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Table des matières

Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies,


5
tremblements, dyskinésies)

Introduction 5

Pathologie et physiopathologie des mouvements anormaux secondaires 6

Descriptions cliniques de la typologie des mouvements anormaux secondaires 6

Fonctionnement normal et modèles des ganglions de la base 6

Physiopathologie des mouvements anormaux secondaires 6

Démarche diagnostique générale devant les mouvements anormaux secondaires 10

Observation clinique : modalités d’investigation des mouvements anormaux


10
secondaires

Évaluations cliniques complémentaires des mouvements anormaux secondaires 11

Enregistrements électrophysiologiques 12

Imagerie et mouvements anormaux secondaires 13

Explorations biologiques et autres analyses 14

Étiologies des mouvements anormaux secondaires 14

Pathologies auto-immunes 14

Pathologies vasculaires et hypoxie-ischémie 15

Maladies inflammatoires du système nerveux central (sclérose en plaques


16
[SEP])

Troubles métaboliques 16

Pathologies infectieuses 16

Intoxications 17

Autres atteintes locorégionales (lésions expansives et traumatiques) 17

Médicaments 17

Prise en charge thérapeutique des mouvements anormaux secondaires 18

Traitements : aspects généraux 18

Traitements étiologiques 18

Traitements médicamenteux actifs sur les mouvements anormaux secondaires 18

Conclusion 19

Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences 22

Introduction 22

Épidémiologie 23

Diagnostic d’une crise épileptique 23


Classification 23

Distribution des crises chez le sujet âgé 23

Circonstances du diagnostic 23

Diagnostic différentiel 24

Électroencéphalogramme 25

Examens morphologiques 25

Situations cliniques et démarche étiologique 25

Problèmes conceptuels 25

Survenue d’une crise chez un sujet âgé connu pour être épileptique 26

Survenue d’une première crise chez le sujet âgé 26

Épilepsie débutante du sujet âgé, causes et facteurs de risque 27

États de mal épileptiques 28

Épilepsie et syndromes démentiels 29

Épidémiologie 29

Maladie d’Alzheimer 29

Sémiologie des crises 29

Comorbidités somatiques, cognitives et psychiatriques chez le sujet âgé 30

Comorbidités somatiques 30

Comorbidités cognitives 30

Comorbidités psychiatriques 30

Essais thérapeutiques dans l’épilepsie du sujet âgé 30

Qualité de vie dans l’épilepsie du sujet âgé 31

Prise en charge des épilepsies du sujet âgé 31

Situation « épileptologique » 31

Comorbidités 31

Données pharmacologiques 31

Polythérapie et interactions médicamenteuses 31

Observance 31

Comment faire en pratique quotidienne ? 31

Particularités de la prise en charge du sujet dément 32

Conclusion 32

Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1


35
(HTLV-1)
Introduction 35

Virologie du HTLV-1 36

Structure générale du virion 36

Organisation du génome 36

Mécanismes de l’infection virale 37

Viroépidémiologie 37

Épidémiologie clinique 38

Modes de transmission du HTLV-1 38

Prévalence et incidence de la « tropical spastic paraparesis/HTLV-1


38
associated myelopathy »

Facteurs favorisant la «tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated


39
myelopathy»

Complexe neurologique lié au HTLV-1 39

Clinique 39

Explorations complémentaires 41

Critères diagnostiques de la TSP/HAM 42

Manifestations extraneurologiques 42

Manifestations ophtalmologiques 42

Syndrome sec oculobuccal 43

Atteinte bronchoalvéolaire associée au HTLV-1 44

Dermatite infectieuse liée au HTLV-1 44

Autres atteintes systémiques liées au HTLV-1 44

Pathogénie de la «tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy » 44

Anatomopathologie des lésions neurologiques dans la «tropical spastic


paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy » 44

Réponse immune au virus HTLV-1 45

Hypothèses physiopathologiques de la « tropical spastic paraparesis/HTLV-1


45
associated myelopathy»

Prévention et traitement 47

Prévention de la transmission de l’infection par HTLV-1 47

Traitement de l’infection par HTLV-1 47

Traitements symptomatiques et surveillance du patient TSP/HAM 47

Axes de recherche 49

Conclusion 49
Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du
53
système nerveux central

Introduction 53

Examen du liquide cérébrospinal et liquide de ponction intratumoral 53

Prélèvements biopsiques 54

Examen histopathologique d’une pièce opératoire 55

Principales tumeurs du système nerveux 57

Tumeurs astrocytaires ou oligodendrogliales diffuses 57

Autres tumeurs astrocytaires et autres gliomes 61

Tumeurs épendymaires 62

Tumeurs des plexus choroïdes 62

Tumeurs neuronales et glioneuronales 63

Tumeurs embryonnaires 64

Tumeurs de la région pinéale et tumeurs germinales 68

Tumeurs méningées 68

Tumeurs des nerfs crâniens 70

Tumeurs mélaniques 70

Tumeurs de la région sellaire 70

Lymphomes et tumeurs hématologiques 71

Métastases 71

Génétique des tumeurs du système nerveux central 71

Consensus c-IMPACT, perspectives futures 71


 17-008-A-10

Mouvements anormaux secondaires


(dystonies, chorées/ballisme, myoclonies,
tremblements, dyskinésies)
D. Gayraud, B. Bonnefoi, A. Roux, F. Viallet

Résumé : Les mouvements anormaux secondaires représentent un vaste ensemble sémiologique, que
l’on peut décomposer précisément en sous-groupes, selon la typologie du mouvement anormal (tics,
dystonie, chorée/ballisme, myoclonies, athétose, etc.), afin de mieux orienter la démarche diagnostique.
Ils sont caractérisés par une grande diversité de leurs étiologies, dont la caractéristique commune est de
résulter le plus souvent de dysfonctionnements au sein des circuits moteurs des ganglions de la base. La
démarche diagnostique générale, devant un mouvement anormal secondaire, se fait en plusieurs étapes.
Une première étape clinique indispensable à l’enquête étiologique permet de recueillir des informations
pertinentes (modalités d’installation, enquête sur les traitements et les toxiques potentiels), d’analyser
la pathologie du mouvement et les anomalies neurologiques associées. Elle est ensuite confortée par
l’enregistrement vidéo du mouvement anormal dans des conditions optimales (cadrage, éclairage, son,
etc.) et avec le consentement du patient. L’imagerie morphologique est un temps important (image-
rie par résonance magnétique), complétée par un bilan biologique orienté. Les étiologies sont multiples
(hypoxie-ischémie, sclérose en plaques, infections, auto-immunité comprenant les anticorps antineu-
ronaux, troubles métaboliques, intoxications, effets indésirables de médicaments). La prise en charge
thérapeutique des mouvements anormaux secondaires, multidisciplinaire, s’appuie sur leur évaluation
et leur retentissement fonctionnel. Les traitements médicamenteux sont multiples et le niveau de preuve
étayant leur efficacité est en général faible. La toxine botulique peut être proposée pour les mouvements
anormaux focaux, et dans les cas les plus sévères la neurochirurgie fonctionnelle.
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Mouvements anormaux secondaires ; Ganglions de la base ; Dystonies ; Myoclonies ;


Tremblements ; Chorée ; Ballisme ; Stéréotypies ; Évaluation clinique et vidéo ; Auto-immunité ; Tétrabénazine

Plan Autres atteintes locorégionales (lésions expansives et


traumatiques) 13
■ Introduction 1 Médicaments 13
■ Prise en charge thérapeutique des mouvements anormaux
■ Pathologie et physiopathologie des mouvements anormaux
secondaires 2 secondaires 14
Descriptions cliniques de la typologie des mouvements Traitements : aspects généraux 14
anormaux secondaires 2 Traitements étiologiques 14
Fonctionnement normal et modèles des ganglions de la base 2 Traitements médicamenteux actifs sur les mouvements
Physiopathologie des mouvements anormaux secondaires 2 anormaux secondaires 14
■ Conclusion 15
■ Démarche diagnostique générale devant les mouvements
anormaux secondaires 6
Observation clinique : modalités d’investigation des mouvements
anormaux secondaires 6
Évaluations cliniques complémentaires des mouvements
anormaux secondaires 7
 Introduction
Enregistrements électrophysiologiques 8
Nous avions abordé lors des éditions précédentes de cette
Imagerie et mouvements anormaux secondaires 9
encyclopédie [1–3] le vaste domaine des mouvements anormaux
Explorations biologiques et autres analyses 10
secondaires (MAS). Ce champ des mouvements anormaux (MA),
■ Étiologies des mouvements anormaux secondaires 10 relativement récent, de la neurologie moderne s’est développé
Pathologies auto-immunes 10 sous l’impulsion de grands leaders de la neurologie anglo-saxonne
Pathologies vasculaires et hypoxie-ischémie 11 (David Marsden en particulier), suivis de nombreuses équipes
Maladies inflammatoires du système nerveux central internationales. En France, à la Pitié-Salpêtrière, Yves Agid a créé
(sclérose en plaques [SEP]) 12 en lien avec la Movement Disorders Society, le Club des MA
Troubles métaboliques 12 (CMA) depuis la fin des années 1980, récemment relayée par
Pathologies infectieuses 12 la Société française des MA (SOFMA). Celle-ci s’est progressive-
Intoxications 13 ment développée avec des réunions régulières (à Paris et aux

EMC - Neurologie 1
Volume 44 > n◦ 1 > janvier 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(20)42810-6
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

journées de neurologie de langue française) pour mieux discu- séparés [10] . On distingue cinq circuits (Fig. 1) [11] : un circuit
ter d’observations cliniques ayant fait l’objet d’enregistrements moteur qui inclut les aires sensitivomotrices précentrales, un cir-
vidéo, et partager nos expériences. Cette expérience enrichit cette cuit oculomoteur passant par le cortex frontal et l’aire frontale des
présentation de nombreux cas vidéo, dont certains ont été pré- yeux, deux circuits « préfrontaux » passant respectivement par le
sentés lors de réunions du CMA. Nous abordons dans cet article cortex dorsolatéral préfrontal et orbitofrontal latéral et finalement
uniquement les MA secondaires, en incluant les causes externes, un circuit limbique reliant le cortex cingulaire et orbitofrontal
environnementales et en excluant les formes génétiques (trai- médial. Tous ces circuits sont organisés de façon similaire avec une
tées à part), les pathologies dites « idiopathiques » (dystonie par projection glutamatergique entrant dans le striatum (noyaux cau-
exemple), ainsi que les causes dégénératives ou psychogènes. Nous dés, putamen et accumbens) et une sortie GABAergique au niveau
détaillons dans un premier temps les différentes présentations cli- du pallidum interne et de la substance noire réticulée (GPi/SNr)
niques des MAS, les termes de MA ou de dyskinésies restant des projetant sur le thalamus, d’où le circuit se boucle en direction
termes généraux peu informatifs. Nous replaçons ces MAS dans le du cortex. Cette organisation en boucles fonctionnelles pour-
plus vaste contexte d’anomalies de fonctionnement des ganglions rait rendre compte des différentes perturbations observées de
de la base. Peu d’études dans la littérature se sont véritablement façon isolée ou groupée (Fig. 1) [11] , de MA par l’atteinte de
intéressées à l’étude spécifique des MAS, à l’exception d’une étude la composante motrice (via le pallidum), de l’atteinte cognitive
de Netravathi et al. [4] , portant sur une centaine de patients, par l’atteinte des boucles allant vers le cortex frontal (transitant
détaillée dans cet article. La démarche étiologique représente un par le noyau caudé), et des troubles comportementaux (boucle
temps essentiel de la prise en charge des MAS. Elle repose sur la limbique).
démarche clinique, étape préalable fondamentale, complétée par
un enregistrement vidéo et parfois une analyse électrophysiolo- Striatum et ganglion de la base (voie directe
gique. La deuxième phase est centrée sur l’imagerie, en particulier et indirecte)
morphologique, qui permet dans un nombre important de cas
de définir (ou d’orienter) l’étiologie. Ensuite, les explorations L’analyse de la boucle motrice permet de comprendre de façon
biologiques, orientées par la typologie du MAS et l’imagerie, per- assez simplifiée la genèse des MA [10] , et en particulier des mou-
mettent de compléter cette démarche diagnostique. L’ensemble vements choréiques/balliques. L’équilibre pourrait être expliqué
des étiologies des MAS est détaillé, en tenant compte de don- par une balance entre les effets opposés de la voie directe et
nées nouvelles, concernant par exemple l’essor des connaissances indirecte : les voies dopaminergiques nigrostriée faciliteraient
sur les encéphalites auto-immunes. Nous terminons cet article la voie directe (récepteurs D1 ) en favorisant le déroulement de
par une actualisation des approches thérapeutiques que sont les l’acte moteur souhaité, en inhibant de façon concomitante la
traitements médicamenteux (dont la tétrabénazine), la toxine voie indirecte (récepteurs D2 ) éliminant les programmes moteurs
botulinique et les approches neurochirurgicales. parasites, afin de mieux focaliser l’activité motrice (Fig. 2) [12] .
Une synchronisation adéquate des deux boucles permet la sélec-
tivité du mouvement en activant certains muscles (voie directe),
 Pathologie et physiopathologie dans l’objectif d’un acte moteur déterminé, alors que les voies
indirectes inhibent les mouvements indésirables, parasites. Les
des mouvements anormaux MA balliques dans ce modèle simplifié seraient expliqués par la
lésion du noyau sous-thalamique et la disparition de l’inhibition
secondaires de la voie indirecte, qui normalement doit éliminer les mouve-
ments parasites, et donc conduire à l’éclosion de MA incontrôlés.
Descriptions cliniques de la typologie Dans la chorée, les MA pourraient être expliqués par une rela-
des mouvements anormaux secondaires tive sélectivité de l’atteinte striatale, avec une atteinte ciblée de
la voie indirecte, expliquant la libération de MA choréiques avec
Nous allons dans cette partie détailler les différents types de MA un mécanisme proche de l’hémiballisme par une atteinte directe
pour permettre une meilleure définition clinique. Il faut d’emblée du striatum. L’explication de la dystonie par ce modèle est plus
souligner que les MAS sont rarement « purs », avec souvent une obscure. Dans la dystonie, il semble y avoir une hyperactivité
association de différents types de MA, mais avec le plus souvent des neurones issus du striatum, tant vers la voie directe que vers
un phénotype plus fréquemment observé pour chaque étiologie. la voie indirecte. Ce modèle est bien évidemment extrêmement
Le Tableau 1 [5–7] présente les principales caractéristiques de ces simplifié et a déjà largement démontré ses limites ; les modèles ani-
MA importants à connaître. maux ainsi que les interventions neurochirurgicales ont permis de
mettre en évidence des lacunes manifestes.
Fonctionnement normal et modèles
des ganglions de la base Physiopathologie des mouvements anormaux
secondaires
Nous rappelons quelques éléments, dans ce chapitre, qui nous
permettent de mieux appréhender le fonctionnement des gan- Pour mieux comprendre la physiopathologie des MAS, on peut
glions de la base et leurs implications dans les MA secondaires. se reposer sur plusieurs types de corrélations. La première consiste
Nous évoquons l’existence de syndromes topographiques dans le en une étude de cohorte de patients présentant cette probléma-
cadre de la pathologie du mouvement que nous avions déjà rap- tique spécifique, comme celle de Netravathia dans une population
portée dans notre article précédent. Le développement très rapide indienne, donnant quelques repères intéressants [4] . Est abordée
de l’imagerie cérébrale en une vingtaine d’années [5] , en particu- ensuite la relation (inconstante) entre la topographie des lésions
lier de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) [8] , a permis une et leur lien avec la typologie des MAS. Dans la dernière partie, nous
meilleure corrélation entre la typologie des MA et les localisations allons voir quelles étiologies sont à envisager préférentiellement
lésionnelles, permettant de mieux connaître la physiopathologie en fonction du type de MAS.
des MA. À partir de ces associations, et en s’adossant au travail de
modélisation du système des ganglions de la base mis en place à Étude générale sur les mouvements anormaux
la fin des années 1980 [9] , il est devenu possible de préciser cer- secondaires
tains aspects physiopathologiques et de souligner les points de
L’étude de Netravathia [4] portait sur 103 patients hospitalisés
résistance à la modélisation.
(âge moyen de 28 ans, prédominance féminine) sur une période de
quatre ans, avec des MA en rapport avec une cause identifiable.
Boucles fonctionnelles (DeLong, Alexander) Les MA étaient : dystonie, tremblements, myoclonies, dystonie
Selon une approche extrêmement simplifiée de l’organisation plus, tremblement et dystonie, hémiballisme, chorée, mixte. Les
des ganglions de la base, ces derniers sont organisés dans des patients bénéficiaient d’un bilan biologique et d’une IRM céré-
circuits parallèles restant structurellement et fonctionnellement brale. L’étiologie était majoritairement vasculaire (22 %), puis

2 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

Tableau 1.
Typologie des principaux mouvements anormaux (MA) secondaires.
Vidéo Caractéristiques principales Facteurs modulateurs/étiologiques
[5]
Dystonie Cf. video2 MA lents, contraction musculaire tonique, touchant Persiste pendant le sommeil et peut être
les agonistes et antagonistes (cocontraction), répétitifs, modulée par différents facteurs, en
avec posture anormale. Parfois tremblements associés. particulier l’utilisation de stimulus
Diffusion du MA au-delà des territoires concernés. sensoriel (geste antagoniste)
Parfois atteinte sélective de certains programmes Dystonie fixée, dans certaines étiologies
moteurs (dystonie de fonction) (traumatique)
Chorée Cf. video7 MA rapides, involontaires, brusques, anarchiques et Ils ne peuvent être contrôlés sous
(« danse » en Grec) d’amplitude variable, touchant la musculature distale l’influence de la volonté
et proximale. Ils vont prolonger ou parasiter le Impersistance motrice : impossibilité de
mouvement volontaire, être incorporés au programme maintenir une action constante
moteur. Aspects : grimaces, mouvements de (protrusion linguale)
flexion/extension des doigts, de pronation/supination,
projection des bras, de haussement des épaules.
Marche sautillante voire dansante. Hypotonie :
amplitude augmentée
Ballisme Cf. video1 Forme « extrême », plus violente de MA choréiques. Déclenché par une action et augmenté
Originaire du grec (jeter) MA brusque, explosif, imprévisible et très ample par le stress. Le ballisme peut évoluer
(hypotonie). Caractère répétitif de flexion/extension vers la chorée et inversement
ou de torsion. Prédomine à la racine des membres, (dyskinésies de la L-Dopa). Atteinte du
geste imitant le « lancer ». Hémicorporelle noyau sous-thalamique
(hémiballisme) dans l’étiologie vasculaire (la plus
fréquente) ou généralisée (métabolique)
Athétose Mouvements lents reptatoires, continus, irréguliers à Activés par une activité motrice à
Signifiant « impossibilité prédominance distale (mouvements de tentacules de distance, ou des stimuli sensoriels,
de maintenir une position poulpe). Parfois posture anormale comme dans la disparaissant durant le sommeil. Ils sont
stable » dystonie. Association de deux types de MA : amplifiés par la concentration, les
chorée + athétose. Les MA athétosiques peuvent être émotions. Dysfonctionnement des
entrecoupés de renforcements brutaux de l’activité ganglions de la base ou des voies
musculaire, sous la forme de spasmes proprioceptives
Tremblements Cf. video4 MA rythmiques touchant les membres supérieurs, le Isolés ou associés à d’autres types de MA,
Caractère rythmique, Cf. chef, oromandibulaire, les membres inférieurs. dystoniques ou myocloniques.
représentant un video10 Fréquences : lentes 2–3 hertz (cérébelleux, Tremblements de type essentiel plutôt
phénomène oscillatoire mésencéphalique), intermédiaires 7–12 hertz posture/action versus tremblement
avec des bouffées régulières (parkinsonien, essentiel), très rapides 16 hertz parkinsonien au repos. Situation dans
Classification (orthostatique primaire). Trois composantes laquelle le tremblement survient :
internationale récente [6] principales : repos, attitude et action. Certains tremblement orthostatique,
tremblements peuvent avoir les trois composantes tremblement de fonction
associées (tremblement de Holmes)
Myoclonies Cf. video11 MA les plus brefs, 50 à 200 ms, souvent irréguliers, Générateur cortical (épilepsie
anarchiques. Proches des tremblements, surtout myoclonique, tremblement cortical) ou
lorsqu’il s’agit de myoclonies rythmiques, comme les sous-cortical, comme dans les étiologies
myoclonies vélopalatines ou mentonnières métaboliques. Parfois dans le tronc
cérébral ou la moelle épinière
Tics MA rapides, musculature vocale (tics vocaux) ou Contrôlés par la volonté, pendant
d’autres groupes moteurs (face, membres), simples plusieurs minutes, avec une
(grognements, clignement des yeux) ou complexes. recrudescence à l’arrêt de ce contrôle.
Parfois associés à des troubles comportementaux Parfois précédés de phénomènes
(troubles attentionnels, troubles obsessionnels sensoriels prémonitoires (tics sensoriels)
compulsifs). Pathologies dysimmunes postinfectieuses
(PANDAS, anticorps antiganglions de la base)
Stéréotypies [7] Cf. video3 Mouvements normaux par leur contenu, mais Enfant (développement normal),
pathologiques par leur répétition incessante, sans que pathologies psychiatriques (autisme,
le sujet puisse les inhiber de façon durable. Troubles Rett), atteintes neurologiques frontales
comportementaux : vide mental, activités motrices (DLFT) ou sous-corticales/atteinte
stéréotypés (graphomanie) et mentales (arithmomanie) bilatérale des boucles limbiques
MA paroxystiques Les MA paroxystiques kinésigéniques sont caractérisés Ils peuvent être liés à de nombreuses
par des accès brefs, plusieurs fois par jour, déclenchés étiologies. Enfance ou l’adolescence
par un mouvement. Les accès sont souvent d’étiologie génétique. Dans les formes
unilatéraux, soit dystoniques, soit secondaires de ces MA paroxystiques, la
choréiques/athétosiques, très brefs quelques secondes, plus fréquente est représentée par la
en général sensibles aux anti-épileptiques. Les MA sclérose en plaques (cf. étiologie)
paroxystiques non kinésigéniques sont moins
fréquents et de durée plus prolongée
MA complexes Cf. video8 Plusieurs composantes associées entre elles, chorée et Fonction de l’étiologie : encéphalites
ballisme, dystonie et tremblements (mécanisme auto-immunes à anticorps NMDA,
commun), dystonie et myoclonies, etc. Association mélange de MA rythmiques, choréiques
plus complexe (syndrome de Benedikt [cf. video8]) et de stéréotypies

PANDAS : paediatric autoimmune disorders associated with Streptococcus infections ; DLFT : dégénérescence lobaire frontotemporale ; NMDA : N-méthyl-D-aspartate.

EMC - Neurologie 3
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

infectieuse (20 %). La typologie du MA était le plus souvent dysto- Principaux syndromes topographiques
nique (30 %) ou dystonique plus (13 %). Le temps de latence (TL),
Si l’on s’intéresse maintenant aux corrélations classiques entre
facteur remarquable, était disponible chez trois quarts des patients
les MAS et la topographie lésionnelle, on peut décrire des typolo-
allant de 1 semaine à 8 ans et variable en fonction : de la typologie
gies caractéristiques d’une atteinte anatomique.
(court : hémiballisme 3 semaines, long : dystonie 43 semaines),
de l’étiologie (court : métaboliques 1,5 semaine ; long : vasculaires Syndrome dyskinétique du noyau sous-thalamique
47 semaines), l’anoxie 55 semaines. Les ganglions de la base sont Il est classique de décrire des MA controlatéraux choréiques
très sensibles à l’hypoxie (Hawker, 1990). Le phénomène de plas- et/ou balliques après une lésion du noyau sous-thalamique ou de
ticité dendritique et les changements d’activité synaptique après ses connexions.
une lésion cérébrale pourraient favoriser l’émergence de réseaux Ce syndrome clinique est évocateur de cette topographie lésion-
neuronaux pathologiques facilitant le développement de MAS dif- nelle. Des travaux chez l’animal (Carpenter, 1955) ont permis
férés. Concernant les caractéristiques de l’imagerie (IRM) : l’IRM de démontrer qu’une perte de plus de 20 % des neurones du
n’était normale que chez 16 patients, pathologique dans la majo- noyau sous-thalamique reproduisait une sémiologie proche de
rité des cas de MAS (87 patients, 84,5 %). Le thalamus était le celle observée chez l’homme. Les dyskinésies liées à la L-Dopa
site le plus représenté dans 20 % des cas suivi par le complexe reproduisent la même symptomatologie que la lésion du noyau
striatopallidal 18 % (putamen 16 %, pallidum 10 %, caudé 2 %). sous-thalamique. La stimulation du noyau sous-thalamique chez
Les MAS dans les lésions thalamiques étaient le plus souvent un le singe normal a permis de reproduire cette symptomatolo-
tremblement (40 %) ou une dystonie pure ou plus (50 %), alors gie [13, 14] avec en fonction de l’intensité des MA choréiques
que dans les lésions striatopallidales la dystonie était majoritaire puis balliques. Le noyau sous-thalamique peut s’accompagner,
(66 %). Cette étude avait plusieurs limitations avec des données outre des signes moteurs, de troubles comportementaux, par
manquantes concernant les détails des causes en relation avec les exemple comme une dépression induite par certains plots du
MAS (données rétrospectives). C’est toutefois la plus large étude noyau sous-thalamique, ou un état maniaque ou un rire irrépres-
sur cette thématique. sible, traduisant une participation comportementale.

Limbique Associatif Sensorimoteur Figure 1. D’après [11] . AC : commissure antérieure ; ACA :


aire cingulaire antérieure ; APA : aire arquée prémotrice ; Ass :
Cingulaire Dorsolatéral Latéral territoire associatif ; CD : noyau caudé (b) corps (h) tête ;
antérieur Préfrontal Orbitofrontal Moteur Oculomoteur DLC : cortex frontal dorsolatéral ; EC : cortex entorhinal ; FEF :
champ oculomoteur frontal ; HC : cortex hippocampique ; ITG :
gyrus temporal inférieur ; Lim : territoire limbique ; LOF cor-
HC,EC, PPC, STG, APA, DLC,
Cortex ACA STG,IT DLC AP LOF ITG, AC SMA MC, S FEF PP
tex orbitofrontal latéral ; MC : cortex moteur ; MD : thalamus
médiodorsal ; PPC : cortex postérieur pariétal ; PUT : putamen ;
SC : cortex sensorimoteur ; SM : territoire sensorimoteur ; SMA :
aire supplémentaire motrice ; STG : gyrus temporal supérieur ;
VA : thalamus ventral antérieur ; VL : thalamus ventral laté-
Alexander, DeLong et Strick (1986)

CD ral ; VP : pallidum ventral ; VS : striatum ventral ; GPi : globus


Striatum VS dl-CD Cm-CD PUT
(b) (b) (b) pallidus interne ; GPe : globus pallidus externe ; STN : noyau
sous-thalamique ; SNr : substance noire réticulée ; SNc : sub-
stance noire pars compacta ; l : caudolatéral ; cdm : caudal
dorsomédial ; dl : dorsolatéral ; l : latéral ; ldm : latéral dorso-
médial ; m : médial ; mc : magnocellulaire ; mdm : dorsomédial
Pallidum
médial ; o : oralis ; pc : parvocellulaire ; pl : paralamellaire ; pm :
Locus niger
postéromédial ; rd : rostrodorsal ; rl : rostrolatéral ; rm : ros-
tromédial ; vm : ventromédial ; vl : ventrolatéral ; AD/HD :
attention-deficit/hyperactivity disorder ; OCD : obsessive compul-
sive disorder.
Thalamus A. Modèles des boucles fonctionnelles (parallèles). Illustration
du modèle d’Alexander 1986 avec trois types de circuits indivi-
dualisés : sensorimoteur (sélection/exécution des mouvements
en jaune), associatif (sélection des actions en vert) et limbique
Motivation Cognitif Moteur (aspects motivationnels en bleu). Spectre clinique correspon-
dant aux signes non moteurs dans le syndrome de Gilles de la
Tourette (SGT) et la maladie de Parkinson en dessous.

Troubles cognitifs comportementaux Mouvements anormaux


- OCD, AD/HD - Chorée
- Anxiété, phobies, attaque de panique - Dyskinésies
- Dépression, anorexie - Dystonie
- Abus de drogues, impulsivité, jeux - Hémiballisme
- Schizophrénie, etc. - Myoclonies

Tics/Gilles de la Tourette
- Tics complexes, AD/HD, OCD - Tics moteurs
Maladie de Parkinson

- Troubles cognitifs - Akinésie


- Dépression, apathie, anxiété - Rigidité, tremblement
- Dysrégulation dopaminergique, punding - Dyskinésies (L-Dopa)
- Troubles du contrôle des impulsions (TCI)
A

4 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

Intention Mouvement Figure 1. (suite) D’après [11] . AC : commissure antérieure ;


(exécution) ACA : aire cingulaire antérieure ; APA : aire arquée prémotrice ;
Action Ass : territoire associatif ; CD : noyau caudé (b) corps (h) tête ;
DLC : cortex frontal dorsolatéral ; EC : cortex entorhinal ; FEF :
champ oculomoteur frontal ; HC : cortex hippocampique ; ITG :
gyrus temporal inférieur ; Lim : territoire limbique ; LOF cor-
tex orbitofrontal latéral ; MC : cortex moteur ; MD : thalamus
Motivation médiodorsal ; PPC : cortex postérieur pariétal ; PUT : putamen ;
(but) SC : cortex sensorimoteur ; SM : territoire sensorimoteur ; SMA :
aire supplémentaire motrice ; STG : gyrus temporal supérieur ;
VA : thalamus ventral antérieur ; VL : thalamus ventral laté-
ral ; VP : pallidum ventral ; VS : striatum ventral ; GPi : globus
pallidus interne ; GPe : globus pallidus externe ; STN : noyau
sous-thalamique ; SNr : substance noire réticulée ; SNc : sub-
stance noire pars compacta ; l : caudolatéral ; cdm : caudal
Striatum dorsomédial ; dl : dorsolatéral ; l : latéral ; ldm : latéral dorso-
? médial ; m : médial ; mc : magnocellulaire ; mdm : dorsomédial
Amygdale médial ; o : oralis ; pc : parvocellulaire ; pl : paralamellaire ; pm :
CD
postéromédial ; rd : rostrodorsal ; rl : rostrolatéral ; rm : ros-
tromédial ; vm : ventromédial ; vl : ventrolatéral ; AD/HD :
PUT
attention-deficit/hyperactivity disorder ; OCD : obsessive compul-
VS sive disorder.
Thalamus
B. Anatomie des comportements dirigés vers un but. Illus-
GPe tration de la partie motivationnelle des circuits avec la voie
indirecte en rouge et directe en noir.
GPi

e
in
m
pa
Do
STN
SNc

SNr

Noyau
Striatum Striatum caudé
antérieur
Ass
Ass Putamen

Ass SM
Ass Ass GPe SM SM
Ass/Lim
GPe
Lim Lim GPi

AC +4 AC AC -2 AC -4

Comportement Mouvement
B
(limbique et associatif) (sensorimoteur)

Dystonies et lésions du putamen induits. Les lésions pallidales bilatérales sont observées, soit dans
Dans une étude rapportée [8] dans notre précédent article, une les lésions vasculaires, soit dans les anoxies (intoxication CO,
majorité des patients ayant une lésion isolée du putamen déve- encéphalopathies). Chez un même patient, la sémiologie peut
loppait secondairement une dystonie controlatérale. Dans les associer une libération de conduites motrices stéréotypées (MA
pathologies vasculaires, les lésions limitées au putamen ou au répétitifs), d’activités d’écriture compulsive, d’arithmomanie, et
pallidum ne développent le plus souvent aucun MA précoce ou en même temps un vide mental et une perte d’autoactivation
tardif [15] . Cependant, il existe une corrélation entre les lésions psychique (réduction de l’activité spontanée mais préservation
putaminales et la survenue d’hémidystonie ou de dystonies pré- des comportements déterminés par l’incitation lors de stimuli
dominant au membre supérieur controlatéral [5] . externes).
Ces dystonies sont plutôt fixées, s’associant à une hypertonie Ces manifestations ne sont pas spécifiques de cette localisation,
marquée, rarement mobiles. Une lésion isolée du noyau caudé mais pourraient s’observer dans d’autres localisations lésionnelles
peut être responsable plus rarement de MAS. sur les boucles limbiques (DeLong et Alexander). Il faut également
insister sur la différenciation de cette structure pallidale en deux
Mouvements anormaux stéréotypés et lésions pallidales parties, externe et interne, avec une participation à des réseaux
Le pallidum interne, cible potentielle dans le traitement des indépendants au sein des ganglions de la base. Les activités sté-
MA et de la maladie de Parkinson, a fait l’objet de controverse à réotypées, compulsives, seraient davantage reliées à des lésions de
la suite du développement des pallidotomies au début des années la partie externe (primates [16] ).
1990 dans la maladie de Parkinson [5] . L’effet positif de celle-ci
dans le traitement des dyskinésies dopa-induites était en contra- Syndromes du tronc cérébral
diction avec son rôle classique dans les modèles anatomiques Les MA par lésions du tronc cérébral sont fréquents, dans diffé-
simplifiés des ganglions de la base. Une levée de cette inhibition rentes localisations au sein même de cette structure. Des lésions de
aurait dû logiquement majorer (et non diminuer) les MA dopa- la partie haute du tronc cérébral (mésencéphale) peuvent induire

EMC - Neurologie 5
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

à l’évitement de la main de l’examinateur (apraxie répulsive),


modèle inverse du grasping d’origine frontale, a été observée dans
Striatum les lésions corticales pariétales. Enfin, un comportement de lévi-
tation, avec ascension du membre supérieur, peut être associé aux
manifestations précédentes.

GPi Mouvements anormaux secondaires aux lésions spinales


Les lésions spinales sont rarement à l’origine de myoclonies
focales, rythmiques, continues (« myoclonies spinales ») ou de
NST myoclonies de propagation lente ascendante et descendante à
Thalamus partir d’un métamère d’origine, dites « propriospinales » [20] . Ces
dernières ont fait l’objet de critiques ces dernières années quant à
leur organicité, et pourraient en fait être reliées aux MA d’origine
psychogène [21] .
Inhibition des activités motrices parasites
Mouvements anormaux secondaires à des lésions
périphériques
Plus rarement encore, les MAS peuvent avoir une origine
Schéma moteur souhaité dans le système nerveux périphérique, comme le démontrent
les tremblements, parfois très invalidants, observés dans les neu-
Figure 2. Modélisation simplifiée du fonctionnement des ganglions ropathies dysimmunitaires (anticorps antigangliosides, anticorps
de la base. Ce schéma illustre l’opposition entre la sélection du ou des antineurofascine-155 de type immunoglobulines G4 [IgG4 ], anti-
schémas souhaités et l’inhibition concomitante des schémas parasites. Le corps anti-myelin-associated glycoprotein [MAG]) ou héréditaires,
noyau sous-thalamique (NST) a une action double, renforçant l’influence avec des tremblements de type essentiel de grande amplitude par-
inhibitrice du globus pallidus internus (GPi) sur le mouvement volontaire fois. Le mécanisme de ces causes dites « périphériques » fait très
(bradykinésie) et sur les mouvements involontaires (d’après [12] ). probablement appel à un mécanisme central associé, attesté par
l’efficacité dans certaines observations de la stimulation cérébrale
profonde du Vim dans cette pathologie [22] .
une forme particulière appelée tremblement de Holmes [17] . Les
lésions à l’origine de ce type de tremblement touchent en géné-
ral la région du noyau rouge, expliquant la composante d’action Principaux mouvements anormaux secondaires
(et de posture) de type cérébelleux, du fait de l’atteinte de la voie et corrélation anatomique
efférente du cervelet. Les MAS sont rarement liés à une lésion unique, mais leur phy-
Elle peut englober la substance noire, avec une composante de siopathologie peut être corrélée à des localisations anatomiques
repos, évoquant un tremblement parkinsonien, avec une déner- en fonction de la typologie du MA. Nous avons vu précédemment,
vation dopaminergique au DaTSCAN® . Une autre localisation dans l’étude indienne, que la typologie du MA pouvait parfois être
typique de la partie basse du tronc cérébral est représentée par corrélée à une localisation préférentielle. Dans les lésions thala-
les lésions du triangle olivo-dentato-rubral (triangle de Mollaret) miques, les MAS étaient le plus souvent un tremblement ou une
avec des MA intéressant la musculature axiale, de basse fré- dystonie pure ou plus, alors que dans les lésions striatopallidales
quence (2–3 hertz), dont le tremblement du voile du palais est un la dystonie était majoritaire suivie par un syndrome parkinsonien.
exemple. Les musculatures faciale et cervicale, et de la racine des Le Tableau 2 [14, 23–27] rappelle les principales caractéristiques de la
membres supérieurs peuvent être intéressées. Des dystonies crâ- corrélation typologie du MAS et localisation lésionnelle.
niennes (blépharospasme) ont également été décrites, après des
lésions de la partie haute du tronc cérébral [18] . À la partie basse du
tronc cérébral, des myoclonies réticulaires ou des phénomènes de
sursauts pathologiques (hyperekplexie) secondaires ont été plus
 Démarche diagnostique générale
rarement décrits. devant les mouvements anormaux
Mouvements anormaux thalamiques secondaires
Les lésions du groupe nucléaire ventro-postéro-latéral peuvent
être à l’origine de MA relativement variés : dystonie associée La démarche diagnostique dans le cadre des MAS demande,
à une composante myoclonique à prédominance distale et au comme dans toute pathologie neurologique, une analyse clinique
membre supérieur controlatéral, un tremblement apparenté au rigoureuse et exhaustive dont la première étape clinique est un
tremblement de Holmes et des myoclonies négatives (astérixis) préalable indispensable pour orienter la démarche étiologique et
unilatérales [19] . hiérarchiser les différentes hypothèses.
Les noyaux relais concernés sont : le noyau ventro-postéro-
latéral, le noyau ventral latéral (segment postérieur [VLp], Observation clinique : modalités
ventro-oralis intermedius [Vim]) ou antérieur (VLa), qui reçoivent
des projections lemniscales, cérébelleuses et pallidales. Les MA d’investigation des mouvements anormaux
et en particulier les tremblements peuvent obéir à une somato- secondaires
topie au sein de chaque noyau de projection (sous-thalamique,
thalamique, etc.). Nous avons pu observer, lors d’une lésion vas- La première étape dans les MAS est une étape clinique, et il faut
culaire punctiforme thalamique, un tremblement limité au pouce en premier lieu reconstituer l’anamnèse du MA. En effet, nous
controlatéral, épargnant les autres doigts. avons vu que la lésion responsable, en fonction de sa nature, pou-
vait précéder l’installation du MA de plusieurs mois à quelques
Mouvements anormaux secondaires aux lésions corticales années ; la sémiologie pouvant même, comme dans le cadre d’une
Les mouvements observés après lésions corticales ou spinales souffrance anoxique, s’aggraver à distance de l’événement initial.
sont plus rares. Les myoclonies rythmiques, prenant l’apparence L’interrogatoire doit donc rechercher un épisode aigu trauma-
d’un « tremblement cortical », peuvent s’observer rarement lors tique, anoxique ou vasculaire dans le passé récent ou plus ancien.
d’une pathologie corticale. De même, des myoclonies, liées à des L’enquête dans ce contexte de MA doit être particulièrement
troubles métaboliques ou toxiques, peuvent être responsables de méthodique sur la recherche de prises de médicaments récentes
myoclonies corticales réflexes. Des MA sont décrits, en relation (dystonie aiguë) ou prolongées (neuroleptiques vrais ou cachés :
avec un défaut de contrôle cortical au niveau pariétal, comme métoclopramide, flunarizine, etc.) et de même pour l’ingestion
le signe de la main étrangère, animée de mouvements incon- (ou l’inhalation) de potentiels toxiques (colles), ou de prises de
trôlés, où le sujet ne reconnaît pas sa volonté. Une tendance drogues (héroïne, cocaïne). Dans les cas d’intoxication collective,

6 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

Tableau 2.
Syndromes cliniques topographiques.
Typologie Vidéo Syndrome du Syndrome Syndrome Syndrome Syndrome du tronc Syndromes
Bibliographie noyau sous- putaminal pallidal thalamique cérébral corticaux
thalamique
Dystonie Cf. video2 Associée et au Dystonie fixée, Dystonie à la Dystonie Dystonie cervicale Absente
secondaire [23, 24] Cf. video8 second distale phase aiguë, myoclonique (lésions de la fosse
plan/mouvements mais rare à la Distale postérieure)
choréiques/dystoniques phase constituée Blépharospasme
(lésions du tronc
cérébral)
Chorée et Cf. video1 Mouvements Possible Possible Exceptionnels Absent Absents
ballisme secon- Cf. video7 cho-
daires [14, 25, 26] réiques/balliques ++
Type de la
video3 (exemple
dyskinésies
L-Dopa [cf.
video15])
Tremblement Cf. video4 Absent Rare, postural Possible, de Possible en Fréquent Rares
secondaire [27] repos ou postural association avec Tremblement de A été rapporté lors
d’autres MA Holmes (cf. video4 : de lésions frontales
Apparenté au de repos et de (haute fréquence)
tremblement de posture), lent,
Holmes syndrome du noyau
rouge (cf. video8),
lésions
mésencéphaliques
Tremblement (ou
myoclonies)
vélopalatin (triangle
de Mollaret)
Stéréotypies Cf. video3 Absent Rares Possibles, Absents Absents Atteinte pariétale :
Comportements Cf. video6 associés à des - myoclonies
moteurs troubles négatives
stéréotypés obsessionnels, - main capricieuse
graphomanie, - apraxie répulsive
etc. - main lévitante
Perte de
l’autoactivation
psychique
Myoclonies Cf. video8 Absentes Absentes Absentes Possibles, Possibles Possibles
secondaires Cf. associées à des Myoclonies Myoclonies
Myoclonies video11 postures réticulaires corticales
corticales dystoniques Sursaut Myoclonies
Réflexes (lésions pathologique rythmiques
néoplasiques (appelées
secondaires) improprement
tremblement
cortical)

un chauffage défectueux (intoxication au CO) peut être recherché d’installation des MA avec le caractère progressif ou à l’inverse
(avec un dosage biologique). L’âge de survenue va influencer à la le début brutal (vasculaires, psychogènes) sont à déterminer,
fois l’étiologie sous-jacente (antécédent de souffrance néonatale, ainsi que leurs fluctuations dans le temps et/ou l’espace (tics par
pathologie métabolique héréditaire), mais également la typolo- exemple).
gie du MA. Les antécédents familiaux orientent vers une cause
génétique et doivent faire l’objet également d’une recherche de
maladie neurologique ou psychiatrique dans la fratrie et chez les Évaluations cliniques complémentaires
parents. Le contexte dans lequel va s’installer le MA est important des mouvements anormaux secondaires
pour définir le cadre diagnostique : quand il existe un contexte
infectieux, vasculaire, traumatique ou neurologique (épilepsie, Enregistrement vidéo
troubles mnésiques d’une encéphalite limbique), en cas de trai-
L’analyse vidéo est une pratique qui devrait être systématique
tement par L-Dopa en cours dans le cadre d’une maladie de
dans toute pathologie du mouvement, soit par le praticien lorsque
Parkinson.
le MA est permanent, soit par l’entourage lorsqu’il est épisodique
Le MA va alors être facilement mis en lien avec la patholo-
ou paroxystique. Ces enregistrements doivent obéir à des règles
gie en cours, parfois a posteriori s’il s’est installé secondairement
générales simples.
à l’épisode initial. À l’inverse, le MA peut être inaugural, et va
révéler la pathologie sous-jacente (chorée d’une pathologie auto-
immune, hémiballisme d’une hyperglycémie sans cétose). Échelles d’évaluation clinique
L’observation clinique de la typologie du ou des MA est L’évaluation clinique d’un MA permet en premier lieu
une étape primordiale comportant l’analyse de la répartition d’identifier le ou les différentes composantes du MAS. En effet,
topographique (focale, segmentaire, multifocale, hémicorporelle, la caractérisation de la topographie et de la typologie des MA
généralisée), des facteurs déclenchants et/ou activateurs (repos, définit au mieux la démarche diagnostique. Elle permet, sur une
posture maintenue, mouvement, tâche spécifique). Les modalités évaluation instantanée et limitée dans le temps, de décrire le

EMC - Neurologie 7
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

A B C D
Figure 3. Hypersignal en séquence pondérée T1. Augmentation du signal dans la substance noire (A à D), le noyau dentelé (A), et le noyau lenticulaire (B
à D). Toxicomanie à l’éphédrone.

document vidéo permettant une meilleure analyse du MA (topo-

“ À retenir graphie, activation). Les échelles de cotation comportent un score


de sévérité, soit qualitatif ordonné (de 0, absent, à 4, maximum),
soit semi-quantitatif, évaluant par exemple l’amplitude du MA. La
pondération du score de sévérité se fait par un facteur de déclen-
Enregistrement vidéo
chement (repos, posture, action, etc.) ou par une évaluation du
Les enregistrements vidéo doivent obéir à des règles taux de présence du MA au cours du temps. Le retentissement
générales simples qui garantissent la qualité des enregis- fonctionnel du MA sur les actes de la vie quotidienne peut être
trements, mais aussi leur confidentialité. Participant depuis intégré à une échelle indépendante évaluant le handicap. Dans la
de nombreuses années aux réunions du Club des mouve- dystonie généralisée, l’échelle émanant d’un groupe d’experts se
ments anormaux (CMA), nous avons mis en place, lors heurte à la complexité de sa mise en œuvre [28] . Il existe un grand
de cette pratique médicale, rentrant dans le cadre du nombre d’échelles spécifiques d’un MA, comme dans les dystonies
dossier patient (et donc du secret médical), un consen- focales [29, 30] . Des échelles consensuelles concernant les tremble-
tement éclairé type (accessible en téléchargement sur le ments [31] , les myoclonies, les tics, les mouvements choréiques
site de la Société française des mouvements anormaux font défaut, tandis que certaines échelles s’intéressent davantage à
un groupe étiologique de MA (échelles de dyskinésies tardives [32] ).
[SOFMA] : www.sofma.net), avec des informations quant
à l’utilisation de ces vidéos, une double signature du pra-
ticien réalisant celle-ci, et du patient. Les conditions de Enregistrements électrophysiologiques
réalisation de la vidéo sont importantes : pièce isolée, éclai-
Diagnostic topographique : polygraphie
rage suffisant, pas de contre-jour, pas de bruit, un pied
de surface
de caméra disponible ; un microphone n’est pas indis-
pensable en général. Le matériel doit être disponible sur L’évaluation neurophysiologique dans le contexte des MA
place, la batterie du caméscope chargée. Un espace type peut être utile à plusieurs niveaux, même si souvent elle
couloir est nécessaire pour tester la marche et la posture. n’est pas indispensable au diagnostic clinique. L’analyse électro-
myographique (EMG) de surface, au minimum sur un couple
La prise de vidéo doit être préparée avec soin : d’abord
agoniste/antagoniste, peut donner parfois des informations pré-
vidéo générale du patient en plan large, pour visuali- cieuses. Au mieux, l’étude se fait sur plusieurs groupes musculaires
ser le patient en position assise raconter l’histoire de sa proximaux et distaux, et à plusieurs niveaux (examen poly-
problématique (mouvements anormaux [MA] au repos, graphique). Elle peut de façon rapide affirmer le diagnostic de
qualité de la voix). Dans un deuxième temps, des plans tremblements orthostatiques, en enregistrant le MA en posi-
plus resserrés peuvent être réalisés sur des zones d’intérêt. tion debout, sur un muscle antigravitaire (tibial antérieur par
Dans le contexte de MA, les différents types d’activités exemple), et déterminer sa nature primaire (haute fréquence
motrices sont visualisés : repos, posture (bretteur), action 16 Hz, spécifique) ou secondaire (fréquence plus basse, 13 Hz :
comme le doigt-nez, écriture et/ou spirale, activation par lésion du tronc cérébral, hydrocéphalie, syndrome parkinsonien).
le calcul, par le mouvement, test des deux verres, etc. Elle analyse au mieux un MA rapide, différencie un mouvement
choréique bref d’une myoclonie. Elle précise les caractéris-
Le patient est ensuite mobilisé (levée de la chaise) avec
tiques d’un tremblement, sa variabilité, la régularité, l’existence
analyse de la marche (demi-tour) et de la posture. Ces acti- d’une composante tonique (tremblement dystonique). L’apport
vations peuvent être complétées en fonction du contexte de l’électrophysiologie couplée à l’analyse vidéoclinique est déter-
par d’autres épreuves : distraction, réalisation de mouve- minant dans le diagnostic des MA psychogènes (variabilité,
ments complexes d’une main (MA psychogènes), tapping distractibilité, entraînement). L’analyse EMG des dystonies met en
en rythme (entraînement), étude des praxies, stimulation évidence la cocontraction agoniste/antagoniste et l’augmentation
sensitive dans une myoclonie réflexe, etc. Il est égale- de la durée des activations musculaires. L’analyse de la propaga-
ment fortement conseillé de procéder régulièrement à des tion polygraphique des myoclonies détermine le générateur spinal
sauvegardes des enregistrements vidéo dans un environ- et la propagation lente de l’activation musculaire dans le cadre de
nement sécurisé (disque externe, réseau hospitalier). La myoclonies propriospinales [20] .
relecture de la vidéo effectuée selon des procédures stan-
Nature corticale des mouvements anormaux :
dardisées devrait permettre une évaluation plus objective
reposant sur une description reproductible.
moyennage rétrograde
L’exploration EMG de surface peut être couplée à un moyen-
nage rétrograde de l’activité électroencéphalographique (EEG)
précédant l’activation musculaire ; elle permet d’en établir
symptôme, de le quantifier, d’apprécier son retentissement fonc- l’origine corticale, conduisant ainsi à une démarche diagnostique
tionnel et d’établir un point de repère évolutif et donc de surveiller et thérapeutique adaptée. De même cette analyse EEG-EMG d’un
l’évolution dans le temps et d’évaluer l’influence des traitements. tremblement irrégulier rapide permet de porter le diagnostic de
Les échelles sont appliquées au mieux lors du visionnage du tremblement cortical couplé au moyennage rétrograde.

