Vous êtes sur la page 1sur 46

Sommaire

Liste des abréviations........................................................................................................................................................................ 4


INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................................................................................5

PARTIE 1. CADRE DE REFERENCE POUR L’INTEGRATION DE L’ENVIRONNEMENT DANS


LA PLANIFICATION STRATEGIQUE LOCALE

CHAPITRE 1- DROITS ET PRINCIPES FONDAMENTAUX DE DEVELOPPEMENT DURABLE


ET DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

1- Droit de tout citoyen à un « environnement sain » ..................................................................................8


2- Principes généraux du développement durable ........................................................................................11
2-1- Principes de la Déclaration de Rio................................................................................................................................ 11
− Principe d’intégration de l’environnement et de l’économie ................................................................. 11
− Principes de préservation de la biodiversité et conservation des ressources naturelles
− Principes de précaution, prévention et évaluation ........................................................................................12
− Principes de participation, concertation et partenariat ...............................................................................13
− Principe d’échange de connaissances scientifiques et techniques ..............................................14
2-2- Principes de développement durable de la Loi-cadre 99-12 .............................................................15

CHAPITRE 2- LOIS NATIONALES ET CONVENTIONS INTERNATIONALES EN MATIERE


DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

1- Lois environnementales nationales en vigueur .......................................................................................16


2- Obligations et Opportunités dans le cadre des trois Conventions internationales en
matière de protection de l’environnement ................................................................................................................... 23
− Convention sur le Changement Climatique (CC) ......................................................................................... 23
− Convention sur la Diversité Biologique (DB)..................................................................................................... 25
− Convention sur la Lutte Contre la Désertification (LCD) ......................................................................... 27

CHAPITRE 3- ORGANISATION TERRITORIALE, GOUVERNANCE DU DEVELOPPEMENT


DURABLE ET ROLES DES COLLECTIVITES TERRITORIALES

1- L’organisation territoriale et le développement durable ....................................................................29


2- Institutionnalisation de l’intégration de l’environnement et du développement humain
et durable .................................................................................................................................................................................... 31
3- Droits, devoirs et rôles des collectivités territoriales en matière d’environnement et du
développement durable ..................................................................................................................................................33

PARTIE 2. LIGNES DIRECTRICES POUR L’INTEGRATION DE L’ENVIRONNEMENT DANS


LA PLANIFICATION STRATEGIQUE LOCALE

1- Objectifs des lignes directrices IEL .................................................................................................................40


2- Consistance des lignes directrices IEL .........................................................................................................40
Liste des abréviations

ACCN : Adaptation aux Changements Climatiques et Valorisation de la Biodiversité


ANCRE : Auto évaluation Nationale des Capacités à Renforcer en matière d’Environnement
CB : Communautés de Base
CC : Changement Climatique
CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
CDB : Convention sur la Diversité Biologique
CLD : Convention de Lutte contre la Désertification
CNEDD : Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable
DD : Développement Durable
DGCL : Direction Générale des Collectivités Locales
EIE : Etudes d’Impacts Environnementales
FEM: Fonds pour l’Environnement Mondial
GES : Gaz à Effet de Serre
IEL : Intégration de l’Environnement au niveau Local
ILDH : Initiative Locale de Développement Humain
INDH : Initiative Nationale de Développement Humain
LCD : Lutte Contre la Désertification
MDP: Mécanisme pour un Développement Propre
ODD : Objectifs du Développement Durable
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
PACC : Programmes d’Adaptation aux Changements Climatiques
PANLCD : Programme d’Action National de Lutte Contre la Désertification
PCD : Plans Communaux de Développement
PTDD : Plans Territoriaux de Développement Durable
PNRC : Plan National de lutte contre le Réchauffement Climatique
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PTRC : Plans Territoriaux de lutte contre le Réchauffement Climatique
SNDD : Stratégie Nationale de Développement Durable

4
INTRODUCTION GENERALE
L’élaboration du cadre de référence et lignes directrices IEL s’inscrit dans le cadre
des efforts déployés par le Ministère Délégué Chargé de l’Environnement et ses
partenaires-clés, notamment le Ministère de l’Intérieur à travers la Direction Générale
des Collectivités Locales, pour renforcer les capacités humaines des collectivités
territoriales en matière de protection de l’environnement et du développement local
durable. Ces supports didactiques visent principalement à permettre aux collectivités
territoriales d’adopter le cadre juridique national de protection de l’environnement et du
développement durable ainsi que les conventions internationales liées à la protection
de l’environnement mondial dans leurs démarches de planification stratégique locale. Il
s’agit respectivement des nouvelles dispositions de la Constitution de 2011 consacrées
au développement humain durable, des principes fondamentaux, droits et devoirs
énoncés par la Loi-cadre n°99-12, portant Charte Nationale de l’Environnement et du
Développement Durable (CNEDD), des grandes orientations de la nouvelle Stratégie
Nationale de Développement Durable (SNDD), des lois environnementales existantes
et/ou en cours de promulgation ainsi que les engagements internationaux liés aux trois
conventions onusiennes sur le changement climatique, la protection de la biodiversité
et la lutte contre la désertification.
Les destinataires du cadre de référence et lignes directrices IEL sont prioritairement les
collectivités territoriales, les régions, les provinces, les communes urbaines et rurales.
Les acteurs ciblés sont respectivement les élus locaux, les cadres et techniciens
des collectivités territoriales, les membres des différentes structures et institutions
locales associées à la planification stratégique locale, les Agents de Développement
Provinciaux (ADP), les comités locaux, provinciaux et régionaux du développement
humain, les équipes provinciales d’appui, et les équipes techniques communales
chargées de l’élaboration des plans territoriaux locaux. A ces acteurs peuvent s’ajouter
les associations locales actives dans les domaines de la promotion du développement
et la protection de l’environnement ainsi que les agences de développement des
provinces et les structures de l’enseignement supérieur et de recherche (universités).
La première partie de ce rapport concerne le cadre de référence IEL, qui se compose de
trois chapitres. Le premier chapitre traite les droits et principes fondamentaux inhérents
au développement durable et à la protection de l’environnement, notamment les
références relevant respectivement de la Déclaration de Rio, la Constitution nationale
de 2011 et la Loi-cadre 99-12, portant Charte Nationale de l’Environnement et du
Développement Durable (CNEDD). Le second chapitre passe en revue les principales lois
en vigueur en matière de protection de l’environnement et du développement durable
ainsi que les engagements internationaux du Maroc dans la cadre des trois conventions
onusiennes, portant sur la lutte contre le changement climatique, la protection de la
diversité biologique et la lutte contre la désertification. Enfin, le troisième chapitre aborde
la question de la gouvernance du développement durable en relation avec le rôle et
devoirs des collectivités territoriales.
La deuxième partie de ce rapport présente les lignes directrices pour améliorer la qualité
de la démarche d’intégration de l’environnement dans la planification stratégique locale.

