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Séance N°2 : Lecture analytique : « Une abbaye modèle », extrait de Gargantua (1534)
de François Rabelais
Texte : « Une abbaye modèle »
Toute leur vie était organisée non par des lois, par des statuts ou des règles, mais selon leur gré et leur libre
volonté. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient,
quand le désir leur en venait. Personne ne les éveillait, personne ne les forçait à boire ou à manger ou à
faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Leur règle ne comportait que cette clause :
FAIS CE QUE TU VOUDRAS,
parce que les gens libres, bien nés, bien formés, vivant en bonne société, ont naturellement un instinct, un
aiguillon qu’il appellent honneur et qui pousse toujours à la vertu et les éloigne du vice. Quand ils sont
Questions :
1) Qui parle dans ce texte ? A qui ? Justifiez votre réponse.
2) a- Combien de vers contient chacune des strophes de ce poème ?
b- Comment appelle-t-on ce genre de strophe ?
3) Faites correspondre en remplissant le tableau suivant :
A- des tresses sublimes ; B- une femme coiffée d’un bonnet ; C- des cheveux dénoués ; D- une coiffure plus
sobre.
Strophe 1 Strophe 2 Strophe 3 Strophe 4
8) Expression écrite :
Rédigez un paragraphe qu’un père ou une mère pourrait écrire à son fils ou sa fille, aujourd’hui, pour
l’encourager à poursuivre intelligemment ses études et/ou sa formation.
Séance n°2 : Lecture analytique : « Le Lion et le Rat », extrait des Fables (1668) de
Jean de La Fontaine
Texte : « Le Lion et le Rat »
Entre les pattes d’un lion
Un rat sortit de terre assez à l’étourdie.
Le roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu’il était, et lui donna la vie.
Ce bienfait ne fut pas perdu.
Quelqu’un aurait-il jamais cru
Qu’un lion d’un rat eût affaire ?
Cependant il advint qu’au sortir des forêts
Ce lion fut pris dans des rets
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire rat accourut, et fit tant par ses dents
Texte n°3 : « La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf »
Une grenouille vit un bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? Dites-moi. N’y suis-je point encore ?
- Nenni.- M’y voici donc ? - Point du tout. - M’y voilà ?
- Vous n’en approchez point. » La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
13) En quoi peut-on dire qu’il s’agit ici d’un texte classique ?
Séance n°2 : Lecture analytique : « De l’esclavage des nègres », extrait de L’esprit des
lois (1748) de Montesquieu.
Texte : « De l’esclavage des nègres »
Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de
l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque
impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme
bonne, dans un corps tout noir.
3) « On voit assez quelle supériorité prodigieuse elle devait avoir sur ces cailloux ». a- Donnez la nature et la
fonction du mot souligné. b- Remplacez le mot souligné par un synonyme.
4) « Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il vit
une galerie de deux milles pas, toute pleine d’instruments de mathématique et de physique. ». Transformez
le passage au présent de la narration.
5) « …on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille
colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de canne de sucre, qui
coulaient continuellement dans de grandes places, pavées d’une espèce de pierreries... ». De quelle figure de
style s’agit-il ? A- périphrase B- accumulation C-antiphrase. Choisissez votre réponse.
6) « Candide demanda à voir la cour de justice. » a- De quelle figure de style s’agit-il ? b- Remplacez
l’expression soulignée par un équivalent..
7) a-Relevez le champ lexical de la royauté. b- Sous quelle forme est le système politique D’Eldorado ? A-
république B- monarchie C- tyrannie. Choisissez la bonne réponse.
8) Le roi est-il pour ses citoyens : A- un tyran B- un protecteur et un père C- Un président ? Choisissez la
bonne réponse et justifiez-là.
9) En quoi peut-on dire qu’il s’agit ici d’un texte de la philosophie des lumières ?
