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Brech John. Le IIIe Reich et le capitalisme. In: Politique étrangère, n°6 - 1937 - 2ᵉannée. pp. 503-519;
doi : https://doi.org/10.3406/polit.1937.6325
https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1937_num_2_6_6325
Historique
Marx lui-même a mieux que tout autre discerné et exposé dans son œuvre
principale les lois fondamentales de l'économie libérale, en dégageant
de la loi prépondérante la notion particulière du capital privé et
profiteur. Ce faisant, il a découvert à la fois son dynamisme et son côté
révolutionnaire, tant au point de vue politique que social. C'est cette découverte
qui donna l'impulsion essentielle aux investigations des savants
spécialisés en économie sociale, tels que Sombart, Max Weber, Schmoller, dont
les œuvres maîtresses sont consacrées à l'histoire sociale et morale du
capitalisme.
En présence de cette direction prise par l'économie allemande, la science
étrangère, en particulier celle des pays anglo-saxons continuateurs du
système classique, n'a pas pris position dans ce domaine — du moins avant
la guerre — car le capitalisme n*a pas été le centre attractif de ses
préoccupations.
La France, dont la littérature socialiste fut si abondante au cours de
la première moitié du XIXe siècle, n'a, aux dires de Charles Gide, guère
contribué par la suite à l'investigation du problème socialiste; elle s'est
plutôt consacrée à l'étude de questions d'ordre économique, soit de
l'économie sociale considérée surtout au point de vue juridique. La raison
de l'attachement si frappant des savants allemands aux problèmes de
l'essence et de l'évolution capitalistes est en connexion directe avec la
situation politique de l'Allemagne au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
L'évolution si considérable de la législation sociale allemande resterait
incompréhensible si on faisait abstraction de sa préparation scientifique due
aux savants dénommés par leurs adversaires « socialistes universitaires »
(Katheder Socialisten). D'autre part, l'Allemagne économique d'après-
guerre, fortement influencée par les idées anticapitalistes, se fonde sur
les bases de l'économie sociale et de la politique générale posées par l'Ancien
Régime. Pour établir sa législation sociale elle n'eut par conséquent qu'à
reprendre intégralement l'héritage des conceptions politiques léguées
par son prédécesseur. Seul le domaine restreint du droit ouvrier fut
l'objet de créations législatives nouvelles.
Examinons les rapports entre la politique et le capitalisme en Allemagne.
Économie dirigée
et socialisation des moyens de production
a cette méthode, par ailleurs sans intérêt pour les sphères capitalistes
redevenues conscientes de leur force.
2) On pouvait, après l'écroulement politique, décréter par voie légale
l'extension des droits de propriété de la société, c'est-à-dire de l'État,
sur les moyens de production. Cette méthode présentait, par contre,
d'innombrables difficultés, suite de la situation instable dans la structure
économique de l'Allemagne. Toute économie dirigée suppose, pour être
rationnelle, que l'État soit lui-même propriétaire d'entreprises. Un
socialisme bien compris tend nécessairement à l'absolu. De plus, la condition
sine qua non de l'organisation du système économique, par la création d'un
office central d'économie dirigée ou d'un état-major économique par
exemple, nécessitait, pour le moins, l'appui d'un État fort. Or ce caractère
indispensable lui faisait défaut. La structure politique du Reich basée sur
un régime parlementaire avait au contraire renforcé l'opposition et la
rivalité des partis entre eux, des groupes économiques et des classes. Il eût fallu
en premier lieu créer une autorité, avant d'opérer une réforme à caractère
socialiste du système économique de l'Allemagne. Cette forme de
démocratie en fut d'autant moins capable qu'elle avait proclamé le principe de
l'expression libre de la volonté, à un moment où il importait surtout
d'obtenir une unité dans les opinions au lieu de les disperser.
Les tentatives pour vaincre le capitalisme par la politique étaient
condamnées d'avance, parce que toutes les conditions nécessaires à l'éclosîon d'une
forme d'entreprise publique capable de se substituer à l'économie privée
faisaient défaut; et faisait défaut également la base politique susceptible
d'insuffler au peuple l'enthousiasme nécessaire à sa collaboration dans
l'expression nouvelle de la vie en commun.
Prééminence du Travail
Le national-socialisme et la propriété
nationale-socialiste
L'erreur marxiste
Faisons suivre cette phrase de Paul de Lagarde par une autre, empruntée
à Karl Diehl, économiste distingué et maître d'une génération antérieure :
« C'est la seule volonté consciente des hommes qui inaugure des époques
économiques nouvelles ».
Conclusion