8 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

Figure 4.
A. Scanner cérébral : hyperdensité spontanée du
noyau caudé et lenticulaire gauches.
B. Imagerie par résonance magnétique : hyper-
signal en séquence pondérée T1 du noyau
lenticulaire gauche.

A B

Tableau 3.
Principales recherches biologiques dans le cadre du bilan étiologique d’un mouvement anormal (MA) secondaire.
Hématologie
Numération-formule sanguine Polyglobulie (chorée), confirmation par recherche mutation de Janus kinase 2 (JAK2)
Frottis sanguin Recherche d’acanthocyte (sang frais, à répéter, neuroacanthocyte)
Biochimie
Bilan hépatique Encéphalopathie (myoclonies), surcharge en manganèse (dystonie et parkinsonisme) (hypersignal T1 pallidal
évocateur)
Bilan rénal Encéphalopathie (myoclonies), cas de chorée isolés (insuffisance rénale), rôle favorisant (myoclonies
amantadine)
Ionogramme sanguin Variation rapide natrémie (correction hyponatrémie)
Myélinolyse centropontine
Bilan thyroïdien Dosages hormones thyroïdiennes, anticorps antithyroïdiens
Bilan phosphocalcique Si calcifications des ganglions de la base : recherche d’une hypoparathyroïdie ou d’une
pseudohypoparathyroïdie
Bilan immunologique
Bilan auto-immun général Recherche d’anticorps antinucléaires (lupus) et/ou d’anticorps antiphospholipides devant une chorée
prévalente
Autres autoanticorps : SSA, SSB (Goujerot-Sjögren), anticorps antigliadine, etc.
Anticorps antineuronaux Pathologie inflammatoire paranéoplasique ou non, panel d’autoanticorps parfois orienté par la clinique
(NMDA femme jeune MA complexes, CMPR5 chorée, RI opsoclonus, AQP4 épisodes dystonies paroxystiques,
etc.), GAD (stiff-man syndrome), cf. Tableau 4
Bilan hépatique Encéphalopathie (myoclonies), surcharge en manganèse (dystonie et parkinsonisme) (hypersignal T1 pallidal
évocateur)
Bilan infectieux
Sérologies En fonction du contexte, sérologies syphilis, Lyme, virales
PCR Tropheryma whipplei (MA avec participation oculaire et mandibulaire)
Dosage des ASLO (chorée postinfectieuse, Sydenham)
Étude du LCS
Anticorps antineuronaux, protéine 14/3/3 (myoclonies, IRM anomalies diffusion, EEG pseudopériodique),
sérologies sang/LCS (synthèse intrathécale), PCR Tropheryma whipplei, immunologie sang/LCS (SEP, maladie
inflammatoire SNC)
Bilan toxicologique
Dosages en fonction du contexte Dosages de la carboxyhémoglobine (suspicion d’intoxication CO), dosages métaux (manganèse, plomb, etc.)

NMDA : N-méthyl-D-aspartate ; CRMP5 : collapsin-response mediated protein 5 ; GAD : glutamate acide décarboxylase ; PCR : polymerase chain reaction ; ASLO : anticorps
antistreptolysines O ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; EEG : électroencéphalogramme ; LCS : liquide cérébrospinal ; SEP : sclérose en plaques ; SNC : système
nerveux central.

Imagerie et mouvements anormaux de la moitié des cas d’affirmer la nature de l’étiologie ou de


préciser la suite de la prise en charge. Dans l’étude de Netra-
secondaires vathi [4] , l’imagerie était anormale dans plus de 80 % des cas
Imagerie morphologique : tomodensitométrie avec des anomalies focales et/ou des anomalies de la substance
(TDM)/imagerie par résonance magnétique blanche/substance grise. L’IRM est privilégiée chaque fois que pos-
L’imagerie dans le cadre de l’exploration des MAS est un sible, pour sa capacité à combiner les séquences, précisant mieux
temps essentiel dans l’enquête étiologique. Elle permet dans plus le processus en cause (vasculaire, inflammatoire, tumoral, etc.).

EMC - Neurologie 9
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

Tableau 4.
Syndromes neurologiques (mouvements anormaux [MA]) et autoanticorps. Quelques exemples avec pathologies du mouvement.
Type d’anticorps Anticorps Tumeur éventuellement Type MA Autres signes
liée neurologiques
Anticorps intracellulaire Anti-CV2/CRMP5 CPPC, thymome, LMNH Chorée, rarement dystonie Encéphalomyélite, uvéite,
Souvent paranéoplasique SNP
Anti-amphiphysine Sein, CPPC Myoclonies, rigidité Encéphalomyélite, SNP
(stiff-man syndrome)
Anti-VGKC CPPC, thymome Chorée, tremblement, Syndrome Morvan, RBD
myoclonies
Anti-Ri (ANNA2) Sein, CPPC SOM Rhombencéphalite, ataxie
CRMP5 CPPC, thymome Chorée ++, ataxie, SOM EL, SNP, encéphalopathie
GAD 69 Rares : thymome, LMNH Rigidité (stiff-man EL, épilepsie
syndrome), ataxie
Anticorps extracellulaire NMDA ++ Tératome ovarien MA oculaire, stéréotypies, Psychique, épilepsie, SNA,
Rarement paranéoplasique chorée coma
LGI1 Thymome, CPPC Dystonie faciobrachiale, EL, hyponatrémie
myoclonies, chorée
CASPR2 Thymome Chorée, ataxie Syndrome Morvan,
neuromyotonie
IgLON5 Aucune Chorée, parkinsonisme, RBD, stridor, signes
ataxie bulbaires, cognitif
Récepteur à la glycine Thymome, lymphome Rigidité (stiff-man Épilepsie, encéphalopathie
syndrome)
Récepteur GABAB CPPC Chorée, ataxie, SOM EL

NMDA : N-méthyl-D-aspartate ; LGI1 : leucine-rich glioma-inactivated 1 ; CASPR2 : contactin-associated protein-like 2 ; GABAA/B : acide gamma-aminobutyrique A/B ; CRMP5 :
collapsin-response mediated protein 5 ; GAD : glutamate acide décarboxylase ; CPPC : cancer pulmonaire à petites cellules ; SOM : syndrome opsoclonus-myoclonus ; TSP :
troubles du sommeil paradoxal ; EL : encéphalite limbique ; SNP : système nerveux périphérique ; SNA : système nerveux autonome ; RBD : sleep behavior disorder.

Certaines anomalies peuvent être évocatrices d’emblée d’une étio- composites en fonction de la topographie et des mécanismes
logue spécifique : hypersignal T1 bipallidal dans les surcharges lésionnels.
en manganèse (Fig. 3), hypersignal T1 unilatéral du striatum
(ou hyperdensité en TDM) dans les hyperglycémies sans cétose
(Fig. 4), comme c’est le cas de l’image striatale dite en « œil de Pathologies auto-immunes
tigre » dans les surcharges en fer d’origine génétique (pantothenate
Auto-immunité et syndromes
kinase-associated neurodegeneration [PKAN]), etc.
paranéoplasiques [33–35]
Imagerie métabolique : tomographie par émission Le spectre neurologique des syndromes neurologiques paranéo-
de positons (TEP)-scanner, DaTSCAN® , autres plasiques s’est considérablement enrichi ces dernières années. Les
MA peuvent représenter un mode d’entrée dans la maladie, soit de
L’imagerie métabolique, dans certaines situations, complète façon isolée, soit en association avec d’autres symptômes neurolo-
l’enquête étiologique. Dans les pathologies paranéoplasiques à giques (atteinte limbique). La présentation est souvent subaiguë,
autoanticorps, le TEP-scanner est un complément indispensable multifocale avec une progression rapide, touchant les ganglions
à la recherche d’une néoplasie sous-jacente. Le DaTSCAN® per- de la base, le cortex, le tronc cérébral. Sur le plan épidémiologique,
met d’affirmer l’atteinte dopaminergique dans le tremblement de les deux sexes peuvent être touchés, à des âges très variés, et la
Holmes et peut avoir une implication thérapeutique (effet de la détection d’autoanticorps dirigés contre le système nerveux cen-
L-Dopa). tral dans le sang et le liquide cérébrospinal (LCS) peut être d’une
grande utilité pour orienter les recherches et la démarche diagnos-
Explorations biologiques et autres analyses tique et thérapeutique. De plus, le type d’anticorps oriente vers le
type de tumeur et sa localisation. La démarche thérapeutique va
Dans les cas de MAS où l’imagerie n’apporte pas la solution, la être déterminante dans le choix du traitement immunomodula-
réalisation d’explorations biologiques ciblées permet d’identifier teur et la recherche de néoplasie en parallèle. Les anticorps dirigés
la pathologie en cause dans la survenue des MAS. Le Tableau 3 contre les domaines extracellulaires membranaires ont un effet
regroupe les principales anomalies biologiques ou métaboliques à direct sur leur cible antigénique et sont potentiellement patho-
rechercher dans le cadre de MAS. gènes. Inversement, les anticorps dirigés contre les domaines
intracellulaires peuvent ne jamais atteindre leur cible et donc ne
pas avoir d’effet pathogène direct.
 Étiologies des mouvements Anticorps anti-N-méthyl-D-aspartate (NMDA)
anormaux secondaires Il faut absolument connaître ce type d’autoanticorps du fait
de sa fréquence et des caractéristiques des patients touchés
Nous avions élaboré lors de notre précédent article sur les MAS (femmes jeunes). Le tableau clinique associe des troubles cognitifs
un tableau des principales étiologies des MA secondaires, que nous (limbiques) et psychiatriques, chez une femme jeune, une dysau-
avons remis à jour en abordant les pathologies à autoanticorps tonomie et de la température (pseudo-infectieuse). L’aggravation
de façon plus détaillée (Tableau 4). Ces maladies dysimmunes du est rapide conduisant à la réanimation. Les MA surviennent après
système nerveux central font l’objet d’une mise au point spéci- 1 à 2 semaines d’évolution, touchant la face, les membres et
fique (Tableau 5). Parmi les autres étiologies, les plus fréquentes le tronc, souvent complexes, stéréotypés, choréiques et dysto-
sont l’hypoxie et les causes vasculaires d’une part et les causes niques, associés à des périodes d’agitation et de catatonie. Un
iatrogènes (médicaments) d’autre part. Les étiologies infectieuses tératome ovarien doit être recherché (TEP, laparotomie). Ce type
et métaboliques sont moins fréquentes. De façon non exception- d’encéphalite limbique peut survenir au décours d’une encé-
nelle, une étiologie donnée peut produire des MA variés, souvent phalite herpétique (enfant) posant le problème d’une rechute.

10 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

Tableau 5. Anticorps anti-GAD (GAD 69)


Facteurs étiologiques des mouvements anormaux secondaires [1–3] . Ce type d’autoanticorps peut se retrouver dans certaines patho-
Hypoxie-ischémie Anoxo-ischémie périnatale logies chroniques avec un mécanisme auto-immun, comme le
Chirurgie cardiaque du jeune enfant diabète. Ils peuvent également se rencontrer dans des affections
(post-pump) purement neurologiques, rarement paranéoplasiques (thymome,
Anoxo-ischémie de l’enfant et de l’adulte lymphome), et un phénotype clinique caractéristique rentrant
Myoclonies postanoxiques dans le cadre du syndrome de l’homme raide (stiff-man syndrome),
Pathologie Accidents vasculaires cérébraux avec une rigidité axiale, pouvant diffuser aux membres inférieurs,
focale/multifocale Tumeurs cérébrales, hématomes sous-duraux et des épisodes de renforcement du tonus musculaire.
Malformations vasculaires
Polyglobulie Autres anticorps antineuronaux
Traumatismes cérébraux De nombreux autres autoanticorps ont été décrits dans ce
Sclérose en plaques contexte avec des phénotypes cliniques variés pouvant intégrer
Infections Encéphalites : bactériennes, virales, des MA oculaires comme dans l’opsoclonus-myoclonus (anti-Ri),
fongiques, parasitaires, prions un syndrome parkinsonien atypique avec un phénotype proche
« Chorée de Sydenham » de celui d’une paralysie supranucléaire progressive associé à des
Maladie de Whipple perturbations du sommeil (IgLON5).
Auto-immunité Lupus érythémateux disséminé Les principaux phénotypes cliniques et les différents anticorps
Syndrome des antiphospholipides sont repris dans le Tableau 4.
Vasculites cérébrales (Sjögren)
Anticorps antineuronaux : syndromes
paranéoplasiques ou non Maladies auto-immunes
Facteurs endocriniens Hyperglycémie sans cétose, hypoglycémie Le lupus érythémateux disséminé est une cause habituelle de
Hyperthyroïdie MA choréiques secondaires qui peuvent être inauguraux dans près
Hypocalcémie d’un quart des cas [36] .
Facteurs métaboliques Hyponatrémie, hypernatrémie Le terrain est celui d’une femme jeune, présentant des MA
Insuffisance rénale, insuffisance hépatique choréiques purs, hémicorporels ou généralisés d’évolution régres-
Myélinolyse centropontine sive ou récidivante. En l’absence de lupus, Il faut rechercher un
Intoxications Métaux (manganèse ++) syndrome primaire des antiphospholipides (APL) avec une pré-
Monoxyde de carbone dominance féminine, un début brutal, révélé par une grossesse
Autres (NO, mercure, arsenic, etc.) ou une contraception orale [37] (anticorps « antiganglions de la
Médicaments Dopaminergiques, neuroleptiques base »).
Antidépresseurs Le rôle pathogène des APL pourrait être lié à des micro-
Antihistaminiques, anti-épileptiques thromboses ou une cytotoxicité directe. L’encéphalopathie de
Anticalciques, contraceptifs Hashimoto peut se manifester par des myoclonies, avec parfois un
Théophylline, amantadine, etc. syndrome choréiforme d’évolution parfois régressive. Les autoan-
Drogues Sympathomimétiques : cocaïne, ticorps antithyroïdiens pourrait avoir une toxicité directe [38] .
amphétamines, ergotamine, éphédrine, etc. Cette entité a toutefois été critiquée récemment et a fait l’objet
de controverses quant à son existence réelle [39, 40] .

Les traitements immunologiques doivent être démarrés précoce- Vasculites du système nerveux central
ment.
D’autres vasculites du système nerveux central (périartérite
Anticorps anti-LGI1 noueuse, Behçet, Churg et Strauss) peuvent rarement se compli-
quer d’un syndrome choréique [41] ou un syndrome dystonique
Les MA vont être souvent paroxystiques par crises et
lié à une maladie cœliaque [42] .
comprennent des phénomènes dystoniques brachiofaciaux, brefs,
stéréotypés. Ils impliquent préférentiellement la face homolaté-
rale et le bras, moins fréquemment la jambe et l’axe du corps.
Cette sémiologie va évoluer vers un tableau d’encéphalite lim- Pathologies vasculaires et hypoxie-ischémie
bique avec épilepsie et des troubles cognitifs si les traitements
Hypoxie-ischémie
immunomodulateurs ne sont pas débutés.
Les pathologies vasculaires ou anoxo-ischémiques représentent
Anticorps anti-aquaporine 4 (AQP4) la première cause de MAS. Les ganglions de la base sont
Les MA décrits dans les neuromyélites optiques sont décrits vulnérables à l’hypoperfusion et à l’anoxie avec une dysfonc-
comme des spasmes toniques avec des phénomènes paroxys- tion mitochondriale (stress oxydatif). Les lésions sont qualifiées
tiques, plus fréquents que dans la SEP. Ils consistent en des d’encéphalopathie statique [43] . Les lésions peuvent également être
contractures toniques, asymétriques, d’allure dystonique, tou- liées à un mécanisme embolique dans le territoire choroïdien (pal-
chant typiquement un ou plusieurs segments de membres, lidum) ou sylvien profond (lenticulostriées, noyau caudé). Dans
de quelques secondes à minutes, avec une fréquence élevée, le cadre du mécanisme anoxique, un intervalle libre prolongé est
parfois précédés par une sensation anormale (aura), favori- souvent observé lié à des phénomènes de neuroplasticité et de
sés par l’hyperventilation ou le mouvement. Ils répondent réorganisation fonctionnelle.
favorablement aux anti-épileptiques. Le traitement est d’ordre
immunologique (rituximab, azathioprine).
Anoxie périnatale
Anticorps antineuronaux : « collapsin-response mediated Les MAS sont essentiellement dystoniques (ou dystoniques
protein 5 » (CRMP5) plus) dans cette étiologie, avec un temps de latence particuliè-
Un syndrome choréique isolé ou associé à d’autres signes rement long [44] , en moyenne 25 ans (6–58 ans).
d’encéphalite limbique peut être mis en lien avec un anticorps La présentation initiale est souvent focale ou segmentaire,
type CRMP5, toujours d’étiologie paranéoplasique. avec une extension hémicorporelle ou généralisée. La typologie
L’IRM cérébrale retrouve des anomalies étendues de la substance est majoritairement dystonique ou dystonique plus tremblement
blanche (fluid attenuated inversion recovery [FLAIR]), du striatum et ou myoclonies. Les anomalies de myélinisation (état marbré du
du tronc cérébral. Les tumeurs sont un cancer pulmonaire à petites striatum) sont caractéristiques, associées à d’autres mécanismes
cellules ou un thymome. partiellement élucidés.

EMC - Neurologie 11
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

Chirurgie cardiaque (« post-pump chorea ») brefs, dystoniques, douloureux, favorisés par le mouvement ou
l’hyperpnée, sensibles aux anti-épileptiques.
La chirurgie cardiaque sous circulation extracorporelle (CEC)
Nous avons évoqué les spasmes toniques dans la neuromyélite
peut se compliquer rarement (2 %), surtout chez l’enfant (6
optique de Devic (anticorps anti-AQP4).
semaines à 9 ans), de MA choréiques purs, et des MA oculaires.
Le risque augmente avec le degré d’hypothermie et la durée de
la CEC. La survenue des MA est rapide, dans les deux premières Troubles métaboliques
semaines, fréquemment régressive. Les lésions prédominent dans
Les ganglions de la base sont sensibles à de nombreuses pertur-
le pallidum externe.
bations endocriniennes, métaboliques ou hydroélectrolytiques,
souvent réversibles. Les anomalies de la glycémie sont parmi
Anoxie de l’enfant et de l’adulte
les plus fréquentes. L’hyperglycémie sans cétose se manifeste en
Des épisodes anoxiques peuvent se rencontrer, chez l’adulte général par un syndrome choréique hémicorporel ou généralisé,
ou l’enfant, après des états de mal asthmatiques, des accidents réversible après correction du trouble métabolique [53] . L’imagerie
d’anesthésie, une tentative d’autolyse par pendaison, etc. Les à un stade précoce montre des anomalies de signal unilatérales [54]
manifestations cliniques sont différentes chez l’enfant et chez (hypersignal striatal) (Fig. 4). L’hypoglycémie peut se compli-
l’adulte : intervalle libre plus long (1–2 ans), dystonie prédomi- quer de MA à prédominance dystonique ou de MA paroxystiques.
nante, lésions dans le putamen chez l’enfant [45] ; chez l’adulte : L’hyponatrémie ou les variations brutales de la natrémie peuvent
intervalle libre plus bref (3–16 mois), syndrome akinétorigide, également se compliquer d’une myélinolyse centropontine, avec
associé à une dystonie, et lésions dans le pallidum interne. parfois une atteinte striatale et des MA d’apparition secondaire [55] .
Un tableau spécifique et rare a été décrit dans ce contexte Les insuffisances rénale ou hépatique peuvent donner lieu à un
d’anoxie, appelé syndrome de Lance et Adams [46] , survenant chez tableau d’encéphalopathie métabolique avec une souffrance EEG
l’adulte après une hypoxie aiguë, une période de coma, suivies 4 à et des myoclonies négatives (flapping tremor).
5 jours après d’un syndrome myoclonique, favorisé par l’activité Plus rarement, une chorée isolée peut se voir dans un contexte
musculaire et le stress, avec un handicap sévère dans la vie quo- d’insuffisance rénale chronique (chorée urémique [56] ). Une patho-
tidienne : il peut s’y associer des crises d’épilepsie, une dysarthrie logie de surcharge en manganèse peut également survenir dans les
et des troubles de la marche (chutes liées à des myoclonies néga- pathologies hépatiques. L’hyperthyroïdie ou un excès d’hormones
tives). thyroïdiennes peuvent entraîner des MA choréiques/balliques [57]
ou plus rarement paroxystiques [58] , avec une prédominance
[47, 48]
Accidents ischémiques cérébraux féminine, réversibles après correction de l’équilibre hormonal
Les MA sont rares au décours des accidents ischémiques céré- (hypersensibilité des récepteurs dopaminergiques). La grossesse
braux, ils varient de 2 à 4 % en fonction des séries. Les MAS les plus (et les contraceptifs oraux) peut induire des MA choréiques purs
fréquents sont les MA choréiques/balliques dans environ 40 % des (chorée gravidique), où une cause associée doit être recherchée
cas. Les MA sont souvent hémicorporels, associant des MA bal- (auto-immune).
liques et choréiques, parfois les MA choréiques succèdent aux MA L’hypocalcémie est une cause rare de MA à type de dystonie
balliques. paroxystique, et parfois des calcifications striatopallidales (hypo-
Les MA choréiques hémicorporels peuvent se voir comme une parathyroïdie).
forme « dégradée » d’hémiballisme.
Les lésions siègent dans le noyau sous-thalamique pour Pathologies infectieuses
l’hémiballisme, mais parfois au niveau du noyau caudé, du puta-
men ou du thalamus. Les MA choréiques/balliques débutent Les MA peuvent se rencontrer à la phase aiguë d’encéphalite
précocement après l’accident vasculaire cérébral (AVC). Le virale à type de MA choréiques ou dystoniques, plus par un méca-
deuxième MA par ordre de fréquence après un AVC est la dys- nisme de vascularite que par une cytotoxicité neuronale directe.
tonie dans environ 20 % des cas. Dans les infarctus du territoire Les infections virales, spécialement chez l’enfant, peuvent pro-
lenticulocaudé [15] , il s’agit de syndromes dystoniques hémicor- duire aussi des MA [59] , notamment les virus du groupe herpès
porels se révélant après un intervalle libre de plusieurs mois après (herpes simplex et varicelle-zona). Des MA myocloniques peuvent
récupération du déficit moteur [3, 10] . se voir au décours d’infections virales grippales ou apparentées.
Les myoclonies négatives ou astérixis peuvent être liées à une Des myoclonies sont classiques dans la panencéphalite sclé-
pathologie cérébrovasculaire de différentes topographies, fron- rosante subaiguë, complication rare du virus de la rougeole.
tales, thalamiques ou du tronc cérébral. Une série rapportée Certaines infections bactériennes peuvent rarement entraîner des
par Kim [49] , portant sur 30 patients avec des myoclonies néga- MA choréiques comme la légionellose, la tuberculose, la maladie
tives, retrouvait des lésions majoritairement thalamiques. Les de Lyme. La syphilis peut également entraîner des MA variés cho-
tremblements peuvent également être mis en lien avec une patho- réiques ou myocloniques [60] . Une atteinte neurologique avec des
logie neurovasculaire. Le tremblement de Holmes est lié à une MA décrits comme des myorythmies touchant la sphère faciale
atteinte mésencéphalique dans la région du noyau rouge, parfois (oculomasticatrice) et plus rarement le tronc ou les membres
d’étiologie vasculaire. peut se rencontrer dans la maladie de Whipple (Tropheryma whip-
Il faut également mentionner les tremblements ou les myoclo- plei) [61] . L’infection à streptocoque A peut déclencher à distance
nies vélopalatines observés au décours de lésions ischémiques du de l’infection (angine non traitée) des MA choréiques riches, chez
tronc cérébral, plusieurs mois à plusieurs années après une lésion un enfant (prédominance féminine), unilatéraux au départ puis
dans le triangle de Mollaret, avec sur l’IRM une dégénérescence généralisés, souvent réversibles, surtout dans les pays en voie
hypertrophique de l’olive bulbaire [50] . de développement (chorée de Sydenham), dans le contexte d’un
rhumatisme articulaire aigu et s’associer à des troubles comporte-
mentaux [62] . Le mécanisme envisagé est de nature auto-immune
Maladies inflammatoires du système nerveux (réaction croisée entre le streptocoque et les ganglions de la
central (sclérose en plaques [SEP]) base) [63] , le rapprochant des troubles comportementaux dans les
infections streptococciques paediatric autoimmune disorders asso-
Au cours de la SEP, le MA le plus fréquent reste le tremblement, ciated with Streptococcus infections (PANDAS) ou du syndrome de
avec trois phénotypes que nous avons évoqués [51] : tremble- Gilles de la Tourette [64] , entités dont l’autonomie actuelle reste très
ment cérébelleux à intentionnel de basse fréquence (3–5 Hertz), controversée. La leuco-encéphalopathie multifocale progressive
tremblement de Holmes (mixte) à 3–5 hertz, tremblement (ou (LEMP) liée au virus JC, dans un contexte d’immunodépression,
myoclonies rythmiques) vélopalatin par lésion du triangle de Mol- peut donner un syndrome dystonique lorsqu’elle est associée à un
laret. La fréquence de ces tremblements est variable, augmentant syndrome parkinsonien. Les maladies à prions comme la mala-
avec la sévérité de la pathologie. Les dyskinésies paroxystiques die de Creutzfeldt-Jakob donnent lieu, à une phase tardive, à des
sont le deuxième MA caractéristique de la SEP avec de nombreuses MA myocloniques associés à des anomalies EEG (anomalies pério-
observations rapportées [52] : les MA consistent en des épisodes diques), confirmés par les données du LCS et de l’IRM (diffusion).

12 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

Intoxications et de nature dystonique (plutôt au membre inférieur à prédomi-


nance distale, griffe des orteils par exemple, ou plus diffuses).
Les manifestations toxiques, comme les lésions par anoxie, Les dyskinésies de milieu de dose sont les plus courantes, de
peuvent léser spécifiquement les ganglions de la base par dif- type choréique rarement ballique par stimulation dopaminer-
férents mécanismes : hypoxie, dysfonctionnement énergétique, gique « excessive » [72] .
radicaux libres. La plus fréquente et connue reste l’intoxication Les dyskinésies diphasiques sont plus rarement obervées, de
au CO, avec des troubles de la vigilance (nausées, céphalées), début et fin de dose (transitionnelles), de type dystonique ou
un intervalle libre de quelques semaines, puis un tableau neu- plus violente ballique, prédominant généralement aux membres
rologique associant un syndrome parkinsonien et dystonique par inférieurs.
atteinte bipallidale, dont l’évolution peut être régressive [65] ; rare-
ment des MA choréiques sont présents.
Une autre cause toxique environnementale intéressante à Antagonistes dopaminergiques (neuroleptiques)
connaître est représentée par les surcharges en manganèse [66] . Les neuroleptiques peuvent entraîner rarement des MA
Elle se caractérise par un syndrome parkinsonien axial avec une d’installation aiguë comme la prise de métoclopramide avec des
dystonie prédominant aux membres inférieurs (démarche de phénomènes dystoniques faciaux et cervicaux, associés à des MA
coq). Elle peut être liée rarement à une exposition profession- oculaires, chez l’enfant, avec une prédominance masculine et une
nelle chronique chez des soudeurs ou dans l’industrie navale, au note familiale inconstante. Ils sont réversibles à l’arrêt du traite-
décours de pathologies hépatiques, de nutrition parentérale chez ment et par un traitement anticholinergique [3] . À l’opposé, les
l’enfant, de toxicomanie à l’éphédrine. Des intoxications mercu- MA s’installent souvent tardivement, lors de traitements neuro-
rielles [1] ou au bismuth, plus rares, et autrefois à l’aluminium leptiques chroniques (dyskinésies tardives des neuroleptiques) ou
(encéphalopathie des dialysés) donnaient lieu à des tableaux au moment du sevrage [73] . Elles peuvent se voir après la prise
d’encéphalopathie myoclonique. L’intoxication au cyanure ou au de tous les anciens médicaments de cette classe, même si la fré-
méthanol peut entraîner comme séquelles des MA dystoniques quence a diminué lors de l’utilisation de neuroleptiques atypiques
par lésions pallidales ou du putamen [3] après un intervalle libre. (aripiprazole, olanzapine). La prise de neuroleptiques « cachés »
L’acide 3-nitropropionique (NO) peut générer un syndrome dysto- comme les anticalciques (flunarizine), les anti-émétiques (méto-
nique d’apparition retardée chez l’enfant par l’ingestion de canne clopramide), l’Agréal® (qui n’est plus commercialisé) donnent
à sucre avariée [67] (modèle expérimental de dystonie chez le pri- également ce type de MA. Seule la clozapine pour les neurolep-
mate). tiques et la dompéridone pour les anti-émétiques font exception à
cette règle. Le phénotype clinique des dyskinésies tardives est très
variable [73] : le plus fréquent, MA choréiques, avec des dyskinésies
Autres atteintes locorégionales (lésions bucco-linguo-faciales stéréotypées, une participation respiratoire
expansives et traumatiques) (larynx et diaphragme), retentissant sur la parole, la respiration.
Les MA dystoniques sont plus rares avec des MA cervicaux, en
Les lésions tumorales sont rarement la cause de MA, par rétrocolis, extension axiale du tronc et des membres, des spasmes
exemple dans les métastases touchant la région sous-thalamique douloureux surajoutés.
et se révélant par un hémiballisme [68] , comme on peut le ren- L’akathisie consiste en des mouvements répétitifs de croisement
contrer dans les hématomes intracérébraux [69] . Les hématomes des jambes et/ou de piétinement sur place.
sous-duraux peuvent exceptionnellement se révéler par un syn- La fréquence pouvait aller jusqu’à 25 % des patients, mais a
drome choréiforme, tandis que des MA hémicorporels peuvent considérablement diminué depuis l’utilisation des neuroleptiques
démasquer une malformation vasculaire des noyaux gris [10] . Les atypiques [73] . Un phénotype plus rare est représenté par un trem-
traumatismes craniocérébraux peuvent être responsables de syn- blement de type parkinsonien (appelé tremblement tardif).
dromes dystoniques d’apparition différée, après récupération du Parmi les facteurs de risque de dyskinésies tardives, on retrouve
déficit moteur, de distribution le plus souvent hémicorporelle, l’âge élevé et le sexe féminin. L’évolution des dyskinésies tardives
la lésion étant putaminocaudée controlatérale [10, 13] . Nous avons peut être réversible plusieurs mois suivant l’arrêt des neurolep-
également déjà abordé les « tremblements de Holmes » [19] , obser- tiques ; toutefois, l’irréversibilité, après un délai de six mois, est
vés au décours de pathologies traumatiques, ou après des lésions observée dans plus de 50 % des cas [73] .
infectieuses (tuberculome, syndrome de Benedikt).
Il faut mentionner le rôle possible de traumatismes périphé-
riques dans la genèse de MA, sur le segment corporel traumatisé Autres médicaments
(dystrophie sympathique réflexe), avec des postures dystoniques Parmi les sympathomimétiques, la cocaïne [74] , par son action
fixées avec douleur et troubles vasomoteurs [70] . inhibitrice sur le site de recapture de la dopamine, a été rap-
portée comme facteur d’exacerbation de MA préexistants (tics
et dystonies) ; plus rarement, des syndromes choréiformes à
Médicaments prédominance axiale ont été décrits [39] . Des manifestations
comparables ont été signalées avec les amphétamines, le méthyl-
L’étiologie iatrogène et plus spécifiquement médicamenteuse
phénidate et les dérivés de l’ergotamine [1] , justifiant, en raison du
représente une cause fréquente à rechercher devant tous les
risque de vasculite, de rechercher systématiquement à l’imagerie
types de MA. Les médicaments stimulant le système dopami-
cérébrale une lésion des ganglions de la base [39] . Les antidépres-
nergique (L-Dopa en particulier) vont générer chez le patient
seurs (tricycliques et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine)
parkinsonien des dyskinésies fréquentes du fait de la dénervation
peuvent occasionner des MA, plus souvent myocloniques que
dopaminergique concomitante. À l’inverse, les antagonistes dopa-
dystoniques. Les antihistaminiques ont été incriminés dans la
minergiques (neuroleptiques) vont également entraîner de façon
survenue de dystonie faciale et mouvements choréiformes. Dans
paradoxale des dyskinésies tardives avec parfois des phénotypes
le groupe des anti-épileptiques, la phénytoïne peut donner des
proches de ceux des dyskinésies de la L-Dopa (MA dystoniques et
dyskinésies buccofaciales avec MA choréiques et dystoniques des
choréiques).
membres, potentialisés par des lésions cérébrales préexistantes [75]
(dysfonctionnement dopaminergique). Les anti-épileptiques (car-
Médicaments dopaminergiques (L-Dopa) bamazépine, diphénylhydantoïne) peuvent entraîner comme
Les dyskinésies induites par la L-Dopa apparaissent dans le symptômes de surdosage des myoclonies négatives.
contexte de la maladie de Parkinson, plus rarement dans d’autres Les MA sous contraceptifs oraux ont déjà été décrits de type
syndromes parkinsoniens dégénératifs. Elles apparaissent chez choréique avec une évolution réversible à l’arrêt [76] . De même,
la majorité des patients lors d’une dénervation dopaminergique chez des patients asthmatiques, la théophylline peut induire des
importante après plusieurs années d’évolution [71] . On peut décrire troubles de la parole (pseudobégaiement) par des myoclonies loca-
plusieurs types de MA induits par la L-Dopa : dyskinésies retrou- lisées du tractus vocal [77] , et des myoclonies plus diffuses ont été
vées en période de blocages (off), liées à un manque de dopamine observées chez des patients parkinsoniens sous amantadine [78] .

