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Si les enseignants ont bien conscience que « l’erreur est un outil pour enseigner », pour
reprendre les mots de Jean-Pierre Astolfi, savent-ils pour autant comment s’y prendre ? La
question est complexe, les pistes de réponses variées et multiples, et beaucoup de chemin
reste à faire.
Vous trouverez dans ce dossier des récits et des méthodes issus des expériences de praticiens,
mais aussi des articles abordant les différentes dimensions de l’erreur en pédagogie. La
question du « droit à l’erreur » est posée, est-ce vraiment un droit ? Comment permettre aux
élèves de débusquer leurs erreurs pour progresser ? Comment favoriser un climat serein
d’apprentissage où l’on peut essayer, et se tromper, sans risque ? Quel rôle accorder aux
erreurs dans le triangle de la relation pédagogique ? Que penser et que faire de « l’erreur
d’étourderie » ? Et quand l’erreur vient de l’enseignant ? Les disciplines et didactiques
prennent-elles en compte l’erreur de manière uniforme ?
Au fil de votre lecture, vous découvrirez ce qui se cache derrière les perles de nos élèves avec
Alexandra, sur quoi s’appuient Sabrina, Soukhaïna et Selin pour justifier l’orthographe d’un
mot, ce que le mont Blanc a à voir avec la géométrie et ce que pensent des élèves de CP de
l’utilité de faire des erreurs.
Nous verrons aussi pourquoi se tromper à plusieurs est plus facile à supporter, que la notion
d’erreur dépend du temps qu’on estime pouvoir laisser à l’élève pour assimiler un
apprentissage, comment apprendre « à faire faux » peut aider l’élève à avancer, comment
déconstruire la hiérarchisation des élèves d’une classe et aussi une invitation à remplacer « le
droit à l’erreur » par une formulation plus juste et plus créative.
Dans sa relecture, Yves Reuter se réjouit d’un dossier qui rassemble des propositions
construites entre théorie et pratiques, de niveaux scolaires variés, du CP à l’université, mais
pointe les limites et contradictions dont nous pouvons faire preuve dans la « bonne volonté »
de traiter de l’erreur en classe, invitant à dépasser la notion d’erreur au profit de celle de
dysfonctionnement.
Ce nouveau dossier des Cahiers pédagogiques s’inscrit comme un point d’étape, un éclairage
des dynamiques en cours. Il est sans doute encore plus d’actualité dans un contexte où émerge
péniblement un nouveau système de valeurs, le socle commun de connaissances et de
compétences marquant le transfert d’une pédagogie centrée sur l’enseignement à une
pédagogie centrée sur les apprentissages. Vingt-deux ans après la loi de 1989 censée mettre
l’élève au centre du système, quatorze ans après le livre essentiel de Jean-Pierre Astolfi, le
statut de l’erreur s’inscrit plus que jamais au cœur de dynamiques qui renouvèlent
l’enseignement.
Pour cela :
le caractère instructif de l’erreur, pour le professeur comme pour l’apprenant, doit être
clairement explicité au sein de la classe.
Le professeur doit consacrer un temps suffisant à une phase de repérage, de formulation et
d’explicitation par l’apprenant de ses propres erreurs.
Traitement de l’erreur :
1-Pour professeur : il s’agit de travailler sur l’erreur comme outil de décision pédagogique.
2-Pour l’apprenant : il s’agit de corriger ses erreurs.
Corriger : « Corriger, ce n’est pas juger : c’est aider à apprendre. Ce n’est pas enregistrer et
sanctionner des écarts à la norme, c’est pointer des réussites précises et des erreurs précises. Ce
n’est pas accomplir un acte terminal : c’est ouvrir à d’autres activités. » In Corriger les copies. Odile
&Jean Veslin.
Noter : « apprécier par une note chiffrée » (Définition donnée par le Petit Robert). On peut utiliser
plusieurs outils de notation : note chiffrée, note par lettre, par couleur.
Evaluer : Dans le contexte scolaire, c’est confronter une production d’élève à un ensemble de
critères définis préalablement, objectifs (avec élimination du jugement moral, mais pas du
jugement) et explicites (connus).
Erreur : On peut appeler erreur une réponse non conforme à ce qui est donné comme vrai. La
représentation de l’erreur relève d’abord d’une adéquation à la vérité. C’est une perception assez
neutre de l’erreur. (In. Dictionnaire de pédagogie).
Dans le domaine scolaire, l’erreur se conçoit comme l’indicateur qui permet de constater
objectivement si l’apprenant a acquis telle ou telle compétence.
Qui corrige ?
Le professeur et l’apprenant auteur du travail, éventuellement un autre élève ou un groupe
d’élèves.
Un contrat explicite doit définir la tâche de chacun (cette tâche peut varier selon le type de
production).
Remarques :
Quoi ?
Tout travail doit être contrôlé, toute trace écrite doit être corrigée :
Pourquoi ?
Professeur Apprenant
1. Pour vérifier les résultats attendus. Pour progresser vers les compétences visées en
2. Pour vérifier l’acquisition de réinvestissant les connaissances.
compétences.
3. Pour analyser les erreurs et y remédier.
Quand ?
Différentes possibilités selon la situation :
Le professeur. L’apprenant.
Pendant l’activité :
réfléchit à la validité de sa démarche et
apporte une aide ponctuelle.
de ses résultats (incité par le
Corrige les exercices terminés par certains élèves
professeur).
avant le temps imparti.
Réajuste si nécessaire.
Immédiatement après :
donne le résultat attendu.
effectue ou fait effectuer la correction. se relit.
Utilise les outils d’aide à la correction.
(indicteurs de réussite, grilles de
A éviter :
correction, dictionnaire…)
Confronte ses résultats à la correction
refaire le devoir dans son intégralité. effectuée par le professeur.
donner des explications superflues
Différé :
Effectue les corrections demandées par
le professeur.
Après la classe, il repère les erreurs sur les copies
Prend appui sur le code utilisé dans la
d’expression écrite.
classe pour analyser la nature de ses
Contrôle et vise les cahiers après avoir signalé
erreurs.
(souligné) les erreurs.
Prend appui sur les grilles
Il contrôle la correction réalisée par les élèves.
d’indicateurs de réussite et
d’évaluation…
Le temps nécessaire à la correction doit être prévu dans le déroulement des séances.
Où ?
Le professeur. L’apprenant.
Repère l’erreur dans la production de l’élève. corrige l’erreur au plus près (juste
Annote dans la marge (en fonction de l’erreur en dessous, sur la ligne laissée
constatée et du code utilisé) libre)
Porte le bilan à la place (case) réservée pour évite les procédés qui
cela ( Observations/Appréciations) alourdissent la tâches (ratures,
parenthèses…)
Réécrit le mot, la phrase, le
résultat en entier.
Corrige au crayon ou dans une
autre couleur.
Comment ?
Bibliographie:
-Des pratiques de l’écrit. Le Français Dans le Monde. Ed.Hachette.Paris 1993.
Coll.Recherches et Applications.Coordonné par Gisèle KAHN.
-Situations d’écrit Sophie MOIRAND. Ed. Clé International. Paris 1979.
-L’erreur, un outil pour enseigner. Jean-Pierre ASTOLFI. ESF Editeur..Paris 2001