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Temps buccal de la déglutition salivaire.


Physiologie et principes de rééducation
I. Breton-Torres, L. Frapier, J.-H. Torres

La déglutition est une fonction évolutive, qui s’adapte à la maturation du système nerveux central et
périphérique, et aux modifications anatomiques locorégionales (langue, procès alvéolaires, dents, os
hyoïde), au cours de la vie, de la naissance à l’âge adulte. Son premier temps, buccal, est une praxie,
accessible par conséquent aux techniques de rééducation. Les dyspraxies de la déglutition s’intègrent
dans le cadre plus général d’un équilibre musculaire orofacial, perturbant les rapports
maxillomandibulaires et alvéolodentaires. La rééducation musculaire de la déglutition s’impose chaque
fois qu’une anomalie du comportement neuromusculaire constitue l’élément étiopathogénique essentiel
de la dysmorphie et/ou de la malocclusion. L’objectif de la rééducation consiste non seulement à corriger
la dysfonction linguale, mais aussi à permettre au patient, par un travail proprioceptif de tonification
musculaire et d’automatisation, de s’adapter à un nouvel équilibre fonctionnel qui sous-entend aussi une
ventilation nasale et une posture cervicofaciale physiologique. C’est à l’orthodontiste qu’il appartient de
dépister les dyspraxies. Il lui faut ensuite s’impliquer avec le rééducateur dans une prise en charge
individualisée et efficace, indispensable à la stabilité du traitement orthodontique à long terme.
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Mots clés : Rééducation ; Déglutition ; Praxie ; Orthodontie ; Langue

Plan maturation du système nerveux central et périphérique, et au


développement des structures anatomiques locorégionales
¶ Introduction 1
(langue, procès alvéolaires, dents, os hyoïde).
Son premier temps, buccal, est une fonction nutritionnelle du
¶ Rappel physiologique 2
système stomatognathique, au même titre que la mastication.
Muscles en présence 2
Considérée comme un réflexe in utero, elle devient ensuite une
Muscles et morphogenèse faciale 3
praxie, car elle intègre petit à petit un contrôle volontaire après
Déglutition physiologique 3
la naissance. Cette fonction peut, de ce fait, être l’objet d’un
¶ Déglutition dysfonctionnelle 4 apprentissage : elle est donc accessible à la rééducation.
Étiologies de la déglutition dysfonctionnelle 4 La déglutition physiologique peut présenter des déviations
Dysfonctions associées 4 dysfonctionnelles (plus particulièrement dans son premier
Conséquences de la déglutition dysfonctionnelle sur la croissance temps), sans pour autant entraver l’accomplissement de la
alvéolodentaire 5 fonction de transport alimentaire. En revanche, la répétition des
¶ Rééducation des dyspraxies de la déglutition 5 anomalies de la dynamique musculaire de la déglutition est
Bilan fonctionnel 6 considérée comme l’une des causes de perturbation du dévelop-
Rééducation 8 pement des procès alvéolaires et des bases osseuses des maxil-
¶ Conclusion 11 laires. Ces anomalies s’intègrent plus globalement dans un
trouble du comportement musculaire stomatognathique, qui
.
met en scène le tonus et les postures de repos des muscles de la
lèvre, des joues, de la langue, dans l’accomplissement des
■ Introduction grandes fonctions de la sphère orofaciale (notamment la
ventilation, la phonation, la mastication).
La déglutition est une fonction qui intéresse trois étages S’il est encore normal à la naissance d’observer la pointe
anatomiques différents : la cavité buccale, le pharynx, l’œso- linguale s’interposer entre les arcades alvéolodentaires, à partir
phage. Elle met en jeu des effecteurs musculaires et des com- du 5e mois, la pointe de la langue doit progressivement reculer
mandes nerveuses spécifiques et caractérisées selon ces étages, et et se verticaliser pour adopter une position papillaire rétro-
dont le but conjoint est le transport des aliments conditionnés incisive vers le 8e mois. Dès l’âge de 2 ans, la prononciation des
vers l’estomac. C’est la fonction coordonnée la plus précoce, palatales doit être acquise avec une position de repos linguale
puisqu’elle débute dès le 3e mois in utero, suivant ainsi de au palais. En fait, dès l’apparition de la manducation, c’est
2 semaines l’ébauche de la succion, et alors qu’aucun stimulus l’occlusion dentaire qui passe au premier plan : la mise en jeu
nutritionnel n’est encore présent. La déglutition est une coordonnée des muscles masticateurs et des élévateurs du
fonction évolutive ; elle s’adapte, au cours de la croissance, à la « dôme lingual » témoigne de ces acquisitions motrices.