EMC - Neurologie 13
17-008-A-10  Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)

 Prise en charge thérapeutique d’état dépressif [79] . La dose cible dépendra de l’âge du patient et
de la sévérité des MAS (de 50 mg à 150 mg, 2 à 6 comprimés en
des mouvements anormaux deux à trois prises). Elle peut être utilisée également dans les dys-
kinésies tardives, surtout dans les formes choréiques généralisées,
secondaires et a un effet également sur les dyskinésies bucco-linguo-faciales.
L’utilisation dans d’autres formes de MA choréiques peut éga-
Traitements : aspects généraux lement être intéressante comme dans les chorées auto-immunes.
La prise en charge thérapeutique des MA secondaires est basée Nous l’utilisons également dans les tics lorsque l’utilisation des
sur la combinaison des différentes approches thérapeutiques, neuroleptiques est requise, pour éviter l’induction au long cours
en premier lieu étiologique quand elle est possible (traitement de dyskinésies tardives, redoutables chez le sujet jeune.
d’une tumeur ou immunologique dans les syndromes paranéo-
plasiques), et également symptomatique, médicamenteuse et/ou Intérêt de la typologie des mouvements
chirurgicale, pour atténuer le handicap fonctionnel. Dans ce cha- anormaux secondaires dans le traitement
pitre, seuls les traitements symptomatiques des MA secondaires
Dystonies
sont décrits : les modalités médicamenteuses vont dépendre de la
typologie des MA. Nous traitons à part la tétrabénazine, seul trai- Pour les dystonies étendues et/ou complexes (segmentaires,
tement médicamenteux s’adressant spécifiquement au traitement multifocales, hémicorporelles, généralisées), il reste logique de
des MA choréiques ou balliques. La toxine botulinique a révolu- considérer les traitements par voie générale. Les anticholiner-
tionné le traitement des dystonies focales au début des années giques sont le traitement de première ligne pour les dystonies
1990 en France et son application a été étendue aux MA loca- secondaires, surtout chez le sujet jeune et une dystonie récente,
lisés (tremblements, tics, myoclonies). Enfin, la neurochirurgie avec un résultat partiel dans la moitié des cas [1, 2, 80] . En
fonctionnelle a connu un essor croissant depuis l’avènement de raison des effets secondaires (sécheresse buccale, troubles de
la stimulation cérébrale profonde dans la maladie de Parkinson, l’accommodation, troubles mnésiques et confusionnels), il est
puis la dystonie ; elle est complétée ces dernières années par de recommandé de monter progressivement la posologie (paliers de
nouvelles techniques (gamma knife, ultrasons). 2 mg/j/15 j) pour arriver à une dose suffisante pour être efficace de
8–10 mg/j jusqu’à 20–30 mg/j [2, 3] . Le baclofène et les benzodiazé-
pines, par effet agoniste gabaergique, peuvent être des traitements
Traitements étiologiques de deuxième ligne, avec une efficacité plus limitée (sédation). Tou-
tefois, l’utilisation possible, à des doses beaucoup plus faibles, du
Ces traitements vont cibler la pathologie causale, s’agissant : baclofène par voie intrathécale peut représenter une alternative
des thérapeutiques anti-infectieuses spécifiques du processus pour des dystonies sévères. Dans le cadre des dystonies tardives,
responsable, des corticoïdes ou des immunosuppresseurs pour la Xenazine® et la clozapine peuvent être utilisées en première
les pathologies faisant intervenir un mécanisme auto-immun, ligne. La tétrabénazine est d’autant plus efficace que la dystonie
la recherche et le traitement d’une pathologie néoplasique est mobile.
sous-jacente (syndromes paranéoplasiques), la correction de
troubles métaboliques (glycémie) ou de déséquilibres endo- Chorées/ballisme
criniens (hyperthyroïdie), l’identification du toxique ou du Dans cette indication, seule la tétrabénazine a une indication
médicament responsable et leur retrait. officielle, comme évoqué précédemment. Lors de syndromes cho-
réiques ou balliques invalidants, après échec de la tétrabénazine,
la prescription transitoire de neuroleptiques à titre symptoma-
Traitements médicamenteux actifs tique peut être proposée. Les dyskinésies choréiques de milieu de
sur les mouvements anormaux secondaires dose justifient une adaptation thérapeutique (réduction de poso-
logie, fractionnement des prises, stimulation dopaminergique
Le traitement symptomatique va dépendre de plusieurs facteurs continue) ; les dyskinésies de début et de fin de dose et les dysto-
déterminants : en premier lieu la répartition topographique des nies du off nécessitent une augmentation de posologie ou l’ajout
MAS qui va jouer un rôle clef. En effet, pour les MAS focaux, et en d’un antiparkinsonien. L’amantadine possède un effet antidys-
premier lieu les dystonies, la toxine botulinique est le traitement kinétique reconnu depuis de nombreuses années par son action
principal, parfois associé à des traitements médicamenteux et à antagoniste glutamatergique [71] et la clozapine peut également
une kinésithérapie spécifique. Dans le contexte de MAS générali- être utilisée dans les dyskinésies dopa-induites [81] . Les dyskiné-
sés, comme dans la dystonie, mais aussi le tremblement, le recours sies tardives choréiques représentent une bonne indication de la
à la neurochirurgie peut être nécessaire après l’échec de traite- tétrabénazine.
ments pharmacologiques (exemple de la dystonie tardive). Le
deuxième élément déterminant est la typologie du MAS qui guide Myoclonies
le choix des traitements pharmacologiques adaptés. La tétrabéna- Les myoclonies secondaires sont de façon logique sensibles
zine est le seul traitement médicamenteux ayant une autorisation aux anticonvulsivants [1] . Pour les myoclonies corticales, les trai-
de mise sur le marché spécifique pour le traitement des MA cho- tements de choix sont les benzodiazépines (clonazépam) ou le
réiques (Huntington) et de l’hémiballisme, utile aussi dans le valproate. Les myoclonies réticulaires, notamment celles du syn-
traitement des dyskinésies tardives. drome de Lance et Adams, répondent aussi au piracétam et
souvent une polythérapie dans ce type d’indication même si le
Place de la tétrabénazine résultat est souvent décevant. Plus récemment, le lévétiracétam a
aussi été utilisé dans les myoclonies. Parmi les traitements récents,
La tétrabénazine (Xenazine® ) dont l’action originale, analogue le zonisamide semble avoir un intérêt particulier dans les syn-
à la réserpine, présynaptique, est d’ agir sur un transpor- dromes myocloniques.
teur vésiculaire des monoamines (VMAT2). Elle n’entraîne pas,
contrairement aux neuroleptiques, de dyskinésies tardives. Elle a Tremblements
été utilisée depuis les années 1970 pour traiter les dyskinésies tar- Les tremblements secondaires restent une cible thérapeutique
dives et les tics, par l’École américaine (Jankovic). Il s’agissait au habituelle pour les anticholinergiques (s’il existe une composante
départ d’un médicament « orphelin » jusqu’en 2006, et était pres- parkinsonienne de repos ou dystonique) et également pour la pri-
crite selon la procédure d’autorisation temporaire d’utilisation midone. Pour cette dernière, il convient de recommander une
(ATU) avec réserve hospitalière. Depuis 2006, elle est disponible en progression posologique prudente ou d’utiliser des préparations
pharmacie d’officine (Xenazine® Cp 25 mg) et réservée aux neu- magistrales à 25 mg (au lieu de 250 mg). Dans le « tremblement
rologues dans l’indication « hémiballisme et MA de la maladie de de Holmes », la réponse à la L-Dopa mérite d’être recherchée [19] .
Huntington ». La montée posologique est progressive (paliers de Il faut également noter l’intérêt soulevé par l’utilisation de
12,5 mg toutes les semaines) avec recherche de la dose minimale nouveaux anti-épileptiques tels que le topiramate (ou le zonisa-
efficace en raison d’effets indésirables à type de parkinsonisme et mide) dans certains types de MA comme les myoclonies ou les

14 EMC - Neurologie
Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme, myoclonies, tremblements, dyskinésies)  17-008-A-10

tremblements [82] . Les bêtabloquants sont moins utiles dans les Place de la rééducation-réadaptation
tremblements secondaires. fonctionnelle
Dyskinésies paroxystiques La prise en charge en médecine physique et réadaptation des
Les dyskinésies paroxystiques de la SEP répondent habituel- MA secondaires est un complément intéressant, particulièrement
lement soit aux anticonvulsivants (carbamazépine notamment), dans le cadre des dystonies [80] : les dystonies de fonction (crampes
soit aux anticholinergiques ou à l’acétazolamide [50] . de l’écrivain) et les dystonies cervicales bénéficient de techniques
de restauration sensorielle ou de méthode de rééducation adaptées
[80] au type de dystonie (méthode de Bleton). Les dystonies laryngées
Place de la toxine botulinique
justifient une prise en charge orthophonique spécialisée.
La toxine botulinique, produite par Clostridium botulinum, est
une protéine qui agit en bloquant au niveau présynaptique la
libération d’acétylcholine. Seule la toxine A est utilisée actuelle-
ment en traitement chez l’homme avec trois toxines disponibles  Conclusion
(Dysport® , Botox® , Xeomin® ), la toxine B ayant été abandonnée
du fait de ses effets secondaires fréquents sauf dans de rares cas de Les MAS sont un vaste champ de la neurologie moderne. Ils
résistance immunologique prouvée à la toxine A. Elle agit rapide- nécessitent une bonne connaissance de la sémiologie des MA
ment en 2 à 3 jours et son effet se prolonge pendant 3 à 4 mois en en général, l’apport de la vidéo étant indispensable, comme le
moyenne (parfois plus), nécessitant trois à quatre sessions par an. montrent les nombreux extraits de cet article et notre expérience
L’indication officielle est celle des dystonies focales idiopathiques, en matière de MAS. De cette typologie des MAS et de leur locali-
avec un effet positif dans les dystonies focales secondaires (dys- sation va dépendre la démarche diagnostique et topographique.
tonie de la maladie de Parkinson). Des protocoles français ont La démarche clinique reste toujours un préalable indispensable,
été entrepris dans le cadre de la dystonie du pied dans la mala- complétée par la biologie et par l’imagerie morphologique (IRM
die de Parkinson et dans le tremblement du chef. Elle rend de plus adaptée), élément indispensable dans cette approche étio-
nombreux services dans d’autres MAS focaux comme les trem- logique. De nouvelles anomalies immunologiques ont émergé
blements : tremblement du chef (splénius), tremblement de la ces dernières années avec des possibilités thérapeutiques intéres-
mâchoire (masséters, temporaux). Plus rarement, on peut l’utiliser santes. Le traitement repose sur la prise en charge étiologique,
dans les tics et les myoclonies focales. Le traitement consiste à associée à des traitements médicamenteux adaptés au type de MAS
cibler le ou les muscles responsables du MA et de les injecter sous (la tétrabénazine étant le « couteau suisse » des MAS) et à la toxine
repérage électromyographique/échographique pour améliorer la botulinique dans les MAS focaux, complété par la neurochirurgie
précision et limiter les effets indésirables (diffusion de la toxine). fonctionnelle dans les cas les plus invalidants et bien sélectionnés.

Place de la neurochirurgie fonctionnelle


Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
L’essor de la neurochirurgie fonctionnelle au cours des deux d’intérêts en relation avec cet article.
dernières décennies est lié aux avancées thérapeutiques majeures
dans le tremblement essentiel, la maladie de Parkinson et dans la
dystonie généralisée primaire. Dans ces indications, les techniques
de stimulation cérébrale profonde, respectivement thalamique,
 Références
sous-thalamique et pallidale interne, constituent aujourd’hui un
[1] Davous P. Hyperkinésies et dyskinésies secondaires. EMC (Elsevier
recours thérapeutique incontournable dans les cas difficiles à
Masson SAS, Paris), Neurologie, 17-008-A-10, 1997 : 11p.
contrôler par les traitements médicaux. Dans les MA secondaires, [2] Viallet F, Vercueil L, Gayraud D, Bonnefoi B, Renie L. Mouvements
au cadre plus hétérogène, il est plus difficile d’avoir des résultats anormaux secondaires (dystonies, myoclonies, tremblements, dyskiné-
comparables en raison de l’hétérogénéité des lésions responsables sies). EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Neurologie, 17-008-A-10,
et de la diversité des manifestations cliniques, rendant compte 2012 : 16p.
de la rareté des travaux publiés (cas isolés ou petites séries). [3] Vingerhoets F, Russmann H, Carruzzo A, Combremont P, Ghika J.
Parmi les tremblements symptomatiques, le tremblement de type Mouvements anormaux (dystonie, athétose, chorée, ballisme). EMC
mésencéphalique (SEP) a fait l’objet de traitements neurochirur- (Elsevier Masson SAS, Paris), Neurologie, 17-007-B-10, 2004 : 24p.
gicaux lésionnels ou par stimulation thalamique [83] , avec une [4] Netravathi M, Pal PK, Indira Devi B. A clinical profile of 103 patients
cible sensiblement différente de celle requise dans le traitement with secondary movement disorders: correlation of etiology with phe-
du tremblement essentiel. nomenology. Eur J Neurol 2012;19:226–33.
Les résultats obtenus dans ces études montrent une réponse [5] Marsden CD, Obeso JA, Zarranz JJ, Lang AE. The anatomical basis
significative à trois mois, avec une tendance à la réapparition of symptomatic hemidystonia. Brain 1985;108:463–83.
du tremblement à 12 mois (composante posturale du tremble- [6] Ferreira JJ, Mestre TA, Lyons KE, Hallett M, Haubenberger D, Elble
ment). L’efficacité de la chirurgie pallidale (stimulation pallidale R, et al. MDS evidence-based review of treatments for essential tremor.
interne) dans le traitement des dystonies généralisées idiopa- Mov Disord 2019;34:950–8.
thiques [84] a suscité des travaux dans les dystonies secondaires. [7] Edwards MJ, Lang AE, Bhatia KP. Stereotypies: a critical apprai-
Ainsi, la dystonie postanoxique a fait l’objet de rapports ponctuels sal and suggestion of a clinically useful definition. Mov Disord
avec un effet modeste après stimulation pallidale. Dans quelques 2012;27:179–85.
cas d’hémidystonies d’origine vasculaire ou post-traumatique, la [8] Bhatia KP, Marsden CD. The behavioural and motor consequences of
stimulation thalamique ou pallidale [85] a été rapportée comme focal lesions of the basal ganglia in man. Brain 1994;117:859–76.
efficace. Une étude rétrospective comparant l’efficacité des procé- [9] DeLong MR. Primate models of movement disorders of basal ganglia
dures chirurgicales pallidales (pallidotomie et stimulation) dans origin. Trends Neurosci 1990;13:281–5.
les dystonies primaires et secondaires a montré une réponse bien [10] Alexander GE, Crutcher MD. Functional architecture of basal gan-
meilleure dans la dystonie primaire [86] . Les seules rares exceptions glia circuits: neural substrates of parallel processing. Trends Neurosci
1990;13:266–71.
dans les dystonies secondaires sont observées dans certaines étio-
[11] Tremblay L, Worbe Y, Thobois S, Sgambato-Faure V, Féger J. Selec-
logies métaboliques (surcharges en fer héréditaires ou PKAN) où
tive dysfunction of basal ganglia subterritories: From movement to
des résultats parfois intéressants ont été rapportés [87] . Les dys-
behavioral disorders. Mov Disord 2015;30:1155–70.
tonies tardives, d’après les résultats d’une étude multicentrique
[12] Mink JW. The basal ganglia and involuntary movements. Impaired
française, semblent constituer une bonne indication de la sti- inhibition of competing motor patterns. Arch Neurol 2003;60:1365–8.
mulation pallidale [88] . De façon plus anecdotique, les chorées [13] Beurrier C, Bezard E, Bioulac B, Gross C. Subthalamic stimulation,
secondaires peuvent être traitées par la stimulation cérébrale pro- elicits hemiballismus in normal monkey. Neuroreport 1997;8:1625–9.
fonde. De nouvelles techniques se développent, moins invasives, [14] Krack P, Pollak P, Limousin P, Benazzouz A, Deuschl G, Benabid AL.
comme le gamma knife ou par ultrasons guidés par IRM dans les From off-period dystonia to peak-dose chorea. The clinical spectrum of
tremblements [89] . varying subthalamic nucleus activity. Brain 1999;122(Pt6):1133–46.

EMC - Neurologie 15
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D. Gayraud (dgayraud@ch-aix.fr).
B. Bonnefoi.
A. Roux.
F. Viallet.
Centre hospitalier du pays d’Aix, avenue des Tamaris, 13100 Aix-en-Provence, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Gayraud D, Bonnefoi B, Roux A, Viallet F. Mouvements anormaux secondaires (dystonies, chorées/ballisme,
myoclonies, tremblements, dyskinésies). EMC - Neurologie 2021;44(1):1-17 [Article 17-008-A-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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EMC - Neurologie 17
 17-044-O-15

Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie


et démences
B. de Toffol

Résumé : L’épilepsie du sujet âgé de plus de 65 ans est cinq à sept fois plus fréquente que celle du sujet
jeune. Une première crise après 65 ans est une fois sur deux une crise symptomatique aiguë. Les causes
de l’épilepsie qui débute chez le sujet âgé sont dominées par les affections neurovasculaires, les démences
et les tumeurs cérébrales, pathologies dont l’incidence augmente avec l’âge. L’approche clinique est
primordiale pour affirmer le diagnostic du caractère épileptique d’un malaise parmi de nombreux diag-
nostics différentiels possibles. L’interprétation des examens complémentaires (électroencéphalogramme,
scanner/imagerie par résonance magnétique) doit tenir compte d’une sensibilité et d’une spécificité large-
ment modifiées par l’âge. La prise en charge thérapeutique est guidée par la préservation de l’autonomie.
Il est aujourd’hui recommandé de prescrire un médicament antiépileptique dès la première crise quand
le diagnostic d’épilepsie est certain. L’approche au cas par cas doit tenir compte des comorbidités soma-
tiques, cognitives et psychiatriques, des interactions médicamenteuses et de la tolérance globale du
traitement antiépileptique. Un paragraphe spécifique est consacré au problème des crises épileptiques
dans les démences. Deux avancées conceptuelles caractérisent les travaux récents : d’une part, l’épilepsie
et les affections neurologiques entretiennent une relation bidirectionnelle (un accident vasculaire cérébral
ou une démence favorisent le développement d’une épilepsie et l’existence d’une épilepsie favorise la sur-
venue ultérieure d’un accident vasculaire ou d’une démence) ; d’autre part, les troubles neurovasculaires
occultes (sans signes cliniques patents d’accident vasculaire) pourraient expliquer l’apparition d’une épi-
lepsie quand aucune autre cause n’est retrouvée. Un meilleur contrôle des facteurs de risque vasculaires
pourrait ainsi correspondre à un traitement préventif de l’apparition d’une épilepsie chez le sujet âgé.
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Mots-clés : Épilepsie ; Crises symptomatiques ; Sujet âgé ; Épilepsie vasculaire ; Bilan diagnostique ; Démences ;
Revue générale

Plan ■ Comorbidités somatiques, cognitives et psychiatriques


chez le sujet âgé 9
■ Introduction 1 Comorbidités somatiques 9
Comorbidités cognitives 9
■ Épidémiologie 2 Comorbidités psychiatriques 9
■ Diagnostic d’une crise épileptique 2 ■ Essais thérapeutiques dans l’épilepsie du sujet âgé 9
Classification 2
■ Qualité de vie dans l’épilepsie du sujet âgé 10
Distribution des crises chez le sujet âgé 2
Circonstances du diagnostic 2 ■ Prise en charge des épilepsies du sujet âgé 10
Diagnostic différentiel 3 Situation « épileptologique » 10
Électroencéphalogramme 4 Comorbidités 10
Examens morphologiques 4 Données pharmacologiques 10
■ Situations cliniques et démarche étiologique 4 Polythérapie et interactions médicamenteuses 10
Problèmes conceptuels 4 Observance 10
Survenue d’une crise chez un sujet âgé connu pour être ■ Comment faire en pratique quotidienne ? 10
épileptique 5 ■ Particularités de la prise en charge du sujet dément 11
Survenue d’une première crise chez le sujet âgé 5
■ Conclusion 11
Épilepsie débutante du sujet âgé, causes et facteurs de risque 6
États de mal épileptiques 7
■ Épilepsie et syndromes démentiels 8
Épidémiologie 8  Introduction
Maladie d’Alzheimer 8
Sémiologie des crises 8 L’épilepsie est une maladie chronique affectant l’encéphale
caractérisée par la répétition spontanée de crises épileptiques avec

EMC - Neurologie 1
Volume 44 > n◦ 1 > janvier 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(20)85812-6
17-044-O-15  Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences

leurs conséquences somatiques, psychiatriques et cognitives [1] . classification internationale des crises épileptiques a été modifiée
La définition de l’épilepsie a évolué en 2014 : le diagnostic peut en 2017 [10] pour être plus pratique et descriptive. On distingue les
désormais être porté dès la première crise spontanée quand le crises à début focal (point de départ focal de la décharge sur une
risque de récidive est considéré comme supérieur à 60 % dans les région circonscrite du cortex cérébral), les crises à début généralisé
dix ans [1] . Conceptuellement et pratiquement, une distinction (la décharge intéresse d’emblée et simultanément les deux hémi-
fondamentale doit être établie entre les crises symptomatiques sphères cérébraux) et les crises à début inconnu (catégorie utile
(contemporaines d’une agression cérébrale non spécifique, directe pour classer en l’absence de renseignements suffisants). Les crises
ou indirecte) qui disparaissent avec le traitement de leur cause et sont décrites en fonction de ce qui est observable : crises avec
les crises qui s’inscrivent dans le cadre d’une épilepsie. Le seuil signes moteurs ou sans signes moteurs ; crises avec ou sans altéra-
empirique à partir duquel il est possible de caractériser l’épilepsie tion de la conscience [10] . Une crise focale devenant bilatérale très
du sujet âgé est compris entre 65 et 70 ans [2] . Ce seuil a été calculé rapidement peut prendre l’apparence d’une crise tonicoclonique
dans une étude prospective canadienne incluant 2449 patients généralisée. De ce fait, quand des signes cliniques ou électriques
dont 149 étaient âgés de plus de 65 ans au moment du début focaux postcritiques sont observés, un diagnostic de crise focale
de l’épilepsie, en analysant 14 facteurs variables selon l’âge [2] . doit être retenu. Une crise épileptique (hors état de mal) est courte
En effet, les crises épileptiques et les épilepsies qui surviennent et la durée moyenne d’une décharge neuronale anormale est de
chez le sujet âgé ne peuvent pas être étudiées par simple extra- quelques secondes à une minute.
polation des données connues chez l’adulte jeune : les aspects
cliniques, les facteurs étiologiques et la prise en charge thérapeu-
tique sont différents. Les sujets âgés ne constituent cependant Distribution des crises chez le sujet âgé
pas une catégorie homogène et il est utile de distinguer trois
Les crises sont focales avec altération de la conscience dans 40
groupes : le sujet âgé autonome et en bonne santé, le sujet âgé
à 50 % des cas, focales sans altération de la conscience dans envi-
fragile [3] et le sujet âgé dément. La fragilité est un état physio-
ron 15 % des cas et à début généralisé dans 25 % des cas [11, 12] . Les
logique caractérisé par une vulnérabilité accrue à des facteurs de
études hospitalières montrent que 30 à 45 % des premières crises
stress tels qu’une maladie aiguë, un traumatisme ou une inter-
du sujet âgé prennent la forme d’un état de mal [12–14] . Les dif-
vention chirurgicale et est associée à un risque plus élevé de
férences de présentation entre les crises d’une épilepsie débutant
chutes, de fractures, de complications des soins, d’hospitalisation,
après 60 ans et celles survenant chez un sujet âgé dont l’épilepsie a
d’institutionnalisation, de handicap et de déclin cognitif [3] . La
débuté dans l’enfance ou à l’âge adulte jeune sont résumées dans
prise en charge pratique doit être adaptée à chaque cas particulier.
le Tableau 1 [15] .

 Épidémiologie Circonstances du diagnostic


La prévalence sur la vie entière (lifetime prevalence) de l’épilepsie Le diagnostic de crise épileptique est avant tout clinique et
en population générale est comprise entre 2,3 et 15,9 pour 1000 peut s’avérer difficile chez le sujet âgé car la majorité des crises
dans les pays industrialisés [4] en regroupant tous les syndromes sont des crises focales avec altération de la conscience [16] . Les
épileptiques diagnostiqués à une période donnée, y compris les circonstances au cours desquelles le diagnostic de crise épi-
épilepsies guéries. La prévalence sur la vie entière de l’épilepsie leptique doit être évoqué sont fréquentes et non spécifiques :
active, définie par la prescription d’un traitement antiépileptique mouvements anormaux au cours de la veille ou du sommeil ;
ou la survenue d’une crise dans les deux à cinq ans qui précédent chutes ; sensations physiques ou psychiques inhabituelles ;
est de 7,6 pour 1000 (intervalle de confiance [IC] 95 % : 6,2–9,4) [5] . troubles de la conscience ou de l’état mental. Le diagnostic
La prévalence de l’épilepsie active (au sens précédemment défini) repose fondamentalement sur l’interrogatoire du patient et des
augmente avec l’âge avec un ratio de 7,17 (IC 95 % : 4,67–11,01) témoins, et accessoirement sur d’éventuelles corrélations électro-
chez les personnes âgées de 60 ans et plus. Dans l’enquête pros- cliniques quand l’électroencéphalogramme (EEG) est contributif.
pective de Rotterdam, la prévalence de l’épilepsie active était de Un examen neurologique et somatique qui doit comporter
7 pour 1000 entre les âges de 55 à 64 ans, et supérieure à 12 pour une reconstitution de tous les antécédents médicochirurgicaux
1000 entre 85 et 94 ans [5] . ainsi qu’un inventaire exhaustif de tous les traitements prescrits
L’incidence des crises non provoquées dans les pays indus- complète l’interrogatoire. L’enquête sur les circonstances et le
trialisés varie de 24 à 71 pour 100 000 par an [5] et augmente déroulement du malaise est essentielle et les témoins potentiels
régulièrement avec l’âge : de 50 pour 100 000 par an entre 40 doivent être systématiquement interrogés. Sont précisés : la nature
et 59 ans à 127 pour 100 000 par an après 60 ans. Dans l’étude des symptômes précurseurs et inauguraux, l’existence d’une perte
de Rochester, l’incidence cumulative de l’épilepsie jusqu’à 74 ans de connaissance, de mouvements anormaux, d’une morsure de
était de 3 %, celle des crises non provoquées de 4,1 % et celle de langue et d’une perte d’urine. La description de l’état postcri-
l’ensemble des crises incluant les crises symptomatiques était de tique détaille l’existence d’une confusion mentale, de céphalées,
10 % [6] . Le taux d’hospitalisation des personnes âgées de plus de d’une somnolence inhabituelle ou d’un déficit moteur, sensitif
60 ans pour une épilepsie débutante est le triple de celui des sujets ou du champ visuel. La pertinence de chaque contribution en cas
du même âge déjà suivis pour une épilepsie (52 % versus 15 %) [7] . de témoins multiples doit être pondérée pour établir un faisceau
Une étude en population générale a montré que le ratio standar- d’arguments en faveur du diagnostic. Les crises étant des événe-
disé de mortalité était multiplié d’un facteur 3 à 20 au sein de ments cliniques stéréotypés, la constatation d’épisodes antérieurs
la population âgée qui débutait une épilepsie [8] . L’analyse d’une strictement similaires est d’une grande aide diagnostique. Des
cohorte prospective de 5888 patients âgés de plus de 65 ans suivis malaises fréquents peuvent utilement être enregistrés en vidéo sur
pendant 14 ans a montré que la prévalence de l’épilepsie était de le téléphone portable d’un témoin. Les difficultés du diagnostic
3,7 % à l’inclusion (215/5888) et de 5,7 % (335/5888) à l’issue de sont variables en fonction du type des crises. Au décours d’une
la période d’analyse [9] . crise généralisée tonicoclonique, le patient ne conserve aucun
souvenir du début de la crise ni de son déroulement et le diag-
nostic rétrospectif est difficile à porter chez un patient vivant
seul retrouvé au sol à son domicile [17] . La chronologie de sur-
 Diagnostic d’une crise venue des symptômes et la durée de la crise sont des éléments
épileptique qui ont une grande valeur d’orientation rétrospective. Les élé-
ments sémiologiques suivants sont habituels chez le sujet âgé par
Classification rapport à l’adulte jeune : confusion postcritique prolongée (plu-
sieurs heures voire plusieurs jours), moindre fréquence des pertes
Une crise épileptique est définie comme « une manifestation d’urine, rareté des morsures de langue chez des sujets édentés. La
transitoire de signes et/ou de symptômes dus à une activité neu- qualité de l’interrogatoire est déterminante pour le diagnostic de
ronale anormale excessive ou synchrone dans le cerveau » [10] . La crise focale et présuppose un état cognitif de base préservé. Les

2 EMC - Neurologie
Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences  17-044-O-15

Tableau 1.
Caractéristiques des crises de l’épilepsie débutant chez le sujet âgé par comparaison avec l’épilepsie ayant débuté dans l’enfance ou chez l’adulte jeune
(d’après [15] ).
Patients âgés > 60 ans débutant une épilepsie (%) Patients plus jeunes (%)
Crise focale avec conscience préservée 21,5 50
Crise focale avec conscience altérée 48,1 46,4
Crise focale devenant bilatérale 46,8 33,9
Confusion postcritique 45,6 19,6
Déficit moteur postcritique 19 1,8
Aphasie postcritique 15 14,3

Tableau 2. des manifestations syncopales, de certains accidents ischémiques


Causes possibles des crises cérébrales de mécanisme non épileptique pou- transitoires (AIT), des manifestations de l’angiopathie amyloïde,
vant être confondues avec des crises épileptiques. des troubles nocturnes et des ictus amnésiques.
Syncopes Vasovagales, convulsives, réflexes
D’origine cardiaque : troubles du rythme Syncopes
Orthostatiques : hypotension
En cas de chute, la première étape est de préciser s’il existe
orthostatique, dysautonomie,
une altération de la conscience associée. Si la réponse est posi-
neuropathie végétative
tive, ou en l’absence de témoin et/ou en cas d’interrogatoire
Mouvements anormaux Tremblement de Holmes non contributif, une crise épileptique et une syncope sont deux
Chorée hypothèses diagnostiques à envisager. Le cadre générique des syn-
Dyskinésies
copes du sujet âgé est hétérogène et regroupe toutes les altérations
Myoclonus non épileptique Myoclonies d’endormissement rapides et transitoires de la vigilance, accompagnées d’une perte
Myoclonies spinales du tonus musculaire, dont le mécanisme est cardiovasculaire [18] .
Myoclonies toxiques et métaboliques Les enregistrements vidéo-EEG-ECG des syncopes [19] ont permis
Migraine Auras visuelles, sensitives, troubles du une analyse précise des symptômes cliniques : les signes lipothy-
langage miques et la pâleur, caractéristiques, sont plus rares chez le sujet
Auras dans l’angiopathie Paresthésies ascendantes unilatérales âgé ; les prodromes, parfois très brefs, peuvent se résumer à un ver-
amyloïde Flashs visuels tige, une nausée ou une vision tunellaire ; le patient peut tomber
Déficits moteurs brutalement avec une hypertonie des membres mais la syncope
Troubles du langage peut également survenir en position couchée [18] ; une révulsion
Accidents vasculaires Carotidiens : déficits moteurs ou oculaire précoce est fréquente. Lors de la phase anoxique, des
sensitifs, troubles neuropsychologiques secousses des épaules ou des myoclonies rythmiques sont obser-
spécialisés vées dans près de 90 % des syncopes réflexes. Des automatismes
Vertébrobasilaires (thalamiques, drop (mouvements anormaux involontaires) sont observés chez 80 %
attacks) des malades. Les yeux peuvent rester ouverts et une déviation
Troubles du sommeil Syndrome d’apnées du sommeil observable du regard est constatée dans la moitié des cas. Des
Mouvements périodiques du sommeil hallucinations auditives isolées ou auditives puis visuelles sont
Troubles du comportement en sommeil rapportées dans 60 % des cas. Une morsure de langue ou une
paradoxal perte d’urine sont rares mais possibles. Il n’y a habituellement pas
Toxiques et métaboliques Sevrage alcoolique de confusion postsyncope chez un sujet jeune, mais elle n’est pas
Hypoglycémie exceptionnelle chez un sujet âgé [20] . Les syncopes réflexes sont
Syndrome carcinoïde importantes à reconnaître : une perte de connaissance au décours
Phéochromocytome d’une miction nocturne, d’un effort de toux, à l’occasion d’une
Hallucinose pédonculaire fausse route ou de la défécation est presque toujours de méca-
Troubles psychiatriques Crises non épileptiques psychogènes nisme vasovagal. Chez le sujet âgé, une syncope s’accompagne
Divers Ictus amnésique plus fréquemment que chez le sujet jeune d’une perte d’urine et
de blessures [18] . L’examen clinique après un malaise avec perte de
connaissance doit systématiquement comprendre un ECG, une
recherche soigneuse des traitements à visée cardiovasculaire avec
ruptures du contact, caractéristiques des crises focales avec altéra- leur chronologie de prescription, une mesure de la pression arté-
tion de la conscience et les états confusionnels postcritiques brefs rielle en décubitus puis en orthostatisme. Un tilt-test peut être
sont volontiers négligés alors que l’apparition de troubles cogni- pratiqué pour tenter de reproduire les symptômes du malaise et
tifs en dehors de critères évidents de démence, quelle que soit un Holter rythmique est indiqué si les malaises sont fréquents [21] .
leur présentation clinique, doit conduire à évoquer le diagnostic
de crise épileptique.
Accidents ischémiques transitoires
Des mouvements anormaux d’un membre ressemblant à des
Diagnostic différentiel myoclonies épileptiques (mouvements irréguliers, plus ou moins
rythmiques, d’amplitude variable) peuvent être observés dans
Les affections qui peuvent générer des crises cérébrales mimant un contexte de sténose préocclusive ou d’occlusion de la caro-
une crise épileptique chez les sujets âgés sont résumées dans le tide controlatérale (limb-shaking). Ils surviennent par salves d’une
Tableau 2. Toutes les crises focales qui comportent des symp- durée de plusieurs minutes et sont majorés à l’occasion des chan-
tômes frustes peuvent passer inaperçues ou être confondues avec gements posturaux. Le mécanisme n’est pas épileptique mais
une confusion d’autre origine, voire rattachés de manière erro- rapporté à une hypoperfusion symptomatique de la région cen-
née à une démence débutante. Des épisodes d’aréactivité de durée trale [22] : en effet, la conscience est préservée, la face est toujours
variable peuvent être observés dans la maladie d’Alzheimer et la respectée, les EEG sont normaux et les antiépileptiques sont inef-
démence à corps de Lewy. Un déficit postcritique de durée pro- ficaces. A contrario, des crises épileptiques dites déficitaires sans
longée peut être pris pour un accident vasculaire cérébral (AVC). myoclonies avec un EEG confirmant la nature critique du phé-
Un certain nombre de situations posent des problèmes pra- nomène ont été rapportées [23] . Des épisodes répétés d’arrêt du
tiques parfois très difficiles à résoudre. Il s’agit principalement langage isolés de début brutal, d’une durée de deux à cinq minutes,

EMC - Neurologie 3
17-044-O-15  Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences

sans troubles de la compréhension ni signes moteurs associés, periodic lateralised epileptiform discharges) sont aspécifiques. Il s’agit
pouvant se répéter plusieurs fois par jour, ont été corrélés à des d’ondes pointues et d’ondes lentes qui affectent un hémisphère
décharges épileptiques bifrontales chez le sujet âgé, redressant le et dont l’amplitude varie entre 50 et 300 ␮V, avec une périodicité
diagnostic initial d’accident ischémique transitoire de type apha- comprise entre 0,3 et 5 secondes. Les PLED sont contemporaines
sique [24] . d’une agression cérébrale aiguë avec atteinte parenchymateuse,
quelle qu’en soit la cause, et sont transitoires [31] . La proportion
Épisodes neurologiques focaux dans l’angiopathie de patients âgés authentiquement épileptiques qui ont des ano-
amyloïde malies paroxystiques intercritiques sur l’EEG est significativement
plus faible que celle des sujets jeunes : les anomalies paroxystiques
L’angiopathie amyloïde se caractérise par le dépôt de pro- intercritiques sont observées sur 77 % des tracés dans les épilep-
téine ␤ amyloïde dans la paroi des petites artères corticales et sies débutant avant l’âge de 10 ans, sur 39 % après l’âge de 40 ans
leptoméningées et se manifeste habituellement par des hémor- et sur 26 % après l’âge de 60 ans [32] .
ragies intraparenchymateuses corticales et/ou un déclin cognitif Le développement de l’examen vidéo-EEG à but diagnostique
progressif. Les séquences magnétiques en imagerie par réso- devrait permettre dans le futur d’enregistrer de plus en plus sou-
nance magnétique (IRM) (écho de gradient T2 ou susceptibility vent les crises en temps réel, assurant le diagnostic de manière
weighted imaging [SWI]) objectivent les saignements et les micro- formelle : dans une série scandinave, il a été montré que la moitié
bleeds. Une présentation clinique moins fréquente (14 % des des crises considérées comme épileptiques à l’issue de l’examen
cas [25] ) peut consister en phénomènes paresthésiques durant une clinique relevaient en réalité d’un autre mécanisme [19] . Les crises
à 15 minutes diffusant sur un hémicorps (mimant une crise épilep- non épileptiques psychogènes ne sont pas rares chez le sujet âgé
tique) ; phénomènes lumineux à type de flashs en zigzag (mimant (revue in [33] ). La vidéo-EEG prolongée est utile mais d’accès diffi-
une migraine) ; déficits moteurs focaux ou troubles du langage cile et coûteuse [3] .
mimant un accident ischémique transitoire. Ces phénomènes
sont d’autant plus trompeurs qu’ils peuvent être récurrents et
stéréotypés [25] .
Examens morphologiques
Manifestations nocturnes La mise en évidence d’une lésion structurelle de l’encéphale
Quand les manifestations cliniques sont strictement nocturnes repose sur l’IRM qui est l’examen de référence. Pour des raisons
et consistent en des mouvements anormaux pouvant ressembler d’accessibilité et compte tenu de sa sensibilité dans la détec-
à des salves de myoclonies, ou en troubles du comportement lors tion des lésions ischémiques territoriales ou des hématomes, le
du sommeil paradoxal, un enregistrement polysomnographique scanner cérébral peut suffire au bilan diagnostique dans cer-
est nécessaire compte tenu de la variété et de la fréquence des taines situations cliniques (cf. infra). L’interprétation des examens
manifestations liées au sommeil de mécanisme non épileptique morphologiques nécessite une analyse adéquate des corrélations
survenant chez les sujets âgés (revue in [26] ). anatomocliniques compte tenu de la fréquence des lésions mor-
phologiques non spécifiques chez le sujet âgé [34] .
Ictus amnésique
L’ictus amnésique se caractérise par un trouble isolé de la
mémoire de début brutal, en pleine conscience, avec préservation  Situations cliniques et démarche
des capacités perceptivognosiques, praxiques ou intellectuelles,
et un comportement adapté. D’une durée moyenne de quatre à
étiologique
six heures (toujours inférieure à 24 h), l’ictus amnésique laisse
une lacune mnésique. Le diagnostic rétrospectif est impossible
Problèmes conceptuels
en l’absence de témoin. L’interrogatoire d’un témoin confirme Diagnostiquer une crise et diagnostiquer une épilepsie corres-
l’atteinte pure et isolée de la mémoire épisodique : le patient pose pondent à deux problèmes distincts. Quatre situations peuvent
sans cesse les mêmes questions, oublie les réponses, est désorienté être identifiées chez le sujet âgé [35] :
dans le temps mais non dans l’espace, poursuit normalement les • les crises symptomatiques aiguës qui surviennent par conven-
activités dans lesquelles il est engagé [27] . Un ictus amnésique cor- tion dans la semaine qui suit une agression cérébrale aiguë
respond dans la majorité des cas à un événement isolé. En cas de directe ou indirecte [36] ;
récidive, le diagnostic d’amnésie épileptique transitoire doit être • les crises isolées qui correspondent à la survenue d’une seule
argumenté (cf. infra). crise certaine, quel que soit son type, sans cause patente ;
• les épilepsies focales symptomatiques, qui regroupent les
patients pour lesquels il existe une preuve clinique, à l’EEG ou
Électroencéphalogramme morphologique d’un début focal des crises, une lésion cérébrale
Une crise épileptique est un événement électroclinique qui jus- épileptogène sur l’imagerie et un début des crises plus d’une
tifie la pratique systématique d’un EEG. Celui-ci est pratiquement semaine après la phase aiguë. L’intérêt pratique de ce cadre est
toujours réalisé à distance de la crise (sauf en cas d’état de mal qu’un diagnostic d’épilepsie peut être porté dès la première crise
non convulsivant [cf. infra]). L’interprétation de l’EEG est dif- spontanée permettant l’instauration d’un traitement ;
ficile du fait de l’augmentation avec l’âge de la proportion des • les épilepsies indéterminées qui regroupent les patients qui ont
anomalies non spécifiques qui font courir le risque de faux posi- eu au moins deux crises certaines (focales ou généralisées) sans
tifs : ralentissement plus ou moins symétrique de l’activité de cause patente.
fond, fréquence accrue des rythmes lents thêta parfois organi- Une crise de cause vasculaire peut correspondre à une
sés en foyers asymétriques sur les régions temporales qui peuvent crise symptomatique aiguë, non spécifique, contemporaine de
intéresser jusqu’à 15 % des sujets âgés normaux [28] . Un certain l’agression cérébrale et qui restera isolée, ou, en cas de survenue
nombre de patterns EEG inhabituels mais physiologiques (dépour- tardive, à une véritable épilepsie vasculaire, quand la décharge
vus de signification pathologique) ont été observés chez les sujets prend son origine au sein de la lésion cérébrale séquellaire. Les
âgés, principalement lors de la somnolence : trains d’ondes lentes caractéristiques cliniques, à l’EEG, morphologiques et la prise en
de rythme delta de topographie bifrontale, d’une durée de deux charge sont différentes pour chacune de ces deux situations (cf.
à dix secondes, et de haut voltage (frontal intermittent rhythmic infra) (Tableau 3).
delta activity [FIRDA]) [29] , décharges d’ondes thêta parfois aiguës En pratique, on peut envisager quatre situations posant des
plus ou moins asymétriques sur les régions pariéto-occipitales qui problèmes diagnostiques et thérapeutiques très différents :
durent quelques secondes ou plusieurs minutes (SREDA – subcli- • la survenue d’une crise chez un sujet âgé connu pour une épi-
nical rhythmic EEG discharges in adults) [30] , ondes en arceau parfois lepsie depuis l’enfance ou l’âge adulte ;
très asymétriques dans les régions temporales antérieures [28] . • la survenue d’une première crise, symptomatique aiguë ou de
Certaines activités paroxystiques périodiques latéralisées (PLED – cause inconnue ;

4 EMC - Neurologie
Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences  17-044-O-15

Tableau 3.
Crises en rapport avec un accident vasculaire cérébral (AVC) – résumé des différentes situations pratiques (d’après [37] ).
Crise inaugurale Crise précoce Crise tardive
Définition j0 crise aiguë symptomatique j0–j7 crise aiguë symptomatique j7 crise spontanée de l’épilepsie
vasculaire
Prévalence AVC ischémique (4,3–6,2 %) AVC ischémique (2–4 %) AVC ischémique (9,5 % à 5 ans)
AVC hémorragique (10,7–15,6 %) AVC hémorragique (10–16 %) AVC hémorragique (11,8 % à 5 ans)
Physiopathologie Relargage de neurotransmetteurs, augmentation du sodium et du calcium Modifications structurelles : dépôts
intracellulaires et du glutamate extracellulaire conduisant à une hyperexcitabilité d’hémosidérine et gliose
dans la zone de pénombre
Prise en charge Corriger les facteurs déclenchants (fièvre, trouble métabolique, syndrome de Corriger les facteurs déclenchants
sevrage). En cas de crise isolée, pas de traitement (sauf si phlébite cérébrale). En cas débuter une monothérapie
de crises récurrentes, pas de consensus, à discuter au cas par cas. En cas de
traitement, durée limitée à la phase aiguë

• la survenue d’une crise s’inscrivant dans le cadre d’une épilepsie Tableau 4.


débutante du sujet âgé ; Causes des crises symptomatiques aiguës et de l’épilepsie débutante chez
• la survenue d’un état de mal épileptique, convulsivant ou non le sujet âgé (d’après [3] ).
convulsivant. Causes Proportion
Crises aiguës symptomatiques
Survenue d’une crise chez un sujet âgé connu - Accident vasculaire cérébral ischémique ou 40–55 %
pour être épileptique hémorragique dans la première semaine
- Trouble métabolique 15 %
Une étude prospective multicentrique allemande [15] a comparé
- Causes toxiques (sevrage médicaments, alcool) 15 %
les caractéristiques des crises et de leurs causes chez des patients
âgés de plus de 65 ans répartis en deux groupes. L’un (n = 67) dont - Traumatisme crânien 4–10 %
l’épilepsie avait débuté avant l’âge de 50 ans, l’autre après 65 ans - Infection du système nerveux central 2–3 %
(n = 79). Le profil clinique des deux populations est significative- - Autres ou causes inconnues 5–20 %
ment différent en termes d’étiologie, de sémiologie et de durée Épilepsie débutante
des crises et de symptômes postcritiques. Par ailleurs, l’évolution
- Maladies cérébrovasculaires 30–65 %
de la sémiologie des crises au cours du temps a été analysée dans
un groupe de 53 patients âgés de plus de 60 ans dont l’épilepsie - Démences 10–20 %
active évoluait depuis 44 ans en moyenne [38] . Chez 29 patients, - Tumeurs cérébrales 3–11 %
la sémiologie des crises était restée inchangée. Chez 20 patients, - Lésions traumatiques séquellaires 1–7 %
la durée des crises était moins longue et les symptômes moins - Lésions infectieuses séquellaires 0–1 %
marqués avec disparition des crises généralisées (crises focales
- Malformation vasculaire 0–3 %
devenant bilatérales). Chez quatre patients, la symptomatologie
s’était aggravée avec apparition de chutes, augmentation de la fré- - Syndrome d’apnées du sommeil ?
quence des crises et détérioration cognitive. Ces quatre patients - Autres ou causes inconnues 30–50 %
avaient tous eu des accidents vasculaires cérébraux authentifiés
par la présence d’hypodensités sur le scanner [38] .
1,56 [IC 95 % : 1,29–1,88]). La survenue de crises précoces est asso-
Survenue d’une première crise chez le sujet ciée à un taux de mortalité de 30 % (contre 7 à 19 % en l’absence
de crises) parce qu’elle est corrélée à la gravité initiale de l’AVC
âgé mesurée par les échelles cliniques (NIHSS – National Institute of
Health Stroke Score). Les facteurs qui accroissent significative-
Les causes des premières crises, symptomatiques aiguës ou qui
ment le risque de crise précoce, outre le caractère hémorragique
entrent dans le cadre d’une épilepsie débutante sont résumées
de la lésion, sont la sévérité de l’AVC évaluée par le score NIHSS à
dans le Tableau 4 [3] . En France, au sein d’une population de
l’admission et la taille de la lésion sur l’imagerie [37] . La présence
223 224 sujets âgés de plus de 60 ans évaluée en Gironde, 284 pre-
de PLED sur l’EEG est observée chez 27,4 % des patients victimes
mières crises non fébriles ont été observées au cours d’une période
d’une crise précoce, cet aspect EEG étant corrélé avec l’étendue de
de un an [35] . Plus de la moitié des premières crises étaient symp-
la lésion. La question de savoir si la survenue de crises précoces
tomatiques aiguës, et, quand la cause était connue, d’origine
est un facteur de risque de survenue d’une épilepsie tardive reste
vasculaire dans 54 % des cas ; métabolique dans 15,1 %, toxique
discutée [41] .
dans 14,5 %, en rapport avec une démence dans 9,3 %, un trau-
matisme dans 4,1 % et une infection dans 2,9 %.
Crises symptomatiques aiguës de cause toxique
Crises symptomatiques aiguës de cause vasculaire Les crises induites par les médicaments sont rares (26 cas parmi
La prévalence des crises inaugurales et des crises aiguës symp- 32 812 patients dans une étude réalisée à Boston [42] ), mais doivent
tomatiques d’un AVC est résumée dans le Tableau 3 [37] . Selon être évoquées quand elles surviennent après l’introduction d’une
les différents travaux, 2 à 4 % des sujets victimes d’un AVC nouvelle substance, surtout dans un contexte d’intoxication
ischémique ont une crise aiguë symptomatique dans la première volontaire ou de polythérapie. Les classes thérapeutiques prin-
semaine contre 10 à 16 % des sujets victimes d’un AVC hémor- cipalement concernées sont les psychotropes (la clozapine, les
ragique. Les crises surviennent dans les premières 48 heures plus antidépresseurs tricycliques, les neuroleptiques et le lithium sont
d’une fois sur deux quelle que soit la nature de l’AVC. La survenue les plus épileptogènes), les antibiotiques (isoniazide, pénicilline,
d’une transformation hémorragique après une procédure de revas- céphalosporines), les anticholinergiques, les anesthésiques locaux
cularisation multiplie par cinq le risque de crises dans les deux ans (lidocaïne), les antiasthmatiques (théophylline), les hypoglycé-
qui suivent l’AVC [39] . Une méta-analyse [40] a montré que la sur- miants, le flumazénil, la ciclosporine et les bêtabloquants (revue
venue de crises précoces augmentait le risque de mortalité (risque in [43] ). Seule une enquête au cas par cas permet, en l’absence
relatif [RR] : 2,45 ; IC 95 % :1,72–3,51) et de mauvaise récupéra- d’autre cause patente, d’argumenter le diagnostic de crise toxique.
tion fonctionnelle (score de Rankin-mRS compris entre 3 et 5 ; RR : L’alcool est épileptogène par plusieurs mécanismes différents :