5
PARTIE 1
Cadre de référence pour l’intégration de
la dimension environnementale dans la
planification stratégique locale

7
Chapitre 1
DROITS ET PRINCIPES FONDAMENTAUX DE DÉVELOPPEMENT
DURABLE

La notion de développement durable fait


référence à l’intégration des dimensions
économique, sociale, environnementale et
culturelle dans le mode de développement
afin de répondre aux besoins immédiats
des populations sans pour autant mettre
en péril ceux des générations futures. Cette
notion s’est progressivement élargie pour
intégrer l’équité et l’interdépendance, non
seulement entre les générations actuelles
et futures, mais aussi intra générationnelles.
Le concept d’interdépendance
s’applique aux environnements social,
culturel, économique et naturel, dont le
développement harmonieux et équilibré est
essentiel au bien-être de l’humanité et à la
nature.
Sur le plan des approches, la mise en œuvre du développement durable a remis en cause
les démarches de planification réactive, pour céder la place à l’adoption des principes d’une
planification stratégique, dynamique et proactive. C’est dire que l’intégration systématique
des préoccupations environnementales nécessite l’adoption des droits et principes
fondamentaux de développement durable tels que sont universellement reconnus.
L’application de ces droits et principes aux collectivités territoriales devrait conduire à
l’émergence de nouveaux projets territoriaux de développement durable basés respectivement
sur une vision stratégique de long terme, un diagnostic territorial partagé avec des enjeux
spatialisés, un management opérationnel du projet territorial et un programme d’actions
territorialisées. D’où la nécessité de disposer d’un cadre de référence à l’usage des collectivités
territoriales, leur permettant à connaitre, s’approprier et adopter les références juridiques en
matière de protection de l’environnement et du développement durable.

1- Droit de tout citoyen à un « environnement sain »


1-1- Selon la Déclaration de Rio
Le droit à un « environnement sain » apparaît déjà dans la Déclaration de Stockholm en
1972 puis, vingt ans plus tard, dans la Déclaration de Rio en 1992 sur l’environnement et le
développement durable. Ce droit fondamental implique l’obligation à la fois de protéger
l’équilibre écologique, et de mettre en valeur et restaurer l’environnement, et ce pour
l’ensemble des composantes du milieu naturel : l’air, les sols, les nappes phréatiques et l’eau,
les paysages, la flore et la faune. De même, il concerne le droit à la santé physique et mentale
et inclut l’hygiène du milieu et l’hygiène industrielle.

8
En juin 1992, la Conférence des
Nations Unies sur l’environnement et le
développement, connue sous le nom de
Sommet de Rio, a adopté une déclaration
qui a fait progresser le concept des
droits et des responsabilités des pays
dans le domaine de l’environnement. La
Déclaration de Rio sur l’environnement
et le développement témoigne de deux
grandes préoccupations apparues
pendant l’intervalle de 20 années
séparant ces deux conférences: la
détérioration de l’environnement,
notamment de sa capacité à entretenir la
vie, et l’interdépendance de plus en plus
manifeste entre le progrès économique
à long terme et la nécessité d’une
protection de l’environnement.

Sur le plan juridique, la Déclaration de Rio n’est pas contraignante, ni obligatoire. Mais, elle
a plus un caractère inductif, puisque les gouvernements se sentiront moralement obligés
d’adhérer à ses principes. Deux de ses principes généraux insistent sur le droit de tout
citoyen au développement durable. Il s’agit respectivement du principe 1 et du principe 3.
Le premier considère que les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable et leur proclame le droit à une vie saine et productive en harmonie
avec la nature. Le second concerne le droit au développement, en reliant sa réalisation à la
satisfaction équitable des besoins relatifs au développement et à l’environnement à la fois
des générations actuelles et futures.

1-2- Selon la Constitution de 2011


Dans le texte constitutionnel de 2011, le Maroc affirme son engagement à un organiser un
développement économique et social prenant en compte la protection de l’environnement, et
à privilégier un développement humain intégré et durable, et ce en veillant à la préservation et
à la promotion des richesses naturelles ainsi que celles du patrimoine culturel et historique. Ce
cadre constitutionnel, articulé autour des principes universellement reconnus et enrichi des
retours d’expériences internationales, constitue une référence de base où le développement
durable est considéré comme un droit fondamental de chaque citoyen.
L’alignement aux droits universels est réaffirmé au niveau du Préambule de la Constitution, qui
fait partie intégrante du texte constitutionnel de 2011. En effet, le Maroc s’engage à « accorder
aux conventions internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la
Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale immuable, et
dès la publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser
en conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale ». C’est dire aussi
que, selon le texte constitutionnel, les conventions et traités internationaux, conclus par le
Gouvernement au nom de l’Etat marocain avec des Etats étrangers ou des organisations
internationales, une fois ratifiés, ont une autorité supérieure aux lois sous réserve pour
chaque traité, de son application par l’autre partie.

9
Dans le Titre II de la Constitution
(2011) relatif aux « libertés et droits
fondamentaux », l’Article 31 considère
respectivement l’accès à l’eau et
à un environnement sain, et au
développement durable comme
deux droits fondamentaux de
tous les citoyens et invite l’Etat,
les établissements publics et les
collectivités territoriales à mobiliser
de tous les moyens pour en faciliter
les conditions de jouissance et l’égal
accès des citoyennes et des citoyens.
Il s’agit là d’une référence juridique
d’une importance capitale et décisive
qui reconnait que « le développement
durable est un droit de tous les
citoyens». Tout en conférant à la
protection de l’environnement et au
développement durable une assise
juridique solide, cet article traduit une détermination ferme du pays à inscrire ses politiques
générales, sectorielles et territoriales dans une perspective de développement durable. Toutes
les stratégies, programmes et plans d’action doivent donc être désormais menés dans le strict
respect des exigences de protection de l’environnement et du développement durable.