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Dès lors, la langue cesse de s’interposer entre les arcades. Au Le géniohyoïdien, aplati de haut en bas, relie la partie
cours de la déglutition, les lèvres doivent rester en contact, mais postérieure de la symphyse mandibulaire à l’os hyoïde. Son
passivement, sans tensions ni contractions. insertion hyoïdienne entoure celle de l’hyoglosse.
Lorsque ce n’est pas le cas, la déglutition est dysfonctionnelle Le mylohyoïdien est tendu depuis la face interne du corps
et chaque fois que la langue s’interpose entre les arcades, avec mandibulaire, en haut, à l’os hyoïde en bas et au raphé médian.
plus ou moins d’appui dentaire, elle est à l’origine de troubles
transversaux, verticaux et sagittaux plus ou moins importants Élévateurs de la mandibule
selon la tonicité des muscles compresseurs des parois, labio-
jugaux et mentonniers. Lorsque la langue s’appuie sur les Pendant la déglutition, le temporal, le masséter, le ptéry-
incisives, elle est à l’origine de proalvéolies incisives. Lorsqu’elle goïdien médial, muscles puissants de la mastication, intervien-
s’interpose, elle peut engendrer des béances alvéolodentaires. nent lors du passage de la position de repos mandibulaire à la
Lorsqu’elle est basse, elle ne stimule pas le système sutural position d’intercuspidation maximale, laquelle, en l’absence
maxillaire et peut expliquer son hypodéveloppement osseux et d’anomalie occlusale, est superposable à la relation myocentrée.
d’une façon relative l’hyperdéveloppement mandibulaire. Dans Ce chemin de fermeture représente un trajet court, et ne
les cas de classe II division 2, à l’état de repos, la pointe linguale nécessite qu’une force musculaire faible et un temps de contact
est basse sur le plancher buccal, la base linguale « en crosse » se bref.
trouve dans la profondeur de la voûte et n’équilibre pas la
pression labiale excessive, d’où la rétroalvéolie incisive. Lors de
Protracteur de la mandibule
la déglutition, elle s’étale latéralement et explique la profondeur
de la courbe de Spee. Le ptérygoïdien latéral s’insère, pour son faisceau supérieur,
La rééducation de ces dyspraxies est par conséquent une sur la moitié interne des faces latérales du sphénoïde, pour son
discipline primordiale et conjointe à toute thérapeutique des faisceau inférieur, sur la face externe de l’apophyse ptéry-
dysmorphies maxillofaciales dont l’étiologie est dysfonction- goïdienne du palatin. Ses deux faisceaux entraînent le disque
nelle. Et, par-delà l’objectif de rééducation de la déglutition, il articulaire et le condyle mandibulaire imprimant à la mandibule
est essentiel d’obtenir aussi une position de repos de la langue, des mouvements de propulsion et latéralité permettant ainsi un
une ventilation nasale, une mastication solide et une posture broyage des aliments.
cervicofaciale équilibrées au risque de ne pouvoir pérenniser le
résultat d’un traitement orthodontique. Le temps buccal est le Sangle périphérique
seul temps de la déglutition accessible aux techniques de
rééducation. À ce titre, il doit être systématiquement observé Le buccinateur : il tire en arrière la commissure, et creuse les
lors de l’examen clinique d’une dysmorphie maxillofaciale. joues en les appliquant contre les arcades dentaires.
Le mentalis (anciennement houppe du menton) et le dépres-
seur de la lèvre inférieure (carré du menton) constituent une
■ Rappel physiologique sangle musculaire, recouvrant le menton osseux.
Ils naissent de part et d’autre de la ligne médiane, des saillies
Muscles en présence alvéolaires des deux incisives et de la canine. Les deux muscles
se dirigent en bas, s’épanouissant comme une houppe, et
Langue [1-3] s’attachent à la peau du menton. Le mentalis élève le menton
et la lèvre inférieure. Le dépresseur de la lèvre inférieure abaisse
La langue est un ensemble musculaire, soutenu par une en bas et en dehors la moitié correspondante de la lèvre
charpente ostéofibreuse, formée par l’os hyoïde, la membrane
inférieure.
hyoglossienne et le septum lingual. Comme l’exige sa situation
Le muscle abaisseur de l’angle commissural (anciennement
à un carrefour tant anatomique que fonctionnel, elle est en
triangulaire des lèvres) s’insère à sa base sur la partie antérieure
rapport avec des structures variées, toutes mobiles (mandibule,
de la ligne oblique externe de la mandibule, au-dessous de
os hyoïde, épiglotte, pharynx, voile du palais), sauf la base du
crâne (par le muscle styloglosse). l’attache du carré du menton. Puis les fibres charnues se
Elle est constituée de huit muscles pairs et d’un muscle dirigent vers la commissure labiale, entre les fibres des zygoma-
impair : tiques et des releveurs (fibres superficielles) et celles du bucci-
• le génioglosse a une action qui situe la langue sur le plancher nateur (fibres profondes) qui s’entrecroisent.
buccal ; par ses fibres antérieures, il attire la pointe en arrière Il se fixe à la peau de la commissure et de la lèvre supérieure.
et en bas, par ses fibres postéro-inférieures, il dirige l’os Il tire la commissure en bas et en dehors.
hyoïde et la base de langue vers le haut ; Les orbiculaires des lèvres : ils constituent le sphincter
• l’hyoglosse abaisse et rétracte la langue ; annulaire labial ou « orbiculaire interne ». Ils déterminent
• le styloglosse élargit la langue et porte la langue en haut et l’occlusion labiale. Les faisceaux horizontaux de la lèvre
en arrière ; supérieure s’intriquent et s’unissent aux faisceaux homologues
• le palatoglosse élève le corps lingual et abaisse le voile ; en de la lèvre inférieure.
rétrécissant ainsi l’isthme du gosier, il canalise le bol alimen- Le muscle compresseur des lèvres : il peut être décrit avec
taire ; l’orbiculaire des lèvres. Il est constitué de faisceaux musculaires
• le longitudinal (ou lingual) supérieur, seul muscle impair, étendus d’avant en arrière autour de l’orifice buccal et à travers
abaisse et raccourcit la langue ; les fibres de l’orbiculaire interne, de la face profonde de la peau
• le longitudinal (ou lingual) inférieur abaisse et rétracte la à la face profonde de la muqueuse buccale. Il comprime les
langue ; lèvres d’avant en arrière. Particulièrement développé chez le
• le pharyngoglosse élève la langue vers l’arrière ; nourrisson, il intervient activement dans la succion.
• l’amygdaloglosse, inconstant, a une action semblable au Le muscle peaucier du cou (platysma) : il recouvre la région
précédent ; antérolatérale du cou et la partie inférieure de la face. Ses
• le transverse n’a aucune insertion osseuse, il allonge et origines se situent sur la peau des régions acromiale, deltoï-
rétrécit la langue. dienne et sous-claviculaire par des fibres charnues et incons-
tamment sur la gaine aponévrotique du trapèze et sur les
Abaisseurs de la mandibule aponévroses mastoïdiennes et massétérines. Les deux peauciers
Le digastrique est caractérisé par une double insertion osseuse se rapprochent progressivement de bas en haut et leurs fibres
et par un relais sur l’os hyoïde ; il intervient dans la succion- antérieures s’entrecroisent sur la ligne médiane au voisinage du
déglutition du nourrisson, par l’abaissement mandibulaire, en menton.
synergie avec le muscle hyoglosse qui abaisse et rétracte la Il attire en bas la peau du menton et abaisse la commissure
langue. Il est aussi rétracteur de la mandibule. labiale.

