques, etc.).
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Pancréas divisum ; Pancréas annulaire ; Pancréas aberrant

Plan  Arborisation canalaire


■ Rappel embryologique 1
pancréatique normale
■ Arborisation canalaire pancréatique normale 1 Avant de pouvoir reconnaître et de décrire précisément une
■ Pancréas divisum 2 anomalie congénitale des canaux du pancréas, il importe de
Physiopathologie 2 connaître leur état normal. En fait, la définition de la normalité
Manifestations cliniques 3 des canaux pancréatiques n’est pas aisée. Les premières bases dont
Diagnostic 3 on dispose sont constituées par les études autopsiques. La lon-
Traitement 3 gueur du canal pancréatique varie de 14 à 17 cm avec des extrêmes
Indications 4 allant de 11 à 23,5 cm [3] . Son trajet marque une inflexion sigmoïde
■ Pancréas annulaire 4 à la jonction céphalo-isthmique. Son calibre diminue progressive-
ment dans un sens céphalocaudal. Le diamètre maximal dépend
■ Pancréas aberrant 5
de l’âge : 3,5 mm à 20–30 ans, 4,2 mm à 50 ans et 5 à 6 mm
■ Conclusion 6 au-delà de 70 ans [4] . Un rétrécissement physiologique du canal
pancréatique est décrit dans l’isthme du pancréas, à la jonction
entre le canal de Santorini et le canal principal. Les canaux secon-
daires réalisent l’aspect en myriapode décrit par Cruveilhier, dans
 Rappel embryologique la mesure où les canaux de premier ordre s’implantent de façon
pratiquement perpendiculaire sur le canal principal. Les canaux
À la cinquième semaine de la vie embryonnaire, le pancréas secondaires du pancréas ont, normalement, des contours régu-
apparaît sous la forme de deux ébauches au niveau du plan- liers. Le canal accessoire ou canal de Santorini est souvent ignoré,
cher duodénal [1, 2] . Le bourgeon pancréatique ventral (appelé lors des pancréatographies autopsiques, sa fréquence allant de 54
ainsi car il est situé à la face antérieure de l’intestin primitif) à 83 % [3, 5, 6] . La perméabilité de la papille accessoire est constatée
est lui-même formé de deux parties droite et gauche, la partie dans 25 à 90 % des cas. Chez huit cas d’une série autopsique de
gauche s’atrophiant secondairement (Fig. 1). Le développement 102 préparations anatomiques, le canal de Santorini était domi-
de l’ébauche hépatique ainsi que les rotations de l’intestin anté- nant (semblait drainer l’essentiel du flux pancréatique) [3] . Les
rieur et moyen attirent le bourgeon pancréatique ventral sous et aspects normaux de la pancréatographie rétrograde endoscopique
en arrière du bourgeon dorsal. Au cours de la septième semaine de ont été décrits initialement par Kasugaï et al. [7] chez 107 patients.
développement, les deux ébauches pancréatiques ventrale et dor- Le canal pancréatique normal mesure 16,2 ± 2,5 cm et a un dia-
sale fusionnent. Le bourgeon pancréatique ventral est à l’origine mètre de 2,6 à 3,5 mm dans la tête du pancréas, de 2 à 2,7 mm
de la partie postérieure et inférieure de la tête et du processus unci- dans le corps et de 1 à 1,7 mm dans la queue. Le trajet du canal
natus ; le bourgeon pancréatique dorsal, plus volumineux, est à pancréatique était ascendant dans 48,5 % des cas, horizontal dans
l’origine de la partie antérieure de la tête, du corps et de la queue 26,5 %, sigmoïde dans 16,2 % et descendant dans 8,8 %. En fait,
du pancréas. Les ébauches ventrale et dorsale fusionnent dans bien souvent les trajets ainsi décrits dépendaient de la position
90 % des cas au niveau de l’isthme. Des variantes de fusion ont de l’endoscope dans le duodénum (voie longue, voie avec boucle
été décrites : le canal de Santorini peut perdre sa connexion avec intragastrique, ou voie courte), du patient ou de refoulement par
le canal de Wirsung, créant un « pancréas divisum inversé » ; le un organe de voisinage. Le canal de Santorini était retrouvé dans
canal de Santorini peut également perdre son abouchement par la 32,4 % des cas et mesurait 2,4 cm de long pour 1,4 mm de dia-
papille accessoire, devenant alors un affluent du canal de Wirsung. mètre en moyenne. Dans les cas où le canal de Santorini était
Les anomalies congénitales du pancréas résultent de troubles de mis en évidence, Kasugaï et al. constataient la présence d’une
migration du bourgeon ventral (pancréas annulaire), de la persis- dilatation ampullaire de l’extrémité terminale du canal de San-
tance de vestiges embryonnaires (pancréas aberrant) ou encore de torini, dans la paroi duodénale. Dans une autre étude, Varley
l’absence de fusion canalaire (pancréas divisum). et al. notaient que le canal de Wirsung, qui mesurait en moyenne

EMC - Hépatologie 1
Volume 35 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(19)79352-8
7-102-A-15  Anomalies congénitales du pancréas

6e semaine 7e semaine Figure 1. Embryologie du pancréas. PD : bour-


geon pancréatique dorsal ; PV : bourgeon
pancréatique ventral.
PD

PD

PV
PV

allemande menée sur 995 volontaires a évalué la fréquence du


pancréas divisum par imagerie par résonance magnétique (IRM)
I II
(+ sécrétine) : le pancréas divisum était décrit dans 9,6 % [11] . On
peut retenir une fréquence moyenne de 5 à 10 %.
Bien que la plupart des patients porteurs de cette anomalie
congénitale soient asymptomatiques, l’association d’un pancréas
divisum et d’une sténose de la papille accessoire peut se compli-
III IV quer d’une pancréatite obstructive ou de douleurs abdominales
chroniques.
Dans le cas des pancréatites aiguës idiopathiques, la présence
d’un pancréas divisum a été rapportée comme un facteur étiolo-
gique [9, 12–14] . De plus, chez les patients présentant une pancréatite
aiguë récurrente (PAR), les modifications canalaires intéressent
le canal dorsal [9, 13, 15, 16] . Enfin, l’amélioration rapportée par les
V VI séries chirurgicales et endoscopiques après décompression cana-
laire est un argument supplémentaire de la responsabilité du
pancréas divisum en cas de douleur chronique pancréatique ou de
PAR [9, 10, 13–21] . En revanche, certains auteurs considèrent le pan-
créas divisum comme une variante de la normale, de découverte
fortuite, dépourvue de conséquences pathologiques [22] . De plus,
certaines séries chirurgicales rapportent de mauvais résultats après
Figure 2. Différents types d’arborisation canalaire. I : Normal ; II à IV : décompression canalaire et remettent en cause le traitement du
anormal ; V : pancréas divisum complet ; VI : pancréas divisum incomplet. pancréas divisum [23, 24] .

17 cm de long, croisait la colonne vertébrale en regard de la Physiopathologie


première vertèbre lombaire [8] . Dans cette série de 102 patients,
le type le plus fréquent était la conformation de type sigmoïde En 1977, Cotton et Kizu [25] et Gregg [26] ont émis l’hypothèse
(ascendant–horizontal–ascendant), suivi par le type « pistolet » qu’en cas de pancréas divisum, les douleurs pancréatiques ou les
(ascendant–horizontal–horizontal). Le canal du processus uncina- épisodes de pancréatite aiguë étaient secondaires à l’étroitesse de
tus peut naître du canal de Wirsung dans sa portion céphalique, la papille accessoire (d’origine fibreuse ou spasmodique ?), respon-
ou du canal de Santorini. Sa direction est oblique vers le bas et sable d’une gêne passagère ou permanente à l’écoulement de la
vers la gauche. quasi-totalité de la sécrétion pancréatique. En fait, les arguments
objectifs susceptibles de valider cette hypothèse sont rares : certes,
quand des signes patents de pancréatite obstructive existent de
 Pancréas divisum façon sélective sur le pancréas dorsal, alors que le pancréas ventral
est morphologiquement normal, la responsabilité d’un obstacle
Le pancréas divisum résulte de l’absence de fusion embryolo- au niveau de la petite caroncule peut être retenue ; le test à la
gique des bourgeons pancréatiques ventral et dorsal. Différents sécrétine réalisé au cours d’une échographie [18, 27] semble prédic-
types de pancréas divisum ont été décrits : tif de l’existence d’une sténose au niveau de la papille accessoire.
• type 1 : pancréas divisum « typique », le plus fréquent (71 %) ; Les études manométriques au niveau de la papille accessoire ou
le canal dorsal draine la plus grande partie du pancréas et du canal pancréatique dorsal sont rares. Staritz et al. [16] ont mon-
s’abouche dans la papille accessoire ; le canal ventral draine tré une augmentation de la pression dans le canal pancréatique
une partie de la tête du pancréas et s’abouche dans la papille dorsal : dans six cas de pancréas divisum, la pression dans le
principale (Fig. 2) (V) ; canal dorsal était de 23,7 ± 1,3 mmHg alors que la pression dans
• type 2 : « canal dorsal isolé », moins fréquent (23 %) ; le canal le canal ventral était de 10,8 ± 1,9 mmHg, comparé à huit cas
ventral ne s’abouche pas dans le duodénum ; de pancréas normalement fusionné où la pression dans le canal
• type 3 : « pancréas divisum incomplet » (6 %) ; la fusion de Wirsung était similaire à celle du canal de Santorini (respec-
entre les deux canaux est incomplète ou rudimentaire et se fait tivement 10,0 ± 1,0 mmHg et 10,5 ± 0,9 mmHg). Les études
par l’intermédiaire d’un fin canal secondaire, peu fonctionnel peropératoires de Warshaw et al. [18] ont montré que la taille mini-
(Fig. 2) (VI). male de l’orifice de la papille accessoire mesurée à l’aide de sondes
Le pancréas divisum est la malformation congénitale du pan- lacrymales était de 0,75 mm. Si le calibre était inférieur à cette
créas la plus répandue ; sa fréquence varie de 5,4 à 14 % selon les valeur, les auteurs considéraient qu’il y avait une sténose. Les
séries autopsiques [9] . On évalue la fréquence du pancréas divisum résultats de la sphinctérotomie endoscopique ou de la sphinctéro-
en cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE) plastie chirurgicale de la papille accessoire militent également en
à 2,9 % (899/31 413), avec un taux significativement plus élevé faveur d’un obstacle papillaire : dans 70 à 80 % des cas, on observe
aux États-Unis (5,8 %) et en Europe (6 %) qu’en Asie (1,5 %) de bons résultats après ce type de traitement ; de plus, en cas de
(p < 0,001) [10] . Cette différence peut s’expliquer par l’application sténose de la sphinctérotomie, on assiste à la récidive des crises
que met l’endoscopiste à rechercher cette anomalie (opacifica- douloureuses, associée à une dilatation des canaux pancréatiques
tion du pancréas par la papille accessoire). Une étude originale dorsaux [28] . Enfin, l’examen anatomopathologique de la papille

2 EMC - Hépatologie
Anomalies congénitales du pancréas  7-102-A-15

accessoire peut montrer l’existence d’une fibrose sous-muqueuse le diagnostic différentiel doit être fait avec un obstacle complet
sur les biopsies chirurgicales [21] ou de tissu pancréatique ecto- dans la tête du pancréas, en particulier par un cancer ou dans
pique [12] . les suites d’un traumatisme pancréatique ou encore au contact
Tous ces arguments, même s’ils sont imparfaits, indiquent avec d’un pseudokyste [38] . Le calibre du canal ventral est inférieur au
une bonne vraisemblance l’existence d’un obstacle au niveau de la calibre habituel du canal de Wirsung dans son segment cépha-
papille accessoire : le pancréas divisum fait donc partie des causes lique (3 mm). Ces aspects pancréatographiques sont suffisants
possibles de pancréatite obstructive. pour porter le diagnostic de pancréas divisum. Cependant, afin de
ne pas méconnaître l’existence d’éventuelles lésions siégeant dans
le pancréas dorsal, il est recommandé de cathétériser la papille
Manifestations cliniques accessoire, située plus en avant et en amont par rapport à la papille
Le pancréas divisum peut se manifester par des PAR, des principale. Elle doit être recherchée 1 ou 2 cm au-dessus et à droite
douleurs chroniques transfixiantes ou encore une pancréatite de la papille principale.
chronique. La papille accessoire apparaît sous la forme d’un petit mamelon
Un pancréas divisum est retrouvé chez 11 à 25 % des patients de 1 à 2 mm ; son cathétérisme nécessite un cathéter effilé ou à
présentant des PAR inexpliquées [28–30] . Dans ces séries, la fré- aiguille [39] .
quence des pancréatites aiguës était significativement plus élevée Si l’orifice de la papille accessoire est difficile à repérer, on peut
dans le groupe des patients présentant un pancréas divisum que s’aider d’une injection intraveineuse de sécrétine : l’orifice est alors
dans le groupe de patients qui n’avaient pas cette anomalie ; le mieux vu, grâce à l’écoulement du suc pancréatique qui peut se
pancréas divisum était retenu comme une cause possible de PAR faire en jet ou de façon saccadée.
dites « idiopathiques » [12, 13, 21, 28] . L’opacification du canal dorsal est aléatoire, obtenu avec une
La douleur chronique transfixiante sans augmentation signifi- grande variation, dans 4 à 74 % des cas [40] . Le canal dorsal a les
cative des enzymes pancréatiques et sans modification morpho- dimensions habituelles du canal pancréatique principal (3-4 mm
logique du pancréas est également un mode de révélation du dans la tête, 2-3 mm dans le corps, 1-2 mm dans la queue) [41] .
pancréas divisum chez 51 % des patients de la série de Warshaw En cas de pancréatite aiguë, le canal dorsal est de calibre normal
et al. [18] . Ce sous-groupe de patients est celui qui répond le moins dans 75 % des cas [40, 41] . Cette observation est difficile à expli-
bien à la sphinctéroplastie. quer si on admet l’existence d’un obstacle au niveau de la papille
Des modifications du canal dorsal, rappelant la pancréatite accessoire. Très rarement, les canaux dorsaux sont dilatés, de façon
chronique, ont été rapportées chez 25 % des patients sympto- régulière, réalisant un aspect de pancréatite obstructive.
matiques ayant un pancréas divisum [31] . Le pancréas divisum Benage et al. [31] ont observé des anomalies canalaires chez 36 de
n’apparaît cependant pas corrélé à la pancréatite chronique leurs 120 malades (30 % des cas) : pancréatite chronique (n = 23),
calcifiante (PCC) [32] . Il ne semble pas y avoir de différence signi- calculs pancréatiques (n = 10), pseudokyste (n = 4), sténose cana-
ficative, en termes de complications et de fréquence des crises laire (n = 7), cancer du pancréas (n = 3), atrophie (n = 1).
de pancréatites aiguës, entre les formes de PCC associées à un Pour évaluer les conséquences du pancréas divisum, il est néces-
pancréas divisum et les formes de PCC développées sur pancréas saire d’apprécier l’obstacle au niveau de la papille accessoire.
normalement fusionné [32] . La controverse sur les liens entre pan- Warshaw et al. [18] ont proposé d’utiliser l’échographie pour dépis-
créas divisum et PCC vient probablement de la confusion entre ter, avant une intervention chirurgicale, une sténose de la papille
pancréatite chronique obstructive et PCC dans la littérature anglo- accessoire : l’injection intraveineuse de sécrétine, à la dose de
saxonne alors que ces deux entités avaient été bien distinguées par 1 UI/kg, provoque une augmentation de calibre du canal pan-
le congrès de Marseille–Rome [33] . créatique principal dans 79 % des cas de pancréas divisum avec
sténose de la papille accessoire. Il y aurait seulement 3 % de faux
positifs. Ce test aurait une excellente valeur prédictive de succès
Diagnostic après sphinctéroplastie de la papille accessoire. Des résultats voi-
En cas de pancréas divisum, le pancréas étant extérieure- sins ont été rapportés par Tulassay et al. [27] . Pour Warshaw et al.,
ment normal, le diagnostic nécessite des techniques d’imagerie les résultats seraient bons dans 92 % des cas si le test est positif et
des canaux pancréatiques. Le diagnostic peut être évoqué par dans 40 % des cas seulement si le test est négatif.
l’échographie, le scanner ou l’échoendoscopie en montrant une
dilatation du canal dorsal alors que le canal ventral est fin.
Certains auteurs ont décrit une cloison graisseuse séparant le Traitement
pancréas ventral du pancréas dorsal [34] . La confirmation du
Il n’y a pas de traitement médical spécifique en dehors des
diagnostic de pancréas divisum nécessite une étude fine des
extraits pancréatiques destinés à corriger une éventuelle insuffi-
canaux : la cholangio-pancréatico-imagerie par résonance magné-
sance pancréatique exocrine.
tique (CPRM) représente l’examen le plus performant et le moins
invasif pour visualiser l’arbre biliopancréatique dans les différents
plans de l’espace. Cet examen montre l’abouchement du canal
Traitement endoscopique
dorsal dans la papille accessoire au-dessus et en arrière du cholé- Deux techniques sont possibles, isolées ou associées : la section
doque, réalisant un signe du croisement [35] . La CPRM dynamique endoscopique de la papille accessoire et l’intubation du canal dor-
avec injection de sécrétine augmente la sensibilité [36] . sal par une prothèse plastique. La sphinctérotomie de la papille
La pancréatographie rétrograde du canal dorsal par canulation accessoire (SPA) est techniquement difficile ; elle est réalisée à
de la papille accessoire est la confirmation indiscutable du pan- l’aide d’un bistouri diathermique qui coupe la papille accessoire
créas divisum. L’aspect endoscopique de la papille principale et sur une prothèse pancréatique, comme « sur un billot ». Si les
de la papille accessoire n’apporte habituellement aucune infor- conditions le permettent, la SPA est plus simplement réalisée à
mation. La taille des deux papilles est le plus souvent normale. l’aide d’un sphinctérotome à bout effilé monté sur guide.
Cependant, après stimulation pancréatique par la sécrétine, on Depuis la première SPA effectuée par Cotton en 1978, de courtes
peut parfois voir un jet de suc pancréatique par la papille acces- séries ont été rapportées avec des résultats variables. Lans et al. [42]
soire. ont mené un essai randomisé chez 20 patients présentant des PAR.
Parfois, un « santorinocèle » apparaissant sous l’aspect Après un suivi de 12 mois, les dix patients traités par intubation
d’une saillie hémisphérique sous-muqueuse a été décrit [37] . Le pancréatique étaient moins souvent hospitalisés et présentaient
cathétérisme de la papille principale permet d’obtenir la pancréa- moins de pancréatite aiguë que les témoins non traités (p < 0,05).
tographie ventrale. Les patients traités étaient plus souvent améliorés (90 % des cas)
Le canal ventral a une longueur qui varie de quelques milli- que les témoins (11 %) (p < 0,05). Deux série plus importantes ont
mètres à 5-7 cm. Lorsque le canal est très court, l’injection de rapporté des résultats cliniques significativement différents selon
produit de contraste aboutit très rapidement à une parenchyma- que les patients présentaient des PAR, une douleur chronique ou
tographie très dense de 1 à 2 cm2 qui peut être confondue avec une PCC : l’amélioration de la douleur était respectivement de
une injection sous-muqueuse. Lorsque le canal mesure 3 à 4 cm, 76 %, 26 à 60 %, 27 à 40 %. La morbidité montrait un décès

EMC - Hépatologie 3
7-102-A-15  Anomalies congénitales du pancréas

Tableau 1.
Résultats du traitement endoscopique du pancréas divisum : pourcentage d’amélioration en fonction de la présentation clinique
Auteur n Pancréatite aiguë récidivante Douleur chronique Pancréatite chronique Morbidité
(% d’amélioration) (% d’amélioration) (% d’amélioration)
Lehman [43] 52 17 (76 %) 24 (26 %) 11 (27 %) 50 %
1 décès par pancréatite
Coleman [44] 34 9 (76 %) 5 (60 %) 50 (40 %) 43 %

par pancréatite aiguë post-CPRE et 40 à 50 % de complications


tardives en raison de la prothèse (migration, obstruction). Ce taux
élevé de complication et les risques de décès incitent à réserver ce CPRM (sécrétine)
type de traitement à des centres de référence (Tableau 1) [43, 44] . Pancréas divisum
L’expérience des auteurs sur 21 patients a rapporté une dimi-
nution significative de la fréquence des pancréatites aiguës après
prothèse pancréatique et SPA (8 % de pancréatites aiguës à Conséquences cliniques
long terme), et une efficacité moindre sur la douleur (29 % Pancréatite aiguë (> 2 épisodes)
de douleur résiduelle). La morbidité étant liée à l’intubation de
longue durée (un an avec un changement de la prothèse tous
les quatre mois), les auteurs ont proposé une intubation de deux
mois [45] . Obstacle fonctionnel ?
Une méta-analyse a colligé 22 séries de 838 patients traités pour Test à la sécrétine
un pancréas divisum symptomatique : le succès global s’élevait
à 63 % (528/838), l’amélioration de la douleur étant signifi-
cativement plus marquée en cas de PAR (76 %) qu’en cas de
Traitement endoscopique
pancréatite chronique (42 %) ou de douleur continue (33 %). Les Sphinctérotomie de la papille accessoire
complications comprenaient perforation duodénale, pancréatite Prothèse pendant 2 mois
aiguë post-CPRE, hémorragie, obstruction de la prothèse [46] . Si échec technique :
sphinctéroplastie chirurgicale
de la papille accessoire
Méthodes chirurgicales
Il s’agit de la SPA, de la sphinctéroplastie de la papille accessoire, Figure 3. Arbre décisionnel. Conduite à tenir face à la découverte d’un
de la bi-sphinctérotomie ou de la bi-sphinctéroplastie. Dans tous pancréas divisum. CPRM : cholangio-pancréatico-imagerie par résonance
les cas, une cholécystectomie est également réalisée. magnétique.
En cas de sténose de la papille principale, les auteurs ont pro-
posé un traitement mixte de sphinctéroplastie des deux papilles.
Une série a rapporté un pancréas divisum associé à une sténose Indications (Fig. 3)
de la papille principale : retard de vidange biliaire, dilatation de la
voie biliaire dans 21/90 cas avec pancréas divisum, manométrie Seuls les malades ayant un pancréas divisum symptomatique
endoscopique [47] . La dérivation pancréaticojéjunale n’est réali- doivent être traités :
sable que si le canal dorsal est suffisamment dilaté (> 8 mm). Les • PAR : après avoir éliminé les autres causes de pancréatite aiguë,
interventions de résection (duodénopancréatectomie céphalique) une SPA associée à une intubation de courte durée (deux mois)
sont le plus souvent pratiquées après échec des précédentes tech- peut être proposée. En cas d’échec, on peut proposer une
niques chirurgicales [48] . La série chirurgicale la plus importante sphinctéroplasie chirurgicale ;
est celle de Warshaw et al. qui concerne 100 malades porteurs • douleur pancréatique : les résultats sont moins bons qu’en cas
d’un pancréas divisum associé à une PAR dans 49 cas, et des dou- de PAR ;
leurs dans 51 cas [18] : 71 malades avaient un pancréas divisum • pancréatite chronique : les indications sont les mêmes que
complet, six un pancréas divisum incomplet et 23 un canal dor- celles du traitement endoscopique de la PCC. La présence
sal isolé. D’après le test à la sécrétine, une sténose de la papille d’un pancréas divisum complique le traitement endoscopique,
accessoire existait dans 66 % des cas. Une sphinctéroplastie de l’accès à la papille accessoire étant plus difficile que celui de la
la papille accessoire a été réalisée chez 88 malades qui ont été papille principale.
suivis 53 mois : 70 % des malades ont eu une amélioration
qui était significativement plus importante dans le groupe chez
lequel la papille accessoire était initialement « sténosée » (85 %  Pancréas annulaire
d’amélioration) par rapport au groupe chez lequel la papille acces-
soire n’était pas sténosée (27 % d’amélioration). Une sténose de Le pancréas annulaire est, après le pancréas divisum, l’anomalie
la sphinctérotomie est apparue dans sept cas dont six ont dû être congénitale des canaux pancréatiques la plus fréquente. Sa pre-
réopérés. mière description anatomique semble remonter à 1818 par
Une revue de la littérature a colligé 13 séries chirurgicales Tiedman mais son nom a été attribué pour la première fois en 1862
totalisant 271 patients traités pour un pancréas divisum symp- par Ecker [49] . Sa fréquence est variable : 1/20 000 cas dans une série
tomatique : le succès global de 74,9 % (203/271) était proche du autopsique [50] , 1/24 519 laparotomies [51] , 1/1000 à 1/2000 cathé-
succès obtenu par le traitement endoscopique [10] . L’analyse de térismes de la papille [52, 53] .
sous-groupe retrouvait une meilleure amélioration de la douleur L’origine embryologique du pancréas annulaire relève de deux
en cas de PAR (81 %) qu’en cas de pancréatite chronique (68 %) hypothèses :
ou de douleur continue (55 %) (p < 0,05). • persistance du bourgeon ventral gauche qui va s’enrouler
L’interprétation statistique des résultats obtenus par les séries autour de l’anse intestinale au cours de sa rotation (théorie de
endoscopiques et chirurgicales reste controversée en l’absence de Baldwin) [54] ;
grandes études randomisées. Toutes les séries sont rétrospectives • dépôt de vestiges embryonnaires au cours de la rotation du
sauf deux qui étaient prospectives : une série endoscopique de bourgeon ventral droit (théorie de Lecco) [55] .
dix patients et une série chirurgicale de 88 patients [18, 42] . La Cette dernière théorie rend compte, au cours de l’association
rareté du pancréas divisum symptomatique et des centres experts pancréas divisum-pancréas annulaire, du caractère annulaire
expliquent les difficultés à mettre en place un essai randomisé constant du pancréas ventral alors que le pancréas dorsal n’est
comparant le traitement endoscopique à la chirurgie. jamais annulaire [50, 51, 56] .

4 EMC - Hépatologie
Anomalies congénitales du pancréas  7-102-A-15

Le pancréas annulaire se révèle dans la moitié des cas chez


l’enfant et dans l’autre moitié chez l’adulte [49] . Chez l’enfant,
le pancréas annulaire se révèle le plus souvent dans la pre-
mière semaine de vie par un tableau de sténose duodénale. On
estime que le pancréas annulaire représente 35 % des causes
d’atrésie duodénale [57] . D’autres malformations congénitales asso-
ciées ont été rapportées : mésentère commun, malformations
cardiaques, syndrome de Down (ou trisomie 21), imperforation
anale, malformations trachéo-œsophagiennes, anomalies de la
face. Le sex-ratio est masculin, deux hommes pour une femme [53] .
Chez l’adulte, l’anomalie se révèle entre 40 et 60 ans (âge moyen
de 45 ans). Dans une série de 105 patients [53] , les manifesta-
tions cliniques et les affections associées sont variées : douleurs
abdominales, ictère, ulcère gastroduodénal, pancréatite aiguë ou
chronique, lithiase biliaire, cancer pancréatique ou biliaire. La
douleur abdominale est la manifestation la plus fréquente (70 %
des cas), suivie par les vomissements et nausées (47 %) [53] . Ces
manifestations traduisent généralement une sténose digestive,
compliquée ou non d’un ulcère gastroduodénal. L’ulcère est attri-
bué à une stase en amont de la sténose duodénale. Sa fréquence Figure 4. Échoendoscopie : lésion sous-muqueuse bien limitée par la
varie de 26 à 43 % [58, 59] . L’ictère est décrit dans 12 % des cas [53] . musculeuse (quatrième couche hypoéchogène), contenant un petit canal
Il est lié à une lithiase cholédocienne ou à un ampullome ou à un en son centre (flèches).
cancer de la vésicule. Par ailleurs, la dilatation biliaire peut relever
d’une sténose biliaire par le pancréas annulaire, ou d’un trouble
de la motricité [60, 61] . Une atteinte pancréatique est décrite dans 13 pose pas de séries d’autopsies systématiques ; sur les bases fournies
à 24 % des cas [53, 58] . Elle peut prendre la forme d’une pancréatite par l’imagerie, elle est estimée entre 1 et 13 % [66] .
aiguë ou d’une pancréatite chronique avec des calculs calcifiés ou La symptomatologie est le plus souvent absente, le pancréas
non [53] . ectopique étant découvert au cours d’une exploration radiolo-
La pathogénie de ces lésions est imputée à un défaut gique ou endoscopique, réalisée pour d’autres raisons. Par ailleurs,
d’écoulement des sécrétions pancréatiques au niveau du pancréas les principaux signes d’appel sont un syndrome dyspeptique ou
annulaire ou au niveau de la papille principale [62, 63] . La PCC pseudo-ulcéreux, rarement une hémorragie digestive. En position
se développe au niveau du pancréas annulaire (ou de la portion biliaire, le pancréas ectopique peut donner une angiocholite. Mais
céphalique attenante) alors que la partie corporéocaudale du pan- le plus important est de considérer les maladies pancréatiques
créas est habituellement préservée [62] . (pancréatite aiguë ou chronique) [67, 68] et même les tumeurs [66, 69]
Le diagnostic de pancréas annulaire reposait initialement qui peuvent toucher le pancréas ectopique tout aussi bien que le
sur la duodénographie qui mettait en évidence une sténose pancréas orthotopique.
médioduodénale régulière correspondant à l’anneau pancréa- Le diagnostic peut être fait au cours d’une endoscopie sous la
tique [52, 53, 62, 63] . La tomodensitométrie (TDM) peut montrer forme d’une tumeur sous-muqueuse avec une ombilication cen-
directement un anneau périduodénal. L’échoendoscopie montre trale donnant ou non accès à un canal excréteur (Fig. 4).
un anneau pancréatique périduodénal comportant un paren- En échoendoscopie, le pancréas aberrant se présente sous la
chyme inhomogène avec des foyers hyperéchogènes, voire de forme d’une lésion tissulaire hypoéchogène homogène, ovalaire,
véritables dilatations kystiques de canaux secondaires [64] . Il bien limitée, située dans la deuxième (muqueuse profonde) ou la
n’est cependant pas possible de chiffrer la précision diagnos- quatrième couche (musculeuse) [70] . La dystrophie kystique sur
tique de l’échoendoscopie dans cette affection, aucune série pancréas aberrant (DKPA) de la paroi duodénale peut se ren-
échoendoscopique n’ayant été réalisée en raison de la rareté du contrer dans le cadre d’une PCC (90 %) ou de façon isolée
pancréas annulaire. Finalement, la CPRM ou la CPRE sont les (10 %) [68, 71] . Il s’agit le plus souvent d’un homme de 45 ans
moyens les plus fiables pour mettre en évidence un canal pan- aux antécédents d’éthylisme, présentant une douleur (pancréa-
créatique encerclant le duodénum, voire pour rechercher une tique ou ulcéreuse) associée à une occlusion haute (vomissements
sténose biliaire associée ou des signes évocateurs de pancréatite et amaigrissement) [72] . Cette forme classique peut également se
chronique [52, 53, 60] . Plusieurs classifications pancréatographiques compliquer d’un ictère par compression biliaire ou encore d’une
japonaises ont été proposées mais ont peu d’intérêt clinique [53] . hémorragie digestive par ulcération de la paroi duodénale. Le diag-
Le traitement du pancréas annulaire repose essentiellement sur nostic repose sur l’imagerie par échographie, la TDM et l’IRM qui
la dérivation digestive : il ne faut pas sectionner l’anneau duodé- recherchent un épaississement de la paroi duodénale et des kystes
nal car celui-ci contient un canal pancréatique dont la rupture se dans la paroi digestive [73] . L’aspect endoscopique du duodénum
complique d’une fistule pancréatique. La dérivation duodénojé- est évocateur sous la forme d’une compression extrinsèque, d’une
junale se révèle la plus efficace pour traiter la sténose duodénale et muqueuse congestive, framboisée et gaufrée. L’échoendoscopie
l’ulcère peptique parfois associé. La gastro-entéro-anastomose est est l’examen le plus performant pour établir le diagnostic en
plus rarement proposée, la duodénopancréatectomie céphalique montrant un épaississement hyperéchogène diffus de la paroi
reste exceptionnelle dans cette indication. duodénale qui contient des kystes hypoéchogènes limités par la
musculeuse (4e couche hypoéchogène). La présence de kystes dans
la paroi duodénale signe le diagnostic mais ce signe peut manquer
 Pancréas aberrant en raison du caractère fluctuant des kystes [74] .
La découverte fortuite d’une DKPA chez un patient asymptoma-
Le pancréas aberrant, ou ectopique, se définit par la présence tique ne requiert pas de traitement spécifique. En cas de douleur
de tissu pancréatique en situation anormale, sans rapport vas- ou de syndrome occlusif duodénal, le traitement repose sur des
culaire ou de contiguïté avec le pancréas orthotopique. Il peut antalgiques majeurs et une sonde gastrique en aspiration. Bien
siéger partout dans le tube digestif mais se retrouve surtout dans souvent, ce traitement étant insuffisant, on fait appel aux ana-
les structures dérivant de l’intestin antérieur ou de la partie proxi- logues de la somatostatine sous sa forme immédiate (octréotide
male de l’intestin moyen : estomac (25 % des cas), duodénum en injection sous-cutanée de 100 ␮g × 3/j) relayée par la forme
(30 % des cas), intestin grêle, mais aussi diverticule de Meckel, retard en injection tous les 15 à 30 jours [75, 76] . Ces inhibiteurs
rate, voie biliaire, péritoine, estomac, poumon, etc. [65] . Le pan- de sécrétions pancréatiques apportent une amélioration de la
créas aberrant peut être complet, comportant des tissus endocrine douleur, de la taille des kystes et permettent la prise de poids.
et exocrine et des canaux. A contrario, il peut ne contenir que l’un Cependant, la durée du traitement et les effets à moyen et long
de ces éléments. Sa fréquence est difficile à préciser, car on ne dis- termes restent incertains. Le traitement endoscopique de la DKPA

