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CHAPITRE II

Phénomène de corrosion

Introduction

Comme tous les matériaux de construction, l’acier tend à se dégrader superficiellement


lorsqu’il est soumis à des milieux corrosifs comme le sol, l’air et le milieu marin. La
corrosion de l’acier regroupe de multiples phénomènes liés au milieu dans lequel elle se
déroule. Ces phénomènes dépendant d’un grand nombre de facteurs qui interviennent non
pas individuellement, mais en relation plus ou moins complexe les uns avec les autres (la
nature et la structure du matériau, l’environnement et ses caractéristiques chimiques, la
température...etc.).

II.1 Définition de la corrosion

La norme ISO 8044 définit la corrosion comme suit : "La corrosion est une interaction
physico-chimique entre un métal et son environnement entraînant des modifications dans
les propriétés du métal et souvent une dégradation fonctionnelle du métal lui-même, de son
environnement ou du système technique constitué par les deux facteurs…" [4].
En d’autre terme on peut dire que la corrosion d’un métal est la destruction de celui-ci sous
l’effet de réactions chimiques ou électrochimiques, lorsqu’il est en contact avec un
électrolyte [5].
Elle correspond donc au retour de la matière à son état le plus stable. Dans le cas du fer,
par exemple, la forme stable dans la nature n’est pas le métal mais l’oxyde, c’est pourquoi
une pièce en acier exposée sans protection à une atmosphère humide tend à se transformer
en rouille (oxyde de fer hydraté) [6].

II.2 Différents processus de la corrosion

II.2.1 La corrosion chimique

Il s'agit d'une réaction hétérogène entre une phase solide (le métal) et une phase gazeuse.
Le processus d'oxydoréduction de la corrosion chimique se déroule dans le domaine
atomique avec le milieu ambiant sans présence d'électrolyte. L'air renferme l'oxygène, de
la vapeur d'eau et des vapeurs acides (anhydride carbonique C0 2 et sulfureux S02, etc.) ce
sont les agents corrosifs mais le plus souvent c'est le C0 2. On admet que la formation de la
rouille est alors la résultante de l'action de tous ces corps, mais il faut qu'un acide soit
présent, même en protection faible pour que l'attaque puisse se produire [7].

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L'attaque du métal par une réaction chimique avec le milieu ambiant sans intervention du
courant électrique nécessite généralement des températures élevées, on parle donc de la
corrosion sèche. Il se produit une attaque du métal avec formation d’un produit de
corrosion à la surface. Ce type de corrosion, se rencontre surtout dans les fours, les
chaudières et les turbines à gaz [8].
Il est très difficile de donner des exemples de corrosion purement chimique, puisque le
plus souvent elle est accompagnée de corrosion électrochimique.

II.2.2 La corrosion bactérienne ou microbiologique

C'est l'attaque bactérienne des métaux en particulier dans les canalisations enterrées. Le
mécanisme de ce mode de corrosion peut être de plusieurs types [7, 9].

 Chimique par production de substances corrosives telles que CO2, H2S, H2SO4, NH3
ou d'un acide organique, le cas le plus répandu est celui rencontré dans les
canalisations enterrées et déterminé par la formation d'acide sulfurique qui attaque
le métal.
 Certaines bactéries peuvent réduire les sulfates par l'intermédiaire d'hydrogène.

SO42- + 4 H2 S2- + 4 H2O (II.1)

L'hydrogène provient par exemple des régions cathodiques, il y a donc


dépolarisation des cathodes et formation accélérée de Fe 2+ aux anodes.

S2- + Fe2+ FeS (II.2)

 Dans certains cas, on peut observer sur les canalisations des dépôts adhérents
résultant de l'attaque, non pas du métal lui-même, mais celle de certains
constituants du milieu ambiant par des bactéries. Il en résulte la formation de
piqûres sur le métal, à l'endroit où s'est produit le dépôt, suivant un processus de
corrosion par différence de concentration en oxygène.