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Muscles et morphogenèse faciale il s’agit ici d’un antagonisme fonctionnel, car les relais sont
polysynaptiques, entre des noyaux différents du système
Système musculoaponévrotique superficiel nerveux central.
(SMAS) [4, 5]
Action des muscles sur les bases osseuses [4-10]
Il est essentiellement formé par les muscles peauciers de la
face. Leur action morphogénétique s’exerce surtout du bord Depuis les travaux de Petrovic, Mac Namara, Bjørk, Delaire,
inférieur des orbites au corps de la mandibule et latéralement Van Limborgh, on sait que l’action extrinsèque des muscles
aux sommets des os malaires. De haut en bas, ils forment intervient sur la croissance osseuse, tant mandibulaire que
schématiquement, trois anneaux unis les uns aux autres. maxillaire.
Le 1er anneau (nasal) est formé par les muscles élévateurs Maxillaire
(superficiels et profonds) de la lèvre supérieure, les ailes et les
transverses du nez (constricteur des narines). Ces muscles Dans le sens sagittal. Selon Delaire, le maxillaire, appendu à
assurent à la fois les mouvements des narines et le soutien de la partie antérieure du crâne, présente une croissance soumise,
la lèvre supérieure. non seulement au contenu crânien et orbitaire, au cartilage
Le 2e anneau (labial) est formé par les muscles orbiculaires septal et à la capsule nasale, mais aussi à la traction du ligament
supérieurs et inférieurs. Il assure les mouvements de projection septo-pré-maxillaire, aux muscles nasolabiaux et aux forces de
et de compression des lèvres entre elles et contre les éléments manducation. Cette croissance sagittale est corrélée à l’avancée
dentoalvéolaires sous-jacents. maxillaire.
Dans le sens vertical. La croissance est également liée à celle
Le 3e anneau (mentonnier) est formé en dehors par l’orbicu-
de la mandibule par l’intermédiaire, sur le plan antérieur, des
laire (triangulaire) des lèvres, et les abaisseurs de la lèvre
muscles labiojugaux et sur le plan postérieur, des muscles du
inférieure et de la commissure (le carré du menton), en dedans
voile.
par le muscle mentonnier (la houppe du menton) et les éléva-
Dans le sens transversal. La croissance est soumise à celle de
teurs de la lèvre inférieure.
la capsule nasale et de la suture médiopalatine qui répond aussi
Les abaisseurs de l’angle (triangulaires) participent au contrôle
à la pression linguale lors de la manducation. Le développement
de la position verticale et transversale du menton. Les muscles
sinusien est assujetti aux pressions linguales et occlusales. Le
abaisseurs de la lèvre inférieure et mentonniers (carré du
prémaxillaire est quant à lui soumis à l’écartement des deux
menton et de la houppe du menton) unissent la lèvre inférieure
hémimaxillaires, à l’évolution des incisives, à l’activation de la
à l’éminence mentonnière et le menton cutané à la région
suture médiane par le septum labial, aux pressions de la pointe
alvéolaire incisive inférieure.
linguale et aux muscles nasolabiaux.
L’ensemble de ces trois anneaux et les muscles qui s’insèrent
sur les versants externes de l’anneau labial (canins, zygomati- Mandibule
ques, buccinateurs) exercent sur le squelette sous-jacent des
pressions qui s’ajoutent à l’aspiration créée par la bascule La singularité du cartilage condylien est de présenter une
postérieure de la langue. Ces pressions contribuent activement croissance (par chondrification de son périoste) dont la direc-
à la résorption modelante des régions paranasales maxillaires et tion est soumise aux sollicitations musculaires et posturales.
du corps mandibulaire, et inversement au relief de l’arête nasale, Avec l’apparition des dents, ce sont les mouvements de
l’épine nasale et la symphyse mentonnière. propulsion et latéralité, imprimés à la mandibule par les muscles
ptérygoïdiens latéraux lors de la mastication, qui influencent la
croissance condylienne. Le corps mandibulaire possède une
Système musculoaponévrotique profond
zone de croissance propre, indépendante de la croissance des
(SMAP) [4, 5] branches montantes, située proche du ligament sphéno-
Il est composé : mandibulaire.
• des muscles peauciers profonds : le releveur profond de l’aile En résumé, la croissance mandibulaire dépend :
du nez et de la lèvre supérieure, le canin, le buccinateur, le • des mouvements de propulsion pour le développement du
muscle abaisseur de la lèvre inférieure et de l’orbiculaire condyle et des branches montantes ;
interne ; • des postures et fonctions linguales pour le corps mandibu-
• d’éléments aponévrotiques : l’aponévrose buccinatrice s’insère laire ;
sur les bords alvéolaires maxillaire et mandibulaire et sur le • de la posture céphalique pour sa synchronisation avec la
ligament ptérygomandibulaire. Elle se prolonge par l’aponé- croissance de l’ensemble des éléments du squelette craniofa-
vrose péripharyngienne assurant la continuité de « l’anneau cial (chaînes cervicale postérieure, vélo-pharyngo-linguale,
buccinateur ». Elle s’unit à l’aponévrose intrapharyngienne faciale superficielle).
au-dessus du constricteur supérieur et se fixe donc à la base
du crâne ; elle détache deux extensions au niveau des angles Déglutition physiologique
latéraux du pharynx, rejoignant ainsi l’aponévrose préverté-
brale et le diaphragme stylien ; Définition
• de l’orbiculaire interne : il occupe le long du bord libre la
moitié de chaque lèvre. Ses fibres se fixent après entrecroise- La déglutition physiologique est l’acte par lequel le contenu
ment avec celles du côté opposé à la peau et à la muqueuse buccal (salive, liquide ou bol alimentaire) est propulsé de la
de la commissure. Il existe une continuité entre buccinateur bouche vers l’estomac [11].
et orbiculaire. C’est la première fonction coordonnée qui apparaît dès la
13e semaine de la vie intra-utérine. Le fœtus déglutit le liquide
amniotique. Cette activité précoce est innée, génétiquement
Action des muscles sur les procès alvéolaires
déterminée dans le câblage neurologique qui la régit. On oppose
Si la quantité et le rythme de croissance dépendent du classiquement la succion-déglutition du fœtus et du jeune
système endocrinien [6], la direction de la croissance des procès enfant (ou de type primaire) et la déglutition de type adulte ou
alvéolaires, dans les trois sens de l’espace, est exclusivement mature (de type secondaire). Cette dernière constitue en fait une
assujettie aux forces qui s’y exercent. Selon Cauhépé et al. [6], les adaptation comportementale à l’apparition des dents et à la
procès alvéolaires s’équilibrent dans un couloir où s’annulent les descente de l’os hyoïde. Cette évolution est également rendue
pressions musculaires de groupes antagonistes comme langue- possible par la maturation conjointe du système nerveux (la
orbiculaire et langue-buccinateur. Physiologiquement, pour que myélinisation de la voie pyramidale, vecteur de la motricité
l’équilibre soit stable, ce couloir doit être le même, tant au repos volontaire, se poursuit au-delà de la première année de vie
qu’en fonction. À la différence de l’antagonisme qui régit les extra-utérine). Chez l’enfant au-delà de 8-10 ans et chez
muscles de posture, où les relais synaptiques sont courts et l’adulte, on préfère les termes de déglutition fonctionnelle et de
situés dans le prolongement des mêmes colonnes médullaires, déglutition dysfonctionnelle [12].

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Physiologie L’apparition de la denture temporaire modifie le comporte-


ment nutritionnel. La mastication apparaît et la dynamique
La déglutition survient 500 à 1 200 fois par jour chez le jeune linguale s’inverse : c’est la base de la langue qui s’immobilise et
adulte et dure environ 1 seconde. la pointe qui devient mobile. L’orbiculaire des lèvres perd son
Pour éviter le passage du bol alimentaire dans les voies rôle de joint puissant pour jouer celui d’obturateur qui nécessite
aériennes, cet acte nécessite l’arrêt de la respiration et la une contraction modérée. L’enfant intègre de nouvelles sensibi-
fermeture des cavités naturelles postérieures par lesquelles lités proprioceptives issues des ligaments alvéolodentaires. Ceci
transite le flux ventilatoire. permet la transmission de mouvements plus précis.
La déglutition se déroule en quatre temps dont trois mettent Cependant, la projection linguale cesse rarement à ce stade.
en jeu des structures oropharyngées : la préparation de la Elle est soit glissée entre les arcades, soit comprimée contre les
déglutition, le temps buccal, le temps pharyngien, le temps incisives, avec étalement de sa base entre les molaires.
œsophagien. En denture mixte, les premières molaires permanentes
Dans la préparation à la déglutition, la langue se trouve à contribuent à agrandir la « boîte à langue » [13, 14], et à atténuer
l’intérieur des arcades, sa pointe en appui palatin antérieur et sa la disproportion volumétrique entre contenu et contenant.
base en contact avec le voile du palais. Les dents sont en contact lors de la déglutition, avec contrac-
Le temps buccal est volontaire et conscient. Cette phase peut tion palpable des masséters.
être déclenchée ou arrêtée à volonté jusqu’au franchissement de La langue s’adapte à ses nouvelles délimitations.
l’isthme du gosier. La mobilité linguale augmente, grâce à la modification de
Une fois le bolus insalivé et mastiqué, il est rassemblé sur le l’orientation des fibres musculaires extrinsèques, qui se vertica-
dos de la langue. La mandibule s’immobilise par contraction des lisent par la descente de l’os hyoïde.
temporaux postérieurs et la respiration s’arrête. Les masséters se À la chute des dents temporaires, une déglutition archaïque
contractent, la mandibule s’élève et les dents entrent en peut momentanément réapparaître du fait de la brèche. Puis, la
contact. La pointe de la langue s’élève alors par contraction du mise en fonction des incisives et surtout des canines ainsi que
mylohyoïdien. Celle-ci affleure la papille palatine, prend appui la descente de l’os hyoïde, au cours de la croissance, contribuent
en arrière des incisives supérieures. Les bords latéraux de la à parachever la maturation de la déglutition.
langue sont au contact des collets des dents, sans y prendre La déglutition de l’adulte, en dehors de toute pathologie,
appui, sans interposition entre les arcades. Les lèvres doivent correspond à la déglutition physiologique décrite précédemment.
être jointes, au repos, sans contraction des muscles du menton.
La langue réalise ainsi la fermeture antérieure de la cavité
buccale lors de la déglutition. ■ Déglutition dysfonctionnelle [13-16]