Séance n°2 : Lecture analytique : « Et ce pays cria », extrait de l’œuvre Cahier d’un
retour au pays natal (1939) de Aimé Césaire
Texte : « Et ce pays cria »
Cellule de Français du Lycée Mixte Maurice Delafosse Page | 19
Et ce pays cria pendant des siècles
que nous sommes des bêtes brutes ;
que les pulsations de l’humanité s’arrêtent aux portes de la négrerie ;
que nous sommes un fumier ambulent
hideusement prometteur de cantandres et de coton soyeux
et l’on nous marquait au fer rouge
et nous dormions dans nos excréments
et l’on nous vendait sur les places
et l’aune de drap anglais
et la viande salée d’Irlande coutait moins cher que nous,
et ce pays était calme, tranquille,
disant que l’esprit de Dieu était dans ses actes […]
Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, 1939
Questions :
1) Qui est Aimé Césaire ? A quel mouvement appartient-il ?
2) Relevez le champ lexical de la déshumanisation de l’homme noir (cf. au minimum quatre mots). Quelle
interprétation pouvez-vous en faire ?
3) Relevez les différents pronoms qu’on a dans ce texte ? Quelle conclusion peut-on en tirer ?
4) Que vous inspire l’emploi de « ce » au début du texte ? Quel sens peut-on lui donner ?
5) Combien de phrases comporte ce texte ? Pourquoi ?
6) Quels sont les différents temps verbaux employés dans ce texte ? Que révèle leur emploi ?
7) Quelle est la tonalité qui domine dans ce texte ? Justifiez votre réponse.
8) Relevez et expliquez la présence du champ lexical de l’horreur et celui de la douleur.
9) Indiquez la figure de style utilisée dans chacune des expressions suivantes : « des ricanements de fouet »,
« parmi des lassitudes… ». Que montrent-elles ?
10) Comment peut-on expliquer les points de suspension à la fin du texte ?
11) A partir de ce texte, relevez quelques unes des principales caractéristiques du mouvement de la
négritude..
Séance n°2 : Lecture analytique : « La cuiller sale », extrait des Nouveaux contes
d’Amadou Koumba (1961) de Birago Diop
Texte : « Revanche sur la marâtre »
Binta l’orpheline vivait dans la maison paternelle où la deuxième femme de son père ne
lui épargnait ni les grands travaux, ni les vexations, ni les cris, ni les coups. […] Binta
allait chercher le bois mort, puisait l’eau, pilait le mil, lavait le linge et faisait la cuisine.
[…]
Lasse, vraiment lasse à la fin de cette journée-là, Binta avait oublié parmi les
nombreux ustensiles et calebasses qu’elle avait à récurer après chaque repas, de laver une
toute petite cuiller en bois, une toute petite kôk. Lorsque la femme de son père s’en
aperçût, elle entra dans une colère terrible. Criant, hurlant, elle se mit à battre une fois de
plus la petite fille. Fatiguée de la rouer de coups, elle lui dit :
- Tu iras laver cette cuiller à la Mer de Ndayane.
Birago Diop, Les Nouveaux contes d’Amadou Koumba, 1961.
Questions :
1) Indiquez l’époque et le lieu de ce conte de Birago Diop. Ces derniers vous sont-ils familiers ? Pourquoi ?
2) Quelle est l’identité de l’héroïne ?
3) De quoi est-elle victime ? De la part de qui ? Pour quelles raisons ?
4) Quels sont les deux sens du mot « marâtre » ? (cf. aidez-vous d’un dictionnaire)
5) Quel événement lance l’action ? Par quel complément circonstanciel est-il annoncé ?
6) Quelle mission est confiée à l’héroïne ?
7) De quelles qualités devra-t-elle faire preuve ?
8) Selon vous, le dénouement de ce conte sera-t-il favorable à l’héroïne ? Pourquoi ?
9) A partir de ce texte, relevez quelques unes des principales caractéristiques du conte africain.
I) Le cadre spatio-temporel
- Héros et sa quête
Noms Caractéristiques et rôles - Bons (adjuvants)
- Méchants (opposants)
III) Progression du récit
Activité n°2 :
Consigne : Résumez chacun des textes suivants au quart de sa longueur (écart toléré plus ou moins 10%)
après avoir identifiez son thème général ; son thème particulier et son plan détaillé.