A titre d’exemple des, cas de corrosions dans les canalisations enterrées ont été observé au
voisinage des joints de soudure contentant du soufre ; celui-ci permettant le développement
de colonie de thiobacilles (thiobacillus) [8], dont le métabolisme détermine la formation
d’acide sulfurique qui attaque le métal, suivit d’une possibilité éventuelle de dépolarisation
du système électrochimique.

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Cette forme de corrosion admet les terrains humides et marécageux comme zone
préférentielle.

II.2.3 Corrosion par érosion

Dans ce cas les produits de corrosion forment un dépôt adhérant et continu à la surface de
métal. Ils ralentissent en général la vitesse de la corrosion. Cette couche peut être éliminée
en certains points par abrasion du métal due au mouvement du fluide lui-même, il y a
accélération de la corrosion [7].
On rencontre le phénomène de l'érosion principalement dans les conduites de gaz. Ce
phénomène est dû au déplacement des particules solides, sable et produits de corrosion à la
vitesse du gaz, qui « rabotent » la surface interne de la conduite provoquant une réduction
de l'épaisseur. Le phénomène de l'érosion est particulièrement intense au niveau des coudes
à faible rayon de courbure [4].

II.2.4 La corrosion électrochimique

Autrement appelée corrosion humide ; la corrosion électrochimique représente par ailleurs


la grande majorité des problèmes de corrosion rencontrés car liée à la présence de l’eau au
contact des métaux. C’est le cas en particulier des environnements naturels, tels que les
eaux douces, l'eau de mer ou les sols.
C'est le phénomène de corrosion le plus important et elle se manifeste lorsqu'il existe une
hétérogénéité soit dans le métal ou dans le réactif, présentant une dissymétrie de
composition.
L'existence de ces hétérogénéités détermine la formation d'une pile, alors un courant
électrique circule entre anodes et cathodes dans le réactif et les zones qui constituent les
anodes sont attaquées (corrodées).

II.2.4.1 Principe de la corrosion électrochimique

La surface métallique est attaquée par son milieu et se transforme en composé d’oxyde, en
sel ou en autre composé [10]. Il s'agit d'une circulation de courant électrique produite sous
l’échange d'électrons à l’interface de métal /électrolyte par l’intermédiaire des réactions
chimiques. Les réactions d'oxydation (corrosion) se produisent sur les surfaces anodiques
du métal alors que les réactions de réduction se produisent sur les surfaces cathodiques
permettant ainsi de créer des pilles galvaniques (Figure II.1).

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Par ailleurs, le phénomène de dissolution ne se produit que lorsque les quatre éléments ci-
après sont présents [11]:

 La zone anodique : Elle est le siège de la réaction d'oxydation. À cet endroit, le


métal s’oxyde et libère des ions dans l’électrolyte laissant derrière lui une perte d’électrons
ce qui entraîne la corrosion de la structure métallique aux endroits appelés zones
anodiques. Le mécanisme réactionnel de cette réaction chimique est décrit par la réaction
suivante:
Fe Fe2+ + 2e- (II.3)

Cette équation signifie simplement que les atomes du métal (Fe) sous l’action d’un
processus de corrosion se transforment en ions positifs (Fe 2+) qui, quittent le métal pour
passer dans l’électrolyte.
Il y a donc changement d’état de la matière lié à la réaction de dissolution du métal.
Comme on le constate, ce changement d’état s’accompagne de la libération d’électrons.

 La zone cathodique : Il s'agit du siège de la réaction de réduction où les ions


présents dans l’électrolyte sont réduits sur la surface de la cathode. La réaction de
réduction des ions d'hydrogène présents dans l'eau est celle qui se produit le plus souvent
en formant le gaz d'hydrogène selon le processus chimique suivant :

2H+ + 2e- H2 (II.4)

En présence de sols aérés, une autre possibilité de réaction chimique peut avoir lieu à la
cathode. C’est la réduction des atomes d’oxygène dissous dans l’électrolyte qui se produit
selon la réaction suivante:
O2 + 2H2O + 4e- 4OH- (II.5)

Les ions Fe2+ de la réaction anodique s’hydrolysent pour former de l’hydroxyde ferrique
Fe(OH)3 selon :
Fe2+ + 2OH- Fe (OH)2 (II.6)
4 Fe(OH)2 + 2H2O + O2 4 Fe(OH)3 (II.7)

Le composé Fe (OH)3 (hydroxyde ferrique) qui se forme est alors très peu soluble et les
produits de corrosion peuvent s’accumuler à la surface des métaux.