EMC - Neurologie 5
17-044-O-15  Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences

la prise chronique de doses excessives, qui accroît le risque de mée à 8,9 % tous types d’AVC confondus [48] . Jusqu’à 65 %
crises avec une incidence cumulative à l’âge de 80 ans de 4,5 % des sujets âgés qui débutent une épilepsie ont des signes cli-
chez les gros buveurs, un risque accru de complications trauma- niques et/ou radiologiques de maladie cérébrale vasculaire, soit
tiques, toxiques, métaboliques et infectieuses, et des crises lors du une prévalence cinq fois supérieure à des sujets appariés sans
sevrage [44] . Le sevrage en benzodiazépines prises de manière chro- épilepsie [49] . Un antécédent d’AVC multiplie par trois le risque
nique est également un facteur de risque chez le sujet âgé, surtout de développer une épilepsie après 65 ans [9] . Un traitement de
d’état de mal non convulsivant (cf. infra). Les 20 crises de méca- recanalisation à la phase aiguë d’un AVC ischémique n’augmente
nisme toxique (parmi 341) colligées dans l’étude rétrospective de pas le risque d’épilepsie vasculaire [50] , y compris la thrombecto-
Granger et al. [45] mettaient en cause 15 fois les antidépresseurs, mie [51] . Les relations entre épilepsie et AVC sont bidirectionelles :
deux fois l’alcool, une fois un sevrage en benzodiazépines, une l’existence d’une épilepsie multiplie par trois le risque de faire
neuroleptanalgésie et une prise de buflomédil. un AVC ultérieur [52] . Les facteurs de risque sont identiques à
ceux des crises précoces. L’EEG intercritique montre habituelle-
Crises symptomatiques aiguës de cause ment un foyer d’anomalies lentes avec ou sans ralentissement de
métabolique l’activité de fond, sans corrélations pronostiques claires. Une ques-
tion débattue est de savoir si une épilepsie débutante peut être la
Les désordres métaboliques potentiellement épileptogènes conséquence d’une maladie cérébrale vasculaire « occulte », c’est-
sont les troubles hydroélectrolytiques (hyponatrémie, déficit à-dire ne s’étant encore jamais manifestée par un AIT ou un AVC
en magnésium, hypo- ou hypercalcémie), l’insuffisance rénale constitué [53] . Si cette hypothèse était avérée, le traitement actif
sévère, les complications de la dialyse et les troubles endocri- des facteurs de risque vasculaires correspondrait à un authentique
niens (sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique, hyper- traitement préventif de l’épilepsie.
et hypothyroïdie, hyper- et hypoparathyroïdie, hypoglycé-
mie, hyperglycémie sans cétose, hyperammoniémie) (revues
in [36, 43, 46] ). L’hyponatrémie (inférieure à 125 mEq/l) est de loin Épilepsies tumorales
la cause la plus fréquente [45] .
L’épilepsie d’origine tumorale rend compte de 10 à 12 % des cas
chez le sujet âgé [54] et est révélatrice de la tumeur dans la moitié
Autres causes de crises symptomatiques des cas. Les tumeurs de bas grade semblent plus épileptogènes que
La survenue d’une crise dans la première semaine qui suit un les tumeurs primitives de haut grade ou que les métastases : les
traumatisme crânien, même bénin, une infection générale ou du crises sont observées dans 50 à 80 % des astrocytomes, 46 à 78 %
système nerveux central peut correspondre à un événement symp- des oligodendrogliomes, 22 à 62 % des gliomes de haut grade et
tomatique sans lendemain. 13 à 26 % des méningiomes [54] . La morbimortalité après chirurgie
Après une première crise, l’enquête étiologique reste négative est significativement plus élevée après 65 ans dans la chirurgie des
dans un tiers des cas [15] . Le résultat de l’enquête dépend de méningiomes [55] .
l’étendue des moyens diagnostiques mis en œuvre et de la durée
du suivi. Le bilan diagnostique doit comprendre au minimum une
analyse précise des causes toxiques potentielles, un bilan méta- Épilepsies post-traumatiques et postopératoires
bolique et endocrinien complet, une numération sanguine et un Environ 5 % des crises épileptiques tous âges confondus sont
scanner cérébral. Des explorations facultatives sont réalisées en d’origine traumatique [56] . Le risque de crise augmente avec
fonction du contexte (recherche de la porte d’entrée, hémocul- l’âge, en cas de perte de connaissance inaugurale, d’amnésie
tures et ponction lombaire). Une IRM cérébrale est nécessaire après antérograde supérieure à 24 heures, de fracture du crâne, de contu-
une première crise certaine sans cause retrouvée à l’issue du bilan sion cérébrale ou d’hématome sous-dural. Chez le sujet âgé, un
précédent chez un patient autonome. traumatisme mineur peut être à l’origine d’un hématome sous-
dural épileptogène. Les épilepsies postopératoires compliquent
un geste chirurgical chez un patient jusque là non épileptique
Épilepsie débutante du sujet âgé, causes et surviennent après exérèse de méningiomes, de gliomes ou
et facteurs de risque d’anévrismes [45] .
Le diagnostic d’épilepsie peut être porté dès la première crise s’il
existe une propension durable du cerveau à générer des crises [1] . Épilepsies auto-immunes
Depuis la publication de la nouvelle classification des syndromes
épileptiques [1] , l’étude des comorbidités somatiques, cognitives La survenue de crises épileptiques dans un contexte de troubles
et psychiatriques associées aux crises fait partie intégrante du du comportement et/ou de déclin cognitif subaigu ou rapide-
bilan d’une épilepsie, indépendamment de l’enquête étiolo- ment progressif doit faire évoquer la possibilité d’une encéphalite
gique. De manière générale, les causes d’une épilepsie peuvent auto-immune en rapport avec des anticorps antineuropile (revue
être structurelles (lésion parenchymateuse cérébrale), génétiques, in [57] ). Les anticorps impliqués après l’âge de 60 ans sont les
infectieuses, métaboliques, immunologiques ou inconnues. Chez AMPAR (alpha-amino-3-hydroxy-5-methylisoxazole-4-propionic acid
le sujet âgé, la cause prédominante est vasculaire (ischémique ou subtype glutamate receptor) (crises épileptiques temporales), les LGI
hémorragique) (30 à 65 %), suivie par les affections dégénératives (leucine-rich glioma-inactivated) (crises dystoniques brachiofaciales
(10 à 20 %), les néoplasies cérébrales (3 à 11 %), et les lésions ou épisodes de bradycardie nécessitant la pose d’un pacemaker,
post-traumatiques ou infectieuses (Tableau 4). En pratique, il prédominance masculine), CASPR2 (crises temporales), GABAbR
s’agit pratiquement toujours d’épilepsies focales symptomatiques. (syndrome paranéoplasique en rapport avec un cancer du pou-
Les encéphalites auto-immunes sont plus rares mais constituent mon à petites cellules chez le sujet âgé). Les encéphalites NMDA
un champ d’investigation en plein essor. Un syndrome d’apnée (N-méthyl-D-aspartate), apanage du sujet jeune, peuvent égale-
du sommeil peut expliquer une épilepsie débutante et doit être ment être observées après 75 ans [58] . Le bilan consiste en une IRM
recherché en cas de somnolence diurne voire de manière sys- cérébrale à la recherche d’hypersignaux T2 inconstants, d’un EEG
tématique pour certains auteurs en l’absence d’autres causes et essentiellement d’une recherche des anticorps dans le sérum et
patentes [47] . Le bilan reste négatif dans 30 à 50 % des cas [3] . Une le liquide cérébrospinal (LCS) qu’il faut savoir répéter en cas de
section spéciale consacrée aux syndromes démentiels est donnée résultats négatifs [56] .
infra. L’encéphalopathie de Hashimoto aiguë ou subaiguë, associée à
des taux élevés d’anticorps antithyroïdiens, peut se révéler par des
crises convulsives, une psychose ou un tableau démentiel. L’EEG
Épilepsies vasculaires est non spécifique. Les manifestations épileptiques évoluent
Les crises qui s’inscrivent dans le cadre d’une épilepsie vascu- favorablement après la mise en place d’un traitement antiépi-
laire surviennent par définition au plus tôt une semaine après leptique et corticoïde [59] . Ce cadre diagnostique reste cependant
l’AVC (Tableau 3). La prévalence de l’épilepsie vasculaire est esti- controversé.

6 EMC - Neurologie
Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences  17-044-O-15

Tableau 5.
Aspects cliniques et résultats des explorations dans quatre situations de troubles mnésiques paroxystiques chez le sujet âgé.
Ictus amnésique AET Troubles cognitifs légers Épilepsie associée à la
maladie d’Alzheimer
Âge de début 50–70 ans 62–69 ans > 50 ans 60–75 ans
Facteurs favorisants Stress, émotion, exercice Au réveil
physique, immersion soudaine
dans eau chaude ou froide,
postcoïtal
Troubles mnésiques Amnésie antérograde et rétrograde Bilan neuropsychologique Rare épisode d’amnésie aiguë, Troubles mnésiques
pendant l’épisode, bilan standard normal mais déficit d’un ou plusieurs domaine portant sur l’encodage
neuropsychologique normal à oubli accéléré et déficit cognitif (mémoire, fonction associés à un syndrome
l’issue mémoire autobiographique exécutive, attention, langage, aphaso-apraxo-agnosique
habilités visuospatiales) de sévérité variable
Type de crises 0 Crises amnésiques au réveil 0 Crises focales avec
épileptiques Hallucinations oflactives altération de la conscience,
Automatismes crises émotionnelles,
Crises secondairement aréactivité, automatismes,
généralisées crises secondairement
généralisées
Imagerie Hypersignal diffusion Normale Peu spécifique : leucoariose, Atrophie substance grise
hippocampique en CA1 (2–3 j discrète atrophie temporale temporale ou dans les
après l’épisode jusqu’au 14e j) interne régions postérieures
EEG Normal Foyer temporal ou Normal Foyer temporal ou frontal
temporofrontal sur l’EEG dans un tiers des cas
de sommeil
Durée d’un épisode < 24 h <1h Variable Variable, confusion
postcritique jusqu’à deux
semaines

AET : amnésie épileptique transitoire ; EEG : électroencéphalogramme.

Amnésie épileptique transitoire la prolongation anormale des crises d’une durée supérieure à cinq
minutes. Après 30 minutes d’évolution, cette situation peut alté-
L’amnésie épileptique transitoire est un syndrome récemment rer les réseaux neuronaux de manière irréversible, en fonction
identifié [60] . Il correspond à un sous-type d’épilepsie temporale de la nature et de la durée des crises [61] . On distingue les états
interne qui se manifeste par des épisodes récurrents d’amnésie de mal convulsifs (EMC) qui mettent en jeu le pronostic vital et
aiguë associés à des troubles mnésiques interictaux, c’est-à-dire nécessitent une prise en charge urgente en réanimation, et les
persistant entre les crises. La fréquence médiane des épisodes états de mal non convulsifs (EMNC, sans signes moteurs) qui
amnésiques est de 12 par an, mais elle peut varier d’un épisode posent principalement un problème de diagnostic positif. Chez
unique à plusieurs épisodes par jour. D’autres symptômes, qu’il les sujets âgés, ces deux formes posent des problèmes originaux :
faut savoir rechercher, précèdent ou accompagnent l’amnésie gravité particulière des EMC, fréquence élevée et difficultés diag-
chez 80 à 92 % des patients. Il s’agit d’hallucinations olfactives nostiques des EMNC. Jusqu’à 32 % des épilepsies qui débutent
ou gustatives (42 %), d’automatismes oroalimentaires (36 %), de chez le sujet âgé prennent la forme d’un état de mal ou de crises en
brèves ruptures de contact (24 %) qui évoquent un mécanisme série [14, 62] .
épileptique. D’autres phénomènes épileptiques moins fréquents
ont été rapportés : anxiété, sensation épigastrique ascendante,
[63]
myoclonies, impression de « déjà vu » et troubles du langage. États de mal convulsivants
L’existence de crises tonicocloniques est rare (4 à 10 %). Dans L’incidence est de trois à dix fois celle de l’adulte jeune, esti-
la moitié des cas d’amnésie épileptique transitoire, les patients mée à 15,5 sur 100 000 entre 60 et 69 ans et à 26 sur 100 000
sont vus en première intention en consultation mémoire du fait après 80 ans. Les causes sont dans un ordre de fréquence les
d’une plainte mnésique. Le bilan neuropsychologique standard AVC à la phase aiguë ou chronique (52,3 %), les désordres
est normal. Cependant, les patients ont un oubli accéléré et rap- métaboliques (22,3 %), les sevrages médicamenteux (9,6 %), les
portent des oublis d’événements de vie (vacances, anniversaire, démences (9,3 %), les traumatismes (9,3 %), les infections soit sys-
etc.) pendant lesquels leurs proches signalent un comportement témiques (6,3 %), soit du système nerveux central (2,3 %), l’alcool
normal. Les troubles de la mémoire autobiographique intéressent (8,6 %), l’hypoxémie (5,3 %) et sans cause retrouvée (4,6 %).
70 % des sujets et doivent être évalués avec l’aide des proches, Le diagnostic clinique est facile devant l’existence d’une acti-
en analysant des événements de vie communs ou des albums vité motrice tonique et/ou clonique continue ou intermittente,
de photos privées. Les troubles s’étendent à l’ensemble de la vie s’accompagnant d’une altération marquée de la conscience et/ou
et non seulement aux dernières années. Un aspect en « U » du d’un coma. Le profil d’expression clinique suit un ordre chro-
déficit de la mémoire autobiographique a été décrit, avec le res- nologique : en début d’état de mal, des crises tonicocloniques
pect des périodes récentes (quelques semaines) et des souvenirs individualisables se répètent avec une fréquence variable, puis
d’enfance. L’EEG standard est souvent normal alors que l’EEG de sont observés un allongement de la phase tonique et une raré-
sommeil peut objectiver des anomalies épileptiques temporales ou faction des secousses, des troubles végétatifs, puis un état de mal
temporofrontales. La présentation clinique de l’ictus amnésique,
« larvé » qui traduit l’aggravation de la souffrance cérébrale. À ce
de l’amnésie épileptique transitoire, des troubles cognitifs légers
stade, les convulsions deviennent irrégulières et intermittentes,
et des troubles dans la maladie d’Alzheimer avec épilepsie sont
parfois très discrètes, alors que l’EEG confirme la persistance de
résumés dans le Tableau 5.
l’activité épileptique. Le pronostic global dépend de la cause de
l’EMC, de sa durée et de l’âge du patient. Le taux de mortalité
global d’un EMC est de 13 % chez l’adulte jeune et atteint 38 %
États de mal épileptiques chez les sujets âgés entre 60 et 79 ans pour dépasser 50 % après
Les états de mal épileptiques correspondent à une situation en 80 ans. La mortalité est maximale en cas d’état de mal réfractaire
rapport avec l’échec des mécanismes stoppant les crises et/ou avec après 75 ans. Le pronostic fonctionnel à long terme est mauvais

EMC - Neurologie 7
17-044-O-15  Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences

et la mortalité à dix ans est de 82 % après 65 ans contre 32 % chez a été évaluée dans un registre prospectif suédois par comparaison
les sujets plus jeunes [64] . avec des sujets contrôles non déments appariés (n = 223 933) [68] .
Une augmentation du risque (hazard ratio [HR]) est observée dans
[65]
États de mal non convulsivants toutes les démences : maladie d’Alzheimer de début précoce (HR :
5,83 ; IC 95 % : 4,66–7,28) ; maladie d’Alzheimer de début tar-
Les EMNC correspondent à une condition fixe ou intermit-
dif (HR : 1,92 ; IC 95 % : 1,65–2,24) ; démence vasculaire (HR :
tente d’activité épileptique clinique sans signes moteurs patents,
2,61 ; IC 95 % : 2,27–2,99) ; démence mixte (HR : 2,16 ; IC 95 % :
concomitante d’une activité critique sur l’EEG. On distingue les
1,84–2,54) ; démence à corps de Lewy diffus (HR : 3,11 ; IC 95 % :
EMNC généralisés et les EMNC focaux. En pratique, le problème
2,09–4,62) ; démence parkinsonienne (HR : 3,79 ; IC 95 % :
du diagnostic se pose devant tout coma inexpliqué ou devant
2,48–5,79) ; démence frontotemporale (HR : 2,75 ; IC 95 % :
tout état confusionnel sans cause patente qui doit conduire à
1,70–4,45). L’augmentation du risque dans les démences parkinso-
réaliser un EEG pour objectiver l’activité épileptique. L’incidence
niennes, notion nouvelle, a été confirmée dans une étude anglaise
est estimée à 14 sur 100 000 par an chez le sujet âgé. Trois
portant sur de grands effectifs [69] . Les démences vasculaires sont
formes principales ont été décrites : les tableaux de confusion
également à risque de développement d’une épilepsie. Une étude
inexpliquée ; les manifestations atypiques subtiles (clignements
cas témoins anglaise [70] a montré que parmi 7086 cas avec mala-
des paupières répétées, déviation oculaire, myoclonies périorales
die d’Alzheimer et 4438 cas avec démence vasculaire (comparés à
discrètes, agitation, léthargie, trouble du langage, troubles de
11 524 témoins appariés selon l’âge et les comorbidités mais sans
l’humeur ou présentation mimant un AVC) ; les manifestations
démence), le risque de crises épileptiques est de 5,6 sur 1000 per-
typiques (automatismes gestuels ou oroalimentaires, mâchon-
sonnes par an (IC 95 % : 4,6–6,9) pour la maladie d’Alzheimer
nements, plafonnement oculaire, généralisation secondaire ou
et 7,5 sur 1000 personnes par an (IC 95 % : 5,7–9,7) pour les
précession des symptômes par une crise généralisée). L’EEG
démences vasculaires contre 0,8 sur 1000 personnes par an pour
montre des activités rythmiques paroxystiques focales non réac-
les témoins.
tives ou des anomalies épileptiques bilatérales à prédominance
Le nombre de personnes âgées de plus de 80 ans va tripler entre
antérieure dans les EMNC généralisés. Le bilan recherche un
2017 et 2050. La prévalence de la maladie d’Alzheimer augmente
sevrage en psychotropes (benzodiazépines) ou l’introduction d’un
avec l’âge : elle passe de 0,6 % entre 65 et 69 ans à 22,2 % à 90 ans et
médicament proconvulsivant, évalue l’état ionique et métabo-
au-delà [71] . La prévalence double tous les cinq ans entre les âges
lique, et l’imagerie précise l’existence d’une lésion cérébrale. La
de 50 et 80 ans [71] . Les projections réalisées à partir du registre
survenue d’un état d’absence de novo est caractéristique des sujets
des AVC de Dijon [72] estiment qu’en 2030 les AVC des sujets
âgés dépourvus d’antécédents épileptiques qui sont soumis à des
âgés auront progressé de 65 % par rapport à la période actuelle.
facteurs de provocation toxiques ou métaboliques. Cliniquement,
Comme la maladie d’Alzheimer et les AVC sont deux facteurs de
il est observé une confusion mentale d’intensité variable, allant
risque majeurs d’épilepsie qui peuvent de surcroît être associés,
du simple ralentissement subjectif de l’efficience intellectuelle
l’incidence de l’épilepsie risque d’augmenter considérablement
jusqu’à la stupeur tandis que l’EEG enregistre des décharges cri-
dans un futur proche [72] .
tiques généralisées. Les facteurs médicamenteux [66] en cause sont
les psychotropes, avec par ordre de fréquence les benzodiazépines
(prise chronique ou sevrage), les neuroleptiques, les antidépres- Maladie d’Alzheimer
seurs tricycliques, les barbituriques, le lithium, le méprobamate,
la viloxazine, la méthaqualone, les inhibiteurs de la monoamine- C’est la démence la plus à risque de crises épileptiques. Les crises
oxydase, le valproate et la carbamazépine. Les molécules non peuvent précéder l’apparition de la démence, posant la question
psychotropes impliquées sont la théophylline, la ciclosporine, du rôle épileptogène de la protéine ␤-amyloïde qui s’accumule
le baclofène, la metformine, la cimétidine, l’isofamide, la cefta- dans le cerveau plus de dix ans avant les symptômes cognitifs [73] .
zidime et les diurétiques. Des facteurs favorisants métaboliques L’estimation moyenne est que 10 à 22 % des maladie d’Alzheimer
isolés ou associés aux facteurs toxiques doivent être recher- sont associées à des crises mais ce taux peut monter jusqu’à
chés : hyponatrémie, hypocalcémie, hypoglycémie et insuffisance 64 % quand les patients sont soigneusement monitorés [74] . Les
rénale chronique. Au cours de l’EEG qui établit le diagnos- myoclonies en rapport avec l’hyperexcitabilité corticale concer-
tic, l’injection intraveineuse d’une benzodiazépine (clonazépam nent de 7 à 10 % des patients en moyenne et jusqu’à 80 % aux
0,5 mg) ou midazolam par voie intravaineuse 0,075 mg/kg ou stades les plus avancés de la maladie. Les crises et les myoclonies
5 mg par voie intramusculaire ou 10 mg endobuccal normalise sont plus fréquentes dans les formes génétiques (mutation des
l’EEG et supprime la confusion, réalisant un véritable test diag- gènes APP, PSEN1, PSEN2) de maladie d’Alzheimer qui débutent
nostique. La mortalité moyenne toutes causes confondues est de avant 65 ans, groupe où sont observés 45 % de crise et 36 % de
22,5 % [67] mais le pronostic est fonction du degré d’altération myoclonies [75] .
de la conscience et de la cause sous-jacente. Les EMNC de type
absence sur sevrage cèdent sans récidive après l’administration
d’une benzodiazépine et ne nécessitent pas de traitement au long Sémiologie des crises
cours.
Les crises les plus fréquentes sont des crises focales sans
signes moteurs avec altération de la conscience impliquant
l’hippocampe [76] : crises amnésiques, sensation de déjà vu, arrêt
 Épilepsie et syndromes du langage, fixité du regard, symptômes émotionnels incongrus,
démentiels sensation épigastrique ascendante ou goût métallique dans la
bouche. Le diagnostic est facilité quand il s’agit d’événements
L’épilepsie est souvent sous-diagnostiquée du fait de ses particu- stéréotypés et récurrents, surtout en cas de concomitant EEG. Le
larités sémiologiques et de la pathologie démentielle sous-jacente, diagnostic est difficile quand les symptômes sont atypiques et peu
considérée comme responsable de l’ensemble des symptômes. spécifiques : fluctuation de l’état cognitif ou syndrome confusion-
L’épilepsie qui survient au cours de l’évolution d’un syndrome nel prolongé. L’EEG standard ne montre des activités épileptiques
démentiel aggrave le déclin cognitif, la perte d’autonomie et aug- que chez 30 % des sujets qui font des crises, le plus souvent
mente la mortalité. Il est important de la diagnostiquer. multifocales, mais le rendement est amélioré par la réalisation
d’EEG prolongés d’une à deux heures incluant un fragment d’EEG
de sommeil qui peuvent détecter des anomalies épileptiques, y
Épidémiologie compris chez les personnes qui ne font pas de crises cliniques [77] .
Cette dernière constatation a conduit à mettre en place des essais
L’association entre crises épileptiques et démences de toute thérapeutiques (encore non publiés) pour évaluer l’effet d’un trai-
nature (maladie d’Alzheimer à début précoce ou tardif, démence tement préventif par lévétiracétam (cf. infra) chez les patients
vasculaire, démence mixte, maladie à corps de Lewy diffus, sans crises épileptiques cliniques qui présentent des anomalies à
démence parkinsonienne, démence frontotemporale) (n = 81 192) l’EEG.

8 EMC - Neurologie
Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences  17-044-O-15

Hypothèses physiopathologiques sables de l’épilepsie, des conséquences des crises ou des deux ;
Des crises sont observées chez les souris qui surexpriment le ou pour d’autres, une lésion initiale (AVC, traumatisme, etc.) fragi-
les gènes APP et PSEN1. Les protéines ␤-amyloïde et tau sont clai- lise le cerveau qui va suivre la pente d’un vieillissement normal
rement impliquées dans l’épileptogenèse [74] . L’hyperexcitabilité avec l’âge mais en partant avec moins de réserve cognitive, expli-
des réseaux neuronaux dans la maladie d’Alzheimer serait la quant l’apparition plus précoce de troubles cliniques. Dans ce
conséquence du fonctionnement aberrant de circuits impac- contexte, l’apparition d’une épilepsie réduirait encore la réserve
tés par les dépôts d’APP et de ses métabolites, notamment disponible en réalisant une deuxième agression cérébrale. Ces
A-␤. L’apolipoprotéine E4, un facteur de risque de mala- travaux montrent que les relations entre épilepsie et troubles
die d’Alzheimer, renforce l’hyperexcitabilité dans les modèles cognitifs/démence sont bidirectionnelles : l’existence de troubles
animaux en réduisant l’activité GABAb des interneurones hip- cognitifs et/ou d’une démence facilite l’apparition d’une épilepsie,
pocampiques inhibiteurs en fonction de la charge en protéines l’existence d’une épilepsie favorise l’apparition de troubles cogni-
tau [78] . Chez l’homme, un modèle explicatif putatif fait inter- tifs et/ou d’une démence [85] . L’épilepsie serait un symptôme parmi
venir en premier les dépôts de protéine ␤-amyloïde au sein des d’autres témoignant d’un trouble sous-jacent plus global, asso-
plaques à l’origine d’une hyperexcitabilité hippocampique et des ciant en proportion variable lésions cérébrovasculaires, troubles
troubles cognitifs prédémentiels, puis l’accumulation de protéine cognitifs et troubles dépressifs [85] .
tau aboutit à la phase d’état de la démence [79] .
Comorbidités psychiatriques
Conséquences des crises sur la maladie
À côté des antécédents neurovasculaires, un abus de substances,
d’Alzheimer [80]
un trouble psychotique, un trouble bipolaire, une schizophrénie
Les conséquences des crises convulsives sur la démence sont ou une dépression étaient significativement associés au dévelop-
nombreuses : aggravation des troubles cognitifs en particulier pement d’une épilepsie chez des sujets âgés de plus de 60 ans aux
langagiers, mais aussi de la perte d’autonomie conduisant à États-Unis [49] .
l’institutionnalisation ; augmentation de la mortalité et de la mor-
bidité (chutes, fractures, hématomes intracérébraux, confusion
prolongée). De plus, les sujets âgés atteints de démence sont plus  Essais thérapeutiques
vulnérables aux effets secondaires des médicaments antiépilep-
tiques. dans l’épilepsie du sujet âgé
Deux méta-analyses ont été publiées en 2019 [86, 87] . L’une [86] a
 Comorbidités somatiques, examiné tous les essais contrôlés randomisés publiés pour le traite-
ment en monothérapie dans l’épilepsie débutante du sujet âgé en
cognitives et psychiatriques évaluant l’efficacité et les sorties d’essai (toutes causes confondues)
à six mois et 12 mois, ainsi que les sorties d’essai à 12 mois pour
chez le sujet âgé effets indésirables. Cinq essais regroupant 1425 patients ont étu-
dié sept antiépileptiques (AE) (carbamazépine [CBZ], gabapentine
Depuis la nouvelle classification des syndromes épileptiques [1] , [GBP], lacosamide [LAC], lamotrigine [LTG], lévétiracétam [LEV],
l’évaluation systématique des comorbidités fait partie intégrante phénytoïne [PHT], acide valproïque [VPA]). Il n’y a pas de dif-
du bilan d’une épilepsie. férences d’efficacité entre les molécules à six et 12 mois mais la
tolérance est variable selon les molécules. Lacosamide, lévétira-
cétam et lamotrigine sont les trois molécules pour lesquelles le
Comorbidités somatiques rapport efficacité/tolérance est le meilleur.
Une autre méta-analyse [87] a évalué l’ensemble des essais
Une comorbidité somatique plus importante chez les personnes
randomisés ou quasi randomisés disponibles en incluant les poly-
épileptiques a déjà été observée quel que soit l’âge [81] . Les don-
thérapies, passant en revue dix études regroupant 1999 patients
nées issues de l’étude de la cohorte des vétérans âgés traités par
et 12 AE. En cas de monothérapie insuffisante, l’adjonction de
antiépileptiques, rassemblant plus de 500 patients [82] , illustrent
topiramate à la dose de 50 mg ou de 200 mg s’avère supérieure
l’importance du problème de la comorbidité : 64 % des patients
à l’adjonction de placebo. Les analyses des études de phase III
de la cohorte étaient hypertendus, 52 % avaient des antécédents
en sous-groupes restreints aux sujets âgés montrent l’efficacité du
d’AVC, 49 % une cardiopathie, 27 % un diabète et 22 % un cancer.
brivaracétam et du pérampanel mais les données actuelles de la lit-
De plus, 35 % des patients avaient un trouble cognitif modéré (les
térature ne permettent pas de proposer un schéma thérapeutique
patients atteints de maladie d’Alzheimer étaient exclus de l’étude).
consensuel.
Il est aujourd’hui largement admis que, si les antiépileptiques
Comorbidités cognitives de première génération ne sont pas moins efficaces que les « nou-
veaux » AE, ils sont beaucoup moins bien tolérés et que les effets
Une étude neuropsychologique [83] dans l’épilepsie débutante cognitifs délétères et l’effet inducteur enzymatique du phénobar-
après 65 ans a été réalisée chez 257 patients d’une moyenne d’âge bital (PB), de la CBZ et de la PHT limitent leur utilisation chez
de 71,5 ans avant la mise sous traitement, qui ont été comparés les sujets âgés [88] . Le VPA peut générer un tremblement, des
à 689 sujets âgés sans crises. Cette étude a révélé que 58 % des signes extrapyramidaux et une altération cognitive de manière
patients avaient une plainte mnésique et des troubles dysexécu- imprévisible et sa prescription éventuelle doit être soigneusement
tifs [83] dont 43 % de troubles marqués. Les facteurs associés étaient monitorée [89] . Une revue Cochrane a été conduite pour le traite-
les antécédents neurovasculaires (un tiers avaient une séquelle ment de l’épilepsie dans la maladie d’Alzheimer pour conclure
d’infarctus cérébral et un autre tiers des antécédents cardiovas- que les données permettant de conseiller une molécule étaient
culaires), les autres comorbidités neurologiques et un surpoids. Il encore insuffisantes [90] . Un seul essai comportant 95 patients et
est donc important de disposer d’une évaluation cognitive avant comparant LTG, LEV et PB est acceptable méthodologiquement.
toute mise sous traitement pour disposer d’une ligne de base. Glo- Les trois molécules sont efficaces de manière équivalente, le LEV
balement, les sujets qui débutent une épilepsie ont des troubles de améliore la cognition mais exerce des effets négatifs sur l’humeur,
la mémoire visuelle et verbale à court et long terme, des troubles la LTG améliore l’humeur mais est délétère pour la cognition, le
exécutifs, attentionnels et une moins bonne vitesse de traitement PB est délétère pour l’humeur et la cognition [90] .
de l’information, ainsi qu’un oubli accéléré quand l’encodage est Une méta-analyse effectuée dans l’épilepsie vasculaire montre
préservé [76] . Une question actuellement débattue (revue in [84] ) que les données scientifiques sont encore insuffisantes puisque
est de savoir si l’existence d’une épilepsie, quel que soit l’âge, seuls deux essais sont disponibles, l’un comparant LEV à CBZ,
accélère le déclin cognitif. Pour certains, l’atteinte cognitive est l’autre la LTG à CBZ. L’efficacité des trois molécules est similaire
la conséquence de l’accumulation des lésions chroniques respon- mais le LEV et la LTG sont mieux tolérées [91] .

EMC - Neurologie 9
17-044-O-15  Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences

 Qualité de vie dans l’épilepsie manière indirecte : une prise de poids liée au traitement peut
faire décompenser une insuffisance cardiaque. De manière géné-
du sujet âgé rale, l’existence d’une affection somatique chronique (anémie,
insuffisance respiratoire ou cardiaque) majore la fréquence des
Une revue systématique des études sur la qualité de vie (QOL) effets indésirables des antiépileptiques.
de la personne âgée épileptique [92] montre que les études sont
rares et de qualité souvent insuffisante. La qualité de vie évalue
plusieurs dimensions : santé physique, bien-être psychologique,
Données pharmacologiques
degré d’autonomie, relations sociales, environnement et richesse Une attention particulière doit être apportée aux problèmes
de la vie intérieure. L’objectif de la revue était de déterminer si pharmacocinétiques et pharmacodynamiques. La physiologie de
la qualité de vie des personnes épileptiques âgées était la même la plupart des organes est modifiée par l’âge [95] , mais les infor-
que celle des personnes épileptiques plus jeunes, de préciser les mations disponibles sur l’amplitude des modifications et leurs
dimensions les plus impactées par l’épilepsie et les facteurs qui conséquences pharmacocinétiques sont rares [96] . La prescription
affectaient le plus la QOL. Dix études de qualité méthodologique de gros comprimés doit tenir compte des possibilités de dégluti-
variable ont été analysées avec une grille standardisée. Les résul- tion et l’intégrité des capacités d’absorption digestive doit être
tats principaux sont les suivants : la qualité de vie globale des évaluée. La diminution des concentrations d’albumine sérique
personnes âgées épileptiques est mauvaise, les quatre dimensions chez le sujet âgé volontiers dénutri peut augmenter la fraction
les plus altérées sont la santé physique, l’état psychologique, la vie libre des médicaments fixés aux protéines (PHT, VPA) et le volume
sociale et l’autonomie. Sur la QOLIE-31, la plainte la plus signi- de distribution du principe actif peut être considérablement modi-
ficative concerne l’item énergie/fatigue. Les comparaisons entre fié par rapport aux sujets jeunes. La réduction avec l’âge de
sujets âgés et plus jeunes ne sont pas concluantes. Les prédicteurs la filtration glomérulaire nécessite d’ajuster la dose des médica-
d’une mauvaise QOL sont la fréquence des crises, le nombre de ments à élimination rénale (GBP, LEV, LAC) [97] . Le métabolisme
comorbidités et la dépression. Il n’est pas prouvé que le degré hépatique est modifié par l’âge, les pathologies associées et les
d’autonomie, les effets indésirables des AE, la stigmatisation ou comédications. De manière générale, des posologies réduites de
la durée de l’épilepsie soient des facteurs déterminants [92] . Une moitié par rapport à un sujet jeune permettent de limiter la toxi-
étude qualitative par interviews en tête-à-tête a évalué l’impact cité et les effets indésirables sans remettre en cause l’efficacité.
psychosocial d’une épilepsie débutant après 65 ans, comparée à
celle débutant avant 65 ans [93] . L’épilepsie débutant après 65 ans
altère plus la qualité de vie, les déterminants étant les comorbi- Polythérapie et interactions
dités, les changements des habitudes de vie, l’impact physique et médicamenteuses
émotionnel du diagnostic, le partage d’informations, la tolérance
des AE et la stigmatisation. Le nombre de coprescriptions augmente avec l’âge chez les per-
sonnes épileptiques et passe de 2,41 en moyenne chez les hommes
âgés de 18 à 34 ans à 7,67 chez les hommes âgés de plus de 85 ans
 Prise en charge des épilepsies (respectivement de 4,04 à 7,05 chez les femmes) (n = 11 188) [98] .
Les médicaments les plus coprescrits qui génèrent des interactions
du sujet âgé potentielles sont les statines qui inhibent les réductases, les blo-
queurs des canaux calciques et les inhibiteurs de la recapture de la
Le risque de récidive après une première crise spontanée n’est sérotonine [98] . Le problème pratique le plus important reste celui
pas différent après 65 ans par rapport à une population plus de l’induction enzymatique hépatique : le PB, la PHT et la CBZ aug-
jeune [94] . Les facteurs de récidive sont l’existence d’une lésion mentent le métabolisme des médicaments associés et le risque de
cérébrale épileptogène, l’existence de crises nocturnes, la présence toxicité. Il est par exemple difficile d’ajuster la posologie de la war-
d’anomalies EEG, le type focal des crises, un examen neurologique farine avec les inducteurs alors qu’elle est coprescrite chez plus de
anormal, mais l’âge n’est pas un facteur de risque en lui-même. 10 % des patients dans l’étude de Gidal et al. [98] . Les statines sont
À l’issue de l’étape diagnostique, le diagnostic de crise épi- métabolisées dans le foie et peuvent interagir avec les antiépilep-
leptique doit être certain, la cause de l’épilepsie précisée et tiques [99] . Les effets délétères osseux des antiépileptiques sont bien
l’évaluation des comorbidités réalisée. connus, avec un risque accru d’ostéomalacie et de fractures [34] . Les
La décision de prescrire un traitement antiépileptique ne peut effets cognitifs non spécifiques (ralentissement cognitif, sédation,
qu’être individualisée. Elle dépend de plusieurs paramètres en confusion) sont imprévisibles et potentialisés par la polythéra-
situation d’interaction : la situation épileptologique ; les comor- pie. Enfin, un risque spécifique d’hyponatrémie avec la CBZ et
bidités ; les considérations pharmacocinétiques ; les interactions l’oxcarbazépine doit être considéré en cas d’introduction d’un
médicamenteuses ; les effets secondaires ; l’évaluation prédictive traitement diurétique [34] . Les AE inducteurs ont également été
de l’observance. En cas de décision de prescription, la nature incriminés dans l’augmentation du risque vasculaire [100] .
purement symptomatique du traitement, les modalités de dépis-
tage des effets secondaires et la nécessité d’une bonne observance
doivent être explicitées.
Observance
Une étude a estimé l’observance des antiépileptiques chez les
sujets âgés (n = 1278) pendant une période d’un an [101] . Un score
Situation « épileptologique » d’observance (MPR = nombre de jours d’approvisionnement en
Une crise symptomatique est traitée par la suppression de sa médicament / nombre de jours dans la période) a été calculé en
cause et ne nécessite pas de traitement au long cours. En l’état définissant la mauvaise observance par un MPR inférieur à 0,8 ;
actuel des connaissances, une prescription prophylactique en 41 % des 1278 patients n’étaient pas observants. Des crises sont
l’absence de crises épileptiques patentes n’est pas indiquée. Les survenues chez 12,1 % des non-observants contre 8,2 % chez les
essais du LEV dans la maladie d’Alzheimer sans crises cliniques observants (p = 0,02).
mais avec anomalies épileptiques sur l’EEG prolongé ne sont pas
encore publiés (revue in [84] ). Après une première crise liée à une
lésion cérébrale épileptogène (par exemple, séquelle d’AVC), un  Comment faire en pratique
traitement peut être initié sans attendre.
quotidienne ?
Comorbidités L’approche pratique est différente selon que le sujet âgé est
autonome et en bonne santé, fragile ou dément. La première
Le choix d’un antiépileptique doit tenir compte de étape consiste à expliquer le diagnostic, à rassurer, à détailler
l’aggravation possible d’une pathologie associée, parfois de les mesures de sécurité (préférer les douches aux bains), à

10 EMC - Neurologie
Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences  17-044-O-15

évaluer les effets potentiellement délétères d’une récidive des monothérapie avant d’envisager une bithérapie. Le traitement
crises sur l’autonomie du patient. Il convient notamment de doit être pris de manière prolongée. Une surveillance clinique
discuter clairement des situations de la vie quotidienne : dépla- régulière de l’efficacité et de la tolérance doit être organisée.
cements, conduite automobile. La prise en charge nécessite donc Un contrôle soigneux des facteurs de risque vasculaire est préco-
d’impliquer, outre le patient, la famille, le personnel infirmier, les nisé dans tous les cas [76] . Une chirurgie de l’épilepsie est possible
travailleurs sociaux, le médecin traitant et les différents spécia- chez le sujet âgé dans des indications bien posées avec une effica-
listes médicaux [34] . cité et une morbidité acceptables [16, 84] .
En cas d’épilepsie avérée, l’introduction d’un AE est indi-
quée [3, 84] . Le choix d’une molécule repose sur une évaluation
au cas par cas, en tenant compte de l’état clinique du patient  Particularités de la prise
(autonome, fragile, dément), à domicile ou en institution, des
comorbidités, des interactions potentielles et de l’observance pos-
en charge du sujet dément
tulée (principalement dépendante de l’état cognitif du patient, Une crise symptomatique aiguë (cause métabolique ou toxique)
de sa bonne compréhension du problème et du soutien de implique de contrôler sa cause mais ne nécessite pas la mise en
l’entourage). La LTG ou le LEV sont actuellement considérés route d’un traitement antiépileptique. Les données scientifiques
comme les monothérapies de première intention. La règle de base guidant le traitement sont encore insuffisantes chez le sujet âgé
est de débuter à dose basse (la moitié de la dose de l’adulte jeune) atteint de démence [90] mais le LEV est la molécule préconisée
et d’augmenter lentement la posologie : start low and go slow [34] . en première intention. Les benzodiazépines ne sont pas recom-
La dose d’entretien de la LTG est de 100 mg par jour (50 mg × 2). mandées compte tenu de leurs effets secondaires néfastes sur la
Lors de la titration, le risque principal est celui d’une mauvaise cognition. Le VPA est encore largement utilisé en France compte
tolérance cutanée et d’une sédation imprévisible. Les effets secon- tenu de sa réputation de bonne tolérance et d’absence d’effet
daires les plus fréquents en période d’entretien sont les céphalées inducteur enzymatique. Sa prescription doit faire l’objet d’une
et l’insomnie. Le métabolisme est hépatique. La dose cible du surveillance clinique rapprochée compte tenu d’effets secondaires
LEV est de 1000 mg par jour (500 mg × 2). La titration peut être potentiels chez le sujet âgé : troubles cognitifs, syndrome extra-
rapide (une semaine à 15 j), il n’y a pas d’interactions, le méta- pyramidal [89] parfois d’apparition insidieuse ou retardée. La LTG
bolisme est rénal. Une sédation et des troubles du comportement peut entraîner des troubles comportementaux et une agressivité
peuvent survenir. Une molécule mal tolérée doit être substituée. chez le sujet dément, à ne pas attribuer à tort à la détérioration
Une monothérapie inefficace peut être remplacée par une autre sous-jacente.

 Conclusion
“ Point fort La prévalence de l’épilepsie augmente avec l’âge, en parallèle
avec les pathologies neurologiques associées (AVC, démences) et
l’augmentation de l’espérance de vie va inéluctablement entraî-
Bilan d’une épilepsie du sujet âgé ner une augmentation considérable du nombre de sujets atteints.
• La crise est-elle symptomatique d’une agression céré- Le diagnostic positif de crise est difficile chez le sujet âgé, surtout
brale ou générale aiguë ? Dans l’affirmative, traiter la lorsqu’il existe un syndrome démentiel associé, justifiant la pour-
cause. suite des travaux collaboratifs entre la neurologie et la gériatrie.
• Suspicion d’épilepsie débutante, bilan de première La menace que fait planer la récidive des crises sur l’autonomie et
intention : la difficulté pratique de la prise en charge diagnostique et théra-
peutique témoignent de l’importance d’une approche globale au
◦ préciser la sémiologie des crises (classification inter-
cas par cas.
nationale),
◦ anamnèse et recueil des antécédents médicaux et chi-
rurgicaux,
◦ examen neurologique et général complet, tempéra-
ture, évaluation cognitive de débrouillage (MMS),
“ Points essentiels
◦ liste des traitements : molécule épileptogène récem-
• L’épilepsie du sujet âgé nécessite une prise en charge
ment introduite, sevrage récent (benzodiazépines),
spécifique.
interactions médicamenteuses,
• Une première crise sur deux est symptomatique aiguë
◦ consommation avérée ou cachée de toxiques (alcool),
et ne nécessite pas de traitement au long cours.
◦ bilan biologique (ionogramme, numération formule
• Les relations entre épilepsie et maladies neurovasculaires
sanguine, plaquettes, fonction rénale, bilan hépa-
et neurodégénératives sont bidirectionnelles.
tique, bilan endocrinien, glycémie, bilan lipidique,
• Les maladies neurovaculaires sont la cause la plus fré-
bilan phosphocalcique, magnésium, ammoniémie,
quente de l’épilepsie du sujet âgé.
protéine C réactive, électrophorèse des protides),
• En cas d’épilepsie avérée, le traitement peut être prescrit
◦ imagerie cérébrale : IRM sans injection examen de
dès la première crise.
référence. Le scanner cérébral peut suffire s’il montre
• L’objectif principal de la prise en charge est de préserver
une cause patente (séquelle d’AVC),
l’autonomie.
◦ ECG,
◦ électroencéphalogramme standard (au laboratoire
d’EEG, dans de bonnes conditions techniques) ;
• Si le bilan de première intention est normal, explorations
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
complémentaires orientées par le tableau clinique :
en relation avec cet article.
◦ IRM cérébrale avec injection,
◦ bilan neuropsychologique spécialisé,
◦ ponction lombaire,
◦ auto-immunité (sang LCS),
 Références
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EMC - Neurologie 11
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12 EMC - Neurologie
Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences  17-044-O-15

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B. de Toffol, Professeur des Universités, praticien hospitalier (bertrand.detoffol@univ-tours.fr).


