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Éléments sur l’histoire de l’inégalité

Paris IV\ Séminaire Sociologie des inégalités\2014-2015\ O. Galland & Y. Lemel


• La préhistoire
• L’inégalité selon Gerhart Lenski
• Inégalités et domination dans les sociétés préindustrielles
• La révolution industrielle et la montée des inégalités

Paris IV\ Séminaire Sociologie des inégalités\2014-2015\ O. Galland & Y. Lemel


La préhistoire

Paris IV\ Séminaire Sociologie des inégalités\2014-2015\ O. Galland & Y. Lemel


Évolution de l’espéce humaine
2,5 millions d’années avant JC. Homo Abilis, première espèce du genre
Homo. Culture oldowayenne
CHASSEURS- . Outils de pierre dont la forme semble
impliquer des activités conscientes de taille des silex par frappe les uns
contre les autres.
CUEILLEURS

1,5 millions d’années avant JC. Nouvelles espèces du genre Homo. Homo
Erectus. Culture acheuléenne. Outils de pierre taillés mais procédures de
taille beaucoup plus élaborées, permettant de fabriquer différentes formes
d’outils - haches, grattoirs – disposant de cotés tranchants. Des outils d’os
et de bois sont aussi disponibles. Divers indices montrent que les Homo
Erectus chassaient, s’organisant pour tuer des animaux sans se contenter de
récupérer des carcasses d’animaux morts.

250 000 ans avant notre ère. Homo Sapiens. Cultures moustérienne,


aurignacienne, magdalennienne, … témoignant de la capacité à fabriquer
des objets en pierre de plus en plus élaborés jusqu’aux microlithes du
mésolithique. Vestiges archéologiques disponibles.

Paris 10 000 avant


IV\ Séminaire JC. l’invention
Sociologie de l’agriculture
des inégalités\2014-2015\ O. Galland & Y. Lemel
Les « chasseurs-cueilleurs », groupes de foyers égaux
Le pair-bond pièce essentielle de l’organisation sociale des humains
La sexualité dans notre espèce aurait évolué de manière à ce que tant les
mâles que les femelles auraient intérêt à collaborer dans l’ élevage des
enfants, pour assurer leur descendance.

« L’organisation sociale humaine se caractérise par la combinaison (1)


de liens entre les hommes, (2) de liens entre les femmes, (3) de familles
nucléaires. Nous avons en commun les premiers traits avec le
chimpanzés, les deuxièmes avec les bonobos, les troisièmes sont notre
apanage». De Waals (1996)

Les « chasseurs-cueilleurs ».
Fondamentalement, la notion renvoie à la manière dont les groupes se
procurent l’essentiel de leur nourriture : par la chasse, la pêche, la
cueillette des fruits et racines disponibles dans leur environnement.

 Le « foyer » est l’élément essentiel d’un groupe de « chasseur-


cueilleur ».
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A quel moment la rupture ?
2,5 millions d’années avant JC. Homo Abilis, première espèce du genre
Homo. Culture oldowayenne
CHASSEURS- . Outils de pierre dont la forme semble
impliquer des activités conscientes de taille des silex par frappe les uns
contre les autres.
CUEILLEURS

1,5 millions d’années avant JC. Nouvelles espèces du genre Homo. Homo
Erectus. Culture acheuléenne. Outils de pierre taillés mais procédures de
taille beaucoup plus élaborées, permettant de fabriquer différentes formes
d’outils - haches, grattoirs – disposant de cotés tranchants. Des outils d’os
et de bois sont aussi disponibles. Divers indices montrent que les Homo
Erectus chassaient, s’organisant pour tuer des animaux sans se contenter de
récupérer des carcasses d’animaux morts.
OBJETS DE PRESTIGE
250 000 ans avant notre ère. Homo Sapiens. Cultures moustérienne,
aurignacienne, magdalennienne, … témoignant de la capacité à fabriquer
des objets en pierre de plus en plus élaborés jusqu’aux microlithes du
mésolithique. Vestiges archéologiques disponibles.

Paris 10 000 avant


IV\ Séminaire JC. l’invention
Sociologie de l’agriculture
des inégalités\2014-2015\ O. Galland & Y. Lemel
Explications de l’apparition de l’inégalité
 Catégorie de modèles  Variante Auteurs
correspondants
Modèles « fonctionalistes »  Gestion de l’information  
L’existence des inégalités permet  Gestion des pénuries et  
de mieux gérer des problèmes fluctuations  
fondamentaux    Minimise les stress internes

Modèles cognitifs et culturels    


Les valeurs culturelles ou    Cauvin, 1994
personnelles mènent aux  
inégalités

Modèles démographiques  environnements ne permettant  


L’accroissement de population pas l’immigration  Rosenberg,
entraîne dans certaines  Pression démographique 1998
circonstances l’inégalités entre engendrant territorialité et donc  
groupes lutte entre groupes Carneiro, 1970

Modèles « politiques »  Contrôle  Testart, 1982


Certains réussissent à acquérir  sur le produit stocké  
le contrôle de ressources  sur les réseaux d’échange Hayden, 1995
importantes et à en priver les  sur les moyens de production
autres  du travail des autres
 
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Modèles politiques. Le rôle des « aggrandizers »,
Les modèles « politiques » reposent sur l’idée de l’action volontaire de certains
pour s’accaparer les choses.