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 L’électrolyte : est un composé permettant le passage du courant électrique par


déplacement d'ions quand il est à l'état liquide ou en solution aqueuse. En l’occurrence, le
sol a la capacité de conduire un courant électrique entre l’anode et la cathode et provoquer
la dissociation d'une molécule en ions.

 Le chemin métallique : Il nécessite non seulement une zone anodique mais aussi
une zone cathodique qui coexiste avec la première. Ces deux zones doivent être
électriquement reliées entre elles par un milieu conducteur tel que la conduite. Le
phénomène de corrosion est alors établi comme étant un processus électrochimique
permettant aux électrons libérés de circuler entre la zone anodique et la zone cathodique.

Figure II.1 : Schéma simplifié du processus de corrosion (Destruction de l'équilibre


par réaction du milieu) [4].

Dans le domaine du transport des hydrocarbures par canalisation, les conduites sont
souvent enterrées et ainsi exposées à la corrosion interne et externe favorisant des pertes
importantes de métal réduisant la durée de vie de ces dernières [4].

II.2.4.2 Pertes de métal dues à la corrosion interne

Les pertes de métal sont provoquées le plus souvent par des attaques chimiques de la
surface interne de la conduite. Ce type de corrosion est favorisé par la présence de sulfure
d'hydrogène et de dioxyde de carbone dans le gaz et la présence de bactéries sulfate -
réductrices (BSR) dans le cas des oléoducs.

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La protection contre la corrosion interne se fait principalement par envoi d'inhibiteurs de


corrosion et biocides mélangés au fluide.

II.2.4.3 Pertes de métal dues à la corrosion externe

Pertes de métal provoquées le plus souvent par des phénomènes de type électrochimique et
chimique de la surface externe de la conduite. Les principaux facteurs favorisant ce type de
corrosion sont:
- Les défauts de revêtement de la conduite ;
- Les insuffisances du système de protection cathodique;
- L'agressivité du sol (sol de faible résistivité électrique).

La protection contre la corrosion externe se fait par les revêtements des canalisations et la
protection cathodique.

II.3 Description géométrique de défauts de corrosion

Les phénomènes de corrosion peuvent être différenciés par leurs caractéristiques


géométriques sans tenir compte des mécanismes d'entraînement [4].

II.3.1 La corrosion uniforme

La forme de corrosion la plus courante est celle qui affecte les structures métalliques par
une attaque généralisée et uniforme se traduisant par la présence de produits de corrosion à
la surface du métal et par une perte de matière uniformément répartie [4,12]. Le métal dans
ce cas est dans l’état actif. Elle est aisément contrôlable par des mesures de perte de poids
ou la diminution d’épaisseur du métal.

II.3.2 La corrosion localisée

C'est une corrosion qui se déroule en un lieu spécifiquement anodique d'une surface ou
d'une structure métallique. Elle diffère de la corrosion uniforme par la distinction claire des
endroits anodiques et cathodiques. En pratique la corrosion localisée provient d'une
hétérogénéité du matériau ou de l'environnement et souvent elle pose beaucoup de
problèmes (perforation de conduite), sans que le métal présente dans son ensemble une
perte de poids significative [4,7].

Les principales causes de cet aspect de corrosion sont :


- Surface de métal chimiquement hétérogène.