Service de neurologie et de neurophysiologie clinique, CHU de Tours, U 1253 ibrain Inserm, Université de Tours, 2 bis, boulevard Tonnellé, 37044 Tours
cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : de Toffol B. Épilepsie chez le sujet âgé – épilepsie et démences. EMC - Neurologie 2021;44(1):1-13
[Article 17-044-O-15].

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EMC - Neurologie 13
 17-048-A-10

Manifestations neurologiques liées


à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma
virus » type 1 (HTLV-1)
S. Olindo, S. Jeannin, A. Lezin

Résumé : Human T-cell leukemia/lymphoma virus type 1 (HTLV-1) est le premier oncorétrovirus humain
découvert en 1980. Son génome comprend trois gènes codant les protéines de structures : gag, pol et
env. Il possède en outre une région pX spécifique qui code les protéines régulatrices tax, rex et HTLV-1
BZip factor. Il infecte préférentiellement les cellules T CD4+ et dendritiques. Un transfert efficace du virus
à partir d’une cellule infectée à une cellule cible peut se produire par une synapse et/ou un biofilm viral.
L’infection est endémique et les modes de contamination interhumains sont : l’allaitement maternel,
les rapports sexuels et les transfusions sanguines. En 1985, l’infection par HTLV-1 fut associée en Mar-
tinique à une myélopathie chronique, la tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy
(TSP/HAM) qui s’exprime par une paraparésie spastique progressive associée à des troubles vésicos-
phinctériens. Les patients TSP/HAM ont une charge provirale sanguine huit fois plus élevée que celle des
séropositifs asymptomatiques et son taux est corrélé à la rapidité d’évolution de la maladie. L’imagerie ne
retrouve habituellement qu’une atrophie médullaire au stade évolué. On considère actuellement que la
TSP/HAM s’intègre dans un complexe neurologique HTLV-1 qui associe diversement des signes de myé-
lite, de polymyosite, de polyneuropathie sensitivomotrice, de dysautonomie, de pseudosclérose latérale
amyotrophique, voire de symptômes encéphaliques. Des manifestations systémiques sont souvent asso-
ciées. Aucun traitement spécifique n’a fait sa preuve et la corticothérapie est toujours utilisée en première
intention. Les mesures symptomatiques sont capitales. La prévention, très efficace, pourrait faire chuter
drastiquement la séroprévalence si elle était appliquée dans tous les foyers géographiques identifiés. De
telles mesures ont récemment montrer une réduction significative des cas de TSP/HAM en Martinique.
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : HTLV-1 ; Tax ; HBZ ; TSP/HAM ; Myélite ; Charge provirale

Plan ■ Pathogénie de la « tropical spastic paraparesis/HTLV-1


associated myelopathy » 10
■ Introduction 1 Anatomopathologie des lésions neurologiques dans la « tropical
spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy » 10
■ Virologie du HTLV-1 2 Réponse immune au virus HTLV-1 11
Structure générale du virion 2 Hypothèses physiopathologiques de la « tropical spastic
Organisation du génome 2 paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy » 11
Mécanismes de l’infection virale 3
■ Prévention et traitement 13
Viroépidémiologie 3
Prévention de la transmission de l’infection par HTLV-1 13
■ Épidémiologie clinique 4 Traitement de l’infection par HTLV-1 13
Modes de transmission du HTLV-1 4 Traitements symptomatiques et surveillance du patient TSP/HAM 13
Prévalence et incidence de la « tropical spastic paraparesis/
■ Axes de recherche 15
HTLV-1 associated myelopathy » 4
Facteurs favorisant la « tropical spastic paraparesis/HTLV-1 ■ Conclusion 15
associated myelopathy » 5
■ Complexe neurologique lié au HTLV-1 5
Clinique 5
Explorations complémentaires 7  Introduction
Critères diagnostiques de la TSP/HAM 8
■ Manifestations extraneurologiques 8 Human T-cell leukemia/lymphoma virus type 1 (HTLV-1) est le
Manifestations ophtalmologiques 8 premier oncorétrovirus humain découvert aux États-Unis par R.
Syndrome sec oculobuccal 9 Gallo en 1980 à partir d’une culture de lymphocytes T CD4+ .
Atteinte bronchoalvéolaire associée au HTLV-1 10 En 1985, l’infection par HTLV-1 fut associée en Martinique à
Dermatite infectieuse liée au HTLV-1 10 une myélopathie chronique, appelée paraparésie spastique tro-
Autres atteintes systémiques liées au HTLV-1 10 picale (TSP) [1] . En 1986, une équipe japonaise fit les mêmes

EMC - Neurologie 1
Volume 44 > n◦ 1 > janvier 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(20)42774-5
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

constatations et nomma la maladie HTLV-1 associated myelopa- verte d’HTLV-1 BZip factor (HBZ) [9] en virologie, des héparanes
thy (HAM) [2] . Finalement, les termes définitifs tropical spastic sulfates protéoglycanes (HSPG) et de la neuropiline-1 (NRP-1)
paraparesis/ HTLV-1 associated myelopathy (TSP/HAM) furent adop- dans les mécanismes d’infection virale cellulaire [10] , nouveaux cri-
tés. HTLV-1 a une distribution géographique constituée de foyers tères diagnostiques [11] , nouvelle échelle de handicap Instituto de
endémiques et on estime que 20 millions de personnes sont Pesquisa Clínica Evandro Chagas (IPEC) [12] et nouvelles pistes thé-
infectés dans le monde [3] . Moins de 5 % des patients HTLV-1 rapeutiques en agissant sur les histones acétyltransférases (HAT)
positifs développeront des troubles neurologiques. La TSP/HAM et les histones désacétylases (HDAC) pour démasquer la latence
est une paraparésie spastique progressive associée à des troubles virale [13, 14] mais également beaucoup d’espoir dans le dévelop-
vésicosphinctériens [4] . L’évolution s’est précisée ces dernières pement de thérapeutiques ciblées, prometteuses, par anticorps
années en s’appuyant sur des études transversales [5] et lon- monoclonaux [15] , et dans l’application de stratégies efficaces de
gitudinales [6] . La progression du handicap est systématique prévention de contamination interindividuelle [16] .
mais le profil évolutif hétérogène a conduit à identifier des fac-
teurs de mauvais pronostic tels qu’une charge provirale (CPV)
HTLV-1 élevée [7] . On considère actuellement que la TSP/HAM  Virologie du HTLV-1
s’intègre dans un complexe neurologique HTLV-1 qui associe
Le virus HTLV-1 appartient à la famille des Retroviridae, à la
diversement des signes de myélite, de polymyosite, de polyneu-
sous-famille des Orthoretroviridae et au genre des Deltaretroviri-
ropathie sensitivomotrice, de dysautonomie, de pseudosclérose
dae.
latérale amyotrophique, voire de symptômes encéphaliques [8] .
Les manifestations systémiques non neurologiques s’y associent
également avec une fréquence élevée. Les avancées récentes Structure générale du virion [17]
concernent tous les domaines de l’infection par HTLV-1 : décou-
HTLV-1 est un virus enveloppé, d’un diamètre d’environ
100 nm et à génome acide ribonucléique (ARN) monocaténaire
diploïde. L’enveloppe virale est constituée d’une double couche
lipidique d’origine cellulaire. Elle comporte une unité transmem-
1
branaire (gp21) formant un complexe protéique avec une unité
de surface (gp46). Ce complexe intervient dans l’attachement du
2 virus à la surface de la cellule cible. L’enveloppe est renforcée sur
sa face interne par une matrice (protéines MA) reliée à une cap-
side (protéines CA). L’intérieur de la capside contient le génome
3 soutenu par la nucléocapside (protéine NC) (Fig. 1).

4
Organisation du génome (Fig. 2)
5
Le génome proviral, d’une longueur de 9030–9040 nucléotides
(paires de bases), est caractérisé par la présence à chacune de
6
ses extrémités d’une longue séquence répétitive nommée long
terminal repeats 5 (LTR5 ) et LTR3 . Ces promoteurs LTR sont
7
constitués de deux régions uniques 3 et 5 entre lesquelles est
localisée la région R à séquences répétitives. Entre ces deux LTR
sont localisés trois gènes codants qui sont des cadres ouverts
de lecture ou open reading frames (ORF) : groupe antigène (gag),
polymérase (pol), enveloppe (env) et une région pX, elle-même
8 constituée d’au moins quatre ORF codant entre autres trois pro-
téines majeures tax, rex et HBZ. P40 tax est une protéine clé de
la transcription et réplication virale en facilitant le promoteur
LTR5 . Tax agit par l’intermédiaire de facteurs cellulaires tels que
Figure 1. Structure générale de l’human T-cell leukemia/lymphoma virus cyclic AMP-responsive element binding protein (CREB), nuclear factor-
1 (HTLV-1). 1. Protéine transmembranaire gp21 ; 2. protéine de sur- kappa B (NF-␬B) et serum response factor (SRF). L’augmentation
face gp46 ; 3. enveloppe lipidique ; 4. matrice ; 5. capside ; 6. reverse de l’activité transcriptionnelle du NF-␬B aboutit à la transacti-
transcriptase ; 7. nucléocapside ; 8. acide ribonucléique. vation des gènes codant l’interleukine 2 (IL-2), la chaîne alpha

5´LTR Génome proviral 3´LTR Figure 2. Structure moléculaire de l’human T-cell leuke-
mia/lymphoma virus 1 (HTLV-1). LTR : long terminal repeats. Le
U3 R U5 U3 R U5 gène gag code la protéine Pr55 elle-même scindée en protéine
ARN messager de matrice p19 (MA), de capside p24 (CA) et de nucléocapside
p15 (NC). Pol code la reverse transcriptase (RT) et l’intégrase
gag pol env pX (IN). La protéase (Pro) est codée à cheval sur gag et pol. Env
code une glycoprotéine gp62 scindée en gp46, protéine de
surface (SU), et une protéine transmembranaire gp21 (TM).
Pro P40 Tax pX code les protéines de régulation p40 tax, p27 rex, les pro-
téines accessoires p12, 30 et 13, et HTLV-1 BZip factor (HBZ)
Pr 55 Gp 62 produit par l’acide ribonucléique (ARN) antisens.
P27 Rex

P12
P19 P24 P15 RT IN Gp46 Gp21 P30
MA CA NC SU TM P13

HBZ

ARN antisens

2 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

A B C

Cellule infectée par HTLV-1 Virion HTLV-1

Cellule non infectée par HTLV-1 Biofilm


Figure 3. Modes de transmission de l’human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 (HTLV-1) de cellule à cellule.
A. Transmission virale d’un lymphocyte infecté à une autre cellule par l’intermédiaire d’une synapse virologique. Cette synapse fait suite à la polarisation du
réseau de microtubules du cytosquelette de la cellule infectée en direction de la jonction cellule-cellule orientant ainsi le bourgeonnement des virions HTLV-1
vers celle-ci et la fixation des virions à la membrane plasmique de la cellule hôte naïve.
B. Transmission virale de cellule à cellule par l’intermédiaire de biofilms contenant de nombreux amas de particules virales. À la différence de la synapse
virologique, la transmission ne nécessite ni réorganisation du cytosquelette de la cellule infectée, ni polarisation permettant un transfert rapide du virus, même
lors d’un contact éphémère. In vitro, le décrochage mécanique du biofilm réduit le nombre de cellules infectées de plus de 80 %, témoignant d’une grande
efficacité de cette voie de transmission.
C. Transmission virale via des protrusions nommées conduits, constituées de novo à partir de la membrane plasmique par polymérisation de l’actine-F qui
forme des ponts entre les cellules infectées et les cellules cibles. Ces conduits participeraient à stabiliser les contacts entre cellules, et à permettre les échanges
de protéines cytoplasmiques.

du récepteur à l’IL-2, le tumor necrosis factor-alpha (TNF-␣) et le HTLV-1 pénètre dans les cellules cibles suite à des interac-
transforming growth factor-beta (TGF-␤). Tax est impliquée dans la tions spécifiques entre la glycoprotéine de l’enveloppe virale et
transformation cellulaire en immortalisant in vitro les lympho- les récepteurs cellulaires. Sont impliqués dans ces interactions :
cytes. Rex augmente l’expression des protéines virales structurales la gp46 qui se fixe à un récepteur cellulaire qui implique un
et enzymatiques en transportant du noyau vers le cytoplasme les complexe protéique composé de trois molécules distinctes : les
ARN messagers génomiques monoépissés. En l’absence de rex, ces HSPG, la NRP-1 qui permet l’attachement proprement dit à la cel-
messagers demeurent dans le noyau pour être dégradés. L’activité lule, ainsi que le transporteur de glucose de classe 1 (GLUT-1) pour
rex inhibe le double épissage de l’ARN messager transcrit à partir l’entrée dans la cellule [20] .
de pX, donc sa propre synthèse ainsi que celle de tax. Ces deux pro- Après internalisation du core, l’ARN est rétrotranscrit en ADN
téines ont ainsi un rôle majeur dans l’équilibre de la transcription proviral par la reverse transcriptase contenue dans le virion.
et la réplication virale. La transcription des gènes viraux fait intervenir l’activation
La transcription d’HBZ s’effectue à partir de LTR3 alors que tous transcriptionnelle des gènes adjacents ainsi que l’activation des
les autres messagers viraux sont transcrits à partir de LTR5 . En séquences régulatrices du LTR en 5 .
2002, Gaudray et al. [9] ont démontré que l’ARN antisens codé À l’exception de la phase de primo-infection, la multiplication
par l’acide désoxyribonucléique (ADN) proviral était impliqué du virus se fait principalement sous sa forme provirale lors de la
dans la production d’une protéine nucléaire appelée HBZ. HBZ division mitotique de la cellule infectée. Ce mécanisme original
exerce un rôle négatif sur la transcription dépendante de LTR5’et n’utilise pas la reverse transcriptase mais les ADN polymérases cellu-
favorise la latence virale. HBZ est la seule protéine virale encore laires. C’est ce qui expliquerait la très grande stabilité génomique
présente dans les cellules leucémiques et semble ainsi impliquée du virus (par opposition au virus de l’immunodéficience humaine
dans la prolifération des cellules infectées [18] . Les protéines Tax et [VIH]) et l’existence fréquente in vivo de populations clonales de
HBZ sont aujourd’hui considérées comme ayant une implication cellules infectées à tous les stades cliniques de l’infection. Chez
majeure dans la réplication virale et la transformation cellulaire. les sujets HA, on considère que moins de 1 % des lymphocytes
Alors que HBZ est détectée dans la presque totalité des cellules CD4+ contiennent du virus, alors que cette charge provirale peut
mononucléées du sang périphérique des individus asymptoma- atteindre 30 % chez les patients souffrant de TSP/HAM.
tiques (HA) et des patients ayant un adult T-cell lymphoma (ATL)
ou une TSP/HAM, l’ARN messager de Tax est souvent indétectable.
Viroépidémiologie
Mécanismes de l’infection virale [19] Dix à 20 millions de personnes seraient infectées par HTLV-1
dans le monde [3] . Cette répartition est endémique. La séropréva-
HTLV-1 infecte préférentiellement les lymphocytes T4 in vivo. lence d’HTLV-1 reste encore très mal connue dans de nombreuses
Cependant les lymphocytes T CD8+ , les cellules B et les cellules régions très peuplées comme la Chine, l’Afrique de l’Est et
dendritiques constitueraient également un réservoir viral in vivo. du Nord. L’infection a une répartition endémique et certaines
Tandis que la grande majorité des virus génère des particules régions sont très concernées comme le Japon, certaines régions de
virales libres dans le sang ou les fluides biologiques, l’infection la Caraïbe et une partie importante de l’Amérique du Sud, notam-
par HTLV-1 s’effectue, in vivo, par contact entre cellules infectées ment le Brésil, la Colombie et la Guyane. Des travaux récents
et non infectées, le plasma n’étant pas contaminant. Trois modes ont retrouvé une séroprévalence particulièrement élevée dans le
de transmission de cellules infectées à cellules non infectées sont centre de l’Australie avec des taux atteignant 45 % dans certaines
identifiés, par synapse virologique, conduit cellulaire et biofilm communautés [21] . La séroprévalence mondiale de l’HTLV-1 est
(Fig. 3). extensivement décrite dans un rapport de l’European Center for

EMC - Neurologie 3
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

Migration des
Australo-Mélanésiens
–300 000 à –100 000 ans

Traite des esclaves


XV–XIXe siècle

Sous-groupe transcontinental Sous-type B : Afrique centrale

Sous-groupe japonais Sous-type C : australo-mélanésien

Sous-groupe ouest-africain Sous-type D, E, F, G : Afrique centrale

Sous-type A : cosmopolite

Figure 4. Viroépidémiologie. Distribution géographique des principaux sous-types moléculaires de l’human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 (HTLV-1) et
principales voies de dissémination à travers le monde. Le sous-type A, appelé « Cosmopolite », constitue le groupe de souches virales le plus homogène et
le plus largement distribué de par le monde (Afrique de l’Ouest, Caraïbes, Amérique, Japon). Cette distribution résulte, au moins en partie, des migrations
récentes de populations infectées, en particulier par la traite des esclaves d’Afrique vers les Amériques. Le sous-type B (Afrique centrale) est le plus fréquent
dans différentes régions d’Afrique centrale (République démocratique du Congo, Gabon, Cameroun, République centrafricaine). Le sous-type C (australo-
mélanésien) regroupe les souches les plus divergentes d’HTLV-1 et se retrouve dans les populations de Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Vanuatu et parmi
les Aborigènes du centre de l’Australie. Les sous-types D, E, F et G sont plus rares et présents uniquement en Afrique centrale.

Disease prevention and Control (ECDC), accessible sur internet : l’homme vers la femme expliquant l’augmentation de la séro-
https://www.ecdc.europa.eu/sites/portal/files/media/en/publica prévalence avec l’âge chez la femme. Au sein d’un couple dont
tions/Publications/geographical-distribution-areas-high- l’homme est séropositif, le risque de transmission à la femme
prevalence-HTLV1.pdf. est de 60 % après 10 ans [28] .
Sept génotypes moléculaires d’HTLV-1 ont été identifiés [22] et • La troisième voie identifiée est la voie sanguine, par transfusion
leurs localisation et prévalence sont esquissées dans la Figure 4. de produits cellulaires contenant des lymphocytes T infectés.
Simian TLV-1 (STLV-1) présente une très proche homologie Le risque est élevé chez le receveur avec 10 à 50 % de trans-
de séquences avec HTLV-1, notamment dans les populations mission après une transfusion [29] . Le dépistage systématique
d’Afrique centrale. Une transmission de STLV-1 du singe à des donneurs de sang dans les zones de forte endémie per-
l’homme est ainsi fortement suspectée [23] . met de minimiser ce risque. La transmission par des seringues
contaminées chez les toxicomanes, bien qu’existante, semble
faible.
 Épidémiologie clinique Enfin, de rares cas de complications liées au HTLV-1 sont recen-
sés parmi les patients transplantés, soit du fait d’un statut HTLV-1
Modes de transmission du HTLV-1 positif méconnu préexistant chez le receveur soit du fait de gref-
fons infectés. De rares pays incluant la France, le Royaume-Uni et
HTLV-1 est considéré de faible contagiosité. le Japon dépistent systématiquement les donneurs. En 2016, un
Il existe trois modes de transmission dont les deux premiers groupe d’experts incite fortement les gouvernements à dépister
nécessitent des contacts répétés. systématiquement les donneurs d’organes [30] .
• L’allaitement maternel (transmission verticale) rendrait compte
de 25 % de l’ensemble des infections HTLV-1 [24] . La durée de
l’allaitement est un facteur pronostique essentiel : après six
Prévalence et incidence de la « tropical
mois d’allaitement, 10 à 20 % des enfants deviennent séro- spastic paraparesis/HTLV-1 associated
positifs. Les autres facteurs de risque de transmission sont la myelopathy » [31]
concordance mère-enfant human leukocyte antigen (HLA)-I, un
titre d’anticorps et une CPV élevés dans le sang et le lait Le risque cumulé au cours de la vie pour un sujet infecté par
maternel [25, 26] et un membre de la fratrie séropositif [27] . La HTLV-1 de développer une TSP/HAM varie de 0,3 à 4 % en fonction
contamination intra-utérine et lors du péri-partum est excep- des zones d’endémie et du mode de contamination. La prévalence
tionnelle (moins de 5 %) [25] . de la TSP/HAM reste probablement sous-estimée [32] . Son installa-
• La seconde voie de contamination est la voie sexuelle (trans- tion insidieuse, la confusion avec certains diagnostics différentiels
mission horizontale) avec une transmission préférentielle de et les zones à pauvre niveau sanitaire dans lesquelles elle se

4 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

Le risque de développer une TSP/HAM est diminué pour les

“ Point fort sujets japonais porteurs des allèles HLA-A*02 et C*w8, eux-mêmes
associés à une faible CPV [38] tandis que les allèles DRB1*0101
et B*5401 augmenteraient ce risque chez les individus HLA-A*02
négatifs. Dans notre population afro-caribéenne, le polymor-
HTLV-1
phisme allélique HLA I et II n’est associé ni à la CPV ni au statut
• HTLV-1 est un rétrovirus à ARN monocaténaire diploïde.
TSP/HAM [39] .
• Il présente sept génotypes moléculaires dont le sous- Le polymorphisme génotypique des nucléotides (single-
type A est le plus répandu. nucleotide polymorphism [SNP]) situés sur les gènes codant les
• Il infecte préférentiellement les lymphocytes cytokines pro-inflammatoires pourrait être associé au développe-
CD4+ CD25+ . ment de la TSP/HAM. Le SNP-863A du promoteur du gène du
• Son génome proviral est constitué de trois gènes codant tumor necrosis factor (TNF)-␣, prédisposerait à la TSP/HAM tan-
des protéines de régulation : gag, pol, env et d’une région dis que les SNP-801A de la chimiokine stromal cell-derived factor-1
pX spécifique codant p40 tax, p27 rex et HBZ. (SDF-1), -191C de l’IL-15, -634C de l’IL-6 et -592A de l’IL-10 proté-
• HBZ favorise la latence virale en inhibant la transcription geraient contre la maladie [40] . Certains polymorphismes des gènes
viraux du sous-groupe A de la protéine tax sont associés au statut
des protéines virales à l’origine de la réponse immune.
TSP/HAM des patients japonais [40] .
• HTLV-1 utilise peu la reverse transcriptase et duplique son
génome lors de la mitose cellulaire.
• L’entrée du virus dans la cellule exige des interactions
entre gp46 et les héparanes sulfates protéoglycanes, la
NRP-1 et GLUT-1.
“ Point fort
• La contamination virale intercellulaire s’effectue via des
Épidémiologie du HTLV-1
synapses virologiques, des biofilms viraux ou des protru- • HTLV-1 a une distribution endémique. Le Japon et les
sions formant des conduits entre cellule infectée et cellule
Caraïbes sont des foyers de haute prévalence. Les com-
cible.
munautés d’Australie centrale ont des séroprévalences très
élevées.
• Dix à 20 millions de sujets sont infectés dans le monde
développe sont les principales raisons. De larges cohortes de mais seuls 3 à 7 % développent une complication majeure
patients TSP/HAM ont, cependant, été étudiées dans les zones (ATL ou TSP/HAM).
d’endémie du HTLV-1 incluant le Japon, les Caraïbes (Jamaïque, • Les modes de transmission sont : allaitement mater-
Martinique, Trinidad), l’Amérique du Sud (Brésil, Colombie, nel, rapports sexuels et transfusion de produits cellulaires
Pérou), l’Afrique centrale et du Sud, l’Iran. Par ailleurs, des cas contaminés.
sporadiques ont été rapportés dans diverses parties du monde • L’application de mesure de prévention a conduit à la
(Mélanésie, Afrique du Nord et de l’Ouest, Roumanie) dont cer- réduction des taux de séroprévalence dans les pays à haut
tains sont clairement dus à l’accélération des flux migratoires niveau sanitaire.
de ces dernières décennies (France, Royaume-Uni, États-Unis). • L’extension des stratégies et procédures de prévention
L’incidence de la TSP/HAM est difficile à obtenir et s’appuie
est un des éléments-clés de la lutte contre l’infection par
sur des données éparses. On rapporte des chiffres pour 100 000
habitants/an de : 0,04 à Kyushu, 1,7 à Trinidad et Tobago, 6,3 HTLV-1.
à Tumaco (Colombie) et 2 à la fin des années 1990 en Marti- • Les facteurs favorisant la TSP/HAM sont : une CPV HTLV-
nique [16] . Quelques études avancent des chiffres de prévalence de 1 élevée, le statut génétique de l’hôte (SNP et HLA I/II), le
TSP/HAM/100 000 habitants : 8,6 à Kyushu (Japon), 128 à Mahé sous-type génétique d’HTLV-1 et la contamination à l’âge
(Seychelles), 50 au Zaïre. À l’intérieur d’un pays, la prévalence de la adulte.
TSP/HAM augmente avec celle de la séropositivité pour le HTLV-
1, mais cette corrélation est très loin de la linéarité. Au Japon,
la fréquence de la TSP/HAM est de 0,07 à 0,25 % des séropositifs,
environ 2 à 4 % en Martinique, 68 % dans les communautés juives  Complexe neurologique
iraniennes originaires de Mashad.
lié au HTLV-1 [41]

Facteurs favorisant la « tropical spastic Clinique


paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy » Le lien entre HTLV-1 et des manifestations neurologiques
réunies sous le terme de « myélite tropicale » a été établi à la
Les facteurs de risque de la TSP/HAM sont encore mal Martinique en 1985 [1] . On parle aujourd’hui de « complexe neu-
connus. Tandis que l’ATL survient avec une haute fréquence rologique lié à HTLV-1 » incluant la TSP/HAM classique mais
(20–25 %) chez les personnes infectées dans l’enfance (péri- également les formes tronquées génito-vésico-sphinctériennes, les
partum, allaitement) [33] , la TSP/HAM se développe surtout atteintes paucisymptomatiques de myélite, les atteintes neuro-
après une transmission à l’âge adulte. Une contamination par myopathiques, les dysautonomies, les formes cognitives, ou les
transfusion sanguine ou lors d’une transplantation d’organe [34] exceptionnelles pseudosclérose latérale amyotrophique ou neu-
conduirait à un risque élevé de développer la maladie. romyélite optique.
Un certain nombre de facteurs tels que la CPV et des facteurs Des manifestations extraneurologiques de même mécanisme
génétiques de l’hôte liés notamment au système HLA mais égale- sont souvent associées, ophtalmologiques, pulmonaires, derma-
ment ceux propres à HTLV-1 participent à déterminer le risque de tologiques, rhumatologiques ou thyroïdiennes.
la TSP/HAM.
Les patients TSP/HAM possèdent une CPV six à dix fois plus « Tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated
élevée que celle des sujets HA [35] . Le développement de la myelopathy » [5, 6, 42]
TSP/HAM serait en partie attribué à une CPV élevée secondaire
à la défaillance du système immunitaire pour contrôler la réplica- Il s’agit d’une paraparésie spastique le plus souvent lentement
tion et l’expression virale. De façon similaire un taux élevé de CPV progressive associée à des troubles génitosphinctériens. Des pré-
a été noté dans d’autres situations cliniques associées au HTLV-1 sentations plus atypiques subaiguës ou avec des aggravations
telles que les uvéites [36] et les alvéolites [37] . récurrentes et de longs plateaux évolutifs sont possibles.

EMC - Neurologie 5
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

100 Figure 5. Évolution du handicap des patients atteints


de tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy
(TSP/HAM) de la cohorte martiniquaise. Courbes de survie
de Kaplan-Meier analysant les délais de passage des patients
75 atteints de TSP/HAM aux scores de handicap Disability Status
Scale (DSS) 6, 6,5, 8 et 10.
DSS 10
Patients (%)

50
DSS 8

DSS 6,5
25

DSS 6
0

0 5 10 15 20 25 30 35 40
Durée d’évolution de la TSP/HAM (années)

Mode de révélation des femmes TSP/HAM [46] . Enfin, une constipation opiniâtre, très
L’âge moyen d’apparition des premiers symptômes se situe gênante, est fréquemment retrouvée.
entre 40 et 55 ans mais des formes pédiatriques ou beaucoup plus Troubles sensitifs. Les symptômes sensitifs subjectifs à type
tardives se rencontrent. Dans certaines régions comme en Marti- d’engourdissement, de fourmillement ou de brûlure peuvent être
nique, les femmes sont 2,5 fois plus concernées que les hommes. bruyants et contrastent toujours avec la pauvreté de l’examen sen-
L’installation des troubles est insidieuse, rarement aiguë ou sub- sitif objectif. Ils n’intéressent que les membres inférieurs et sont
aiguë. À la Martinique, le délai moyen entre les premiers signes au second plan derrière les troubles moteurs. Ils ne sont retrou-
et le diagnostic est de 5,3 ans. Le symptôme initial est un trouble vés que chez 27 à 53 % des patients et peuvent concerner aussi
de la marche dans 86,2 % des cas, avec raideur des membres infé- bien la sensibilité spinothalamique que proprioceptive. Un niveau
rieurs contraignant la course. L’examen clinique démasque alors sensitif thoracique ou lombaire est admis par certains auteurs et
des signes pyramidaux réflexes. Les troubles vésicosphinctériens s’observe surtout dans les rares formes aiguës de TSP/HAM.
sont inauguraux dans 13,8 % des cas. Des troubles sensitifs essen-
Évolution
tiellement subjectifs associés à des lombalgies sont fréquemment
rapportés dès le début de la maladie. L’aggravation vers une paraparésie spastique proximale symé-
trique (deux tiers des cas) associée à des troubles vésicosphincté-
riens est généralement la règle. La progression du handicap n’est
Symptômes à la phase d’état pas homogène et on distingue des évolutions lentes ou rapides
Paraparésie spastique. La spasticité peut varier d’une simple et plus rarement des aggravations en « marche d’escalier » avec
irritation pyramidale se traduisant par des réflexes ostéotendineux des phases de plateau [5, 7, 47] . Des formes subaiguës sont égale-
(ROT) vifs, polycinétiques, diffusés à un syndrome pyramidal ment décrites pouvant conduire à une paraplégie complète en
bilatéral se caractérisant par une spasticité, volontiers associée à moins de 2 ans [48] . Une étude longitudinale sur 14 ans a permis
une trépidation épileptoïde des chevilles et un signe de Babinski de décrire l’histoire naturelle de la progression du handicap sur
bilatéral. L’hypertonie spastique est souvent sévère et limitée une cohorte de 123 patients TSP/HAM martiniquais [6] . Les temps
aux membres inférieurs. Elle entraîne un handicap fonctionnel. médians d’atteinte des scores Disability Status Scale (DSS) à 6
L’atteinte pyramidale aux membres supérieurs se traduit par des (marche avec appui monopodal), 6,5 (marche avec appui bipodal)
ROT vifs et diffusés associés à un signe de Hoffman sans retentis- et 8 (confiné au fauteuil roulant) étaient respectivement de 6, 13 et
sement fonctionnel. 21 ans (Fig. 5). Après 20 ans d’évolution, un quart des patients était
Le déficit moteur concerne en priorité les muscles proximaux : décédé de complications en rapport avec la TSP/HAM : infections
moyens fessiers, adducteurs et iliopsoas. Les muscles distaux sont pulmonaires ou urinaires, complications de décubitus ou insuf-
relativement épargnés à l’exception du triceps sural. Il n’existe fisance rénale terminale. Les facteurs clinicobiologiques corrélés
classiquement pas de déficit moteur au niveau des membres supé- à une progression rapide sont les suivants : contamination par
rieurs et un déficit proximal doit faire évoquer une polymyosite transfusion [49] ou transplantation [48] , âge de début tardif (> 50
associée. ans), délai de diagnostic court (< 3 ans), atteinte précoce du DSS 6
Troubles vésicosphinctériens. Ils sont, avec la paraparésie (< 3 ans), polymyosite associée, taux d’immunoglobulines A (IgA)
spastique, un symptôme cardinal de la TSP/HAM. Les signes fonc- sérique élevé [47] , CPV supérieure à 10 % des cellules mononucléées
tionnels à type de pollakiurie diurne et nocturne, de mictions du sang périphérique (CMSP) [7] , forte charge d’ARN messager
impérieuses et de dysurie traduisent une hyperactivité détru- tax [50] , taux de néoptérine dans le liquide cérébrospinal (LCS) et
sorienne ou une dyssynergie vésicosphinctérienne par atteinte de C-X-C motif chimiokine 10 (CXCL10) sériques élevés [51] .
des corps cellulaires de la colonne intermédiolatérale de la Certaines échelles de progression du handicap utilisées pour
moelle sacrée (2e à 4e segment). Les troubles vésicosphinctériens évaluer la progression de la TSP/HAM sont imparfaites, d’autres
favorisent les infections urinaires et l’insuffisance rénale. Ces sont en cours d’évaluation. L’échelle d’invalidité d’Osame fut la
complications peuvent mettre en jeu le pronostic vital. première utilisée mais s’applique mal au mode de vie occiden-
Les troubles vésicosphinctériens peuvent rester isolés chez 4,3 % tal. Le DSS est très utilisé car parfaitement connu de l’ensemble
des sujets HTLV-1, constituant des formes tronquées génito- des neurologues mais est faiblement sensible aux modifications
vésico-sphinctériennes de TSP/HAM [43] . Les femmes semblent du handicap. Les échelles d’Osame et DSS n’évaluent que le
plus concernées par les formes vésicosphinctériennes que les handicap moteur. L’Expanded DSS est plus complète mais déve-
hommes (84,3 versus 15,7 %) [44] . loppée pour la sclérose en plaques (SEP) et peu adaptée à la
En région endémique, les troubles vésicosphinctériens doivent TSP/HAM. L’IPEC [12] a été développée récemment et pourrait
ainsi faire rechercher une infection par HTLV-1. Chez l’homme, s’imposer progressivement comme échelle d’évaluation spécifique
la dysfonction érectile est toujours associée à la TSP/HAM et son de la TSP/HAM. L’évaluation du temps de marche sur une distance
degré de sévérité est souvent associé à l’amplitude de l’atteinte fixe, très objective, est également souvent utilisée dans les études
motrice [45] . Les dysfonctions sexuelles sont rapportées par 80 % thérapeutiques.

6 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

atteintes, de type mononévritique (paralysie faciale périphérique)


ou multinévritique, par le biais de pachyméningite chronique, ont
également été rapportées.

Autres manifestations neurologiques


Des tableaux d’atteinte de la corne antérieure ont été rap-
portés. Ces « pseudoscléroses latérales amyotrophiques » sont
souvent des formes évoluées de TSP/HAM associées à une neuropa-
thie amyotrophiante des extrémités faisant évoquer le diagnostic
de sclérose latérale amyotrophique. Un tableau d’atteinte de la
corne antérieure associée à des troubles vésicosphinctériens et à
des symptômes sensitifs doit inciter à rechercher une infection
à HTLV-1. Ces formes cliniques sont corrélées, comme l’est la
Figure 6. Biopsie musculaire en microscopie optique. Coupe trans- TSP/HAM, à une CPV sanguine élevée et à la présence d’anticorps
versale d’une biopsie musculaire chez un patient présentant un tableau anti-HTLV-1 dans le LCS [58] .
clinique de polymyosite human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 (HTLV-1). Les manifestations dysautonomiques, à type d’hypotension
Coloration à l’hématéine-éosine montrant un aspect de nécrose- orthostatique sévère, d’hypertension artérielle nocturne, de
régénération et un infiltrat cellulaire inflammatoire interstitiel. troubles du rythme cardiaque, sont rapportées chez les patients
TSP/HAM. L’hypotension orthostatique peut nécessiter le recours
à des thérapeutiques vasopressives. La dysfonction cardiaque sym-
pathique serait due à l’atteinte de la moelle thoracique [59] .
Troubles cognitifs Des manifestations plus rares ont été associées à HTLV-1 : une
Des troubles cognitifs associant un ralentissement psychomo- atteinte inflammatoire opticomédullaire proche de celle observée
teur, une réduction de la mémoire verbale, un déficit attentionnel dans la neuromyélite optique [60] , une ataxie cérébelleuse avec
et des capacités visuoconstructives ont été décrits chez les patients down-beating nystagmus [61] . Des tableaux d’encéphalite associée
TSP/HAM et à un moindre degré chez les porteurs « asympto- à HTLV-1 ont été décrits [62] . Ils concernent préférentiellement
matiques ». Une association avec une augmentation des taux les patients atteints de TSP/HAM. Une aggravation des troubles
plasmatiques de cytokines pro-inflammatoires (IL-6 et TNF-␣) a de la marche et une fièvre précèdent souvent les signes cliniques
récemment été rapportée [52] . Leur lien avec les hypersignaux d’encéphalite constitués par une altération de la vigilance, une
encéphaliques de la substance blanche en imagerie par résonance confusion, des céphalées, des déficits neurologiques focaux et des
magnétique (IRM) n’est pas clairement établi et ne pourrait que crises d’épilepsie. L’IRM est normale ou retrouve des hypersignaux
refléter une micro-angiopathie du sujet âgé. de la substance blanche en séquence T2 au niveau du cerveau et
de la moelle épinière. Une amélioration sous corticothérapie est
Myopathies inflammatoires associées au HTLV-1 généralement obtenue.
(HAIM)
Les HAIM sont des complications rares. Le tableau est celui
d’une polymyosite ou d’une myosite à inclusion. De rares cas de Explorations complémentaires
dermatomyosites avec ou sans syndrome de chevauchement ont Examens biologiques
également été rapportés [53, 54] . La polymyosite HTLV-1 se différen-
cie de la forme idiopathique par un profil évolutif plus insidieux, Le diagnostic de TSP/HAM repose sur la détection d’anticorps
des signes de myélite associés très fréquents, un âge de début plus spécifiques du HTLV-1 dans le sang et le LCS. La sérologie HTLV-1
précoce [55] , une moindre élévation des créatine phosphokinases est positive en enzyme-linked immunosorbent assay (Elisa) confir-
(CPK) (entre 3 et 7 fois la normale) et une cortico-sensibilité moins mée en western blot, plus spécifique. Ce dernier est positif s’il
franche. Ainsi, un déficit moteur des ceintures, particulièrement visualise au moins les bandes p24, p19 et gp46. La sérologie
des membres supérieurs épargnés dans la myélite, des myalgies HTLV-1 est constamment positive dans la TSP/HAM et le taux
et une élévation des CPK doivent faire évoquer une polymyo- d’anticorps sériques est nettement supérieur à celui des sujets HA.
site associée. Des HAIM isolées ont également été décrites [55] . L’étude du LCS est une étape clé dans le diagnostic de la mala-
Les mécanismes physiopathologiques sont encore débattus mais die : sérologie HTLV-1 positive par définition, pléiocytose modérée
probablement différents de ceux de la myélite. Lorsqu’une HAIM (< 50 cellules/mm3 ) à prédominance lymphocytaire et parfois
s’associe à une TSP/HAM ou un adult T-cell leukemia/lymphoma lymphocytes activés ou atypiques, protéinorachie normale ou dis-
(ATLL), le taux de la CPV est fixé par l’atteinte myélitique ou crètement augmentée dans la moitié des cas (0,5–1 g/l), synthèse
lymphomateuse [55] . La HAIM isolée a une CPV basse, compa- intrathécale en IgG (index de Link > 0,7 et/ou présence de bandes
rable à celle du sujet HA. La biopsie musculaire montre des oligoclonales) chez environ deux tiers des patients TSP/HAM [6] .
modifications histologiques architecturales modérées associant La CPV HTLV-I s’exprime en nombre de cellules infectées par le
des degrés variables d’atrophie, de fibrose et d’infiltrats inflam- provirus rapporté au nombre total de CMSP. Un sujet HA n’a géné-
matoires (Fig. 6). En immunohistochimie, un marquage HLA-DR ralement que 0,1 à 1 % des CMSP infectées par le provirus. Elle est
est souvent retrouvé. D’autres marquages sont notés : BDCA1, environ huit fois plus élevée chez les patients TSP/HAM et peut
NK, TNF-␣ endomysial, matrix metalloproteinases (MMP) 2 et 9, atteindre des taux culminant à 30 ou 40 %. La CPV HTLV-1 est plus
perforine. haute dans le LCS que dans le sérum des patients TSP/HAM alors
qu’elle est plus basse chez les HA [63] . En cas de doute diagnostique,
un ratio CPV LCS/CPV sang supérieur à 1 pourrait permettre de
Neuropathies périphériques trancher en faveur d’une TSP/HAM.
Saeidi et al. [56] rapportent 30 % d’atteinte neurologique péri- La numération-formule sanguine est normale. Sur le frottis san-
phérique en association avec la TSP/HAM. Ces polyneuropathies guin, on peut trouver une proportion de 1 à 20 % de lymphocytes
peuvent être isolées et doivent conduire à un test sérologique en atypiques à noyau indenté ou convoluté [64] . Un à 5 % des lym-
zone d’endémie [57] . L’atteinte est surtout sensitive et se traduit phocytes sont des cellules ATL-like avec un noyau en forme de
par une hypoesthésie en « gants et en chaussettes » et par des trèfle ou fleur et au cytoplasme hyperbasophile, rarement observés
sensations de brûlure des extrémités. L’électroneuromyographie chez le sujet HA. La vitesse de sédimentation est habituellement
(ENMG) retrouve une neuropathie axonale, plus rarement démyé- normale mais l’électrophorèse des protéines révèle volontiers une
linisante, sensitivomotrice. La biopsie du nerf sural retrouve des augmentation polyclonale des gammaglobulines. Une discrète
lésions de dégénérescence axonale et parfois de démyélinisation augmentation des CPK (1,5 à 2 fois la normale) est retrouvée dans
segmentaire avec ou sans infiltrat inflammatoire [57] . D’autres la moitié des cas.