EMC - Hépatologie 5
7-102-A-15  Anomalies congénitales du pancréas

s’inspire des traitements des pseudokystes pancréatiques : le geste [18] Warshaw AL, Simeone JF, Schapiro RH, Flavin-Warshaw B. Evalua-
consiste en une fenestration du kyste dans le duodénum éven- tion and treatment of the dominant dorsal duct syndrome (pancreas
tuellement associée à une prothèse kystoduodénale. Les kystes divisum redefined). Am J Surg 1990;159:59–64.
sont cependant trop petits pour admettre une prothèse « double [19] McCarthy J, Geenen JE, Hogan W. Preleminary experience with
queue de cochon » et la paroi duodénale est souvent épaissie et endoscopic stent placement in benign pancreatic disease. Gastrointest
infiltrée : ces facteurs expliquent que le traitement endoscopique Endos 1988;34:16–8.
soit souvent inefficace. La chirurgie doit être réservée aux formes [20] Soehendra N, Kempeneers I, Nam VC, Grimm H. Endoscopic dila-
symptomatiques résistantes aux traitements médicaux : en pré- tion and papillotomy of the accessory papilla and internal drainage in
sence d’un syndrome occlusif haut, une gastro-entéro-anastomose pancreas divisum. Endoscopy 1986;18:129–32.
(éventuellement associée à une dérivation biliodigestive) peut [21] Sahel J, Cross RC, Bourry J, Sarles H. Clinicopathological conditions
être suffisante. Cependant, il s’agit d’un traitement incomplet associated with pancreas divisum. Digestion 1982;23:1–8.
[22] Delhaye M, Engelholm L, Cremer M. Pancreas divisum: congenital
qui laisse en place le pancréas ectopique : la seule intervention
anatomic variant or anomaly? Gastroenterology 1985;89:951–8.
radicale est la duodénopancréatectomie céphalique qui permet
[23] Traverso LW, Peery WW, Musser G, Frey CF, Tompkins RK. Pancreas
l’exérèse complète et définitive des lésions et supprime le risque
divisum: the role of pancreatic ductal drainage. Surg Gastroenterol
de récidive [77] . 1982;1:11–6.
[24] Harig JM, Hogan WJ. Pancreas divisum: a case against surgical treat-
ment. Adv Surg 1987;21:111–26.
 Conclusion [25] Cotton PB, Kizu M. Malfusion of dorsal and ventral pancreas. A cause
of pancreatitis. Gut 1977;18:400.
Les anomalies congénitales des canaux pancréatiques sont [26] Gregg JA. Pancreas divisum: its association with pancreatitis. Am J
rares. Leur connaissance est importante pour prévenir ou prendre Surg 1977;134:539–43.
en charge leurs conséquences. [27] Tulassay Z, Jakab Z, Vadasz A, Kelemen E, Gupta R. Secretin pro-
vocation ultrasonography in the diagnosis of papillary obstruction in
pancreas divisum. Gastroenterol J 1991;51:47–50.
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens [28] Sahel J, Boustière C, Sarles JC, Chevillote G, Sarles H. Le traitement
d’intérêts en relation avec cet article. du pancréas divisum. Résultats préliminaires. Gastroenterol Clin Biol
1983;7:293–8.
[29] Coyle WJ, Pineau BC, Tarnasky PR, Knapple WL, Aabakken
 Références L, Hoffman BJ, et al. Evaluation of unexplained acute recurrent
pancreatitis using endoscopic retrograde cholangiopancreatography,
[1] Rouvière H, Delmas A. Anatomie humaine. Descriptive, topogra- sphincter of oddi manometry and endoscopic ultrasound. Endoscopy
phique et fonctionnelle. Paris: Masson; 1985450–9. 2002;34:617–23.
[2] Van Hoe L, Claikens B. The pancreas: normal radiological anatomy [30] Neblett WW, O’Neill JA. Surgical management of recurrent pan-
and variants. Berlin: Springer-Verlag; 200019–67. creatitis in children with pancreas divisum. Ann Surg 2000;231:
[3] Warter J, Weill JP, Buscher P, Weill-Bousson M. Contribution à 899–908.
l’étude de la pancréatographie post mortem. Arch Mal App Dig Nutr [31] Benage D, McHenry R, Hawes RH, O’Connor KW, Lehman GA.
1965;54:1219–39. Minor papilla cannulation and dorsal duct ductography in pancreas
[4] Barthet M, Affriat C, Bernard JP, Berthezene P, Dagorn JC, Sahel divisum. Gastrointest Endosc 1990;36:553–7.
J. Is biliary lithiasis associated with pancreatographic changes? Gut [32] Barthet M, Valantin V, Spinosa S, Bernard JP, Sahel J. Clinical course
1995;36:761–6. and morphological features of chronic calcifying pancreatitis associa-
[5] Birnstingl M. A study of pancreatography. J Surg 1959;47:128–39. ted with pancreas divisum. Eur J Gastroenterol Hepatol 1995;7:993–8.
[6] Gruber G. Pathologie des Bauschspeicheldrüse. Anomalien des pan- [33] Sarles H, Alder G, Dani R. The classification of pancreatitis and defi-
kresgänge. In: Henke F, Lubrash O, editors. Handbuch des speziellen nition of pancreatic deseases. Digestion 1989;43:243–6.
pathologischen Anatomie und Histologie. Berlin: Verlag J Springer; [34] Seto H, Kamei T, Banda Y, Kakishita M, Tanaka H. Pancreas divi-
1929. sum with early pancreatic cancer presenting as a chronic obstructive
[7] Kasugaï T, Kuno N, Kobayashi S, Hattori K. The normal pancreato- pancreatitis. Pancreas 1992;7:251–6.
cholangiogram. Gastroenterology 1992;63:217–26. [35] Matos C, Metens T, Devière J, Nicaise N, Braude P, Van Yperen G,
[8] Varley P, Rohrmann C, Silvis S, Vennes J. The normal endoscopic et al. Pancreatic duct: morphologic and functional evaluation with
pancreatogram. Radiology 1976;118:300. dynamic MR pancreatography after secretin stimulation. Radiology
[9] Cotton PB. Congenital anomaly of pancreas divisum as a cause of 1997;203:435–41.
obstructive pain and pancreatitis. Gut 1980;21:105–14. [36] Matos C, Metens T, Devière J, Delhaye M, Le Moine O,
[10] Liao Z, Gao R, Wang Z, Ye Z, Lai XW, Wang XT, et al. A systema- Cremer M. Pancreas divisum: evaluation with secretin-enhanced
tic review on endoscopic detection rate, endotherapy, and surgery for magnetic resonance cholangiopancreatography. Gastrointest Endosc
pancreas divisum. Endoscopy 2009;41:439–44. 2001;53:728–33.
[11] Bülow R, Simon P, Thiel R, Thamm P, Messner P, Lerch MM,
[37] Eisen G, Schutz S, Mezler D, Baillie J, Cotton PB. Santorinocele:
et al. Anatomic variants of the pancreatic duct and their clinical rele-
new evidence for obstruction in pancreas divisum. Gastrointest Endosc
vance: an MR-guided study in the general population. Eur Radiol
1994;40:73–6.
2014;24:3142–9.
[12] Bernard JP, Sahel J, Giovannini M, Sarles H. Pancreas divisum is a [38] Traverso LW, Kozarek RA, Simpson T, Galagan KA. Pancreatic duct
probable cause of acute pancreatitis: a report of 137 cases. Pancreas obstruction as a potential etiology of pancreatic adenocarcinoma: a
1990;5:248–54. clue from pancreas divisum. Am J Gastroenterol 1993;88:117–9.
[13] Liguory C, Lefebvre JF, Canard JM, Bonnel D, Fritsch J, Etienne JP. [39] Dunham F, Deltenre M, Jeanmart J, Toussaint J, Cremer M. Special
Le pancréas divisum : étude clinique et thérapeutique chez l’homme : catheter for ERCP. Endoscopy 1981;13:81–5.
à propos de 87 cas. Gastroenterol Clin Biol 1986;10:820–5. [40] Madura JA. Pancreas divisum: stenosis of the dorsal dominant duct -
[14] Richter JM, Schapiro RH, Mulley AG, Warshaw AL. Association of a surgically correctable lesion. Am J Surg 1986;151:742–5.
pancreas divisum and pancreatitis, and its treatment by sphinctero- [41] Siegel JH, Ben-Zvi JS, Pullano W, Cooperman A. Effectiveness of
plasty of the accessory ampulla. Gastroenterology 1981;81:1104–10. endoscopic drainage for pancreas divisum: endoscopic and surgical
[15] Rusnak CH, Hosie PM, Mc Hattie JD, Piercy JR, Cameron RD. results in 31 patients. Endoscopy 1990;22:129–33.
Pancreatitis associated with pancreas divisum: results of surgical inter- [42] Lans JI, Geenen JE, Johanson JF, Hogan WJ. Endoscopic therapy
vention. Am J Surg 1988;155:641–3. in patients with pancreas divisum and acute pancreatitis: a pros-
[16] Staritz M, Meyer zum Büschenfelde KH. Elevated pressure in the pective randomized, controlled clinical trial. Gastrointest Endosc
dorsal part of pancreas divisum: the cause of chronic pancreatitis? 1992;38:430–4.
Pancreas 1988;3:108–10. [43] Lehman GA, Sherman S, Nisi R, Hawes RH. Pancreas divisum:
[17] Satterfield ST, Mc Carthy JH, Geenen JE, Hogan WJ, Venu RP, results of minor papilla sphincterotomy. Gastrointest Endosc 1993;39:
et al. Clinical experience in 82 patients with pancreas divisum: pre- 1–8.
leminary results of manometry and endoscopic therapy. Pancreas [44] Coleman SD, Gisen GM, Troughton AB, Cotton PB. Endoscopic treat-
1988;3:248–53. ment in pancreas divisum. Am J Gastroenterol 1994;89:1152–5.

6 EMC - Hépatologie
Anomalies congénitales du pancréas  7-102-A-15

[45] Heyries L, Barthet M, Delvasto C, Zamora C, Bernard JP, Sahel J. [63] Gilinsdky NH, Lewis JW, Flueck JA, Fried AM. Annular pancreas
Long-term results of endoscopic management of pancreas divisum with associated with diffuse chronic pancreatitis. Am J Gastroenterol
recurrent acute pancreatitis. Gastrointest Endosc 2002;55:376–81. 1987;82:681–4.
[46] Kanth R, Samji NS, Inaganti A, Komanapalli SD, Rivera R, Antillon [64] Gress F, Yiengpruksawan A, Sherman S, Ikenberry S, Kaster S, Cerulli
MR, et al. Endotherapy in symptomatic pancreas divisum: a systematic MA, et al. Diagnosis of annular pancreas by endoscopic ultrasound.
review. Pancreatology 2014;14:244–50. Gastrointest Endosc 1996;44:485–9.
[47] Gregg J, Solomon J, Clark G. Pancreas divisum and its association with [65] Mac Lean JM. Embryologie. In: Sarles H, Howat HT, editors. Le
choledochal sphincter stenosis. Diagnosis by endoscopic retrograde pancréas exocrine. Paris: Flammarion; 1980. p. 15–26.
cholangio-pancreatography and endoscopic biliary manometry. Am J [66] De Castro Barbosa J, Dockerty MB, Waugh JM. Pancreatic hetero-
Surg 1984;147:367–71. topia: review of the literature and report of 41 authenticated surgical
[48] Blair AJ, Russell CG, Cotton PB. Resection for pancreatitis in patients cases, of which 25 were clinically significant. Surg Gynecol Obstet
with pancreas divisum. Ann Surg 1984;200:590–4. 1946;82:527–42.
[49] Kiernan PD, Remine SG, Kiernan PC, Remine WH. Annular pancreas. [67] Longmire WP, Wallner MA. Pancreatitis occuring in heterotopic pan-
Mayo clinic experience from 1957 to 1976 with review of the literature. creatic tissue. Surgery 1956;40:412–9.
Arch Surg 1980;115:46–50. [68] Potet F, Duclert N. Dystrophie kystique sur pancréas aberrant de la
[50] Ravitch MM. The pancreas in infants and children. Surg Clin N Am paroi duodénale. Arch Fr Mal App Dig 1970;59:223–38.
1975;55:377–85. [69] Kaswin R, Nouel O, Leclerc JP, Sobotka F, Celerier M, Modigliani R.
[51] Theodorides TH. Pancréas annulaire. J Chir (Paris) 1964;87:445–62. Cystadénome sur pancréas aberrant révélé par une anémie chronique.
[52] Chevillote G, Sahel J, Raillat A, Sarles H. Annular pancreas. Report Gastroenterol Clin Biol 1977;1:461–6.
of one case associated with acute pancreatitis and diagnosed by endo- [70] Yasuda K, Nakajima M, Yoshida S, Kiyota K, Kawai K. The diagnosis
scopic retrograde pancreatography. Dig Dis Sci 1984;29:75–7. of submucosal tumors of the stomach by endoscopic ultrasonography.
[53] Yogi Y, Shibue T, Hashimoto S. Annular pancreas detected by endo- Gastrointest Endosc 1989;35:10–5.
scopic retrograde cholangiopancreatography: report of four cases. [71] Parc R, Soprani A, Louvel A. Hétérotopie pancréatique kystique de
Gastroenterol Jpn 1987;22:92–9. la paroi duodénale sans pancréatite chronique associée. J Chir (Paris)
[54] Baldwin WM. A specimen of annular pancreas. Anat Rec (Hoboken) 1977;114:185–92.
1910;4:299–304. [72] Fléjou JF, Potet F, Molas G. Cystic dystrophy of the gastric and duode-
[55] Lecco TM. Zur morphologie des Pankreas annulare. Sitzungsb Akad nal wall developping in heterotopic pancreas: an unrecognized entity.
Wissensch 1910;119:391–406. Gut 1993;34:343–7.
[56] Lehman GA, O’Connor KW. Coexistence of annular pancreas and pan- [73] Vuillerme MP, Vilgrain V, Fléjou JF. Cystic dystrophy of the duode-
creas divisum-ERCP diagnosis. Gastrointest Endosc 1985;31:25–8. nal wall in the heterotopic pancreas: radiopathological correlations. J
[57] Synn AY, Mulvihill SJ, Fonkalsrud EW. Surgical disorders of the pan- Comput Assist Tomgr 2000;24:635–43.
creas in infancy and childhood. Am J Surg 1988;156:201–5. [74] Andrieu J, Palazzo L, Chikli F. Cystic dystrophy on aberrant pan-
[58] Lloyd-Jones W, Mountain JC, Warren KW. Annular pancreas in the creas. Contribution of ultrasound-endoscopy. Gastroenterol Clin Biol
adult. Ann Surg 1972;176:763–70. 1989;13:630–3.
[59] Whelan TJ, Colonel LT, Hamilton GB. Annular pancreas. Ann Surg [75] Mathiew B, Moussu P, Mourani A, Passail G, Hervé M, Madani N.
1957;146:252–62. Extensive duodenal stenosis related to parietal cystic dystrophy in hete-
[60] Baggott BB, Long WB. Annular pancreas as a cause of extrahepatic rotopic pancreas: efficacy of octreotide treatment. Gastroenterol Clin
biliary obstruction. Am J Gastroenterol 1991;86:224–6. Biol 2000;24:128–30.
[61] Green JD, Fieber SS, Buniak B. Annular pancreas with dilated biliary [76] Basili E, Allemand I, Ville E, Laugier R. Lanreotide acetate may
and pancreatic ducts. Am J Gastroenterol 1993;88:467–8. cure cystic dystrophy in heterotopic pancreas of the duodenal wall.
[62] Itoh Y, Hada T, Terano A, Itai Y, Harada T. Pancreatitis in the annulus Gastroenterol Clin Biol 2001;25:1108–11.
of annular pancreas demonstrated by a combined use of computed [77] Marmorale A, Tercier S, Peroux JL. Cystic dystrophy in heterotopic
tomgraphy and endoscopic retrograde cholangiopancreatography. Am pancreas of the second part of the duodenum. One case of conservative
J Gastroenterol 1989;84:961–4. surgical procedure. Ann Chir 2003;128:180–4.

L. Heyries (laurent.heyries@ap-hm.fr).
J.-P. Bernard.
Service d’hépato-gastro-entérologie, Hôpital de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 05, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Heyries L, Bernard JP. Anomalies congénitales du pancréas. EMC - Hépatologie 2020;35(1):1-7 [Article
7-102-A-15].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Hépatologie 7
 7-104-A-30

Pancréatites aiguës : diagnostic,


traitement et pronostic
P. Montravers, M. Baaklini, I. Mendili, A. Sabahov

Résumé : Les pancréatites aiguës sont définies comme une inflammation aiguë pancréatique. Les formes
aiguës sévères sont caractérisées par l’existence de défaillances d’organes et/ou d’une complication locale
(nécrose ou abcès). La lithiase biliaire et l’intoxication alcoolique sont les causes les plus fréquentes
de pancréatite. Une douleur abdominale typique et l’élévation de la lipasémie suffisent pour établir le
diagnostic. Le bilan radiologique initial est nécessaire en cas de doute diagnostique, pour établir la
sévérité et/ou l’étiologie de la maladie. La tomodensitométrie avec injection de produit de contraste et
temps vasculaire précoce, examen de choix pour évaluer la gravité et rechercher des complications, doit
être réalisée 48 à 72 heures après le début des signes cliniques. La sévérité initiale s’apprécie par les
signes cliniques, la présence de défaillance d’organe, un score de Ranson ou d’Imrie élevé, et un score de
gravité élevé. Un transfert en réanimation est décidé sur les critères cliniques. Aucun examen biologique
isolé ne permet d’identifier une pancréatite sévère. Le traitement initial adapté à la sévérité de la maladie
comprend une surveillance clinique et biologique rapprochée, un remplissage vasculaire selon le degré
d’hypovolémie, la correction des troubles hydroélectrolytiques, une oxygénothérapie, une analgésie, la
mise au repos du tube digestif et pas d’antibiotique. La nutrition entérale précoce est proposée dans les
formes sévères. Les complications précoces sont la conséquence de la phase inflammatoire précoce de la
pancréatite, fréquemment à l’origine de défaillances viscérales. À une phase plus tardive, la surinfection
est la complication la plus sévère. Le pronostic des formes peu sévères est généralement bon bien que
marqué par des récidives, tout particulièrement quand l’étiologie (alcool) n’est pas contrôlée. Dans les
formes admises en réanimation, le pronostic est beaucoup plus réservé même si des progrès spectaculaires
ont été faits au cours des dernières années.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Pancréatite aiguë ; Lipasémie ; Lithiase biliaire ; Alcoolisme ; Nécrose pancréatique ;


Défaillances viscérales ; Surinfection de nécrose

Plan ■ Stratégie diagnostique et orientation des patients 6


■ Prise en charge thérapeutique initiale 6
■ Introduction 1 Monitorage 6
■ Définitions 2 Remplissage et correction électrolytique 6
Pancréatite aiguë 2 Oxygénation 8
Pancréatite aiguë sévère 2 Analgésie 8
Pancréatite aiguë bénigne 2 Nutrition 8
Nécrose pancréatique 2 Antibiothérapie préventive 9
Pseudokystes 2 Traitements physiopathologiques 10
Chirurgie de la pancréatite aiguë 10
■ Épidémiologie 2
Données générales 2
■ Complications 10
Épidémiologie des pancréatites aiguës sévères 3 Complications précoces 10
Complications tardives 11
■ Étiologies 3
■ Cas particuliers des pancréatites aiguës biliaires 12
■ Physiopathologie 3
■ Pronostic 12
■ Diagnostic d’une pancréatite aiguë 3
Présentation clinique 3
■ Conclusion 13
Diagnostic biologique 4
Place de l’imagerie dans le diagnostic 4
■ Diagnostic différentiel 5
■ Évaluation de la gravité 5  Introduction
Objectifs de l’évaluation de la sévérité de l’affection 5
Critères cliniques 5 Les pancréatites sont une affection fréquente, dont la prise
Critères biologiques 5 en charge est l’objet de vifs débats depuis de nombreuses
Scores biocliniques 6 années. Ces affections sont potentiellement sévères et néces-
Scores radiologiques 6 sitent une prise en charge multidisciplinaire impliquant le

EMC - Hépatologie 1
Volume 35 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(18)79353-4
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

gastroentérologue, l’urgentiste, le radiologue, et dans les formes


graves le chirurgien et l’anesthésiste-réanimateur.
Antécédents : Signes cliniques :
Les lésions observées et la sévérité des pancréatites aiguës (PA)
pancréatite, alcoolisme, douleur abdominale
sont très variables, depuis des formes minimes les plus fréquentes, obésité, lithiase biliaire, épigastrique, fièvre,
de guérison spontanée, jusqu’aux formes gravissimes admises en hyperlipidémie, etc. troubles du transit, etc.
réanimation et compliquées de défaillances viscérales. De mul-
tiples conférences de consensus et recommandations d’experts
ont été publiées sur le sujet [1] . Nous faisons ici principalement
référence aux recommandations françaises publiées en 2001 [2]
et celles plus récentes éditées par le Collège américain de gas- Bilan biologique Bilan radiologique
troentérologie [3] , l’Association internationale de pancréatologie • Lipasémie • Radiographie thorax
et l’Association pancréatique américaine [4] , et le consensus inter- • Trypsinogène urine • Échographie
national qui a conduit à la révision de la classification d’Atlanta • Bilan hépatique abdominale
• NFS • TDM abdominale
en 2012 [5] . Nous abordons principalement les aspects de la prise
• Troponine, ECG (si doute)
en charge précoce de la maladie, période pour laquelle les recom-
mandations sont les plus précises.

 Définitions Diagnostics différentiels


(douleur abdominale ± fièvre)
Bilan étiologique
spécifique
De multiples définitions ont été utilisées pour identifier les • Pneumopathie aiguë, pleurésie • Lithiase biliaire
affections inflammatoires pancréatiques [1, 2, 5] . • Infarctus du myocarde, péricardite • Hyperlipidémie
• Anévrisme aorte fissuré, pyélonéphrite • Hypercalcémie
• Cholécystite angiocholite
Pancréatite aiguë • Péritonite, occlusion, infarctus
mésentérique, appendicite
Une PA est définie comme une inflammation aiguë pancréa- • Sigmoïdite diverticulaire
tique qui touche plus ou moins les organes de voisinage ou à • Salpingite aiguë
distance. Les lésions histologiques de la PA sont constituées par • Porphyrie, maladie périodique
l’association à des degrés divers d’un œdème interstitiel, de cytos-
téatonécrose, de nécrose du parenchyme pancréatique ou des Figure 1. Arbre décisionnel. Stratégie diagnostique à appliquer aux
tissus avoisinants. Des lésions hémorragiques peuvent être pré- patients suspects de pancréatite. Le bilan clinique et les examens
sentes dans le pancréas ou dans les organes adjacents. L’éventail complémentaires conduisent au diagnostic de pancréatite aiguë ou
des lésions est très large, depuis des lésions minimes, voire micro- aux diagnostics différentiels les plus fréquents à discuter. NFS :
scopiques jusqu’à une nécrose étendue et confluente. Une PA peut numération-formule sanguine ; ECG : électrocardiogramme ; TDM :
être une manifestation d’une pancréatite chronique généralement tomodensitométrie.
intitulée poussée aiguë de pancréatite chronique.

établi par la présence de zones focales ou diffuses ne prenant pas


Pancréatite aiguë sévère le contraste au temps artériel d’une TDM avec injection de pro-
duit de contraste [6] . L’examen anatomopathologique retrouve un
Elle est définie par l’existence d’une ou plusieurs défaillances tissu pancréatique dévitalisé avec des lésions de cytostéatonécrose
d’organes (selon les classifications de réanimation) ou d’une plus ou moins étendues, profondes et confluentes, des lésions des
complication locale comme une nécrose, un abcès ou un pseu- tissus exocrines et endocrines et des canaux pancréatiques. Des
dokyste [2] . Les définitions des défaillances d’organe du consensus lésions hémorragiques dans le pancréas ou les tissus avoisinants
français sont présentées dans la Figure 1 [2] . Les définitions de la sont également rencontrées.
classification d’Atlanta sont un peu différentes mais gardent la
même notion de défaillances d’organe utilisant une version révi-
sée du score de Marshall [5] . La durée d’évolution des défaillances Pseudokystes
d’organe au-delà des 48 premières heures d’évolution de la mala-
die est un point important pris en compte dans ces nouvelles Un pseudokyste est une collection de liquide pancréatique, cir-
définitions [1, 5] . conscrite par une paroi faite d’un tissu de granulation plus ou
La présence de signes de PA sévère est généralement associée à moins inflammatoire et fibreux, sans épithélium. Sa constitution
des lésions de nécrose qui expliquent le qualificatif de « nécro- nécessite plusieurs semaines.
sante » [5] . Cependant, des formes aiguës sévères sont rapportées
sans lésion histologique ou macroscopique de nécrose.

Pancréatite aiguë bénigne


“ Point fort
Cette forme est souvent qualifiée de forme interstitielle œdé- Une PA est définie comme une inflammation aiguë pan-
mateuse [5] . Une PA bénigne se définit comme toute pancréatite créatique. Les formes aiguës sévères sont caractérisées par
dépourvue des caractéristiques d’une PA sévère. Dans cette affec- l’existence d’une ou plusieurs défaillances d’organe ou
tion, le patient ne développe pas de défaillance d’organe et son
d’une complication locale comme une nécrose, un abcès
évolution est dépourvue de complication. Les signes cliniques
ou un pseudokyste.
et biologiques s’amendent rapidement et la tomodensitométrie
(TDM) montre un pancréas subnormal ou œdémateux.

Nécrose pancréatique
 Épidémiologie
La nécrose se définit par la présence de tissu non viable et
dévascularisé dans la glande pancréatique, dans les tissus péripan- Données générales
créatiques ou dans ces deux zones. Ces lésions sont des facteurs
bien établis de la sévérité de la PA. L’étendue de la nécrose est plus Les données internationales montrent une augmentation de
ou moins bien corrélée à la sévérité de la PA. Son diagnostic est la fréquence des PA et un accroissement de la fréquence des

2 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

hospitalisations pour PA [1] . Dans une étude rétrospective conduite Tableau 1.


sur une base de données de deux millions de patients et compa- Étiologies des pancréatites aiguës (d’après [10, 14, 15] ).
rant les périodes 2002–2005 et 2009–2012, les auteurs ont observé Obstruction des voies biliaires
une augmentation de 13,2 % du nombre d’admissions pour le
Lithiase du cholédoque ; ampullome ; tumeurs
diagnostic de PA [7] . L’incidence des PA s’établit dans la littéra-
pancréatiques primitives ou secondaires ; corps étrangers obstruant
ture entre 15,6 et 79,8 cas pour 100 000 habitants par an [4, 8] . Les
la papille ; pancréas divisum avec obstruction du canal pancréatique
données françaises retrouvent une incidence des PA de 22 pour accessoire ; diverticule duodénal périampullaire ; hypertonie du
100 000 habitants, chez des sujets majoritairement masculins sphincter d’Oddi
(60 %), de 54 ans d’âge médian, atteints d’une première poussée
Toxines ou médicaments
de PA dans 72 % des cas. Les pancréatites chroniques représentent
15 % du collectif, et dans 90 % des cas une poussée antérieure de Alcool éthylique, alcool méthylique, venin de scorpion, insecticides
PA est signalée [9] . organophosphorés, azathioprine, mercaptopurine, acide valproïque,
estrogènes, tétracyclines, métronidazole, nitrofurantoïne,
pentamidine, furosémide, sulfonamides, méthyldopa, cimétidine,
Épidémiologie des pancréatites aiguës ranitidine, sulindac, didanoside, acétaminophène, érythromycine,
salicylés, etc.
sévères
Traumatisme
Les formes sévères des PA représentent, selon les séries, de 10 à Traumatisme fermé de l’abdomen ; postopératoire ; cathétérisme
30 % des cas. Dans une étude européenne multicentrique, les PA rétrograde endoscopique de la papille ; sphinctérotomie
« nécrosantes » représentaient 44 % des cas [10] . Dans l’étude mul- endoscopique ; manométrie du sphincter d’Oddi
ticentrique française de 2000, les PA sévères atteignaient 41 % Anomalies métaboliques
des cas [9] . Dans une étude française monocentrique, les formes
Hyperlipidémie (types I, IV et V) ; hypercalcémie
graves étaient rapportées dans 32 % des cas [11] . Dans une autre (hyperparathyroïdie, myélome)
étude française conduite dans 65 centres de réanimation, les PA
Infections
représentaient 2 % de toutes les admissions de plus de 48 heures
avec une prédominance masculine (62 %) et un âge moyen de Parasites : ascaridiase, douve de chine
59 ± 17 ans [12] . Les données concernant l’évolution du nombre Virus : oreillons, rubéole, hépatite A, B, nonA-nonB, virus coxackie
de formes sévères sont contradictoires. Dans une série mono- B, Échovirus, adénovirus, CMV, varicelle, Epstein-Barr, VIH
centrique indienne de 1333 PA, Agarwal et al. rapportent un Bactéries : mycoplasmes, Campylobacter jejuni, Mycobacterium
tuberculosis, Mycobacterium avium, légionelloses, leptospiroses
accroissement de la sévérité entre 1997 et 2013 avec une fréquence
accrue de défaillances d’organe et une augmentation de la morta- Anomalie vasculaire
lité [13] . À l’opposé, Krishna et al., sur une large série issue d’une Ischémie ; hypoperfusion tissulaire ; emboles de cholestérol ;
base de données, retrouvent une réduction de mortalité des PA [7] . maladies vasculaires et auto-immunes (lupus érythémateux
disséminé, syndrome de Sjögren, périartérite noueuse, hypertension
artérielle maligne)
 Étiologies Divers
Ulcère perforé ; maladie de Crohn ; syndrome de Reye ;
Près d’une centaine d’étiologies a été proposée pour les PA mucoviscidose ; déficit en alpha-1 antitrypsine ; hypothermie
(Tableau 1). Dans plus de 85 % des cas, une étiologie est retrou- Formes familiales
vée [9] , tandis qu’environ 10 à 23 % des PA sont qualifiées Idiopathique
d’idiopathiques [8] . Il ne paraît pas y avoir de liens entre la sévérité
de la PA et l’étiologie de la maladie, bien que pour certains auteurs CMV : cytomégalovirus ; VIH : virus de l’immunodéficience humaine.
les formes alcooliques soient les plus graves.
La lithiase biliaire est, avec l’intoxication alcoolique, la cause
la plus fréquente de PA, observée dans 35 à 45 % des cas pour inflammatoire. Ces éléments ont conduit à proposer de mul-
chacune de ces deux étiologies [10] . En Europe, un gradient Nord- tiples cibles thérapeutiques qui restent pour la plupart en cours
Sud est observé avec une prédominance de la responsabilité de d’investigation [17] .
l’alcool dans les pays du Nord (38 à 60 %) et de la lithiase dans les
pays du Sud (60 à 71 %) [10] . En France, dans l’étude multicentrique
de 2000, l’alcool était retrouvé dans 36 % des cas et la lithiase dans
37 % des cas [9] . Dans deux études monocentriques françaises, les
fréquences de ces étiologies étaient respectivement, pour l’alcool  Diagnostic d’une pancréatite
de 41 et 37,5 %, et pour la lithiase 35 et 37,5 % [11, 16] . aiguë
Présentation clinique
“ Point fort Le diagnostic peut être évoqué en cas d’antécédents de poussées
de PA, la notion d’une lithiase biliaire ou d’un alcoolisme chro-
nique. Le tableau clinique typique est constitué par une douleur
La lithiase biliaire et l’intoxication alcoolique sont les deux abdominale et des signes généraux. La douleur caractéristique est
causes les plus fréquentes de PA mais près d’une centaine épigastrique, d’intensité majeure, transfixiante ou irradiant vers
d’étiologies a été retrouvée. Il ne paraît pas y avoir de lien les deux hypocondres, s’installant de façon rapide pour deve-
entre l’étiologie et la sévérité de la maladie. Pour certains nir maximale en quelques heures et se prolongeant au-delà de
auteurs, les pancréatites alcooliques seraient plus sévères. 24 heures soulagée par la position en « chien de fusil ». D’autres
signes digestifs sont fréquents mais non spécifiques.
Un tableau douloureux moins typique ou l’existence d’une
défense habituellement absente à la phase initiale font discuter
d’autres urgences abdominales (Fig. 1). D’autres signes cliniques
peuvent avoir une valeur étiologique tels que l’ictère, évocateur
 Physiopathologie d’une PA biliaire [2] . Les autres arguments cliniques en faveur d’une
cause lithiasique sont l’âge supérieur à 50 ans et le sexe féminin
De très nombreuses hypothèses physiopathologiques ont été (deux fois plus fréquent) [2] . Chez des patients comateux, en état
développées qui reposent toutes sur l’activation des enzymes pan- de choc, en postopératoire ou après administration d’antalgiques
créatiques et une autodigestion de la glande associée à une réponse majeurs, le diagnostic repose sur la biologie.