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- Différence de potentiel dans les différentes zones du métal crée par la déformation.
- Endommagement local de la couche passive.
Différents types de mécanismes de corrosion localisée existent, y compris:

II.3.2.1 Corrosion par piqûres

C'est un type de corrosion, qui se traduit à la surface du métal par la formation des trous, et
qui peuvent progresser rapidement en profondeur. Dans les tubes en acier, l'origine des
piqûres est liée à la présence d'hétérogénéité, qui en surface, détermine la formation de
piles locales. Bien que la quantité d'acier corrodée soit faible, ce type de corrosion et très
dangereux car il se produit en profondeur et peut conduire à la perforation des conduites
même épaisses. L'hétérogénéité de la surface est due à des défauts du film passif
(revêtement) [4] qui favorisent la mise à nu locale d'acier, il en résulte la formation d'une
micro-pile entre l'acier mis à nu qui joue le rôle d'anode, donc se corrode et l'acier passif
qui constitue la cathode.

Figure II.2 : Corrosion par piqûres [7].

II.3.2.2 Corrosion galvanique

Appelée aussi corrosion bimétallique, elle est due à la formation d'une pile électrochimique
entre deux métaux en contact et entraîne une corrosion du métal le moins noble (anode)
avec une résistance à la corrosion du métal le plus noble (cathode) [4,14].
On sait que la liaison électrique de 2 métaux différents dans un même sol entraînait la
corrosion de celui dont le potentiel est le plus négatif. Il est donc possible de prévoir le
sens des réactions galvaniques en mesurant et en comparant les potentiels des métaux. La
liaison électrique entre une conduite en acier et des métaux tels que le cuivre, le plomb, la
fonte et même l'acier oxydé, entraîne une corrosion de l'ouvrage en acier. Les piquages
directs sur les conduites de gaz, réalisés en cuivre ou en fonte sont néfastes pour la
conduite acier, de même que son raccordement, au niveau d'une installation gazière, à un
réseau de terres électriques en cuivre. Ces phénomènes de couplage décrits pour une
conduite, existent bien entendu également à l'échelle macroscopique au niveau d'une

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soudure, en raison, par exemple, des disparités entre le métal de base et le métal d'apport,
et même à l'échelle microscopique au niveau des inclusions ou hétérogénéités du métal.

Figure II.3 : Corrosion galvanique [14].

II.3.2.3 Corrosion intergranulaire (intercristalline)

C'est une attaque sélective aux joints de grains, souvent, il s'agit de phases qui ont
précipitées lors d'un traitement thermique. Donc le produit de corrosion se trouve aux
joints de grains [4,7].

L'attaque du métal s'effectue en profondeur, le long des joints de grains, ce qui conduit à
une microfissure, alors la surface ne présente aucune altération.
La perte du métal est insignifiante, mais les caractéristiques sont sensiblement affectées, le
métal peut se rompre sous un effort très faible.
Certains aciers inoxydables et alliages (fer, chrome, nickel) sont très affectés par ce mode
de corrosion qui réduit de façon catastrophique leur résistance mécanique. Ce type de
corrosion est un phénomène microscopique [12].
A titre d’exemple ; on rencontre cette forme de corrosion dans les aciers inoxydables.

Figure II.4 : Exemple de micrographie illustrant la corrosion intergranulaire d’un


acier inoxydable [8].

II.3.2.4 Corrosion par crevasse

Appelée aussi corrosion caverneuse, elle est due à une différence d’accessibilité de
l’oxygène entre deux zones d’une structure métallique. C'est un phénomène qui se

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développe dans des zones confinées, telles que les interstices et les recoins. Il y a alors une
attaque des parties métalliques les moins accessibles à l’oxygène [4]. Souvent, la corrosion
caverneuse est associée à la présence de petits volumes de solution corrosive stagnante, dûs
à la présence de cavités, surfaces jointives ou dépôts discontinus [12].