Simultanément, la contraction des 17 muscles linguaux


développe une onde péristaltique d’avant en arrière qui fait La déglutition atypique revêt différents aspects. Elle se
progresser le bol alimentaire vers le pharynx, le voile du palais caractérise le plus souvent par l’absence de contact dentaire et
étant alors élevé et rigidifié par les péristaphyllins médiaux. Le s’accompagne généralement d’une contraction exagérée des
bol atteint ainsi l’isthme du gosier, stade à partir duquel le lèvres et des muscles faciaux, et d’une projection linguale
processus ne peut plus être arrêté volontairement. L’os hyoïde antérieure ou latérale.
s’élève, l’épiglotte se ferme en « clapet » sur les voies On constate qu’à partir de la 6e ou 7e année, la pérennisation
respiratoires. des comportements oraux qui s’associent aux réflexes innés de
Les postures de repos de la langue, des lèvres et de la mandi- succion-déglutition, traduisent une immaturité motrice et/ou
bule servent de base de départ à la praxie de déglutition. affective. Souvent, s’installe une anarchie dans les différentes
Le temps pharyngien et le temps œsophagien sont ensuite activités musculaires à l’origine de plusieurs formes cliniques de
purement réflexes. déglutition dysfonctionnelle.
La déglutition évolue aux différents stades de la vie. Toutefois, on retrouve toujours un appui incorrect de la
Chez le nouveau-né, la succion-déglutition est inséparable de pointe de la langue, qu’il se fasse contre la face palatine des
la déglutition. On peut parler de réflexe inné de succion- incisives supérieures, la face linguale des incisives inférieures, ou
déglutition provoqué par des sensibilités nerveuses archaïques, des deux à la fois. La langue exerce une pression sur les dents,
permettant à l’enfant de se nourrir. Le temps buccal chez le s’insinue entre les incisives et se projette hors de la cavité
nourrisson se caractérise par le vide intrabuccal, la bouche étant buccale. L’occlusion dentaire nécessaire à l’immobilisation de la
utilisée comme pompe aspirante. Les muscles effecteurs mandibule n’est pas présente. L’absence de contraction des
concourent à créer et à maintenir ce vide. Au repos, la langue masséters nuit à la réalisation d’un bon péristaltisme.
occupe la totalité de la cavité buccale, interposée entre les
arcades, en contact latéralement avec les joues et antérieure- Étiologies de la déglutition dysfonctionnelle
ment avec les lèvres. La langue a une position très antérieure
On peut citer :
avec protrusion de sa pointe.
• l’hérédité neuromusculaire ;
L’étanchéité nécessaire est créée :
• l’allaitement au biberon et l’alimentation trop molle ;
• en avant, par la contraction labiale et la compression des
• les parafonctions (succion du pouce, onychophagie) ;
gencives autour du mamelon ou de la tétine ; la musculature
• les dysfonctions (la ventilation orale) ;
du menton induit l’élévation de la lèvre inférieure ;
• les troubles morphologiques de la langue (sa forme, son
• en arrière, par la fermeture de l’isthme du gosier, le voile
volume, sa position, sa mobilité) et les anomalies de l’envi-
s’abaissant et se plaquant contre la paroi pharyngée posté-
ronnement lingual. Une insertion du frein relativement trop
rieure. La langue joue le rôle de moteur de la pompe à vide,
proche de la pointe ou la brièveté du frein lingual entraînent
par un mouvement alterné et rythmique de protraction et de
aussi une position trop basse et trop antérieure de la langue ;
rétraction. Interviennent également tous les muscles abais-
• les troubles psychoaffectifs : la déglutition atypique traduirait
seurs (digastriques, ptérygoïdiens latéraux, mylohyoïdiens et
un refuge affectif et une difficulté à grandir.
jusqu’aux sternohyoïdiens et omohyoïdiens). La mandibule
est propulsée [12].
Vers le 12 e mois, apparaissent les premières traces d’un Dysfonctions associées
comportement dirigé actif : succion et déglutition se dissocient. La déglutition atypique est très souvent associée à une
Chez l’enfant, la déglutition dite transitoire débuterait vers ventilation orale et à une mastication dysfonctionnelle.
18 mois et se réaliserait progressivement jusqu’à 8 ans. À partir Lorsqu’il existe une ventilation orale, la langue s’éloigne du
de 18 mois environ, le rapport entre le volume lingual et celui palais et les muscles qui soutiennent le massif lingual se
de la cavité buccale tend à s’harmoniser : les maxillaires ont en relâchent (muscles tenseurs et élévateurs du voile, muscles sus-
effet une croissance relativement plus importante et l’édification hyoïdiens). Or, l’absence de contractions efficaces des muscles
des procès alvéolaires accompagne la première dentition. vélaires favorise le développement des végétations en bas, en