Ce droit fondamental des citoyennes et


citoyens à un environnement sain et au
développement durable est réaffirmé
dans l’Article 35. Celui-ci, tout en invitant
l’Etat à garantir la liberté d’entreprendre
et la libre concurrence, insiste sur ses
devoirs et obligations pour œuvrer
à la réalisation d’un développement
humain et durable et à la préservation
des ressources naturelles et des droits
des générations futures.

10
1-1-3- Selon la Loi-cadre 99-12 (CNEDD)
La déclinaison du droit universel de tout
citoyen à un « environnement sain »
dans le cadre juridique national a été
rapportée par la loi-cadre 99-12, dans
le Titre I « Objectifs, principes, droits et
devoirs ». En effet, l’Article 3 réaffirme et
énonce les droits dont doit jouir toute
personne en matière d’environnement
sain. D’une part, il reconnaît le droit de
toute personne de vivre et d’évoluer
dans un « environnement sain et de
qualité » qui favorise la préservation de la santé, l’épanouissement culturel et l’utilisation
durable du patrimoine et des ressources qui y sont disponibles. D’autre part, il institue le
doit de toute personne à accéder à l’information environnementale fiable et pertinente.
Aussi, il réaffirme le droit de toute personne à participer au processus de prise des décisions
susceptibles d’impacter l’environnement.

2- Principes généraux de développement durable


2-1- Quelques principes de base énoncés par la Déclaration de Rio
En références à la Déclaration de Rio, il est aussi possible de définir, de manière groupée
et synthétique, cinq grands principes qui sous-tendent les conditions fondamentales à
remplir pour assurer la réalisation du développement durable.

Principe d’intégration de l’environnement et de l’économie


Selon le principe 4 de la Déclaration de
Rio, l’environnement et l’économie sont
étroitement liés et leur conciliation est
une nécessité pour le développement
durable. Cette intégration de
l’environnement et de l’économie, au
sens large, permet de tenir compte,
de manière transversale, des enjeux environnementaux, mais aussi des biens et services
environnementaux dans les modèles de production, de distribution et de consommation.
Les implications politiques de ce principe sont multiples et concernent respectivement
l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des stratégies, politiques, programmes et
plans de développement économique et social. Aussi, plusieurs instruments économiques,
financiers et techniques peuvent être utilisés pour opérationnaliser ce principe à l’échelle
du secteur privé tels que le principe polluer-payeur, les mesures environnementales, le
payement des services environnementaux, les normes écologiques, etc.

11
Principes de préservation de la diversité biologique et conservation
des ressources naturelles

Les principes 7 et 8 de la Déclaration de


Rio mettent en exergue la relation étroite
entre la réalisation du développement
durable et la préservation de la diversité
biologique et la conservation des
ressources naturelles. C’est dire que
le développement durable doit être
basé sur le recours à des mesures
environnementales substantielles qui
permettront de protéger la structure, les
fonctions et la diversité des systèmes
naturels dont dépend la vie. Les
implications de ces principes supposent
que les processus d’élaboration et
mise en œuvre des politiques de
développement doivent inscrire
systématiquement des mesures
environnementales permettant une
gestion conservatoire des espèces
et des écosystèmes naturels, ainsi
que le patrimoine génétique qu’elles
recèlent. Parallèlement à ces mesures,
il faut aussi veiller au changement
des comportements et des attitudes
des individus et des collectivités face
à l’environnement et leur donner
les moyens véritables de mieux le
gérer. De même, il faut mettre en
place des approches qui intègrent le
développement et la conservation des
ressources, sur la base d’informations
et de connaissances suffisantes et
par le biais d’instruments juridiques et
institutionnels appropriés.

Principes de précaution,
prévention et évaluation
Selon la Déclaration de Rio, l’inscription
des territoires dans la voie du
développement durable doit passer
nécessairement par la mise en place,
à tous les niveaux de décision, de
mesures de précaution, de prévention
et d’évaluation. En effet, l’adoption des
principes 15, 16 et 17 de la Déclaration

12
de Rio constituent le point de départ de tout projet de société qui ambitionne un véritable
développement durable. Ces principes doivent faire partie intégrante de toutes les stratégies
de planification et de développement ainsi que de toutes les démarches de conduite et
réalisation des projets territoriaux de développement durable. L’établissement des normes
écologiques, la prévision des mesures préventives, l’institutionnalisation des études d’impacts
environnementaux, l’internalisation des coûts environnementaux dans le système de
comptabilité nationale et le développement des systèmes de suivi-évaluation intégrés sont
autant de mécanismes qui peuvent aider les planificateurs et décideurs – à l’échelle nationale
et au niveau des collectivités territoriales- à prévoir, prévenir et internaliser les conséquences
environnementales des projets de développement. Au niveau des collectivités territoriales,
la déclinaison de ces trois principes doit être compatible avec les enjeux territoriaux de
développement économique et social. La manière la plus simple de les adopter localement
devrait être actionnée et articulée autour de trois axiomes : « prévenir c’est guérir », « prévoir
c’est savoir », et « évaluer c’est planifier ».

Principes de participation, concertation et partenariat

L’environnement est un « bien public »


et sa préservation est devenue une
responsabilité collective qui doit se
concrétiser par une action conjuguée
à tous les niveaux de décision.
Avant même la Déclaration de Rio,
les expériences ont montré que la
consultation, la concertation et la
participation des populations locales
à tous les échelons décisionnels sont
indispensables à la gestion durable
des ressources naturelles et des
écosystèmes sous leurs diverses formes
(terrestres, aquatiques et marins).
Plusieurs principes de la Déclaration de
Rio insistent sur l’intérêt, voire même
la nécessité, des approches basées
sur la consultation, la concertation,
la participation et le partenariat pour
traiter les questions d’environnement
et de développement durable. Selon le
principe 10, tous les citoyens concernés
doivent participer activement, compte
tenu de leurs capacités et des moyens
dont ils disposent, aux processus de prise
de décision au niveau qui leur convient.
Il en est de même pour l’amélioration
des conditions d’accès à l’information et

13
des modes de participation des organisations non gouvernementales afin de les impliquer
davantage à toutes les activités concernant le développement et l’environnement.
Dans le principe 22, le rôle vital des populations et communautés locales ainsi que
des collectivités a été mis en avant dans toutes les questions relevant de la gestion de
l’environnement et le développement durable. Ce principe sous-entend par ailleurs le devoir
de l’Etat à mettre en place des mesures d’appui nécessaires qui permettraient à ces différentes
catégories d’acteurs de participer efficacement à la recherche des solutions aux questions
environnementales et à la réalisation d’un développement durable.