L’apparition des inégalités pourrait alors s’expliquer par les phénomènes


suivants.
 Il faut qu’un surplus de nourriture soit possible.
 Il faut admettre la présence d’individus désireux d’accroitre leurs avantages :
les « aggrandizer ». « la recherche de la considération sociale paraît avoir
été en tout temps et en toute région une motivation importante de la vie en
société. (Testard, 2005)
Les sociétés de chasseur-cueilleurs « simples ne semblent pas accepter
les individus trop accapareurs.
Dans les sociétés de chasseur-cueilleurs « complexes » disposant de
surplus, on peut imaginer absence de réactions vives, aucun foyer n’ayant
de réels problèmes pour assurer sa subsistance.
 Il faut expliquer comment le surplus est détourné vers la production de biens
autres que la nourriture, vers des « objet de prestige » par exemple.
Obtenir cette transformation implique de convaincre d’autres de travailler à
des fins non immédiatement productives pour eux.
C’est ici que la notion de politique intervient à plein, ce sont les
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L’inégalité suivant Gerahrt Lenski

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Les types de sociétés de Gerahrt Lenski

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Évolution du degré d’ « inégalité » suivant Lenski

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Les facteurs du degré d’inégalité. Le modèle de Turner (1)
Exemple des inégalités de richesse matérielle.

Elle dépend du volume des biens produits (P), du nombre des


différents types de hiérarchies sociales (NH), du nombre d’
« échelons » (organizational units) que l’on peut y distinguer (NO) .

La formule (heuristique) est la suivante : IN = w1ep *w2e-NH*w3e-NO


l’inégalité croit de manière exponentielle avec la productivité ,
décroit, de manière exponentielle, avec le nombre de hiérarchies
et le nombre de groupements.

Pourquoi?
Les lignes hiérarchiques sont plus ou moins en compétition
entre elles. Plus elles sont nombreuses; moins les effets de
monopole pourront se produire.
Plus le nombre des échelons est grand, moins la pression du
sommet pourra se faire sentir.

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Les facteurs du degré d’inégalité. Le modèle de Turner (2)

         
Type de société P NO NG Inégalité

Chasseur-cueilleur  Très bas  Très peu  Aucune Quasi-égalité


 
Horticulteur  Bas  Un peu Quelques-  Un peu concentré
simple   unes
Horticulteur  Moyenn  Moyen Quelques-  Concentré
avancé e unes
 
 Agraire  Elevé  Nombreuse  Beaucoup  Très fortement
  concentré
 Industrielle  Très  Très  Très  Très concentré
 Paris IV\ Séminaire Sociologieélevé nombreuses
des inégalités\2014-2015\ nombreuses
O. Galland & Y. Lemel
Inégalités et domination dans les
sociétés préindustrielles

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Trois types de société préindustrielles

• Sociétés de chasseurs-cueilleurs sans Etat, étudiées par


les ethnologues
• Sociétés sans Etat avec présence de l’agriculture et/ou
de l’élevage (étudiées par les ethnologues)
• Les sociétés agraires avec Etat
– Civilisations antiques étudiées par les historiens
– Sociétés agraires précoloniales des empires et royaumes
africains
– Sociétés d’ordre du Moyen-Age étudiées par les historiens
– Les sociétés rurales contemporaines
• Un cas spécifique : la société de castes

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Les sociétés de chasseurs-cueilleurs

• Matériel empirique rare et affecté de biais


• En général, sociétés économiquement égalitaires (pas
de différenciation entre riches et pauvres)
– Mais rôle des surplus alimentaires éventuels et de la capacité de
les stocker
sédentarité et apparition de différenciations sociales
• Hiérarchie sociale organisée autour de l’âge
(systématique) et du sexe (variable)

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Les sociétés horticoles ou d’éleveurs sans Etat

• Pas de propriétaires fonciers au sens des sociétés antiques ou


de l’Occident médiéval pas de « paysans sans terre »
exploités
• Sociétés d’abord structurées par l’importance de la parenté,
les interdits du mariage, les stratégies d’alliance
• La « richesse » peut avoir deux usages :
 Une visée ostentatoire et de prestige (Malinowski)
 Payer le « prix de la fiancée » (le gendre fournit au beau-père des
biens, condition du mariage)
• Domination d’âge et de sexe : les jeunes mâles nubiles
n’accèdent à la plénitude sociale qu’avec la possibilité d’être
un géniteur légal en raison du mariage