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avant et latéralement, ce qui autoentretient la dysfonction Dans les cas de dyspraxies, on peut retrouver :
linguale [17]. De plus, l’oropharynx est réduit du fait de l’hypo- • dans le sens vertical :
développement transversal maxillaire [18]. C une infraclusion incisive par infra-alvéolie maxillaire ou
Normalement, lors de la déglutition, la partie postérieure du mandibulaire, causée essentiellement par l’interposition
voile s’applique fermement contre les parois postérolatérales du linguale ;
cavum, ce qui est difficile chez les ventilateurs oraux. C une infraclusion molaire uni- ou bilatérale, caractérisée par
C’est encore plus difficile en décubitus dorsal et lors de un espace libre important au niveau des molaires en
certaines phases du sommeil, comme le sommeil paradoxal, où position de repos, une supraclusion incisive en occlusion.
il existe une atonie musculaire totale [19]. La partie postérieure Elle serait la conséquence d’une interposition latérale de la
de la langue peut venir en contact de la partie postérieure du langue ;
conduit pharyngé et si l’activité tonique des muscles dilatateurs • dans le sens sagittal :
du pharynx n’est pas suffisante lors de l’inspiration, un collap-
C une proalvéolie maxillaire avec vestibuloversion des
sus peut intervenir, à l’origine d’apnées plus ou moins sévères
incisives supérieures. Très souvent une interposition labiale
selon les microéveils et les épisodes de désaturation en oxygène.
inférieure est associée ;
D’une façon générale, pour éviter un collapsus, le patient
C une biproalvéolie avec double vestibuloversion des incisives
augmente son extension cervicocéphalique postérieure, posture
qui favorise une lordose cervicale. supérieures et inférieures toujours associée à une hypoto-
Il en résulte une étroitesse et une augmentation en hauteur nicité labiojugale ;
de l’oropharynx, avec migration caudale de l’os hyoïde et de la C une rétroalvéolie maxillaire dans un contexte d’hypertoni-
mandibule qui présente un hypodéveloppement de ses branches cité très forte de la sangle labiomentonnière ;
et une ouverture de l’angle mandibulaire [20, 21]. C une rétroalvéolie mandibulaire isolée ou accompagnée
Avec les travaux de Carlson, Mac Namara, Petrovic, Kanto- d’une proalvéolie supérieure. Elle est souvent le résultat de
maa et Hall, nous savons que la fonction articulaire est néces- la conjonction d’une déglutition atypique et de parafonc-
saire à la morphogenèse de l’articulation temporomandibulaire. tions (succion des lèvres, des doigts, onychophagie, etc.) ;
La mobilisation du condyle et du ménisque sur l’éminence • dans le sens transversal : une endoalvéolie maxillaire symé-
articulaire retarde l’ossification enchondrale et maintient le trique du fait d’un manque de stimulation des sutures
condyle jeune en activité préchondroblastique. palatines par la langue et d’une prédominance des muscles
En période de croissance, dans des conditions non physiolo- jugaux lors de la déglutition et de la mastication dysfonc-
giques (mauvaise posture cervicofaciale, ventilation orale, tionnelles. Très souvent il existe une latérodéviation mandi-
dysfonction linguale, mastication-succion, inocclusion labiale), bulaire dysfonctionnelle (syndrome de Cauhépé et Fieux). De
une hypoactivité des freins méniscotemporaux, des ligaments ce fait, l’occlusion est inversée d’une façon unilatérale avec
sphénomandibulaires, des ptérygoïdiens latéraux, et une installation progressive de rapports de classe II du côté de
prédominance des muscles abaisseurs, orientent l’activité
l’occlusion inversée. L’usure dentaire est asymétrique et
cartilagineuse condylienne qui produit un collier d’ossification
favorise une mastication unilatérale. Très vite, l’asymétrie
incliné vers l’arrière.
positionnelle s’accompagne d’asymétrie squelettique avec
Les plans d’occlusion subissent alors une rotation postérieure
contours mandibulaires et condyles asymétriques.
et le menton se développe dans le sens vertical [20, 21].
Dans les cas de déséquilibre des muscles masticateurs en faveur
des muscles abaisseurs et rétropulseurs de la mandibule, il existe
une faible participation des muscles propulseurs de la mandibule
(faisceau inférieur du ptérygoïdien latéral). Il en résulte une ■ Rééducation des dyspraxies
croissance condylienne à direction postérieure avec un faible
rendement du couplage squelettoblastes-préchondroblastes. La de la déglutition [25-27]

mandibule est alors courte et obtuse. Une bascule postéro-


inférieure de la base linguale risque de favoriser une classe II
La dyspraxie de la déglutition n’est jamais isolée. Elle entre
squelettique.
dans un triptyque dysfonctionnel incluant position de repos,
Lorsqu’il existe une obstruction nasale importante, les
déglutition et prononciation des palatales.
capacités adaptatives de la musculature paranasale sont dépas-
Avant d’envisager une rééducation des dyspraxies linguales et
sées et une ventilation orale de suppléance est nécessaire. C’est
labiales, il faut avoir éliminé toute anomalie anatomique des
ainsi que le patient perd l’étanchéité bilabiale nocturne et
effecteurs de la déglutition (absence d’anomalie du frein lingual,
souvent diurne. La fermeture labiale est alors obtenue au prix
volume normal de la langue, intégrité des voies nerveuses
d’une contraction du mentalis. Lors de la déglutition, l’activité
afférentes et efférentes, des centres nerveux bulbaires et
de l’enveloppe musculoaponévrotique faciale est également
corticaux) et tout obstacle à une ventilation nasale. Par ailleurs,
excessive avec de possibles conséquences osseuses et
dans les dyspraxies, la fonction de déglutition est conservée : il
parodontales [22-24].
n’y a pas de dysphagie, contrairement aux apractophagies (qui
Dans d’autres cas, la langue peut être non seulement avancée,
se définissent comme des dysphagies du premier temps de la
mais avec une pointe basse et propulsive, ce qui peut engendrer
déglutition malgré l’intégrité des fonctions motrices et
une classe III. Le défaut de stimulation maxillaire crée une
sensorielles).
hypoplasie progressive du maxillaire associée à une hyperacti-
Les dyspraxies de la déglutition s’intègrent dans un cadre
vité des ptérygoïdiens externes et peut conduire à une proman-
dibulie posturale susceptible de s’aggraver avec la croissance. dysfonctionnel orofacial, où interviennent les postures de repos
et le tonus de la langue, des lèvres, des muscles masticateurs,
des anomalies de la phonation et de la ventilation.
Conséquences de la déglutition Tout se passe comme s’il existait un retard de l’adaptation du
dysfonctionnelle sur la croissance comportement neuromusculaire à l’apparition des dents, une
lenteur au développement du schéma corporel, avec l’équiva-
alvéolodentaire lent, au plan neurophysiologique, d’un contrôle bulbaire du
La direction de la croissance des procès alvéolaires, dans le processus moteur.
sens vertical et vestibulolingual, est exclusivement assujettie aux La dysfonction peut atteindre tous les effecteurs musculaires
forces qui s’y exercent. Les procès alvéolaires s’équilibrent dans (langue, sangle périphérique, muscles masticateurs), et concer-
un couloir où s’annulent les pressions musculaires. ner leur posture de repos ou leur action.

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Figure 3. Interposition linguale latérale.

Figure 1. Inoclusion labiale en position de repos (A, B).


Figure 4. Indentation linguale latérale.

Figure 2. Aspiration lèvre inférieure.

Figure 5. Indentation linguale antéro-inférieure.

Bilan fonctionnel
Examen de la posture globale de repos La langue peut se trouver :
Examen de la posture labiale en « position de repos » • interposée entre les lèvres entrouvertes ;
. • basse, étalée entre les arcades ;
En principe, la position de repos correspond à des lèvres • basse, pointe de langue en dessous du plan occlusal, en appui
jointes sans effort ni crispation. sur le plancher buccal ;
.
Mais elles peuvent être en inocclusion. Le point stomion peut . • insérée dans une béance antérieure ;
aussi être situé trop haut par rapport au bord occlusal des • insérée dans une béance latérale (Fig. 3) ;
. incisives maxillaires (Fig. 1). • en appui contre les arcades dentaires ;
Les lèvres peuvent encore être interposées entre les arcades . • intercalée latéralement entre les arcades ;
. dentaires (Fig. 2) ou aspirées. • pointe en bas, le dos de la langue en contact avec le palais.
L’occlusion labiale peut nécessiter la contraction d’une ou des Dans le cas de supraclusie importante ou de décalage antéro-
deux lèvres, voire du mentalis. postérieur, la langue n’est pas visible. Néanmoins, des signes
d’appel linguaux sont à rechercher : un aspect festonné des
Examen de la posture linguale en « position de repos »
bords (Fig. 4) ou de la pointe de la langue (Fig. 5) permet
La partie terminale et dorsale de la pointe de langue doit être d’objectiver des appuis anormaux.
au contact des papilles palatines rétro-incisives.
Le praticien demande d’abord au patient de définir la posi- Examen de la fonction
tion de sa pointe de langue au repos, position que l’examina-
Recherche d’une dysfonction ventilatoire
teur objective ensuite. Les patients âgés de plus de 7 ans
arrivent d’ordinaire à définir eux-mêmes la position de leur C’est la mécanique respiratoire qui règle les postures linguale
langue. et labiale (et détermine verticalement la position de l’os
Si la position est bonne, le praticien aperçoit en général le hyoïde.)
dessous de la langue en écartant délicatement les lèvres du Le bilan nasopharyngé permet de rechercher une ventilation
patient. nasale stricte. Il s’attache à déceler d’éventuels obstacles à une
La langue peut aussi être basse, surtout si la respiration est bonne ventilation (cloison nasale déviée, végétations adénoïdes,
buccale ; l’examinateur aperçoit alors le dessus de la langue. grosses amygdales, etc.) qui obligent la langue à se déplacer vers

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Temps buccal de la déglutition salivaire. Physiologie et principes de rééducation ¶ 22-008-A-20

Figure 6. Position de repos. Figure 8. Projection de la langue au cours de la déglutition.