Principe d’échange de connaissances scientifiques et techniques

La réalisation du développement durable


est tributaire non seulement de questions
techniques et économiques, mais aussi
du changement dans les connaissances,
des attitudes et des pratiques. L’article
9 de la Déclaration de Rio insiste sur le
renforcement des capacités locales en
matière de développement durable, tout
en s’appuyant sur la compréhension
scientifique par des échanges de
connaissances scientifiques et
techniques ainsi qu’en favorisant
l’innovation, l’adaptation, la diffusion et le transfert de techniques. Au niveau des collectivités
territoriales, plusieurs actions sont possibles telles que l’intégration de l’environnement dans
les cursus scolaires, l’éducation environnementale du grand public par le biais des médias,
l’encouragement à la mise en œuvre de projets verts, et l’élaboration des programmes
de formation dans le domaine de la gestion rationnelle des ressources et l’utilisation de
technologies propres.

14
2-2- Principes de développement durable énoncés par la Loi-cadre
99-12

Dans la Loi-cadre 99-12, sept principes fondamentaux en matière d’intégration de


l’environnement et de développement durable sont énoncés par l’Article 2. Ces principes
constituent des éléments de cadrage incontournables que doivent respecter les collectivités
territoriales et les autres niveaux de décision (nationaux et régionaux) dans toute action
de développement à moyen et long termes. Aux niveaux des collectivités territoriales,
ces principes posent les jalons pour une nouvelle culture de planification stratégique du
développement territorial, basés sur une approche globale, intersectorielle et transversale,
permettant de parvenir à un développement durable à long terme.
Par rapport à ces principes fondamentaux, les collectivités territoriales sont indéniablement
interpellées, en ce sens qu’elles sont en mesure d’apporter une contribution significative,
dans un esprit de responsabilité, envers la protection de l’environnement et la promotion
d’un développement humain intégré et durable. Elles sont les mieux placées pour
devenir de véritables promoteurs du développement territorial durable, en assurant la
concertation et la médiation entre la population et les décideurs, et ce dans la perspective de
réalisation des objectifs de développement durable. Il appartient donc aux acteurs-clés de
l’organisation territoriale (Conseils régionaux, Conseils communaux, préfectures, provinces),
aux parlementaires et aux populations locales de travailler ensemble, en se concertant et
en formant des partenariats opérationnels, afin d’asseoir les bases de l’intégration de
l’environnement et du développement durable.

15
Chapitre 2
LOIS NATIONALES ET CONVENTIONS INTERNATIONALES
EN MATIERE DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

En conformité avec le principe 11 de la Déclaration de Rio, invitant les Etats à promulguer des
mesures législatives en matière d’environnement, le Maroc a considérablement renforcé son
cadre juridique national en matière de protection de l’environnement et du développement
durable, avec la promulgation d’une dizaine de Lois. Celles-ci peuvent être classées en deux
catégories de textes :
• D’une part, les lois qui renforcent la protection de l’environnement, notamment la loi sur
l’eau, la loi sur les études d’impacts, la loi sur la lutte contre la pollution de l’air, la loi sur
la gestion des déchets, la loi sur les aires protégées et la loi sur les sacs et sachets en
plastique dégradables et biodégradables. A ces lois viennent s’ajouter d’autres en cours
de finalisation et/ou d’adoption à savoir la loi relative à la protection du sol et la loi relative
à la protection du littoral.
• D’autre part, les lois à caractère général qui s’inscrivent plutôt dans une perspective
de développement durable à savoir : la loi relative aux énergies renouvelables, les lois
relatives respectivement à la création de l’Agence nationale des énergies renouvelables
et de l’efficacité énergétique et de l’Agence marocaine de l’énergie solaire, et la loi-cadre
portant la Charte nationale de l’environnement et du développement durable. D’autres
lois sont en cours de finalisation et concernent l’accès à l’information environnementale
et le système de fiscalité environnementale.
D’autre part, sur la scène internationale, le Maroc a été parmi les premiers pays à signer et
ratifier les trois conventions issues du Sommet de Rio à savoir : la Convention-Cadre sur le
Changement Climatique, la Convention sur la Diversité Biologique et la Convention sur la
Lutte contre la Désertification. Aussi, il a mis en place un cadre institutionnel et juridique afin
d’honorer tous ses engagements dans le cadre de ces trois Conventions.
Dans cette section, il ne s’agit pas de présenter textuellement les lois environnementales
et les trois conventions internationales issues du Sommet de Rio, mais de se limiter à la
présentation succincte de leurs objectifs, dispositions et modalités d’application. L’objectif
est donc plus informatif qu’analytique, visant à sensibiliser et informer tout particulièrement
les acteurs-clés des collectivités territoriales sur ces principales références juridiques en
matière de protection de l’environnement tant au niveau national qu’international. Pour plus
de détails sur les lois environnementales, consulter le document intitulé « les nouvelles lois
de protection de l’environnement » édité par le Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et
de l’Environnement, en 2008.

1- Lois environnementales nationales en vigueur


La loi n° 10-95 sur l’eau
Objectifs de la loi. En complément aux trois dahirs de (1914, 1919, 1925) qui classent les eaux dans
le domaine public hydraulique, la loi 10-95 vise essentiellement à assurer une disponibilité en
eau suffisante en quantité et qualité. Elle définit de nouvelles notions et de nouveaux outils
organisationnels pour asseoir une meilleure évaluation, planification et gestion conservatoire
des ressources en eau à l’échelle des bassins hydrauliques du pays.