EMC - Hépatologie 3
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

Un riche cortège de signes généraux accompagne généralement un reflet de la sévérité de l’affection [20] . Plus rarement (5 à 6 %
la PA, marqué par une fièvre quasi constante, une tachycardie et des cas) des condensations alvéolaires peuvent être observées [20] ,
souvent une hypotension, reflet de la réponse inflammatoire. évocatrices d’une inhalation au cours d’efforts de vomissements,
voire d’œdème pulmonaire lésionnel.
Diagnostic biologique
Radiographie d’abdomen sans préparation
L’augmentation de la concentration des enzymes pancréatiques
Le cliché n’est généralement d’aucun secours sauf pour le diag-
permet de confirmer le diagnostic (Fig. 1).
nostic différentiel d’une autre affection chirurgicale.
Dosage des enzymes pancréatiques
Tomodensitométrie abdominale
Le dosage de l’amylasémie a longtemps été considéré
comme l’examen de référence pour le diagnostic de PA. L’examen TDM initial doit être réalisé au minimum 48 à
L’hyperamylasémie n’est pas très sensible (83 %) et sa spécificité 72 heures après le début des signes cliniques, voire plus tard [2, 21] .
est médiocre (86 %) [2] . Toute ischémie, même transitoire, du pan- Réalisé plus tôt, il peut sous-estimer l’importance des lésions.
créas, une atteinte abdominale non pancréatique, les maladies L’examen de référence est la TDM hélicoïdale avec injection de
des glandes salivaires et une diminution de la filtration glomé- produit de contraste iodé avec des coupes minces et des images
rulaire peuvent s’accompagner d’une élévation de l’amylasémie. précoces. La TDM permet d’identifier des signes d’inflammation
L’amylasurie qui se normalise de façon plus tardive permet parfois pancréatiques et péripancréatiques, et des signes de nécrose pan-
de faire un diagnostic tardif ou rétrospectif. Au total, le dosage de créatiques [6] . La présence de zones ne prenant pas le contraste
l’amylasémie n’est plus l’examen de référence et ne doit plus être correspond aux territoires nécrosés ou à risque de nécrose par
effectué en cas de suspicion de PA. altération de la microcirculation. La TDM identifie l’extension
Le dosage de la lipasémie (≥ trois fois la normale), plus sensible extrapancréatique d’éventuelles coulées de nécrose mésentériques
(94 %) et plus spécifique (96 %) que celui de l’amylasémie, est et rétropéritonéales [21] . La valeur prédictive positive de la TDM
l’examen de référence à utiliser [2, 18] . L’élévation de la lipasémie pour le diagnostic de nécrose est de 92 %, si la nécrose intéresse
est un peu retardée par rapport à l’amylasémie, mais sa normalisa- plus de 30 % de la glande [6] . La TDM peut objectiver une lithiase
tion est plus lente (généralement 48 h de plus que l’amylasémie). vésiculaire ou cholédocienne, mais sa valeur prédictive négative
Des concentrations élevées sont observées en cas d’insuffisance est faible [2] .
rénale, d’appendicite ou de cholécystite. Un seuil plus élevé que Les indications de la TDM à visée diagnostique concernent
trois à cinq fois la normale pourrait être nécessaire chez les diabé- les situations cliniques difficiles, particulièrement les patients
tiques [3] . vus tardivement. Dans les formes sévères, la TDM est utilisée
La mesure du trypsinogène-2 sur bandelette urinaire a été pro- pour dépister et éventuellement traiter les complications loco-
posée en raison de sa forte valeur prédictive négative proche de régionales (Fig. 1, 2) [2, 18] . L’interprétation de l’examen est peu
99 %, tandis que sa valeur prédictive positive reste plus faible dépendante de l’opérateur. L’injection de produit de contraste
(60 %), tout particulièrement au-delà les deux premiers jours est potentiellement néphrotoxique chez des patients déshydra-
d’évolution de la PA [2] . Dans la pratique, le trypsinogène reste tés ou hypovolémiques. Chez des patients insuffisants rénaux, un
très peu utilisé. premier examen sans produit de contraste peut être proposé [4] .
Une méta-analyse récente a comparé les valeurs de
l’amylasémie, lipasémie, amylasurie et trypsinogène-2 uri- Échographie abdominale
naire dans le diagnostic de PA [19] . Dans ce travail regroupant
Entre les mains d’un praticien entraîné, l’échographie abdomi-
dix études et plus de 5000 patients, le diagnostic de PA n’est pas
nale a pour principaux avantages sa facilité, son coût modeste,
fait chez près d’un quart des patients avec une PA conduisant
sa disponibilité et sa sensibilité pour évaluer les voies biliaires.
les auteurs à conclure que les patients avec des symptômes
Cependant, l’examen est très opérateur-dépendant et ne permet
évocateurs et des marqueurs normaux devaient être hospitalisés
d’explorer le pancréas que dans 55 à 60 % des cas, du fait de la
et pris en charge comme une PA. Un diagnostic par excès était
fréquence des gaz digestifs. L’échographie est l’examen le plus sen-
fait chez 10 % des patients et la valeur diagnostique des tests
sible pour évaluer les voies biliaires à la recherche d’une lithiase
diminue avec le temps écoulé depuis le début des symptômes
vésiculaire, éventuellement associée à une dilatation de la voie
suggérant une réduction des seuils de ces marqueurs [19] .
biliaire principale. Elle permet de faire le diagnostic de PA avec
une spécificité de l’ordre de 90 %, mais une sensibilité variable
Place des autres dosages de 60 à 90 % [2, 18] . Sa sensibilité dans le diagnostic d’une lithiase
De multiples autres dosages à visée diagnostique ont été déve- du cholédoque est faible, surtout si les voies biliaires ne sont pas
loppés. Aucun ne présente de supériorité sur le dosage de la dilatées, et la présence d’un sludge vésiculaire est souvent difficile
lipasémie pour un coût et des contraintes techniques générale- à interpréter. Une échographie vésiculaire normale ne permet pas
ment supérieurs [2] . La C-reactive protein (CRP) n’a pas de valeur d’éliminer totalement une étiologie biliaire, ce qui conduit à la
diagnostique [2] . répétition de l’examen en cas de forte suspicion [2] .
Les transaminases plasmatiques sont un élément d’orientation L’échoendoscopie est proposée en cas de négativité des explo-
vers une étiologie biliaire et doivent être dosées précocement. Au rations précédentes. Sa sensibilité et sa spécificité sont proches
seuil de trois fois la normale, leur valeur prédictive est de 95 %. de 100 % pour le diagnostic de lithiase de la voie biliaire prin-
L’élévation de la bilirubine témoigne plutôt d’un obstacle cholé- cipale (y compris pour des calculs millimétriques) et supérieures
docien persistant [2] . à 96 % pour détecter des calculs vésiculaires de petite taille [2] .
L’examen peut être réalisé au lit et est intéressant pour détecter
des collections nécrotiques non liquidiennes et des débris [21] .
Place de l’imagerie dans le diagnostic
Le diagnostic de PA repose sur les signes cliniques et biologiques, Imagerie par résonance magnétique (IRM)
et un examen d’imagerie n’est pas nécessaire pour le confirmer.
L’IRM est une technique bien admise pour la prise en charge
En pratique, un bilan radiologique en urgence est nécessaire en
des PA. Les recommandations récentes sont de réaliser des coupes
cas de doute diagnostique et est obligatoire (de façon plus ou
axiales en séquence fast spin (FS)-T2 et FS-T1 avant et après injec-
moins retardée) dans le cadre de la recherche d’une étiologie, pour
tion intraveineuse de produit de contraste au gadolinium [4] .
évaluer la gravité et en cas d’aggravation secondaire [1, 4] .
L’examen est intéressant pour l’analyse des calculs de la voie
biliaire principale, la différenciation entre les collections liées à la
Radiographie thoracique nécrose et les pseudokystes [1, 4] et le diagnostic d’une rupture du
Elle serait anormale dans près de 20 % des cas [20] . Les épan- canal de Wirsung [21] . L’IRM permet la détection de l’inflammation
chements pleuraux sont rapportés dans 14 à 20 % des cas et sont péripancréatique, de l’hémorragie ou une fistule pancréatique.

4 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

Figure 2. Arbre décisionnel.


Formes Formes sévères Formes Orientation des patients suspects
chirurgicales d’emblée « intermédiaires » à risque accru de pancréatite aiguë en fonction
de leur présentation clinique.
Indications Signes cliniques Terrain à risque Les patients qui présentent des
chirurgicales • Choc • Âge > 70-80 ans défaillances d’organes sont faci-
• Hémorragie • Dyspnée • IMC > 30 kg/m2 lement reconnus. Le véritable
• Abdomen • Troubles de conscience • Insuffisance rénale chronique enjeu consiste à reconnaître
chirurgical • Oligurie • Maladies de fond des patients intermédiaires qui
doivent bénéficier d’une sur-
ou et/ou veillance rapprochée en soins
continus ou en service de chi-
Défaillances d’organe
Scores spécifiques de gravité rurgie. PAS : pression artérielle
• Créatininémie > 170 µmol/l
• Ranson/Imrie > 3 systolique ; PaO2 : pression
• PAS < 90 mmHg
Aggravation • Score TDM > 4 artérielle en oxygène ; TDM :
• PaO2 < 60 mmHg
• Classification d’Atlanta tomodensitométrie ; IGS II : Score
• Glasgow coma score < 13
intermédiaire Indice de gravité simplifié ; SOFA :
• Thrombopénie < 80 G/l
Sepsis-related Organ Failure
ou et/ou Assessment.

Score de Bilan biologique


gravité • 60 mmHg < PaO2 < 80 mmHg
• IGS II • Lactates > 2 mmol/l
• SOFA • Thrombopénie > 80 G/l

Surveillance renforcée
Transfert en réanimation
Unité de soins continus

La cholangio-IRM a une spécificité et une sensibilité supé- que les patients qui ont plusieurs critères de gravité dès l’entrée.
rieures à 90 % pour le diagnostic de calcul cholédocien supérieur L’orientation initiale des patients est définie en fonction de
à 3 mm de diamètre. Elle est recommandée après échec de plusieurs critères définis ci-dessous. Un patient « à risque de
l’échographie pour le diagnostic étiologique, la recherche de complications » devrait être orienté dans une structure où la sur-
microlithiase ou pour identifier des anomalies morphologiques veillance serait plus importante, même si sa présentation clinique
des voies biliaires [4] . L’IRM est difficilement utilisable pour les au moment du diagnostic est rassurante.
patients de réanimation, mal adaptée aux gestes interventionnels,
d’un coût élevé, et d’une accessibilité très variable en fonction des
centres. Critères cliniques
Un âge avancé (> 70 ans) et la présence de maladies sous-
jacentes (insuffisance rénale, respiratoire ou cardiaque) sont des
“ Point fort facteurs de gravité [2] . L’obésité est un facteur de risque de PA grave.
Dans toutes les méta-analyses récentes, par rapport à des sujets
non obèses, les patients obèses ont un risque accru de développer
La douleur abdominale et l’élévation de la lipasémie à plus une PA avec des formes plus sévères et plus de complications [22] .
de trois fois la normale suffisent pour établir le diagnostic. L’existence d’ecchymoses pariétales (périombilicale [signe de
Le bilan radiologique initial n’est nécessaire qu’en cas de Cullen] et des flancs [signe de Grey Turner]) [23] et une disten-
doute diagnostique. La TDM avec injection de produit de sion abdominale majeure sont associées à une surmortalité. La
présence d’une ascite et d’épanchements pleuraux confirmés par
contraste et temps vasculaire précoce réalisée au-delà des
échographie est associée à un risque de décès multiplié par 5,9 et
premières 48 heures est l’examen de référence.
8,6 respectivement [24] . Des épanchements pleuraux bilatéraux
sont associés à une mortalité accrue (10 % contre 1 et 3 % de décès
en cas d’épanchement pleural uniquement droit ou gauche) [20] .
Malheureusement, ces signes cliniques sont trop subjectifs pour
être pertinents dans l’évaluation de la gravité. De même, les signes
 Diagnostic différentiel cliniques généraux (fièvre, tachycardie, hypotension, etc.) n’ont
que peu de valeur car directement liés à la réponse inflammatoire.
La Figure 1 résume les causes de douleurs abdominales fébriles
les plus fréquentes. C’est en cas d’arrivée retardée à l’hôpital ou Critères biologiques
de présentation atypique que le diagnostic sera discuté.
Peu de marqueurs sont réellement utilisables en routine ou
même recommandés [2] . Les marqueurs reflets de la souffrance tis-
 Évaluation de la gravité sulaire comme le dosage des lactates sont utilisés dans les formes
graves.
Objectifs de l’évaluation de la sévérité
Biologie de routine
de l’affection
Les éléments biologiques conventionnels mesurés par
La sensibilité de l’évaluation clinique est médiocre et évolu- l’ionogramme sanguin et la numération-formule sanguine
tive au cours des premières heures. Les patients dont la sévérité ont longtemps été jugés décevants pour évaluer la sévérité des
initiale est modeste ont une probabilité de s’aggraver plus faible PA. Une analyse récente de trois bases de données prospectives

EMC - Hépatologie 5
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

évaluant l’évolution au cours des 24 premières heures après Scores radiologiques


l’admission suggère qu’un hématocrite à l’admission supérieur
à 44 % ou une augmentation de l’urée plasmatique dans cet Les signes TDM de gravité sont représentés par l’inflammation
intervalle seraient des facteurs prédictifs de défaillances d’organe et l’importance de la nécrose [6] . Le site initial de la nécrose pour-
persistantes et de nécrose pancréatique au cours des PA [25] . rait être un meilleur indicateur prédictif que son étendue. Les
Seuls 7,9 % des patients sans hématocrite élevé à l’admission nécroses caudales entraîneraient moins de complications que les
ni augmentation de l’urée plasmatique à 24 heures avaient des nécroses céphaliques ou les nécroses diffuses.
défaillances viscérales contre 53,6 % chez ceux présentant ces Les auteurs ont également souligné la valeur pronostique des
deux critères [25] . Une autre étude suggère qu’une hypertriglycéri- épanchements pleuraux et péritonéaux, reflets d’une réaction
démie retrouvée à l’admission serait un facteur de développement inflammatoire sévère [20, 24] .
des défaillances d’organes avec un risque 4,9 fois plus important
de persistance des défaillances d’organes [26] .

« C-reactive protein » et procalcitonine


“ Point fort
Le dosage sérique de la CRP est de pratique courante [18] . La sévérité initiale s’apprécie par les signes cliniques, la
Une concentration inférieure à 150 mg/l à la 48e heure après
présence de défaillance d’organe, un score d’Imrie élevé,
l’admission élimine une forme grave. Une concentration supé-
rieure à 150 mg/l associée à un haut degré de sévérité TDM serait un score de gravité IGS II élevé, un score TDM élevé.
un facteur de mauvais pronostic [27] . L’augmentation de la CRP au
cours de l’évolution doit faire chercher une complication locale,
surtout de type infectieux.
Dans une méta-analyse récente, l’analyse de 23 études éva-
luant la valeur de la procalcitonine au cours des PA permet de
 Stratégie diagnostique
retrouver une sensibilité de 72 % et une spécificité de 86 % pour et orientation des patients
évaluer la sévérité d’une PA [28] . Le seuil de 0,5 ng/ml paraît accep-
table [28] et des concentrations inférieures à 2 ng/l permettraient Le premier objectif est d’éliminer les diagnostics différentiels
d’éliminer une PA sévère [29] . Sa valeur prédictive comme mar- (Fig. 1). Les examens complémentaires permettent d’évaluer la
queur de surinfection de nécrose donnait une sensibilité de 80 % sévérité de la PA. La Figure 1 illustre la stratégie diagnostique à
et une spécificité de 91 % [28] . Un suivi journalier des concentra- appliquer aux patients suspects de PA.
tions de procalcitonine dans les premiers jours d’évolution des La présence de signes de défaillances viscérales, un score de
PA a été proposé [30] . La valeur prédictive de la procalcitonine à sévérité élevé ou l’absence d’amélioration des défaillances après
une concentration supérieure ou égale à 3,5 ng/ml pendant deux 24 à 48 heures de prise en charge justifient le transfert en milieu
jours consécutifs semble supérieure à celle de la CRP au seuil de de réanimation, sinon une hospitalisation classique sera effectuée
430 mg/l pour prédire l’infection avec défaillance multiviscérale (Fig. 2).
ou le décès avec une sensibilité de 93 % et une spécificité de 88 % Plusieurs consensus ont donné une valeur seuil pour un trans-
comparées à 40 % et 100 % pour la CRP [30] . fert en réanimation (Tableau 2) [2, 4, 5, 8, 18] . La conférence d’Atlanta
décrit la sévérité des patients selon la présence ou l’absence de
défaillances d’organes [5] .
Cytokines et autres biomarqueurs Elle montre aussi que des patients avec PA avec des signes de
Ces biomarqueurs, bien qu’intéressants et largement étudiés sévérité TDM sans aucune défaillance d’organe initialement du
dans la littérature, ne sont pas disponibles en routine et ne fait de la présence de la nécrose peuvent présenter une infec-
peuvent donc pas faire l’objet de recommandations. tion de nécrose ultérieurement ou d’autres complications locales.
La conférence internationale recommande la prudence chez les
sujets âgés, les obèses, les patients nécessitant de gros volume
Scores biocliniques de réhydratation et les formes avec nécrose étendue [32] . Les
recommandations d’admission en réanimation de la Société inter-
Le manque de valeur prédictive des critères cliniques et/ou bio- nationale de pancréatologie sont présentées dans le Tableau 2 [4] .
logiques a conduit au développement de scores. Les scores de
Ranson et de Blamey et Imrie (également intitulé de Glasgow) sont
les scores historiques. De nombreuses critiques ont été formulées  Prise en charge thérapeutique
qui rendent le score de Ranson presque obsolète.
Les dernières recommandations de l’International Association initiale
of Pancreatology (IAP) insistent sur la valeur prédictive de la pré-
L’expérience acquise au cours des 40 dernières années montre
sence d’un syndrome de réponse inflammatoire systémique (SIRS)
qu’une surveillance étroite et des traitements conservateurs sont
à l’admission et sur sa persistance à h48 avec dans ce cas une
les meilleures garanties d’une évolution simple. Les experts recom-
mortalité de 25 % [4] .
mandent un traitement actif pour tous les patients jusqu’à ce que
Les scores de gravité utilisés pour les patients de réanimation,
leur degré de sévérité soit établi [1, 3, 8] .
tels que le score IGS II utilisé en routine en France ou le score
APACHE II, sont calculés avec des données de routine recueillies
durant les 24 premières heures d’hospitalisation. Ces scores, vali- Monitorage
dés dans l’évaluation de la gravité des PA [31] , sont recommandés Dans tous les cas, un bilan clinique (pouls, pression artérielle,
par les consensus pour l’évaluation initiale des patients et leur diurèse, température, échelle de douleur, saturation percutanée en
hospitalisation éventuelle en réanimation [2, 4, 5, 8, 18, 32] . oxygène), biologique (ionogramme sanguin, numération-formule
Les scores de défaillances viscérales (tels que le Sepsis-related sanguine, gaz du sang artériel, lactates dans les formes sévères) et
Organ Failure Assessment [SOFA] ou le Multiple Organ Dysfunc- au besoin radiologique (radiographie thoracique et abdominale en
tion Score [MODS]) ont également été validés dans les PA [33] . À cas de doute diagnostique) est indispensable à l’admission [4, 8] .
ce jour, près d’une dizaine de scores a été publiée dont le Bedside Une réévaluation régulière clinique et biologique est nécessaire
Index for Severity in Acute Pancreatitis (BISAP) et le Pancreatitis pour évaluer l’effet de la prise en charge initiale [2, 4, 8] .
Outcome Prediction (POP) [34] . Ces derniers, relativement aisés à
calculer, pourraient permettre de reconnaître des patients « inter-
médiaires » ou à risque. Ces différents scores semblent avoir atteint Remplissage et correction électrolytique
leur efficacité maximale dans la prédiction de défaillance viscé- Le remplissage a été beaucoup débattu au cours des 20 der-
rale [34] . nières années. Il est admis que la compensation des pertes

6 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

Tableau 2.
Critères de gravité conduisant à la prise en charge en milieu de réanimation.
D’après les recommandations D’après les recommandations D’après les recommandations IAP/APA 2013 [4]
françaises 2001 [2] britanniques 2005 [18]
À l’admission
Survenue de défaillance d’organe a Impression clinique de gravité Diagnostic de pancréatite aiguë et au moins un de ces paramètres
IMC > 30 anormaux à l’admission
Épanchement pleural à la radiographie (1) Pouls < 40 ou > 150/min
APACHE II > 8 (2) Pression artérielle (PA) systolique < 80 mmHg ou PA
moyenne < 60 mmHg ou PA diastolique > 120 mmHg
(3) Fréquence respiratoire > 35/min
(4) Natrémie < 110 mmol/l ou > 170 mmol/l
(5) Kaliémie < 2,0 mmol/l ou > 7,0 mmol/l
(6) PaO2 < 50 mmHg
(7) pH < 7,1 ou > 7,7
(8) Glycémie > 800 mg/dl (> 44,4 mmol/l)
(9) Calcémie > 15 mg/dl (> 3,75 mmol/l)
(10) Anurie
(11) Coma
Patients atteints de forme grave selon la classification révisée d’Atlanta [5]
24 heures après l’admission
Survenue de défaillance d’organe a Impression clinique de gravité
APACHE II > 8
Score d’Imrie ≥ 3
Défaillance d’organe persistante
CRP > 150 mg/l
48 heures après l’admission
Survenue de défaillance d’organe a Impression clinique de gravité
Terrain particulier Score d’Imrie ≥ 3 Surveillance en unité de soins continus des patients à risque de
Score de Ranson ou d’Imrie > 3 Défaillance d’organe persistante > 48 h détérioration rapide tels que ceux développant un SIRS persistant, les
Index TDM > 4 ou polyviscérale sujets âgés, ceux nécessitant un remplissage permanent, ou les patients
CRP > 150 mg/l CRP > 150 mg/l avec des formes modérément sévères selon la version révisée de la
classification d’Atlanta [5]

IMC : indice de masse corporelle ; APACHE : Acute Physiology and Chronic Health Disease Classification System II ; CRP : protéine C réactive ; TDM : tomodensitométrie ;
PaO2 : pression partielle de l’oxygène ; SIRS : syndrome de réponse inflammatoire systémique.
a
Cf. Figure 2.

Tableau 3.
Résultat des essais randomisés évaluant l’effet du remplissage au cours des pancréatites aiguës (PA).
Étude Procédure évaluée Groupe contrôle Type d’étude Devenir Autres observations
Mao et al. [36] Remplissage rapide Remplissage lent Ouverte Fréquence accrue dans le groupe Uniquement PA grave. Pas
10–15 ml/kg/h 5–10 ml/kg/h rapide de mortalité, de SCA, de calcul de puissance
(n = 36) (n = 40) d’infection et ventilation
mécanique
Mao et al. [37] Remplissage rapide Remplissage lent Ouverte Fréquence accrue dans le groupe Uniquement PA grave. Pas
Hématocrite < 35 % Hématocrite ≥ 35 % rapide de mortalité, et d’infection de calcul de puissance
à 48 h à 48 h
(n = 56) (n = 59)
Du et al. [38] HEA Ringer lactate Ouverte Réduction de la pression et de Uniquement PA grave. Pas
(n = 20) (n = 21) l’hyperpression intra-abdominales de calcul de puissance
et de la ventilation mécanique
dans le groupe amidon
Wang et al. [39] HEA (n = 64) ou Ringer lactate ou Ouverte Le groupe HEA + plasma avait une Uniquement PA grave. Pas
HEA + plasma sérum salé moindre mortalité, et moins de de calcul de puissance.
(n = 68) isotonique SCA, défaillances d’organes et de Volume de remplissage
+ HEA jours de ventilation non indiqué
(n = 68)
Wu et al. [40] Ringer lactate Sérum salé Ouverte Dans le groupe Ringer réduction Critère secondaire de
20 ml/kg en 30 min isotonique selon un du SIRS et de la CRP à 24 h jugement : concentration
puis 3 ml/kg/h volume ajusté par le de CRP à 24 h
(n = 19) praticien
(n = 21)
Sharma et al. [41] Hydratation orale Ringer lactate Simple Pas de différence entre les groupes Prédiction de PA sévère. Pas
par sonde intraveineux aveugle de calcul de puissance
nasojéjunale (n = 25)
(n = 24)

SCA : syndrome du compartiment abdominal ; HEA : hydroxyéthylamidon ; CRP : protéine C réactive ; SIRS : syndrome de réponse inflammatoire systémique.

EMC - Hépatologie 7
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

hydroélectrolytiques et le rétablissement d’une volémie correcte travaux récents conduisent à réviser ce jugement. En plus de
doivent être effectués le plus rapidement possible [2–4, 8] . Une prise ses effets analgésiques, l’analgésie péridurale pourrait améliorer
en charge efficace dans les 24 premières heures se traduit géné- la perfusion tissulaire et réduire les complications respiratoires,
ralement par une rétrocession des signes de défaillance d’organe thromboemboliques et abdominales [51, 52] . Une amélioration de
et de SIRS [4] . Une étude comparant les pratiques de remplissage la perfusion artérielle et un meilleur pronostic ont également été
au cours des 24 premières heures de la PA dans deux cohortes en observés [49] .
1998 et 2008 a montré que le remplissage plus important appli-
qué dans la période récente se traduisait par une réduction de
la nécrose pancréatique de 15 à 4 % et de la mortalité de 12 à
Nutrition
3,5 % [35] . Deux études conduites sur de faibles effectifs (Tableau 3) La prise en charge conventionnelle d’une PA repose sur le prin-
suggèrent qu’un remplissage agressif lors des PA graves se solde par cipe d’une interruption de toute prise orale jusqu’à résolution des
un nombre accru de complications [36, 37] . signes cliniques et des symptômes. Le jeûne s’impose en raison des
Peu d’études randomisées ont été conduites sur le sujet du rem- douleurs et de l’intolérance digestive, basé sur l’hypothèse d’une
plissage (Tableau 3) [36–41] . Il n’est pas possible sur la base de ces stimulation de la synthèse et de la sécrétion des enzymes pancréa-
travaux de tirer de conclusions concernant le meilleur agent à tiques par la prise alimentaire avec le risque d’accroître l’activation
utiliser, la durée et le volume optimaux du remplissage, ni le(s) des enzymes intrapancréatiques et des lésions tissulaires.
marqueur(s) pour le guider. Les cristalloïdes sont recommandés La pose d’une sonde nasogastrique d’aspiration ne s’impose pas
pour traiter les pertes en eau et en NaCl, sur la base d’un volume de en routine [8] . Elle est justifiée lors de vomissements répétés. Dans
5 à 10 ml/kg par heure de cristalloïdes en phase initiale, guidés par les PA peu sévères, l’alimentation orale peut être reprise progres-
la surveillance hémodynamique (fréquence cardiaque < 120/min, sivement [4] , voire immédiatement en l’absence de nausées et de
pression artérielle moyenne comprise entre 65 et 85 mmHg), de vomissements et après disparition de la douleur [3] . Les auteurs
la diurèse (> 0,5 à 1 ml/kg/h sondage urinaire selon la sévérité recommandent généralement une période de 48 heures sans dou-
du tableau), de l’hématocrite (35 à 44 %) et de la protidémie [4] . leur et une normalisation de la lipasémie mais la normalisation
Des volumes supérieurs à 10–15 ml/kg semblent déconseillés [42] . enzymatique pourrait ne pas être indispensable [4] . Dans une méta-
Parmi les solutés de remplissage, le Ringer lactate pourrait avoir un analyse récente, prenant en compte 1550 patients dans 17 études,
effet anti-inflammatoire [42] . Les macromolécules ne sont néces- Bevan et al. ont évalué la fréquence de l’intolérance alimentaire
saires qu’en cas d’état de choc. Le remplissage sera par la suite à à 16,3 % des patients sans lien avec l’âge, le sexe, l’étiologie de
adapter en fonction des bilans entrée-sortie et des ionogrammes la PA [53] . De très nombreux critères prédictifs d’intolérance ali-
sanguins et des numérations effectués de manière au moins quo- mentaire ont été identifiés parmi lesquels la lipasémie avant la
tidienne. Les apports en électrolytes (Ca, Mg, etc.) doivent être renutrition, la présence d’épanchements pleuraux, la présence de
effectués selon les déficits rencontrés. Un contrôle glycémique par collections pancréatiques ou péripancréatiques, et le score de Bal-
apport d’insuline est nécessaire [8] . Les transfusions sanguines sont thazar étaient associés à l’intolérance dans les méta-analyses [53] .
indiquées en cas d’hématocrite inférieur à 25 %. Une surveillance Traditionnellement, la reprise de l’alimentation commence par
régulière des gaz du sang ou des lactates est recommandée comme des liquides clairs puis une alimentation solide légère selon la tolé-
premier signe d’une hypovolémie ou d’une nécrose [8] . rance. Une reprise précoce de l’alimentation semble raccourcir la
durée d’hospitalisation [4] .
La PA sévère est responsable d’un état hypercatabolique jus-
Oxygénation tifiant un support nutritionnel. Cet élément connu depuis de
nombreuses années a justifié le choix de la nutrition parentérale
Des altérations de la fonction respiratoire sont observées chez
pour mettre le pancréas au repos selon le rationnel énoncé plus
près de 40 % des patients avec une amélioration spontanée dans
haut. Cependant, de très nombreuses complications rapportées
la majorité des patients [8] . Une surveillance de l’oxygénation
à la nutrition parentérale ont été mises en évidence telles que
par oxymétrie pulsée est nécessaire en cas d’hypoxémie à
les infections liées au cathéter, le coût du traitement, les anoma-
l’admission. Les moyens thérapeutiques simples avec oxygéna-
lies hydroélectrolytiques, l’atrophie villositaire, la translocation
tion aux lunettes ou au masque associée à une sonde gastrique
bactérienne, le sepsis et les défaillances polyviscérales. La bonne
en aspiration permettent généralement d’améliorer la situa-
tolérance de la nutrition entérale, son moindre coût, sa moindre
tion. Tout signe d’aggravation respiratoire impose la réalisation
morbidité et son efficacité équivalente ont conduit les experts à
d’une radiographie thoracique à la recherche d’une complication
la préférer à la nutrition parentérale [2] . De très nombreux essais
(œdème pulmonaire, atélectasie, inhalation, infection, syndrome
randomisés ont comparé la nutrition entérale et parentérale dans
de détresse respiratoire aiguë, etc.) [8] . La ventilation non invasive
la prise en charge des PA (Tableau 5) [54–63] . Plusieurs méta-analyses
(VNI) essayée dans les PA admises en réanimation en insuffisance
ont montré une réduction de la mortalité et du risque total et des
respiratoire aiguë pourrait permettre une amélioration du rap-
complications infectieuses pancréatiques chez les patients rece-
port pression artérielle en oxygène/fraction inspirée d’oxygène
vant une nutrition entérale [14, 64, 65] .
(PaO2 /FiO2 ) [43] .
Sur la base de ces essais, il est recommandé au cours des PA
graves que la nutrition entérale doit être privilégiée et débutée
Analgésie rapidement [2, 4] . Le délai de 48 heures est généralement proposé
pour démarrer une nutrition. La nutrition précoce réduit la fré-
La douleur est un des symptômes majeurs des PA et son trai- quence des infections systémiques, des défaillances d’organe, des
tement est une priorité clinique. De multiples agents ont été indications chirurgicales et de la mortalité [4] . Une méta-analyse a
évalués dont certains sous forme d’essais randomisés contrô- montré que la mise en place dans les 48 premières heures d’une
lés avec de faibles effectifs (Tableau 4) [44–50] . Seuls quatre essais nutrition entérale améliorait le pronostic des PA en réduisant la
ont été conduits en double insu [45, 48, 50] . Ces travaux montrent fréquence des complications [66] . La nutrition parentérale ne reste
que les agonistes morphiniques peuvent être utilisés sans res- indiquée qu’en cas d’intolérance de la voie entérale [2, 4] .
triction [44–47, 49, 50] . La morphine et ses agonistes purs ont été Une alimentation orale peut être effectuée chez les patients qui
recommandés comme antalgiques de choix dans le consensus en sont capables [4] , sinon, elle se fait à l’aide d’une sonde de nutri-
français [2] . L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens tion entérale. La sonde nasojéjunale a été longtemps préférée à
ont été contre-indiqués par le consensus français en raison la sonde nasogastrique sur l’hypothèse qu’une stimulation proxi-
®
de leurs effets secondaires (rénaux, hémostase.). La Xylocaïne male accroîtrait la stimulation pancréatique et la sévérité de la
intraveineuse n’est pas recommandée du fait de ses effets neu- PA. Une méta-analyse récente [67] ne montre pas d’effet délétère
rotoxiques [2] . La procaïne dans les études randomisées n’a pas de la nutrition par sonde nasogastrique, ni d’accroissement de
montré de bénéfice par rapport aux agonistes morphiniques [44, 46] , douleur, d’incidence accrue d’inhalation ou de mortalité. Cette
mais est plus efficace qu’un placebo [48] . voie est donc recommandée en routine [4] et la pose d’une sonde
L’analgésie péridurale n’a pas été retenue par le consensus nasojéjunale est réservée aux situations d’intolérance à la nutri-
à cause du risque d’hypotension profonde [2] . Cependant, des tion entérale. La mise en place d’une jéjunostomie doit être évitée

8 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

Tableau 4.
Résultat des essais randomisés évaluant l’administration d’un antalgique au cours des pancréatites aiguës.
Étude Traitement évalué Groupe contrôle Type d’étude Réduction du score de douleur Autres observations
[44]
Jakobs et al. Buprénorphine Procaïne (voie i.v.) Ouverte Effet significatif dans le groupe Moins d’analgésiques
(voie i.v.) (n = 20) (n = 20) évalué pendant 48 h additionnels dans le
groupe évalué
Stevens et al. [45] Fentanyl (voie Placebo (voie Double aveugle Effet significatif dans le groupe Réduction de la durée de
transdermique) (n = 16) transdermique) évalué entre 30 et 60 h séjour dans le groupe
(n = 16) évalué
Kahl et al. [46] Pentazocine (voie i.v.) Procaïne (voie i.v.) Ouverte Effet significatif dans le groupe Moins d’analgésiques
(n = 50) (n = 51) évalué pendant 72 h additionnels dans le
groupe évalué
Peiro et al. [47] Métamizole Morphine (voie Ouverte Effet non significatif dans le Pas d’effets en termes
(voie i.v.) sous-cutanée) (n = 8) groupe évalué pendant 24 h d’effets secondaires
(n = 8)
Layer et al. [48] Procaïne (voie i.v.) Placebo (n = 21) Double aveugle Effet significatif dans le groupe Moins d’analgésiques
(n = 23) évalué pendant 72 h additionnels dans le
groupe évalué
Sadowski et al. [49] Anesthésie péridurale Analgésie autocontrôlée Ouverte Effet significatif dans le groupe Amélioration significative
(bupivacaïne + fentanyl) (fentanyl) (voie i.v.) évalué à j0 et j10 mais pas de de la perfusion
(n = 13) (n = 22) j1 à j9 pancréatique dans le
groupe évalué
Gulen et al. [50] Tramadol (voie i.v.) Dexkétoprofène (i.v.) Double aveugle Aucune différence entre les
(n = 30) ou paracétamol (i.v.) groupes étudiés
(n = 60)

IM : administration intramusculaire ; i.v. : administration intraveineuse.