Figure 9. Indentation jugale.


Figure 7. Fin de la déglutition : contraction des muscles labiaux et
périlabiaux.

Examen endobuccal. Le praticien écarte légèrement les lèvres


l’avant pour dégager le carrefour aéropharyngien. La suppres- entre deux doigts (souvent, la déglutition est impossible les
sion de ces obstacles doit précéder toute thérapeutique lèvres sont maintenues écartées) et observe une projection de la
fonctionnelle. langue :
Chez certains patients, malgré l’absence d’obstacles mécani- • vers l’avant entre les lèvres : entre les arcades ;
ques, on observe une non-automatisation de la respiration • dans une béance antérieure associée : étanchéité apicale
buccale stricte. linguale dans les cas de rétrognathie mandibulaire ;
Une rééducation de la ventilation nasonasale doit donc • contre les dents (visible dans les diastèmes interdentaires) ;
toujours être associée à la rééducation linguale pour supprimer • latéralement ; antérieurement et latéralement (Fig. 8), l’inter-
le cercle vicieux autoentretenu [17]. position entre les arcades pouvant être uni- ou bilatérale.
Examen de la déglutition Il peut exister des interpositions latérales jugales, au repos ou
en fonction, qui sont difficiles à mettre en évidence clinique-
Lors de la déglutition, la langue peut s’interposer globalement
ment, mais qui peuvent être suspectées par l’observation d’une
entre les arcades ou plus partiellement : entre les secteurs
ligne de morsure jugale équivalente aux indentations linguales
antérieurs ou latéraux, bi- ou unilatéralement. Elle peut encore
prendre appui sur la face palatine des couronnes dentaires. (Fig. 9).
Il faut demander au patient d’avaler sa salive. Examen phonétique
Examen de la sangle périphérique. Observer l’activité des
muscles peauciers : toute contraction de la musculature labiale Il permet de mettre en évidence les appuis linguaux anor-
et périlabiale met en évidence une déglutition dysfonctionnelle. maux lors de la prononciation des différents phonèmes.
Elle signe en effet la pérennisation d’une succion-déglutition, Prononciation des palatales : au lieu de frapper les papilles
qui nécessite l’étanchéité de la cavité buccale (Fig. 6, 7). palatines, la langue s’antériorise et frappe les incisives, ou
Lors de la fonction, les contractions de l’orbiculaire sont s’interpose entre les arcades (on retrouve lors de la prononcia-
.
variables, entraînant parfois des mouvements complexes qui tion des palatales le même appui lingual que lors de la
peuvent associer le buccinateur et le mentalis (houppe du déglutition).
menton). Prononciation des sifflantes et des chuintantes : une absence
Il faut s’intéresser aux muscles masticateurs. En effet, lors de de rétrusion de la langue peut être substituée au mouvement
la déglutition, les muscles abaisseurs et élévateurs de la mandi- physiologique de recul sans appui incisif. On observe alors des
bule peuvent présenter un déséquilibre : appuis dentaires ou une interposition linguale entre les arcades.
• en synergie, avec une force musculaire développée excessive
Prononciation des labiales : toute dissymétrie de contraction
sur les élévateurs ;
• en synergie inversée : lors de la déglutition, la mandibule est des lèvres ou toute interposition labiale entre les arcades
immobilisée, par une action prépondérante des muscles dentaires doit être rééduquée.
abaisseurs, notamment le muscle digastrique, comme chez le Examen du frein labial
nourrisson ;
• en dyssynergie : les masséters se contractent en même temps Demander au patient de placer sa pointe de langue au palais
que les muscles sus-hyoïdiens ; à l’origine de ces contractions . et d’ouvrir la bouche au maximum. Un frein court peut être
déséquilibrées, on note des prématurités occlusales, causes de responsable d’une langue basse et trop avancée et réduire
dysfonctions de l’articulation temporomandibulaire. considérablement la mobilité linguale.

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• les adultes :
C ayant entrepris un traitement orthodontique ou chirurgi-
cal ;
C pour qui la gêne fonctionnelle liée au déséquilibre muscu-
laire est devenue intolérable (syndrome algodysfonc-
tionnel) [30].

Contre-indications à la rééducation
Contre-indications générales
Les atteintes globales du système nerveux central : la trisomie
21 dans ses formes sévères, une débilité profonde, etc. (car
l’éducation fonctionnelle requiert un minimum de compréhen-
sion et de mémoire).
Les atteintes organiques des centres neurologiques liées à des
troubles d’origine constitutionnelle, infectieuse ou traumatique
(les troubles de la déglutition liés à des atteintes neurologiques
Figure 10. Exercice « langue pointue » impossible. relèvent d’une rééducation particulière [31]).
Les perturbations psychiques et affectives graves pouvant
entraîner des troubles de la vigilance et de la compréhension.
Évaluation du degré de connaissance du schéma corporel La non-coopération du patient (cette thérapie demande une
et de la mobilité linguale très forte motivation et donc une totale adhésion de la part du
patient), ou de la famille s’il s’agit d’un enfant jeune.
Une diminution de la mobilité linguale constitue une entrave
à sa fonction. On vérifie la mobilité de la pointe en demandant Contre-indications locales
des mouvements de protraction, d’élévation, de diduction. Puis
Elles sont le plus souvent anatomiques et doivent impérati-
on demande au patient de se lécher le tour des lèvres, de « tirer
vement être levées avant toute tentative de rééducation :
la langue pointue (Fig. 10), etc. »
• les anomalies de forme et de volume de la langue :
Recherche des parafonctions C la macroglossie vraie : une macroglossie peut en effet être
vraie, c’est-à-dire liée à des troubles d’ordre général (triso-
Il faut mettre en évidence d’éventuelles parafonctions telles
que la succion du pouce, le mordillement de la lèvre supérieure mie 21, troubles endocriniens, acromégalie, lymphan-
ou inférieure, de la face interne de la joue, la tétée nocturne de giome), ou relative (une langue d’apparence volumineuse
la langue, le bruxisme, etc. n’est souvent qu’une langue basculée trop en avant dans la
Ces parafonctions, souvent associées à une déglutition cavité buccale) ;
atypique, peuvent constituer le reflet d’une immaturité affective C la brièveté du frein lingual ;
ou d’une anxiété. Leur suppression peut nécessiter l’utilisation • les troubles de la ventilation ayant pour origine des obstacles
de techniques de relaxation neuromusculaire [28]. dans les voies respiratoires hautes ;
Elles concernent aussi la mastication. Il faut en particulier • les grands décalages maxillomandibulaires sagittaux et
mettre en évidence une mastication unilatérale ou une absence transversaux.
de mastication.
Buts
Rééducation [29]
Les buts de cette rééducation sont les suivants :
La rééducation musculaire permet, par une réhabilitation de • corriger les dyspraxies labiales, linguales et respiratoires ;
la fonction perturbée, de recréer les conditions d’exercice d’une • éliminer les parafonctions ;
physiologie qui ne soit pas génératrice de troubles morphogé- • permettre au patient de s’adapter à cette nouvelle fonction
nétiques. Elle contribue aussi, par l’acquisition de nouveaux (tonification musculaire) ;
automatismes, au maintien de l’harmonie architecturale établie • automatiser les fonctions corrigées (travail proprioceptif).
par le traitement orthodontique.
Elle est obligatoirement neuromusculaire : pour être efficace, Techniques de rééducation
elle doit être active et autoconsciente.
Correction de la position de la langue au repos
Indications de la rééducation Compréhension de la posture corrigée. Après avoir fait
La rééducation neuromusculaire s’impose chaque fois qu’une prendre conscience au patient de la position des papilles
anomalie du comportement musculaire intervient dans une palatines, lui demander de bien repositionner sa langue.
dysmorphose dentomaxillaire, primitivement ou secondaire- Attention aux mauvaises corrections : le patient ne doit pas
ment à une correction mécanique de la dysmorphose. Cette éverser sa langue.
correction s’adresse à des anomalies de fonction, mais ne peut La totalité de la base de langue doit reculer.
néanmoins être réalisée sans traitement préalable des anomalies Pour obtenir une bonne correction : demander au patient de
de repos. sortir la langue, de racler avec le dos de celle-ci le bord inférieur
Pourraient bénéficier de la rééducation du comportement des incisives supérieures (Fig. 11A), puis de reculer la langue
neuromusculaire : sans perdre le contact avec les incisives jusqu’à positionner la
• les enfants présentant : partie terminale et dorsale sur les papilles palatines (Fig. 11B).
C une malposition linguale en position d’inocclusion physio- Automatisation de la posture corrigée. Après s’être assuré de
logique ; la compréhension du placement corrigé, le praticien doit veiller
C une déglutition dysfonctionnelle ; à l’automatisation de cette correction en inocclusion
C un trouble de la phonation ; physiologique.
• les adolescents chez qui la correction orthodontique de la Pour ce faire, il demande au patient de penser à repositionner
dysmorphose ou des anomalies alvéolaires n’a pas permis une sa langue tout au cours de la journée en s’aidant de moyens
correction spontanée du déséquilibre musculaire, ce qui laisse mnémotechniques divers (chez l’enfant l’aide parentale peut
la porte ouverte à la récidive ; être requise).