II.3.2.5 Corrosion sous contrainte (stress corrosion)

Il s'agit d'un type de corrosion qui se produit sous l'action commune d'une contrainte
mécanique de traction et d'un milieu corrosif.
La C.S.C se manifeste sous la forme de fissures qui peuvent être inter-granulaires, soit
Trans granulaires. Le processus se déroule en deux phases successives [12]:
 Une phase d’initiation qui correspond à la formation d’un défaut local en surface
(piqure).
 Une phase de propagation dans laquelle la piqure devient fissure et progresse
jusqu’à la rupture.
Ce processus dépend essentiellement de l’intensité des contraintes imposées, de la nature
du matériau (composition chimique et structure), de l’état de surface et du milieu corrosif
et de la température.

II.3.2.6 Corrosion filiforme

Ce type de corrosion est souvent associé à la présence d’un revêtement protecteur


(peinture, vernis,...) semi perméable à l’oxygène et à l’eau. L’attaque se manifeste par des
filaments émis dans toutes les directions, à partir des défauts du revêtement, qui peut
affecter divers matériaux tels que le fer et l’aluminium lorsqu’ils sont soumis à des
atmosphères humides entre 20°C et 30°C. L’oxygène et l’eau sont les réactifs nécessaires
au développement de la corrosion filiforme [12].
La présence d’ions agressifs tels que Cl-, SO42-, CO32- favorise l’initiation de cette corrosion
en développant une acidification locale.

II.3.2.7 Corrosion sélective

C’est un type de corrosion très dangereux parce qu’insoupçonnable, la pièce corrodé ne


semble pratiquement pas concernée, alors que sa résistance diminue considérablement. Elle
consiste en la dissolution sélective d’un élément d’un alliage, les autres éléments restent
non attaqués. Le métal devient poreux et perd sa résistance [12,5].

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II.3.2.8 Fragilisation par l'hydrogène

L'hydrogène est un élément qui peut aisément diffuser dans les métaux et altérer leurs
propriétés mécaniques. Ce phénomène a des conséquences pratiques considérables car il a
de multiples occasions de pénétrer dans les aciers (élaboration, décapage, soudage, dépôts
galvaniques, utilisation en milieu humide, hydrogène sulfuré, etc.) et il en résulte parfois,
des ruptures catastrophiques immédiates ou différées selon les moyens de s'en prémunir[7].

II.4 Facteurs agissant sur la corrosion des ouvrages métalliques enterrés

L’acier présente l’inconvénient d’être sensible à la corrosion, notamment lorsqu’il est


enterré dans le sol [15,16].

II.4.1 Le sol comme électrolyte

Le sol est un amalgame complexe [14,15] de solides, liquides et gaz, dont l’agressivité peut
parfois conduire à des corrosions extrêmement rapides.
Le sol contient de grandes quantités de minéraux différents de granulométrie variable selon
leur provenance. Les sables contiennent des particules pouvant atteindre 2 mm, les
particules constitutives de l'argile n'ont que quelques microns de diamètre.
Les sols contiennent de l'eau provenant de plusieurs sources:
- Une eau libre amenée par les mouvements de la nappe phréatique;
- Une eau libre qui s'infiltre depuis la surface du sol : eaux de pluie, d'irrigation et
d'inondation;
- Une eau interstitielle qui migre par capillarité.

Les sols contiennent des gaz. A la profondeur des conduites, il y a presque toujours de l'air,
donc de l'oxygène, beaucoup dans les sols sableux ou poreux, moins dans les sols compacts
argileux.
Parmi une multitude d’éléments chimiques, les sols contiennent une quantité élevée de
sels.
La teneur en sel est fonction des précipitations. Des pluies abondantes lavent les terrains et
leur salinité est faible. Dans les régions arides, au contraire, où l'eau remonte du sol pour
s'évaporer, la concentration en sels peut devenir très importante. Les cations les plus
répandus, cause d'agressivité, sont les ions potassium, sodium, magnésium et calcium [4].
Les anions présents, chlorures et sulfates, augmentent la conductibilité de l'électrolyte et
facilitent donc les transferts électriques causant les corrosions.