16
Dispositions de la loi. Cette loi institue et définit un ensemble de principes et d’instruments
juridiques visant à résoudre un certain nombre de problèmes liés à la rareté et la répartition
inégale de l’eau, à la pression forte et non contrôlée exercée par les usagers, à la détérioration
de la qualité de l’eau et à la question de tarification de l’eau. L’innovation importante de cette
loi est l’introduction des principes « pollueur-payeur » et « préleveur-payeur » pour permettre
de financer la dépollution des eaux. Globalement, les principales dispositions de cette loi
concernent la rationalisation de l’utilisation de l’eau, la généralisation de l’accès à l’eau, la
solidarité interrégionale, la réduction des disparités entre la ville et la campagne et la sécurité
hydraulique sur l’ensemble du territoire du pays.

La loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur


élimination
Objectifs. L’objectif global de la loi 28-00 est de prévenir et protéger la santé humaine, la
faune, la flore, les eaux, l’air, le sol, les écosystèmes, les sites et paysages et l’environnement
en général contre les effets nocifs des déchets. Il s’agit là d’un important déterminant
juridique pour asseoir des politiques nationales et/ou territoriales de gestion des déchets
et leur élimination. La portée de cette loi intéresse à la fois la modernisation des processus
de gestion des déchets, la réduction de leurs impacts négatifs sur la santé de l’homme
et l’environnement ainsi que le respect des engagements souscrits à de nombreuses
conventions internationales recommandant la mise en place d’une gestion rationnelle et
écologique des déchets.
Dispositions. Cette loi institue, définit et classe les obligations concernant la gestion des
déchets et leur élimination. Les contenues de ces obligations sont posées selon les types
de déchets et s’appliquent aux détenteurs, producteurs et exploitants de déchets. Chaque
type de déchets a fait l’objet de décret d’application. Un premier décret à caractère général, n°
2-07-253 du 18 juillet 2008, portant d’une part, sur l’inventaire et la classification des déchets
en fonction de leur nature et de leur provenance, et d’autre part, sur les caractéristiques de
danger des déchets. Le reste des décrets a été consacré à chacune des principales catégories
des déchets :
• Le décret n° 2-09-139 du 21 mai 2009 est spécifique aux déchets médicaux et
pharmaceutiques. Il les classe en quatre groupes en fonction de leurs caractéristiques et
leur nature, et fixe respectivement leurs modalités de gestion, modes de triage, stockage
et emballage ainsi que les procédures de délivrance de l’autorisation pour la collecte et le
transport de ces déchets.
• Le décret n° 2-09-284 du 8 décembre 2009 a trait aux décharges contrôlés et fixe les
procédures de leur ouverture, transfert, modification substantielle ou fermeture. Il institue
également les prescriptions techniques à respecter pour la mise en place de la décharge
contrôlée en termes de choix du site et de son aménagement. Enfin, il définit les conditions
d’exploitation de la décharge pour en garantir la sécurité, l’hygiène et la surveillance.
• Le décret n° 2-08-243 du 17 mars 2010 institue la création de la commission des
polychlorobiphényles (PCB), et fixe ses rôles en matière de respect et mise en œuvre des
clauses de la Convention de Stockholm.
• Le décret n° 2-09-538 du 22 mars 2010 concerne les modalités d’élaboration du
plan directeur national de gestion des déchets dangereux. Il institue les autorités
gouvernementales chargées de définir les objectifs et le contenu de ces plans. Il définit
également la composition et l’organisation de la commission consultative chargée
d’examiner et de donner son avis sur ces plans.

17
• Le décret n° 2-09-285 du 6 juillet 2010 concerne les plans directeurs préfectoral ou
provincial de gestion des déchets ménagers et assimilés, notamment les modalités de
leur élaboration et les procédures d’organisation et déroulement de l’enquête publique
y afférente. Il institue également la commission consultative chargée d’examiner et de
donner son avis sur ces plans.
• Le décret n° 2-09-683 du 6 juillet 2010 fixe les modalités d’élaboration du plan directeur
régional de gestion des déchets industriels, des déchets médicaux et pharmaceutiques
non dangereux, des déchets ultimes, des déchets agricoles et des déchets inertes. Il
institue également les autorités gouvernementales chargées de définir les objectifs et le
contenu de ces plans, la création de la commission consultative chargée d’examiner et
de donner son avis sur ces plans ainsi que la procédure d’organisation et déroulement de
l’enquête publique y afférente.
• Le décret portant sur les modalités et les conditions d’octroi des autorisations d’importation,
d’exportation et de transit des déchets. Il institue l’autorité gouvernementale chargée de
délivrer les autorisations d’importation, d’exportation et de transit des déchets.
• Le décret concernant l’incinération et la co-incinération des déchets. Il fixe et définit
les procédures administratives applicables aux installations d’incinération et de co-
incinération, ainsi que les exigences techniques.

La loi n° 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de


l’environnement
Objectifs. L’objectif global de cette loi est d’édicter les règles de base et les principes
généraux de la politique nationale dans le domaine de la protection et de la mise en valeur
de l’environnement. Quatre objectifs spécifiques sont assignées à l’adoption de ces règles
et principes et qui visent de i) protéger l’environnement contre toutes formes de pollution et
de dégradation qu’elle que soit son origine, ii) améliorer le cadre et les conditions de vie de
l’homme, iii) définir les orientations de base du cadre législatif, technique et financier concernant
la protection et la gestion de l’environnement, et iv) mettre en place un régime spécifique
de responsabilité garantissant la réparation des dommages causés à l’environnement et
l’indemnisation des victimes.
Dispositions. Les dispositions contenues dans cette loi reposent sur six principes généraux.
Le premier principe traduit la nécessité d’intégrer la protection, la mise en valeur et la bonne
gestion de l’environnement dans la politique publique de développement économique, social
et culture. Le second principe énonce le caractère d’utilité publique et de responsabilité
collective de la protection et la mise en valeur de l’environnement et insiste sur la participation,
l’information et la détermination des responsabilités. Le troisième principe concerne
l’intégration du concept de développement durable dans la prise de décision à tous les niveaux.
Le quatrième principe insiste sur la prise en compte de la protection de l’environnement et
de l’équilibre écologique lors de l’élaboration et de l’exécution des plans d’aménagement
du territoire. Le cinquième principe concerne la mise en application effective des principes
de l’usager payeur et du pollueur payeur dans la réalisation et la conduite des projets
économiques et sociaux. Le sixième principe a trait au respect des engagements et pactes
internationaux en matière de protection de l’environnement et leurs déclinaisons en actions
concrètes. Sur cette base, la loi a prévu huit groupes de dispositions : i) dispositions générales
portant sur les principes et les règles de protection de l’environnement, ii) dispositions relatives
à la protection de l’environnement en lien avec les devoirs des établissements publics, iii)
dispositions concernant la préservation et la protection des ressources naturelles (sol, sous-

18
sol, flore, faune, eaux continentales, littoral, montagne, etc., iv) dispositions visant à lutter
contre les pollutions et les nuisances, v) dispositions au sujet des nouveaux outils de gestion
et de protection de l’environnement, et vi) dispositions prévoyant un régime spécifique de
responsabilité eu égard des sources de dommages écologiques et de l’indemnisation des
victimes.