Tableau 5.
Résultat des essais randomisés comparant la nutrition entérale totale et parentérale totale au cours des pancréatites aiguës.
Étude Nutrition entérale Nutrition parentérale Type d’étude Réduction des complications infectieuses et mortalité
n n
Abou-Assi et al. [54] 26 27 Ouverte Pas de différence significative de pronostic
Eckerwall et al. [55] 23 25 Ouverte Pas de différence significative de pronostic
Doley et al. [56] 25 25 Ouverte Pas de différence significative de pronostic
Olah et al. [57] 41 48 Ouverte Réduction non significative des infections pancréatiques et de la
mortalité dans le groupe entéral
Gupta et al. [58] 8 9 Ouverte Réduction non significative des infections pancréatiques dans le
groupe entéral
Louie et al. [59] 10 18 Ouverte Réduction non significative des infections pancréatiques dans le
groupe entéral
Casas et al. [60] 11 11 Ouverte Réduction non significative des infections pancréatiques dans le
groupe entéral
Petrov et al. [61] 35 34 Ouverte Réduction significative des infections pancréatiques et de la
mortalité dans le groupe entéral
Qin et al. [62] 36 38 Simple aveugle Réduction significative des défaillances viscérales dans le groupe
entéral
Wu et al. [63] 53 54 Ouverte Réduction significative des infections pancréatiques et de la
mortalité dans le groupe entéral

et ne constitue pas une indication chirurgicale, sauf si le malade Antibiothérapie préventive


doit être opéré pour une autre raison.
La nutrition débute avec un volume de l’ordre de 30 ml/h qui La surinfection de la nécrose est une des complications les plus
peut être accru à 100 ml/h en 36 à 48 heures en cas de tolérance fréquentes et les plus graves des formes sévères de PA (cf. infra).
correcte [8] . Il n’existe pas de consensus sur le type d’alimentation De multiples travaux ont tenté un traitement antibiotique préven-
à apporter (mélange semi-élémentaire ou nutrition polymé- tif. Un nombre très limité de molécules pénètre dans la nécrose
rique). Une méta-analyse a évalué les études comparant les pancréatique ou les tissus ischémiques [69, 70] .
mélanges semi-élémentaires et la nutrition polymérique sans trou- Les seuls agents qui pourraient être efficaces du fait d’une
ver de différence de tolérance, avec une réduction du risque pharmacocinétique et d’un spectre antibactérien satisfaisants sont
de complications infectieuses et de mortalité des mélanges des molécules à large spectre : imipénème et méropénème, fluo-
polymériques [68] . Les lipides ne sont pas contre-indiqués sauf roquinolones, imidazolés [3, 69, 70] . Une première série d’essais
en cas d’hypertriglycéridémie importante. Les besoins azotés thérapeutiques a été réalisée dans les années 1990 en compa-
sont élevés, de l’ordre de 0,25 à 0,30 g/kg par jour. Une raison avec un placebo, rapportant dans les groupes placebo
supplémentation en micronutriments, en particulier à visée anti- une mortalité moyenne de 37,5 % [71–74] (Tableau 6). Les publi-
oxydante (vitamines A, C, E, sélénium), et en zinc, est indiquée. cations ultérieures ont comparé des prophylaxies entre elles et
L’efficacité d’une supplémentation en glutamine et des solu- ont rapporté l’émergence de germes résistants (Tableau 7), des
tions de nutrition entérale à visée immunomodulatrice n’est pas surinfections à levures et ont confirmé l’absence d’amélioration
établie [2, 68] . du pronostic [75–80] . Deux travaux plus récents et de bonne

EMC - Hépatologie 9
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

Tableau 6.
Incidence des infections et pronostic des essais contrôlés avec administration d’une antibiothérapie préventive.
Auteurs Antibiotiques Nombre de Infection pancréatique (%) Mortalité (%)
patients
Contrôles Cas Contrôles Cas
Pederzoli [71] Placebo/imipénème 74 30 12 (p < 0,01) 12 7
Sainio [72] Placebo/céfuroxime 60 40 30 23 3 (p = 0,028)
Schwarz [73] Placebo/ofloxacine + métronidazole 26 53 61 15 0
Delcenserie [74] Placebo/ceftazidime + amika- 23 58 0 (p = 0,03) 25 9
cine + métronidazole
Maravi-Poma [77] Imipénème (14 j)/imipénème (> 14 j) 92 28 30 20 17
Manes [79] Méropénème/imipénème 176 11 (méropénème) 14 14 (méropénème) 11
Isenmann [80] Placebo/ciprofloxacine, 114 9 12 7 5
métronidazole
Dellinger [81] Placebo/méropénème 100 12 18 18 20

Tableau 7.
Fréquence et type des germes exprimés en pourcentages isolés au cours des surinfections des pancréatites aiguës.
Auteurs Antibiothérapie Bacilles à Gram négatif Cocci à Gram positif Candidas
« prophylactique »
Escherichia coli Autres Bacilles non Staphylocoques Entérocoques
entérobactéries fermentants
Maravi-poma [77] Imipénème 14 38 21 14 24 7
Manes [79] Méropénème 21 14 36 7 14 -
Manes [79] Imipénème 21 14 21 14 14 -
Isenmann [80] Non 30 - - 40 10 10
Isenmann [80] Ciprofloxacine/métronidazole 33 11 - 33 11 11
Dellinger [81] Non 11 11 - 44 11 11
Dellinger [81] Méropénème 5 14 24 14 29 10

qualité méthodologique ont comparé une prophylaxie contre un


placebo [80, 81] . Ces travaux n’ont pas retrouvé de différence signi-
ficative entre les deux attitudes et ont rapporté une mortalité de
10 et 18 % dans le groupe placebo [80, 81] , très en dessous des inci-
“ Point fort
dences précédentes (Tableau 6). Le traitement initial comprend une surveillance adap-
Sur la base des études disponibles, plusieurs conférences de
tée à la sévérité, un remplissage vasculaire adapté à
consensus dont les travaux français n’ont pas recommandé
l’antibiothérapie préventive ni par voie systémique ni sous forme l’hypovolémie, la correction des troubles hydroélectroly-
de décontamination digestive sélective [2–4, 32] . La prophylaxie tiques, une oxygénothérapie, une analgésie, la mise au
antifongique n’est pas recommandée [3] . L’usage prophylactique repos du tube digestif et pas d’antibiotique.
des probiotiques n’est pas recommandé [4] . L’antibiothérapie cura-
tive est justifiée en cas d’infection documentée, devant un choc
septique, une angiocholite, une infection nosocomiale [2] . Une
antibioprophylaxie doit encadrer les gestes invasifs selon les
recommandations en vigueur [2] .
 Complications
Les complications peuvent être différenciées en complications
Traitements physiopathologiques précoces et tardives selon leur survenue dans les deux premières
semaines de la maladie ou les semaines suivantes.
De multiples traitements à visée physiopathologique ont été
proposés (antisécrétoires gastriques, extraits pancréatiques, atro-
pine, glucagon, somatostatine ou octréotide, etc.) mais aucun n’a Complications précoces
fait la preuve de son efficacité. Les conférences de consensus ne
recommandent aucun traitement physiopathologique [2, 8, 32] . Une Les complications médicales et chirurgicales peuvent être
méta-analyse récente parvient aux mêmes conclusions [82] . intriquées. Par conséquent, la survenue d’une ou de plusieurs
défaillances viscérales impose de rechercher systématiquement
une complication chirurgicale.
Chirurgie de la pancréatite aiguë
Défaillances multiviscérales
Une vaste majorité des patients avec nécrose stérile peut être
prise en charge sans intervention chirurgicale ou drainage per- La PA peut se compliquer de défaillances viscérales dont la fré-
cutané [4] . Mis à part une perforation d’organe creux ou un quence augmente parallèlement à la sévérité de la maladie, mais
choc hémorragique, il n’y a aucune indication opératoire dans sans lien avec l’étendue de la nécrose. Les défaillances de sur-
la prise en charge initiale des PA. La chirurgie pourra être déci- venue précoce sont directement liées à la phase inflammatoire
dée secondairement en cas de surinfection de la nécrose [2, 18, 32] . de la maladie et sont souvent bien améliorées par la réanima-
Une méta-analyse récente obtient les mêmes résultats et met tion initiale ce qui leur vaut d’être qualifiées de défaillances
en garde contre les nécrosectomies par laparotomie [83] . Les transitoires lorsqu’elles s’amendent en moins de 48 heures [5] . À
interventions mini-invasives semblent mieux tolérées mais ces l’opposé, les défaillances qui persistent au-delà de 48 heures sont
éléments ainsi que les évaluations à long terme demandent à être appelées prolongées [5] . Ces défaillances présentent peu de carac-
précisés [83] . téristiques particulières et ne sont pas traitées différemment de

10 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

celles observées au cours de toute agression en réanimation [2] . Les sur 26 PA en défaillance polyviscérale au stade de la décompres-
plus fréquentes sont respiratoires, rénales et hémodynamiques. Il sion abdominale, les 14 patients survivants ont bénéficié d’une
existe une grande variabilité dans la fréquence de ces défaillances décompression dans un délai médian de 1 (1–2) jours tandis que
du fait de définitions et de recrutements différents [84–87] . les patients décédés ont été opérés dans un délai de 7 (1–17)
jours [91] .
Défaillances respiratoires
Les étiologies de l’insuffisance respiratoire aiguë sont multiples :
épanchements pleuraux volumineux, atélectasies par altération Complications chirurgicales précoces
de la cinétique diaphragmatique, pneumopathie initialement Les complications chirurgicales précoces sont liées à la gra-
d’inhalation puis nosocomiale, choc septique (quelle qu’en soit vité de l’agression locale ou régionale. Les lésions sont de type
la source), voire complication chirurgicale révélée par des signes hémorragique, ou perforatif, et touchent généralement le côlon,
respiratoires. Le syndrome de détresse respiratoire de l’adulte les artères spléniques ou mésentériques. Le tableau est alors
est la traduction la plus sévère [88] et les pneumopathies les celui d’une urgence chirurgicale ou d’un choc hémorragique
complications les plus fréquentes, rapportés dans une série mul- chez un patient atteint d’un syndrome douloureux abdominal
ticentrique française chez 18 % des malades ventilés et moins de révélateur de la PA. Dans ces circonstances où la nécrose pancréa-
1 % des patients non ventilés [12] . tique est stérile, les experts déconseillent de réaliser un drainage
La ventilation mécanique ne présente pas de spécificité et doit ou une nécrosectomie précoce qui favorisent le développement
rester peu traumatique. En cas d’hypoxémie sévère non contrôlée d’infections de la nécrose [4] .
par la ventilation mécanique, les techniques d’assistance cir-
culatoire de type extracorporeal membrane oxygenation (ECMO)
commencent à être utilisées mais les indications sont pour Complications tardives
l’instant mal précisées. Surinfection de la nécrose
Défaillances hémodynamiques et rénales L’évolution de la nécrose pancréatique est dominée par le risque
Les défaillances circulatoires observées à la phase initiale d’infection secondaire de la nécrose pancréatique ou péripancréa-
comportent le plus souvent une composante due à la réponse tique ou de l’ascite. C’est la plus grave des complications locales et
inflammatoire systémique et une part hypovolémique en rapport les experts estiment que plus de 80 % des décès par PA sont dus aux
notamment avec l’iléus intestinal, les épanchements intrapérito- complications septiques locorégionales. Les hypothèses physiopa-
néaux et les troubles de la perméabilité capillaire. Le remplissage thologiques conduisant à l’infection sont multiples (translocation
vasculaire débuté dès l’admission est poursuivi pour maintenir d’origine colique, contiguïté ou voie sanguine) mais mal établies.
une perfusion viscérale correcte et prévenir les défaillances, en Le risque d’infection peut survenir dès la première semaine,
particulier hépatiques ou rénales [2] . Un agent vasopresseur type et augmente progressivement jusqu’à la troisième semaine
noradrénaline est utilisé conjointement au remplissage selon les d’évolution. Dans les années 1990, l’incidence de surinfec-
mêmes règles que lors des chocs septiques. À une phase plus tar- tion était décrite chez 30 à 54 % des patients [71, 73] . Dans les
dive de l’évolution, la défaillance circulatoire est fréquemment séries récentes, l’infection de la nécrose n’atteignait que 13 %
liée à un choc septique. des patients dans un délai médian de 26 (17–37) jours après
Une atteinte hépatique peut être retrouvée, souvent liée à une l’admission pour Besselink et al. [92] et 12 % pour Dellinger et al.
défaillance circulatoire. L’insuffisance rénale est souvent fonction- dans un délai moyen de 21 (extrêmes 11–25) jours [81] . La probabi-
nelle, mais peut être liée à une nécrose tubulaire ou à une autre lité de survenue de l’infection semble proportionnelle à l’étendue
atteinte organique. La nécessité d’une épuration extrarénale est de la nécrose.
de pronostic péjoratif. La suspicion d’une surinfection de la nécrose est basée sur des
Les troubles de l’hémostase, en particulier la coagulation éléments cliniques : fièvre persistante, absence d’amélioration cli-
intravasculaire disséminée, sont fréquents [2] . Le traitement est nique, survenue d’une nouvelle dégradation clinique, apparition
symptomatique en apportant les facteurs de coagulation défici- de nouvelles défaillances d’organe, augmentation de la leucocy-
taires, et étiologique en s’assurant de l’absence d’hémorragie ou tose et des biomarqueurs. Une TDM de contrôle est réalisée à la
d’infection qui entretiennent ces phénomènes. recherche de modifications au sein des collections. La présence de
gaz considérée comme la preuve d’une infection quelle qu’en soit
Syndrome du compartiment abdominal la source (qu’il s’agisse d’une rupture du tube digestif ou de bacté-
Le syndrome du compartiment abdominal est fréquent au cours ries productrices de gaz) est rapportée dans 17 % des patients [93] .
des PA, lié à l’œdème viscéral et aux épanchements liquidiens. Il La ponction percutanée guidée par imagerie est une tech-
favorise la survenue ou l’aggravation des défaillances d’organe. La nique proposée pour démontrer l’infection de la nécrose [2, 18, 32] .
surveillance de la pression abdominale est indispensable à la phase La ponction est réalisée à l’aiguille fine (18 à 22 G), sous gui-
initiale d’une PA dès l’apparition des défaillances viscérales [89] . dage TDM. Il faut ponctionner, sous réserve de leur accessibilité,
L’objectif thérapeutique est de maintenir une pression de perfu- les lésions dont le remaniement TDM est le plus évocateur
sion abdominale supérieure ou égale à 50–60 mmHg de manière d’infection. Le prélèvement doit être immédiatement traité
à ne pas aggraver les défaillances d’organes [90] . De multiples en bactériologie et mycologie pour identification des germes
approches sont proposées dans ce but : sédation et analgé- et analyse de la sensibilité aux anti-infectieux. Pour certains
sie ± myorelaxants pour réduire la tension de la paroi abdominale, experts [4, 21] , l’utilité de cet examen ne se justifie pas en cas de
aspiration du contenu gastrique ou prokinétique ou décompres- suspicion clinique forte, d’autant plus qu’un risque de faux néga-
sion colique pour réduire la pression dans la lumière digestive, tif de la ponction a été rapporté chez 11 à 25 % des patients.
remplissage intravasculaire pour améliorer la pression artérielle, Les ponctions systématiques ne se justifient pas. La ponction doit
diurétiques ou hémofiltration pour réduire l’œdème viscéral, drai- être répétée chez les malades dont les troubles persistent ou se
nage percutané de l’ascite, voire après échec de tous ces moyens majorent après une première ponction négative [2, 18, 32] . Il arrive
laparotomie de décompression [90] . que le prélèvement se transforme immédiatement en geste théra-
La décompression chirurgicale doit être décidée après dis- peutique de drainage.
cussion multidisciplinaire chez des patients avec une pression Si les arguments cliniques, TDM et biologiques ont une valeur
intra-abdominale supérieure à 25 mmHg de manière persistante d’orientation, l’étude microbiologique des prélèvements obte-
devant l’apparition d’une nouvelle défaillance d’organe malgré nus permet d’affirmer le diagnostic d’infection et d’identifier le
un traitement médical maximal. En cas de décompression chi- germe [70] .
rurgicale, les experts recommandent de ne pas toucher l’espace Au cours des infections de la nécrose pancréatique, la flore
rétropéritonéal et l’épiploon pour réduire le risque d’infection de rapportée est majoritairement digestive (Tableau 7). Les travaux
la nécrose [4] . Le succès de la décompression se traduit par une amé- récents insistent sur l’isolement fréquent de bactéries multi-
lioration de l’oxygénation, des paramètres hémodynamiques et de résistantes (telles que Pseudomonas aeruginosa, entérobactéries
l’équilibre acidobasique. Le délai de réalisation de la décompres- productrices de bêtalactamase à large spectre, staphylocoques
sion paraît être un élément important. Dans une étude conduite résistants à la méticilline) ou de levures (majoritairement Candida

EMC - Hépatologie 11
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

albicans), pour lesquelles l’administration d’antibiothérapie pré- La chirurgie de désobstruction canalaire, pratiquée en urgence,
ventive paraît jouer un rôle [75–78] . L’antibiothérapie probabiliste surtout dans les PA graves, génère une surmortalité par rap-
débutée dès le diagnostic ou la suspicion de surinfection de port à l’intervention différée. La sphinctérotomie endoscopique
nécrose doit prendre en compte la possibilité de ces germes a été proposée dans le but de traiter l’angiocholite, de préve-
nosocomiaux [94] . Les recommandations d’experts éditées par nir la constitution de la nécrose ou sa surinfection [2] . En cas
plusieurs sociétés savantes françaises suggèrent l’association de d’angiocholite, la sphinctérotomie endoscopique est indiquée le
molécules qui pénètrent bien dans la nécrose : imipénème (1 g plus rapidement possible et idéalement dans les 24 heures suivant
trois fois/j) + ciprofloxacine (400 mg trois fois/j) + métroni- le diagnostic [4] . Dans les PA biliaires sans angiocholite, le délai de
dazole (500 mg trois fois/j) chez les patients n’ayant pas reçu prise en charge (24 à 72 h) n’est pas clairement établi, aussi les
d’antibiotique auparavant ou imipénème (1 g trois fois/j) + van- experts recommandent de se donner un délai d’observation de
comycine (15 mg/kg en dose de charge puis dose d’entretien 24 à 48 heures pour une amélioration spontanée de l’obstruction
pour atteindre une concentration plasmatique en plateau de biliaire [4] . Les experts insistent sur la nécessité d’une équipe
20 mg/l) + fluconazole (400 mg trois fois/j) chez les patients ayant endoscopique et anesthésique entraînée et d’un plateau tech-
reçu des antibiotiques au préalable. L’adaptation du traitement nique adapté [2] . Quatre méta-analyses ont évalué l’effet de la
antibiotique après résultat de l’antibiogramme est indispensable. sphinctérotomie endoscopique. Trois études qui ont comparé
La durée du traitement n’est pas établie. Un petit nombre de une sphinctérotomie endoscopique précoce avec une approche
patients reste cliniquement stable malgré une nécrose infectée et conservatrice chez des patients n’ont pas montré d’accroissement
pourrait relever d’un traitement antibiotique sans geste complé- de la mortalité ou de complications pancréatiques locales [95–97] .
mentaire chirurgical ou de drainage [4] . Une dernière méta-analyse construite avec un nombre plus impor-
tant d’études a retrouvé un bénéfice de la sphinctérotomie
Place des techniques interventionnelles endoscopique par rapport à un traitement conservateur avec
Un consensus international multidisciplinaire a précisé la place une réduction de la fréquence des complications et une ten-
des techniques mini-invasives, des procédures radioguidées, endo- dance à la réduction de la mortalité dans les formes sévères et
scopiques et laparoscopiques avec une complémentarité des une tendance à la réduction des complications dans les formes
différentes procédures [21] . Les techniques doivent être adaptées de sévérité modérée à moyenne [98] . Au total, la sphinctéro-
aux lésions anatomiques, à l’état du patient, aux ressources locales tomie endoscopique trouve sa place dans les PA sévères avec
et à l’expérience de l’équipe. Peu de praticiens dans une même infection des voies biliaires mais pas en cas de cholestase iso-
spécialité ont l’expérience de plusieurs techniques avec un recul lée. Dans les PA bénignes d’évolution favorable, il n’y a pas
suffisant [21] . d’indication à réaliser une sphinctérotomie endoscopique en
La nécrose stérile ne fait pas l’objet d’indication opératoire, sauf urgence.
en cas d’obstruction biliaire ou intestinale par un volumineux La cholécystectomie au cours du séjour est recommandée dans
effet de masse ou une rupture du canal de Wirsung avec persis- les formes mineures de PA [4] . Chez les patients avec des collections
tance des signes cliniques [4] . Dans tous les cas, la stratégie est de péripancréatiques, la cholécystectomie doit être différée jusqu’à
retarder l’indication opératoire le plus possible, idéalement au- leur disparition ou en cas de persistance au moins six semaines
delà de huit semaines d’évolution, pour faciliter la détersion de la après l’épisode de PA [4] . Chez des patients qui ont subi une
nécrose [4] . sphinctérotomie endoscopique, la cholécystectomie est indiquée
Seules la nécrose et les collections infectées doivent être traitées à distance [4] .
par des techniques chirurgicales, percutanées, endoscopiques ou
une combinaison de ces approches. Les interventions précoces
sont de mauvais pronostic [4] . La stratégie est donc de retar-
der l’indication opératoire le plus possible pour limiter le risque
hémorragique et de complications chirurgicales. Les objectifs du
 Pronostic
traitement sont l’évacuation des débris nécrotiques et le drainage La mortalité de toutes les formes confondues de PA est de l’ordre
des collections infectées, en respectant le parenchyme sain [2, 18, 32] . de 5 à 10 %, tandis que celle des PA sévères varie selon les séries
Le drainage chirurgical est la technique la plus classique [21] . de 20 à 70 % [71] . Les séries récentes dans des essais contrôlés
Cependant, une prise en charge initiale par drainage percutané rapportent une mortalité faible de l’ordre de 10 à 20 % [77, 79, 80] ,
suivi à distance par une nécrosectomie endoscopique ou chirurgi- plus élevée dans les études ouvertes [85] . Une étude conduite aux
cale semble à privilégier [4, 21] . Depuis quelques années, des travaux
États-Unis analysant la base de données nationale des patients
font état d’une prise en charge endoscopique de la nécrosecto-
hospitalisés pour un diagnostic de PA a montré que les centres
mie [15] . La place de ces techniques nécessitera d’être précisée par
qui prennent en charge un grand nombre de PA (plus de 118 cas
de larges séries dans les années à venir [83] .
par an) avaient une mortalité et une durée de séjour plus faibles
que les centres qui prenaient en charge un faible nombre de cas
de PA [99] .
“ Point fort Un âge avancé est un facteur de mauvais pronostic retrouvé
régulièrement [92, 99] . Dans l’étude française de Jung et al., l’âge
était un facteur de mortalité [12] . La présence de comorbidités
Les complications précoces sont la conséquence de la dont l’insuffisance rénale chronique [99] et l’obésité est également
phase inflammatoire précoce de la PA. Les défaillances un facteur de mauvais pronostic. Les patients obèses (indice de
viscérales précoces sont fréquentes. La surinfection est masse corporelle [IMC] > 30 kg/m2 ) ont un risque accru de décès
multiplié par un facteur 3 [22] .
une complication généralement plus tardive, justifiant une
Près de 50 % des décès surviennent dans la première semaine [92] ,
prise en charge spécifique par antibiotique et technique liés à une détresse respiratoire et/ou des défaillances polyviscé-
interventionnelle. rales. Les décès plus tardifs sont souvent liés à une surinfection
de nécrose. Pour Besselink et al., le décès survient en médiane 25
(7–45) jours après l’admission, et pour 80 % des cas après une
complication infectieuse dont 61 % des cas une bactériémie et
48 % une infection de nécrose [92] .
 Cas particuliers des pancréatites Les défaillances polyviscérales et/ou une insuffisance res-
piratoire aiguë sont des signes de mauvais pronostic, de
aiguës biliaires même qu’une aggravation de la PA [85, 100] ou une défaillance
d’organe persistante [92] . L’infection proprement dite est égale-
La recherche de l’origine biliaire d’une PA doit être effectuée ment un facteur de risque de décès, dont la présence d’une
systématiquement. bactériémie [92] .

12 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

 Conclusion [9] Ruszniewski P. Pancréatite aiguë : le temps du consensus. Conférence


de consensus. Pancréatite aiguë. Gastroenterol Clin Biol 2001;25,
1S-S2.
La PA apparaît comme une pathologie difficile à cerner tant
[10] Gullo L, Migliori M, Olah A, Farkas G, Levy P, Arvanitakis C, et al.
par sa présentation que par son pronostic. La meilleure approche
Acute pancreatitis in five European countries: etiology and mortality.
est donc d’évoquer facilement cette hypothèse diagnostique pour Pancreas 2002;24:223–7.
permettre une prise en charge précoce avec un transfert en milieu [11] Karsenti D, Bourlier P, Dorval E, Scotto B, Giraudeau B, Lanotte R,
de réanimation pour les formes sévères. Les traitements restent et al. Morbidité et mortalité de la pancréatite aiguë : évaluation pros-
symptomatiques en essayant de limiter les causes d’infection pective dans un centre hospitalier universitaire français. Presse Med
nosocomiale et les motifs d’antibiothérapie. 2002;31:727–34.
[12] Jung B, Carr J, Chanques G, Cisse M, Perrigault PF, Savey A, et al.
Épidémiologie, pronostic et complications infectieuses nosocomiales

“ Points essentiels des pancréatites aiguës graves en réanimation : étude prospective mul-
ticentrique à partir de la base de données CClin Sud-Est. Ann Fr Anesth
Reanim 2011;30:105–12.
[13] Agarwal S, George J, Padhan RK, Vadiraja PK, Behera S, Hasan A,
• La douleur abdominale constitue le critère essentiel du et al. Reduction in mortality in severe acute pancreatitis: a time trend
diagnostic de PA confirmé par le dosage plasmatique de analysis over 16 years. Pancreatology 2016;16:194–9.
la lipasémie. [14] Marik PE, Zaloga GP. Meta-analysis of parenteral nutrition versus ente-
• La TDM hélicoïdale en coupes minces avec injection de ral nutrition in patients with acute pancreatitis. BMJ 2004;328:1407.
produit de contraste iodé est l’examen de référence réalisé [15] van Brunschot S, Fockens P, Bakker OJ, Besselink MG, Voermans RP,
au mieux 48 à 72 heures après le début des signes pour Poley JW, et al. Endoscopic transluminal necrosectomy in necrotising
pancreatitis: a systematic review. Surg Endosc 2014;28:1425–38.
établir la gravité de la PA. [16] Bourgaux JF, Defez C, Muller L, Vivancos J, Prudhomme M, Navarro
• Un âge avancé, la présence de maladies sous-jacentes, F, et al. Infectious complications, prognostic factors and assessment
l’obésité ou des épanchements pleuraux sont des critères of anti-infectious management of 212 consecutive patients with acute
de mauvais pronostic. pancreatitis. Gastroenterol Clin Biol 2007;31:431–5.
• Les formes graves de PA se traduisent par des signes [17] Windsor JA, Escott A, Brown L, Phillips AR. Novel strategies for
TDM de gravité évalués par un « index de sévérité TDM ». the treatment of acute pancreatitis based on the determinants of
• La prise en charge thérapeutique initiale vise à la correc- severity: Okuda State-of the-Art Lecture. J Gastroenterol Hepatol
2017;32:1796–803.
tion de l’hypovolémie et des troubles hydroélectrolytiques, [18] Working Party of the British Society of Gastroenterology, Associa-
l’oxygénation, l’analgésie et la reprise de la nutrition enté- tion of Surgeons of Great Britain and Ireland, Pancreatic Society of
rale rapide. Great Britain and Ireland, Ireland AoUGSoGBa. UK guidelines for
• Les principales complications dans les premiers jours the management of acute pancreatitis. Gut 2005;54(Suppl. 3):iii1–9.
d’évolution sont les perforations puis la surinfection de la [19] Rompianesi G, Hann A, Komolafe O, Pereira SP, Davidson BR, Guru-
nécrose. samy KS. Serum amylase and lipase and urinary trypsinogen and
• Il n’y a pas de preuve de l’efficacité d’une antibiothéra- amylase for diagnosis of acute pancreatitis. Cochrane Database Syst
Rev 2017;4. CD012010.
pie préventive pour réduire la fréquence de la surinfection [20] Talamini G, Uomo G, Pezzilli R, Rabitti PG, Billi P, Bassi C, et al.
de la nécrose pancréatique ou ses conséquences. Serum creatinine and chest radiographs in the early assessment of acute
pancreatitis. Am J Surg 1999;177:7–14.
[21] Freeman ML, Werner J, van Santvoort HC, Baron TH, Besselink
MG, Windsor JA, et al. Interventions for necrotizing pancreati-
tis: summary of a multidisciplinary consensus conference. Pancreas
2012;41:1176–94.
Déclaration de liens d’intérêts : P. Montravers : activités de conseil pour Astel- [22] Wang SQ, Li SJ, Feng QX, Feng XY, Xu L, Zhao QC. Overweight is
las, Astra Zeneca, Cubist, MSD, Parexel, Tetraphase, The Medicines Company an additional prognostic factor in acute pancreatitis: a meta-analysis.
et Pfizer ; invitation en qualité d’intervenant pour Astellas, Astra Zeneca, Basi- Pancreatology 2011;11:92–8.
lea, Cubist, Gilead, MSD, The Medicines Company et Pfizer. Les autres auteurs [23] Mookadam F, Cikes M. Images in clinical medicine. Cullen’s and
déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt en relation avec cet article. Turner’s signs. N Engl J Med 2005;353:1386.
[24] Maringhini A, Ciambra M, Patti R, Randazzo MA, Dardanoni G,
Mancuso L, et al. Ascites, pleural, and pericardial effusions in acute
 Références pancreatitis. A prospective study of incidence, natural history, and
prognostic role. Dig Dis Sci 1996;41:848–52.
[1] Wu BU, Banks PA. Clinical management of patients with acute pan- [25] Koutroumpakis E, Wu BU, Bakker OJ, Dudekula A, Singh VK, Bes-
creatitis. Gastroenterology 2013;144:1272–81. selink MG, et al. Admission hematocrit and rise in blood urea nitrogen
[2] Société nationale française de gastroentérologie. Conférence de at 24 h outperform other laboratory markers in predicting persistent
consensus : pancréatite aiguë. Conclusion et recommandations du Jury organ failure and pancreatic necrosis in acute pancreatitis: a post
- Textes long et court. Gastroenterol Clin Biol 2001;25:177–92. hoc analysis of three large prospective databases. Am J Gastroenterol
[3] Tenner S, Baillie J, DeWitt J, Vege SS. American College of Gas- 2015;110:1707–16.
troenterology guideline: management of acute pancreatitis. Am J [26] Nawaz H, Koutroumpakis E, Easler J, Slivka A, Whitcomb DC, Singh
Gastroenterol 2013;108, 1400-15; 1416. VP, et al. Elevated serum triglycerides are independently associated
[4] Working Group IAP/APA. IAP/APA evidence-based guidelines for the with persistent organ failure in acute pancreatitis. Am J Gastroenterol
management of acute pancreatitis. Pancreatology 2013; 13:e1–15. 2015;110:1497–503.
[5] Banks PA, Bollen TL, Dervenis C, Gooszen HG, Johnson CD, Sarr [27] Makela JT, Eila H, Kiviniemi H, Laurila J, Laitinen S. Computed
MG, et al. Classification of acute pancreatitis--2012: revision of the tomography severity index and C-reactive protein values predicting
Atlanta classification and definitions by international consensus. Gut mortality in emergency and intensive care units for patients with severe
2013;62:102–11. acute pancreatitis. Am J Surg 2007;194:30–4.
[6] Balthazar EJ, Robinson DL, Medibow AJ, Ranson JH. Acute pancreati- [28] Mofidi R, Suttie SA, Patil PV, Ogston S, Parks RW. The value of
tis: value of CT in establishing prognosis. Radiology 1990;174:331–6. procalcitonin at predicting the severity of acute pancreatitis and deve-
[7] Krishna SG, Kamboj AK, Hart PA, Hinton A, Conwell DL. The chan- lopment of infected pancreatic necrosis: systematic review. Surgery
ging epidemiology of acute pancreatitis hospitalizations: a decade of 2009;146:72–81.
trends and the impact of chronic pancreatitis. Pancreas 2017;46:482–8. [29] Riche FC, Cholley BP, Laisne MJ, Vicaut E, Panis YH, Lajeunie EJ,
[8] Toouli J, Brooke-Smith M, Bassi C, Carr-Locke D, Telford J, Freeny et al. Inflammatory cytokines, C reactive protein, and procalcitonin as
P, et al. Guidelines for the management of acute pancreatitis. J Gas- early predictors of necrosis infection in acute necrotizing pancreatitis.
troenterol Hepatol 2002;17(Suppl.):S15–39. Surgery 2003;133:257–62.