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Figure 11. Repositionnement lingual.


A. Position de départ.
B. Position corrigée.

Figure 12.
A. Position de repos.
B. Demander de placer la langue en position corrigée.
C. Demander au patient d’avaler sa salive sans modifier la position de la pointe de la langue, en poussant progressivement la salive le long du palais et en
écrasant la langue contre celle-ci, d’avant en arrière.
D. Avaler la salive arcades desserrées. Le praticien maintient la lèvre inférieure pour éviter tout mouvement sur les peauciers.

L’automatisation de la correction de cette anomalie de repos La correction de la déglutition se pratique d’abord devant un
n’est obtenue qu’au prix d’une autodiscipline stricte. miroir.
La langue est en position de repos (Fig. 12A, 13A).
Rééducation de la déglutition Demander au patient de placer la langue en position de repos
Deux objectifs sont à atteindre : corrigée. La pointe de langue ne doit plus bouger durant toute
• casser le réflexe « langue-lèvre » ; pour cela, les exercices se la réalisation de l’exercice (Fig. 12B, 13B).
font lèvres entrouvertes et non lèvres closes, jusqu’à l’acqui- Le patient aspire sa salive vers le dos de sa langue. Les
sition d’un comportement lingual adapté ; muscles peauciers restent totalement relâchés (contrôle visuel
• obtenir un mouvement lingual efficace d’avant en arrière, qui par le miroir).
assure le joint langue-palais : les exercices préliminaires de Puis on demande au patient d’appuyer progressivement la
mobilisation et de renforcement lingual préparent à ce langue de bas en haut et d’avant en arrière.
mouvement. Cet exercice est demandé en position d’intercuspidie
Déglutition de la salive. Chez les patients présentant une (Fig. 12C, 13C) puis en progression, arcades dentaires écartées
déglutition atypique de type succion-déglutition, il faut faire (Fig. 12D).
prendre conscience de l’avancée linguale et de la contraction La déglutition doit aussi être automatisée. Une fois la correc-
des peauciers de la face lors de la déglutition. tion comprise et acquise au cabinet, on demande donc au

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Figure 13.
A. Position de repos.
B. Position corrigée.
C. Déglutition.

Figure 14. Langue pointue par incitation (A à C).

patient de réaliser chez lui des séries de déglutition corrigées, La tête du patient est en position naturelle par rapport au
puis d’essayer de penser à corriger sa déglutition salivaire le plus rachis. Le patient doit poser la pointe de sa langue sur les papilles
souvent possible au cours de la journée. palatines les plus postérieures en appuyant très fort, « comme s’il
Cette déglutition est considérée comme corrigée quand voulait perforer son palais ». On lui demande ensuite de placer
aucune anomalie de déglutition n’est plus visualisée au cours de ses doigts sur le rebord basilaire de la mandibule afin qu’il
la séance de rééducation. ressente la contraction. Il faut exercer une pression de 2 à
Déglutition des liquides. Ce travail est mis en place après 3 secondes puis relâcher, et répéter ainsi dix fois de suite.
l’acquisition d’une déglutition de la salive correcte, mais avant Le kinésithérapeute doit rester vigilant et s’assurer que c’est
son automatisation. Demander au patient d’avaler un petit verre bien la pointe de la langue qui appuie et qu’elle ne s’écrase pas
d’eau par gorgées successives lèvres ouvertes. Avaler un verre en se repliant contre le palais.
d’eau en continu n’est en effet pas significatif d’une déglutition Tonification de la langue. Langue pointue par incitation
automatisée car seule la dernière déglutition met en jeu la (Fig. 14) : le rapprochement des deux index pointés de chaque
pointe de la langue. Si la poussée de la langue au palais n’est côté de la langue entraîne un resserrement spontané de la
pas suffisante, l’eau tend à fuir vers l’extérieur. langue.
Déglutition des solides. Le travail effectué est le même, mais Exercice du pas de cheval. On demande de faire claquer la
précédé d’une mastication molaire bilatérale alternée. La texture langue de façon à imiter le bruit des sabots d’un cheval, 20 fois
des aliments s’épaissira du gélifié (flans), vers le « mou » de suite au début, puis davantage en progression.
(compotes), puis le solide. Pour augmenter la difficulté on demande au patient d’alter-
Exercices de lecture, rééducation orthophonique. Les ner distinctement les deux sons « clac », « cloc ».
palatales « L, N, D, T », les sifflantes « S », les chuintantes « CH, Il ne faut pas hésiter, en cas de difficulté, à expliquer que la
J » : la rééducation vise à normaliser les appuis linguaux lors de partie antérieure de la langue doit coller au palais et s’en
la prononciation des différents phonèmes. détacher comme une ventouse.
Le travail de rééducation débute par un travail sur le pho- « Langue de rat - langue de chat ». Exercice de tonification de
nème isolé (prise de conscience proprioceptive du mouvement la partie moyenne de la langue : alterner une contraction forte
corrigé de la langue). En progression, on recherche ensuite une de la langue en affinant la pointe avec un étalement.
correction des appuis lors de l’enchaînement de plusieurs La compréhension de cet exercice peut être facilitée par la
phonèmes. Pour obtenir l’automatisation de cette correction pratique de « langue pointue par syncinésie ».
dans le langage parlé, on peut aussi travailler sur les planches Appui. Demander de pousser sur un abaisse-langue avec la
de lecture réalisées par Fournier [29]. Ces planches, qui sont pointe de la langue maintenue droite.
remises au patient, permettent un travail évolutif à domicile.
Rééducation de la respiration nasale
.
Tonification du plancher buccal. Exercice du piston : il va
permettre au patient de contrôler ses muscles mylohyoïdiens et Elle repose sur :
géniohyoïdiens, indispensables à la déglutition. • l’apprentissage du mouchage antérieur et postérieur ;

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Figure 15. Exercice « langue pointue ».