La loi n° 12-03 relative aux études d’impact sur l’environnement


(EIE)
Objectifs. L’objectif global de cette loi environnementale est d’opérationnaliser le principe
de prévention à l’échelle des projets d’infrastructures, permettant de faciliter l’application
des mesures préventives en faveur de la protection de l’environnement et l’intégration des
préoccupations environnementales dans les processus de développement économique et
social.
Dispositions. Les dispositions contenues dans la loi 12-03 instaurent le caractère obligatoire
de la réalisation d’une étude d’impact pour tous projets d’infrastructures productives qui
risquent de produire des impacts négatifs sur le milieu biophysique et humain en raison
de leur lieu d’implantation. Elles s’appliquent à toutes les personnes morales et physiques,
publiques et privées. Cette loi institue la création d’un Comité national des études d’impact
sur l’environnement. Elle adopte des sanctions spécifiques en plus de celles de caractère
général liées à la responsabilité civile et/ou pénale. Trois textes ont été adoptés pour la mise
en application de la loi 12-03 : deux décrets d’application et un arrêté ministériel. Tout d’abord,
le décret n° 2-04-563 du 4 novembre 2008 relatif aux attributions et au fonctionnement du
comité national et des comités régionaux des EIE. Ces instances sont donc reconnues par
la loi pour œuvrer à la prise en compte de la dimension environnementale dans les projets
d’infrastructures d’extraction, production, transformation, distribution et autres, notamment
pour ce qui est de leurs impacts environnementaux- réels ou potentiels- qui risquent de
produire sur le milieu biophysique et humain. Ensuite, le décret n° 2-04-564 du 4 novembre
2008 fixant les modalités d’organisation et du déroulement de l’enquête publique relative
aux projets soumis aux EIE. A ces deux références juridiques s’ajoute un arrêté n° 636-10 du
7 rabiaa I 1431 (22 février 2010), conjoint du secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Energie,
des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Eau et de l’Environnement et du
Ministre de l’Economie et des Finances, fixant les tarifs de rémunération des services rendus
par l’administration afférents à l’enquête publique relative aux projets soumis aux études
d’impact sur l’environnement.

La loi n° 13-03 relative à la lutte contre la pollution de l’air


Objectifs de la loi. L’objectif global de cette loi environnementale est de prévenir et limiter les
émissions de polluants atmosphériques susceptibles de porter atteinte à la santé de l’homme,
à la faune, au sol, au climat, au patrimoine culturel et à l’environnement en général. Tout en
comblant la lacune juridique dans le domaine de la pollution atmosphérique, elle constitue
une référence juridique pour lutter contre la pollution atmosphérique en vue d’améliorer la
santé de l’homme et préserver l’environnement ainsi que pour respecter les engagements
pris par le Maroc vis-à-vis de la communauté internationale dans ces domaines.
Dispositions de la loi. Les dispositions contenues dans la loi 13-03 concernent deux sources
traditionnelles de pollution de l’air : les installations fixes et les sources mobiles. Elles
s’appliquent à toute personne morale ou soumise au droit public ou privé, possédant, détenant,
utilisant ou exploitant des immeubles, des installations minières, industrielles, commerciales

19
ou agricoles, ou des installations relatives à l’industrie artisanale ou des véhicules, des engins
à moteur, des appareils de combustion, d’incinération des déchets, de chauffage ou de
réfrigération. Cette loi instaure des sanctions précises selon le principe général d’interdiction
d’émettre, de déposer, de dégager ou de rejeter dans l’air des polluants au-delà des normes
fixées par voie réglementaire. Deux décrets d’application sont mis en application. Le premier
décret n° 2-09-286 du 8 décembre 2009 fixant respectivement les normes de qualité de
l’air, en prévoyant les valeurs limites des niveaux de concentration de certaines substances
polluantes de l’air à ne pas dépasser, et les substances polluantes devant faire l’objet d’une
surveillance et de suivi de leur niveau de concentration dans l’air. Aussi, il définit à la fois
les modalités de fixation des seuils d’information et des seuils d’alerte et d’installation des
réseaux de surveillance de la qualité de l’air au niveau régional. Ce décrit instaure la création
d’un comité national de l’air chargé de l’établissement d’un programme national de protection
et de surveillance de la qualité de l’air. Le second décret n° 2-09-631 du 6 juillet 2010 vise
d’une part, la fixation des valeurs limites de dégagement, d’émission ou de rejet de polluants
dans l’air émanant de sources de pollution fixes et la définition des modalités de contrôle et
d’auto-contrôle de ces émissions et d’autre part, la fixation des valeurs limites générales et les
modalités juridiques de fixation des valeurs limites sectorielles.

Loi n° 13-09 relative aux énergies renouvelables


Objectifs de la loi. Cette la loi a pour objectif de développer les sources d’énergie renouvelables
nationales. Elle instaure un cadre juridique offrant des perspectives de réalisation et
d’exploitation d’installations de production d’énergie électrique à partir de sources d’énergie
renouvelables. Elle précise les principes généraux; le régime juridique applicable y compris
pour la commercialisation et l’exportation de l’énergie électrique produite à partir de sources
d’énergies renouvelables.
Dispositions de la loi. Le contenu de cette loi porte sur les dispositions légales suivantes :
i) dispositions relatives au régime d’autorisation appliqué pour la réalisation, l’exploitation,
l’extension de la capacité ou la modification des installations de production d’énergie
électrique à partir de sources d’énergies, ii) dispositions concernant la délimitation des zones
du territoire national destinées à abriter les sites potentiels de développement de l’éolien, iii)
dispositions visant la connexion des installations de production d’énergie électrique à partir
de sources d’énergies renouvelables au réseau électrique national haute tension ou très
haute tension, iv) dispositions prévoyant la commercialisation de l’énergie électrique produite
à partir de sources d’énergies renouvelables, v) dispositions prévoyant l’exportation de
l’énergie électrique produite à partir de sources d’énergies renouvelables après satisfaction
des besoins nationaux, vi) dispositions édictant le principe d’accès au réseau national de
transport pour les exploitants des installations de production d’électricité à partir de sources
d’énergies renouvelables.

