Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Nous avons étudié les caractéristiques des liaisons covalentes, qui assurent la stabilité des molécules ; il existe également des liaisons dites
faibles, ou liaisons physiques, mettant en jeu des énergies plus faibles. Elles sont de 2 types, que nous étudierons en détail dans ce chapitre : les
liaisons de Van Der Waals et les liaisons hydrogène. Ces interactions sont très importantes pour expliquer certaines propriétés de matériaux,
notamment la cohésion de certains cristaux moléculaires et l’existence de certaines structures, les valeurs des températures de vaporisation, les
propriétés des solvants, leurs miscibilités entre eux, les solubilités des différentes espèces chimiques dans tel ou tel solvant.
C) Aspect énergétique
1) Description générale
Comme pour les liaisons chimiques, il existe différentes forces
d’interaction intermoléculaires1, impliquant l’existence d’une
distance d’équilibre dite longueur de liaison de Van der Waals.
1Il y a l’énergie potentielle des forces attractives de Van Der Waals (origine électromagnétique) en 1/r6 : attraction à très courte portée, et les forces de répulsion
dues à l’impénétrabilité des molécules qui augmentent d’autant plus que la distance intermoléculaire décroît, jusqu’à devenir plus répulsives que les forces de
Van der Waals ne sont attractives (énergie potentielle de répulsion forte en 1/r12).
Chapitre CI.4 : Liaisons de Van Der Waals et liaison hydrogène ; étude des solvants Sonia Najid – Lycée Corneille MPSI 2018-2019 1
Longueur 𝓵𝑽𝒅𝑾 de la liaison de Van der Waals : distance intermoléculaire ℓ𝑉𝑑𝑊 d’équilibre (minimum d’énergie potentielle
du système), de l’ordre de 200 à 500 pm.
Energie 𝑬𝑽𝒅𝑾 des liaisons de Van der Waals : relativement faible, de l’ordre de 1 à 10 kJ.mol-1.
Les constantes physiques (températures de fusion, d’ébullition…) sont liée à l’importance des forces intermoléculaires : plus
ces forces sont importantes et plus les constantes physiques sont élevées.
Plus les molécules ont une taille importante et plus les forces de Van Der Waals sont importantes puisqu’elles sont dues à
des interactions électroniques.
Exemples :
Etat physique des halogènes à température ambiante :
Difluor et dichlore gazeux, dibrome liquide et diiode solide (Températures de
fusion et d’ébullition augmentant avec les masses molaires).
Température d’ébullition des alcanes augmentant avec leur masse molaire.
2) Miscibilité de solutions
Les particules pour lesquelles l’effet London est majoritaire et celles pour
lesquelles l’effet Keesom est majoritaire ont tendance
à se regrouper entre elles dans un mélange, et ne seront donc que partiellement miscibles ou immiscibles les unes avec les autres3.
Deux liquides ne sont ainsi pas immiscibles du fait de répulsions mais du manque d’attraction entre eux.
Solubilité d’un composé dans un solvant : composé soluble s’il lui est possible de créer des interactions de même force entre
ses molécules et celles du solvant que celles qui existaient entre les molécules du solvant seul.
Exemples : solubilité de l’éthanol et de l’ammoniac dans l’eau, du beurre dans de l’huile, mais pas de l’huile dans l’eau.
2 Le moment dipolaire sera modifié par les autres molécules (moment dipolaire induit), et le nuage électronique de la molécule polaire n’étant pas statique, des
phénomènes d’apparition de moments dipolaires instantanés peuvent avoir lieu).
3
Elles se mélangeraient si l’effet Debye était plus favorable que les effets London ou Keesom, ce qui n’est jamais le cas
4 Cristaux moléculaires : (benzène, gaz rares) dont les différentes molécules ne sont liées par aucune liaison covalente : la stabilité du cristal est assurée par
Chapitre CI.4 : Liaisons de Van Der Waals et liaison hydrogène ; étude des solvants Sonia Najid – Lycée Corneille MPSI 2018-2019 2
II. LA LIAISON HYDROGENE
A) Définitions
1) Formation d’une liaison hydrogène
Liaison hydrogène5 : elle se forme entre un hydrogène lié par une liaison
covalente à un atome A très électronégatif et un doublet non liant d’un atome
B également très électronégatif et de petite taille (A et B : F, O ou N ; beaucoup
plus rarement : Cl ou S). A------H ….. IB
Energie de liaison de la liaison hydrogène : 10 à 50 kJ.mol-1 (nettement plus faible qu’une liaison covalente usuelle, mais
beaucoup plus important que les interactions de Van Der Waals).