A. Avant rééducation.
B. Après rééducation

• le travail de l’ouverture des ailes narinaires ; [5] LautrouA. Growth and morphogenesis of the craniofacial bones.Appli-
• des exercices de ventilation alternée ; cations in orthodontics. The concepts of J Delaire. Orthod Fr 2002;73:
• l’automatisation d’une ventilation abdominodiaphragmati- 5-18.
que ; [6] Cauhépé J, Fieux J, Coutand A, Bouvet JM. Le rôle morphogénétique
• la rééducation de la ventilation nasale à l’effort. du comportement neuromusculaire. Rev Stomatol Chir Maxillofac
L’automatisation n’est effective que lorsque la ventilation est 1955;56:535-8.
strictement nasale, 24 heures sur 24, de jour comme de nuit, au [7] Petrovic A, Stuzman J. Contrôle de la croissance postnatale du sque-
repos comme à l’effort. lette facial. Données expérimentales et modèle cybernétique. Actual
Odontostomatol (Paris) 1979(128):811-40.
[8] Precious DS. Primary bilateral cleft lip/nose repair using the ″Delaire″
Résultats
.

technique. Atlas Oral Maxillofac Surg Clin North Am 2009;17:


Un exemple en est donné Figure 15. 137-46.
. [9] Björk A, Skieller V. Normal and abnormal growth of the mandible: A
synthesis of longitudinal cephalometric implant studies over a period of
■ Conclusion 25 years. Eur J Orthod 1983;5:1-46.
[10] Caillard Konisberg E. Théorie et étiologie des anomalies dento-
Lors de l’examen clinique d’une dysmorphose maxillofaciale, maxillaires. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie, 23-470-
il est indispensable d’évaluer les anomalies de la déglutition, de A-10, 1997.
la respiration, les postures de repos et le tonus de la langue, des [11] Deffez JP, Deffez Jozon I, Lelievre A, Marchal C, Van Peteghem I.
lèvres et des muscles masticateurs. La rééducation du premier Temps buccal de la déglutition salivaire. EMC (Elsevier Masson SAS,
temps de la déglutition apparaît en effet comme le partenaire Paris), Stomatologie, 22-008-A-20, 1991 : 8p.
indispensable de tout traitement en orthopédie dento-maxillo- [12] Breton I, Nicolas P, Torres JH. Temps buccal de la déglutition salivaire.
faciale, qu’il soit fonctionnel, fixe ou incluant un temps Physiologie et principes de rééducation. EMC (Elsevier Masson SAS,
chirurgical. Dans le respect des contre-indications, la rééduca- Paris), Stomatologie, 22-008-A-20, 2000.
tion s’intègre dans la prise en charge complète des anomalies [13] Soulet A. Rôle de la langue au cours des fonctions oro-faciales. Rev
fonctionnelles de la sphère orofaciale. La rééducation constitue Orthop Dentofac 1989;23:31-52.
aussi un excellent test de la motivation du sujet vis-à-vis de son [14] Soulet A. Éducation neuromusculaire des fonctions oro-faciales. Rev
traitement, car elle exige une prise de conscience des caractéris- Orthop Dentofac 1989;23:135-75.
tiques dyspraxiques ainsi qu’une participation volontaire à leur [15] Ferre JC, Fournier MY. Réadaptation fonctionnelle oro-faciale. EMC
correction, ce qui constitue un avantage considérable par (Elsevier Masson SAS, Paris), Odontologie, 23 -495-A-10, 1996 :
rapport aux techniques de « rééducation passive » par appareil 14p.
intrabuccal. Mais l’intérêt de la rééducation réside surtout dans [16] Romette D. Les déglutitions. Orthod Fr 1982;53:565-9.
le fait qu’en restituant une fonction normale, on offre au jeune [17] De Mayo T, Miralles R, Barrero D, BulboaA, Carvajal D, Valenzuela S,
patient la chance d’une croissance correctement dirigée, et à et al. Breathing type and body position effects on sternocleidomastoid
l’adulte l’entretien de la stabilité du résultat morphologique and suprahyoid EMG activity. J Oral Rehabil 2005;32:487-94.
obtenu. [18] Faria PT, de Oliveira Ruellas AC, Matsumoto MA, Anselmo-Lima WT,
L’orthodontiste se doit donc de connaître les principes de Pereira FC. Dentofacial morphology of mouth breathing. Braz Dent J
rééducation, de manière à personnaliser son schéma 2002;13:129-32.
thérapeutique. [19] Fleury B, Hausser-Hauw C, Chabolle F. Obstructive sleep apnea syn-
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Stomatologie 11
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22-008-A-20 ¶ Temps buccal de la déglutition salivaire. Physiologie et principes de rééducation

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I. Breton-Torres, Masseur-kinésithérapeute des Hôpitaux.


Service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie, Hôpital Lapeyronie, Centre hospitalier régional universitaire, 34295 Montpellier cedex 5, France.
L. Frapier, Maître de conférences des Universités, praticien hospitalier, orthodontiste.
J.-H. Torres, Professeur des Universités, praticien hospitalier, médecin stomatologiste (j-torres@chu-montpellier.fr).
Service d’odontologie, Centre hospitalier régional universitaire, 34295 Montpellier cedex 5, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Breton-Torres I., Frapier L., Torres J.-H. Temps buccal de la déglutition salivaire. Physiologie et principes de
rééducation. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Médecine buccale, 28-165-M-10, 2011, Stomatologie, 22-008-A-20, 2012.

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Interposition labiale.
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Inocclusion de repos.
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Occlusion avec contraction du mentalis.
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Interposition linguale antérieure.
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Langue posée sur les incisives inférieures, pointe en appui contre l'arcade supérieure.
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Supraclusie (observation linguale impossible).
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Début de la déglutition : occlusion labiale par contraction de l'orbiculaire des lèvres. Contraction du buccinateur, de
l'orbiculaire et du mentalis permettant une étanchéité labiale inférieure chez un enfant présentant une rétrognathie
mandibulaire.
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Brièveté du frein : limitation de la mobilité linguale (a, b).
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Iconographie supplémentaire 24
Exercice du piston : renforcement du plancher buccal.
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Occlusion labiale de repos. a. Avant rééducation. b. Rééducation et traitement ODF en cours ; persistance d'une
légère contraction musculaire labiale inférieure. c. Fin de rééducation : occlusion sans contraction des muscles
péribuccaux.
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Occlusion labiale de repos. a. L'occlusion labiale nécessite la contraction du mentalis. b. Occlusion labiale après
rééducation (position de repos).
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