Loi n° 16-09 relative à l’Agence Nationale pour le développement


des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique
Objectifs de la loi. Cette loi institue la transformation du CDER en une agence nationale pour
le développement des énergies renouvelables et le renforcement de l’efficacité énergétique
afin de mieux coïncider la structure de cet établissement public avec les nouvelles orientations
gouvernementales en matière d’énergie.

20
La loi n° 47-09 relative à l’efficacité énergétique
Objectifs de la loi. Cette loi vise à relever les défis dans le domaine de l’efficacité énergétique
afin d’optimiser le coût de l’énergie, mobiliser les ressources énergétiques renouvelables
en vue de permettre l’accès à l’énergie et préserver l’environnement par l’utilisation des
technologies énergétiques propres afin de réduire les émissions gazeuses polluantes dans
notre pays.

Loi n° 31-06 relative à l’aménagement, la protection, la mise en


valeur et la conservation du littoral
Objectifs de la loi. Cette loi a pour objectif global de mettre en place la base légale de la
politique nationale en matière d’aménagement, de protection et de mise en valeur du littoral.
Ses objectifs spécifiques sont doubles. D’une part, la préservation des équilibres biologiques
et écologiques du littoral, en luttant contre toutes les formes de pollution et de dégradation.
D’autre part, la mise en valeur des richesses du littoral selon les principes et règles du
développement durable.
Dispositions de la loi. Le contenu de cette loi pose les règles et les principes fondamentaux
qui doivent constituer le référentiel de base pour tout ce qui se rapporte à l’aménagement,
la protection, la mise en valeur et la conservation du littoral. Les dispositions légales de
cette loi sont comme suit : i) dispositions visant la préservation des équilibres biologiques
et écologiques du littoral et la conservation du patrimoine naturel, sites et paysages
existant dans les zones littorales, ii) dispositions concernant la lutte contre la pollution et la
dégradation du littoral, iii) dispositions prévoyant l’adoption d’une approche de planification
en matière d’aménagement, de protection, de mise en valeur et de conservation du littoral
par l’instauration d’un schéma national et des schémas régionaux du littoral, iv) dispositions
édictant le principe du libre accès au rivage de la mer et de sa gratuité, v) dispositions portant
sur les mécanismes de concertation, participation et implication des associations œuvrant
dans le domaine de l’environnement, le secteur privé et les collectivités locales concernés
dans la prise de décisions relatives à la gestion du littoral, et vi) dispositions au sujet du
respect des engagements du Maroc vis-à-vis des instruments internationaux en matière de
protection de l’environnement en général et du milieu marin en particulier y compris les zones
côtières et le littoral.

La loi n° 22-07 relatives aux aires protégées.


Objectifs de la loi. Cette loi vise un triple objectif. D’une part, la création et le classement de
nouvelles catégories d’aires protégées en fonction de leurs caractéristiques, de leur vocation
et de leur envergure socioéconomique. D’une part, la définition de la procédure de création de
l’aire protégée soit à l’initiative de l’administration soit à la demande des collectivités locales
concernées. Enfin, la détermination des conditions d’aménagement et de gestion de l’aire
protégée.

La loi en cours relative à l’accès à l’information environnementale


Objectifs de la loi. Cette loi a pour objet de garantir au public l’accès à l’information
environnementale et d’affirmer le principe de participation du public à la prise de décision
dans le domaine de l’environnement. Cette référence législative est en conformité avec les
principes par les conventions et accords internationaux, particulièrement la Déclaration de
Rio, l’Agenda 21 ainsi que la convention d’Aarhus.

21
Dispositions. Les dispositions de cette loi concernent deux aspects importants du droit
d’accès à l’information environnementale. D’une part, des dispositions relatives à la
déclinaison des principes de transparence et de participation dans l’action gouvernementale
relative à l’environnement. D’autre côté, des dispositions relatives au renforcement de la
généralisation de l’information environnementale en donnant une assise réglementaire à la
parution régulière du rapport national sur l’état de l’Environnement.

La loi en cours relative à la protection environnementale du sol


Objectif de la loi. Cette loi a pour objectif principal à la protection environnementale du sol.
Dispositions. Les dispositions légales de cette loi concernent plusieurs dimensions de
la protection du sol. Des dispositions relatives aux règles et principes fondamentaux
devant guider l’action des pouvoirs publics en matière de protection, de préservation et de
réhabilitation du sol. Des dispositions définissant les obligations qui doivent être respectées
par l’ensemble des utilisateurs du sol dans le but d’en préserver ses fonctions écologiques,
économiques, sociales et culturelles. Des dispositions prévoyant les principes directeurs pour
l’utilisation durable du sol et la prévention des dommages. Des dispositions portant sur la
remise en état du sol contaminé ou dégradé.

22
2- Obligations et Opportunités dans le cadre des trois
Conventions
internationales en matière de protection de l’environnement
En plus du renforcement du cadre juridique national en matière d’environnement, le Maroc
s’est engagé fermement, auprès de la communauté internationale pour relever les défis liés à
la protection de l’environnement et le développement durable. Globalement, cet engagement,
s’est traduit par la ratification de plus de 80 Accords Multilatéraux de l’Environnement et
également par la participation active aux différents forums internationaux pour la recherche
de solutions aux problématiques environnementales. Dans ce domaine, le Maroc a signé
et ratifié les trois conventions issues du Sommet de Rio pour lesquels il a mis en place
un cadre institutionnel afin d’honorer tous les engagements pris. Il s’agit respectivement
de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNU-CC),
la Diversité Biologique (CNU-DB) et la Lutte contre la Désertification (CCNU-LCD). Dans
ce qui suit, l’accent est mis essentiellement sur les obligations et opportunités prévues par
chacune des trois conventions.