Texte n°1 :
Les dangers des réseaux sociaux comme Facebook guettent les adolescents car ils sont les premiers à
avoir adopté ce réseau social. Ils sont les plus nombreux et les plus actifs sur ce site. C’est pour cette raison
qu’ils en sont les premières victimes. Les adolescents peuvent être victimes d’harcèlement moral, d’injures,
photos obscènes…
Texte n°2 :
Les élèves ambitieux privilégient la réussite sous toutes ses formes avec un objectif affirmé : prendre
sa vie/son destin en main. Confort matériel et financier, valorisation statutaire, reconnaissance, accès au
luxe, liberté, audace... sont autant d’aspirations pour les ambitieux. Les moyens mis en place pour y parvenir
sont : la forte détermination, la confiance en soi, les concessions et les sacrifices.
Texte n°3 :
Actuellement, l’endroit où il faut être est Facebook. Ce nouveau réseau social a déclenché un
véritable phénomène international. Tout le monde s’y retrouve. Que l’on soit jeune ou plus vieux, tout le
monde a un jour était sur facebook. Malgré le fait que ce soit un moyen intéressant pour se faire des amis,
garder le contact, s’exprimer, partager ses émotions, il présente aussi une face cachée qui peut-être négative
voire dangereuse.
Texte n°3 :
L'importance de l'enfant dans la famille augmente jusqu'a ce qu'il en soit le centre. Il est alors perçu
comme un moyen d'être heureux. Sa place change donc, et les rapports d'autorité aussi, laissant place à une
relation enfant-parent différente et plus basée sur la confiance et sur le bonheur (ou tout au moins la
satisfaction) de l'enfant. On comprend que cette évolution n'a pas pu se faire sans entraîner des changements
dans le rapport professeur élève ; à ceci va s'ajouter l'influence des psychologues de l'enfance. Le professeur
doit donc descendre de son estrade pour être plus proche des élèves, favoriser l'intervention de ces derniers,
les laisser s'exprimer (spontanéité est le maître mot), les laisser travailler par eux-mêmes (exposés, comptes-
rendus...), user moins de son autorité (qui faiblit) que de l'intérêt de l'élève.
http://www.cyberProfs.com 2014
Texte n°4:
Des questions surgissent aujourd’hui autour des technologies les plus récentes de l’information et de la
communication, qui démultiplient, en quelque sorte, les pouvoirs du langage humains. L’accès à
l’information et à la correspondance en temps réel à l’échelle planétaire (Internet, webcam, téléphone
portable…) constituent à la fois un progrès extraordinaire facilitant la communication entre les hommes et
une menace pour la qualité, ethnique et scientifique notamment, des échanges ainsi facilités. L’absence de
limites dans le temps et dans l’espace, l’impossibilité d’un contrôle efficace des informations véhiculées, la
liberté quasi-totale de l’accès à ces informations représentent autant de risques potentiels.
https://elisabethsergeyeva.wordpress.com
Exercice d’application :
II) Les figures de substitution, qui remplacent un terme par un autre terme ou par toute une expression
Métonymie
Synecdoque
Périphrase
Accumulation
Question oratoire /rhétorique
Exercices d’application
1) […] et ces feuilles tombant toujours semblaient des larmes, de grandes larmes versées par les grands
arbres tristes qui pleuraient jour et nuit sur la fin de l’année…
2) La nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles.
3) Et des fleuves français les eaux ensanglantées / Ne portaient que des morts aux mers épouvantées.
4) Les malvoyants (les aveugles). / Sa barbe était d’argent comme un ruisseau d’avril.
5) Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Exercice d’application :
Consigne : Indiquez la tonalité dominante dans chacun des textes suivants
Texte n°1 :
Ils étaient trois mille. Ils faisaient un front d'un quart de lieue. C'étaient des hommes géants sur des chevaux
colosses (…) Ils se ruèrent sur les Anglais. Ventre à terre, brides lâchées, sabre aux dents, pistolets au poing,
telle fut l 'attaque! (Victor Hugo)
Texte n°2 :
Les émigrés vivaient dans des quartiers réservés, des bidonvilles, des hôtels miteux. Il y a diverses
catégories: alcooliques, tuberculeux, dégénérés. Les gens étaient bruyants, se trompaient de direction ou
buvaient salement. (Claire Etcherelli)
Texte n°3 :
La plus grasse de ses femelles ouvrant son corsage dilaté matraque à grands coups de mamelles ceux qui
passent à sa portée. Ils tombent, tombent, tombent, tombent, et selon les avis compétents il paraît que cette
hécatombe fut la plus belle de tous les temps. (Georges Brassens)
Exercice d’application :
Consigne : Observez ces trois passages et indiquez le genre de récit utilisé dans chaque texte.
Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
La demi-obscurité était trouée, au fond, à gauche, par la zone laiteuse de l’estrade où s’agitait un
groupe de musiciens de rock’nroll. Le chanteur hurlait, d’une voix encore mal assurée, un succès américain.
Autour de l’estrade, se pressaient des garçons et des filles de l’orchestre, avec ses cheveux blonds frisés et
ses grosses joues, parut à Bellune un enfant de troupe précocement vieilli.
Il se fraya un passage jusqu’au bar et commanda un alcool. Après le troisième verre, il était moins
sensible au bruit. Chaque fois qu’il venait au Palladium, il y restait une heure tandis que les orchestres et les
chanteurs se succédaient sur l’estrade – adolescents de la banlieue ou jeunes employés du quartier. Et leur
rêve était si fort, si violent leur désir d’échapper par la musique à ce qu’ils pressentaient de leur vie, que
Bellune percevait souvent les stridences des guitares et les voix qui s’éraillaient comme des appels au
secours.
Il avait plus de cinquante ans et travaillait dans une maison de disques. On le chargeait de se rendre
deux ou trois fois par semaine au Palladium et de repérer certains groupes de musiciens amateurs. Bellune
leur fixait rendez-vous à la maison de disques et ils y passaient une audition. A cet instant-là, il n’était rien
d’autre qu’un employé des douanes qui choisit, dans une foule d’émigrants massés devant un bateau, deux
ou trois personnes, et les pousse sur la passerelle d’embarquement.
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Il consulta sa montre et décida qu’il avait suffisamment fait acte de présence. Cette fois-ci, il ne se
sentait même pas le courage de porter son attention sur un chanteur ou un groupe de musiciens. Marcher
jusqu’à l’estrade en jouant des coudes lui semblait un acte surhumain. Non. Pas ce soir.
C’est alors qu’il remarqua sa présence. Il ne l’avait pas vue jusque-là parce qu’il lui tournait le dos.
Une fille aux cheveux châtains, à la peau très pâle, les yeux clairs. Vingt ans à peine. Elle était assise au bar
mais elle regardait vers le fond, hypnotisée. Un remous s’enflait, il y avait une bousculade, des
applaudissements, des cris. Quelqu’un montait sur le podium : Vince Taylor. Pourquoi ne se mêlait-elle pas
aux autres ? Son regard, fixé vers la seule zone lumineuse du Palladium, évoqua dans l’esprit de Bellune
l’image d’un papillon hésitant qu’attire la lampe. Sur le podium, Vince Taylor attendait que les
applaudissement et les cris s’éteignent. Il régla le micro et commença à chanter.
- Vous aussi, vous voulez chanter ?
Elle sursauta comme s’il l’avait tirée brusquement de son rêve et se tourna vers lui.
- Vous êtes là parce que vous vous intéressez à la musique ? demanda encore Bellune.
Sa voix douce et sa gravité inspiraient toujours confiance. Elle fit un signe affirmatif de la tête.
- Ça tombe bien, dit Bellune. Je travaille pour une maison de disques. Je peux vous aider, si vous
voulez…
Elle le considérait, l’air interloqué.
Patrick Modiano, Une Jeunesse, 1981
Questions :
1) Le narrateur, présent dans ce texte, est-il : le héros de cet extrait ? l’ami du héros ? un simple témoin ?
2) Dites à quel moment du récit l’ordre chronologique a été respecté.
3) Quelle est la focalisation utilisée dans ce récit ? Justifiez votre réponse.
Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après.