EMC - Neurologie 7
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

Examens électrophysiologiques Dans près de 80 % des cas, l’IRM de l’encéphale montre des
hypersignaux dans la substance blanche périventriculaire ou pro-
• Les études urodynamiques permettent de diagnostiquer et éva- fonde en séquences T2 (Fig. 7C). Les lésions se différencient de
luer les troubles vésicosphinctériens et sont très informatives la SEP par leurs petites tailles et l’absence de plage confluente de
dans les formes vésicosphinctériennes isolées. Elles montrent démyélinisation périventriculaire [70] .
une hyperactivité vésicale et une dyssynergie vésicosphincté-
rienne dans respectivement 80 % et 35 % des cas [65] . Examens histologiques
• L’électromyographie révèle souvent une neuropathie sensiti-
Les biopsies du muscle et plus rarement du nerf peuvent être
vomotrice axonomyélinique d’intensité variable. L’examen à
proposées lorsque la démarche diagnostique du clinicien l’impose.
l’aiguille peut montrer des signes de dénervation ainsi qu’une
Les aspects histologiques ont été décrits (cf. supra).
atteinte myogène. Une dénervation avec activité spontanée
dans les muscles paraspinaux thoraciques bas serait en faveur
d’une TSP/HAM [66] . Critères diagnostiques de la TSP/HAM
• Les potentiels évoqués moteurs détectent un ralentissement de
la conduction motrice centrale [67] préférentiellement à l’étage Le diagnostic de TSP/HAM repose sur des signes de myélopathie
de la moelle thoracolombaire. progressive et la détection d’anticorps anti-HTLV-1 dans le sang et
• Les potentiels évoqués somesthésiques (PES) retrouvent un le LCS. Une CPV HTLV-1 élevée dans le sang circulant et un ratio
allongement du temps de conduction centrale, obtenu par sti- CPV LCS/CPV sang supérieur à 1 est en faveur d’une TSP/HAM.
mulation du nerf sural dans la moitié des cas. Cet allongement Les critères diagnostiques de la TSP/HAM ont été révisés en
n’est pas corrélé avec les troubles sensitifs, mais l’est fortement 2006 [11] afin d’apporter plus de sensibilité aux critères anté-
avec le handicap moteur du patient. Les PES des membres supé- rieurs, proposés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en
rieurs peuvent être altérés. 1989. Ces nouveaux critères assurent trois niveaux diagnostiques :
• Les potentiels évoqués vestibulaires cervicaux myogéniques TSP/HAM définie, probable et possible (Tableau 1).
ont récemment confirmé l’atteinte médullaire cervicale haute La grille diagnostique de ces critères insiste sur l’exclusion préa-
paucisymptomatique dans la TSP/HAM, et ont soulevé lable des autres étiologies de myélopathie, en particulier d’une
l’opportunité de suivre l’évolution de la myélopathie par cette compression de la moelle épinière. Dans les populations afro-
technique non invasive [68] . caribéenne et asiatique, le canal cervical étroit est très fréquent et
• Les potentiels évoqués visuels sont anormaux dans 30 % des cas représente l’écueil diagnostique principal. L’existence de troubles
et les potentiels évoqués auditifs plaident pour une extension sensitifs profonds, et surtout d’une malhabileté, jamais obser-
supraspinale des lésions dans 25 % des cas. vée dans la TSP/HAM, prend toute sa valeur, de même bien
sûr que l’imagerie rachidienne. La TSP/HAM peut en imposer
pour une forme primitivement progressive de SEP, d’autant que
Examens neuroradiologiques
les perturbations du LCS et l’IRM sont proches dans ces deux
L’IRM médullaire se révèle habituellement normale au début affections. Les formes d’installation rapidement progressives, en
de la maladie puis apparaît une atrophie touchant initialement la fait peu fréquentes, peuvent évoquer d’autres causes médicales
moelle thoracique entre T4 et T9. Cette atrophie s’étend ensuite de myélopathie inflammatoire, comme les myélites lupiques et
vers la moelle cervicale pour être panmédullaire dans les der- les neuromyélites optiques dont la répartition géographique se
niers stades de la myélite [69] (Fig. 7A, B). Les caractéristiques de recoupe avec celle de la TSP/HAM aux Antilles, en Afrique centrale
l’atrophie permettent de différencier TSP/HAM et SEP dont le site et au Japon.
de prédilection est plutôt l’étage cervical. Plus rarement dans les
formes subaiguës, l’IRM médullaire met en évidence un hypersi-
gnal T2 dorsal diffus [60] (Fig. 8) et de façon exceptionnelle une
prise de contraste focale.
 Manifestations
extraneurologiques
Manifestations ophtalmologiques
“ Point fort Les manifestations ophtalmologiques du HTLV-1 peuvent être
inaugurales [71] . Un examen ophtalmologique rigoureux est donc
indispensable chez tout patient séropositif.
Explorations complémentaires
• Toute sérologie HTLV-1 positive en Elisa nécessite une
confirmation en western blot, dans le sang comme dans
le LCS.
• La CPV HTLV-1, taux exprimant le nombre de cellules “ Point fort
infectées sur le nombre total de cellules mononucléées,
est élevée dans la TSP/HAM. Complexe neurologique lié au HTLV-1 : nouveau
• Un ratio CPV LCS/CPV sang supérieur à 1 est en faveur concept
d’une TSP/HAM. • La TSP/HAM reste la complication neurologique
• L’analyse du LCS montre une réaction lymphocytaire majeure d’HTLV-1.
modérée, une discrète hyperprotéinorachie, un profil • La polyneuropathie et la myosite s’associent fréquem-
oligoclonal ou un index de Link augmenté mais peut éga- ment à la TSP/HAM mais doivent être évoquées même en
lement être normale. son absence.
• L’IRM médullaire met souvent en évidence une atrophie • Les présentations atypiques impliquent une sérologie
de la moelle thoracique dans les formes évoluées. HTLV-1 systématique en zone de forte endémie devant :
• L’IRM cérébrale met souvent en évidence des hypersi- myélite fruste ou extensive subaiguë, pseudosclérose
gnaux de la substance blanche profonde (petite SEP). latérale amyotrophique, ataxie cérébelleuse, syndrome
• Bilan urodynamique, ENMG, biopsie musculaire sont dysautonomique, atteinte des nerfs crâniens, troubles cog-
les autres outils diagnostiques des atteintes du complexe nitifs, encéphalopathie.
neurologique. • Les manifestations extraneurologiques principales sont
• Un examen ophtalmologique régulier est indispensable l’uvéite, la broncho-alvéolite lymphocytaire, le syndrome
à la recherche d’uvéite ou de kératite associées à HTLV-1. sec oculobuccal et la dermatite infectieuse.

8 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

A B C
Figure 7. Imagerie par résonance magnétique (IRM) médullaire et cérébrale.
A. IRM médullaire en coupe sagittale d’une patiente présentant une tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy (TSP/HAM) évoluant depuis 3
ans DSS 6. Séquence T2 révélant un aspect normal de la moelle.
B, C. IRM médullaire en coupe sagittale (B) et IRM cérébrale (C) chez un patient de 43 ans atteint de tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy
(TSP/HAM) évoluant depuis 15 ans, confiné au fauteuil, Disability Status Scale (DSS) 8. Séquence T2 (B) montrant une atrophie médullaire prédominante dans
la région thoracique. Séquence fluid attenuated inversion recovery (FLAIR) (C) montrant des hypersignaux punctiformes de la substance blanche cérébrale.

Trois types d’atteinte ophtalmologique dominent : l’uvéite liée Le passage intraoculaire de cellules infectées CD4+ est à l’origine
au HTLV-1 (HU), la kératoconjonctivite sèche (KCS) et la kératite de la production de cytokines inflammatoires, expliquant la cor-
interstitielle. En zone d’endémie, ces manifestations ophtalmolo- ticosensibilité de l’uvéite.
giques doivent conduire à doser les anticorps anti-HTLV-1. La kératite interstitielle est associée à une CPV élevée et retrou-
Au Japon, l’HU est l’une des principales causes d’uvéite [72] avec vée dans 10 % des cas de TSP/HAM [74] .
le Vogt-Koyanagi-Harada, la sarcoïdose et le Behçet [73] . Dans le Des atteintes ophtalmologiques de mécanisme différent, en
Bassin caribéen, Merle et al. [74] retrouvent 14,5 % d’HU dans rapport avec un ATL, sont également rapportées : infiltration cho-
une série de 200 patients HTLV-1. Il s’agit d’uvéites antérieures roïdienne lymphomateuse ou cas de sclérite avec bonne réponse
ou intermédiaires, uni- ou bilatérales, de sévérité modérée, parfois thérapeutique aux anticorps monoclonaux.
asymptomatiques. Volontiers isolées, elles peuvent être associées à
une TSP/HAM et sont alors d’autant plus fréquentes que le patient
est jeune, la TSP/HAM de début précoce et responsable d’un han- Syndrome sec oculobuccal
dicap moteur sévère [74] . L’HU est corrélée à une forte synthèse
intrathécale en IgG et pourrait représenter un marqueur de sévé- La KCS et le syndrome sec buccal associés à HTLV-1 se
rité de l’atteinte HTLV-1. distinguent du syndrome de Gougerot-Sjögren par l’absence

EMC - Neurologie 9
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

Tableau 1.
Critères diagnostiques de la tropical spastic paraparesis/HTLV-I-associated
myelopathy (TSP/HAM), Belem 2003 [11] .
Définie
1. Paraparésie spastique progressive non rémittente avec troubles de la
marche suffisamment sévères pour être perçus par le patient, avec ou
sans trouble sensitif, mais qui restent discrets sans niveau médullaire net
lorsqu’ils sont présents. Les troubles vésicosphinctériens sont présents
ou absents
2. Présence d’anticorps anti-HTLV-1 dans le sérum et le LCS confirmée
par le western blot et/ou une PCR HTLV-I positive
3. Exclusion des autres diagnostics différentiels a
Probable
1. Présentation clinique monosymptomatique : spasticité ou
hyperréflexie des membres inférieurs associée ou non à de discrets
troubles sensitifs, ou présence d’un signe de Babinski isolé, ou troubles
vésicosphinctériens neurologiques isolés mais confirmés par des tests
urodynamiques
2. Présence d’anticorps anti-HTLV-1 dans le sérum et/ou le LCS
confirmée par le western blot et/ou une PCR HTLV-I positive
3. Exclusion des autres diagnostics différentiels a
Possible
1. Présentation clinique complète ou incomplète
2. Présence d’anticorps anti-HTLV-1 dans le sérum et/ou le LCS
confirmée par le western blot et/ou une PCR HTLV-I positive
3. Les diagnostics différentiels n’ont pas pu être exclus de façon
exhaustive a

HTLV-1 : human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 ; PCR : polymerase chain reaction ;


LCS : liquide cérébrospinal.
a
Les diagnostics différentiels suivants doivent être exclus par les examens
cliniques, radiologiques et biologiques appropriés : sclérose en plaques ; para-
parésie spastique familiale ; sclérose latérale primitive ; syringomyélie ; déficit
en vitamine B12 ou en folates ; neurosyphilis ; neurosarcoïdose ; collagénose ;
syndrome de Goujerot-Sjögren ; sclérose latérale amyotrophique ; compression
médullaire ; myélopathie endémique régionale (incluant les schistosomiases et
la neurocysticercose) ; méningite carcinomateuse ; myélite transverse inflam-
matoire ; syndrome paranéoplasique ; maladie de Lyme ; Neuro-Behçet ;
neurotuberculose ; myélopathie vacuolaire du sujet atteint par le VIH ; myé-
lopathie auto-immune ; myélopathie toxique ; myélopathie fungique.

Dermatite infectieuse liée au HTLV-1


C’est une éruption exsudative eczématiforme chronique sur-
infectée (surinfection à Staphylococcus aureus et streptocoque
␤-hémolytique) [77] . Elle touche presque exclusivement la popula-
Figure 8. Imagerie par résonance magnétique médullaire. Coupe sagit- tion pédiatrique et constitue la première manifestation clinique
tale chez un patient ayant installé sur 2 mois une paraplégie avec Disability de l’infection par HTLV-1 chez l’enfant. Elle débute vers l’âge de
Status Scale (DSS) 8,5. Tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated mye- 2 ans pour s’éteindre au début de l’âge adulte. Son évolution se fait
lopathy (TSP/HAM) définie selon les critères de Belem et charge provirale par poussées et son traitement fait appel à une antibiothérapie par
(CPV) human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 (HTLV-1) élevée et CPV- voie générale, répétée sur de longues périodes, souvent décevante.
liquide cérébrospinal/CPV-sang supérieur à 1. Séquence T2 montrant un Classiquement, l’éruption touche le cuir chevelu, les régions péri-
hypersignal étendu suggérant une myélite extensive associée à HTLV-1. nasales, le contour des yeux, les régions rétro-auriculaires, le cou
et les creux axillaires.
Fréquente dans le Bassin caribéen et au Brésil, elle est moins
d’anticorps anti-SSA/SSB. Le syndrome sec est plus fréquent chez répandue au Japon. Les mécanismes physiopathologiques à
le patient TSP/HAM que chez le HA [74] . Dans la population l’origine de cette entité semblent emprunter à la réaction dysim-
TSP/HAM martiniquaise, 50 % ont une KCS à l’examen ophtal- munitaire de la TSP/HAM et à l’hyperlymphocytose de l’ATL [76] .
mologique et/ou un score de Chisholm à 3-4 sur la biopsie des
glandes salivaires accessoires [6] . Autres atteintes systémiques liées au HTLV-1
D’autres manifestations cliniques sont décrites en association
avec HTLV-1 incluant la polyarthrite [78] et la thyroïdite [79] .
Atteinte bronchoalvéolaire associée
au HTLV-1
L’atteinte pulmonaire est définie par l’existence d’une hyper-
 Pathogénie de la « tropical
lymphocytose bronchoalvéolaire (> 15 % de lymphocytes). Elle spastic paraparesis/HTLV-1
peut être symptomatique, à type de panbronchiolite diffuse ou
de pneumonie interstitielle lymphoïde. Elle est le plus souvent associated myelopathy »
asymptomatique et constatée chez 80 % des TSP/HAM [6] . Elle se
rencontre chez le sujet HA, TSP/HAM ou HU [37] . Récemment, des
Anatomopathologie des lésions
cas de miliaires micronodulaires ont également été rapportés [75] . neurologiques dans la « tropical spastic
L’hyperlymphocytose du liquide de lavage bronchioalvéolaire paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy »
(LBA), à prédominance CD8+ [76] , est corrélée aux CPV plasma-
tique et du LBA. Enfin, l’atteinte alvéolaire favorise l’infection La lésion princeps de la TSP/HAM est une myélite chronique
tuberculeuse. intéressant la substance blanche et la substance grise, conduisant

10 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

CD4+ TNF-α/IL-1α Cellules gliales


CD8+
spécifique HTLV-1 Apoptose

Ag tax
Provirus
HTLV-1

Cytokines/
Chémokines
hnRNP-A1
Cellules dendritiques
Dégénérescence
axonale

LAF-1/ICAM-1

C
SN
VAL 4/VCAM-1
MMP-9
gn

Lymphocytes B Ac Anti-tax et
Sa

hnRNP-A1
Cellules endothéliales de la BHE
Figure 9. Hypothèses physiopathogéniques de l’human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 (HTLV-1) dans la tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated
myelopathy (TSP/HAM). La principale hypothèse retenue est celle du « témoin innocent ». Les CD4+ infectés ayant passé la barrière hématoméningée (BHE)
sont reconnus par les CD8+ spécifiques de tax. L’interaction va conduire à la libération de cytokines et chémokines qui activent les cellules gliales et conduisent
à leur apoptose. Les anticorps (Ac) anti-tax reconnaîtraient la protéine neuronale intracellulaire heterogeneous nuclear ribonucleic protein-A1 (hnRNP-A1) et
contribueraient aux lésions des neurones médullaires. LAF-1 : lymphocyte activating factor ; ICAM-1 : intercellular adhesion molecule 1 ; VCAM-1 : vascular
cellular adhesion molecule 1 ; VLA 4 : very late antigen-4 ; MMP : matrix metalloproteinases ; SNC : système nerveux central ; TNF : tumor necrosis factor ; IL :
interleukine ; Ag : antigène.

à une dégénérescence axonale qui touche préférentiellement la Les cellules Th activent la réponse immune en secrétant des
partie moyenne et basse de la moelle thoracique. L’analyse his- cytokines pro-inflammatoires. Elles dirigent la réponse des lym-
topathologique retrouve une démyélinisation et une atteinte phocytes B et des cytotoxic T lymphocyte (CTL). Elles reconnaissent
axonale prédominantes dans les cordons latéraux de la moelle. les antigènes d’enveloppe. Le phénotype Th1 de la réponse est
Il s’y associe une infiltration lymphocytaire périvasculaire et dominant parmi ces CD4+ . Elles produisent IFN-␥, TNF-␣ et IL-2.
parenchymateuse, des macrophages spumeux, une prolifération Le rôle du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) de classe
astrocytaire et une gliose fibrillaire [80] . Progressivement, les lésions II dépendant de chaque individu conduit à une réponse immune
deviennent de moins en moins cellulaires et font place à une plus ou moins efficace.
sévère atrophie de l’architecture médullaire. TNF-␣, interféron La réponse CD8+ cytotoxique est dirigée contre tax présentée
gamma (IFN-␥) et IL-1␤ ont été détectés dans les cellules mononu- par le CMH de classe I. Bien que le nombre de CD8+ spécifiques
cléées périvasculaires [81] . Il n’y a pas d’argument en faveur d’une de tax soit plus élevé dans la TSP/HAM que chez le sujet HA,
infection directe des neurones, des astrocytes ou de la microglie leur efficience semble réduite. En effet, leur capacité lytique telle
par le virus HTLV-1. L’infiltration lymphocytaire associe au début que déterminée par le CD107a est plus faible dans la TSP/HAM.
de la maladie CD4+ et CD8+ puis devient à très nette prédomi- Les CD8+ limitent la réplication virale et leur efficacité pourrait
nance CD8+ spécifiques de la protéine tax au cours des stades être génétiquement déterminée. Leur rôle dans la TSP/HAM est
ultérieurs [82] . Une infiltration périvasculaire similaire est observée débattu : contribution au processus inflammatoire conduisant à la
au niveau du tissu cérébral des patients TSP/HAM [83] . démyélinisation ou protection par élimination des CD4+ infectés.
Les cellules natural killer (NK) et particulièrement la sous-
population CD3+ CD16+ sont moins fréquentes et moins actives
Réponse immune au virus HTLV-1 [84] chez le patient TSP/HAM que chez le sujet HA. La réponse NK
est induite par leur reconnaissance du CMH non polymorphique
Réponse humorale à l’infection par HTLV-1 HLA-E. Dans la TSP/HAM, les NK porteuses du CMH HLA-E sont
Les anticorps anti-HTLV-1 sont détectés chez tous les individus moins nombreuses que chez le sujet HA. Ainsi, le terrain géné-
infectés mais avec un titre plus élevé chez le patient TSP/HAM que tique pourrait également jouer un rôle majeur dans l’efficacité des
chez l’HA. Dans la TSP/HAM, la réponse humorale se distingue par cellules NK chez l’individu infecté par HTLV-1.
une forte immunité envers les épitopes de tax en comparaison des Les cellules dendritiques présentent les antigènes en association
HA ou des patients atteints d’ATL [85] . avec le CMH de classe II. Elles pourraient être infectées par HTLV-1
dans la TSP/HAM [87] et contribueraient au transfert du virus vers
les CD4+ [88] . Elles joueraient un rôle crucial dans la génération et
Réponse cellulaire à l’infection par HTLV-1 la maintenance de la réponse CTL spécifique de tax.
Les CD4+ sont scindés en deux catégories majeures : les lym-
phocytes Tregs (régulateurs) et les lymphocytes Th (auxilliaires
ou helper). HTLV-1 infecte préférentiellement et durablement les Hypothèses physiopathologiques
CD4+ CD25+ qui sont majoritairement constitués de cellules Tregs. de la « tropical spastic paraparesis/HTLV-1
Les cellules Tregs, particulièrement celles exprimant le facteur
de transcription FoxP3, ont une action inhibitrice de la réponse
associated myelopathy » (Fig. 9)
immune dirigée contre l’antigène tax, facilitant la persistance On considère que les lésions dans la TSP/HAM résultent d’une
virale et augmentant la CPV [86] . déviance du système immunitaire (auto-immunité, dysimmunité,

EMC - Neurologie 11
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

Tableau 2.
Traitements testés et potentiellement applicables dans la tropical spastic paraparesis/HTLV-I-associated myelopathy (TSP/HAM).
Traitement Description Références
[84]
Corticoïdes Traitement le plus utilisé/Efficacité prédominante dans les formes récentes/Pas d’étude
randomisée
[101, 102]
Interféron-␣ Traitement immunomodulateur/1 étude contrôlée double aveugle (n = 48 sur 28 j)/1
étude ouverte (n = 167 sur 28 j)/Réponse clinique modérée dans deux tiers des cas au
prix d’effets secondaires très fréquents et parfois sérieux
[103]
Interféron-␤ Immunomodulateur améliorant certaines composantes de la fonction motrice/Étude
ouverte (n = 12)
[104, 105]
Antirétroviraux Observations rapportant des améliorations cliniques sous zidovudine ou
lamivudine/1 étude en double aveugle négative et testant une association
zidovudine-lamivudine/1 étude ouverte négative avec ténofovir (n = 6)
[106]
Ciclosporine A 1 étude ouverte (n = 7, 48 semaines de traitement)/Amélioration clinique pour 5/7
[107, 108]
Danazol 2 études ouvertes (n = 6 et n = 8)/2 patients en fauteuil roulant ont repris la marche
[109, 110]
Vitamine C 1 étude ouverte (n = 7)/Amélioration du handicap après 9 mois de traitement
[111]
Plasmaphérèse Observations décrivant des améliorations cliniques
[14, 112, 113]
Acide valproïque Inhibiteur des histones désacétylases et permettant de démasquer la latence virale/1
étude ouverte (n = 19, 2 ans) sans efficacité clinique démontrée
[114]
Thé vert Diminution de la charge provirale chez des HTLV-1 positifs asymptomatiques (37
traités par extrait de thé vert versus 46 contrôles)
[115]
Lactobacillus casei 1 étude ouverte (n = 10, 4 semaines)/Amélioration de la spasticité et troubles urinaires
[116]
Pentoxifylline 1 étude ouverte (n = 15, 4 semaines)/Amélioration handicap et spasticité pour 13
patients et suppression de la prolifération spontanée des cellules mononucléées
circulantes
[117]
Héparine 1 étude ouverte (n = 10)/Amélioration des performances motrices
[118]
Prosultiamine 1 étude ouverte (n = 24, 12 semaines)/Amélioration de la spasticité et de la rapidité de
marche
[119]
Polysulfate de pentosane 1 étude ouverte (n = 12)/Amélioration des performances motrices
[120]
Anticorps monoclonal (daclizumab) 1 étude ouverte (n = 9)/Pas d’amélioration significative
[15]
Anticorps monoclonal 1 étude ouverte (n = 21)/Diminution de la charge provirale HTLV-1/Amélioration du
(mogamulizumab/anti-CCR-4) handicap moteur et de la spasticité

HTLV-1 : human T-cell leukemia/lymphoma virus 1.

inflammation) plus que d’un effet direct de l’infection sur les leur réactivité aux cytokines/chimiokines. Ceci conduit à une
cellules du système nerveux central (SNC). Trois hypothèses augmentation de la migration monocytaire vers les sites inflam-
se dégagent pour rendre compte du mécanisme immunitaire matoires tissulaires, les exposant ainsi à une contamination virale
délétère. Chaque hypothèse postule un passage de la barrière accrue [93] .
hémato-encéphalique (BHE) par le virus. Les mécanismes condui-
sant à la rupture de la BHE sont partiellement connus. Les MMP, Mécanisme auto-immun
notamment MMP-9, favoriseraient, par leur action lytique, la
migration des CD4+ infectés à travers la BHE [89] . Il a également Il suppose une homologie antigénique entre les cellules gliales
été démontré que TNF-␣ et IL-1␣, sécrétés par les CD4+ infectés, et HTLV-1. Les CD4+ spécifiques du HTLV-1 passeraient la BHE et
activent la voie NF-␬B au niveau des cellules endothéliales qui faci- reconnaîtraient des cellules gliales comme si elles étaient infec-
lite la disjonction intercellulaire. Un autre mécanisme serait celui tées. Ainsi, l’infection par HTLV-1 induirait une réponse immune
de l’infection directe des cellules endothéliales par HTLV-1 suivie croisée dirigée à la fois contre une protéine virale et contre un
d’une désorganisation des jonctions intercellulaires sous l’effet de auto-antigène du SNC (mimétisme moléculaire). Nagai et al. [94]
l’activité de tax [90] . Cette dernière phase pourrait être facilitée ont montré qu’un clone de lymphocytes T circulants reconnais-
par les couples de molécules lymphocyte activating factor 1 (LAF- sait à la fois des épitopes d’HTLV-1 et des antigènes spinaux, et
1)/intercellular adhesion molecule 1 (ICAM-1) et very late antigen-4 sécrétait des quantités considérables d’IFN-␥, de TNF-␣ et d’IL-6.
(VLA 4)/vascular cellular adhesion molecule 1 (VCAM-1) jouant un Un processus auto-immun mettant en jeu les anticorps a égale-
rôle majeur dans l’adhésion des lymphocytes [91] . ment été suggéré. Il prévoit une réaction anticorps croisée entre
les protéines du virus et celles de l’hôte en raison d’un mimétisme
moléculaire. Lee et al. [95] ont montré que les anticorps dirigés
Toxicité directe du virus sur les cellules contre un des épitopes dominant de tax réagissaient également
neurologiques avec la protéine neuronale intracellulaire heterogeneous nuclear
ribonucleic protein-A1 (hnRNP-A1).
Les cellules gliales seraient infectées par HTLV-1 et présente-
raient à leur surface des antigènes viraux tels que les protéines tax
ou HBZ. Les CTL spécifiques passeraient la BHE, reconnaîtraient
Effet « bystander » ou du « témoin innocent »
les cellules infectées et les détruiraient en libérant des cytokines. C’est l’hypothèse qui semble prévaloir. La séquence des événe-
Cependant, l’infection directe des cellules du SNC (astrocytes, ments conduisant aux lésions du SNC pourrait être la suivante :
oligodendrocytes, neurones) n’a jamais été véritablement démon- l’activation des lymphocytes T par HTLV-1 permet l’activation des
trée. CD4+ et CD8+ ainsi que leur migration à travers la BHE du sang cir-
Comme chez les patients atteints de troubles neurodégénéra- culant vers le SNC. Les CD4+ infiltrés sécrètent des cytokines telles
tifs, les niveaux des chimiokines sériques CCL5, CXCL8, CXCL9 qu’IFN-␥ et TNF-␣ et activent les cellules microgliales et les astro-
et CXCL10 sont modifiés dans l’infection par HTLV-1. Des taux cytes. Les CD8+ spécifiques d’HTLV-1 reconnaissent les cellules
élevés de CXCL9 et CXCL10 dans le LCS et des taux sériques exprimant les antigènes viraux. Il s’agit particulièrement des CD4+
faibles CCL2 ont été corrélés à la TSP/HAM [92] . L’infection par et peut-être des cellules gliales infectées. La destruction immune
HTLV-1 est associée à une expression accrue des récepteurs des des cellules infectées par les CTL spécifiques s’accompagnerait
chimiokines sur les sous-ensembles de monocytes influençant d’une libération de nombreuses cytokines neurotoxiques. Les

12 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

Figure 10. Arbre décisionnel. Prise en charge d’un patient


TSP/HAM atteint de tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelo-
pathy (TSP/HAM) (inspiré par [100] ). i.v. : intraveineux.

Début < 3 ans Début > 3 ans

Aggravation dans Stabilité depuis au


l’année précédente moins 1 an

Aggravation après Traitement


période de stabilité symptomatique

Vérifier cause Aggravation


intercurrente (infection,
thrombose, etc.)

Si – Si +

Méthylprednisolone i.v. Traitement


intercurrent
Traitement d'attaque : 500–1000 mg
i.v. /j pendant 1–3 j
Puis 500 mg i.v. /mois pendant 6 mois
Puis 500 mg i.v. tous les 2 à 3 mois (durée ?)

Thérapeutiques alternatives
Poursuite de l’aggravation ou (vitamine C, ciclosporine A,
contre-indication de la Interféron, mogamulizumab, etc.)
corticothérapie ou inclusion dans études
thérapeutiques

lésions du SNC seraient ainsi secondaires au processus inflamma- testées depuis la découverte de la maladie et plusieurs études ont
toire immunitaire déclenché par HTLV-1 et n’impliquerait pas de rapporté une amélioration clinique.
réponse immune directe dirigée contre les constituants des cel- La corticothérapie confère souvent une amélioration clinique
lules nerveuses. transitoire [98] qui pourrait être prolongée avec des bolus de
méthylprednisolone mensuels. Son efficacité semble optimale au
début de la maladie qui pourrait correspondre à la phase inflam-
 Prévention et traitement matoire ainsi que dans les rares formes d’évolution très rapide
associées à des lésions inflammatoires sur l’IRM médullaire [7] . Les
Prévention de la transmission de l’infection améliorations rapportées par les patients concernaient le plus sou-
par HTLV-1 vent les symptômes douloureux. Les symptômes de HAIM sont
souvent partiellement sensibles à la corticothérapie per os au prix
La prévention de la transmission de l’infection par HTLV-1 d’un traitement chronique. Il n’y a aujourd’hui aucun consen-
repose sur trois grands axes : sus sur les modalités d’utilisation de la corticothérapie dans la
• dépistage systématique des femmes enceintes et contre- TSP/HAM. Les complications infectieuses et ostéo-articulaires fré-
indication à l’allaitement en cas de séropositivité lorsque les quentes dans cette population limitent souvent la corticothérapie
ressources socio-économiques le permettent, dans les zones au long cours [99] . De nombreux autres traitements ont été essayés
d’endémie ; et leurs résultats sont succinctement résumés dans le Tableau 2. La
• utilisation des préservatifs, efficace pour minimiser le risque de Figure 10 propose un algorithme de prise en charge des patients
transmission par voie sexuelle ; souffrant d’une TSP/HAM, inspiré de la publication de Bangham
• détection systématique lors des dons de sang et d’organes. et al. [100] .
Ces actions de prévention ont clairement démontré, dans cer-
taines régions du monde, une diminution de la séroprévalence [96]
et plus récemment une diminution de l’incidence de la TSP/HAM Traitements symptomatiques et surveillance
en Martinique [16] . du patient TSP/HAM [121]
D’importants efforts en termes de prévention sont encore néces-
saires pour éradiquer l’infection par HTLV-1. Un groupe d’experts Une surveillance clinique annuelle est recommandée. La pro-
a publié en 2018 une lettre ouverte à l’OMS afin d’obtenir son gression du handicap par les échelles décrites précédemment est
appui pour la mise en œuvre de stratégies de prévention à l’échelle évaluée et un traitement de la spasticité proposé. Les troubles
planétaire [97] . vésicosphinctériens sont surveillés par un éventuel bilan urody-
namique et une échographie postmictionnelle afin de guider le
traitement et débuter les sondages intermittents si indication.
Traitement de l’infection par HTLV-1 Les informations sur les troubles vésicosphinctériens comprenant
Aucun traitement n’a démontré son efficacité sur la progression la recherche systématique d’infection urinaire sont rappelées.
du handicap de la TSP/HAM. De nombreuses molécules ont été Les douleurs sont traitées par des antalgiques classiques ou à

EMC - Neurologie 13
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

- Assistante sociale
- Logement
- Ergothérapie pour adaptation du logement et des
Sociodémographique - Activité professionnelle
loisirs
- Loisirs
- Soutien psychologique

- Fièvre ? - Recherche infection urinaire, anguillulose


Général - Rougeur ou douleur oculaire ? - Consultation ophtalmologique pour uvéite ou kératite
- Adénopathie, hyperéosinophilie ? - Développement d’un lymphome (ATL) ?

- Kinésithérapie si douleur mécanique, rachis++


- Douleur = plainte la plus fréquente
- Corticothérapie souvent efficace
- Type de douleur : mécanique, nociceptive,
- Anti-épileptique ou antidépresseur contre les douleurs
neuropathique ?
neuropathiques, stimulation électrique transcutanée
Douleur et sensibilité
- Troubles centraux proprioceptifs ou
thermoalgiques ?
- Rééducation proprioceptive, ergothérapie
- Troubles périphériques en lien avec une
neuropathie associée à HTLV-1 ?

- Recherche épine irritative augmentant la spasticité


- Évaluation de la marche, test de rapidité de
(infection, fécalome, thrombose, etc.)
marche
Performance motrice - Rééducation motrice douce et étirements
- Évaluation de la force musculaire analytique
- Traitement antispastique baclofène per os ou pompe
- Évaluation de la spasticité
intrathécale

- Antispasmodique sur pollakiurie/impériosité


- Évaluation des troubles urinaires : interrogatoire, - Technique de biofeedback périnéal
échographie et bilan urodynamique - Antibiothérapie pour infection urinaire
Troubles
- Recherche infection urinaire/créatininémie - Autosondages intermittents
vésicosphinctériens
- Évaluation des troubles sexuels - Inhibiteur phosphodiestérase pour les troubles de
- Évaluation de la constipation l’érection
- Hygiène alimentaire, microlavement pour constipation

Figure 11. Structuration de la prise en charge symptomatique de la tropical spastic paraparesis/HTLV-1 associated myelopathy (TSP/HAM). HTLV-1 : human
T-cell leukemia/lymphoma virus 1 ; ATL : adult T-cell lymphoma.

Tableau 3.

“ Point fort Axes de recherches actuels.


Virologie
Mieux comprendre les voies de régulation de la latence du provirus
TSP/HAM : établir le diagnostic et assurer le suivi intégré au génome cellulaire
• La TSP/HAM est une paraparésie spastique proximale Identifier de nouvelles cibles constituant des éléments-clés de la
contamination intercellulaire du virus HTLV-1
progressive associée à des troubles vésicosphinctériens. Clinique
• Les critères de 2006 définissent trois niveaux diagnos- Poursuite du démembrement des syndromes neurologiques inclus dans
tiques : TSP/HAM définie, probable et possible. le complexe neurologique associés à HTLV-1
• Ces critères reposent sur une symptomatologie clinique Poursuite de la description des atteintes systémiques associées à HTLV-1
compatible et la détection des anticorps anti-HTLV-1 dans Constitution de cohorte multicentrique permettant de mieux décrire
le sang et/ou le LCS ou une polymerase chain reaction (PCR) l’évolution clinique et de mettre en réseaux les acteurs de soins afin
d’envisager des études sur des échantillons de tailles critiques
HTLV-1 positive.
Physiopathologie
• La DSS ou le score d’Osame sont couramment utilisés Mieux comprendre les facteurs conduisant au déclenchement de la
pour l’évaluation du handicap tandis que l’IPEC Scale pour- TSP/HAM
rait s’imposer dans les années à venir, notamment pour Identifier de nouveaux facteurs biologiques de progression de la
l’évaluation de l’efficacité des thérapeutiques. TSP/HAM, notamment dans le champ des cytokines chimiotactiques
• En Martinique, les délais médians d’atteinte des scores (chimiokines)
Quel rôle jouent les mécanismes de neurodégénération dans
DSS 6, 6,5 et 8 sont de 6, 13 et 21 ans.
l’aggravation progressive de la TSP/HAM ?
• L’évolution est hétérogène et les formes rapides sont
Thérapeutique
liées à : une contamination par transfusion ou transplan-
Développement d’anticorps monoclonaux dirigés contre des cibles
tation d’organe, un âge de début supérieur à 50 ans, une moléculaires impliquées dans la pathogénie virale
CPV élevée, des taux élevés de néoptérine et de CXCL10 Mise en œuvre d’essais thérapeutiques combinant plusieurs molécules
plasmatiques. telles que corticoïdes, interféron, valproate, vitamine C
• Le suivi des complications vésicosphinctériennes est Développement d’un vaccin : la vaccination par HBZ pourrait stimuler
indispensable pour minimiser le risque d’évolution vers les lymphocytes CD8+ et diminuerait l’expression d’HBZ par les cellules
lymphomateuses
une insuffisance rénale terminale.
Extension des procédures de prévention permettant de réduire le risque
• La corticothérapie, particulièrement par bolus intravei-
de contamination interindividuelle à l’échelle d’une population
neux, reste le traitement spécifique de première intention
de la TSP/HAM. HTLV-1 : human T-cell leukemia/lymphoma virus 1 ; TSP/HAM : tropical spastic
paraparesis/HTLV-I-associated myelopathy ; HBZ : HTLV-1 BZip factor.

visée neuropathique. Il existe une surprévalence de l’anguillulose immunitaire que confère l’infection. Une recherche systématique
chez les porteurs du HTLV-1 favorisée par le dysfonctionnement de l’anguillulose devant tout nouveau signe digestif doit être

14 EMC - Neurologie
Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)  17-048-A-10

proposée, suivie d’un traitement antihelminthique en cas de posi- Les résultats récents d’un traitement par mogamulizumab, anti-
tivité. Un examen ophtalmologique annuel ou en cas d’œil rouge corps monoclonal dirigé contre la sous-population CCR4+ de
douloureux est programmé pour détecter une HU et proposer une lymphocytes T, eux-mêmes impliqués dans le processus inflam-
corticothérapie locale. La Figure 11 résume la structure de la prise matoire médullaire, sont encourageants. Enfin, plusieurs travaux
en charge symptomatique des patients TSP/HAM. ont démontré que les stratégies de prévention de la transmission
interindividuelle du virus conduisaient à une réduction de la séro-
prévalence mais également à la diminution de l’incidence des cas
 Axes de recherche de TSP/HAM. Un effort important est actuellement réalisé par la
communauté scientifique et médicale pour harmoniser les procé-
dures de prévention et les appliquer à l’ensemble des populations
De nombreuses questions restent encore en suspens concernant
exposées.
HTLV-1 et son implication dans la TSP/HAM. Le Tableau 3 collige
des questions et des axes de recherche sur lesquels des travaux
sont actuellement en cours. Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de déclaration
de liens d’intérêts en relation avec cet article.

 Conclusion
 Références
La longue période de latence précédant les manifestations
neurologiques et le réservoir mondial d’environ 20 millions de [1] Gessain A, Barin F, Vernant JC, Gout O, Maurs L, Calender A, et al.
séropositifs justifient d’intensifier la recherche fondamentale et Antibodies to human T-lymphotropic virus type-I in patients with tro-
clinique. La TSP/HAM est l’atteinte la plus fréquente et la plus pical spastic paraparesis. Lancet 1985;2:407–10.
handicapante du complexe neurologique associé au HTLV-1. La [2] Osame M, Usuku K, Izumo S, Ijichi N, Amitani H, Igata A. HTLV-I
progression de cette paraparésie spastique conduit la moitié des associated myelopathy, a new clinical entity. Lancet 1986;1:1031–2.
patients à marcher avec une canne dans les six ans et à être [3] Edlich RF, Arnette JA, Williams FM. Global epidemic of human T-cell
lymphotropic virus type-I (HTLV-I). J Emerg Med 2000;18:109–19.
confinés au fauteuil en moins de 21 ans. La CPV HTLV-1 consti-
[4] Vernant JC, Maurs L, Gessain A, Barin F, Gout O, Delaporte JM,
tue un excellent biomarqueur puisque la moitié des patients
et al. Endemic tropical spastic paraparesis associated with human T-
possédant un taux élevé (> 10 %) ne pourra plus marcher en lymphotropic virus type I: a clinical and seroepidemiological study of
moins de 14 ans contre seulement un quart pour les patients 25 cases. Ann Neurol 1987;21:123–30.
disposant d’un taux bas (< 10 %). Les travaux sur les cytokines chi- [5] Gotuzzo E, Cabrera J, Deza L, Verdonck K, Vandamme AM, Cairam-
miotactiques ont permis d’identifier de nouveaux biomarqueurs poma R, et al. Clinical characteristics of patients in Peru with human T
comme la chimiokine CXCL10 qui semble fortement associée cell lymphotropic virus type 1-associated tropical spastic paraparesis.
à l’activité de la TSP/HAM. Ces biomarqueurs constituent des Clin Infect Dis 2004;39:939–44.
outils précieux pour évaluer l’efficacité de molécules qui seront [6] Olindo S, Cabre P, Lézin A, Merle H, Saint-Vil M, Signate A, et al.
testées dans les futurs essais thérapeutiques. La prochaine étape Natural history of human T-lymphotropic virus 1-associated myelopa-
est bien celle du traitement spécifique de l’infection par HTLV-1. thy: a 14-year follow-up study. Arch Neurol 2006;63:1560–6.
[7] Olindo S, Lezin A, Cabre P, Merle H, Saint-Vil M, Edimonana Kaptue
M, et al. HTLV-1 proviral load in peripheral blood mononuclear cells
quantified in 100 HAM/TSP patients: a marker of disease progression.

“ Points essentiels [8]


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• Le rétrovirus HTLV-1 est responsable d’une infection
Mesnard JM. The complementary strand of the human T-cell leukemia
persistante des lymphocytes CD4+ CD25+ grâce à ses pro- virus type 1 RNA genome encodes a bZIP transcription factor that
téines tax et HBZ. down-regulates viral transcription. J Virol 2002;76:12813–22.
• L’infection par HTLV-1 est endémique et se transmet par [10] Ghez D, Lepelletier Y, Jones KS, Pique C, Hermine O. Current concepts
l’allaitement maternel, les rapports sexuels et les transfu- regarding the HTLV-1 receptor complex. Retrovirology 2010;7:99.
sions sanguines. [11] De Castro-Costa CM, Araújo AQ, Barreto MM, Takayanagui OM,
Sohler MP, da Silva EL, et al. Proposal for diagnostic criteria of tropical
• L’infection par HTLV-1 est associée à un complexe
spastic paraparesis/HTLV-I-associated myelopathy (TSP/HAM). AIDS
clinique neurologique de nature dysimmunitaire compre- Res Hum Retroviruses 2006;22:931–5.
nant : TSP/HAM, myosite, polyneuropathie et pseudosclé- [12] Oliveira AL, Bastos FI, Afonso CR. Measurement of neurologic disa-
rose latérale amyotrophique. bility in HTLV-I associated myelopathy: validation of a new clinical
• Le diagnostic de TSP/HAM est défini par : une paraparé- scale. AIDS Res Hum Retroviruses 2001;17(Suppl.):S65.
sie spastique progressive + troubles vésicosphinctériens + [13] Lezin A, Olindo S, Belrose G, Signate A, Cesaire R, Smadja D, et al.
Gene activation therapy: from the BLV model to HAM/TSP patients.
sérologie HTLV-1 (confirmée western blot) et/ou une PCR Front Biosci 2009;1:205–15.
positive dans le sang et le LCS + élimination des diag- [14] Lezin A, Gillet N, Olindo S, Signaté A, Grandvaux N, Verlaeten O, et al.
nostics différentiels de myélopathie (par IRM médullaire Histone deacetylase mediated transcriptional activation reduces provi-
notamment). ral loads in HTLV-1 associated myelopathy/tropical spastic paraparesis
• L’évolution de la TSP/HAM est hétérogène, le délai patients. Blood 2007;110:3722–8.
médian de confinement au fauteuil est de 21 ans et une [15] Sato T, Coler-Reilly AL, Yagishita N, Araya N, Inoue E, Furuta R, et al.
Mogamulizumab (Anti-CCR4) in HTLV-1-associated myelopathy. N
CPV HTLV-1 supérieure à 10 % est un facteur indépendant
Engl J Med 2018;378:529–38.
de mauvais pronostic. [16] Olindo S, Jeannin S, Saint-Vil M, Signate A, Edimonana-Kaptue
• Aucun traitement spécifique n’a démontré son efficacité M, Joux J, et al. Temporal trends in Human T-Lymphotropic
sur la progression du handicap mais le développement des virus 1 (HTLV-1) associated myelopathy/tropical spastic paraparesis
traitements par anticorps monoclonaux est prometteur. (HAM/TSP) incidence in Martinique over 25 years (1986-2010). PLoS
• Les mesures symptomatiques, notamment celles proté- Negl Trop Dis 2018;12:e0006304.
[17] Mahieux R. Virological aspects of HTLV-1 infection and new thera-
geant le haut appareil urinaire, sont capitales.
peutical concepts. Bull Soc Pathol Exot 2011;104:181–7.
• Les mesures de prévention appliquées aux régions
[18] Mesnard JM, Barbeau B, Devaux C. HBZ, a new important player in
de forte prévalence font chuter la séroprévalence et the mystery of adult T-cell leukemia. Blood 2006;108:3979–82.
l’incidence de la TSP/HAM. [19] Pique C, Jones KS. Pathways of cell-cell transmission of HTLV-1.
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EMC - Neurologie 15
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EMC - Neurologie 17
17-048-A-10  Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma virus » type 1 (HTLV-1)

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S. Olindo, MD (stephane.olindo@chu-bordeaux.fr).
Service de neurologie, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France.
S. Jeannin, MD.
Immeuble Opale Etang Z Abricot, 97200 Fort-de-France, France.
A. Lezin, PhD.
EA 7524, maladies infectieuses et tropicales dans la Caraïbe, Laboratoire de virologie, PZQ2, CHU de Martinique, Université des Antilles, 97261 Fort-de-France,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Olindo S, Jeannin S, Lezin A. Manifestations neurologiques liées à l’ « human T-cell leukemia/lymphoma
virus » type 1 (HTLV-1). EMC - Neurologie 2021;44(1):1-18 [Article 17-048-A-10].