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Les sociétés agraires avec Etat
• Les sociétés des civilisations antiques (Rome, civilisation
égyptienne, Chine impériale…) : sociétés divisées entre une
classe de grands propriétaires terriens, disposant du pouvoir
politique, et une classe d’esclaves ou de paysans misérables
exploités économiquement
• Les royaumes d’Afrique précoloniale : sociétés étatiques
(≠ chefferies) dont les principes de stratification ne reposent
pas sur le sexe, l’âge ou la parenté, mais sur une distance
irréductible, définie à l’échelle de la société globale, entre
gouvernants et gouvernés
• Les sociétés d’ordre du Moyen-Age européen : à partir du
IXème siècle : 3 ordres ou états bien distincts, et hiérarchisés
en dignité, ceux qui prient, les clercs (oratores), ceux qui font
la guerre, les barons (bellatores), ceux qui produisent la
subsistance de tous, les paysans (laboratores)
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Les sociétés agraires avec Etat
• Les sociétés rurales contemporaines : sociétés paysannes
étudiées par Henri Mendras = paysans de l’Europe occidentale
de l’an 1000 à l’an 2000 ; une société très autonome, quasi-
autarcique où le travail s’effectue au sein du groupe
domestique (≠ économie industrielle) et au sein d’un société
d’interconnaissance aux rôles peu différenciés ; société qui
coexiste avec la société globale : des notables (hobereaux,
châtelains, hommes de loi, notaires, fonctionnaires..) font le
lien entre les deux et assurent le contrôle politique et
idéologique de la société paysanne et la perception du
prélèvement en hommes (exode rural) et en argent
• À l’intérieur de ces sociétés l’inégalité se fonde sur la
possession de la terre et sur les règles de succession : système
« à maison » de la France du Midi fondamentalement
inégalitaire (aîné, garçons) ; système « à parenté » de la France
du nord, plus égalitaire (partage du patrimoine)
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Les sociétés de caste
• Groupes de la société indienne strictement délimités par des
principes hiérarchiques de division du travail et de règles
endogamiques.
• Une hiérarchie de prestige fondée sur un principe religieux :
l’opposition du pur et de l’impur (deux catégories extrêmes,
les brahmanes et les intouchables)
• L’impureté : une notion religieuse dont la source est le contact
avec la vie organique, opposition de l’homme religieux et
social à la nature

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La révolution industrielle et la montée
des inégalités

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La révolution industrielle 1. La structure sociale
• Les changements dans la structure sociale au XIXème siècle
(Yaouanq, sur la situation française)
– Avant la révolution française, une structure sociale extrêmement
inégalitaire (coefficient de Gini > de 50 à 100% à ceux actuels) :
nobles et clergé (<5% de la population) accaparent une grande partie
des revenus agricoles (entre le quart et un tiers)
– De la révolution au Second Empire : les inégalités économiques se sont
plutôt atténuées (redistribution des terres, abolition des droits féodaux)
mais la redistribution a surtout profité aux groupes intermédiaires
(petite bourgeoisie et paysans aisés)
– La deuxième moitié du siècle : l’industrialisation s’accélère, et à la fin
du Second Empire la croissance de demande de main d’œuvre en ville
contribue à la hausse des salaires et à la baisse de l’inégalité
– Recomposition de la stratification sociale : développement d’une
grande bourgeoisie (banquiers, industriels) et d’une bourgeoisie
intermédiaire, d’une nouvelle couche d’employés qui gagnent bien leur
vie ; déclin de la domesticité, croissance d’un groupe ouvrier assez
hétérogène ; les ouvriers de la grande industrie ne se développeront
qu’àSociologie
Paris IV\ Séminaire la fin dudessiècle
inégalités\2014-2015\ O. Galland & Y. Lemel
La révolution industrielle 2. Le grand U-Turn
• Le grand « U-turn » : une manière imagée de décrire
l’évolution des inégalités au cours de l’industrialisation,
d’abord croissantes, puis décroissantes, une courbe en U
inversée (Kuznets)
• Une évolution validée pour nombre de pays occidentaux
durant le XIXème siècle et jusqu’aux années 1970 (USA,
Grande-Bretagne, France..)
• La thèse de Kuznets : la théorie des deux secteurs, agricole-
rural (inégalité plus faibles) et industriel-urbain (inégalités
initialement élevées, puis déclinantes : effet de la concurrence
engendrée par l’industrialisation)
• Une thèse contestée (Piketty) : différencier les revenus du
travail et les revenus du capital ; ce sont les revenus du capital
qui ont contribué principalement à la baisse des inégalités
durant la première moitié du XXème siècle (chocs subis
durant les deux guerres mondiales)
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