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Par exemple le cas d’une conduite traverse un terrain particulièrement très salé, puis un
terrain de faible salinité. Le métal prend un potentiel plus élevé dans le sol de faible
salinité et plus négatif dans le sol de haute salinité, et ce dernier se corrode par suite d’une
circulation de courant, et la conduite va se corroder dans la zone de haute salinité.

Figure II.5 : La corrosion externe d’une conduite enterrée sous l’effet de


l’hétérogénéité du terrain [17].

Quelques recherches ont montré que la texture du sol joue aussi un rôle dans la formation
de piles de corrosion sur les conduites (Piles dues à l'électrolyte) [18]. Ce sont les piles
créées par les hétérogénéités du sol qui engendrent sur un ouvrage métallique pourtant
parfaitement homogène, des différences de potentiel locales, donnant naissance à un
courant qui conduit à l'oxydation de la partie la plus négative du métal (figure I.7, I.8).

 Les phénomènes d'aération différentielle : Les zones les moins aérées sont des
zones anodiques par rapport au reste de l'ouvrage et se corrodent donc plus
facilement. Par exemple on peut citer une canalisation enterrée traversant un sol
sableux et un sol argileux ; il se crée alors une pile électrochimique et la partie
située dans le terrain ayant moins d’air (anode) se corrode.

 Les piles géologiques sont caractéristiques des actions qui peuvent se développer
sur une conduite, ouvrage de grande longueur, traversant des sols de compositions
très différentes, lui conférant des potentiels locaux différents.
En général, les sols argileux, marécageux et les terrains humides constituent des
zones anodiques vis à vis des autres terrains.

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Figure II.6 Mise en évidence d'une pile géologique [14]. Figure II.7 Mise en évidence d'une pile d'aération

II.4.2 La résistivité du sol

La résistivité est la propriété d’un matériel conducteur de résister aux courants électriques.
C’est un indicateur de la capacité d’un environnement (ex. : sol) à véhiculer des courants
corrosifs. Elle est noté (ρ) et s’exprime en (Ω.m). Pour la mesure de ce paramètre
important plusieurs méthodes existent, mais la plus usitée est la méthode dite des quatre
piquets qu’on retrouve également sous le nom de méthode de Wenner [19].

Ainsi en général on convient que [14]:

 Pour une résistivité de sol supérieure à 100 Ω.m ; le sol est considéré comme étant
peu agressif ; ce qui est le cas des terrains pierreux, calcaires ou sables secs.
 Pour une résistivité de sol compris entre 50 et 100 Ω.m ; l’agressivité est moyenne;
C'est souvent le cas des terrains agricoles, limoneux, légèrement sableux.
 Pour une résistivité de sol inférieure à 50 Ω.m, le terrain est agressif ; terrains
argileux.
La résistivité du sol gère l'efficacité du courant de corrosion ionique parcouru dans le sol.
Néanmoins, le comportement résistif de ce dernier peut être affecté par de nombreux
facteurs environnementaux tels que la qualité du sol (facteur géologique), la température
(facteur métrologique) et les éléments chimiques dissous.

 Effet de la qualité du sol


Les sols entourant les conduites métalliques enterrées sont généralement caractérisés par
leur conductivité électrique. Ils permettent aux charges ioniques et aux courants de
corrosion développés de se mouvoir entre les surfaces anodiques et cathodiques. Par
ailleurs, la vitesse de corrosion produite par les cellules de corrosion est relative au taux de
résistivité du sol.

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Par exemple, si un sol présente une faible résistivité, la vitesse de corrosion sera grande et
la structure sera rapidement endommagée [20].

 Effet de l’humidité
La présence de l’humidité dans le sol joue un rôle essentiel sur le processus des réactions
physico-chimiques. Elle gère le phénomène de durcissement et de retrait, la perméabilité,
l'immobilité des ions en plus de participer au développement des cellules de corrosion sur
les conduites. La croissance du taux d’humidité diminue la résistivité du sol et augmente
son caractère agressif.