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18 EMC - Neurologie
 17-210-B-10

Examens cytologique, histologique,


immunohistochimique et génétique
des tumeurs du système nerveux central
F. Forest, P. Dal-Col, R. Appay

Résumé : L’examen anatomopathologique des tumeurs du système nerveux central est crucial pour la
prise en charge des patients. Il repose sur la cytologie, l’examen histopathologique standard après inclu-
sion en paraffine et sur des techniques complémentaires telles que l’immunohistochimie et la biologie
moléculaire. Un examen extemporané est parfois réalisé pour s’assurer de la représentativité du maté-
riel tumoral dans le cas de biopsies stéréotaxiques. Un fragment tumoral peut également être congelé
pour constituer une tumorothèque s’il existe suffisamment de matériel. Le rôle de l’anatomopathologiste
consiste à retenir un diagnostic selon les recommandations établies par la classification de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) 2016 des tumeurs du système nerveux central. Chaque tumeur est définie
par des critères histopathologiques et parfois moléculaires permettant de fournir un diagnostic et des
éléments pronostiques sous la forme d’un grading. En effet, la révision de la 4e édition des tumeurs
du système nerveux central publiée par l’OMS en 2016 propose pour la première fois un diagnostic dit
« intégré » associant aux aspects histopathologiques la caractérisation d’anomalies moléculaires sous-
jacentes. Parmi les tumeurs primitives, ce sont les glioblastomes, isocitrate déshydrogénase (IDH)-non
mutés et les méningiomes qui sont les plus fréquentes.
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Cytologie des tumeurs du système nerveux central ;


Histopathologie des tumeurs du système nerveux central ;
Immunohistochimie des tumeurs du système nerveux central ; Gliomes ;
Biologie moléculaire des tumeurs du système nerveux central

Plan  Introduction
■ Introduction 1 L’examen anatomopathologique des tumeurs du système ner-

veux central (SNC) est déterminant pour la prise en charge
Examen du liquide cérébrospinal et liquide de ponction
thérapeutique. La nature des prélèvements est fonction des cir-
intratumoral 1
constances cliniques.
■ Prélèvements biopsiques 2 Il peut s’agir de prélèvements cytologiques, essentiellement de
■ Examen histopathologique d’une pièce opératoire 3 liquide cérébrospinal (LCS), de prélèvements biopsiques ou de
■ Principales tumeurs du système nerveux 5 pièces opératoires accompagnés ou non de demande d’examen
Tumeurs astrocytaires ou oligodendrogliales diffuses 5 extemporané. Il est extrêmement important de préciser qu’aucun
Autres tumeurs astrocytaires et autres gliomes 9 prélèvement ne peut être interprété correctement sans la prise en
Tumeurs épendymaires 10 compte des antécédents du patient (tumoraux, contexte de muta-
Tumeurs des plexus choroïdes 10 tion germinale), son âge, la localisation et l’aspect en imagerie par
Tumeurs neuronales et glioneuronales 11 résonance magnétique (IRM) de la lésion ainsi que son mode de
Tumeurs embryonnaires 12 révélation et son évolutivité.
Tumeurs de la région pinéale et tumeurs germinales 16
Tumeurs méningées 16
Tumeurs des nerfs crâniens 18  Examen du liquide cérébrospinal
Tumeurs mélaniques 18
Tumeurs de la région sellaire 18 et liquide de ponction intratumoral
Lymphomes et tumeurs hématologiques 19 La rapidité d’acheminement de ces liquides est le garant de
Métastases 19 leur bonne conservation permettant une analyse morphologique
■ Génétique des tumeurs du système nerveux central 19 optimale.
■ Consensus c-IMPACT, perspectives futures 19 Ces liquides, en général paucicellulaires, bénéficient d’une cyto-
centrifugation préalable et sont classiquement colorés par le

EMC - Neurologie 1
Volume 44 > n◦ 1 > janvier 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(20)42750-2
17-210-B-10  Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central

A B C
Figure 1. Liquide cérébrospinal (LCS). Aspect cytologique, coloration May-Grünwald-Giemsa.
A. Localisation dans le LCS d’un carcinome mammaire.
B. Localisation dans le LCS d’un adénocarcinome pulmonaire.
C. Dissémination dans le LCS d’un lymphome B diffus à grandes cellules.
D. Localisation dans le LCS d’un médulloblastome.

May-Grünwald-Giemsa. En pathologie tumorale, les localisations sans valeur diagnostique. En seconde intention, cet examen per-
secondaires de carcinomes prédominent (Fig. 1A, B). Ces dernières met de communiquer une orientation diagnostique peropératoire
sont caractérisées par la présence d’amas de cellules d’allure épi- pouvant conditionner la suite de la prise en charge chirurgicale.
théliale cohésive à nucléole bien visible, à cytoplasme plus ou On peut citer notamment le cas de l’arrêt du geste opératoire
moins abondant « frangé » dans le cas d’un carcinome mammaire en cas de diagnostic de germinome ou de lymphome ou encore
(Fig. 1A). À l’inverse, des cellules tumorales discohésives sont l’administration de traitements « in situ » dans certains proto-
retrouvées dans le cas d’une localisation de lymphome (Fig. 1C) coles spécifiques. L’examen extemporané garde alors que de rares
ou de leucémie. indications : représentativité de prélèvements biopsiques et type
En fonction de la quantité de liquide prélevée, des lames sup- tumoral pour guider l’extension de la résection.
plémentaires peuvent être réalisées et utilisées pour réaliser des En raison de leur petite taille, les prélèvements biopsiques
techniques complémentaires d’immunocytochimie orientées en doivent être acheminés rapidement, sans sérum physiologique
fonction des aspects microscopiques et des renseignements cli- ni compresse, auxquels il convient de privilégier un support
niques. En effet, lorsque la tumeur primitive n’est pas connue, inerte (plastique ou métallique) pour éviter la dessiccation, source
des techniques immunocytochimiques peuvent être réalisées en d’artefacts.
les hiérarchisant compte tenu de la paucité du matériel : mar- Pour réaliser l’examen extemporané, on peut, selon le contexte,
queurs plus spécifiques (thyroid transcription factor-1 [TTF-1]) ou utiliser trois types de techniques : deux permettant un examen
sous-types de cytokératines pour préciser l’origine d’une méta- essentiellement cytologique, les appositions et/ou les smears, et
stase par un carcinome, marqueurs lymphoïdes (CD20, CD3) pour une permettant un examen histologique, les coupes en congé-
typer une prolifération lymphomateuse. Il est également possible lation à l’aide d’un cryostat (Fig. 2A) [1] . Les appositions et
de rechercher des marqueurs ayant un intérêt thérapeutique dans les smears fournissent des détails cytologiques importants pour
le LCS, par exemple mutations d’EGFR et BRAF, réarrangements l’identification morphologique des tumeurs tout en préservant un
d’ALK et de ROS1 dans les adénocarcinomes pulmonaires. certain degré d’architecture tissulaire (Fig. 2B). Par leur rapidité de
L’examen du LCS peut également mettre en évidence une dis- réalisation, les appositions sont particulièrement rentables pour le
sémination d’une tumeur primitive du SNC par exemple d’un diagnostic de certaines entités. Elles sont réalisées par dépôts des
médulloblastome (Fig. 1D), d’un germinome, d’un carcinome des empreintes sur lames et colorées par un colorant « rapide » tel que
plexus choroïdes ou d’un mélanocytome méningé. Comme tout le bleu de toluidine. Dans le cas d’un méningiome, on visualise des
examen cytologique, il n’a de valeur que s’il est positif, l’absence placards de cellules plus ou moins régulières présentant un aspect
de cellule tumorale n’éliminant pas de façon définitive une dissé- cohésif avec la formation d’enroulements cellulaires et parfois de
mination. psammomes. Les métastases de carcinomes ou de mélanomes sont
En revanche, l’examen de liquide de ponction d’une tumeur quant à elles respectivement reconnues par l’identification de pla-
nécrotique ou kystique n’est que rarement contributif en raison cards de cellules cohésives à noyaux atypiques hyperchromatiques
essentiellement de la paucicellularité et de la mauvaise conserva- et mitotiques et à cytoplasme plus ou moins abondant dans le cas
tion cellulaire. des carcinomes ou de nappes de cellules globuleuses, à cytoplasme
éosinophile, parfois pigmenté, à noyau fortement nucléolé dans
le cas des mélanomes. Des stigmates de kératinisation ou de muco-
 Prélèvements biopsiques sécrétion peuvent être observés dans les carcinomes.
Le diagnostic peropératoire de lymphome peut également être
Il s’agit de prélèvements chirurgicaux partiels : biopsies chi- évoqué grâce aux appositions ou aux smears montrant des cel-
rurgicales, ou de biopsies stéréotaxiques dont l’analyse est, par lules à haut rapport nucléocytoplasmique, discohésives, à noyau
définition, conditionnée à la représentativité lésionnelle. Ces convoluté parfois muni d’un nucléole proéminent.
prélèvements de petite taille peuvent faire l’objet d’un examen Les médulloblastomes montrent sur les appositions une forte
extemporané dont le principal objectif est de s’assurer de leur cellularité avec la présence de cellules à haut rapport nucléo-
caractère pathologique afin d’éviter la réalisation de biopsies sté- cytoplasmique avec atypies cytonucléaires, à noyaux anguleux.
réotaxiques dites « blanches », en dehors de la zone lésionnelle et Parfois, des rosettes peuvent être visibles. Les appositions de

2 EMC - Neurologie
Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central  17-210-B-10

Figure 2. Techniques d’examen extemporané.


A. Bleu de toluidine, grossissement × 200,
épendymome de grade II, difficilement recon-
naissable avec artefacts de congélation.
B. Hématoxyline-éosine rapide, grossisse-
ment × 200, smear d’un astrocytome pilocytique
montrant un aspect piloïde des cellules
tumorales.

A B

germinome mettent en évidence un double contingent cellulaire : Tableau 1.


fond constitué de petits lymphocytes matures associés à de volu- Conditionnement des prélèvements en neuropathologie tumorale.
mineuses cellules tumorales bien nucléolées, à cytoplasme clair. Prélèvement tumoral frais
En revanche, les tumeurs gliales sont mieux analysées sur des
Avec ou sans examen extemporané (smears, appositions, coupes en
smears (ou écrasis) [2] . Ils sont réalisés à partir d’un petit prélè-
congélation)
vement tissulaire d’environ 1 mm3 que l’on place à l’extrémité
d’une lame. Avec l’extrémité d’une autre lame, on lui imprime Prélèvements congelés (conditionnement pour tumorothèque à visée
une pression légère et constante, adaptée à la consistance tissu- sanitaire recommandé par l’Institut national du cancer dans les tumeurs
de l’enfant, recommandé chez l’adulte à visée de recherche, intérêt en
laire, permettant l’étalement. Les lames réalisées sont fixées dans
cas de mauvaise conservation des acides nucléiques du prélèvement fixé
l’alcool absolu, rincées à l’eau, puis colorées par différents passages
en formol et inclus en paraffine pour les techniques de biologie
dans l’hémalun de Mayer (1 min environ), rincées à l’eau, puis
moléculaire)
par l’éosine (30 s environ), puis rincées dans des bains successifs
d’alcool à concentration croissante. L’alcool est ensuite éliminé à Fixation formol
l’aide d’une solution adaptée et les lames montées. Inclusion en paraffine
Les gliomes se caractérisent par des aspects différents selon leur HE ± colorations spéciales ± immunohistochimie ± biologie
grade et qu’il s’agisse de tissu tumoral ou de cellules tumorales iso- moléculaire
lées. Dans le premier cas, les cellules tumorales sont nombreuses (microscopie électronique si inhabituel)
et associées à une vascularisation anormale. Dans le second, les
HE : hématoxyline-éosine.
cellules tumorales ont un aspect de noyaux nus, les capillaires
sont grêles et il y a une gliose réactionnelle associée. Des calci-
fications peuvent être présentes. Les astrocytomes pilocytiques
sont aisément identifiés par l’existence d’une composante piloïde cytomes pléiomorphes. Des techniques immunohistochimiques
évidente. Les gliomes de haut grade montrent une cytologie pléio- sont souvent effectuées en complément dans le but de mettre en
morphe avec des cellules très irrégulières, de nombreux noyaux évidence des antigènes ayant un intérêt diagnostique ou pronos-
nus et une vascularisation exubérante (vaisseaux glomérulés). Les tique (Tableau 2).
vaisseaux sont bien visibles sur les smears réalisant soit un réseau La microscopie électronique est très exceptionnellement uti-
de fins capillaires dans le cas des gliomes diffus de bas grade, soit lisée à l’heure actuelle et a largement perdu son intérêt du fait
d’épais bourgeons vasculaires dans le cas des gliomes diffus de d’avancées immunohistochimiques et de biologie moléculaire et
haut grade. Cependant, l’hyperplasie endothéliale ne peut être de son caractère chronophage.
évaluée précisément sur les smears car l’épaisseur des prélèvements L’ensemble des procédures anatomopathologiques nécessaires
peut fausser l’interprétation. Un épendymome se caractérise par au diagnostic a été rassemblé dans des standards, options et
des nappes de cellules allongées parfois plasmocytoïdes à dispo- recommandations (SOR) résumés dans le Tableau 3 [4] .
sition périvasculaire. Les smears montrent également assez bien L’objectif de l’anatomopathologiste est alors d’identifier, de
l’infiltration du parenchyme cérébral par des cellules tumorales typer et de grader le processus tumoral suivant les recomman-
isolées. dations de la mise à jour de la 4e édition de la classification des
Une coupe au cryostat peut également être réalisée si la cytolo- tumeurs du système nerveux central publiée par l’Organisation
gie n’est pas suffisamment informative. Elle est si possible évitée mondiale de la santé (OMS) en 2016 [5] . La première version
en raison des artefacts de congélation engendrés pouvant gêner de cette 4e édition, datant de 2007, proposait une classifica-
ensuite l’interprétation définitive après inclusion en paraffine tion uniquement basée sur l’aspect microscopique des tumeurs.
(Fig. 2A). Elle est en général inutile dans les gliomes. Cependant, les avancées récentes dans la caractérisation molé-
culaire des tumeurs du SNC ont permis la mise en évidence
d’altérations moléculaires d’intérêts diagnostiques et pronos-
 Examen histopathologique tiques majeurs. Ainsi, en 2016 et pour la première fois, la notion
d’intégration de données moléculaires aux aspects microsco-
d’une pièce opératoire piques a été proposée au travers d’une mise à jour proposant alors
une classification dite « histomoléculaire » ou de « diagnostic inté-
Le diagnostic définitif des tumeurs cérébrales s’effectue sur des gré ». La classification de l’OMS de 2016 reconnaît différents types
prélèvements fixés, en général au formol, inclus en paraffine et de tumeurs primitives du SNC (Tableau 4).
colorés à l’hématoxyline-éosine avec un examen en microsco- Du fait de l’évolution des connaissances scientifiques, il
pie optique. Idéalement, les coupes histologiques sont examinées incombe également au pathologiste de prendre en considéra-
conjointement avec les smears réalisés à partir des prélèvements tion, au cours de sa démarche diagnostique, les données les plus
frais (Tableau 1). La réception des prélèvements à l’état frais per- récentes issues de la littérature. Dans cette optique, un groupe
met également la congélation d’un fragment tumoral en vue de la d’experts, The consortium to Inform Molecular and Practical
constitution d’une tumorothèque [3] . Des colorations dites « spé- Approaches to CNS Tumor Taxonomy (cIMPACT-NOW), a été
ciales » peuvent dans certains cas être utilisées en complément. formé en 2016 afin d’établir et de proposer de nouvelles recom-
Par exemple, la réticuline souligne une organisation nodulaire mandations entre les mises à jour de l’OMS.
dans les médulloblastomes desmoplasiques et est classiquement À titre d’exemple, l’utilisation du suffixe NOS (not otherwise spe-
monocellulaire dans les hémangiopéricytomes et les xanthoastro- cified) utilisé dans la classification de l’OMS a fait l’objet d’une

EMC - Neurologie 3
17-210-B-10  Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central

Tableau 2.
Principaux anticorps en neuropathologie tumorale (liste non exhaustive).
Tumeurs primitives
Marqueurs visant à déterminer un lignage cellulaire
GFAP : protéine gliofibrillaire Gliomes (astrocytaires, oligodendrogliomes, épendymomes)
Olig2 : oligodendrocyte transcription factor 2 Gliomes, ne marquent jamais les épendymomes ni les neurocytomes
Perdu dans les gliomes avec mutation G34
NF-кB L’expression nucléaire témoigne d’une activation de la voie dans les
épendymomes avec fusion RELA
Filamine, YAP1, GAB1, ␤-caténine Permet de caractériser le sous-type moléculaire de médulloblastome
NF : neurofilaments Tumeurs glioneuronales (gangliogliome), neuropile sous-jacente des
gliomes infiltrants
Synaptophysine : vésicules synaptiques Tumeurs neuronales et glioneuronales (neurocytome), tumeurs pinéales,
tumeurs embryonnaires, certains glioblastomes
Chromogranine : vésicules à cœur dense Tumeurs neuronales et glioneuronales, paragangliogliomes
NeuN Marqueur neuronal
EMA : antigène épithélial de membrane Épendymomes, méningiomes, marquage cytoplasmique des cellules
rhabdoïdes
PS 100 : protéine S100 Gliomes, méningiomes, schwannomes
CD20, CD79a : marqueurs B Lymphomes B
CD3 : marqueur T Lymphomes T
SSTR2a : récepteurs de la somatostatine Méningiomes
CD34 Tumeurs glioneuronales
TTF-1 : thyroid transcription factor 1 Gliomes chordoïdes, tumeurs de la posthypophyse
Marqueurs témoignant d’une altération génique
p53 : accumulation nucléaire de la protéine en cas de mutation Gliomes astrocytaires (dont glioblastome) principalement IDH-mutés
EGFR : gène amplifié dans les glioblastomes Principalement glioblastome IDH-non muté
IDH1R132H : exprimé en cas de mutation R132H du gène IDH1 Gliomes infiltrants de grades II à IV
B-caténine : marquage nucléaire ayant une valeur pronostique dans Médulloblastomes Wnt, craniopharyngiomes
les médulloblastomes
BRAFV600E Détecte la mutation V600E de BRAF
ATRX : perte d’expression nucléaire lors d’une mutation du gène Gliomes astrocytaires (dont glioblastome) IDH-mutés
Glioblastome avec mutation H3 G34R/V
H3K27M Détecte la mutation H3K27M du gène H3F3A (histone H3.3)
H3K27me3 Détecte la perte de triméthylation de l’histone H3.3
Lin28A Détecte la mutation du gène LIN28 dans les tumeurs embryonnaires à
rosettes pluristratifiées
BAF47 (INI1/SMARCB1) : recherche d’une perte de l’expression Altération principalement observée dans les AT/RT
nucléaire traduisant une altération du gène
BRG1/SMARCA4 : recherche d’une perte de l’expression nucléaire Altération pouvant être rencontrée dans les AT/RT
traduisant une altération du gène
STAT6 Détecte la fusion NAB2-STAT6 dans les tumeurs fibreuses
solitaires/hémangiopéricytome
Anticorps à visée pronostique (Ac anti-)
Ki67 (MIB1) : marqueur des cellules en phase active du cycle Mise en évidence d’une prolifération gliale de bas grade
cellulaire Aide au grading des méningiomes
Tumeurs secondaires
Kératines, EMA Tumeurs épithéliales
PS100, HM45, Melan A, Sox10 Mélanomes
Cytokératines 7, 20, 5/6, TTF-1, PSA, p40, PAX8, SOX2, Orientation vers le site d’origine potentiel de la tumeur primitive et typage
thyroglobuline, CDX2 du carcinome

AT/RT : tumeur rhabdoïde/tératoïde atypique ; IDH : isocitrate déshydrogénase ; NF-кB : nuclear factor kappa B.

clarification par le comité d’expert c-IMPACT-NOW et celui-ci pas à une entité reconnue par l’OMS, caractérisés par le suffixe
doit être précisé exclusivement dans les situations pour les- NEC.
quelles les investigations complémentaires requises ne peuvent Chez l’enfant ou l’adulte jeune, les tumeurs circonscrites de bas
pas et ne pourront pas être réalisées (plus de matériel, échec grade sont prédominantes. Parmi les tumeurs circonscrites pédia-
technique, etc.). À l’inverse, un suffixe NEC (not elsewhere clas- triques, le diagnostic à envisager est fonction de la localisation et
sified) a été introduit afin de caractériser les situations pour de l’aspect IRM. Une lésion kystique circonscrite sous-tentorielle,
lesquelles, en dépit de la réalisation d’investigations molécu- hypothalamochiasmatique ou médullaire doit faire envisager le
laires complémentaires, les résultats obtenus ne permettent pas diagnostic d’astrocytome pilocytique, alors qu’une localisation au
de classer le cas selon un diagnostic listé dans la classification de niveau temporal oriente en priorité vers une tumeur glioneuro-
l’OMS [6] . Cette clarification permet alors une meilleure compré- nale parmi lesquelles le gangliogliome est une des plus fréquentes.
hension du diagnostic final retenu par l’anatomopathologiste, en Une lésion solide corticale doit faire envisager le diagnostic de
distinguant les diagnostics « incomplets », caractérisés par le suf- dysembryoplastic neuroepithelial tumors (DNET), survenant le plus
fixe NOS, des diagnostics « complets » mais ne correspondant souvent dans un contexte d’épilepsie. Les tumeurs diffuses

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Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central  17-210-B-10

Tableau 3. port à la substance blanche normale et l’existence d’atypies


Standards, options et recommandations pour le diagnostic histologique. cytonucléaires (Fig. 3A). L’architecture tumorale est souvent fibril-
Standards laire, avec un aspect infiltrant. Il n’y a par définition jamais de
nécrose ni de prolifération endothéliocapillaire et les mitoses sont
Techniques :
exceptionnelles. Le diagnostic d’astrocytome anaplasique IDH-
– obtention d’un fragment représentatif de la lésion
muté de grade III est retenu lorsque le nombre de mitoses est
– smears (écrasis)
– fixation et inclusion en paraffine
augmenté, avec un seuil classiquement utilisé de deux pour dix
Classification et grading histopronostique (OMS 2016) champs au grossissement × 400. Enfin, le diagnostic de glioblas-
tome, IDH-muté de grade IV est posé lorsqu’une prolifération
Options
endothéliocapillaire et/ou de la nécrose sont visualisées. Sur le
Techniques : immunohistochimie (à visée diagnostique ou pronostique) plan immunohistochimique, ces tumeurs expriment classique-
Classification et grading selon d’autres classifications ment la glial fibrillary acidic protein (GFAP) et oligodendrocyte
Recommandations transcription factor (OLIG2), la mutation IDH1R132H majoritaire
Techniques : congélation, éventuellement conditionnement pour ME peut être visualisée avec un anticorps spécifique et la majorité
ou cytogénétique des cas présentent une surexpression nucléaire de la protéine p53
Corrélations anatomocliniques avant tout traitement associée à une perte de l’expression nucléaire de ATRX (Fig. 3B, C).
Relecture des lames par un comité d’experts pour les cas difficiles Sur le plan moléculaire, les gliomes astrocytaires présentent,
par définition, une mutation d’IDH1/2 sans codélétion-1p/19q,
OMS : Organisation mondiale de la santé ; ME : microscopie électronique.
et classiquement des mutations des gènes ATRX et TP53 [8] . La
présence d’une délétion homozygote de CDKN2A est associée à un
pédiatriques ou de l’adulte jeune sont minoritaires et mauvais pronostic et un grade IV est probablement attribué aux
comprennent les gliomes de haut grade avec une mutation astrocytomes présentant cette altération, y compris en l’absence
d’un gène codant les histones ou les gliomes diffus de type de prolifération endothéliocapillaire et/ou de nécrose [9–11] .
pédiatrique, sans mutation histone ni isocitrate déshydrogénase Il est important de noter que le diagnostic de glioblastome IDH-
(IDH), qui sont de meilleurs pronostics et classiquement associés muté est source de confusion puisque le terme « glioblastome »
à une altération de la voie des mitogen activated proteins (MAP) est attribué dans la classification de l’OMS 2016 à des entités diffé-
kinases ou des gènes MYB/MYBL1 [7] . rentes avec ou sans mutation d’IDH. Le terme de glioblastome est
Chez l’adulte, les gliomes infiltrant de haut grade prédominent donc probablement réservé aux gliomes de haut grade dépourvus
et se présentent à l’IRM comme une lésion diffuse prenant le de mutation d’IDH. Un gliome diffus de haut grade présentant
contraste. Le glioblastome se présente classiquement avec un une mutation d’IDH sans codélétion 1p/19q serait alors nommé
aspect en « cocarde », associant une nécrose centrale à une prise astrocytome IDH-muté de grade IV [12] .
de contraste annulaire périphérique et œdème périlésionnel, qui Les « gliomes oligodendrogliaux » correspondent aux
est également l’aspect des métastases et des abcès cérébraux. gliomes diffus présentant une mutation d’IDH associée à
À l’inverse, une prise de contraste n’est qu’exceptionnellement une codélétion-1p/19q. La classification de l’OMS 2016 distingue
visualisée dans le cas des gliomes infiltrant de bas grade. l’oligodendrogliome IDH-muté et 1p/19q-codélété de grade II et
Les diagnostics à évoquer devant les moins fréquentes tumeurs l’oligodendrogliome anaplasique, IDH-muté et 1p/19q-codélété
circonscrites de l’adulte sont les mêmes que chez l’enfant, cepen- de grade III (Fig. 4A, B). Les oligodendrogliomes ont une
dant, l’astrocytome pilocytique est rare chez l’adulte et il faut architecture en « nid d’abeille », les cellules tumorales sont
toujours se méfier des oligodendrogliomes infiltrant le cortex pou- arrondies à noyau régulier, à cytoplasme clair. Ils comportent
vant mimer histologiquement une DNET. généralement des microcalcifications parfois visibles à l’imagerie
et leur vascularisation est représentée par des capillaires fins
et branchés. Un grade III est attribué lorsque le nombre de
 Principales tumeurs du système mitoses dépasse six pour dix champs au grossissement × 400
ou lorsqu’il y a présence de prolifération endothéliocapillaire
nerveux ou de nécrose. Sur le plan immunohistochimique, on observe
classiquement une expression de la GFAP et de OLIG2, IDH1
Tumeurs astrocytaires ou oligodendrogliales est exprimé en cas de mutation du gène correspondant et il
diffuses n’y a pas de perte d’expression d’ATRX ni surexpression de la
protéine p53 (Fig. 4E, F). L’index de prolifération avec le Ki67 est
Initialement, les gliomes diffus de l’adulte étaient classés en variable, dépendant en partie du grade, mais sans seuil certain
trois grands groupes selon le type cellulaire identifié en micro- (Fig. 4C, D). Sur le plan moléculaire, ces gliomes présentent
scopie : les gliomes astrocytaires, les gliomes oligodendrogliaux par définition une mutation d’IDH1/2 ainsi qu’une codélétion
et les gliomes mixtes oligoastrocytaires. Le grading au sein de 1p19q, et fréquemment des mutations de pTERT, CIC et FUBP1.
chaque groupe était effectué selon la présence ou l’absence de Le glioblastome IDH-non muté de grade IV est une tumeur
critères histologiques d’agressivité, comprenant le nombre de très agressive survenant à un âge plus tardif que les gliomes
mitoses et la présence de prolifération endothéliocapillaire ou de IDH-mutés [13] . Histologiquement, l’aspect caractéristique est celui
nécrose. Depuis la mise à jour de la 4e édition de la classifica- d’une prolifération gliale de densité élevée, dont les cellules pré-
tion des tumeurs du SNC de l’OMS, les gliomes diffus de l’adulte sentent des atypies cytonucléaires marquées et les mitoses sont
sont toujours classés en trois grands groupes mais sur la base de nombreuses (Fig. 5A, B) Cette prolifération s’associe à une vascula-
la présence d’altérations moléculaires d’intérêts diagnostiques et risation anormale avec prolifération endothéliocapillaire, parfois
pronostiques majeurs, incluant la présence de mutations dans les gloméruloïde, ainsi que des foyers de nécrose avec organisa-
gènes IDH et la codélétion-1p/19q. On distingue ainsi les gliomes tion palissadique des cellules périphériques (Fig. 5A, C). Le profil
présentant une mutation d’IDH et une codélétion-1p/19q (dits immunohistochimique « typique » est une expression hétérogène
« gliomes oligodendrogliaux »), les gliomes présentant une muta- de la GFAP et de OLIG2, un index de prolifération élevé évalué
tion d’IDH sans codélétion-1p/19q (dits « gliomes astrocytaires ») avec l’anticorps anti-Ki67. Par définition il n’y a pas d’expression
et enfin les gliomes sans mutation d’IDH (dont la grande majorité d’IDH1R132H en immunohistochimie et l’expression d’ATRX est
correspond à des glioblastomes IDH-non mutés). De plus, au sein généralement maintenue (Fig. 5D, E). Sur le plan moléculaire, il
de ce groupe de gliome diffus a été individualisée une nouvelle n’y a par définition pas de mutation des gènes IDH et les altéra-
entité pédiatrique, le gliome diffus de la ligne médiane, caractérisé tions les plus fréquentes sont un gain du chromosome 7 associé
par la mise en évidence d’une mutation H3K27M. à une perte du 10, une amplification d’EGFR et la présence d’une
Les « gliomes astrocytaires » correspondent aux gliomes dif- mutation du promoteur de TERT. Lorsque l’aspect microscopique
fus présentant une mutation d’IDH sans codélétion 1p/19q. n’est pas typique, sans augmentation du nombre de mitoses,
L’astrocytome diffus, IDH-muté de grade II, se caractérise au sans prolifération endothéliocapillaire ni nécrose, il est recom-
niveau histopathologique par une cellularité augmentée par rap- mandé de réaliser des analyses moléculaires complémentaires afin

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Tableau 4.
Classification des tumeurs du système nerveux central, adaptée d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 2016.
Type ou groupe tumoral Grade OMS
Gliomes diffus
Astrocytome diffus, IDH-muté II
Astrocytome diffus, IDH-non muté II
Astrocytome anaplasique IDH-muté III
Astrocytome anaplasique IDH-non muté III
Glioblastome IDH-muté IV
Glioblastome IDH-non muté IV
- Gliosarcome IV
- Gliobastome épithélioïde IV
Gliome diffus de la ligne médiane H3K27M-muté IV
Oligodendrogliome, IDH-muté avec codélétion 1p19q II
Oligodendrogliome anaplasique, IDH-muté avec codélétion 1p19q III
Autres gliomes
Astrocytome pilocytique I
Astrocytome sous-épendymaire à cellules géantes I
Xanthoastrocytome pléomorphe II
Xanthoastrocytome pléomorphe anaplasique III
Gliome angiocentrique I
Gliome chordoïde du IIIe ventricule II
Astroblastome À définir
Tumeurs épendymaires
Subépendymome I
Épendymome myxopapillaire I
Épendymome II
Épendymome avec fusion RELA II ou III
Épendymome anaplasique III
Tumeurs des plexus choroïdes
Papillome des plexus choroïdes I
Papillome atypique des plexus choroïdes II
Carcinome des plexus choroïdes III
Tumeurs neuronales et glioneuronales
Tumeur neuroépithéliale dysembryoplasique I
Gangliocytome I
Gangliocytome dysplasique du cervelet I
Gangliogliome I
Gangliogliome anaplasique III
Tumeur papillaire glioneuronale I
Tumeur glioneuronale à rosettes I
Tumeur glioneuronale leptoméningée diffuse À définir
Gangliogliome et astrocytome desmoplastique infantile I
Neurocytome central II
Neurocytome extraventriculaire II
Liponeurocytome cérébelleux II
Paragangliome I
Tumeurs pinéales
Pinéalocytome I
Tumeur du parenchyme pinéal de différenciation intermédiaire II–III
Pinéaloblastome IV
Tumeur papillaire de la région pinéale II–III
Tumeurs embryonnaires
Médulloblastomes définis génétiquement IV
- Médulloblastome avec activation de la voie Wnt IV
- Médulloblastome SHH-activé et TP53 muté IV
- Médulloblastome SHH-activé et TP53 sauvage IV
- Médulloblastome du groupe 3 IV
- Médulloblastome du groupe 4 IV
Médulloblastomes définis histologiquement IV
- Médulloblastome classique IV

IDH : isocitrate déshydrogénase ; SHH : Sonic Hedgehog.

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Tableau 4.
(suite) Classification des tumeurs du système nerveux central, adaptée d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 2016.
Type ou groupe tumoral Grade OMS
- Médulloblastome desmoplasique/nodulaire IV
- Médulloblastome à nodularité extensive IV
- Médulloblastome à grandes cellules/anaplasique IV
Tumeur embryonnaire à rosettes pluristratifiées, C19MC-altéré IV
Médulloépithéliome IV
Tumeur tératoïde/rhabdoïde atypique (ATRT) IV
Tumeurs des nerfs crâniaux et paraspinaux
Schwannome I
Neurofibrome I
Périneuriome I–II–III
Tumeur maligne des gaines nerveuses (MPNST) Pas de critère robuste pour les grader
Tumeurs méningées
Méningiome I
Méningiome atypique II
Méningiome anaplasique III
Tumeur fibreuse solitaire/hémangiopéricytome II-III
Hémangioblastome I
Tumeurs de la région sellaire
Craniopharyngiome (adamantin et papillaire) I
Tumeur à cellules granuleuses de la région sellaire I
Pituicytome I
Oncocytome à cellules fusiformes I

IDH : isocitrate déshydrogénase ; SHH : Sonic Hedgehog.

A B C
Figure 3. Astrocytome diffus, grade II.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, cellularité discrètement augmentée, tumeur gliale
infiltrante de morphologie astrocytaire.
B. Immunohistochimie anti-isocitrate déshydrogénase 1 (IDH1)R132H , grossissement × 200, marquage
de l’ensemble des cellules tumorales.
C. Immunohistochimie anti-alpha-thalassemia/mental retardation, X-linked (ATRX), grossisse-
ment × 200, absence d’expression nucléaire par l’ensemble des cellules tumorales, contrôle
interne positif (cellules non tumorales).
D. Immunohistochimie anti-Ki67, grossissement × 200, index de prolifération faible.
D

de caractériser la présence des altérations précédemment citées. est attribué malgré un aspect histopathologique pouvant être par-
Cette situation peut se rencontrer en cas de gliome dont la biop- fois faussement rassurant, dépourvu de critères d’anaplasie [15] .
sie est réalisée très précocement dans l’évolution, ou bien en cas Cette tumeur est par définition de topographie médiane loca-
d’une représentativité imparfaite de la biopsie adressée. En effet, lisée au niveau du tronc cérébral, de la moelle épinière ou du
le groupe de travail cIMPACT-NOW recommande d’attribuer un thalamus. Sur le plan immunohistochimique, le diagnostic peut
grade IV à un gliome diffus IDH-non muté lorsque ces anoma- être évoqué à l’aide de l’utilisation de l’anticorps dirigé contre la
lies moléculaires caractéristiques du glioblastome sont mises en mutation H3F3A K27M. Ce diagnostic ne peut être porté que s’il
évidence [14] . Par ailleurs, au sein de ce groupe de tumeurs, la s’agit d’un gliome infiltrant, de topographie médiane, avec une
méthylation du promoteur de MGMT peut être évaluée car une mutation des histones de type K27M [16, 17] . La présence exclusive
hyperméthylation est associée à une meilleure chimiosensibilité d’une mutation H3FA K27M ne suffit pas à classer une tumeur
au témozolomide. dans cette catégorie si elle ne présente pas l’ensemble des critères
Le gliome diffus de la ligne médiane muté H3K27M de grade IV précédemment cités.
est un gliome infiltrant atteignant plutôt l’enfant et l’adulte jeune, Le gliome diffus avec mutation H3F3A de type G34 R/V
de topographie médiane, et présentant une mutation de type n’est pour l’instant pas individualisé comme une entité dis-
K27M le plus souvent du gène H3F3A mais pouvant plus rarement tincte dans la classification OMS 2016 mais devrait être reconnu
concerner les gènes HIST1H3B ou HIST1H3C. Il s’agit de gliomes lors de la prochaine révision. Il s’agit d’un gliome diffus hémi-
à différenciation généralement astrocytaire auxquels un grade IV sphérique de l’adolescent et du jeune adulte dont l’évolution

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A B C

D E F
Figure 4. Oligodendrogliomes.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, oligodendrogliome de grade II, aspect en « nid d’abeille », pas de prolifération endothéliocapillaire, mitoses
en nombre limité.
B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, oligodendrogliome de grade II, aspect en « nid d’abeille », prolifération endothéliocapillaire présente, mitoses
nombreuses.
C. Immunohistochimie anti-Ki67, grossissement × 200, oligodendrogliome de grade II.
D. Immunohistochimie anti-Ki67, grossissement × 200, oligodendrogliome anaplasique de grade III, index de prolifération très élevé.
E. Immunohistochimie anti-isocitrate déshydrogénase 1 (IDH1)R132H , grossissement × 200, marquage des cellules tumorales.
F. Immunohistochimie anti-alpha-thalassemia/mental retardation, X-linked (ATRX), pas de perte d’expression par les cellules tumorales.

A B C

D E F
Figure 5. Glioblastome-isocitrate déshydrogénase (IDH)-non muté, grade IV.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, densité cellulaire élevée, prolifération endothéliocapillaire.
B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 400, présence de nombreuses mitoses, atypies cytonucléaires marquées.
C. Hématoxyline-éosine, grossissement ×100, nécrose d’aspect palissadique.
D. Immunohistochimie anti-IDH1R132H , grossissement × 200, absence de marquage des cellules tumorales.
E. Immunohistochimie anti-alpha-thalassemia/mental retardation, X-linked (ATRX), grossissement × 200, pas de perte d’expression par les cellules tumorales.
F. Immunohistochimie anti-Ki67, grossissement × 200, index de prolifération élevé.

semble légèrement meilleure que celle des glioblastomes IDH-non les différents groupes de gliomes diffus précédemment cités, il
mutés [18] . Ces tumeurs se présentent histologiquement sous la incombe alors au pathologiste de :
forme d’une prolifération gliale généralement astrocytaire avec • rechercher une mutation d’IDH chez tous les patients de
signes d’anaplasie incluant un nombre de mitoses augmenté, moins de 55 ans, incluant la réalisation de technique de
une prolifération endothéliocapillaire et de la nécrose. Sur le biologie moléculaire complémentaire en cas de négativité de
plan immunohistochimique cette entité associe une absence l’immunohistochimie dirigée contre la mutation majoritaire
d’expression OLIG2, une perte de l’expression nucléaire d’ATRX d’IDH1 de type R132H [6] ;
et une surexpression de la p53 [18–20] . Le diagnostic repose alors sur • rechercher une codélétion chez tous les patients ayant un
la mise en évidence d’une mutation du gène H3F3A de type G34R gliome IDH-muté sans perte de l’expression nucléaire d’ATRX
ou plus rarement G34V en biologie moléculaire. et/ou surexpression de la protéine p53 ;
Ainsi, depuis cette révision de la classification des tumeurs du • rechercher une mutation du promoteur de TERT et/ou une
SNC, compte tenu de la caractérisation moléculaire requise pour amplification de l’EGFR et/ou un gain du chromosome 7 et

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A B C

D E F
Figure 6. Astrocytome pilocytique.
A. Imagerie par résonance magnétique, séquence T1 avec injection de gadolinium, tumeur infratentorielle, kystique, avec nodule mural prenant le contraste.
B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 100, architecture biphasique.
C. Hématoxyline-éosine, grossissement × 100, architecture microkystique.
D. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, cellules tumorales monomorphes, sans mitose, sans nécrose, avec présence de fibres de Rosenthal.
E. Immunohistochimie anti-glial fibrillary acidic protein (GFAP), grossissement × 200, expression intense et diffuse par les cellules tumorales.
F. Immunohistochimie anti-Ki67, index de prolifération faible.

une perte du chromosome 10 chez tous les patients ayant un par l’anticorps anti-glial fibrillary acidic protein (GFAP) (Fig. 6E).
gliome diffus IDH-non muté dépourvu d’aspect microscopique Elles n’expriment pas IDH1 et il n’y a pas de perte d’expression
d’anaplasie ; d’ATRX. L’index de prolifération évalué avec l’anti-Ki67 est géné-
• rechercher une mutation des histones en cas de gliomes IDH- ralement bas (Fig. 6F). De rares mitoses, d’occasionnelles atypies
non muté du sujet jeune ; cytonucléaires, une prolifération vasculaire peuvent être présentes
• ne plus porter les diagnostics d’astrocytome ou oligodendro- mais ne sont pas synonymes de malignité. Certains aspects mor-
gliome sans préciser le statut IDH ; phologiques peuvent être trompeurs, notamment si l’une des
• ne plus porter les diagnostics d’oligoastrocytomes ou de glio- deux composantes est absente pouvant mimer un oligodendro-
matose cérébrale. gliome ou un astrocytome fibrillaire. Le spectre des diagnostics
différentiels comprend également d’autres tumeurs pouvant être
cerclées par des fibres de Rosenthal. L’astrocytome pilomyxoïde
Autres tumeurs astrocytaires et autres qui était reconnu comme une entité distincte dans la précé-
gliomes dente classification OMS 2007 est désormais considéré comme
un variant morphologique d’astrocytome pilocytique [21] . Il s’agit
L’astrocytome pilocytique se développe essentiellement chez d’une tumeur faite de cellules fusiformes dans un fond lâche
l’enfant, préférentiellement au niveau du cervelet, et constitue fibrillaire et myxoïde dépourvu de fibres de Rosenthal asso-
un gliome astrocytaire bien limité et bénin de grade I. L’aspect ciées à des dispositifs périvasculaires. Une exérèse complète à ce
IRM de l’astrocytome pilocytique est celui d’une lésion prenant niveau est impossible, or il s’agit du facteur pronostique majeur
le contraste de façon intense et comportant fréquemment une pour ces tumeurs. Pour ce variant, il n’est pas recommandé
composante kystique (Fig. 6A). Dans sa présentation histopatho- d’allouer un grade. Sur le plan immunohistochimique, classique-
logique typique, il s’agit d’une tumeur biphasique associant des ment, l’astrocytome pilocytique n’exprime pas p53, IDH1R132H ,
zones denses fibrillaires et des zones plus lâches microkystiques internexine-␣, et il n’y a pas de perte d’expression d’ATRX. Sur
(Fig. 6B, C). La composante dense comprend des cellules fusi- le plan moléculaire l’altération caractéristique est une fusion
formes à longs prolongements cytoplasmiques dits « piloïdes » KIAA1549-BRAF présente dans plus de 70 % de ces tumeurs [22]
et une composante microkystique où les cellules apparaissent et plus rarement d’autres altérations de la voie des MAP kinases.
plus rondes (Fig. 2B, 6D). Des fibres de Rosenthal sont souvent Enfin, l’astrocytome pilocytique anaplasique n’est pas reconnu
présentes, mais également parfois quelques corps granuleux éosi- comme une entité propre dans la classification OMS 2016. Chez
nophiles (Fig. 6D). Les cellules tumorales sont fortement marquées l’adulte, la présence de critères d’anaplasie doit faire évoquer une

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entité de description récente nommée « astrocytome anaplasique en anneau intracytoplasmique (Fig. 8F) et une positivité de la
avec aspect piloïde », associant une altération de la voie des MAP GFAP renforcée autour des vaisseaux au sein des pseudorosettes
kinases, une délétion homozygote de CDKN2A et une perte de (Fig. 8E). Une positivité intense avec l’anticorps anti-Olig2 doit
l’expression nucléaire de ATRX (secondaire à une mutation) [23] . faire remettre en cause ce diagnostic.
En revanche, chez l’enfant, la présence de critère d’anaplasie ne Les épendymomes ont un pronostic variable en fonction
semble pas correspondre à une entité propre [24] . de l’histologie, de la topographie, de l’âge et de la qualité
Le xanthoastrocytome pléomorphe est une tumeur rare de de l’exérèse chirurgicale [31, 32] . La classification de l’OMS 2016
l’adulte jeune. Il s’agit d’un gliome généralement de bon pronostic distingue les épendymomes de grade II, les épendymomes ana-
auquel est attribué un grade II et qui est caractérisé par la présence plasiques de grade III, trois variants morphologiques : à cellules
de cellules pléomorphes avec un cytoplasme xanthélasmisé asso- claires, tanicytique ou papillaire ainsi qu’un sous-type molécu-
ciées à des corps granuleux. Un rattachement leptoméningé est laire, l’épendymome avec fusion RELA. Cependant, la valeur
fréquent, ainsi qu’une topographie temporale. Les cellules tumo- pronostique du grading de l’OMS ainsi que sa reproductibilité sont
rales expriment la GFAP et il y a une expression variable des discutées [33–35] . Cette classification est en cours d’évolution afin
marqueurs neuronaux. Sur le plan moléculaire, l’anomalie molé- de prendre en considération la localisation ainsi que les altéra-
culaire la plus fréquente est la présence d’une mutation V600 de tions moléculaires sous-jacentes permettant d’individualiser des
BRAF et la délétion homozygote de CDKN2A [25, 26] . Le xanthoas- groupes pronostiques.
trocytome pléomorphe anaplasique de grade III est défini par la Au niveau supratentoriel, il convient d’identifier deux types
présence de plus de cinq mitoses pour dix champs, au grossisse- d’épendymomes caractérisés par des transcrits de fusion spé-
ment × 400 (surface = 2,3 mm2 ) et est de plus mauvais pronostic. cifiques : les épendymomes avec une fusion C11orf95-RELA,
Il existe d’autres variétés plus rares de gliomes individualisées qui peuvent se révéler à tout âge, présentant une expression
par l’OMS : le gliome chordoïde du IIIe ventricule, l’astrocytome nucléaire de nuclear factor-kappa B (NFкB) observable en immu-
subépendymaire à cellules géantes, l’astroblastome et le gliome nohistochimie ; d’un autre côté, les épendymomes avec fusion
angiocentrique [27–29] . YAP1-MAMLD1 sont essentiellement rencontrés chez l’enfant (< 3
Grâce à l’étude de biopsies stéréotaxiques en corrélation avec ans) et de meilleur pronostic [36] .
l’imagerie, Daumas-Duport et al. ont défini la structure spatiale Au niveau de la fosse postérieure on distingue également deux
des gliomes infiltrants (Fig. 7) [30] . Deux composantes peuvent être groupes. Les épendymomes de type PFA, principalement observés
observées dans les gliomes : chez l’enfant, de morphologie souvent anaplasique et présen-
• « le tissu tumoral solide » : celui-ci n’est formé que de cellules tant une perte de la triméthylation de l’histone H3 en position
tumorales avec microangiogenèse se traduisant à l’imagerie par K27 objectivable en immunohistochimie. Le second type, PFB,
une prise de contraste ; est observable à tout âge et de meilleur pronostic.
• « les cellules tumorales isolées » : au sein de cette composante, Au niveau médullaire, il convient de reconnaître les épendy-
le parenchyme est morphologiquement et fonctionnellement momes avec une amplification de MYCN, de morphologie souvent
intact et il n’existe pas de vaisseaux néoformés. Il n’y a pas anaplasique et de pronostic défavorable.
de prise de contraste, mais du fait de l’œdème fréquemment L’épendymome myxopapillaire survient presque exclusivement
associé, on observe une hypodensité au scanner, et à l’IRM un au niveau du cône médullaire, de la queue de cheval et du filum
hyposignal en T1 et un hypersignal en T2. terminale. Cette tumeur peu agressive se distingue par la présence
d’un fond mucoïde (Fig. 8D).
Le subépendymome est une tumeur bénigne d’évolution lente
Tumeurs épendymaires et de découverte souvent fortuite siégeant dans la paroi du IVe
ventricule ou des ventricules latéraux. Il est constitué de cellules
Les épendymomes se présentent souvent comme des tumeurs
dont les noyaux se regroupent au sein d’une matrice fibrillaire
bien limitées en imagerie. Ce sont les tumeurs les plus fréquentes
(Fig. 8A).
chez l’enfant après l’astrocytome pilocytique et le médulloblas-
tome. Elles siègent en général proches des ventricules, mais
des localisations extraventriculaires sont également possibles en Tumeurs des plexus choroïdes
particulier pour la topographie supratentorielle. Le diagnostic
microscopique repose sur la mise en évidence de pseudorosettes Les tumeurs des plexus choroïdes, de topographie intraventri-
périvasculaires et de rosettes épendymaires vraies (inconstantes), culaire, sont rares chez l’adulte, plus fréquemment observées chez
facilement identifiables dans les formes de bas grade, plus rares l’enfant. Elles comprennent les papillomes, tumeurs bénignes
dans les formes de haut grade moins différenciées (Fig. 8A à C). (grade I) faites de structures papillaires revêtues d’une assise de
Les vaisseaux ont souvent une paroi sclérohyaline (Fig. 8A à C). cellules régulières (Fig. 9), et les carcinomes, tumeurs malignes
Des critères microscopiques d’anaplasie peuvent être visuali- (grade III) faites de massifs de cellules présentant de franches
sés, incluant des atypies cytonucléaires, une augmentation de atypies, de la nécrose, une architecture solide et une activité
l’activité mitotique, la présence de prolifération endothéliocapil- mitotique élevée (souvent > cinq pour dix champs au grossis-
laire ou de nécrose. L’immunohistochimie montre généralement sement × 400, surface = 2,3 mm2 ). Entre ces deux entités, on
dans les épendymomes une positivité focale avec l’epithelial observe des papillomes « atypiques » avec une cellularité aug-
membrane antigen (EMA) pouvant être apicale au niveau de la mentée, une architecture solide, des zones de nécrose, des atypies
membrane au contact des lumières des tubes épendymaires, punc- cytonucléaires et des mitoses (> deux pour dix champs au gros-
tiforme cytoplasmique focale (paragolgienne) ou plus rarement sissement × 400, surface = 2,3 mm2 ), de pronostic probablement

Structure Tissu
Tissu tumoral
Cellules tumorales
Figure 7. Structure spatiale des gliomes. IRM : imagerie par résonance magnétique.
et cellules
spatiale tumoral
tumorales isolées
isolées A. Corrélation avec l’imagerie et les principaux types tumoraux.