EMC - Hépatologie 13
7-104-A-30  Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic

[30] Rau BM, Kemppainen EA, Gumbs AA, Buchler MW, Wegscheider [53] Bevan MG, Asrani VM, Bharmal S, Wu LM, Windsor JA, Petrov MS.
K, Bassi C, et al. Early assessment of pancreatic infections and ove- Incidence and predictors of oral feeding intolerance in acute pancreati-
rall prognosis in severe acute pancreatitis by procalcitonin (PCT): tis: a systematic review, meta-analysis, and meta-regression. Clin Nutr
a prospective international multicenter study. Ann Surg 2007;245: 2017;36:722–9.
745–54. [54] Abou-Assi S, Craig K, O’Keefe SJ. Hypocaloric jejunal feeding is
[31] Dominguez-Munoz JE, Carballo F, Garcia MJ, de Diego JM, Cam- better than total parenteral nutrition in acute pancreatitis: results
pos R, Yanguela J, et al. Evaluation of the clinical usefulness of of a randomized comparative study. Am J Gastroenterol 2002;97:
APACHE II and SAPS systems in the initial prognostic classifi- 2255–62.
cation of acute pancreatitis: a multicenter study. Pancreas 1993;8: [55] Eckerwall GE, Axelsson JB, Andersson RG. Early nasogastric feeding
682–6. in predicted severe acute pancreatitis: a clinical, randomized study. Ann
[32] Nathens AB, Curtis JR, Beale RJ, Cook DJ, Moreno RP, Romand Surg 2006;244:959–65, discussion 65-7.
JA, et al. Management of the critically ill patient with severe acute [56] Doley RP, Yadav TD, Wig JD, Kochhar R, Singh G, Bharathy KG,
pancreatitis. Crit Care Med 2004;32:2524–36. et al. Enteral nutrition in severe acute pancreatitis. JOP 2009;10:
[33] Halonen KI, Pettila V, Leppaniemi AK, Kemppainen EA, Puolakkai- 157–62.
nen PA, Haapiainen RK. Multiple organ dysfunction associated with [57] Olah A, Pardavi G, Belagyi T, Nagy A, Issekutz A, Mohamed GE.
severe acute pancreatitis. Crit Care Med 2002;30:1274–9. Early nasojejunal feeding in acute pancreatitis is associated with a
[34] Mounzer R, Langmead CJ, Wu BU, Evans AC, Bishehsari F, Muddana lower complication rate. Nutrition 2002;18:259–62.
V, et al. Comparison of existing clinical scoring systems to predict [58] Gupta R, Patel K, Calder PC, Yaqoob P, Primrose JN, Johnson CD.
persistent organ failure in patients with acute pancreatitis. Gastroente- A randomised clinical trial to assess the effect of total enteral and
rology 2012;142:1476–82. total parenteral nutritional support on metabolic, inflammatory and
[35] Wall I, Badalov N, Baradarian R, Iswara K, Li JJ, Tenner S. Decreased oxidative markers in patients with predicted severe acute pancreatitis
mortality in acute pancreatitis related to early aggressive hydration. (APACHE II > or =6). Pancreatology 2003;3:406–13.
Pancreas 2011;40:547–50. [59] Louie BE, Noseworthy T, Hailey D, Gramlich LM, Jacobs P, Warnock
[36] Mao EQ, Tang YQ, Fei J, Qin S, Wu J, Li L, et al. Fluid therapy GL. 2004 MacLean-Mueller prize enteral or parenteral nutrition for
for severe acute pancreatitis in acute response stage. Chin Med J severe pancreatitis: a randomized controlled trial and health technology
2009;122:169–73. assessment. Can J Surg 2005;48:298–306.
[37] Mao EQ, Fei J, Peng YB, Huang J, Tang YQ, Zhang SD. Rapid hemodi- [60] Casas M, Mora J, Fort E, Aracil C, Busquets D, Galter S, et al. Total
lution is associated with increased sepsis and mortality among patients enteral nutrition vs. total parenteral nutrition in patients with severe
with severe acute pancreatitis. Chin Med J 2010;123:1639–44. acute pancreatitis. Rev Esp Enferm Dig 2007;99:264–9.
[38] Du XJ, Hu WM, Xia Q, Huang ZW, Chen GY, Jin XD, et al. [61] Petrov MS, Kukosh MV, Emelyanov NV. A randomized controlled trial
Hydroxyethyl starch resuscitation reduces the risk of intra-abdominal of enteral versus parenteral feeding in patients with predicted severe
hypertension in severe acute pancreatitis. Pancreas 2011;40:1220–5. acute pancreatitis shows a significant reduction in mortality and in
[39] Wang MD, Ji Y, Xu J, Jiang DH, Luo L, Huang SW. Early goal-directed infected pancreatic complications with total enteral nutrition. Dig Surg
fluid therapy with fresh frozen plasma reduces severe acute pancreatitis 2006;23:336–44, discussion 44-5.
mortality in the intensive care unit. Chin Med J 2013;126:1987–8. [62] Qin HL, Zheng JJ, Tong DN, Chen WX, Fan XB, Hang XM, et al. Effect
[40] Wu BU, Hwang JQ, Gardner TH, Repas K, Delee R, Yu S, et al. Lac- of Lactobacillus plantarum enteral feeding on the gut permeability and
tated Ringer’s solution reduces systemic inflammation compared with septic complications in the patients with acute pancreatitis. Eur J Clin
saline in patients with acute pancreatitis. Clin Gastroenterol Hepatol Nutr 2008;62:923–30.
2011;9, 710-7.e1.
[63] Wu XM, Ji KQ, Wang HY, Li GF, Zang B, Chen WM. Total enteral
[41] Sharma V, Rana SS, Sharma R, Chaudhary V, Gupta R, Bhasin DK.
nutrition in prevention of pancreatic necrotic infection in severe acute
Naso-jejunal fluid resuscitation in predicted severe acute pancreati-
pancreatitis. Pancreas 2010;39:248–51.
tis: randomized comparative study with intravenous Ringer’s lactate.
[64] Petrov MS, van Santvoort HC, Besselink MG, van der Heijden GJ,
J Gastroenterol Hepatol 2016;31:265–9.
Windsor JA, Gooszen HG. Enteral nutrition and the risk of mortality
[42] Stigliano S, Sternby H, de Madaria E, Capurso G, Petrov MS. Early
and infectious complications in patients with severe acute pancrea-
management of acute pancreatitis: a review of the best evidence. Dig
titis: a meta-analysis of randomized trials. Arch Surg 2008;143:
Liver Dis 2017;49:585–94.
1111–7.
[43] Jaber S, Chanques G, Sebbane M, Salhi F, Delay JM, Perrigault
PF, et al. Noninvasive positive pressure ventilation in patients with [65] Li X, Ma F, Jia K. Early enteral nutrition within 24 hours or between
respiratory failure due to severe acute pancreatitis. Respiration 24 and 72 hours for acute pancreatitis: evidence based on 12 RCTs.
2006;73:166–72. Med Sci Monit 2014;20:2327–35.
[44] Jakobs R, Adamek MU, von Bubnoff AC, Riemann JF. Buprenor- [66] Li JY, Yu T, Chen GC, Yuan YH, Zhong W, Zhao LN, et al. Enteral
phine or procaine for pain relief in acute pancreatitis. A prospective nutrition within 48 hours of admission improves clinical outcomes of
randomized study. Scand J Gastroenterol 2000;35:1319–23. acute pancreatitis by reducing complications: a meta-analysis. PLoS
[45] Stevens M, Esler R, Asher G. Transdermal fentanyl for the management One 2013;8:e64926.
of acute pancreatitis pain. Appl Nurs Res 2002;15:102–10. [67] Chang YS, Fu HQ, Xiao YM, Liu JC. Nasogastric or nasojejunal fee-
[46] Kahl S, Zimmermann S, Pross M, Schulz HU, Schmidt U, Malferthei- ding in predicted severe acute pancreatitis: a meta-analysis. Crit Care
ner P. Procaine hydrochloride fails to relieve pain in patients with acute 2013;17:R118.
pancreatitis. Digestion 2004;69:5–9. [68] Petrov MS, Loveday BP, Pylypchuk RD, McIlroy K, Phillips AR,
[47] Peiro AM, Martinez J, Martinez E, de Madaria E, Llorens P, Horga JF, Windsor JA. Systematic review and meta-analysis of enteral nutrition
et al. Efficacy and tolerance of metamizole versus morphine for acute formulations in acute pancreatitis. Br J Surg 2009;96:1243–52.
pancreatitis pain. Pancreatology 2008;8:25–9. [69] Bassi C, Pederzoli P, Vesentini S, Falconi M, Bonora A, Abbas H,
[48] Layer P, Bronisch HJ, Henniges UM, Koop I, Kahl M, Dignass A, et al. et al. Behavior of antibiotics during human necrotizing pancreatitis.
Effects of systemic administration of a local anesthetic on pain in acute Antimicrob Agents Chemother 1994;38:830–6.
pancreatitis: a randomized clinical trial. Pancreas 2011;40:673–9. [70] Gastroentérologie SNFd. Conférence de consensus Pancréatite aiguë.
[49] Sadowski SM, Andres A, Morel P, Schiffer E, Frossard JL, Pla- Textes des experts et du groupe bibliographique. Gastroenterol Clin
ton A, et al. Epidural anesthesia improves pancreatic perfusion and Biol 2001;25:S5–246.
decreases the severity of acute pancreatitis. World J Gastroenterol [71] Pederzoli P, Bassi C, Vesentini S, Campedelli A. A randomized mul-
2015;21:12448–56. ticenter clinical trial of antibiotic prophylaxis of septic complications
[50] Gulen B, Dur A, Serinken M, Karcioglu O, Sonmez E. Pain treatment in acute necrotizing pancreatitis with imipenem. Surg Gynecol Obstet
in patients with acute pancreatitis: a randomized controlled trial. Turk 1993;176:480–3.
J Gastroenterol 2016;27:192–6. [72] Sainio V, Kemppainen E, Puolakkainen P, Taavitsainen M, Kivisaari
[51] Windisch O, Heidegger CP, Giraud R, Morel P, Buhler L. Thoracic epi- L, Valtonen V, et al. Early antibiotic treatment in acute necrotising
dural analgesia: a new approach for the treatment of acute pancreatitis? pancreatitis. Lancet 1995;346:663–7.
Crit Care 2016;20:116. [73] Schwarz M, Isenmann R, Meyer H, Beger HG. Antibiotic use in
[52] Bachmann KA, Trepte CJ, Tomkotter L, Hinsch A, Stork J, Bergmann necrotizing pancreatitis. Results of a controlled study. Dtsch Med
W, et al. Effects of thoracic epidural anesthesia on survival and micro- Wochenschr 1997;122:356–61.
circulation in severe acute pancreatitis: a randomized experimental [74] Delcenserie R, Yzet T, Ducroix JP. Prophylactic antibiotics in treatment
trial. Crit Care 2013;17:R281. of severe acute alcoholic pancreatitis. Pancreas 1996;13:198–201.

14 EMC - Hépatologie
Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic  7-104-A-30

[75] Nordback I, Sand J, Saaristo R, Paajanen H. Early treatment with anti- [90] Malbrain ML, De Laet I, De Waele JJ, Sugrue M, Schachtrupp A,
biotics reduces the need for surgery in acute necrotizing pancreatitis-a Duchesne J, et al. The role of abdominal compliance, the neglected
single-center randomized study. J Gastrointest Surg 2001;5: parameter in critically ill patients - a consensus review of 16. Part 2:
113–20. measurement techniques and management recommendations. Anaes-
[76] Gloor B, Muller CA, Worni M, Stahel PF, Redaelli C, Uhl W, et al. thesiol Intensive Ther 2014;46:406–32.
Pancreatic infection in severe pancreatitis: the role of fungus and mul- [91] Mentula P, Hienonen P, Kemppainen E, Puolakkainen P, Leppaniemi
tiresistant organisms. Arch Surg 2001;136:592–6. A. Surgical decompression for abdominal compartment syndrome in
[77] Maravi-Poma E, Gener J, Alvarez-Lerma F, Olaechea P, Blanco A, severe acute pancreatitis. Arch Surg 2010;145:764–9.
Dominguez-Munoz JE. Early antibiotic treatment (prophylaxis) of [92] Besselink MG, van Santvoort HC, Boermeester MA, Nieuwenhuijs
septic complications in severe acute necrotizing pancreatitis: a pros- VB, van Goor H, Dejong CH, et al. Timing and impact of infections in
pective, randomized, multicenter study comparing two regimens with acute pancreatitis. Br J Surg 2009;96:267–73.
imipenem-cilastatin. Intensive Care Med 2003;29:1974–80. [93] Rodriguez JR, Razo AO, Targarona J, Thayer SP, Rattner DW, War-
[78] De Waele JJ, Vogelaers D, Blot S, Colardyn F. Fungal infections in shaw AL, et al. Debridement and closed packing for sterile or infected
patients with severe acute pancreatitis and the use of prophylactic necrotizing pancreatitis: insights into indications and outcomes in 167
therapy. Clin Infect Dis 2003;37:208–13. patients. Ann Surg 2008;247:294–9.
[79] Manes G, Rabitti PG, Menchise A, Riccio E, Balzano A, Uomo G. [94] Montravers P, Gauzit R, Pourriat J. Antibiothérapie probabiliste des
Prophylaxis with meropenem of septic complications in acute pan- pancréatites. In: SFAR, editor. Antibiothérapie probabiliste des états
creatitis: a randomized, controlled trial versus imipenem. Pancreas septiques graves. Conférence d’experts. Paris: Elsevier; 2004. p.
2003;27:e79–83. 195–200.
[80] Isenmann R, Runzi M, Kron M, Kahl S, Kraus D, Jung N, et al. Pro- [95] Petrov MS, Uchugina AF, Kukosh MV. Does endoscopic retro-
phylactic antibiotic treatment in patients with predicted severe acute grade cholangiopancreatography reduce the risk of local pancreatic
pancreatitis: a placebo-controlled, double-blind trial. Gastroenterology complications in acute pancreatitis? A systematic review and metaa-
2004;126:997–1004. nalysis. Surg Endosc 2008;22:2338–43.
[81] Dellinger EP, Tellado JM, Soto NE, Ashley SW, Barie PS, Dugernier [96] Petrov MS, van Santvoort HC, Besselink MG, van der Heijden GJ,
T, et al. Early antibiotic treatment for severe acute necrotizing pancrea- van Erpecum KJ, Gooszen HG. Early endoscopic retrograde cholan-
titis: a randomized, double-blind, placebo-controlled study. Ann Surg giopancreatography versus conservative management in acute biliary
2007;245:674–83. pancreatitis without cholangitis: a meta-analysis of randomized trials.
[82] Moggia E, Koti R, Belgaumkar AP, Fazio F, Pereira SP, Davidson BR, Ann Surg 2008;247:250–7.
et al. Pharmacological interventions for acute pancreatitis. Cochrane [97] Tse F, Yuan Y. Early routine endoscopic retrograde cholangiopan-
Database Syst Rev 2017;4. Cd011384. creatography strategy versus early conservative management strategy
[83] Gurusamy KS, Belgaumkar AP, Haswell A, Pereira SP, Davidson BR. in acute gallstone pancreatitis. Cochrane Database Syst Rev 2012.
Interventions for necrotising pancreatitis. Cochrane Database Syst Rev Cd009779.
2016;4. Cd011383. [98] Burstow MJ, Yunus RM, Hossain MB, Khan S, Memon B, Memon MA.
[84] Halonen KI, Leppaniemi AK, Puolakkainen PA, Lundin JE, Kemp- Meta-analysis of early endoscopic retrograde cholangiopancreatogra-
painen EA, Hietaranta AJ, et al. Severe acute pancreatitis: prognostic phy (ERCP) ± endoscopic sphincterotomy (ES) versus conservative
factors in 270 consecutive patients. Pancreas 2000;21:266–71. management for gallstone pancreatitis (GSP). Surg Laparosc Endosc
[85] Kong L, Santiago N, Han TQ, Zhang SD. Clinical characteristics and Percutan Tech 2015;25:185–203.
prognostic factors of severe acute pancreatitis. World J Gastroenterol [99] Singla A, Simons J, Li Y, Csikesz NG, Ng SC, Tseng JF, et al. Admis-
2004;10:3336–8. sion volume determines outcome for patients with acute pancreatitis.
[86] Johnson CD, Kingsnorth AN, Imrie CW, McMahon MJ, Neoptolemos Gastroenterology 2009;137:1995–2001.
JP, McKay C, et al. Double blind, randomised, placebo controlled study [100] Buter A, Imrie CW, Carter CR, Evans S, McKay CJ. Dynamic nature
of a platelet activating factor antagonist, lexipafant, in the treatment and of early organ dysfunction determines outcome in acute pancreatitis.
prevention of organ failure in predicted severe acute pancreatitis. Gut Br J Surg 2002;89:298–302.
2001;48:62–9.
[87] Tenner S, Sica G, Hughes M, Noordhoek E, Feng S, Zinner M, et al. Pour en savoir plus
Relationship of necrosis to organ failure in severe acute pancreatitis.
Gastroenterology 1997;113:899–903. IAP/APA WG. IAP/APA evidence-based guidelines for the management of
[88] Pastor CM, Matthay MA, Frossard JL. Pancreatitis-associated acute acute pancreatitis. Pancreatology 2013;13:e1–15.
lung injury: new insights. Chest 2003;124:2341–51. Lankisch PG, Apte M, Banks PA. Acute pancreatitis. Lancet
[89] Kirkpatrick AW, Roberts DJ, De Waele J, Jaeschke R, Malbrain ML, 2015;386:85–96.
De Keulenaer B, et al. Intra-abdominal hypertension and the abdomi- Pan LL, Li J, Shamoon M, Bhatia M, Sun J. Recent advances on nutrition in
nal compartment syndrome: updated consensus definitions and clinical treatment of acute pancreatitis. Front Immunol 2017;8:762.
practice guidelines from the World Society of the Abdominal Compart- Moggia E, Koti R, Belgaumkar AP. Pharmacological interventions for acute
ment Syndrome. Intensive Care Med 2013;39:1190–206. pancreatitis. Cochrane Database Syst Rev 2017;(4):CD011384.

P. Montravers, Professeur des Universités, praticien hospitalier (philippe.montravers@bch.aphp.fr).


M. Baaklini, Praticien hospitalier.
I. Mendili, Praticien hospitalier.
A. Sabahov, Praticien hospitalier.
Département d’anesthésie-réanimation, Centre hospitalier universitaire Bichat–Claude-Bernard, AP–HP, Université Paris VII-Sorbonne-Cité, 46, rue Henri-
Huchard, 75018 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Montravers P, Baaklini M, Mendili I, Sabahov A. Pancréatites aiguës : diagnostic, traitement et pronostic.
EMC - Hépatologie 2020;35(1):1-15 [Article 7-104-A-30].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

EMC - Hépatologie 15
 7-106-A-16

Traitement chirurgical du cancer


du pancréas
T. Guilbaud, L. Barbier, M. Ouaissi, E. Salamé

Résumé : Le cancer du pancréas est essentiellement représenté par l’adénocarcinome canalaire. Son
pronostic est mauvais avec un ratio mortalité/incidence de 98 %. La clé du traitement curatif reste
l’obtention d’une résection radicale R0. Elle permet d’augmenter le taux de survie globale à 5 ans à
20 %, et de tendre vers une survie médiane de 20 à 22 mois. En revanche, seulement 20 % des tumeurs
sont potentiellement résécables au diagnostic. Bien qu’une prise en charge chirurgicale soit clairement
contre-indiquée en cas de métastases péritonéales ou hépatiques, 30 % des cancers pancréatiques sont
résécables borderlines et peuvent justifier d’une résection veineuse mésentéricoporte associée à la pan-
créatectomie. La définition d’un cancer résécable borderline, envahissant l’axe mésentéricoporte, et sa
prise en charge oncologique ont évolué au cours du temps, en termes d’approche chirurgicale et de traite-
ment périopératoire. La prise en charge actuelle du cancer du pancréas est multidisciplinaire, au décours
d’une évaluation globale et locorégionale précise de la maladie où l’examen morphologique de choix est
dominé par le scanner thoraco-abdomino-pelvien en coupes fines avec injection. Il permet de différencier
les cancers métastatiques ou restreints à la glande pancréatique, qui constituent une situation décision-
nelle simple, des cancers résécables borderlines, où la stratégie oncologique et l’approche chirurgicale
restent encore largement débattues. La duodénopancréatectomie (DPC) céphalique est l’intervention le
plus souvent réalisée ; elle combine la nécessité de limiter les indications abusives, en sélectionnant les
patients résécables et opérables, la prise en charge des difficultés potentielles liées à la localisation du
pancréas, et une morbidité postopératoire importante nécessitant un plateau technique expert.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Adénocarcinome pancréatique ; Résécables borderlines ; Duodénopancréatectomie ;


Résection veineuse ; Splénopancréatectomie ; Anastomose pancréaticojéjunale ;
Anastomose pancréaticogastrique

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Le cancer du pancréas est essentiellement représenté par
■ Bilan préopératoire et évaluation de la résécabilité 2 l’adénocarcinome canalaire du pancréas. En 2010, le cancer du
Diagnostic 2 pancréas représentait la quatrième cause de décès par cancer après
Bilan de résécabilité et stratégie chirurgicale 2 le cancer du poumon, le cancer colorectal et le cancer du sein. En
Deux points anatomiques importants à analyser avant la résection 2025, les perspectives actuelles le placent en troisième position
de la tête du pancréas 4 après le cancer du poumon [1] . La survie discordante entre des
■ Traitement chirurgical de la tumeur résécable d’emblée 4 malades ayant des tumeurs histologiques identiques en termes de
Prise en charge préopératoire 4 stade oncologique est expliquée par l’hétérogénéité génétique à la
Tumeur de la tête du pancréas 6 fois au sein même de la tumeur mais aussi au sein du stroma tumo-
Tumeur du pancréas gauche 9 ral conférant à deux cancers d’aspect macroscopique similaire une
agressivité et une chimiosensibilité différentes [2] . Les facteurs de
■ Traitement chirurgical de la tumeur résécable « borderline » 10 risque environnementaux sont dominés par le tabac, le surpoids
Définition de tumeur du pancréas résécable « borderline », et le diabète ; une susceptibilité génétique peut être en cause dans
évaluation de la résécabilité 10 5 à 10 % des cas [3] .
Duodénopancréatectomie céphalique et résection Le taux de survie globale à cinq ans reste autour de 3 à 5 %,
veineuse mésentéricoporte pour tumeur résécable « borderline » 11 expliquant que la mortalité soit proche de l’incidence [4] . Le
Duodénopancréatectomie céphalique et résections artérielles seul espoir de guérison réside dans l’exérèse chirurgicale, mais
pour tumeur résécable « borderline » 16 seulement 15 % des patients ont, au moment du diagnostic,
Pancréatectomie distale pour tumeur résécable « borderline » une maladie localisée considérée comme résécable [4] . Le rapport
du corps ou de la queue du pancréas 16 de l’Association française de chirurgie (AFC) présenté fin 2010
■ Cancers non résécables 17 montre néanmoins des progrès enregistrés depuis le précédent
■ Conclusion 17 rapport de 1991 : le taux de survie à cinq ans après résection chi-
rurgicale est passé de 11 % à environ 30 % [5] . Ces progrès semblent

EMC - Hépatologie 1
Volume 35 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(19)52875-3
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

liés à une meilleure sélection des patients, avec une baisse de la Elle est également indiquée en situation palliative ou devant une
mortalité opératoire (divisée par trois) et à l’utilisation de plus en tumeur résécable borderline car elle permet de réaliser des ponc-
plus large de la chimiothérapie adjuvante postopératoire [6] . tions cytologiques transduodénales sous contrôle visuel direct
Ainsi la pierre angulaire du traitement curatif de indispensable au diagnostic avant d’initié une chimiothérapie pal-
l’adénocarcinome pancréatique reste l’exérèse chirurgicale liative ou néo-adjuvante, respectivement.
avec des marges microscopiquement saines (R0) d’autant plus L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est une alterna-
lorsque le statut ganglionnaire du patient est négatif (N0) [7, 8] . tive. Il s’agit plus particulièrement de toutes les situations où l’on
Ainsi s’il existe des situations cliniques simples où la chirurgie est est en présence d’une tumeur isodense sur les images du scan-
contre-indiquée (carcinose péritonéale, métastases hépatiques), ner, chaque fois que la tumeur est de volume réduit (≤ 2 cm) ou
dans 30 % des cas les lésions pancréatiques sont résécables border- lorsqu’une tumeur kystique dégénérée est suspectée. Les tumeurs
lines et peuvent justifier de la réalisation d’une exérèse veineuse apparaissent hypo-intenses par rapport au pancréas sain sur les
de l’axe mésentéricoporte au cours d’une duodénopancréatec- deux séquences en T1 avec ou sans injection de gadolinium.
tomie (DPC) ou plus rarement d’une splénopancréatectomie L’adénocarcinome du pancréas mal visualisé par les séquences en
gauche (SPG) pour obtenir une résection de type R0 [3, 9, 10] sans pondération T2 se présente sous l’aspect d’une zone hétérogène en
augmenter significativement la mortalité postopératoire. La prise hypersignal. La sensibilité et la spécificité de l’IRM dans le diag-
en charge d’un contact tumoral avec l’axe mésentéricoporte nostic de tumeur du pancréas sont respectivement de 90 % et
ou de son envahissement, ainsi que la définition d’une tumeur 80 % [14] . En revanche, l’IRM prend une place plus importante dans
résécable borderline, ont évolué au cours du temps, à la fois sur l’évaluation du parenchyme hépatique à la recherche de lésions
le plan de la technique chirurgicale et sur le plan de la stratégie secondaires (sensibilité plus importante que le scanner spiralé),
oncologique périopératoire [3, 10–12] . En cas d’atteinte artérielle et devrait être réalisée de principe si la disponibilité de l’examen
mésentérique supérieure, le problème est différent puisque dans des délais raisonnables le permet.
l’exérèse artérielle est associée à une mortalité postopératoire La place de la tomographie par émission de positons au fluo-
significativement plus élevée avec un bénéfice oncologique peu rodésoxyglucose (TEP-FDG) n’est pas validée. Le plus souvent, en
évident [13] . cas de tumeur solide résécable, dans un contexte évocateur, la
L’optimisation de la prise en charge chirurgicale du cancer du biopsie n’est pas indispensable et ne doit pas être répétée, si non
pancréas repose sur une évaluation préopératoire : de la résécabi- contributive, au risque de retarder la prise en charge chirurgicale.
lité, de la nécessité ou non de réaliser un traitement néo-adjuvant, Le diagnostic histologique sera obtenu par l’examen anatomo-
de la nécessité ou non d’une résection vasculaire, et sur une pathologique de la pièce d’exérèse. En revanche, une biopsie
meilleure connaissance de la prise en charge des complications contributive doit être impérativement obtenue si un traitement
postopératoires. chirurgical n’est pas envisagé d’emblée ou s’il existe un doute
sur un diagnostic différentiel (d’autres types histologiques comme
les carcinomes endocrines ou les lymphomes sont possibles). Le
 Bilan préopératoire et évaluation diagnostic de cancer est indispensable à l’initiation d’une chimio-
thérapie néo-adjuvante en cas de cancer résécable borderline, ou
de la résécabilité palliative en cas de cancer non résécable ou métastatique [6] .
Un bilan morphologique récent, de moins de 30 jours,
Le scanner thoraco-abdomino-pelvien en coupes fines est comprenant un scanner spiralé et/ou une IRM pancréatique est
incontournable à la fois pour préciser le diagnostic, le bilan indispensable avant de prendre toute décision chirurgicale, car il
d’extension métastatique et l’appréciation de la résécabilité. La permet d’éviter une laparotomie inutile dans 10 % des cas [15] .
classification tumor-nodes-metastasis (TNM) sert de référence.

Diagnostic Bilan de résécabilité et stratégie chirurgicale


Comme pour le diagnostic positif, le scanner spiralé avec injec-
Dans les cancers de la tête du pancréas, un ictère accompagné
tion vasculaire artérioparenchymateuse et portale en coupes fines
d’une altération de l’état général et d’une grosse vésicule palpable
est l’examen de première intention pour apprécier la résécabi-
fait évoquer de manière quasi pathognomonique le diagnostic de
lité locorégionale. Les résultats sont excellents pour apprécier
cancer du pancréas ou de tumeur de la portion distale de la voie
l’atteinte artérielle, moins bons pour l’envahissement veineux
biliaire principale. L’échographie est utile en première intention
et médiocres pour l’extension ganglionnaire. En présence d’une
dans le bilan de tout ictère isolé. Elle permet d’observer des signes
tumeur clairement résécable sur les données du scanner spiralé,
indirects de compressions de la voie biliaire avec une dilatation
aucun autre examen (dont la laparoscopie) n’est recommandé à
de la voie biliaire extra- et intrahépatique.
titre systématique. En cas de doute sur l’extension ganglionnaire
Le scanner spiralé avec injection est l’examen de première
ou vasculaire, l’exploration chirurgicale avec biopsies extempora-
intention lorsqu’on suspecte un cancer du pancréas. C’est
nées reste le moyen le plus sûr pour apprécier la résécabilité.
l’examen de référence ; sa sensibilité est excellente (> 90 %) [3] .
La tumeur est hypodense sur les images tomodensitométriques
dans 80 à 95 % des cas. Les voies biliaires sont dilatées dans 86 % Situation simple
des cas lorsque le siège de la tumeur est céphalique. Une dilatation Tumeurs non résécables d’emblée
du canal pancréatique principal est trouvée dans 88 % des cas ; Selon le National Comprehensive Cancer Network, la présence
dans la plupart des cas, la dilatation du canal pancréatique princi- de métastases (Fig. 1A), mais également la présence d’un enva-
pal provoque une atrophie parenchymateuse (82 % des tumeurs hissement de l’axe veineux mésentéricoporte non reconstructible
obstructives). Ses limites sont un taux de faux positifs autour de (Fig. 1B, C) avec ou sans thrombus (Fig. 2A, B), ou d’un enva-
10 % (diagnostic différentiel avec un noyau de pancréatite chro- hissement artériel (hépatique [Fig. 3], mésentérique supérieur
nique calcifiante), et surtout la méconnaissance de 20 à 30 % des [Fig. 4A, B], tronc cœliaque, aorte) doivent faire considérer la
tumeurs de moins de 2 cm [3] . tumeur comme non résécable [11, 12] .
L’écho-endoscopie a été considérée par le passé comme
l’examen d’imagerie de référence pour le diagnostic et l’évaluation Tumeurs résécables d’emblée
de la résécabilité d’un cancer du pancréas. On sait aujourd’hui Elles sont sans équivoque, représentées par des tumeurs limi-
que le diagnostic de masse tumorale pancréatique se fait par tées à la glande pancréatique sans contact vasculaire (veineux ou
l’écho-endoscopie avec une efficacité superposable à celle de artériel) et sans métastase à distance [11, 12] (Fig. 5).
la tomodensitométrie. Elle est en revanche indispensable dans
toutes les situations où l’imagerie habituelle n’est pas contribu-
tive alors même que le bilan clinique est très évocateur d’une
Situation complexe
tumeur pancréatique. C’est en particulier vrai pour les lésions Une tumeur résécable borderline est une situation complexe
céphaliques du pancréas dont le volume est inférieur à 2 cm. car la définition est différente entre les pays mais aussi entre les

2 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

A B C
Figure 1. Tomodensitométrie (TDM) abdominale préopératoire mettant en évidence une tumeur non éligible à une chirurgie curative.
A. TDM abdominopelvienne, coupe axiale au temps portal montrant une petite tumeur de la queue du pancréas de 2 cm (résécable) (flèche blanche) mais
avec deux métastases hépatiques (segments V et VII) (têtes de flèches).
B. TDM abdominopelvienne, coupe frontale au temps portal montrant une thrombose complète de la veine porte avec un cavernome porte.
C. TDM abdominopelvienne, coupe frontale au temps portal montrant une tumeur de la tête du pancréas avec un envahissement circonférentiel de la veine
porte.

Figure 2. Tomodensitométrie (TDM) abdomi-


nopelvienne préopératoire mettant en évidence
une tumeur résécable borderline envahissant
l’axe mésentéricoporte.
A, B. TDM abdominopelvienne, coupes axiale
(A) et frontale (B) au temps portal, montrant une
tumeur avec un envahissement circonférentiel de
la veine porte associé à un thrombus tumoral.

A B

tion doit être considérée comme R1 lorsque les cellules tumorales


sont au contact de la section rétropéritonéale (marge à 0 mm) [16]
alors que d’autres considèrent, par extrapolation de la définition
de l’International of Union Against Cancer [17–19] qu’une marge de
1 mm est nécessaire pour considérer le patient comme R0. Cette
marge de 1 mm est pour certains considérée comme insuffisante :
Chang et al. [20] ont ainsi mis en évidence après analyse multiva-
riée chez 365 patients que l’obtention d’une clairance au niveau
de la section rétropéritonéale de plus de 1,5 mm était un facteur
indépendant de survie à long terme.
Il est également important de considérer le site anatomique
de la marge de résection rétropéritonéale. En effet, des travaux
récents ont mis en évidence que l’envahissement microscopique
de la marge rétropéritonéale au niveau de la marge artérielle
représentait un élément pronostique indépendant sur la survie
globale [8, 21] . L’objectif que l’on doit actuellement considérer
Figure 3. Tomodensitométrie abdominale préopératoire, en coupe est d’obtenir une clairance rétropéritonéale supérieure à 1 mm
axiale, au temps artériel, mettant en évidence une tumeur résécable bor- (Fig. 6), et de s’attacher à identifier, grâce aux encrages de diffé-
derline envahissant la branche droite de l’artère hépatique. rentes couleurs, la marge postérieure, artérielle et veineuse. Ces
critères d’analyses histologiques ont permis d’objectiver un taux
réel de résection R1 de 60 à plus de 80 % dans les études les plus
équipes chirurgicales. Elle s’est beaucoup modifiée avec la standar- récentes [8, 22] .
disation de l’examen histologique des pièces opératoires. L’impact La nécessité d’une exérèse vasculaire a souvent été source de
de la marge de résection rétropéritonéale sur la survie a claire- désaccord entre les chirurgiens, de par la confusion entre la
ment été démontré [7] . Cependant, contrairement au cancer du « résécabilité chirurgicale » représentant la difficulté chirurgicale
rectum pour lequel « le cut-off de la clairance latérale » a été éta- que peut engendrer une résection veineuse et la « résécabi-
bli à 1 mm, la clairance minimale postérieure à obtenir au niveau lité oncologique », c’est-à-dire le risque de réaliser une exérèse
de la marge rétropéritonéale est souvent débattue pour le cancer microscopiquement incomplète au niveau de la marge rétropéri-
du pancréas. La marge rétropéritonéale comprend la marge pos- tonéale [3, 10] .
térieure, la marge artérielle (au contact du bord droit de l’artère Actuellement en France, la définition de la résécabilité est plus
mésentérique supérieure) et la marge veineuse (au contact de l’axe large : une tumeur résécable borderline présentant un contact
mésentéricoporte) (Fig. 6). Il n’existe pas à ce jour de définition inférieur à 180◦ de la circonférence de l’axe mésentéricoporte
consensuelle de l’exérèse R1. Certains considèrent qu’une résec- (Fig. 7), sans contact avec l’artère mésentérique supérieure, et

EMC - Hépatologie 3
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

Figure 4. Tomodensitométrie (TDM) abdomi-


nale préopératoire mettant en évidence une
tumeur résécable borderline envahissant l’artère
mésentérique supérieure (AMS).
A. TDM abdominopelvienne, coupe axiale au
temps artériel montrant un engainement circon-
férentiel de l’AMS par un adénocarcinome du
pancréas.
B. Reconstruction vasculaire montrant un engai-
nement circonférentiel de l’AMS avec une
irrégularité latérale signifiant un probable enva-
hissement artériel par un adénocarcinome du
pancréas.
A B

Figure 5. Tomodensitométrie (TDM) abdomi-


nale préopératoire mettant en évidence une
tumeur localisée à la glande pancréatique.
A. TDM abdominopelvienne, coupe coronale au
temps portal montrant la double dilatation cana-
laire biliaire et pancréatique secondaire à une
petite tumeur pancréatique céphalique.
B. TDM abdominopelvienne, coupe axiale au
temps portal montrant une prothèse métallique
de la voie biliaire principale intrapancréatique
drainant une rétention biliaire secondaire à
une compression extrinsèque de la voie biliaire
A B principale par une petite tumeur pancréatique
céphalique.

En revanche, la tendance récente serait de proposer un traitement


néo-adjuvant systématique devant un contact de l’axe veineux,
quel que soit son degré. Ainsi l’importance et le siège précis de
l’envahissement veineux, son caractère réparable ou non doivent
être pris en compte pour déterminer le risque d’une résection
microscopiquement incomplète. La prise en charge de ces malades
est rapportée (cf. infra) (Tableau 1) (Fig. 7).

1
Deux points anatomiques importants
à analyser avant la résection de la tête
du pancréas
Ce sont la présence d’un ligament arqué médian et la présence
2 3 d’une artère hépatique droite.

 Traitement chirurgical
de la tumeur résécable d’emblée
Prise en charge préopératoire
Nous n’abordons que les points spécifiques de la chirurgie
Figure 6. Évaluation des marges de résections postérieures par encrage pancréatique, les prises en charge anesthésique et nutritionnelle
de la pièce opératoire. Avant d’être adressées pour examen anato- correspondent aux prises en charge préopératoires des cancers
mopathologique, les marges de résections postérieures de la pièce de digestifs. En cas de sténose duodénale, une sonde nasogastrique
duodénopancréatectomie céphalique sont encrées : 1. Marge veineuse de décompression est mise en place en préopératoire (pour amé-
mésentéricoporte ; 2. marge artérielle mésentérique supérieure ; 3. marge liorer le confort du patient et limiter le risque d’inhalation lors de
rétropéritonéale. l’induction anesthésique).

