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Séance 3 : LES REGISTRES DE LANGUE

Objectifs : Utiliser le lexique ou les expressions et la syntaxe appropriés à une situation


de communication.
Identifier les différents niveaux de langue afin de bien les utiliser.
Pour communiquer il faut un code. Mais ce code, qui subit une évolution continue au fil de
l’histoire de la langue, se diversifie en usages, qui varient en fonction de la situation
d’énonciation et notamment :
- de la distinction : code oral / code écrit ;
- du locuteur et du destinataire qui ont chacun une origine géographique, un niveau de
culture, une position sociale ;
- du type de relation qui s’établit entre eux (conversation, discours officiel…).
Si la grammaire impose le respect de l’usage correct, de rigueur à l’écrit, les textes littéraires
jouent quant à eux, plus largement sur la diversité des usages.
I. L’oral et l’écrit
Les conditions matérielles de la communication diffèrent totalement. Il en découle :
1. Deux stratégies d’énonciation
➢ A l’oral, le destinataire est physiquement présent : on doit s’adapter à sa personnalité, à
ses réactions ; on dispose d’informations données par la situation, l’intonation, les
gestes, la mimique.
➢ A l’écrit, le destinataire est éloigné dans l’espace et dans le temps : le message doit
donner plus d’informations, il est l’objet de plus de soins ; c’est un produit qu’on livre
« fini », tandis que l’oral se construit et s’ajuste au moment de la parole.
2. Deux grammaires
➢ Celle de l’écrit correspond généralement à l’usage correct ; elle utilise la phrase
complexe (proposition subordonnées), la ponctuation et l’orthographe, qui concourent
à l’organisation logique de l’énoncé.
➢ Celle de l’oral est moins élaborée : on y trouve des propositions juxtaposées plutôt que
subordonnées, des répétitions, des phrases disloquées, inachevées. Le vocabulaire est
aussi moins surveillé qu’à l’écrit. L’oral transcrit dans les textes littéraires (théâtre,
roman) reproduit fidèlement mais de façon stylisée la spontanéité de la parole vivante.
II. Les registres de langue
❖ Bien qu’en France, de nos jours, les dialectes (variétés géographiques) aient cédé la place
à la langue standard (celle qu’on enseigne à l’école, celle des média), on remarque des
registres ou niveaux qui renvoient aux divers usages sociaux de la langue. Les différences
sont marquées dans :
- le vocabulaire : les dictionnaires indiquent par des « marques d’usage » le caractère
familier, populaire, archaïque, etc., des mots ;
- la syntaxe : il y a des règles différentes pour la négation, l’interrogation, l’emploi de
temps et des modes, l’expression des relations logiques, etc.
❖ On distingue souvent trois registres : familier (T’as qu’à pas le disputer), courant (Ne le
gronde pas), et soutenu (Il ne t’appartient pas de le réprimander). Ils se retrouvent aussi
bien à l’oral qu’à l’écrit :

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-oral familier : discussion entre amis -écrit familier : correspondance privée
-oral courant : exposé, échange avec -écrit courant : dissertation, courrier,
personne non familière presse
-oral soutenu : discours officiel… -écrit soutenu : certains textes littéraires

-Le registre familier est le registre de la conversation, de la discussion informelle… Il suppose