Texte :
« La voiture remonta en direction de la colline ; tous phares allumés, elle grimpa le long de la route en lacets,
à travers les fourrés obscurs. De temps en temps, des maisons surgissaient au bord de la route, énormes
masses noires percées d’une fenêtre jaune. La colline était un grand tas de roc et d’arbres plus sombres que
la nuit, et elle dominait la ville. Elle sortait hors des gouffres de l’eau et de la plaine avec toute la puissance
de son dos arc-bouté, si pleine, si solide qu’on l’aurait crue vivante. Percée de puits, dardant ses arbustes et
ses broussailles, étirant les longues pentes d’éboulis, les nappes de terrains vagues, les rides des torrents
gonflés, elle avançait peut-être, pareille à une gigantesque épave, nue, aride, les flancs ruisselant doucement
de pluie, perdant ses particules de poussière, vibrant sur son socle, dans la nuit. Sur elle, on montait vers le
silence, à travers les rues et les escaliers. Tous feux éteints, on faisait l’ascension vers le sommet où tous les
bruits avaient été chassés par le vent. On contournait des obstacles, des fissures, des carrières, des blocs de
rocher encore suspendus par un angle. On longeait des réservoirs d’eau, des bulles où les gouttes de pluie
tombaient.
Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
« Elle couvrit la casserole fumante, passa un torchon sur la tablette de faïence. Elle remplit d’eau la
boite à lait ; referma la poubelle ronde. Ayant assez sacrifié à ses principes de parfaite femme d’intérieur,
elle regagna son studio. En passant devant le miroir de l’antichambre, elle rétablit sur son visage une
contraction des narines à laquelle elle tenait beaucoup, et qui accentuait, disait-elle, son caractère fauve.
Elle crut entendre des voix dans l’escalier et se hâta de coiffer un chapeau, d’endosser un manteau
clair, dont le lainage imitait de très près la nuance blond beige des cheveux de Julie, coupés court et frisés à
la Caracalla. Elle rejeta des gants défraîchis, puis les reprit : « C’est bien assez bon pour le cinéma », enfin
elle s’assit, pour attendre, dans le meilleur fauteuil de son studio, après avoir éteint deux lampes sur quatre :
« C’est la dernière fois que j’utilise le bleu et le rouge ensemble pour la décoration, pensa-t-elle en
parcourant du regard le studio. On se ruine en électricité, avec deux couleurs qui boivent la lumière. »
Une paroi rouge, une grise et deux bleues enfermaient un mobilier disparate, qui n’était pas
désagréable, mais seulement un peu trop colonial, grevé (=alourdi) ça et là d’une table à plateau de cuivre
dodécagone (=à douze côtés), qui venait d’Indochine, d’un fauteuil fait d’une peau de bœuf sud-africain, de
quelques cuirs fezzans (=de la ville de Fez) et des vanneries dont la Guinée gaine les boîtes à tabac anglais.
Le reste de l’ameublement, en bon XVIIIe français, tenait debout grâce aux fortes mains adroites de Mme de
Carneilhan, habiles à recoller, cheviller, et même glisser une mince latte de métal dans de vieux bois et des
pieds de fauteuil fendus.
Elle attendit dix minutes, patiente par humilité foncière, droite par discipline et orgueil superficiel. Sa
gorge bien placée, son buste rebelle à l’empâtement, elle les mirait avec plaisir, dans une grande glace sans
cadre qui donnait de la profondeur au studio. Une gerbe de fouets à chiens et à chevaux, promus au grade
d’objets de collection pour ce qu’ils venaient du Caucase et de la Sibérie, retombait, lanières en boucles, sur
le miroir.
Julie de Carneilhan reprit son travail de coussin, bâtit à grands points le dessin de la lettre et se
découragea aussitôt : « Pas d’illusions. Ce sera hideux. »
Après dix minutes d’attente, le nez charmant et fier, la bouche étroite et musclée de Julie bougèrent
nerveusement et deux grosses larmes brillèrent à l’angle de ses yeux bleus.
Un coup de sonnette lui rendit son optimisme, et elle courut à la porte.
Colette, Julie de Carneilhan, 1941.
Questions :
1) a) Quel est le nom (=/= prénom) du personnage ?
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b) Quels indications suggère ce choix de l’auteur ?
c) Observez la construction du nom et dites ce que vous découvrez.
d) Que pouvez-vous en déduire sur l’héroïne : qu’elle a peur de la vie, qu’elle laisse les événements décider
à sa place, ou qu’elle dévore la vie et les gens ?
2) Analysez le procédé de la caractérisation indirecte dans le passage : « Une paroi rouge, une grise…des
pieds de fauteuil fendus ». Quelles informations sur le caractère mais aussi quelles inquiétudes du
personnage découvre-t-on ?