Drainage biliaire
pour laquelle une résection R0 est possible au prix d’une résec- Une étude multicentrique prospective randomisée démontre
tion veineuse simple, peut bénéficier d’une chirurgie première. que le risque de complications sévères (39 versus 74 %) et le taux
Une tumeur résécable borderline présentant un envahissement de de réadmission (12 versus 33 %) sont significativement accrus
180◦ ou plus de la circonférence de l’axe mésentéricoporte et/ou après drainage biliaire préopératoire, sans aucun bénéfice démon-
un contact avec l’artère mésentérique supérieure doit bénéficier tré sur l’incidence du taux de fistules pancréatiques [29] . Lorsqu’il
d’une chimiothérapie première. existe une comorbidité (dénutrition sévère) ou un traitement
Cette distinction, en fonction de l’extension veineuse est basée néo-adjuvant susceptible de différer la chirurgie, l’indication du
sur le risque de résection R1 évalué à 64 % lorsque la tumeur est au drainage est alors formelle, de même qu’il est impératif en cas
contact de l’axe veineux sur plus de 180◦ de sa circonférence [23–28] . d’angiocholite ou d’hyperbilirubinémie majeure (> 250 ␮mol).

4 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

Tableau 1.
Stratégies thérapeutiques d’un cancer de la tête du pancréas selon l’atteinte locorégionale et à distance de la maladie.
Résécable d’emblée Résécable borderline Non résécable d’emblée
ISGPS Pas de métastases à Pas de métastases à Métastases à distance
NCCN distance distance Occlusion non
Aucune distorsion Envahissement ou reconstructible de l’axe
radiographique de l’axe occlusion de la VMS ou de veineux mésentéricoporte
veineux mésentéricoporte la VP préservant un Envahissement de l’AMS
Plan graisseux périartériel segment d’amont et d’aval > 180◦ de sa circonférence,
libre (TC, AH et AMS) Envahissement de l’AGD envahissement du TC, de
jusqu’à son origine au l’AA, de la VCI
niveau de l’AH sans
l’envahir, accolement à
l’AMS ≤ 180◦ de sa
circonférence, respect du
TC
Chirurgie Traitement néo-adjuvant ± Palliatif
chirurgie
TNCD Résécable d’emblée Résécable borderline Non résécable d’emblée
Pas de métastases à Pas de métastases à Pas de métastases à Métastases à distance
distance distance distance Occlusion non
Aucune distorsion Envahissement ≤ 180◦ de Envahissement > 180◦ ou reconstructible de l’axe
radiographique de l’axe la circonférence de la VMS occlusion de la VMS ou de veineux mésentéricoporte
veineux mésentéricoporte ou de la VP préservant un la VP préservant un Envahissement de l’AMS
Plan graisseux périartériel segment d’amont et d’aval segment d’amont et d’aval > 180◦ de sa circonférence,
libre (TC, AH et AMS) permettant une résection Envahissement de l’AGD envahissement du TC, de
simple jusqu’à son origine au l’AA, de la VCI
Absence d’accolement niveau de l’AH sans
tumoral à l’AMS, AH, l’envahir, accolement à
respect du TC. l’AMS ≤ 180◦ de sa
circonférence, respect du
TC
Chirurgie Chirurgie Traitement néo-adjuvant ± Palliatif
chirurgie

TC : tronc cœliaque ; AH : artère hépatique ; AMS : artère mésentérique supérieure ; VMS : veine mésentérique supérieure ; VP : veine porte ; AGD : artère gastroduodénale ;
AA : aorte abdominale ; VCI : veine cave inférieure. TNCD : Thesaurus national de cancérologie digestive 2011 ; ISGPS : International Study Group of Pancreatic Surgery
2014 ; NCCN : National Comprehensive Cancer Network 2012.

A B C
Figure 7. Stratégies thérapeutiques d’un cancer de la tête du pancréas résécable borderline selon
l’atteinte locorégionale. Cancer du pancréas localement avancé, dit borderline.
A, B. Contact avec la veine porte (VP) inférieur à 180◦ .
C. Contact avec la VP supérieur à 180◦ ; contact avec l’artère mésentérique supérieure (AMS) inférieur
à 180◦ .
D. Contact avec l’AMS supérieur à 180◦ .

EMC - Hépatologie 5
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

Ces données sont validées par les résultats du rapport de l’AFC Preuve histologique
qui suggère que les malades ayant une bilirubinémie supérieure
Un diagnostic histologique par biopsie doit être obtenu en cas
à 300 ␮mol ont un risque septique postopératoire plus élevé.
de traitement non chirurgical premier. S’il s’agit d’une lésion résé-
L’infection biliaire, quasi constante après drainage biliaire [30–32] ,
cable d’emblée, l’obtention d’une preuve histologique n’est pas
justifie une antibiothérapie curative à base de céphalosporines de
recommandée en raison du risque théorique de dissémination
2e génération. Dans ce cas particulier, l’expérience de l’équipe de
sur le trajet de l’aiguille et surtout du risque de pancréatite aiguë
Régimbeau et al., comparant des malades traités en curatif par une
associé à ce geste [6] .
association d’amoxicilline et d’acide clavulanique (AMC) à des
malades traités par une céphalosporine de deuxième génération
d’antibioprophylaxie, confirme la réduction du risque infectieux Tumeur de la tête du pancréas
postopératoire local chez les malades traités par AMC [6] . Le
drainage biliaire est recommandé en cas d’angiocholite, de long Actuellement, la chirurgie première d’exérèse par DPC est le
délai avant l’intervention, notamment en cas de traitement néo- traitement de référence de la tumeur de la tête du pancréas résé-
adjuvant, de bilirubinémie totale supérieure à 250 ␮mol/l, et cable d’emblée, en attendant les résultats d’études qui évaluent
particulièrement si une insuffisance rénale est associée ou si un l’impact du traitement néo-adjuvant dans les tumeurs résécables
geste de résection veineuse est prévu [8, 29] . d’emblée (étude française PANACHE, par exemple). Nous décri-
vons la technique de la DPC par laparotomie dans le cas d’une
tumeur résécable d’emblée.

Voie d’abord et exploration


La voie d’abord peut être une laparotomie médiane, plutôt
chez le patient longiligne et en cas de DPC classique, ou une
laparotomie transverse ou bi-sous-costale. Le premier temps chi-
rurgical est le temps indispensable de l’exploration avec recherche
de carcinose péritonéale et de métastases hépatiques. La cavité
abdominale doit être inspectée région par région, en déroulant le
grêle et le mésentère, à la recherche de carcinose péritonéale, ou
d’adénopathies suspectes. Toutes lésions suspectes de métastases,
de carcinoses doivent être analysées par un examen histologique
extemporané ; si celui-ci se révèle positif, il ne faut pas réaliser la
résection pancréatique. La description de la chirurgie est résumée
aux seuls points techniques importants, et modifiant parfois la
stratégie de la prise en charge du malade (la Figure 8 résume les
étapes de l’exploration et de la résection pancréatique).
Toutes les DPC vont débuter par ces trois phases permettant
d’évaluer la résécabilité et les contraintes techniques.
• Décollement colo-épiploïque et ouverture de l’arrière-cavité des
épiploons (Fig. 9).
• Décollement postérieur du bloc duodénopancréatique par la
droite ou manœuvre de Kocher (Fig. 10 à 12).
Figure 8. Temps de la duodénopancréatectomie céphalique pour • Il faut ensuite passer à la dissection du pédicule hépatique et du
tumeurs résécables : « sens horaire ». 1. Dissection du bord inférieur de bord supérieur de l’isthme pancréatique à la recherche d’une
l’isthme pancréatique ; 2. mobilisation duodénopancréatique : manœuvre extension vasculaire de la tumeur pancréatique.
de Kocher ; 3. temps pédiculaire hépatique et dissection du bord supérieur Le temps pédiculaire et la section du canal hépatique
de l’isthme pancréatique ; 4. sections biliaire, antrale et pancréatique ; 5. commun sont un temps important de dissection et de curage gan-
lame rétroporte. glionnaire. Une lecture attentive avant la chirurgie d’un scanner

Figure 9. Décollement colo-épiploïque (A, B).


Il débute vers le milieu du côlon transverse et se
prolonge vers la gauche de façon à exposer la face
antérieure du corps et de la queue du pancréas. Il
permet l’ouverture de la bourse omentale (arrière-
cavité des épiploons). La mobilisation de l’angle
colique gauche n’est pas nécessaire en règle géné-
rale. Le décollement se poursuit ensuite vers la
droite et permet d’exposer la face antérieure du
deuxième duodénum. 1. Grand épiploon ; 2.
décollement colo-épiploïque ; 3. côlon transverse.

6 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

injecté au temps artériel permet d’éviter les principaux « dan- En revanche, le point technique qui est important à
gers » : la sténose du tronc cœliaque, par un ligament arqué ou une connaître, notamment pour les gastro-entérologues et anatomo-
plaque d’athérome, et une artère hépatique droite à trajet rétro- pathologistes, est la résection de la lame rétroporte.
porte (artère hépatique droite naissant de l’artère mésentérique
supérieure ou artère hépatique modale avec un trajet rétroporte, Résection de la lame rétroporte (Fig. 13, 14)
plus rare). La lame rétroporte est une lame celluloganglionnaire contenant
les vaisseaux irriguant et drainant la tête du pancréas : artères
Résection et veines pancréaticoduodénales supérieures et inférieures, qui
sont liées électivement. Il s’agit également du trajet anatomique
Il s’agit de la résection de la voie biliaire, de la section gastrique
d’une éventuelle artère hépatique droite naissant du bord droit
(antre, ou pylore), de la section de l’isthme pancréatique et de la
de l’artère mésentérique supérieure. Si une telle variation existe,
première anse jéjunale. Toutes ces techniques sont abordées dans
l’artère doit être libérée sur tout le long de son trajet. La section
le traité d’EMC de chirurgie [33] .
doit passer dans la gaine de l’artère mésentérique supérieure. En
général, la pièce d’exérèse est dans la main du chirurgien et la
lame rétroporte est sectionnée du bas vers le haut et de l’avant vers

Figure 10. Abaissement de l’angle colique droit et de son mésocôlon, Figure 11. Manœuvre de Kocher. La face postérieure du bloc duodé-
exposition de la face antérieure du cadre duodénopancréatique. L’angle nopancréatique est mobilisée progressivement de la droite vers la gauche
colique droit est abaissé avec section de ses attaches. Le côlon droit est (1). Le décollement se poursuit jusqu’à la face antérieure de l’aorte, et ses
médialisé de façon à exposer le genu inferius (2) et à abaisser la racine branches antérieures (artère mésentérique supérieure et tronc cœliaque).
du mésocôlon droit (3). L’afférence gastro-épiploïque droite du tronc 2. Face postérieure du pédicule hépatique ; 3. face antérieure de la veine
de Henle (1) peut être liée et sectionnée afin d’éviter une traction trop cave inférieure et de l’aorte abdominale ; 4. face postérieure du genu
importante à risque de rupture et d’hémorragie importante. inferieus.

Figure 12. Dissection du bord inférieur du


pancréas isthmique, de la veine mésentérique
supérieure (VMS) et du processus unciné (A, B).
On réalise la dissection de la VMS en avant du
crochet pancréatique et en arrière de l’isthme pan-
créatique. Toute difficulté dans l’exposition de la
VMS, ou adhérence, doit faire choisir un abord
premier de l’artère mésentérique supérieure (AMS)
et faire discuter une tumeur résécable borderline.
La dissection de la VMS doit se poursuivre jusqu’à
la terminaison du tronc splénomésaraïque sur le
bord gauche de la VMS en évitant toute plaie dont
l’hémostase est rendue difficile par l’absence de
possibilité de clampage portal et splénique. 1. Bord
inférieur de l’isthme pancréatique ; 2. VMS ; 3.
crochet pancréatique ; 4. afférences veineuses pan-
créaticoduodénales liées.

EMC - Hépatologie 7
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

l’arrière, jusqu’à rejoindre le curage pédiculaire qui s’est arrêté au rend ce geste potentiellement hémorragique et doit conduire à
bord droit du tronc cœliaque. faire une bonne hémostase sur la pièce opératoire.
La résection de la lame rétroporte comporte plusieurs pièges. • La traction sur la droite de la pièce opératoire modifie le trajet
• Pour être complète, elle nécessite la mobilisation complète de de l’artère mésentérique supérieure, ce qui oblige à vérifier en
l’axe mésentéricoporte vers la gauche en le disséquant de façon permanence sa situation pour éviter de la blesser.
circonférentielle. • La partie haute de la lame rétroporte rejoint le bord inférieur de
• Le bloc duodénopancréatique garde une perfusion artérielle l’artère hépatique commune, au bord droit du tronc cœliaque,
après avoir perdu l’essentiel de son drainage veineux, ce qui qu’il faudra identifier pour éviter de la léser.
La standardisation de l’examen histologique passe par un mar-
quage de la pièce opératoire. Celui-ci consiste en un marquage
de la marge rétropéritonéale avec des couleurs différentes portant
sur la marge postérieure et la lame rétroporte : empreinte de l’axe
mésentéricoporte et de l’artère mésentérique supérieure (Fig. 14).

Reconstruction
Concernant les modalités de reconstruction digestives, elles
sont nombreuses et sont développées dans le traité d’EMC de chi-
rurgie [33] ; néanmoins certaines reconstructions sont importantes
à connaître car leurs complications nécessitent parfois une prise
en charge multidisciplinaire (endoscopique, radiologique).
Classiquement, la reconstruction se fait selon celle proposée par
Child en 1944 (anastomose pancréaticojéjunale, puis hépatojéju-
nale et enfin gastrojéjunale) sur une même anse (la première anse)
qui est ascensionnée à l’étage sus-mésocolique par un passage à
travers une fenêtre dans le mésocôlon. Un autre lieu d’ascension
peut être en arrière de l’axe mésentérique, à l’endroit du troi-
sième duodénum réséqué. L’anastomose pancréaticojéjunale est
en amont de l’anastomose hépatojéjunale qui est elle-même en
amont de l’anastomose gastrojéjunale. La distance sur le grêle
entre chaque anastomose est idéalement d’au moins 30 à 40 cm
pour limiter le reflux alimentaire vers la voie biliaire et vers
l’anastomose pancréatique. Les anastomoses doivent être isopé-
ristaltiques. La première anse jéjunale est en général suffisamment
mobile pour être positionnée dans l’étage sus-mésocolique et per-
mettre trois anastomoses.
Anastomose pancréaticodigestive
Figure 13. Section de la lame rétroporte au bord droit de l’artère
Il s’agit de la première anastomose. Cette anastomose est
mésentérique supérieure (AMS). La pièce de duodénopancréatectomie est
la source majeure de la morbimortalité postopératoire. Un des
pédiculisée sur la lame rétroporte après l’étape de décroisement duodé-
types d’anastomoses le plus fréquemment utilisé est l’anastomose
nojéjunal. La section doit passer dans la gaine de l’AMS, dont le chirurgien
pancréaticojéjunale terminolatérale, l’autre est l’anastomose pan-
vérifie la pulsatilité pendant la section de la lame rétroporte. En général,
créaticogastrique. Toutes ces anastomoses sont décrites dans le
la pièce d’exérèse est dans la main du chirurgien et la lame rétroporte est
traité de l’EMC de chirurgie [33] , néanmoins le choix du vecteur
sectionnée du bas vers le haut et de l’avant vers l’arrière, jusqu’à rejoindre
digestif reste débattu entre chaque équipe.
le curage pédiculaire qui s’est arrêté au bord droit du tronc cœliaque. 1.
Artère hépatique commune ; 2. canal hépatique commun ; 3. pièce de Choix du vecteur digestif
duodénopancréatectomie céphalique ; 4. lame rétroporte au contact du Le choix d’une anastomose pancréaticojéjunale ou pancréati-
bord droit de l’AMS ; 5. AMS ; 6. axe mésentéricoporte récliné vers la cogastrique est encore très débattu. Plusieurs équipes plaident
gauche. pour une anastomose pancréaticogastrique, leurs travaux étant

Figure 14. Ancrage de la pièce opératoire et


champ opératoire après résection.
A. Pièce de duodénopancréatectomie, vue pos-
térieure, avec ancrage systématique des marges
veineuse (2), artérielle (3) et rétropéritonéale (4),
segment de veine porte réséqué et repéré par un
1 tuteur orange (1).
2 1 B. Vue du champ opératoire après exérèse de la
pièce opératoire. 1. Axe mésentéricoporte ; 2.
AMS.

3 4 2

A B

8 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

en faveur d’une réduction du taux postopératoire de fistules pan- Nutrition postopératoire


créatiques [34–36] . Ces résultats ne sont pas unanimement admis, Chez les patients dénutris et/ou ceux à risque élevé de fistule
et trois études prospectives randomisées n’ont pas confirmé cette pancréatique, plusieurs types de nutrition peuvent être envisa-
analyse [27, 37, 38] . Il est difficile de se faire une idée précise sur le gés : la nutrition parentérale, la nutrition entérale par une sonde
choix du vecteur digestif, une méta-analyse de McKay publiée en nasojéjunale mise en place pendant l’intervention ou par une
2006 [39] donnait des résultats favorables à l’anastomose pancréati- jéjunostomie d’alimentation. Chaque méthode de renutrition
cogastrique ; ce travail n’a pas inclus les deux études randomisées a ses avantages et ses inconvénients. Une étude récente a mis
les plus récentes dont la prise en compte modifiait totalement les en évidence un risque plus élevé de fistule pancréatique en cas
conclusions de la méta-analyse ; ce biais a d’ailleurs été souligné de nutrition entérale par sonde nasojéjunale par rapport à une
par l’auteur lui-même avec une lettre adressée à l’éditeur [39, 40] . nutrition parentérale [58] . Certaines équipes ont mis en place des
Les travaux les plus récents, soit trois études randomisées et programmes de récupération rapide fast-track après DPC [59] .
six méta-analyses, montrent que les taux de fistule pancréatique
et de collection intra-abdominale postopératoires semblent plus Abord cœlioscopique
importants après anastomose pancréaticojéjunale. En revanche, La laparoscopie est une voie d’abord possible, semblant donner
la morbidité postopératoire globale et la mortalité semblent des résultats comparables dans des équipes entraînées [60] . Concer-
similaires quel que soit le type d’anastomose pancréaticodiges- nant les DPC par voie laparoscopique pour les adénocarcinomes
tive choisi [41–48] . Le caractère théoriquement peu physiologique pancréatiques, les résultats sont issus de petites séries ou d’équipes
de l’anastomose pancréaticogastrique avec son risque potentiel expertes et ne permettent pas de la proposer pour les tumeurs
d’inactivation des enzymes pancréatiques en milieu acide n’a pas malignes du pancréas, notamment pour la DPC.
de répercussion clinique évidente et l’insuffisance pancréatique
exocrine semble identique quel que soit le type d’anastomose
choisi.
Tumeur du pancréas gauche
Anastomose hépatojéjunale
L’anastomose hépatojéjunale est réalisée sur la même anse un Voie d’abord et exploration
peu après l’anastomose pancréatique. Elle est réalisée au fil mono- La voie d’abord est la laparotomie ou la laparoscopie. Nous
filament résorbable, à l’aide de surjets et/ou de points séparés en décrivons la technique princeps par laparotomie ; l’abord
fonction du diamètre de la voie biliaire. laparoscopique est plus répandu pour les pancréatectomies
gauches que pour les DPC. En laparotomie, l’incision peut être
Anastomose gastrojéjunale
médiane sus-ombilicale ou sous-costale gauche. Dans le cas de
L’anastomose gastrojéjunale est réalisée à 70 cm de l’adénocarcinome pancréatique, la chirurgie d’exérèse comprend
l’anastomose hépatojéjunale afin d’éviter le reflux biliaire. une résection monobloc du pancréas gauche, des vaisseaux
Pour faciliter la vidange gastrique, il est utile de faire une anasto- spléniques et de la rate (SPG). La laparoscopie reste encore très lar-
mose où l’anse efférente est située au point déclive de l’estomac gement discutée pour les adénocarcinomes pancréatiques. Cette
en regard de la grande courbure. On peut éloigner l’anastomose voie d’abord est largement abordée dans l’EMC [61] .
gastrojéjunale de l’anastomose hépatojéjunale et positionner L’installation est la même que pour les DPC. L’exploration
l’anse en précolique pour faire l’anastomose gastrojéjunale. Mais consiste bien sûr à explorer la cavité abdominale et l’arrière-cavité
plus simplement l’anastomose gastrojéjunale peut être faite sur des épiploons. En cas de carcinose ou de métastase hépatique
l’anse transmésocolique en amont de son passage transméso- pour un adénocarcinome pancréatique, il ne faut pas réaliser de
colique, et être positionnée en sus- ou sous-mésocolique au résection.
travers de la brèche mésocolique transverse. La position rétro- Comme dans les DPC, le premier temps est exploratoire à la
ou précolique ne semble pas influencer le taux de gastroparésie recherche de lésions à distance hépatiques ou péritonéales. Une
postopératoire [49] . Le montage précolique exposerait à un taux exploration complète nécessite un décollement colo-épiploïque
plus faible de gastroparésie [50–52] .
qui est le premier temps de l’intervention. À droite, le décollement
Conservation pylorique ou antrectomie ? est poursuivi jusqu’au pédicule gastroépiploïque droit, permettant
On peut rappeler en préambule à cette discussion que la réali- d’exposer la veine mésentérique supérieure, l’artère gastroduo-
sation systématique d’une antrectomie au cours de la DPC est la dénale et la faux de l’artère hépatique commune. À gauche, le
conséquence d’une erreur de diagnostic rapportée par la littérature décollement est poussé jusqu’à l’angle colique gauche qui doit
historique. En effet, l’une des premières DPC avec antrectomie n’a parfois être abaissé pour faciliter l’exposition notamment en cas
pas été réalisée pour des raisons carcinologiques mais parce que de tumeur volumineuse, et permet d’éviter une plaie colique en
le chirurgien pensait avoir découvert au cours de l’exploration fin de procédure d’exérèse.
chirurgicale un cancer gastrique envahissant le pancréas et non
l’inverse ! Pour préserver au mieux la physiologie gastroduodé-
nale et diminuer les séquelles liées à l’hémigastrectomie réalisée
Résection
dans la technique initialement décrite, la conservation du pylore La dissection au cours d’une SPG doit se fait de façon « centri-
a été présentée comme une alternative apportant un avan- fuge », de la droite vers la gauche ou de façon « centripète » de
tage nutritionnel potentiel. Trois travaux prospectifs et deux la gauche vers la droite. Concernant la résection pour adénocarci-
méta-analyses ont montré que la conservation pylorique n’avait nome, nous préférons la résection centrifuge (Fig. 15). La résection
aucune influence sur la morbimortalité postopératoire et que, peut être menée préférentiellement de la droite vers la gauche, en
surtout, le pronostic était inchangé [53, 54] . Ceci démontre bien débutant par le temps de section vasculaire. Le contrôle vasculaire
que l’extension de l’exérèse céphalique du pancréas à l’antre premier permet à la fois de limiter le risque hémorragique et de
gastrique n’a aucune utilité carcinologique ; les détracteurs de supprimer tout le flux sanguin du pancréas caudal et donc de limi-
la conservation pylorique lui reprochent de limiter le curage ter les pertes sanguines lors de la mobilisation de la partie caudale
ganglionnaire et de diminuer la qualité du staging ganglion- du pancréas.
naire postopératoire des malades. En fait, il n’en est rien car le Sur le plan carcinologique, elle apparaît plus logique en isolant
taux d’envahissement ganglionnaire péripylorique est faible (15 la tumeur au plan vasculaire avant sa mobilisation.
à 25 %) ; l’envahissement de ce groupe ganglionnaire est dans
ce cas rarement isolé et un pronostic n’étant plus lié à l’exérèse
des ganglions péripyloriques [55, 56] . En revanche, les bénéfices
Particularités de l’abord cœlioscopique
fonctionnels et nutritionnels potentiels suggérés par des études Il n’existe que peu d’éléments dans la littérature. L’abord lapa-
rétrospectives n’ont pas reçu de confirmation par des études de roscopique ou robotique pour les cancers du pancréas reste encore
niveau de preuve plus élevé [57] . très débattu. Pour l’instant cette voie d’abord est réalisée par des
La fenêtre rétromésentérique est fermée afin d’éviter une incar- centres experts et ne peut être validée par toutes les équipes chi-
cération de grêle. rurgicales.

EMC - Hépatologie 9
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

B
Figure 15. Splénopancréatectomie carcinologique « centrifuge », de droite à gauche (A à C). Après
dissection du bord inférieur de l’isthme et du corps pancréatique, identification de la veine splénique,
tunnellisation rétropancréatique et identification de l’artère hépatique commune et l’artère splénique,
les vaisseaux spléniques et le pancréas sont sectionnés. Pour la mobilisation du bloc splénopancréatique
de droite à gauche, le plan de dissection postérieur suit tout d’abord la face postérieure de la veine
splénique puis le curage est poursuivi au bord gauche du tronc cœliaque et de l’artère mésentérique
supérieure. La libération du bord inférieur est poursuivie avec la libération de la partie gauche de la
racine du mésocôlon transverse et la ligature de la veine mésentérique inférieure. La mobilisation de
la pièce se fait dans le plan d’accolement du mésogastre postérieur, de la droite vers la gauche. Il
faut repérer pour avoir un curage satisfaisant la veine rénale gauche en bas et le pilier gauche du
diaphragme. Certaines équipes préconisent de façon systématique lors des splénopancréatectomies
gauches l’exérèse monobloc du tissu cellulograisseux rétropancréatique jusqu’à la face antérieure et
au bord supérieur de la veine rénale gauche. Le fascia de Gerota est enlevé en monobloc. 1. Tronc
cœliaque et moignon de l’artère splénique ; 2. vaisseaux courts gastrospléniques liés et sectionnés ;
3. veine et artère mésentériques supérieures ; 4. veine mésentérique inférieure ; 5. rein gauche et sa
veine ; 6. plan de dissection du mésogastre postérieur emportant le fascia prérénal gauche ; 7. pancréas
corporéocaudal et ses vaisseaux réclinés vers la gauche.

 Traitement chirurgical postopératoire après DPC et résection veineuse ne semble pas aug-
mentée [65] . En revanche, après DPC avec résection veineuse, la
de la tumeur résécable survie globale à long terme est diminuée [8] .
Au cours d’une DPC, plusieurs marges d’exérèse doivent être
« borderline » prises en considération afin d’obtenir une résection R0. Pour
la plupart d’entre elles, comme la marge biliaire-pancréatique-
Définition de tumeur du pancréas résécable duodénale ou les marges vasculaires, l’obtention d’une marge
« borderline », évaluation de la résécabilité saine peut être guidée par la réalisation d’un examen anatomo-
pathologique extemporané au cours de la chirurgie. Concernant
Trente à 40 % des cancers pancréatiques sont résécables bor- la marge rétropéritonéale, celle-ci ne peut être analysée que lors
derlines, et peuvent justifier d’une DPC associée à une résection de l’examen anatomopathologique définitif.
veineuse mésentéricoporte (plus rarement une splénopancréa- La définition d’une résection R0 ou R1 au niveau de la
tectomie) pour obtenir une résection R0 [10] . Le rationnel d’une marge rétropéritonéale et la méthodologie d’analyse histologique
exérèse pancréatique radicale emportant un segment veineux au cours de l’examen anatomopathologique définitif ont subi
mésentéricoporte se réfère au fait qu’une résection R0, chez ces une récente évolution comme nous l’avons vu précédemment.
patients, améliore la survie (médiane de survie : 18 à 28 mois) par Aujourd’hui, il est admis, selon la définition de l’Union internatio-
rapport à une résection microscopique incomplète (R1) (médiane nal contre le cancer, qu’une résection R1 est définie par l’existence
de survie : 14 à 21 mois), d’autant plus que le statut ganglion- de cellules tumorales à moins de 1 mm de la marge de résection
naire est négatif (N0) [16, 62–64] . En centre expert, la morbimortalité (marge à 1 mm) [8, 17–19] .

10 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

Au cours de l’intervention, devant une tumeur résécable border- prise en charge de deux façons différentes : chirurgie première,
line, il est difficile de faire la différence entre un envahissement ou chimiothérapie néo-adjuvante. Une chirurgie première peut
tumoral de l’axe mésentéricoporte et un remaniement inflam- être proposée pour une tumeur résécable borderline présentant un
matoire non tumoral entre la tumeur et l’axe mésentéricoporte. contact inférieur à 180◦ de la circonférence de l’axe mésentérico-
De plus, la sensibilité préopératoire du bilan radiologique pour porte, sans contact avec l’artère mésentérique supérieure, et pour
prédire l’envahissement tumoral de la veine est faible, d’autant laquelle une résection R0 est possible au prix d’une résection vei-
plus qu’un traitement néo-adjuvant a été réalisé [66] . Il en résulte neuse simple sans qu’une thérapie néo-adjuvante n’apporte une
que près de 40 % des patients ne présentent pas d’envahissement augmentation significative de la survie [85–87] . D’autres essais sont
tumoral de l’axe mésentéricoporte après DPC avec résection vei- en cours et permettront probablement d’affiner la sélection des
neuse [65, 67, 68] . Cependant, il a été montré que l’envahissement malades par des chimiothérapies adaptées aux marqueurs molé-
microscopique de la veine était un facteur indépendant, prédic- culaires.
tif d’une diminution de la survie [69, 70] , et qu’un envahissement Devant une tumeur résécable borderline présentant un enva-
de la veine était significativement associé à un taux plus élevé de hissement de 180◦ ou plus de la circonférence de l’axe
résection R1 au niveau de la marge rétropéritonéale [8, 70] . mésentéricoporte et/ou un contact avec l’artère mésentérique
L’envahissement tumoral mésentéricoporte ne paraît donc pas supérieure, le risque de résection R1 s’élève à 64 % et justifie un
être l’élément majeur guidant la détermination de la résécabilité traitement néo-adjuvant suivi d’une prise en charge chirurgicale
oncologique. Il apparaît plutôt que la réalisation d’une résection après sélection des patients répondeurs au traitement. En 2018,
veineuse mésentéricoporte pour une tumeur résécable borderline en France, les modifications apportées au Thésaurus National de
permettrait d’obtenir une clairance tumorale rétropéritonéale suf- Cancérologie Digestive, portant sur la prise en charge du cancer
fisante pour atteindre l’objectif d’une résection radicale R0. du pancréas, incitent maintenant à initier un traitement néo-
Le concept de résécabilité tumorale doit d’abord différencier la adjuvant devant une tumeur résécable borderline quelque soit le
résécabilité oncologique (résection R0), qui donne au patient un degré d’envahissement de l’axe mésentéricoporte.
bénéfice sur la survie, de la résécabilité technique où le risque de
résection R1 peut être élevé [11] . Au terme du bilan radiologique,
la résécabilité oncologique d’une tumeur résécable borderline sou- Duodénopancréatectomie céphalique
lève diverses modalités de prise en charge selon que le diagnostic
est fait en préopératoire ou que l’envahissement mésentéricoporte
et résection veineuse mésentéricoporte pour
est diagnostiqué au cours de l’intervention. En effet, l’évaluation tumeur résécable « borderline » (Tableau 1)
des suites postopératoires et de la survie des patients traités par
pancréatectomie avec ou sans résection veineuse mésentérico- Indications
porte montre que la morbidité est plus élevée, et la survie est plus L’identification de facteurs prédictifs d’une résection veineuse
sombre en cas de résection veineuse associée à la pancréatecto- mésentéricoporte associée à la DPC montre que les cancers pan-
mie si celle-ci n’est pas prévue à l’avance. Bien que les patients, créatiques localisés au processus unciné sont significativement
présentant ou non un envahissement de l’axe mésentéricoporte, associés à un contact plus fréquent aux vaisseaux mésenté-
appartiennent à la même définition TNM (T3) et au même stade riques supérieurs, et à un taux plus élevé de résections veineuses
(stade II) selon l’« American Joint Committee on Cancer » [71] , un au moment de la chirurgie [82, 88] . Historiquement, ces tumeurs
envahissement tumoral mésentéricoporte s’associe à d’autres fac- étaient non résécables dans 90 % des cas [89] , ceci lié au fait qu’elles
teurs de mauvais pronostic tels que : un envahissement nodulaire étaient plus avancées au moment du diagnostic [90] . La locali-
tumoral plus fréquent, un taux plus élevé de résection R1 inté- sation au processus unciné rend la tumeur symptomatique plus
ressant préférentiellement la marge rétropéritonéale [7, 8, 16] . Cela tard, en comparaison aux tumeurs localisées à la tête du pancréas
suggère que le phénotype tumoral diffère entre ces deux catégo- proches de la voie biliaire principale. La taille tumorale est elle
ries, et qu’un envahissement tumoral de l’axe mésentéricoporte aussi prédictive de la nécessité d’une résection veineuse associée
semble être le reflet d’une maladie plus agressive, systémique, à la DPC [82, 86, 91, 92] .
présentant un risque élevé d’envahissement nodulaire tumoral et L’indication d’une DPC avec résection de l’axe mésentérico-
de micrométastases à distance [72] . Par ailleurs, ces constatations porte est limitée aux patients présentant une tumeur dont le
ont conduit à revoir récemment la classification TNM du cancer diagnostic montre ou suspecte un contact intime, voire un enva-
du pancréas en privilégiant la taille tumorale et l’envahissement hissement de l’axe mésentéricoporte, et dont la probabilité de la
vasculaire pour le stade tumoral (T). radicalité de l’exérèse oncologique est élevée. Elle s’adresse donc
Lorsque le diagnostic est porté avant l’intervention, la stra- aux tumeurs résécables borderlines présentant un contact avec l’axe
tégie oncologique est donnée par la conclusion de la réunion mésentéricoporte inférieur à 180◦ , répondant à un traitement néo-
de concertation pluridisciplinaire. En 2009, l’Expert Consensus adjuvant.
Statement suggérait qu’un traitement néo-adjuvant pouvait être
considéré en cas de suspicion préopératoire d’un envahissement
mésentéricoporte [73] . Cette stratégie permettrait, premièrement, Chimiothérapie néo-adjuvante
d’identifier les patients présentant un phénotype tumoral plus Concernant les tumeurs classées borderlines, l’efficacité du fol-
agressif, à haut risque de développer précocement une maladie firinox dans les formes métastatiques chez des patients en bon
métastatique [74–76] ; deuxièmement, cette stratégie permettrait état général fait proposer de plus en plus, dans le cadre d’essais,
d’augmenter le taux de résection R0 [77–79] ; troisièmement, elle une chimiothérapie d’induction et ensuite la discussion d’un trai-
permettrait de réduire le coût relatif aux soins [80] . Finalement, en tement chirurgical. Mais beaucoup de ces essais sont en cours et
2014, l’International Study Group of Pancreatic Surgery (ISGPS) pour l’instant, le choix d’un traitement néo-adjuvant est basé sur
propose cette stratégie pour la prise en charge oncologique des l’état général, l’âge du malade et la décision finale de la réunion
patients présentant une tumeur résécable borderline par envahis- de concertation multidisciplinaire.
sement de l’axe mésentéricoporte [12, 81] . Néanmoins, « la stratégie thérapeutique des formes dites bor-
En revanche, lorsque l’envahissement mésentéricoporte est derlines s’oriente vers une chimiothérapie première » ; un petit
diagnostiqué au cours de l’intervention, la stratégie n’est pas pourcentage de ces patients pouvant bénéficier d’une résection
consensuelle entre résection chirurgicale d’emblée et traitement secondaire. La difficulté majeure reste les modalités de réévalua-
néo-adjuvant. D’un côté, certaines équipes suggèrent, quelle que tion post-traitement néo-adjuvant.
soit le degré d’envahissement vasculaire mésentéricoporte ou arté-
riel mésentérique supérieur, un traitement néo-adjuvant premier
suivi d’une prise en charge chirurgicale devant le risque élevé
Technique
de résection R1 (en particulier au niveau de la marge rétro- La résection veineuse intéressant l’axe mésentéricoporte, au
péritonéale) [12, 75, 82] . De l’autre, certaines équipes évaluent la cours d’une DPC, doit être réalisée de façon monobloc et en der-
résécabilité oncologique sur le degré de la circonférence veineuse nier afin de réaliser le temps de reconstruction veineuse une fois la
envahie [6, 23, 83, 84] . Ainsi, une tumeur résécable borderline peut être pièce retirée du champ. Trois raisons soutiennent cette approche.