 Effet de sel
Parmi les éléments chimiques les plus réagissant dans le processus d’activité de corrosion
des structures métalliques souterraines, on cite les ions de chlorures, les sulfates, les
phosphates et les bicarbonates de chlorure. La présence de ces anions dans le sol peut
affecter considérablement l’exactitude des mesures obtenues, et par conséquent la validité
de la méthode de mesure [21].
Ainsi, l’accroissance du taux de ces ions dans le sol réduit la résistivité du sol et fait
accroître la vitesse de corrosion sur les surfaces des conduites enterrées [22].

 Effet de la température
La variation de la température du sol intervient directement dans le processus de corrosion
des structures métalliques enfouies. En fait, elle se manifeste sur le potentiel de corrosion,
la résistivité du sol, le taux de corrosion et le transport des particules [22]. La diminution de
la température dans le sol est inversement proportionnelle à sa résistivité.

II.4.3 Le pH du sol

II.4.3.1 Généralités

Le potentiel hydrogène, plus connu sous le nom de pH exprime la teneur en ions acidifiants
dissous dans l'électrolyte (le sol) et indique l'aptitude d'un sol à être le siège de certaines
réactions particulières influençant la corrosion. Un sol à faible pH indique un sol aux
propriétés acides et un sol avec un pH élevé indique la présence de sels alcalins dans le sol.
La plupart des sols ont un pH compris entre 4 et 8, dans cet intervalle; ils sont considérés
comme moins corrosifs. Quand le pH est inférieur à 4 ou supérieur à 8,5, le sol devient
plus corrosif. Cependant, un pH neutre est favorable à la présence de bactéries réductrices
de sulfates (BRS), qui contribuent à la formation de la corrosion microbiologique [23].

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II.4.3.2 Diagramme de Pour-Baix

Les diagrammes de Pour-Baix potentiel- pH (E-pH) sont utilisés principalement pour aider
à prévoir les états les plus stables d'un métal, de ses produits de corrosion et de ses ions
associés (forme complexe) dans une solution aqueuse sous différentes conditions de
potentiel et de pH [24]. Le diagramme de Pour-Baix localise également les frontières des
produits de corrosion insolubles du métal dissous avec les limites en concentration d'ions
métalliques libres.
Pour le cas du fer, le diagramme potentiel-pH du système Fer- H 2O à 25°C fait apparaître
trois phases distinguées [25], à savoir:
 Phase de corrosion : Dans cet état de système, le métal se transforme d’un niveau
stable à un niveau actif (corrosion). Cette transformation se traduit par la dissolution de
métal en ions solubles dans l’électrolyte. En solution neutre ou acide, le diagramme prévoit
la dissolution du fer avec la formation d'ions ferreux Fe 2+ et d'ions ferriques Fe3+ tandis
qu'en solution alcaline, le fer est sous forme d'ions ferrate HFeO2.
 Phase de passivité : C’est la plage où se trouvent les différentes phases condensées
sous forme d’oxydes et d’hydroxydes qui recouvrent la surface du métal et le protègent
contre les attaques de corrosion. Le métal a donc été oxydé en surface mais ce film le
protège d'une agression en profondeur. La couche passive recouvrant la surface métallique
est généralement très stable, compacte et fortement liée au métal.
 Phase d’immunité : où le fer reste à l'état métallique et ne peut donc se corroder,
les réactions d'oxydation n'étant plus possibles. C'est le domaine de la protection
cathodique.

Figure II.8 : Courbe d’équilibre E-pH de Fer-eau à 25 °C [8].

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II.4.4 Présence d’humidité dans le sol

La corrosivité du sol dépend fortement de la quantité d’eau qu’il maintient. Les


changements du taux d'humidité dans le temps peuvent également influencer la corrosion.
Par exemple, un sol composé majoritairement de sable dans un secteur aride peut ne pas
être très corrosif.
Cependant, un sol qui contient des chlorures et qui est soumis à une humidité peu fréquente
(provenant de plusieurs sources) peut être fortement agressif. Pendant la période de
séchage, les chlorures peuvent devenir concentrés sur la surface, rendant les conditions
locales bien plus agressives. Si un point de corrosion s'initie dans la conduite, ce processus
humidité/sécheresse peut induire une corrosion très intense, augmentant ainsi d’une
manière considérable sa profondeur [23].