Prise de prise
Prise de
Aspect à Prise de de gadolinium
gadolinium
I’IRM gadolinium hypo-intense en T1
(TT uniquement)
hypo-intense en T2
Principaux Glioblastome
Astrocytome Oligodendrogliome
types Oligodendrogliome
pilocytique et astrocytome
tumoraux et astrocytome

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B
Figure 7. (suite) Structure spatiale des gliomes. IRM : imagerie par résonance magnétique.
B. Application pratique sur une pièce de lobectomie temporale pour astrocytome diffus. Tissu tumoral (TT) solide avec nombreuses cellules marquées par
l’anti-p53 (C). Infiltration du tissu glial par des cellules tumorales isolées marquées par l’anti-p53 (D).

intermédiaire. Les papillomes expriment les marqueurs épi- évocatrice du diagnostic. En histologie, dans les formes classiques,
théliaux (EMA, kératine), la PS100 et la transthyrétine (ou on observe la composante glioneuronale spécifique représentée
préalbumine). Ces deux derniers marqueurs sont généralement par les prolongements axonaux entourés d’oligodendrocytes bai-
absents dans les carcinomes qui expriment en revanche les kéra- gnant dans des nappes de substance lâche et myxoïde. Entre ces
tines. Il est important de noter que, chez l’adulte, la présence d’un colonnes, on visualise des neurones flottants (Fig. 11A à D). Ce
carcinome de topographie intraventriculaire doit faire évoquer en sont des lésions bénignes dont le diagnostic différentiel principal
première intention le diagnostic de métastase. est représenté par les oligodendrogliomes. Sur le plan molécu-
laire, des altérations de FGFR1, notamment une duplication du
domaine à activité tyrosine kinase, et l’activation de la voie des
Tumeurs neuronales et glioneuronales MAP kinases sont fréquentes [38, 39] .
Les neurocytomes sont des tumeurs intraventriculaires de
Les tumeurs neuronales et glioneuronales les plus fréquentes l’adulte jeune localisées de façon préférentielle au sein du IIIe
sont les gangliogliomes, les DNET et les neurocytomes [37] . ventricule et ventricule latéral, constituées de cellules rondes
Les gangliogliomes sont constitués d’une composante tumo- régulières présentant une différenciation neuronale avec expres-
rale neuronale correspondant à des cellules d’aspect ganglionnaire sion de la synaptophysine et le plus souvent du NeuN mais pas
positives pour la synaptophysine et le neurofilament, et d’une de la chromogranine ni du neurofilament (Fig. 12A à C). Elles
composante gliale d’aspect variable, astrocytaire ou oligodendro- sont généralement bénignes bien qu’une résection incomplète,
cytaire (Fig. 10A à F). Ce sont des tumeurs de bas grade, mais une un volume tumoral élevé, et la présence de plus de trois mitoses
transformation anaplasique aux dépens de la composante gliale pour dix champs au grossissement × 400 seraient de plus mauvais
est possible. Sur le plan moléculaire, une mutation du gène BRAF pronostic, alors que l’index de prolifération évalué par le Ki67
de type V600E est fréquente [26] . n’aurait pas de valeur pronostique [40] .
Les DNET se caractérisent par un contexte d’épilepsie partielle Au niveau cérébelleux, on peut retrouver le liponeurocytome
révélée dans l’enfance classiquement avant l’âge de 20 ans. Il s’agit cérébelleux comprenant d’une part un contingent de neurocy-
de tumeurs de localisation corticale surtout temporale volontiers tome et d’autre part un contingent adipocytaire [41] .
multinodulaires d’aspect triangulaire en imagerie sans effet de Le gangliogliome infantile desmoplastique et l’astrocytome des-
masse ni œdème avec parfois une déformation osseuse en regard. moplastique infantile se présentent comme une très volumineuse
La présence de septa en IRM (séquence T1) au sein de la tumeur est lésion supratentorielle du nouveau-né ou de l’enfant jeune avec

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A B C

D E F
Figure 8. Tumeurs épendymaires.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, subépendymome, grade I, faible cellularité, vaisseaux aux parois sclérohyalines.
B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, épendymome, grade II, vaisseaux aux parois sclérohyalines, pseudorosettes périvasculaires épendymaires.
C. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, épendymome anaplasique, grade III, vaisseaux aux parois sclérohyalines, pseudorosettes périvasculaires épen-
dymaires, nombreuses mitoses.
D. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, subépendymome, grade II, tumeur épendymaire avec fond mucoïde (encadré).
E. Immunohistochimie anti-glial fibrillary acidic protein (GFAP), grossissement × 200, marquage hétérogène des cellules tumorales avec renforcement périvas-
culaire.
F. Immunohistochimie anti-epithelial membrane antigen (EMA), marquage punctiforme cytoplasmique caractéristique.

La tumeur glioneuronale leptoméningée diffuse est une tumeur


rare atteignant la leptoméninge avec parfois une expansion
intraparenchymateuse. Elle présente généralement un aspect oli-
godendroglial avec d’un point de vue moléculaire une délétion
du 1p pouvant être associée à une fusion KIAA1549-BRAF ou une
délétion 19q mais sans mutation d’IDH.
Le paragangliome spinal est une tumeur neuroendocrine encap-
sulée et bénigne, siégeant souvent au niveau de la queue de cheval
et du filum terminale. Elle est faite de cellules neuronales agen-
cées en nid, entourées de cellules sus-tentaculaires situées au sein
d’une vascularisation capillaire fine.
Figure 9. Papillome des plexus. Hématoxyline-éosine, grossisse-
ment × 200, papillome typique.

Tumeurs embryonnaires
une partie kystique et une partie solide. Ce sont des lésions
de bas grade caractérisées par la présence d’un contingent des- Les tumeurs embryonnaires correspondent essentiellement aux
moplastique leptoméningé, d’un contingent neuroépithélial peu médulloblastomes, aux tumeurs rhabdoïdes et tératoïdes aty-
différencié, et d’un contingent cortical. Ces tumeurs présentent piques, aux tumeurs embryonnaires à rosettes pluristratifiées. Les
fréquemment une mutation V600 de BRAF et une activation de la autres tumeurs embryonnaires sont plus rares et les données
voie des MAP kinases. récentes obtenues par analyse du profil de méthylation suggèrent
Le gangliocytome est une lésion faite de groupes de volumi- une révision de leur classification [44] .
neux et irréguliers neurones multipolaires souvent dysplasiques. Les médulloblastomes sont des tumeurs de la fosse postérieure
Le tissu de soutien comprend des cellules gliales non néoplasiques survenant le plus souvent chez l’enfant. Ces tumeurs sont défi-
et un réseau de réticuline dense. nies dans l’OMS 2016 d’une part sur le plan histopathologique
La tumeur papillaire glioneuronale est plutôt de localisation et d’autre part sur le plan moléculaire. Les deux classifications
hémisphérique, et se caractérise histologiquement par une archi- histopathologique et moléculaire doivent être précisées, car elles
tecture papillaire ou pseudopapillaire dont les papilles sont présentent un intérêt dans la stratification du risque de récidive
couvertes par des cellules gliales cuboïdes et dont les vaisseaux permettant leur prise en charge thérapeutique postopératoire. La
sont hyalinisés. En interpapillaire, des amas de neurocytes ou de stratification du risque de ces tumeurs diffère chez l’enfant et chez
cellules ganglionnaires sont visibles. Une anomalie moléculaire l’adulte [45, 46] . L’histopathologie montre une tumeur densément
caractéristique a récemment été mise en évidence, il s’agit de la cellulaire faite de petites cellules, à haut rapport nucléocyto-
fusion SLC44A1-PRKCA, plus rarement de la fusion de SLC44A1 plasmique au noyau hyperchromatique (Fig. 13A). Des rosettes
avec un autre gène [42] . d’Homer Wright peuvent être visibles. Les mitoses sont très
La tumeur glioneuronale à rosettes est une lésion située sur la nombreuses et la nécrose souvent présente. Quatre sous-types
ligne médiane pouvant occuper le IVe ventricule ou l’aqueduc et morphologiques sont reconnus, incluant le type classique, le
pouvant s’étendre au tronc cérébral, au vermis, à la glande pinéale type desmoplasique/nodulaire, le type à nodularité extensive et
et au thalamus. Souvent bien limitées, elles peuvent avoir parfois le type anaplasique/à grandes cellules. Le type classique est le
un comportement infiltrant. Histologiquement, elles se caracté- type histopathologique le plus fréquent, représentant 70 % de
risent par une architecture biphasique neurocytique, organisée en l’ensemble des médulloblastomes quel que soit l’âge. Il est plu-
rosettes, et gliale. Sur le plan moléculaire, il y a une mutation de tôt de siège vermien et/ou atteint le IVe ventricule. Le type
FGFR1 constante, souvent associée à une mutation de PIK3CA desmoplasique/nodulaire comporte en morphologie standard un
dans deux tiers des cas ou de NF1 dans un tiers des cas [43] . aspect nodulaire avec la présence d’îlots « pâles » peu cellulaires

12 EMC - Neurologie
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A B C

D E F
Figure 10. Gangliogliome, grade I.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, présence de cellules ganglionnaires dont certaines sont binucléées.
B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, infiltrats lymphoïdes périvasculaires.
C. Contingent glial.
D. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, corps granuleux éosinophiles.
E. Immunohistochimie antineurofilaments (NF), grossissement × 200, marquage d’une cellule ganglionnaire.
F. Immunohistochimie anti-CD34, grossissement × 200, marquage d’une cellule ganglionnaire.

A B C
Figure 11. Tumeur dysembryoplasique neuroépithéliale, grade I.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, architecture microkystique.
B. Bleu alcian, grossissement × 200, fond mucoïde.
C. Neurones flottants.
D. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, architecture oligo-like.

et constitués de cellules régulières, dépourvus de réticuline. Ces L’anaplasie correspond à une prolifération de cellules indifféren-
nodules de différenciation neurocytique expriment les marqueurs ciées avec des atypies cytonucléaires très marquées, des nucléoles
neuronaux tels que la synaptophysine ou NeuN. En dehors de proéminents, des images d’enroulement cellulaires (wrapping) et
ces nodules, le réseau réticulinique est plus dense et les cellules des aspects de moulage nucléaires. La tumeur présente des index
tumorales indifférenciées. Il peut être de siège vermien et hémi- mitotique et apoptotique très élevés. La forme à grandes cel-
sphérique, mais la plupart des médulloblastomes hémisphériques lules présente un aspect plus monomorphe et se caractérise par
sont desmoplasiques. Une forme de bon pronostic est représen- la présence de cellules tumorales de grandes tailles présentant des
tée par le médulloblastome à nodularité extensive, qui présente nucléoles proéminents. Ces aspects peuvent cependant être obser-
un aspect radiologique évocateur multinodulaire en « grappe » et vés a minima dans d’autres types de médulloblastomes et doivent
survient typiquement avant 4 ans. Le médulloblastome à grandes donc représenter plus de 50 % de la surface tumorale pour que le
cellules/anaplasique est caractérisé soit par la présence d’une ana- diagnostic de médulloblastomes anaplasiques/à grandes cellules
plasie sévère, soit par la présence d’un aspect à grandes cellules. soit retenu. Cette forme à grandes cellules/anaplasique est une

EMC - Neurologie 13
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A B C
Figure 12. Neurocytome.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, tumeur faite de cellules rondes monomorphes.
B. Immunohistochimie antisynaptophysine, grossissement × 200, marquage diffus des cellules tumorales.
C. Immunohistochimie anti-insulinoma-associated 1 (INSM1), grossissement × 200, marquage diffus des cellules tumorales.

A B C

D E
Figure 13. Tumeurs embryonnaires.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, médulloblastome tumeur à petites cellules à noyau hyperchromatique.
B. Immunohistochimie antisynaptophysine, grossissement × 200, marquage diffus des cellules tumorales.
C. Immunohistochimie anti-Ki67, grossissement × 200, activité proliférative marquée.
D. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, tumeur tératoïde et rhabdoïde atypique, présence de cellules rhabdoïdes malignes.
E. Immunohistochimie anti-BAF47/INI1, grossissement × 200, perte d’expression dans les cellules tumorales alors que l’expression est maintenue dans le
contrôle interne (vaisseaux).

entité plus rare (10 % des cas) de mauvais pronostic. En immu- stases au diagnostic, de l’ordre de 30 à 40 %. Le groupe 4 est
nohistochimie, les cellules tumorales expriment les marqueurs associé à une survie intermédiaire. Le groupe 3 présente une
neuronaux tels que la neuron specific enolase (NSE), la synapto- survie plus défavorable et peut être associé à des amplifications
physine et NeuN, l’expression de BAF47/INI1 est constamment de MYC, reconnues comme un critère de mauvais pronostic. Le
maintenue (Fig. 13B, C). groupe moléculaire non-WNT/non-SHH est actuellement en cours
La classification moléculaire des médulloblastomes comprend de démembrement [47, 48] .
les médulloblastomes avec activation de la voie Wnt, les médul- L’OMS ne recommande pas actuellement de méthode pré-
loblastomes avec activation de la voie SHH associés ou non à une cise pour déterminer le groupe moléculaire des médulloblas-
mutation de TP53, ainsi que les médulloblastomes non-Wnt/non- tomes. Elle peut être établie de façon rapide et fiable par
SHH actuellement regroupé en deux sous-groupes : groupe 3 et l’immunohistochimie, à l’aide d’un panel de plusieurs anticorps.
groupe 4. Les tumeurs du groupe WNT activé représentent envi- Les médulloblastomes de la voie WNT sont caractérisés par une
ron 10 % des médulloblastomes et sont définies par l’activation expression de la filamine associée à un marquage nucléaire de
oncogénique de la voie WNT, liée dans la grande majorité des cas la bêtacaténine (relocalisation nucléaire de la protéine lors de
à la présence de mutations du gène CTNNB ou plus rarement des l’activation de la voie WNT). Ce marquage peut parfois être
mutations germinales d’APC. Les médulloblastomes WNT activé d’interprétation délicate car le marquage nucléaire peut être focal
sont associés à un excellent pronostic chez l’enfant. Les tumeurs et les cellules peuvent maintenir un marquage cytoplasmique.
SHH activées sont caractérisées par l’activation oncogénique de Une technique adaptée à ces tumeurs est nécessaire pour cet anti-
la voie Sonic Hedgehog et sont divisées en deux groupes selon le corps. Par ailleurs, les tumeurs des autres groupes moléculaires
statut de TP53. Les tumeurs SHH activé et TP53 muté surviennent présentent un marquage cytoplasmique pour cet anticorps. L’OMS
typiquement chez l’adolescent et sont associées à un pronostic 2016 suggère que cet immunomarquage peut être éventuellement
défavorable, alors que celles TP53 sauvage qui surviennent sur- complété, soit par le séquençage du gène CTNNB1, soit par la
tout chez le jeune enfant et l’adulte sont associées à un pronostic recherche d’une monosomie du chromosome 6. Les médullo-
intermédiaire. Les médulloblastomes du groupe non-WNT/non- blastomes du groupe SHH activé présente une expression de la
SHH correspondent aux formes les plus fréquentes de ces tumeurs, filamine associée à celle de la protéine GAB1. Des auteurs ont rap-
représentant environ 60 % des médulloblastomes. Ce groupe est porté des difficultés avec cet anticorps et ont proposé d’utiliser
divisé par l’OMS en deux sous-groupes : le groupe 3 et le groupe en complément l’anticorps OTX2 (perte d’expression nucléaire
4. Ils présentent tous les deux une fréquence élevée de méta- des cellules tumorales) [49] . Pour ces tumeurs, l’évaluation du

14 EMC - Neurologie
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Tableau 5.
Principes de classification des méningiomes.
Grade OMS Sous-types histologiques Caractères histologiques
I (« bénin ») Ne remplissant pas les critères d’un grade 2 ou 3
II (« atypique ») À cellules claires, chordoïde Au moins un des 3 critères suivants :
- plus de 4 mitoses pour 10 champs au grossissement × 400 (surface = 1,6 mm2 )
- invasion du tissu cérébral
- et/ou au moins 3 des 5 paramètres suivants : cellularité augmentée, foyers de
petites cellules, nécrose spontanée, nucléole proéminent, architecture diffuse
III (« anaplasique ») Papillaire, rhabdoïde 20 mitoses ou plus pour 10 champs au grossissement × 400 (surface = 1,6 mm2 )
et/ou présentant des caractéristiques histopathologiques d’anaplasie

OMS : Organisation mondiale de la santé.

A B C

D E F
Figure 14. Méningiomes, critères de grading.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement ×100, envahissement du tissu cérébral.
B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 400 nombreuses mitoses (flèches).
C. Hématoxyline-éosine, grossissement ×100, architecture diffuse.
D. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, foyer de petites cellules.
E. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, hypercellularité, macronucléoles (encadré).
F. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, foyer de nécrose.

niveau d’expression de p53 par la tumeur peut être indicative Elles disséminent volontiers au niveau du LCS. Il s’agit de lésion
de la présence d’une mutation du gène TP53 [50] . Cependant, il de diagnostic difficile associant des foyers de cellules rhabdoïdes
n’y a actuellement pas de consensus sur le seuil de positivité de (Fig. 13D) à des territoires de cellules de différenciation variable,
cet anticorps. Certains auteurs suggèrent que toute tumeur de neurectodermique (medulloblastome-like), mésenchymateuse (cel-
ce groupe devraient bénéficier d’un séquençage du gène TP53, lules fusiformes atypiques) ou épithéliale (aspect papillaire ou
notamment en raison de la fréquence des mutations germinales tératomateux). En immunohistochimie, les cellules rhabdoïdes
de TP53 dans ces tumeurs, dont l’identification permet d’orienter expriment l’EMA de façon membranaire et cytoplasmique, la
le patient vers une consultation d’oncogénétique [51] . Les tumeurs vimentine en « boule » (cf. Fig. 16B) et l’actine muscle lisse. Les
du groupe non-WNT, non-SHH sont caractérisées par une absence zones indifférenciées expriment de façon variable la vimentine,
d’expression de la filamine et de YAP1. Enfin, une amplification le neurofilament, la GFAP tandis que les zones de différenciation
de c-MYC et n-MYC doit systématiquement être recherchée car épithéliale sont positives pour les marqueurs épithéliaux. Cette
associée à un mauvais pronostic. tumeur présente le plus souvent une perte d’expression en immu-
La tumeur embryonnaire avec rosettes pluristratifiées (ETMR) nohistochimie de l’expression de SMARCB1 reflétant l’altération
est constituée de petites cellules rondes avec des rosettes du gène BAF47/INI1 (Fig. 13E). Plus rarement, il s’agit d’une perte
épendymaires et des zones plus lâches et une expression immuno- d’expression en immunohistochimie de SMARCA4 secondaire à
histochimique de la protéine LIN28. Cette tumeur se caractérise une altération du gène BRG1.
sur le plan moléculaire par une amplification génomique focale Le neuroblastome olfactif (esthésioneuroblastome) se localise
de C19MC. de façon caractéristique au niveau de la lame criblée avec exten-
Les tumeurs rhabdoïdes et tératoïdes atypiques sont des sion locorégionale et à distance possible. En histologie, on observe
tumeurs malignes au pronostic sombre qui siègent au niveau de la des nappes de cellules rondes à haut rapport nucléocytoplasmique
fosse postérieure de l’enfant : cervelet et angle pontocérébelleux. agencées en rosettes de type Homer Wright. Il existe une positivité

EMC - Neurologie 15
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A B C
Figure 15. Tumeur fibreuse solitaire/hémangiopéricytome.
A, B. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, spectre morphologique, tumeur de densité cellulaire
variable, compte mitotique variable, présence de vaisseaux en « bois de cerf ».
C, D. Immunohistochimie anti-signal transducer and activator of transcription 6 (STAT6), grossisse-
ment × 200, marquage nucléaire diffus des cellules tumorales.

Figure 16. Mélanocytome.


A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200,
tumeur mélanique aux atypies cytonucléaires
peu marquées.
B. Immunohistochimie anti-HMB45, grossis-
sement × 200, marquage diffus des cellules
tumorales.

A B

pour les marqueurs suivants : NSE, chromogranine, synaptophy- lines positives pour l’␣-fœtoprotéine (␣-FP) qui est dosable dans
sine, neurofilament. le sang périphérique, des carcinomes embryonnaires positifs pour
Les autres tumeurs embryonnaires sont plus rares et en cours la kératine et à un moindre degré la PLAP ou des choriocar-
de révision. De nouvelles entités reconnues par leur profil de cinomes dont les cellules syncytiotrophoblastiques expriment
méthylation spécifique et définies par la présence d’une altéra- la ␤-HCG. Les germinomes purs sont de bon pronostic en
tion moléculaire sous-jacente caractéristique pourraient intégrer raison de leur radio-chimio-sensibilité. Les tératomes matures
la prochaine classification OMS. Cependant, leur dénomination sont également de bon pronostic si l’exérèse chirurgicale est
exacte ainsi que la catégorie dans laquelle ces tumeurs seront clas- complète.
sées ne sont pour l’instant pas formellement établies. Il s’agit des Les tumeurs de la pinéale sont rares et correspondent aux
neuroblastomes du système nerveux central avec activation de pinéalocytomes, pinéaloblastomes, tumeurs de différenciation
FOXR2, des sarcomes de la famille Ewing avec fusion CIC-NUTM1, intermédiaire et aux tumeurs papillaires de la région pinéale [52–54] .
des tumeurs avec duplication en tandem de BCOR ainsi que des
tumeurs neuroépithéliales de haut grade du SNC avec altération
de MN1 [36, 44] . Tumeurs méningées
En dehors des tumeurs gliales, les tumeurs primitives les plus
fréquentes du SNC sont les méningiomes. Ce sont des tumeurs
Tumeurs de la région pinéale et tumeurs de croissance lente développées à partir des cellules arachnoï-
germinales diennes. Il existe de nombreux sous-types histologiques. Les plus
fréquents sont représentés par les sous-types : méningothélial, cor-
Les tumeurs germinales du SNC sont plus fréquentes chez respondant à des nappes ou des lobules de cellules séparés par
l’enfant et l’adolescent et correspondent à 3 % des tumeurs céré- de fin septa fibreux, transitionnel, avec la présence de nombreux
brales à ces âges. Elles siègent préférentiellement au niveau de enroulements particulièrement bien visibles sur les appositions, et
la ligne médiane : région pinéale et IIIe ventricule. Les aspects fibroblastique, caractérisé par des faisceaux de cellules fusiformes.
histologiques sont semblables aux autres sites. Les germinomes L’OMS définit trois grades histopathologiques dont les principes
sont les tumeurs les plus fréquentes. Ils sont composés de cel- de classification sont détaillés dans le Tableau 5 (Fig. 14) [55–57] .
lules rondes à noyau vésiculeux, bien nucléolé et à cytoplasme Les méningiomes sont des tumeurs en général de croissance lente
clair (riche en glycogène) abondant. Il s’y associe fréquemment mais pouvant occasionnellement disséminer au sein du névraxe
un infiltrat lymphocytaire et parfois des cellules géantes de type ou métastaser en extranévraxique [58] . La qualité de l’exérèse
syncytiotrophoblastique isolées (β-human chorionic gonadotrophin chirurgicale ainsi que le grade histopathologique sont les fac-
[␤-HCG] positives). Les deux composants sont bien visibles sur teurs pronostiques majeurs déterminant le risque de récidive.
les appositions et les smears. Les cellules tumorales expriment L’immunohistochimie a une place dans le diagnostic différentiel
la phosphatase alcaline placentaire (PLAP) de façon variable, même si le diagnostic reste morphologique dans la plupart des
CD117 (c-kit), SALL4 et OCT4. Les tératomes sont la deuxième cas, les méningiomes expriment EMA, RP, SSTR2a et n’expriment
tumeur germinale par ordre de fréquence. Ils récapitulent le déve- jamais STAT6 [59] .
loppement somatique embryonnaire avec la présence des trois Parmi les tumeurs méningées, mérite également d’être signalé
feuillets : ectoderme, endoderme et mésoderme. Ils sont matures le spectre tumeur fibreuse solitaire/hémangiopéricytome/tumeur
ou immatures suivant le degré de différenciation des tissus qui fibreuse solitaire. Ces tumeurs auparavant considérées comme
les constituent. On peut également observer des tumeurs vitel- des tumeurs distinctes sont aujourd’hui considérées comme des

16 EMC - Neurologie
Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central  17-210-B-10

A B C
Figure 17. Craniopharyngiomes.
A. Hématoxyline-éosine-safran, grossissement × 100, présence de kératine sèche, d’un épithélium avec
architecture palissadique et de mailles lâches d’un craniopharyngiome adamantin.
B. Immunohistochimie anti-␤-caténine, présence d’une internalisation nucléaire au sein d’un cranio-
pharyngiome adamantin.
C. Hématoxyline-éosine-safran, grossissement × 100, craniopharyngiome papillaire.
D. Immunohistochimie anti-␤-caténine, absence d’internalisation nucléaire au sein d’un craniopharyn-
giome papillaire.

A B C
Figure 18. Lymphome B diffus à grandes cellules.
A. Hématoxyline-éosine, grossissement × 200, infiltration du tissu glial par des cellules lymphoïdes de
grande taille.
B. Immunohistochimie anti-CD20, grossissement × 200, marquage des cellules tumorales.
C. Immunohistochimie anti-PAX5, grossissement × 200, marquage des cellules tumorales.
D. Immunohistochimie anti-Ki67, grossissement × 200, index de prolifération élevé.

Tableau 6.
Principales altérations moléculaires à visée diagnostique des gliomes diffus.
Astrocytome, IDH-muté de grades Oligodendrogliome, IDH-muté et Glioblastome IDH-non muté
II et III et glioblastome, IDH-muté 1p/19q-codélété de grades II et III
Mutation d’IDH1/2 Constante Constante Absente
Mutation d’ATRX (perte d’expression Fréquemment Absente Parfois
en immunohistochimie)
Codélétion 1p19q Absente Constante Absente
Mutation du promoteur de TERT Rarement Fréquemment Fréquemment
Gain du chromosome 7 et perte du 10 Absente Absente Fréquemment

IDH : isocitrate déshydrogénase ; ATRX : alpha thalassemia/mental retardation syndrome X-linked ; TERT : telomerase reverse transcriptase.

tumeurs représentant les extrêmes d’un spectre morphologique Elles sont caractérisées sur le plan moléculaire par une fusion
large. Il s’agit de tumeurs à cellules fusiformes présentant une NAB2-STAT6 [63] . Sur le plan pronostique, différents systèmes de
densité cellulaire variable, parfois de nombreuses mitoses et une grading ont été suggérés, on peut citer le grading de Marseille
vascularisation singulière, dite « hémangiopéricytaire » ou « en qui a l’avantage de combiner des items simples (nécrose, compte
bois de cerf » (Fig. 15A, B). Ces tumeurs expriment CD34 et mitotique avec un seuil ≥ cinq mitoses pour dix champs au gros-
sont marquées par l’anticorps anti-STAT6 (Fig. 15C, D) [60–62] . sissement × 400 [surface = 2,2 mm2 ]).

EMC - Neurologie 17
17-210-B-10  Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central

Tableau 7.
Principales altérations moléculaires à visée diagnostique des principales tumeurs glioneuronales.
Gangliogliome DNET DIG-DIA PGNT RGNT
Mutation V600 de BRAF Fréquente Possible Fréquente Absente Absente
Fusion SLC44A1-PRKCA ou Absente Absente Absente Fréquente Absente
SLC44A1 avec un autre gène
Mutation de FGFR1 Absente Possible Absente Absente Constante

DNET : dysembryoplastic neuroepithelial tumors ; DIG-DIA : desmoplastic infantile ganglioglioma-desmoplastic infantile astrocytoma ; PGNT : papillary glioneuronal tumor ; RGNT :
rosette-forming glioneuronal tumors ; BRAF : v-Raf murine sarcoma viral oncogene homolog B ; FGFR1 : fibroblast growth factor receptor 1.

Tableau 8.
Consensus The consortium to Inform Molecular and Practical Approaches to CNS Tumor Taxonomy (c-IMPACT NOW).
Principales propositions de changements
Update 1 Le suffixe NOS (not otherwise specified) est à utiliser que lorsque les informations histopathologiques ou moléculaires ne
permettent pas d’établir un diagnostic dans une catégorie de l’OMS
Le suffixe NES (not elsewhere classified) est à utiliser lorsque toutes les techniques ont été réalisées avec succès et que les résultats
ne permettent pas de classer une tumeur dans une catégorie de l’OMS
Update 2 Le terme de gliome diffus de la ligne médiane, H3K27M-muté, doit être réservé aux tumeurs diffuses, de la ligne médiane, gliales
et mutées H3K27M. Les autres tumeurs H3 K27M-mutées ne respectant pas ces conditions n’appartiennent pas à cette entité
Dans le cadre d’un gliome astrocytaire de grade II ou III avec mutation d’IDH et une perte d’expression d’ATRX et/ou une
expression intense et diffuse de p53, le diagnostic d’astrocytome diffus ou anaplasique, IDH-muté, peut être porté sans nécessité
d’évaluation du statut 1p/19q
Update 3 Pour les gliomes diffus et anaplasiques sans mutation d’IDH, la présence d’une des altérations suivantes : amplification d’EGFR
et/ou gain du chromosome 7 et perte totale du chromosome 10 (+7/-10) et/ou la mutation du promoteur de TERT doit conduire
au diagnostic de « gliome astrocytaire diffus, IDH-non muté, avec aspects moléculaires de glioblastome, grade IV de l’OMS »
Update 4 Définitions de nouvelles classes de gliomes définis sur le plan moléculaire affectant préférentiellement les enfants, parfois
l’adulte, généralement de bon pronostic :
- gliome diffus avec altération de MYB
- gliome diffus avec altération de MYBL1
- gliome diffus avec mutation de FGFR1
- gliome diffus avec duplication du domaine tyrosine kinase de FGFR1
- gliome diffus avec mutation V600E de BRAF
- gliome diffus avec autre altération de la voie des MAP kinases
Update 5 Suggestion que le terme de glioblastome soit réservé aux tumeurs astrocytaires diffuses IDH-non mutées avec des aspects
histopathologiques, génétiques prédictifs d’un comportement clinique agressif correspondant à un grade IV
Proposition de changer la terminologie du grading en chiffre romain (de I à IV) en chiffres arabes (de 1 à 4)
La présence d’une délétion homozygote de CDKN2A au sein d’un gliome astrocytaire doit faire porter le diagnostic
d’astrocytome, IDH-muté, grade 4
La terminologie d’astrocytome, IDH-muté, grade 4 se substitue à celle de glioblastome, IDH-muté, grade IV
Pour les astrocytomes diffus de grades 2 et 3, la délétion homozygote de CDKN2A est absente
Update 6 Ces propositions reprennent en partie les propositions précédentes
- Possibilité de glioblastome, IDH-non muté, grade 4 en cas de gliome astrocytaire diffus avec prolifération microvasculaire ou
nécrose ou au moins une des trois altérations moléculaires suivantes : +7/-10, mutation du promoteur de TERT, amplification
d’EGFR
- Approche matricielle pour les tumeurs gliales et glioneuronales pédiatriques permettant un diagnostic intégré
- Reconnaissance de nouvelles entités : gliomes diffus H3.3 mutés G34, astrocytome de haut grade avec aspects piloïdes,
astroblastome avec altération de MN1, tumeur glioneuronale diffuse leptoméningée, tumeur glioneuronale myxoïde, tumeur
neuroépithéliale polymorphe de bas grade du jeune, tumeur multinodulaire et vacuolisante, neuroblastome du système nerveux
central avec activation de FOXR2, tumeur du système nerveux central avec duplication en tandem de BCOR, sarcome CIC
- Définition des épendymomes en plusieurs classes : épendymome supratentoriel avec fusion YAP1-MAMLD1, épendymome de
la fosse postérieure de type pédiatrique/PFA, épendymome de la fosse postérieure de type adulte/PFB, épendymome spinal avec
amplification de MYCN, épendymome supratentoriel avec fusion RELA

Tumeurs des nerfs crâniens Tumeurs mélaniques


Les schwannomes sont des tumeurs bénignes constituées de Ces tumeurs représentent un groupe particulier de tumeurs
cellules de Schwann. Il s’agit de tumeurs fréquentes du sys- mélaniques. Elles comprennent la mélanocytose et la mélano-
tème nerveux périphérique, pouvant s’observer au niveau des matose méningée qui sont des tumeurs diffuses ou multifocales
nerfs crâniens ou de l’émergence des racines des nerfs au des leptoméninges dont le pronostic est mauvais [64] . Elles
niveau de la moelle. En histologie, il s’agit de tumeurs faites de comprennent également le mélanocytome méningé et le méla-
cellules fusiformes agencées en faisceau avec disposition palissa- nome méningé (Fig. 16). La localisation spinale cervicale ou
dique des noyaux (type A d’Antoni). Ces zones alternent avec thoracique est très évocatrice de mélanocytome. Le mélanocy-
des zones plus lâches (type B d’Antoni) dans lesquelles on tome présente des mutations de GNAQ et GNA11. Le mélanome
visualise des cellules inflammatoires (lymphocytes et histiocytes primitif est impossible à distinguer sur le plan histopathologique
spumeux). Les cellules tumorales expriment de façon diffuse la d’une métastase de mélanome.
protéine S100 et Sox 10. Une forme particulière, le schwan-
nome cellulaire, se définit par un contingent cellulaire de type A
d’Antoni exclusivement avec une augmentation de la densité cel- Tumeurs de la région sellaire
lulaire et quelques mitoses. Il a un risque plus élevé de récidive Les craniopharyngiomes comprennent les craniopharyngiomes
locale. papillaires et adamantins (Fig. 17). Ces tumeurs se présentent

18 EMC - Neurologie
Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique des tumeurs du système nerveux central  17-210-B-10

comme des tumeurs kystiques de la région sellaire. Les cranio- Il est désormais recommandé, pour les tumeurs gliales infil-
pharyngiomes papillaires ont un stroma fibrovasculaire bordé par trantes notamment, de porter un diagnostic intégré comprenant
un épithélium malpighien non kératinisant. Cette tumeur pré- plusieurs niveaux de diagnostic : un diagnostic histopatholo-
sente une mutation V600 du gène BRAF. Le craniopharyngiome gique, un diagnostic ou des données moléculaires et enfin un
adamantin présente un épithélium malpighien avec présence de diagnostic intégrant l’ensemble de ces données et des données
palissade et de kératine « sèche », en immunohistochimie il y a cliniques (âge, localisation et imagerie).
une internalisation nucléaire de la ␤-caténine. Récemment, l’analyse de la méthylation de l’ADN a permis
Parmi les autres tumeurs de la région sellaire, hors adé- de mieux comprendre, classer et individualiser certaines tumeurs
nome hypophysaire, les tumeurs neurohypophysaires comme le difficilement classables sur l’histopathologie ou piégeuses. La
pituicytome, la tumeur à cellules granuleuses de la région sel- place de cette technique en pratique diagnostique courante
laire, et l’oncocytome à cellules fusiformes sont caractérisées par mérite d’être mieux précisée mais elle semble être d’un apport
l’expression de TTF-1 en immunohistochimie [65] . considérable dans les cas dont le diagnostic est difficile en histo-
pathologie [71] .

Lymphomes et tumeurs hématologiques


 Consensus c-IMPACT,
Les lymphomes primitifs du SNC sont pour 98 % des
lymphomes B diffus à grandes cellules de type « non centrogermi- perspectives futures
natif » selon l’algorithme immunohistochimique de Hans et sans
expression d’Epstein-Barr virus. Ils présentent un agencement Les données scientifiques et les connaissances des tumeurs
périvasculaire avec envahissement des espaces de Virchow-Robin cérébrales évoluent extrêmement rapidement, et des suggestions
et s’accompagnent d’un certain degré de gliose (Fig. 18) [66–68] . Les de consensus entre la parution de deux classifications OMS
plus rares lymphomes intravasculaires ont parfois une présenta- afin de donner un cadre nosologique commun ou des notions
tion clinique trompeuse sous la forme d’une démence et ont un de terminologie commune sont proposées. À ce jour, il y a
pronostic sombre. six consensus c-IMPACT-NOW parus, qui devraient préfigurer
D’autres tumeurs hématologiques plus rares peuvent atteindre certains changements de la prochaine classification OMS. Les
le système nerveux central, on peut citer par exemple la maladie principales propositions de ces consensus sont résumées dans le
de Rosai-Dorfman qui peut mimer radiologiquement un ménin- Tableau 8 [6, 7, 12, 14, 17, 36] .
giome [69] .

Métastases “ Points essentiels


Les métastases cérébrales sont des tumeurs du SNC et sont
dominées par les localisations secondaires d’adénocarcinomes • Examen histologique des tumeurs gliales infiltrantes
essentiellement bronchopulmonaires, mammaires, plus rarement • Anomalies génétiques des tumeurs gliales infiltrantes et
de mélanomes [70] . L’histopathologie peut évoquer dans certains notion de diagnostic intégré
cas l’origine, mais l’immunohistochimie est essentielle pour le • Examen histologique des astrocytomes pilocytiques,
diagnostic dans les tumeurs peu différenciées et permet parfois de gangliogliomes et xanthoastrocytomes pléiomorphes
déterminer le site probable d’origine grâce à certains marqueurs. • Anomalies génétiques des astrocytomes pilocytiques,
Enfin, pour certains types tumoraux il est recommandé de préser- gangliogliomes et xanthoastrocytomes pléiomorphes
ver au maximum le matériel tumoral pour effectuer les analyses
moléculaires et immunohistochimiques à visée thérapeutique.

 Génétique des tumeurs  Références


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Désormais, comme présenté précédemment, certaines entités franc¸aise de neuropathologie. Réseau de neuro-oncologie pathologique.
sont définies par la présence d’une ou plusieurs altérations molé- Ann Pathol 2012;32:318–27.
culaires spécifiques. Par exemple, l’oligodendrogliome est défini [5] Louis DN, Perry A, Reifenberger G. The 2016 WHO classification of
par l’association d’une mutation d’IDH et d’une codélétion 1p19q. tumors of the central nervous system. 2016.
À l’inverse, certaines altérations sont fréquemment rencontrées [6] Louis DN, Wesseling P, Paulus W. cIMPACT-NOW update 1: Not
dans certains types tumoraux mais non spécifiques. C’est par Otherwise Specified (NOS) and Not Elsewhere Classified (NEC). Acta
exemple le cas de la fusion KIAA1549-BRAF classiquement obser- Neuropathol 2018;135:481–4.
vée dans les astrocytomes pilocytiques, mais pouvant également [7] Ellison DW, Hawkins C, Jones DT. cIMPACT-NOW update 4: dif-
être observée dans les tumeurs glioneuronales diffuses leptomé- fuse gliomas characterized by MYB, MYBL1, or FGFR1 alterations or
ningées par exemple. BRAFV600E mutation. Acta Neuropathol 2019;137:683–7.
[8] Reuss DE, Sahm F, Schrimpf D. ATRX and IDH1-R132H immunohisto-
Certains anticorps permettent d’appréhender la présence ou
chemistry with subsequent copy number analysis and IDH sequencing as
non d’une mutation. Par exemple, l’anticorps anti-IDH1R132H ne a basis for an “integrated” diagnostic approach for adult astrocytoma, oli-
détecte que la mutation R132H d’IDH1 mais ne permet pas de godendroglioma and glioblastoma. Acta Neuropathol 2015;129:133–46.
détecter les autres mutations : celles d’IDH2 et les mutations mino- [9] Appay R, Dehais C, Maurage C-A. CDKN2A homozygous deletion is a
ritaires (rares) d’IDH1. strong adverse prognosis factor in diffuse malignant IDH-mutant gliomas.
Les principales altérations moléculaires des gliomes infiltrants Neuro Oncol 2019;21:1519–28.
ainsi que des tumeurs glioneuronales les plus fréquentes sont résu- [10] Shirahata M, Ono T, Stichel D. Novel, improved grading system(s) for
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EMC - Neurologie 19
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F. Forest (f.forest@univ-st-etienne.fr).
P. Dal-Col.
Service d’anatomie et cytologie pathologiques, Hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, avenue Albert-Raimond, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France.
R. Appay.
Service d’anatomie pathologique et neuropathologie, CHU Timone, AP–HM, 264, Rue Saint-Pierre, 13005 Marseille, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Forest F, Dal-Col P, Appay R. Examens cytologique, histologique, immunohistochimique et génétique
des tumeurs du système nerveux central. EMC - Neurologie 2021;44(1):1-21 [Article 17-210-B-10].

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