EMC - Hépatologie 11
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

Figure 17. Évaluation de la résécabilité artérielle mésentérique supé-


Figure 16. Temps de la duodénopancréatectomie céphalique pour rieure, abords premiers de l’artère mésentérique supérieure. 1. Abord
tumeur résécable borderline : « sens anti-horaire ». 1. Mobilisation duo- postérieur droit ; 2. abord médial droit ; 3. abord mésentérique ; 4. abord
dénopancréatique : manœuvre de Kocher ; 2. abord premier de l’artère postérieur gauche.
mésentérique supérieure ; 3. dissection de la veine mésentérique supé-
rieure ; 4. tunnellisation rétro-isthmique décalée à gauche de l’axe
mésentéricoporte.

• Éviter toute dissection de l’interface entre la tumeur et le seg-


ment mésentéricoporte envahi ou au contact de la tumeur afin
d’éviter toute effraction et dissémination tumorale.
• Éviter d’aggraver le saignement de la pièce si un clampage porte
total est nécessaire. En effet, lors d’une résection classique de
la lame rétroporte « d’avant en arrière », les collatérales vei-
neuses mésentéricoportes sont liées et sectionnées en premier
puis viennent ensuite les collatérales artérielles. Si un clam-
page porte est nécessaire pendant la résection, la pièce reste
artérialisée alors que son drainage veineux est clampé, source
d’hémorragie venant de la pièce.
• Minimiser le temps de clampage porte. Un clampage prolongé
(> 30 min) peut induire une souffrance digestive d’amont,
des troubles de la coagulation, et des troubles biologiques et
hémodynamiques au moment du déclampage. Lorsqu’un clam-
page mésentéricoporte prolongé est prévisible, un clampage
simultané de l’artère mésentérique supérieure, voire un shunt
veinoveineux (anastomose mésentéricocave) passif peuvent
permettre de limiter ces risques. Cela demande que l’artère
mésentérique supérieure soit préalablement contrôlée.
Parce qu’au moment de l’intervention l’envahissement micro- Figure 18. Voie d’abord postérieure droite de l’artère mésentérique
scopique de la marge rétropéritonéale est inconnu, une approche supérieure (AMS). L’abord postérieur droit arrive après une manœuvre de
chirurgicale appropriée est nécessaire afin de réaliser une résection Kocher permettant de récliner vers la gauche le bloc duodénopancréa-
rétropéritonéale radicale (Fig. 16). Un abord premier de l’artère tique. Le plan de dissection passe en avant de la veine cave inférieure et de
mésentérique supérieure permet d’explorer le degré d’invasion la veine rénale gauche. La dissection est poussée jusqu’à la face antérieure
tumorale de la marge rétropéritonéale, de contrôler l’artère mésen- de l’aorte abdominale (AA), et permet d’identifier l’AMS à la face posté-
térique supérieure à son origine en prévision d’un clampage rieure de la tête pancréatique, prenant son origine à la face antérieure de
artériel associé au clampage mésentéricoporte, et rechercher un l’AA au-dessus de l’antécroisement de la veine rénale gauche avec l’AA.
envahissement tumoral de l’artère mésentérique supérieure ou La dissection de l’AMS commence par l’incision de sa gaine fibreuse au
du tronc cœliaque en poussant la dissection vers le haut depuis niveau de son origine, et est poursuivie de façon caudale à la face pos-
l’origine de l’artère mésentérique supérieure vers le bord droit du térieure de la tête du pancréas et sur son bord postérieur droit, jusqu’à
tronc cœliaque. Un avantage supplémentaire de cette approche son croisement avec le duodénum. Les attaches fibreuses entre l’AMS et
est de pouvoir limiter le saignement de la pièce opératoire en le processus unciné sont libérées afin d’exposer le bord latéral de l’axe
préservant le drainage veineux mésentéricoporte de la pièce, en mésentéricoporte. L’origine de l’artère pancréaticoduodénale inférieure
réalisant une dissection de la lame rétroporte « d’arrière en avant » issue de l’AMS peut être ainsi identifiée et liée à son entrée au niveau
au bord droit de l’artère mésentérique supérieure et en débu- du processus unciné. 1. Veine porte rétropancréatique ; 2. veine rénale
tant par la ligature et section des collatérales artérielles [83, 93] gauche ; 3. origine de l’AMS ; 4. artère pancréaticoduodénale inférieure ;
(cette technique offre aussi le bénéfice oncologique de pouvoir 5. manœuvre de Kocher jusqu’à la face antérieure de l’aorte.
réaliser, avant toute résection irréversible, une lymphadénecto-
mie interaorticocave dont l’examen extemporané peut révéler
un envahissement ganglionnaire tumoral, facteur de mauvais Voie d’abord et temps exploratoire (Fig. 17)
pronostic sur la survie et contre-indiquant la résection pour cer- La voie d’abord peut être une laparotomie médiane, plutôt
taines équipes) [94] . Cependant cette stratégie oncologique n’est chez le patient mince, ou une laparotomie transverse ou bi-sous-
pas consensuelle à l’heure actuelle [95] . costale, l’incision étant portée préférentiellement vers la droite

12 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

afin de faciliter la manipulation de la pièce opératoire au cours de les Scarpa pour les veines saphènes, et les aires cervicales anté-
l’intervention et l’abord premier de l’artère mésentérique supé- rieures pour les veines jugulaires. Devant une tumeur résécable
rieure. Le champ opératoire doit prendre en compte les sites borderline, l’intervention doit débuter par la recherche de méta-
éventuels de prélèvement d’un greffon veineux autologue tels que stases à distance passées inaperçues (hépatiques et péritonéales).
Par la suite l’intervention doit idéalement être menée « d’arrière
en avant » après un abord premier de l’artère mésentérique supé-
rieure afin de juger de la résécabilité artérielle et rétropéritonéale
de la tumeur.

Figure 19. Voie d’abord médiale droite de l’artère mésentérique supé-


rieure (AMS). L’abord premier de l’AMS peut être réalisé par une approche
médiale droite, en regard du processus unciné. Une manœuvre de Kocher,
poussée dépassant la face antérieure de l’aorte abdominale (AA) et pous-
sée jusqu’au ligament de Treitz au bord gauche de l’AA, et un abaissement
de l’angle colique droit avec dissection de la racine du mésocôlon trans-
verse droit jusqu’au bord droit du pédicule mésentérique supérieur,
permettent de récliner le côlon et l’intestin grêle vers la gauche pour Figure 20. Voie d’abord mésentérique de l’artère mésentérique supé-
exposer le passage de la veine mésentérique supérieure (VMS) au-dessus rieure (AMS). L’abord mésentérique de l’AMS, peut se faire par une
du troisième duodénum et le processus unciné. Le fait de récliner le côlon approche inférieure, infracolique. L’AMS est repérée par palpation à la
et l’intestin grêle vers la gauche entraîne une rotation vers le haut et la racine du mésentère le péritoine est incisé en regard, à la jonction de la
gauche de la VMS, l’AMS se retrouvant sous la VMS. Au bord droit de la racine du mésentère et la face inférieure du mésocôlon transverse. La
VMS, la ligature-section de quelques collatérales veineuses duodénopan- dissection expose l’AMS à gauche et la VMS à droite, l’artère colique
créatiques permet d’identifier le bord droit de l’AMS sous-jacente et le médiane est individualisée, naissant de l’AMS et se dirigeant vers la face
processus unciné. La dissection du bord droit de l’AMS va pouvoir être faite antérieure du mésocôlon transverse. L’artère pancréaticoduodénale infé-
dans le plan de sa gaine, en direction de son origine à la face antérieure de rieure est repérée, naissant sur le bord droit de l’AMS en amont de l’artère
l’AA et en arrière de l’isthme pancréatique. L’artère pancréaticoduodénale colique médiane, et pénètre dans le processus unciné en passant en arrière
inférieure est identifiée et liée au fur et à mesure que la dissection pro- de la VMS. Après ligature et section de l’artère pancréaticoduodénale infé-
gresse. 1. Artère pancréaticoduodénale inférieure ; 2. processus unciné ; rieure, la dissection se poursuit sur le bord droit de l’AMS, dans le plan de
3. dissection de la face antérieure du processus unciné au bord droit de sa gaine et vers son origine, en passant en arrière de la veine splénique et
la VMS ; 4. VMS réclinée vers la gauche ; 5. AMS, et origine de l’artère de l’isthme pancréatique. 1. VMS réclinée à droite et vers le haut ; 2. artère
pancréaticoduodénale inférieure. pancréaticoduodénale inférieure ; 3. artère colique médiane ; 4. AMS.

Figure 21. Voie d’abord postérieure gauche de l’artère mésentérique supérieure (AMS). L’abord postérieur gauche de l’AMS, fait suite à l’identification
première de l’AMS par une manœuvre de Kocher telle que décrite dans l’approche postérieure droite.
A. Une fois l’axe de l’AMS identifié, la dissection de l’AMS va se porter à l’étage infracolique, au niveau de son bord gauche. L’angle duodénojéjunal et la
première anse jéjunale vont être tractés vers la gauche afin de faire apparaître le relief de l’AMS au niveau de la racine du mésentère. Le péritoine est incisé au
bord gauche de la VMS afin d’individualiser les deux premières veines jéjunales qui sont liées et sectionnées à leurs terminaisons au bord gauche de la VMS. La
dissection se poursuit au bord gauche de l’AMS et en avant du duodénum tout en exerçant une traction–progression sur le jéjunum proximal. Cette traction
entraîne une rotation progressive de l’AMS en avant du duodénum et vers la gauche, permettant d’étendre la dissection de l’AMS à son bord postérieur et
vers son origine. Progressivement le bord droit de l’AMS va se retrouver en position médiale et postérieure et l’artère pancréaticoduodénale va pouvoir être
identifiée et liée à son origine. En poussant la dissection à la face postérieure de l’AMS, on rejoint la dissection issue de la manœuvre de Kocher. 1. VMS
réclinée vers la droite ; 2. AMS réclinée vers la droite ; 3. angle duodénojéjunal tracté vers la gauche.
B. Plan de dissection en coupe axiale. 1. Artère pancréaticoduodénale inférieure ; 2. AMS ; 3. lame rétroportale.

EMC - Hépatologie 13
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

Abord premier de l’artère mésentérique supérieure la veine splénique, ou la veine porte tronculaire en aval de la
(Fig. 18 à 21) confluence mésentéricoporte.
L’abord premier de l’artère mésentérique supérieure est généra- Une résection latérale est parfois possible en cas
lement réalisé par la droite et par un abord postérieur (Fig. 18). d’envahissement limité au bord droit de l’axe veineux et de
L’abord premier de l’artère mésentérique supérieure (Fig. 19) courte distance. La perte de substance peut être fermée longi-
peut être réalisé par une approche médiale droite, en regard du tudinalement, avec ou sans interposition d’un patch veineux
processus unciné. ou péritonéal d’élargissement, sous clampage latéral. Au mieux,
L’abord mésentérique de l’artère mésentérique supérieure la perte de substance peut être fermée transversalement, sans
(Fig. 20) peut se faire par une approche inférieure, infracolique. patch, sous clampage total afin de limiter le risque de sténose.
L’artère mésentérique supérieure est repérée par palpation à la En cas de suture transversale, il est recommandé d’utiliser des
racine du mésentère, le péritoine est incisé en regard, à la jonc- points séparés de fil monobrin 5/0 ou 6/0 ou deux hémisurjets
tion de la racine du mésentère et la face inférieure du mésocôlon serrés de façon lâche en ménageant un growth factor. Mais cette
transverse. résection est maintenant rarement utilisée en raison des risques
L’abord postérieur gauche de l’artère mésentérique supérieure de thrombose postopératoire [96] .
(Fig. 21A, B) fait suite à l’identification première de l’origine Une résection tronculaire sous clampage total est le geste le plus
de l’artère mésentérique supérieure, soit par la droite par une radical et le plus fréquent, qui nécessite l’emploi de clamps légers,
manœuvre de Kocher, soit par la gauche après avoir mobilisé et posés dans un sens identique facilement repérable, à distance de
récliné l’angle duodénojéjunal vers la droit (on réalise alors une la zone de résection afin que la suture veineuse soit aisée [96] .
manœuvre de Kocher en sens inverse, de la gauche vers la droite). Trois clamps sont donc souvent nécessaires et éventuellement un
bulldog ou un lacs souple servent à clamper la veine gastrique
Dissections gauche. La résection–anastomose de la seule veine mésentérique
Il s’agit des dissections pancréatique rétro-isthmique, du pédi- supérieure peut être difficile techniquement du fait de son calibre
cule hépatique et du bord supérieur du pancréas et de l’axe moindre que celui du tronc porte et l’existence de collatérales
mésentéricoporte (Fig. 22). compliquant l’exclusion vasculaire et l’anastomose. Exception-
Sections biliaire, digestive et pancréatique nellement, la résection de la veine mésentérique supérieure peut
Les sections biliaires et digestives sont en règle aisées, l’artère être suivie d’une anastomose mésentéricoporte définitive avec sec-
gastroduodénale est liée et sectionnée à son origine en prenant tion sans reconstruction de la veine splénique, car elle facilite la
soin de réaliser un test de clampage préliminaire, et de conserver mobilisation des segments veineux proximal et distal.
un moignon artériel suffisant. La section pancréatique doit être Lors de la reconstruction veineuse, la priorité est le rétablisse-
déportée vers la gauche de l’axe mésentéricoporte, et un examen ment d’un drainage normal de la veine mésentérique supérieure
histologique extemporané de la tranche pancréatique est obliga- dans la veine porte par anastomose terminoterminale directe, qui
toire. est la technique la plus utilisée. Deux points d’angle exposent
les moignons veineux et sont disposés de sorte qu’il n’y ait pas
Résection veineuse de rotation des axes veineux. L’anastomose est réalisée par deux
La pièce de DPC reste alors solidaire uniquement de l’axe hémisurjets, confectionnés à partir du point d’angle gauche, au
mésentéricoporte et de la lame rétroporte à sa partie haute moyen d’un fil vasculaire monobrin doublement aiguillé 5/0 ou
(Fig. 23). La section de la lame rétroporte est finalisée en veillant 6/0. Lors de la confection des surjets, les fils doivent être « posés »
à ne pas exercer de traction excessive sur la pièce, source poten- sur la paroi veineuse sans serrage. Lorsque les deux hémisurjets
tielle de plaie veineuse. La finalisation de la section de la lame sont terminés, une purge évacuant les caillots situés en amont des
rétroporte, au niveau de sa partie haute entre le tronc cœliaque et clamps est faite, la lumière veineuse est lavée au sérum hépariné
l’artère mésentérique supérieure, peut parfois être difficile, gênée puis les deux hémisurjets sont noués l’un à l’autre en ménageant
par le volume tumoral, le remaniement inflammatoire local et un growth factor dont la distance est habituellement une fois à une
la confluence splénoporte en avant. La terminaison de la veine fois et demie le calibre de la veine. Ce procédé (growth factor) évite
splénique doit parfois être largement disséquée afin d’être mobi- les sténoses par « effet diabolo », exercé par deux hémisurjets qui
lisable vers le haut et le bas afin de dégager le bord droit de « fripent » les parois veineuses. Une autre technique consiste à
l’artère mésentérique supérieure à son origine, et le bord droit limiter le surjet à la face postérieure, à le nouer au point d’angle
et inférieur du tronc cœliaque. En dernier recours, la section de droit en confectionnant également un growth factor, et de finir
la veine splénique au bord gauche de l’axe mésentéricoporte per- l’anastomose à sa face antérieure avec des points séparés du même
met d’améliorer l’exposition de la lame rétroporte afin de limiter fil.
le risque de plaie vasculaire difficilement contrôlable. Par la suite, Le recours à un greffon veineux interposé – si possible autologue
la veine splénique peut être remise en circuit pendant le temps – ne concerne qu’une minorité de cas (1 à 30 %). Il peut être néces-
de reconstruction veineuse, ou laissée exclue, le drainage veineux saire lorsque la longueur de la résection veineuse dépasse 5 cm.
étant assuré par la veine gastrique gauche et la veine mésenté- Un greffon en poly-tétra-fluoro-éthylène (PTFE) expose à des dif-
rique inférieure (lorsqu’elle s’abouche à la veine splénique), qu’il ficultés pour réimplanter la veine splénique, un risque infectieux
est conseillé de préserver au cours de la dissection dans cette éven- théorique et à une moins bonne perméabilité à distance que les
tualité. greffons autologues. L’utilisation d’un greffon augmente la durée
Pour s’éloigner de la zone d’adhérence tumorale avec l’axe de confection des anastomoses, ce qui doit être anticipé. Le pré-
mésentéricoporte et/ou simplifier les manœuvres de clampage de lèvement d’un greffon veineux est à faire avant tout clampage.
la veine mésentérique supérieure, il peut être nécessaire de lier La veine jugulaire interne est souvent un peu trop large mais
ses dernières collatérales comme les veines coliques supérieure toujours assez longue et il faut avoir prévu son abord lors de
droite et médiane et la première veine jéjunale. En revanche, il l’installation. De même, la veine fémorale superficielle peut être
vaut mieux clamper la veine mésentérique inférieure lorsqu’elle utilisée après installation adaptée et en respectant le sens de cir-
se jette au bord droit de la veine mésentérique supérieure (15 % culation du fait de valvules. La veine rénale gauche ne mesure
des patients), car elle peut assurer une collatéralité en cas de que 5 cm de longueur environ entre ses dernières collatérales et
thrombose du montage. Après cette manœuvre, la longueur de la veine cave inférieure, mais a un calibre adapté et est facilement
la résection veineuse nécessaire doit éventuellement être remesu- accessible [4, 96] .
rée. La mobilisation du mésentère et l’abaissement du foie par Lorsque la reconstruction veineuse envisagée risque d’être
un ou deux champs inter-hépato-diaphragmatiques sont deux longue, nécessitant un clampage veineux prolongé, il faut avoir
manœuvres permettant de gagner en longueur pour réaliser une anticipé la possibilité d’avoir recours à un clampage artériel de
résection–anastomose (généralement en cas de résection veineuse l’artère mésentérique supérieure dans le même temps afin d’éviter
inférieure à 5 cm). une souffrance congestive de l’intestin grêle, et les conséquen-
La résection veineuse mésentéricoporte peut intéresser la veine ces systémiques d’un syndrome d’ischémie-reperfusion. L’abord
mésentérique supérieure en amont de la confluence mésentéri- premier de l’artère mésentérique supérieure permet d’en isoler
coporte, la confluence mésentéricoporte avec l’abouchement de l’origine et de réaliser un clampage rapide si nécessaire.

14 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

Figure 22. Pièce de


duodénopancréatectomie
(1) pédiculisée sur son
adhérence tumorale vei-
neuse (2) et à la partie
haute de la lame rétropor-
tale, après décroisement
duodénojéjunal (A, B). 3.
Axe mésentéricoporte ; 4.
artère mésentérique supé-
rieure ; 5. veine porte ; 6.
veine gastrique gauche ; 7.
5 veine splénique ; 8. veine
6 mésentérique supérieure.

2
4

8
B

Figure 23. La finalisation de la section de la lame rétroporte, au niveau de sa partie haute entre le tronc cœliaque et l’artère mésentérique supérieure
(AMS), peut être difficile, gênée par le volume tumoral, un envahissement veineux tumoral étendu, les remaniements inflammatoires locaux et la confluence
splénoporte en avant. La terminaison de la veine splénique doit parfois être largement disséquée afin d’être mobilisable vers le haut et le bas afin de dégager
le bord droit de l’AMS à son origine, et le bord droit et inférieur du tronc cœliaque. En dernier recours, la section de la veine splénique au bord gauche de
l’axe mésentéricoporte permet d’améliorer l’exposition de la lame rétroporte afin de limiter le risque de plaie vasculaire difficilement contrôlable.
A. Sans section de la veine splénique. 1. Adhérence tumorale à l’axe mésentéricoporte ; 2. veine splénique réclinée vers le haut.
B. Avec section de la veine splénique. 1. Adhérence tumorale à l’axe mésentéricoporte ; 2. veine splénique sectionnée ; 3. dissection du tiers supérieur de la
lame rétroporte.

La veine splénique est réimplantée ou non sous clampage laté- ments veineux et la longueur maximale de résection possible. Il
ral, si possible sur le tronc porte qui est le plus large. Cette est possible de réséquer jusqu’à environ 2 cm de veine splénique
section suivie de réimplantation est souvent plus adaptée que la puis de la réimplanter sans utilisation d’un greffon autologue.
conservation de la continuité de la veine splénique avec une des En cas de résection plus longue, la réimplantation splénique
deux autres veines principales, qui limite la mobilisation des seg- dans l’axe mésentéricoporte nécessite un greffon interposé. La

EMC - Hépatologie 15
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

réimplantation de la veine splénique est recommandée par cer- tion de l’artère mésentérique supérieure au cours d’une DPC, le
tains, en raison du risque d’hémorragie digestive par hypertension rétablissement de la continuité mésentérique supérieure est le plus
portale segmentaire, mais elle peut être considérée comme facul- souvent assuré par un greffon veineux saphène. Lorsque la DPC est
tative si la veine gastrique gauche, qui s’abouche le plus souvent associée à une résection de l’artère hépatique propre ou commune,
dans la veine porte, et la veine mésentérique inférieure, lorsqu’elle le rétablissement de la vascularisation artérielle hépatique peut
s’abouche dans la veine splénique, ont pu être conservées. La utiliser l’artère splénique ou l’interposition d’un greffon veineux
réimplantation de la veine splénique peut être remplacée par saphène ou splénique [5, 103] .
une anastomose terminoterminale entre la veine splénique et Malgré la grande expérience des équipes chirurgicales, la
le moignon de la veine mésentérique inférieure lorsque celle-ci mortalité postopératoire reste élevée, autour de 12 %, et signifi-
s’abouche au bord gauche de la veine mésentérique supérieure [4] . cativement plus importante que la mortalité postopératoire après
À la fin de l’intervention, une échographie-Doppler vérifie DPC sans résection artérielle, qui est cinq fois moindre [13] . La
l’existence d’un flux normal dans le tronc porte et l’absence de morbidité postopératoire est, elle aussi, significativement plus
thrombus endoluminal dans l’anastomose. Si cela est le cas, une importante. Au long cours, malgré un taux de survie globale à 1 an
malfaçon est le plus souvent en cause et l’anastomose doit au significativement plus élevé par rapport à une prise en charge pal-
moins partiellement être refaite. En postopératoire, le diagnostic liative, les résultats sur la survie globale à trois et cinq ans restent
de thrombose repose essentiellement sur la tomodensitométrie mauvais, avec des taux de 8,3 % et 0 %, respectivement [13, 97] .
avec injection, et son traitement sur une anticoagulation efficace.
Encrage de la pièce opératoire Pancréatectomie distale pour tumeur
Enfin, l’encrage des marges rétropéritonéale et artérielle sur la résécable « borderline » du corps
pièce de DPC, ainsi que le repérage du segment veineux réséqué,
doivent être réalisés par le chirurgien en salle d’intervention avant ou de la queue du pancréas
d’adresser le spécimen au service d’anatomopathologie pour exa- Malgré la localisation anatomique des cancers du corps ou de
men définitif. la queue du pancréas, seulement 10 % de ces tumeurs sont résé-
cables au diagnostic [91] . La plupart des cancers du corps ou de
la queue du pancréas résécables borderlines sont ainsi souvent
Duodénopancréatectomie céphalique considérés non résécables car ils envahissent le tronc cœliaque au
et résections artérielles pour tumeur diagnostic. La réalisation d’une pancréatectomie avec résections
résécable « borderline » artérielles pour cancer reste débattue devant les difficultés tech-
niques qu’elle présente et les mauvais résultats à court et long
L’objectif principal d’une résection artérielle associée à la DPC terme qui s’y associent. La réalisation d’une résection artérielle
est l’obtention d’une marge de résection R0, en particulier au au cours d’une pancréatectomie est responsable d’une morbi-
niveau de la marge rétropéritonéale [4] . En effet lorsqu’il existe dité et d’une mortalité postopératoires élevées, secondaires à des
une atteinte artérielle de l’artère hépatique, du tronc cœliaque ou complications artérielles sévères telles qu’une hémorragie ou une
de l’artère mésentérique supérieure, il existe un envahissement thrombose, d’autant plus lorsqu’une reconstruction artérielle est
des plexus nerveux rétropéritonéaux dans 61 à 88 % des cas [13] . sous l’emprise d’une fistule pancréatique postopératoire [4, 101] .
En revanche, le taux d’envahissement microscopique de l’artère Pour augmenter le nombre de patients candidats à une prise
réséquée n’est que de 20 à 34 %. Depuis les années 1970, les DPC en charge chirurgicale curative, les équipes sont devenues plus
avec résection artérielle concomitante sont occasionnellement agressives dans leurs indications opératoires, face à une tumeur
réalisées chez des patients sélectionnés. L’infiltration tumorale résécable borderline du corps ou de la queue du pancréas. La réa-
de l’artère hépatique, du tronc cœliaque, ou de l’artère mésen- lisation d’une pancréatectomie distale carcinologique associée à
térique supérieure peut être considérée comme le symptôme d’un une résection en bloc du tronc cœliaque a augmenté le nombre
cancer dont le phénotype tumoral est plus agressif, et en géné- de patients opérés d’un cancer du corps ou de la queue du pan-
ral, en cas d’infiltration artérielle, un traitement néo-adjuvant créas en réalisant une résection radicale du primitif pancréatique
est réalisé afin d’obtenir un contrôle tumoral local meilleur. La et des vaisseaux envahis. En 1953, Lyon Appleby proposait une
chirurgie arrive alors au terme de cette sélection, comme unique résection en bloc du tronc cœliaque, associée à une gastrectomie
traitement offrant une chance curative pour les patients dont la totale et une pancréatectomie distale pour la prise en charge chi-
maladie est contrôlée [97] . En 2014, l’ISGPS publiait un consensus rurgicale curative des cancers gastriques localement avancés [104] .
permettant de standardiser la définition du cancer pancréatique Une modification de cette intervention a été proposée pour la
résécable borderline, en accord avec les guidelines du National prise en charge chirurgicale curative des cancers du corps ou
Comprehensive Cancer Network (NCCN) [98, 99] . Ils concluaient de la queue du pancréas résécables borderlines, envahissant le
que devant un envahissement artériel suspecté en préopératoire tronc cœliaque [105, 106] . En revanche, les études les plus récentes
du tronc cœliaque, de l’artère hépatique ou de plus de 180◦ de la montrent que cette approche chirurgicale invasive arrive au terme
circonférence de l’artère mésentérique supérieure, et confirmé en d’un traitement néo-adjuvant dans 67 à 100 % des cas, permettant
peropératoire, il n’y avait aucune recommandation évidente en ainsi de sélectionner les patients présentant une maladie tumorale
faveur de la réalisation d’une résection artérielle, et qu’une prise moins agressive et contrôlée, afin de pouvoir tirer un bénéfice
en charge palliative était la prise en charge standard. Encore une maximal d’une résection curative [107, 108] .
fois, l’ISGPS soulignait que dans le cadre d’une prise en charge La pancréatectomie distale carcinologique avec résection en
individuelle, après concertation pluridisciplinaire, un traitement bloc du tronc cœliaque, ou intervention d’Appleby modifiée, tend
néo-adjuvant suivi d’une réévaluation oncologique pouvait abou- à respecter trois principes :
tir à une nouvelle exploration chirurgicale, voire éventuellement • augmenter le taux de résection R0 ;
une résection, chez des patients sélectionnés dont la maladie était • réaliser un curage ganglionnaire complet au contact du tronc
stable, voire avait régressé. Par cette approche oncologique, 33 à cœliaque et de ses branches ;
50 % des patients avec tumeurs jugées non résécables initialement • préserver la collatéralité artérielle mésentérique supérieure et
sont opérés [100–102] . pancréaticoduodénale à destinée hépatique et gastrique, afin
Lorsqu’une résection artérielle est nécessaire, une approche de surseoir à la réalisation d’une reconstruction artérielle.
première de l’artère mésentérique supérieure avec examen extem- Ainsi, elle peut être réalisée pour la prise en charge curative d’un
porané de sa gaine doit être réalisée afin d’en apprécier cancer du corps ou de la queue du pancréas résécable borderline,
l’envahissement [5, 103] . Par la suite, il convient de distinguer les envahissant le tronc cœliaque ou l’origine de l’artère hépatique
résections artérielles nécessitant une reconstruction, des résec- commune. L’intervention d’Appleby modifiée réalise une pan-
tions artérielles ne nécessitant pas de reconstruction comme au créatectomie distale avec résection en bloc de la rate et de ses
cours d’une pancréatectomie distale avec résection en bloc du vaisseaux, du tronc cœliaque, mais préserve l’estomac.
tronc cœliaque, de l’origine de l’artère hépatique commune, de Avant toute intervention chirurgicale, une analyse précise de
l’artère splénique ou de l’artère gastrique gauche. En cas de résec- la vascularisation artérielle sus-mésocolique doit être réalisée par

16 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

une équipe radiochirurgicale expérimentée, à l’aide d’un scan- ischémiques gastriques était de l’ordre de 13 %, et la réalisa-
ner abdominal avec injection de produit de contraste, au temps tion d’une préparation préopératoire par embolisation du tronc
artériel et portal. Dans un premier temps, il faut rechercher une cœliaque et de ses branches tendait à diminuer ce risque (14,4 %
contre-indication artérielle à la résection : envahissement dis- en l’absence d’embolisation contre 10,7 % après embolisation),
tal de l’artère hépatique commune, envahissement de l’artère cependant cette différence n’était pas significative. L’incidence
hépatique propre ou de ses branches, envahissement de l’artère d’une élévation des transaminases hépatiques postopératoire était
gastroduodénale, envahissement de l’artère mésentérique supé- de l’ordre de 40 %. En revanche, une complication ischémique
rieure. Dans un deuxième temps, il faut rechercher un contact hépatique grave, telle qu’une insuffisance hépatique aiguë, un
suspect de la tumeur avec l’axe mésentéricoporte, généralement à infarctus hépatique ou un abcès hépatique, était rare (de l’ordre de
hauteur de la confluence splénoporte ou du tronc porte, prédic- 5 %) et la réalisation d’une préparation préopératoire par embo-
tif d’une résection veineuse associée. Dans un troisième temps, il lisation du tronc cœliaque ne limitait pas significativement ce
faut apprécier la collatéralité artérielle mésentérique supérieure risque. Concernant le taux de fistule pancréatique postopératoire,
(artère pancréatique dorsale, artère pancréaticoduodénale infé- il était de 31 % après Appleby modifiée, et similaire au taux de
rieure, artère colique médiane) et pancréaticoduodénale (arcades fistule pancréatique après pancréatectomie distale. Le taux de gas-
pancréaticoduodénales, artère gastroduodénale), et rechercher troparésie postopératoire était de 30,5 % après Appleby modifée,
une variation anatomique (artère hépatique droite issue de l’artère et significativement plus important qu’après pancréatectomie dis-
mésentérique supérieure, collatéralité artérielle pédiculaire hépa- tale. Au cours de l’intervention d’Appleby modifiée, la résection
tique). Afin de développer cette collatéralité artérielle, et de limiter des plexus cœliaques conduit à une diarrhée postopératoire dans
le risque de complications ischémiques postopératoires gastrique 37 % des cas. Cependant, cette diarrhée est la plupart du temps
ou hépatobiliaire, plusieurs équipes recommandent la réalisation modérée et facilement contrôlée par un traitement médical fai-
d’une embolisation préopératoire du tronc cœliaque, de l’artère sant intervenir du lopéramide et/ou des dérivés codéinés. Enfin,
hépatique commune, de l’artère splénique et de l’artère gastrique il semblerait qu’une insuffisance rénale aiguë postopératoire soit
gauche [108–110] . Il en résulte une inversion du flux sanguin dans une complication fréquente, de l’ordre de 10 % des cas, et signi-
l’artère gastroduodénale, depuis l’artère mésentérique supérieure ficativement plus importante après Appleby modifiée qu’après
vers l’artère hépatique propre. En présence d’une artère hépatique pancréatectomie distale (1 %).
droite naissant de l’artère mésentérique supérieure, cette prépara- Gong et al., dans leur méta-analyse, ont évalué les résultats à
tion artérielle n’est pas indispensable. long terme de l’Appleby modifiée comparativement à la pancréa-
L’intervention d’Appleby modifiée débute par un abord du tectomie distale [111] . Après Appleby modifiée, la médiane de survie
tronc cœliaque et de l’artère mésentérique supérieure par la droite. globale était de 17 mois et le taux de survie globale de 18,7 % à
Trois étapes vont se succéder : 3 ans. Comparativement aux résultats sur la survie après pancréa-
• une manœuvre de Kocher poussée jusqu’à la face antérieure de tectomie distale, il n’existait pas de différences significatives. En
l’aorte abdominale va permettre d’identifier l’artère mésenté- revanche, le taux de survie globale à 1 an était bien supérieur après
rique supérieure à son origine et son plexus environnant ; Appleby modifiée, comparativement à une prise en charge pallia-
• un curage ganglionnaire au bord droit du tronc cœliaque va tive (odd ratio : 15,6 ; intervalle de confiance 95 % [5,09–47,76],
permettre d’exposer le pilier droit du diaphragme ; p < 0,01).
• la section du ligament arqué médian va permettre d’exposer
l’origine du tronc cœliaque où il sera par la suite lié.
Le temps de résection réalise, en bloc, une pancréatectomie dis-  Cancers non résécables
tale, une splénectomie emportant ses vaisseaux, une résection du
tronc cœliaque, de l’artère hépatique commune et de l’artère gas- Un traitement palliatif de l’ictère et/ou de l’obstruction duo-
trique gauche, une résection des plexus cœliaques, une résection dénale doit être discuté. Ce traitement peut être chirurgical ou
du plexus nerveux au bord gauche de l’artère mésentérique supé- endoscopique. Pour le traitement de l’ictère, plusieurs études ont
rieure, une résection partielle des piliers du diaphragme, et une montré que le taux de mortalité postopératoire après dériva-
résection du fascia de Gerota gauche. Par la suite, une dissection tions chirurgicales étaient supérieur par rapport à la dérivation
et une résection cellulograisseuse et ganglionnaire au contact de endoscopique. Néanmoins le taux de récidive de l’ictère était
la veine rénale gauche, au contact du corps pancréatique et de la en revanche significativement plus faible chez les patients après
veine mésentérique inférieure sont réalisées. La section pancréa- dérivation chirurgicale [6] . La meilleure dérivation biliaire est
tique est réalisée à gauche de l’artère gastroduodénale, à hauteur l’anastomose cholédocoduodénale, plus simple et aussi efficace
de l’isthme pancréatique. Après analyse anatomopathologique que l’anastomose cholédocojéjunale [6] . La gastrojéjunostomie
de la tranche de section pancréatique excluant tout envahisse- de principe prévient les conséquences de la sténose duodénale,
ment tumoral, le canal pancréatique principal est suturé de façon qui survient dans 15 à 20 % des cas des tumeurs de la tête [6] .
élective, et la tranche pancréatique céphalique est fermée par La pose d’une prothèse duodénale est une alternative. Ainsi,
des points séparés. Si nécessaire, la résection peut être étendue en cas d’ictère, une double dérivation biliodigestive peut être
à l’axe mésentéricoporte, à la glande surrénale gauche, au côlon proposée, surtout chez les patients qui ont une exploration chirur-
transverse, ou à la grande courbure de l’estomac. Aucune recons- gicale. Dans les autres cas, une endoprothèse biliaire métallique
truction artérielle n’est nécessaire, et une cholécystectomie de paraît préférable, surtout si l’espérance de vie est inférieure à six
principe est réalisée afin de prévenir le risque de cholécystite isché- mois [6, 113] .
mique postopératoire.
L’intervention d’Appleby modifiée reste pratiquée par des
équipes chirurgicales expérimentées en chirurgie pancréatique  Conclusion
et résections vasculaires, et grevée d’une morbidité postopéra-
toire élevée, avec une mortalité non négligeable de 2 à plus de La chirurgie pancréatique a vu sa mortalité diminuer au cours
16 % selon les séries. La plupart des études comparant cette des 30 dernières années. En particulier, celle de la DPC céphalique,
intervention à la pancréatectomie distale pour cancer limité à qui était supérieure à 10 % dans les années 1980, qui est passée
la glande pancréatique sont des études de faible effectif, mono- sous le seuil des 5 % dans les années 1990, et maintenant qui est
centriques, rétrospectives, leur conférant un faible niveau de inférieure à 3 % dans les centres spécialisés en chirurgie pancréa-
preuve scientifique. Une méta-analyse [111] et une surveillance tique. La mortalité de la pancréatectomie gauche est inférieure
nord-américaine [112] montraient que l’intervention d’Appleby à 1 %. En revanche, cette baisse de la mortalité n’est pas asso-
modifiée était responsable de manière significative d’une durée ciée à une baisse de la morbidité postopératoire. Par conséquent,
opératoire plus longue, de pertes sanguines peropératoires plus une prise en charge multidisciplinaire et une étude minutieuse du
importantes, et d’une incidence de résections veineuses associées bilan morphologique préopératoire doivent permettre de limiter
plus élevée par rapport à une pancréatectomie distale. Le taux les indications abusives et d’identifier les situations pouvant com-
de résection R0 était similaire entre Appleby modifiée et pan- pliquer le geste chirurgical, telles qu’une variation anatomique ou
créatectomie distale. En postopératoire, le taux de complications la présence d’un cancer résécable borderline. Par ailleurs, l’impact