II.4.5 Présence de bactéries sulfato-réductrices

En milieu anaérobique, ce qui est le cas de certaines eaux stagnantes, ou de terrains


argileux, vaseux imperméables et riches en sulfates, certaines bactéries consomment
l'hydrogène produit au niveau des microcathodes, permettant ainsi à la corrosion de se
poursuivre, et transformant les sulfates en sulfure de fer. Ces bactéries peuvent détruire
certains revêtements protecteurs des conduites, entraînant des piqûres locales de corrosion.
Les sols argileux favorisent la croissance des bactéries sulfato-réductrices à cause de la
présence de conditions anaérobies nécessaires pour leur croissance [18].
Les bactéries sulfato-réductrices ce sont des bactéries anaérobies réductrices de sulfates,
qui donnent des sulfures suivant la réaction :

SO42- + 8H S2- + 4H2O (II.8)

(Production de sulfures et d’hydrogène sulfuré)


L’hydrogène est fourni par des plages cathodiques ou les composés organiques de
l’environnement.

II.4.6 Le courant vagabond (courant parasite)

Si un courant électrique continu peut avoir pour effet de protéger cathodiquement une
structure lorsqu'il circule dans un sens convenable, il peut provoquer sa corrosion lorsqu'il
circule dans le sens opposé. Mais en général, les courants vagabonds se propagent dans le
sol où les liquides selon un chemin autre que celui prévu. Donc, ils peuvent entrer dans une

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structure conductrice enterrée ou immergée puis en ressortir plus loin, provoquant une
corrosion par dissolution anodique. Ces courants circulant de façon non maitrisée, sont
variables en direction et en intensité et pour cette raison, ils ont reçu la nomination de
courants vagabonds [14].
Les lignes de transport à traction électrique sous courant continu (tramways, métro),
propagent généralement dans le sol des courants dits vagabonds (figure I.9). En effet, le
courant amené par la caténaire, qui peut pour certains trains être de plusieurs milliers
d'ampères, retourne à la sous-station émettrice par le rail de roulement. Ce rail plus ou
moins bien éclissé, plus ou moins bien isolé du sol selon l'état du ballast, laisse s'échapper
une partie importante du courant qui peut alors emprunter, sur des parcours de dizaines de
kilomètres, des circuits peu résistants électriquement, tels que les conduites, avant de
regagner le rail et le générateur à proximité de la sous-station.
A l'endroit où les courants vagabonds quitteront la conduite pour retourner au rail, une
corrosion du métal se produira inévitablement.
L'importance de la corrosion est directement proportionnelle aux intensités mises en jeu (la
Loi de Faraday donne pour l'acier une consommation d'environ 10 kg par ampère et par
an).
Or, il n'est pas rare de voir transiter des courants de plusieurs dizaines d'ampères dans les
conduites. Les pertes de métal se chiffrent alors en grammes par heure, et des percements
de conduites peuvent alors se produire en quelques semaines [4]. On pourrait trouver des
cas où ce phénomène s'est produit avant même que la conduite ne soit en service et que les
moyens de lutte contre la corrosion n'aient été mis en œuvre.

Formation d’une
zone cathodique

Figure II.9 : Corrosion par courant vagabond [14].

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CHAPITRE II
Phénomène de corrosion

Conclusion

Les causes de la corrosion sont multiples et complexes et elles résultent d'interactions


chimiques et /ou physiques entre le matériau et son environnement. La corrosion jusqu'à ce
jour n'est pas complètement éclairée et cela est expliqué par les essais de laboratoire qui ne
permettent pas de prévoir avec certitude le comportement d'un métal ou d'un alliage donne
lorsqu'il expose à la corrosion et de même il n'y a pas de métal résistant, d'une manière
générale un métal résiste à la corrosion dans des conditions bien déterminées.

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