que l’on connaisse bien les interlocuteurs… Il suppose que l’on connaisse bien les
interlocuteurs (d’où le terme familier). Les écrivains l’utilisent dans leurs romans pour donner
plus de réalité à leurs personnages.
Ex. : Elle est quand même fortiche la jeunesse d’aujourd’hui.
-Le registre courant est neutre : il peut convenir à toutes les situations, notamment dans les
rapports, les mémoires, les articles de journaux, les débats, les oraux d’examen...
-Le registre soutenu (aussi appelé registre littéraire) convient plus spécialement aux textes
littéraires, aux discours solennels, aux échanges nécessitant un certain protocole…
Ex. : L’embarcation continuait sur sa lancée quand un rideau d’arbres me sépara de ces
amants très masculins qui s’évanouirent dans la campagne. A. Jardin
Les registres familier et soutenu ne sont pas neutres : ils apportent des informations sur l’origine
sociale du locuteur, sur le type de relations que le locuteur entretient avec ses interlocuteurs…
-on rassemble sous le terme de registre vulgaire un ensemble de termes grossiers relevant de
la scatologie, de la sexualité.
Ex. : chier, cul, putain…
-Le registre populaire concerne des emplois de mots ou tournures propres à ceux pour qui les
mécanismes de la langue ne sont pas bien acquis.
Ex. : T’as vu comment que tu parles ?
-L’argot n’est pas un registre, mais une langue, à l’origine celle des malfaiteurs, aujourd’hui,
une grande partie de son lexique est entrée dans le registre familier.
Une tire. (= une voiture)
➢ Les caractéristiques des registres
Les différents registres de langue se reconnaissent aux mots (lexique) et aux constructions
(syntaxe) employés.
▪ Le lexique : un certain nombre de mots, d’expressions appartiennent à un registre
particulier.
familier Courant soutenu
Canasson Cheval Coursier
En avoir assez de Être fatigué de Être las de
Embêter Ennuyer Importuner
Des tas de Beaucoup de Maint
Vachement Très Fort
Hein ? quoi ? Comment ? Plaît-il ?
Ouais Oui Certes
Les dictionnaires notent généralement ces registres en donnant une indication sous forme
abrégée. Il est utile de savoir les repérer.
• Le registre familier créer son propre lexique en empruntant au lexique courant des
mots qu’il transforme.
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Suppression des syllabes finales : fac, prof, magnéto…
Utilisation de suffixes particuliers : valoche, proprio…
▪ La syntaxe
✓ Le registre familier omet la négation ne, utilise on pour nous, ne fait pas
l’inversion du sujet dans l’interrogation, évite la subordination, ne prononce pas
toutes les syllabes…
Familier Courant
Je sais pas. Je ne sais pas.
On a qu’à lui demander. Demandons-le-lui.
Il a dit quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit ?
C’est rapport à son travail. C’est en rapport avec son travail.
T’as tout compris. Tu as tout compris.

✓ Le registre soutenu refuse la tournure est-ce que, met des éléments en relief
grâce au déplacement, utilise le passé simple et l’imparfait du subjonctif…
Soutenu Courant
Viendra-t-il ? Est-ce qu’il viendra ?
Dès les premiers rayons du Ils sont partis travailler dès les
soleil, ils partirent travailler. premiers rayons du soleil.
Il aimait qu’on le sollicitât. Il aimait qu’on le sollicite.

▪ Les style : le registre familier se caractérise par des phrases courtes, vives, simples. Le
registre soutenu, au contraire, utilise des phrases complexes ; il est riche en images,
métaphores…
Ex. : Le confident des grâces. (= le miroir)
Chacun des registres est utilisé aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. La faute n’est donc pas d’« écrire
comme on parle », mais de ne pas approprier le bon registre à la situation. Les dissertations,
devoir de classe, etc. exigent le registre courant et ne peuvent accepter le registre familier.
Mais il est aussi condamnable d’inviter un client, une personnalité en lui disant : « on se
bigophone et on se fait une bouffe », que de proposer à des amis : « Nous feriez-vous l’honneur
d’être des nôtres ce soir ? »

➢ Dans les textes littéraires, la palette des usages est largement exploitée : la couleur
historique chez Hugo et Dumas, régionale chez Maupassant, les milieux sociaux
avec Balzac et Zola. Ces divers usages sont suggérés par la manière dont
s’expriment auteurs et personnages. Certains écrivains jouent sur les mélanges de
registre dans un même texte pour surprendre le lecteur ou adoptent une langue
familière par souci d’authenticité ou par provocation.

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