EMC - Hépatologie 17
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

de l’expérience chirurgicale sur les suites postopératoires, la dis- [19] Esposito I, Kleeff J, Bergmann F, Reiser C, Herpel E, Friess H, et al.
ponibilité d’un plateau technique riche pour la prise en charge Most pancreatic cancer resections are R1 resections. Ann Surg Oncol
préopératoire d’un ictère obstructif, et la prise en charge post- 2008;15:1651–60.
opératoire d’une complication renforcent l’intérêt d’une prise en [20] Chang DK, Johns AL, Merrett ND, Gill AJ, Colvin EK, Scarlett CJ, et al.
charge de ces patients en centre expert. Enfin, l’utilisation d’un Margin clearance and outcome in resected pancreatic cancer. J Clin Oncol
traitement néo-adjuvant pour les cancers résécables borderlines 2009;27:2855–62.
[21] Pingpank JF, Hoffman JP, Ross EA, Cooper HS, Meropol NJ, Freedman
s’est démocratisée au cours des dernières années quel que soit le
G, et al. Effect of preoperative chemoradiotherapy on surgical margin sta-
degré d’invasion de l’axe mésentéricoporte ou artériel mésenté- tus of resected adenocarcinoma of the head of the pancreas. J Gastrointest
rique supérieur. Il permet la sélection des patients présentant un Surg 2001;5:121–30.
phénotype tumoral moins agressif, candidats à une prise en charge [22] Blomley MJ, Albrecht T, Williamson RC, Allison DJ. Three-dimensional
chirurgicale, dont ils pourront bénéficier sur la survie. En 2018, spiral CT angiography in pancreatic surgical planning using non-tailored
les recommandations françaises actualisées sur la prise en charge protocols: comparison with conventional angiography. Br J Radiol
oncologique du cancer du pancréas vont dans ce sens, et des tra- 1998;71:268–75.
vaux de recherches cliniques à venir permettront de statuer sur [23] Chun YS, Milestone BN, Watson JC, Cohen SJ, Burtness B, Engstrom
l’intérêt d’une thérapie néo-adjuvante systématique quelle que PF, et al. Defining venous involvement in borderline resectable pancreatic
soit l’atteinte locorégionale de la maladie. cancer. Ann Surg Oncol 2010;17:2832–8.
[24] Gaujoux S, Sauvanet A, Vullierme MP, Cortes A, Dokmak S, Sibert A,
et al. Ischemic complications after pancreaticoduodenectomy: incidence,
Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens prevention, and management. Ann Surg 2009;249:111–7.
d’intérêts en relation avec cet article. [25] Columbo JA, Trus T, Nolan B, Goodney P, Rzucidlo E, Powell R,
et al. Contemporary management of median arcuate ligament syn-
drome provides early symptom improvement. J Vasc Surg 2015;62:
 Références
151–6.
[26] Cameron JL, Riall TS, Coleman J, Belcher KA. One thousand consecutive
pancreaticoduodenectomies. Ann Surg 2006;244:10–5.
[1] Ferlay J, Partensky C, Bray F. More deaths from pancreatic cancer than [27] Yeo CJ, Cameron JL, Lillemoe KD, Sitzmann JV, Hruban RH, Good-
breast cancer in the EU by 2017. Acta Oncol 2016;55:1158–60. man SN, et al. Pancreaticoduodenectomy for cancer of the head of the
[2] Campbell PJ, Yachida S, Mudie LJ, Stephens PJ, Pleasance ED, Stebbings pancreas. 201 patients. Ann Surg 1995;221:721–31.
LA, et al. The patterns and dynamics of genomic instability in metastatic [28] Sohn TA, Yeo CJ, Cameron JL, Hruban RH, Fukushima N, Campbell
pancreatic cancer. Nature 2010;467:1109–13. KA, et al. Intraductal papillary mucinous neoplasms of the pancreas: an
[3] Ouaissi M, Giger U, Louis G, Sielezneff I, Farges O, Sastre B. Ductal updated experience. Ann Surg 2004;239:788–97.
adenocarcinoma of the pancreatic head: a focus on current diagnostic and [29] van der Gaag NA, Rauws EA, van Eijck CH, Bruno MJ, van der Harst E,
surgical concepts. World J Gastroenterol 2012;18:3058–69. Kubben FJ, et al. Preoperative biliary drainage for cancer of the head of
[4] Ouaissi M, Turrini O, Hubert C, Louis G, Gigot JF, Mabrut JY. Vascular the pancreas. N Engl J Med 2010;362:129–37.
resection during radical resection of pancreatic adenocarcinomas: evolu- [30] Nomura T, Shirai Y, Hatakeyama K. Bacteribilia and cholangitis after per-
tion over the past 15 years. J Hepatobiliary Pancreat Sci 2014;21:623–38. cutaneous transhepatic biliary drainage for malignant biliary obstruction.
[5] Delpero JR, Paye F, Bachellier P, Boyer JM. Cancer du pancréas. Rapport Dig Dis Sci 1999;44:542–6.
présenté au 112e Congrés français de chirurgie 2010. Monographie de [31] Jethwa P, Breuning E, Bhati C, Buckles J, Mirza D, Bramhall S. The
l’Association française de chirurgie. Paris: Arnette; 2010. microbiological impact of pre-operative biliary drainage on patients
[6] Thésaurus national de cancérologie digestive (TNCD). www.snfge. undergoing hepato-biliary-pancreatic (HPB) surgery. Aliment Pharmacol
asso.fr/01-Bibliotheque/0G-Thesaurus/cancerologie/publication5/ Ther 2007;25:1175–80.
sommaire-thesaurus.asp#1072. [32] Lermite E, Pessaux P, Teyssedou C, Etienne S, Brehant O, Arnaud JP.
[7] Rau BM, Moritz K, Schuschan S, Alsfasser G, Prall F, Klar E. R1 resection
Effect of preoperative endoscopic biliary drainage on infectious mor-
in pancreatic cancer has significant impact on long-term outcome in stan-
bidity after pancreatoduodenectomy: a case-control study. Am J Surg
dardized pathology modified for routine use. Surgery 2012;152:S103–11.
2008;195:442–6.
[8] Delpero JR, Bachellier P, Regenet N, Le Treut YP, Paye F, Carrère N,
[33] Buc E, Sauvanet A. Duodénopancréatectomie céphalique. EMC (Else-
et al. Pancreaticoduodenectomy for pancreatic ductal adenocarcinoma:
vier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales-Appareil Digestif,
a French multicentre prospective evaluation of resection margins in 150
40-880B, 2011.
evaluable specimens. HPB (Oxford) 2014;16:20–3.
[34] Kim SW, Youk EG, Park YH. Comparison of pancreatogastrostomy and
[9] Conroy T, Desseigne F, Ychou M, Bouche O, Guimbaud R, Becouarn Y,
pancreatojejunostomy after pancreatoduodenectomy performed by one
et al. FOLFIRINOX versus gemcitabine for metastatic pancreatic cancer.
surgeon. World J Surg 1997;21:640–3.
N Engl J Med 2011;364:1817–25.
[10] Zhou Y, Zhang Z, Liu Y, Li B, Xu D. Pancreatectomy combined with [35] Akano S, Ito Y, Watanabe Y, Yokoyama T, Kubota N, Iwai S. Pancreatico-
superior mesenteric vein-portal vein resection for pancreatic cancer: a jejunostomy versus pancreaticogastrostomy in reconstruction following
meta-analysis. World J Surg 2012;36:884–91. pancreaticoduodenectomy. Br J Surg 2000;87:423–7.
[11] Callery MP, Chang KJ, Fishman EK, Talamonti MS, William Traverso [36] Arnaud JP, Tuech JJ, Cervi C, Bergamaschi R. Pancreaticogastrostomy
L, Linehan DC. Pretreatment assessment of resectable and borderline compared with pancreaticojejunostomy after pancreaticoduodenectomy.
resectable pancreatic cancer: expert consensus statement. Ann Surg Oncol Eur J Surg 1999;165:357–62.
2009;16:1727–33. [37] Bassi C, Dervenis C, Butturini G, Fingerhut A, Yeo C, Izbicki J, et al.
[12] NCCN. Classification des tumeurs du pancréas à l’issue du bilan mor- Postoperative pancreatic fistula: an international study group (ISGPF)
phologique, selon le National Comprehensive Cancer Network (NCCN), definition. Surgery 2005;138:8–13.
Fort Washington, PA, 2010. [38] Duffas JP, Suc B, Msika S, Fourtanier G, Muscari F, Hay JM,
[13] Mollberg N, Rahbari NN, Koch M, Hartwig W, Hoeger Y, Buchler MW, et al. A controlled randomized multicenter trial of pancreatogastro-
et al. Arterial resection during pancreatectomy for pancreatic cancer: a stomy or pancreatojejunostomy after pancreatoduodenectomy. Am J Surg
systematic review and meta-analysis. Ann Surg 2011;254:882–93. 2005;189:720–9.
[14] Lopez Hanninen E, Amthauer H, Hosten N, Ricke J, Bohmig M, Lan- [39] McKay A, Mackenzie S, Sutherland FR, Bathe OF, Doig C, Dort
grehr J, et al. Prospective evaluation of pancreatic tumors: accuracy of J, et al. Meta-analysis of pancreaticojejunostomy versus pancreatico-
MR imaging with MR cholangiopancreatography and MR angiography. gastrostomy reconstruction after pancreaticoduodenectomy. Br J Surg
Radiology 2002;224:34–41. 2006;93:929–36.
[15] Sanjeevi S, Ivanics T, Lundell L, Kartalis N, Andren-Sandberg A, Blom- [40] Dixon E, Fingerhut A, Bassi C, Sutherland F, McKay A. Meta-analysis
berg J, et al. Impact of delay between imaging and treatment in patients of pancreaticojejunostomy versus pancreaticogastrostomy reconstruction
with potentially curable pancreatic cancer. Br J Surg 2016;103:267–75. after pancreaticoduodenectomy. Br J Surg 2006;93:1435.
[16] Raut CP, Tseng JF, Sun CC, Wang H, Wolff RA, Crane CH, et al. Impact [41] Wente MN, Shrikhande SV, Muller MW, Diener MK, Seiler CM, Friess H,
of resection status on pattern of failure and survival after pancreaticoduo- et al. Pancreaticojejunostomy versus pancreaticogastrostomy: systematic
denectomy for pancreatic adenocarcinoma. Ann Surg 2007;246:52–60. review and meta-analysis. Am J Surg 2007;193:171–83.
[17] Verbeke CS, Leitch D, Menon KV, McMahon MJ, Guillou PJ, Antho- [42] El Nakeeb A, Roshdy S, Ask W, Sonbl A, Ali M, Abdelwahab K, et al.
ney A. Redefining the R1 resection in pancreatic cancer. Br J Surg Comparative study between uncinate process carcinoma and pancrea-
2006;93:1232–7. tic head carcinoma after pancreaticoduodenectomy (clinicopathological
[18] Verbeke CS. Resection margins and R1 rates in pancreatic cancer–are we features and surgical outcomes). Hepatogastroenterology 2014;61:
there yet? Histopathology 2008;52:787–96. 1748–55.

18 EMC - Hépatologie
Traitement chirurgical du cancer du pancréas  7-106-A-16

[43] Figueras J, Sabater L, Planellas P, Munoz-Forner E, Lopez-Ben S, Falgue- [65] Nakao A, Kanzaki A, Fujii T, Kodera Y, Yamada S, Sugimoto H,
ras L, et al. Randomized clinical trial of pancreaticogastrostomy versus et al. Correlation between radiographic classification and pathological
pancreaticojejunostomy on the rate and severity of pancreatic fistula after grade of portal vein wall invasion in pancreatic head cancer. Ann Surg
pancreaticoduodenectomy. Br J Surg 2013;100:1597–605. 2012;255:103–8.
[44] Topal B, Fieuws S, Aerts R, Weerts J, Feryn T, Roeyen G, et al. Pan- [66] Valls C, Andia E, Sanchez A, Fabregat J, Pozuelo O, Quintero JC, et al.
creaticojejunostomy versus pancreaticogastrostomy reconstruction after Dual-phase helical CT of pancreatic adenocarcinoma: assessment of
pancreaticoduodenectomy for pancreatic or periampullary tumours: a resectability before surgery. AJR Am J Roentgenol 2002;178:821–6.
multicentre randomised trial. Lancet Oncol 2013;14:655–62. [67] Giovinazzo F, Turri G, Katz MH, Heaton N, Ahmed I. Meta-analysis
[45] Liu FB, Chen JM, Geng W, Xie SX, Zhao YJ, Yu LQ, et al. Pancreati- of benefits of portal-superior mesenteric vein resection in pancreatic
cogastrostomy is associated with significantly less pancreatic fistula than resection for ductal adenocarcinoma. Br J Surg 2016;103:179–91.
pancreaticojejunostomy reconstruction after pancreaticoduodenectomy: [68] Siriwardana HP, Siriwardena AK. Systematic review of outcome of
a meta-analysis of seven randomized controlled trials. HPB (Oxford) synchronous portal-superior mesenteric vein resection during pancrea-
2015;17:123–30. tectomy for cancer. Br J Surg 2006;93:662–73.
[46] Zhang X, Ma L, Gao X, Bao H, Liu P, Aziz A, et al. Pan- [69] Murakami Y, Satoi S, Motoi F, Sho M, Kawai M, Matsumoto I, et al.
creaticogastrostomy versus pancreaticojejunostomy reconstruction after Portal or superior mesenteric vein resection in pancreatoduodenectomy
pancreaticoduodenectomy: a meta-analysis of randomized controlled for pancreatic head carcinoma. Br J Surg 2015;102:837–46.
trials. Surg Today 2015;45:585–94. [70] Lapshyn H, Bronsert P, Bolm L, Werner M, Hopt UT, Makowiec F,
[47] Que W, Fang H, Yan B, Li J, Guo W, Zhai W, et al. Pancreaticogastrostomy et al. Prognostic factors after pancreatoduodenectomy with en bloc
versus pancreaticojejunostomy after pancreaticoduodenectomy: a meta- portal venous resection for pancreatic cancer. Langenbecks Arch Surg
analysis of randomized controlled trials. Am J Surg 2015;209:1074–82. 2016;401:63–9.
[48] Menahem B, Guittet L, Mulliri A, Alves A, Lubrano J. Pancreaticogastro- [71] American Joint Commitee on Cancer, Greene FL, Fleming ID, et al. AJCC
stomy is superior to pancreaticojejunostomy for prevention of pancreatic Cancer Staging handbook. New York: Springer-Verlag; 2002.
fistula after pancreaticoduodenectomy: an updated meta-analysis of ran- [72] Bissolati M, Sandri MT, Burtulo G, Zorzino L, Balzano G, Braga M.
domized controlled trials. Ann Surg 2015;261:882–7. Portal vein-circulating tumor cells predict liver metastases in patients
[49] Eshuis WJ, van Eijck CH, Gerhards MF, Coene PP, de Hingh IH, Karsten with resectable pancreatic cancer. Tumour Biol 2015;36:991–6.
TM, et al. Antecolic versus retrocolic route of the gastroenteric anasto- [73] Abrams RA, Lowy AM, O’Reilly EM, Wolff RA, Picozzi VJ, Pisters
mosis after pancreatoduodenectomy: a randomized controlled trial. Ann PW. Combined modality treatment of resectable and borderline resec-
Surg 2014;259:45–51. table pancreas cancer: expert consensus statement. Ann Surg Oncol
[50] Park YC, Kim SW, Jang JY, Ahn YJ, Park YH. Factors influencing delayed 2009;16:1751–6.
gastric emptying after pylorus-preserving pancreatoduodenectomy. J Am [74] Rose JB, Rocha FG, Alseidi A, Biehl T, Moonka R, Ryan JA, et al.
Coll Surg 2003;196:859–65. Extended neoadjuvant chemotherapy for borderline resectable pancreatic
[51] Tani M, Terasawa H, Kawai M, Ina S, Hirono S, Uchiyama K, et al. cancer demonstrates promising postoperative outcomes and survival. Ann
Improvement of delayed gastric emptying in pylorus-preserving pancrea- Surg Oncol 2014;21:1530–7.
ticoduodenectomy: results of a prospective, randomized, controlled trial. [75] Tseng JF, Raut CP, Lee JE, Pisters PW, Vauthey JN, Abdalla EK, et al. Pan-
Ann Surg 2006;243:316–20. creaticoduodenectomy with vascular resection: margin status and survival
[52] Sugiyama M, Abe N, Ueki H, Masaki T, Mori T, Atomi Y. A new duration. J Gastrointest Surg 2004;8:935–49.
[76] Evans DB, Erickson BA, Ritch P. Borderline resectable pancreatic cancer:
reconstruction method for preventing delayed gastric emptying after
definitions and the importance of multimodality therapy. Ann Surg Oncol
pylorus-preserving pancreatoduodenectomy. Am J Surg 2004;187:743–6.
2010;17:2803–5.
[53] Diener MK, Knaebel HP, Heukaufer C, Antes G, Buchler MW, Seiler CM.
[77] Heinemann V, Haas M, Boeck S. Neoadjuvant treatment of bor-
A systematic review and meta-analysis of pylorus-preserving versus clas-
derline resectable and non-resectable pancreatic cancer. Ann Oncol
sical pancreaticoduodenectomy for surgical treatment of periampullary
2013;24:2484–92.
and pancreatic carcinoma. Ann Surg 2007;245:187–200.
[78] Katz MH, Wang H, Balachandran A, Bhosale P, Crane CH, Wang X, et al.
[54] Karanicolas PJ, Davies E, Kunz R, Briel M, Koka HP, Payne DM,
Effect of neoadjuvant chemoradiation and surgical technique on recur-
et al. The pylorus: take it or leave it? Systematic review and
rence of localized pancreatic cancer. J Gastrointest Surg 2012;16:68–78.
meta-analysis of pylorus-preserving versus standard whipple pancreati- [79] Ferrone CR, Marchegiani G, Hong TS, Ryan DP, Deshpande V, McDon-
coduodenectomy for pancreatic or periampullary cancer. Ann Surg Oncol nell EI, et al. Radiological and surgical implications of neoadjuvant
2007;14:1825–34. treatment with FOLFIRINOX for locally advanced and borderline resec-
[55] Nakao A, Harada A, Nonami T, Kaneko T, Inoue S, Takagi H. Clinical table pancreatic cancer. Ann Surg 2015;261:12–7.
significance of portal invasion by pancreatic head carcinoma. Surgery [80] Abbott DE, Tzeng CW, Merkow RP, Cantor SB, Chang GJ, Katz MH,
1995;117:50–5. et al. The cost-effectiveness of neoadjuvant chemoradiation is superior to
[56] Mu DQ, Peng YS, Wang FG, Xu QJ. Significance of perigastric lymph a surgery-first approach in the treatment of pancreatic head adenocarci-
node involvement in periampullary malignant tumor. World J Gastroen- noma. Ann Surg Oncol 2013;20(Suppl. 3):S500–8.
terol 2004;10:614–6. [81] Bockhorn M, Uzunoglu FG, Adham M, Imrie C, Milicevic M, Sandberg
[57] Niedergethmann M, Shang E, Farag Soliman M, Saar J, Berisha S, AA, et al. Borderline resectable pancreatic cancer: a consensus statement
Willeke F, et al. Early and enduring nutritional and functional results of by the International Study Group of Pancreatic Surgery (ISGPS). Surgery
pylorus preservation vs classic Whipple procedure for pancreatic cancer. 2014;155:977–88.
Langenbecks Arch Surg 2006;391:195–202. [82] Ouaissi M, Hubert C, Verhelst R, Astarci P, Sempoux C, Jouret-Mourin
[58] Perinel J, Mariette C, Dousset B, Sielezneff I, Gainant A, Mabrut JY, A, et al. Vascular reconstruction during pancreatoduodenectomy for duc-
et al. Early enteral versus total parenteral nutrition in patients under- tal adenocarcinoma of the pancreas improves resectability but does not
going pancreaticoduodenectomy: a randomized multicenter controlled achieve cure. World J Surg 2012;34:2648–61.
trial (Nutri-DPC). Ann Surg 2016;264:731–7. [83] Nakao A, Takeda S, Inoue S, Nomoto S, Kanazumi N, Sugimoto H, et al.
[59] Williamsson C, Karlsson N, Sturesson C, Lindell G, Andersson R, Indications and techniques of extended resection for pancreatic cancer.
Tingstedt B. Impact of a fast-track surgery programme for pancreati- World J Surg 2006;30:976–82.
coduodenectomy. Br J Surg 2015;102:1133–41. [84] Ishikawa O, Ohigashi H, Imaoka S, Furukawa H, Sasaki Y, Fujita M, et al.
[60] Croome KP, Farnell MB, Que FG, Reid-Lombardo KM, Truty MJ, Preoperative indications for extended pancreatectomy for locally advan-
Nagorney DM, et al. Total laparoscopic pancreaticoduodenectomy for ced pancreas cancer involving the portal vein. Ann Surg 1992;215:231–6.
pancreatic ductal adenocarcinoma: oncologic advantages over open [85] Bachellier P, Nakano H, Oussoultzoglou PD, Weber JC, Boudjema K,
approaches? Ann Surg 2014;260:633–8. Wolf PD, et al. Is pancreaticoduodenectomy with mesentericoportal
[61] Dokmak SA. Pancreatectomies gauches. EMC (Elsevier Masson SAS, venous resection safe and worthwhile? Am J Surg 2001;182:120–9.
Paris), Techniques chirurgicales- Appareil digestif, 40-880-D, 2011. [86] Carrere N, Sauvanet A, Goere D, Kianmanesh R, Vullierme MP, Cou-
[62] Fatima J, Schnelldorfer T, Barton J, Wood CM, Wiste HJ, Smyrk TC, velard A, et al. Pancreaticoduodenectomy with mesentericoportal vein
et al. Pancreatoduodenectomy for ductal adenocarcinoma: implications resection for adenocarcinoma of the pancreatic head. World J Surg
of positive margin on survival. Arch Surg 2010;145:167–72. 2006;30:1526–35.
[63] Hsu CC, Herman JM, Corsini MM, Winter JM, Callister MD, Haddock [87] Gillen S, Schuster T, Meyer Zum Buschenfelde C, Friess H, Kleeff
MG, et al. Adjuvant chemoradiation for pancreatic adenocarcinoma: the J. Preoperative/neoadjuvant therapy in pancreatic cancer: a systematic
Johns Hopkins Hospital-Mayo Clinic collaborative study. Ann Surg Oncol review and meta-analysis of response and resection percentages. PLoS
2010;17:981–90. Med 2010;7:e1000267.
[64] Schnelldorfer T, Ware AL, Sarr MG, Smyrk TC, Zhang L, Qin R, et al. [88] Padilla-Thornton AE, Willmann JK, Jeffrey RB. Adenocarcinoma of the
Long-term survival after pancreatoduodenectomy for pancreatic adeno- uncinate process of the pancreas: MDCT patterns of local invasion and
carcinoma: is cure possible? Ann Surg 2008;247:456–62. clinical features at presentation. Eur Radiol 2012;22:1067–74.

EMC - Hépatologie 19
7-106-A-16  Traitement chirurgical du cancer du pancréas

[89] Nix GA, Dubbelman C, Srivastava ED, Wilson JH, Boender J, de Jongh [102] Cheng TY, Sheth K, White RR, Ueno T, Hung CF, Clary BM,
FE. Prognostic implications of the localization of carcinoma in the head et al. Effect of neoadjuvant chemoradiation on operative mortality
of the pancreas. Am J Gastroenterol 1991;86:1027–32. and morbidity for pancreaticoduodenectomy. Ann Surg Oncol 2006;13:
[90] Kang CM, Choi JY, Seong JS, Song SY, Lee WJ, Kim MJ, et al. Pan- 66–74.
creatoduodenectomy following neoadjuvant chemoradiation therapy in [103] Hackert T, Schneider L, Buchler MW. Current state of vascular resec-
uncinate process pancreatic cancer. Pancreas 2012;41:467–73. tions in pancreatic cancer surgery. Gastroenterol Res Pract 2015;2015:
[91] Harrison LE, Klimstra DS, Brennan MF. Isolated portal vein involvement 120207.
in pancreatic adenocarcinoma. A contraindication for resection? Ann Surg [104] Appleby LH. The coeliac axis in the expansion of the operation for gastric
1996;224:342–7. carcinoma. Cancer 1953;6:704–7.
[92] Wang F, Arianayagam R, Gill A, Puttaswamy V, Neale M, Gananadha S, [105] Mayumi T, Nimura Y, Kamiya J, Kondo S, Nagino M, Kanai M, et al.
et al. Grafts for mesenterico-portal vein resections can be avoided during Distal pancreatectomy with en bloc resection of the celiac artery for carci-
pancreatoduodenectomy. J Am Coll Surg 2012;215:569–79. noma of the body and tail of the pancreas. Int J Pancreatol 1997;22:15–21.
[93] Sanjay P, Takaori K, Govil S, Shrikhande SV, Windsor JA. ’Artery-first’ [106] Ozaki H, Kinoshita T, Kosuge T, Yamamoto J, Shimada K, Inoue K, et al.
approaches to pancreatoduodenectomy. Br J Surg 2012;99:1027–35. An aggressive therapeutic approach to carcinoma of the body and tail of
[94] Schwarz L, Lupinacci RM, Svrcek M, Lesurtel M, Bubenheim M, Vuar- the pancreas. Cancer 1996;77:2240–5.
nesson H, et al. Para-aortic lymph node sampling in pancreatic head [107] Peters NA, Javed AA, Cameron JL, Makary MA, Hirose K, Pawlik TM,
adenocarcinoma. Br J Surg 2014;101:530–8. et al. Modified appleby procedure for pancreatic adenocarcinoma: does
[95] Tol JA, Gouma DJ, Bassi C, Dervenis C, Montorsi M, Adham M, et al. improved neoadjuvant therapy warrant such an aggressive approach? Ann
Definition of a standard lymphadenectomy in surgery for pancreatic duc- Surg Oncol 2016;23:3757–64.
tal adenocarcinoma: a consensus statement by the International Study [108] Cesaretti M, Abdel-Rehim M, Barbier L, Dokmak S, Hammel P, Sauvanet
Group on Pancreatic Surgery (ISGPS). Surgery 2014;156:591–600. A. Modified Appleby procedure for borderline resectable/locally advan-
[96] Ouaissi M, Sielezneff I, Pirro N, Bon Mardion R, Chaix JB, Merad A, ced distal pancreatic adenocarcinoma: a major procedure for selected
et al. Therapeutic anticoagulant does not modify thromboses rate vein patients. J Visc Surg 2016;153:173–81.
after venous reconstruction following pancreaticoduodenectomy. Gas- [109] Denecke T, Andreou A, Podrabsky P, Grieser C, Warnick P, Bahra M, et al.
troenterol Res Pract 2008;2008:896320. Distal pancreatectomy with en bloc resection of the celiac trunk for exten-
[97] Ravikumar R, Sabin C, Abu Hilal M, Bramhall S, White S, Wigmore S, ded pancreatic tumor disease: an interdisciplinary approach. Cardiovasc
et al. Portal vein resection in borderline resectable pancreatic cancer: a Intervent Radiol 2011;34:1058–64.
United Kingdom multicenter study. J Am Coll Surg 2014;218:401–11. [110] Okada K, Kawai M, Tani M, Hirono S, Miyazawa M, Shimizu A, et al.
[98] NCCN. Clinical Practice. Guidelines in oncology. In: Pancreatic adeno- Preservation of the left gastric artery on the basis of anatomical features
carcinoma. Fort Washington, PA; 2012. in patients undergoing distal pancreatectomy with celiac axis en-bloc
[99] Bockhorn M, Burdelski C, Bogoevski D, Sgourakis G, Yekebas EF, Izbi- resection (DP-CAR). World J Surg 2014;38:2980–5.
cki JR. Arterial en bloc resection for pancreatic carcinoma. Br J Surg [111] Gong H, Ma R, Gong J, Cai C, Song Z, Xu B. Distal pancreatec-
2011;98:86–92. tomy with en bloc celiac axis resection for locally advanced pancreatic
[100] Strobel K, Heinrich S, Bhure U, Soyka J, Veit-Haibach P, Pestalozzi cancer: a systematic review and meta-analysis. Medicine 2016;95:
BC, et al. Contrast-enhanced 18F-FDG PET/CT: 1-stop-shop ima- e3061.
ging for assessing the resectability of pancreatic cancer. J Nucl Med [112] Beane JD, House MG, Pitt SC, Kilbane EM, Hall BL, Parmar AD, et al.
2008;49:1408–13. Distal pancreatectomy with celiac axis resection: what are the added
[101] Allendorf JD, Lauerman M, Bill A, DiGiorgi M, Goetz N, Vakiani E, et al. risks? HPB (Oxford) 2015;17:777–84.
Neoadjuvant chemotherapy and radiation for patients with locally unre- [113] Moss AC, Morris E, Leyden J, MacMathuna P. Malignant distal biliary
sectable pancreatic adenocarcinoma: feasibility, efficacy, and survival. J obstruction: a systematic review and meta-analysis of endoscopic and
Gastrointest Surg 2008;12:91–100. surgical bypass results. Cancer Treat Rev 2007;33:213–21.

T. Guilbaud.
Service de chirurgie digestive, oncologique et endocrinienne et de transplantation hépatique, Unité de chirurgie hépatobiliaire et pancréatique et transplan-
tation, Centre hospitalier régional universitaire Trousseau, avenue de la République, 37170 Chambray-les-Tours, France.
Service de chirurgie digestive, oncologique et endocrinienne et de transplantation hépatique, Unité de chirurgie colorectale, Centre hospitalier régional
universitaire Trousseau, avenue de la République, 37170 Chambray-les-Tours, France.
L. Barbier.
Service de chirurgie digestive, oncologique et endocrinienne et de transplantation hépatique, Unité de chirurgie hépatobiliaire et pancréatique et transplan-
tation, Centre hospitalier régional universitaire Trousseau, avenue de la République, 37170 Chambray-les-Tours, France.
M. Ouaissi (m.ouaissi@chu-tours.fr).
Service de chirurgie digestive, oncologique et endocrinienne et de transplantation hépatique, Unité de chirurgie colorectale, Centre hospitalier régional
universitaire Trousseau, avenue de la République, 37170 Chambray-les-Tours, France.
E. Salamé.
Service de chirurgie digestive, oncologique et endocrinienne et de transplantation hépatique, Unité de chirurgie hépatobiliaire et pancréatique et transplan-
tation, Centre hospitalier régional universitaire Trousseau, avenue de la République, 37170 Chambray-les-Tours, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Guilbaud T, Barbier L, Ouaissi M, Salamé E. Traitement chirurgical du cancer du pancréas. EMC - Hépa-
tologie 2020;35(1):1-20 [Article 7-106-A-16].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

20 EMC - Hépatologie

Vous aimerez peut-être aussi