3) L’auteur varie la dénomination du personnage : elle, Julie, Mme de Carneilhan, Julie de Carneilhan. Cette
succession d’appellations est-elle due au hasard ? Justifiez votre réponse.
4) Imaginez la suite du texte. La porte s’ouvre sur un personnage. Celui-ci regarde Julie. Utilisez le procédé
de la caractérisation directe pour décrire Julie à travers le regard du visiteur.
Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
Regarde ce que je fais. D’un seul mot je peux faire surgir des images de toutes sortes. On peut les
varier… - De quels mots, mon chéri ? – Par exemple du mot Hérault… . Il en donne plein… il suffit de le
prononcer, l’image sort. Hérault… et je fais venir la maison de Tatie. Hérault… un héraut s’avance sur la
route, vers le château fort… Héros… un officier en habit blanc… il crie, il s’élance, ses hommes le
suivent… Aire haut… on bat le blé sur un haut plateau, la menue paille vole, les ânes et les chevaux
tournent… Erre haut… une cordée perdue dans la tempête de neige… et à la fin R.O. et crac, tout s’arrête.
C’est comme un paquet de cartes qu’on a déployé et qu’on referme. – Mais comme c’est amusant. Mais tu
sais, il me semble qu’il t’en manque. Tiens, en voilà d’autres, je vais t’en donner. Tu as Air Haut… Une
belle princesse qui descend fièrement les marches de marbre rose de son palais. Elle se tient tête haute. Les
courtisans s’inclinent sur son passage. Elle regarde au loin d’un air pensif… Et encore Air, oh… Un
moribond sur son lit à baldaquin… Ce serait un baldaquin de serge, couleur pourpre… l’homme halète, il
étouffe, ses lèvres s’entrouvrent, il prononce difficilement : air… et puis sa tête retombe, il rend le dernier
soupir : Oh… Il y a aussi Air. Eau. Y as-tu pensé ?
- Non. R.O. maintenant. Rrrr… le gros bouledogue se tient sur ses pattes écartées… sa gueule est
grande ouverte, attention, il va te mordre, il se jette sur toi, tous ses crocs en avant, ouah, ouah, ouah. Non,
va, n’aie pas peur. Voilà O. Tout est annulé. Zéro.
- A quoi penses-tu, mon chéri ? Tu es là tout rencogné… Tu marmonnes comme un vieux grand-
père…
- Je ne marmonne pas…
- Si, je t’ai entendu, tu parlais d’un héros… Tu te racontais des histoires…
- Non. Ce n’était rien. C’était juste des mots. […]
Des mots… Il se répète des mots. Il joue avec des mots… et pourtant on ne lui dit jamais rien pour le
pousser, on évite de l’encourager, ces choses-là doivent venir naturellement, et les enfants sont si malins, ils
sentent si bien l’admiration des adultes, ils sont si comédiens… Je savais qu’il a beaucoup d’imagination, ses
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devoirs de français sont déjà si bien tournés, mais vous avez raison…tous les enfants… je savais que ça ne
signifiait rien. Je voyais ses lèvres remuer, il se parle à lui-même pendant des heures… je pensais qu’il se
racontait des histoires… je sais, c’est ce que font tous les enfants… bien sûr, il est particulièrement
sensible…
Nathalie Sarraute, Entre la vie et la mort, 1968.
Questions :
1) Relevez tous les homonymes de Hérault cités dans le texte.
2) Observez comment, par le jeu des connotations, l’auteur passe d’un terme à un autre. Poursuivez ce
schéma jusqu’à la fin du texte :
Le Hérault le département avec la maison => le voyage
Le Héraut s’avance vers le château fort => la guerre
Le héros qui se lance à l’assaut => monter …
3) Recherchez dans le texte le synonyme de chaque mot suivant :
Offre ; escalier ; songeur ; demeure ; observe ; ferme ; équipe ; ouvert.
Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien les textes suivants avant de répondre aux questions ci-après
Texte 1 :
CESAR : - Monsieur Brun, tous les apéritifs sont faits avec des plantes : gentiane, sauge, anis, peau
d’orange, absinthe et cétéra. Or, les plantes, ce sont des remèdes. Dans ma chambre, j’ai un gros livre : la
Santé par les Plantes, ça guérit TOUT. Alors, finalement, qu’est-ce que c’est qu’un apéritif ? C’est une
espèce de tisane froide. Vous pourriez me dire qu’il y a de l’alcool…
M. BRUN : - Je vous le dis.
CESAR : - Et qu’est-ce que c’est, l’alcool ? Essence de vigne : plante ! Et quand quelqu’un se trouve mal,
qu’est-ce qu’on dit ? « Vite, faites-lui boire quelque chose ! Vite ! Un peu de rhum ! Un peu de
Chartreuse ! » Donc, remède. Naturellement, il ne faut pas en boire trop. Pour tous les remèdes, c’est la
même chose. Sur toutes les boîtes : il y a écrit : « Ne pas dépasser la dose prescrite. » (cf. Marcel Pagnol,
César, 1936)
Texte 2 :
Regarde, Sherlock, ces deux types qui marchent dans notre direction.
- Le marqueur de billard et l’autre ?
- Oui. Qu’est-ce que tu penses de l’autre ?
Les deux hommes s’étaient arrêtés juste en face de la fenêtre. Sur l’un d’eux, je relevai quelques
traces de craie à la poche du gilet ; c’était tout ce qui pouvait suggérer le jeu de billard. L’autre était très
petit, brun ; il avait le chapeau rejeté en arrière et il portait des paquets sous son bras.
« Un ancien militaire, je crois ! dit Sherlock.
- Et qui a été démobilisé très récemment, observa Mycroft.
- Il a servi aux Indes.
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- Comme sous-officier.
- Dans l’artillerie.
- Et il est veuf.
- Mais il a un enfant.
- Des enfants, mon cher ! Plusieurs enfants.
- Allons ! intervins-je en riant. Voilà qui est un peu trop fort !
- Evidemment, répondit Holmes, il n’est pas difficile de dire qu’un homme qui a ce maintien, cette
expression d’autorité, et cette peau cuite par le soleil est un militaire, un gradé, et qu’il revient des Indes.
- Le fait qu’il a été récemment démobilisé se déduit de cet autre fait qu’il porte encore ses chaussures
d’ordonnance, expliqua Mycroft.
- Il n’a pas une démarche de cavalier, mais pourtant il portait le chapeau sur le côté, puisque son front
est plus brun d’un côté que de l’autre. Son poids l’empêche d’être un sapeur. Il était donc dans l’artillerie.
(cf. C. Doyle,
Souvenirs de Sherlock Holmes)
Questions :
1) Repérez la stratégie de raisonnement choisie dans les deux textes suivants.
2) Quel est le point de départ du raisonnement dans chaque texte ?
3) Précisez pour chaque texte quel type de raisonnement a été utilisé. Expliquez chacun de vos choix.
4) A quel type de conclusion aboutit chaque texte ? Expliquez votre choix pour chaque texte.
Exercice d’application :
Consigne : Lisez bien le texte suivant avant de répondre aux questions ci-après
Texte :
DESORMAIS DISPONIBLE GOÜT CHOCOLAT-MENTHE
La série limitée Mini After Eight séduira tous ceux pour qui le non-conformisme reste la plus belle façon
d’avancer. Telle une sucrerie, c’est d’abord son allure extérieure qui vous allèchera. Jeune, élégante, son
coloris spécifique « British Racing Green » est finement souligné par une décoration latérale « After Eight ».
Très vite, vous vous laisserez fondre dans son habitacle raffiné, et son intérieur feutré, avec ses sièges
velours. Après avoir étonné plusieurs générations lors des salons automobiles, la Mini enthousiasmera
aujourd’hui dans sa version After Eight tous les adeptes des salons de thé.
Questions :
1) Quelle image le constructeur automobile veut-il donner de lui-même ? Quels détails du texte l’indiquent ?
2) A quel type d’automobiliste cette publicité s’adresse-t-elle ? Faites le portrait de l’argumenté visé par
cette argumentation.
3) Si la voiture s’appelait Green Wood et si l’on s’adressait à un adepte des randonnées en forêts, que
devrait-on transformer dans le texte ? Récrivez le texte pour cette nouvelle cible en modifiant les mots et
expressions soulignés.