Longueurs de liaison : liaison A-H un peu plus longue que dans la molécule isolée ; liaison H---B de l’ordre de 250 à 300 pm.
Géométrie : lorsque c’est possible, les 3 atomes A, H et B impliqués dans une liaison hydrogène sont alignés6.
Exemple : énergie de la liaison H entre le fluorure d’hydrogène et l’ion fluorure dans le cristal KHF2 : 96 kJ.mol-1.
2) Solubilité
L’eau et les molécules organiques sont généralement peu ou pas miscibles (cf. interactions de Van Der Waals).
Possibilité de former des liaisons hydrogène intermoléculaires entre les composés à dissoudre et le solvant, ce qui explique
l’existence de certains composés organiques hydrophiles (et leur absence de solubilité dans les solvants non polaires)
La présence de liaisons hydrogène intramoléculaires entraîne une diminution de la solubilité dans les solvants polaires.
Chapitre CI.4 : Liaisons de Van Der Waals et liaison hydrogène ; étude des solvants Sonia Najid – Lycée Corneille MPSI 2018-2019 3
4) Autres conséquences et applications
Elles sont très nombreuses et variées : stabilité des nœuds de lacets, existence des frottements solides, action des lessives et
savons, application des peintures, mouillabilité des surfaces (plumes de canard), etc.
Ionisation : Lorsque l’on met en solution dans certains solvants une molécule AB polaire, il se crée une interaction électrique entre la
molécule et le solvant, pouvant s’accompagner de la formation d’une paire d’ions (A, B).
Le solvant est alors dit ionisant (il exerce sur le soluté AB un effet ionisant)
Exemple : l’eau ou l’acide éthanoïque sont des solvants ionisants
b) Solvants dissociants
Effet d’écrantage du solvant : d’autant plus important que r est élevée, impliquant une séparation des 2 charges. Dans le cas
des paires d’ions, on parle de dispersion ou de dissociation.
Solvant peu dissociant (r < 15-20) : les ions restent en partie sous forme de paires.
Solvant très dissociant7 (r > 40) : il n’existe pas de paires d’ions en solution (tous les ions sont séparés).
Solvolyse (hydrolyse dans le cas de l’eau) : association des étapes d’ionisation et de dispersion.
3) Solvatation
a) Généralités
Réaction de dissolution d’un composé liquide A dans un solvant S (Aliquide pur = Adissous avec, en général, conservation de l’identité du soluté) : les
forces intermoléculaires sont partiellement détruites et il se crée des interactions (dites de solvatation) entre les molécules de A passées en
solution et les molécules de solvant S, qui stabilisent le composé A dissous et déplacent donc de manière importante l’équilibre de dissolution
dans le sens direct.
Ce sont en général les interactions faibles (interactions électrostatiques ion-dipôle, liaisons de Van der Waals ou liaisons H) qui rendent cette
association possible, et ce en fonction de la nature du solvant et des solutés considérés.
7 Les solvants dissociants sont de bons solvants des molécules polaires et des ions. L’eau en particulier est un solvant très dissociant (r = 80), qui dissocie très bien
les paires d’ions en affaiblissant l’interaction entre les ions positifs et négatifs
Chapitre CI.4 : Liaisons de Van Der Waals et liaison hydrogène ; étude des solvants Sonia Najid – Lycée Corneille MPSI 2018-2019 4
Une espèce est d’autant plus hydratée que sa charge ou son moment dipolaire sont élevés et que sa taille est faible. La molécule
d’eau, de par ses propriétés électriques, solvate (ou hydrate) très bien les cations et les anions.
Glace (de type Wurtzig) Grand nombre de solides moléculaires, dimères d’acides carboxyliques ou d’amides.
Activité enzymatique :
La fixation des substrats sur les sites
catalytiques et la régulation
allostérique par le biais de fixation de
substrats se font via la formation de
liaisons faibles.
Chapitre CI.4 : Liaisons de Van Der Waals et liaison hydrogène ; étude des solvants Sonia Najid – Lycée Corneille MPSI 2018-2019 5
ANNEXE 2 : CARACTERISTIQUES DES PRINCIPAUX SOLVANTS
Chapitre CI.4 : Liaisons de Van Der Waals et liaison hydrogène ; étude des solvants Sonia Najid – Lycée Corneille MPSI 2018-2019 6