Convention sur le Changement Climatique (CC)


Objectifs :

Stabiliser les concentrations des Gaz à Effet de Serre (GES) dans l’atmosphère à un niveau
empêchant toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Cette
convention n’a pas un caractère obligatoire, mais invite de façon volontaire les pays
développés, premiers responsables de cette situation, à réduire leurs émissions en GES.
Tout particulièrement, elle vise, au niveau des pays Parties, à remettre en cause les options
de développement et choix technologiques responsables des émissions de GES. Mais, elle
pourrait aussi ouvrir de nouvelles opportunités en matière d’adoption d’un nouveau mode
de développement propre.

Obligations :

Les principales obligations prévues par la convention, pour les pays en développement, sont
énoncées respectivement par les articles 4, 5, 6 et 12 :
L’article 4 prévoit de recenser les moyens techniques et financiers nécessaires à l’exécution
des projets à proposer et des mesures de riposte à prendre dans les domaines portant sur
les technologies, les matériaux, l’équipement, les techniques ou les pratiques spécifiques
pouvant contribuer à la réduction des émissions et à l’augmentation de l’absorption des
GES.
L’article 5 concerne les engagements en matière de recherche et l’observation systématique
et invite les pays en développement Parties à s’engager d’une part, à soutenir et
développer davantage les organisations ou les programmes et réseaux internationaux et
intergouvernementaux dont le but est de définir, réaliser, évaluer et financer des travaux
de recherche, de collecte de données et d’observation systématique, en tenant compte
de la nécessité de limiter le plus possible les doubles emplois. D’autre part, à soutenir les
efforts menés aux niveaux international et intergouvernemental pour renforcer l’observation

23
systématique et les capacités et moyens nationaux de recherche scientifique et technique,
et pour encourager l’accès aux données provenant de zones ne relevant pas de la juridiction
nationale et à leur analyse, ainsi que pour en promouvoir l’échange.
L’article 6 consacre les engagements des pays en développement Parties en matière de
renforcement de leurs capacités institutionnelles et humaines. Il les invite respectivement à :
i) la mise au point et l’exécution de programmes d’éducation et de formation, y compris par
le renforcement des organismes nationaux et par l’échange ou le détachement de personnel
chargé de former des experts en la matière, notamment pour les pays en développement,
ii) l’élaboration et l’application de programmes d’éducation et de sensibilisation sur les CC
et leurs effets, iii) l’accès public aux informations concernant les CC et leurs effets , iv) la
participation publique à l’examen des CC et de leurs effets et à la mise au point de mesures
appropriées pour y faire face, et v) la formation de personnel scientifique, technique et de
gestion.
L’article 12 prévoit une série d’engagements que les pays en développement Parties doivent
honorer dont les plus importants et impliquant le Maroc sont comme suit :
L’article 12.1 précise les éléments d’information à communiquer à la communauté
internationale notamment l’inventaire national des émissions anthropiques par ses sources
et de l’absorption par ses puits de tous les GES non réglementés par le Protocole de Montréal,
la description générale des mesures qu’elle prend ou envisage de prendre pour appliquer
la convention et toute information que la Partie juge utile pour atteindre l’objectif de la
convention.
L’article 12.4 prévoit la possibilité des pays, sur une base volontaire, de proposer des projets
à financer pour les exécuter et en donnant si possible une estimation de tous les coûts
supplémentaires de ces projets, des progrès escomptés dans la réduction des émissions et
dans l’augmentation de l’absorption des GES ainsi qu’une estimation des avantages que l’on
peut en attendre ».
L’article 12.7 précise que la COP prendra ses dispositions pour assurer la fourniture aux pays
en développement Parties, sur leur demande, d’un concours technique et financier qui les
aide à réunir et à communiquer les informations demandées dans l’article 12.

Opportunités :

L’engagement pour honorer les obligations prévues par la convention est porteur aussi
de plusieurs opportunités pour les pays en développement Parties, notamment dans
les domaines de renforcement de capacités, d’obtention de financement, d’échange
d’informations et d’accès aux technologies propres.
L’article 6 offre l’opportunité de renforcer les capacités humaines et institutionnelles à
l’échelle nationale, mais peut aussi concerner les collectivités territoriales pour ce qui est de
développement des échanges d’information.
L’article 4 offre l’occasion de bénéficier des ressources financières correspondant aux coûts
supplémentaires entraînés par l’application des mesures nécessaires pour répondre aux
obligations de la convention. Aussi, il permet l’accès aux technologies propres et l’obtention
des aides pour faire face au coût d’adaptation aux effets néfastes des CC.

24
Mise en œuvre :

Pour la mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques, les réalisations sont multiples et concernent la création d’un Comité National
Changement Climatique et un Conseil National pour le Mécanisme de Développement
Propre (MDP), l’élaboration de trois Communications Nationales, la mise en œuvre du Plan
National Climat, le lancement des Plans Climats territoriaux et l’élaboration de la stratégie
nationale Climat.

Convention sur la Diversité Biologique (DB)


Objectifs :

Selon l’Article 1 de la convention, les objectifs globaux visés sont respectivement i) la


conservation de la diversité biologique, ii) l’utilisation durable de ses éléments, et iii) le partage
juste et équitable des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques,
notamment grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert
approprié des techniques pertinentes, compte tenu de tous les droits sur ces ressources et
aux techniques, et grâce à un financement adéquat.
Obligations :

Les principales obligations des pays en développement Parties sont énoncées respectivement
par les articles 5 à 19 et à l’article 26.
L’article 5 invite les pays en développement Parties à coopérer avec d’autres Parties
contractantes ou des Organisations Internationales compétentes pour assurer la Conservation
et l’utilisation durable de la biodiversité.
L’article 6 stipule que chaque pays Parties doit élaborer des stratégies, plans ou programmes
nationaux tendant à assurer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et
les intègre dans ses plans, programmes et politiques sectoriels ou intersectoriels.
L’article 7 recommande d’identifier et surveiller les éléments constitutifs de la diversité
biologique importants pour sa conservation et son utilisation durable, en tenant compte de la
liste indicative de catégories de la convention ainsi que les processus et catégories d’activités
ayant une influence défavorable sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité
biologique.
Les articles 8 et 9 invitent chaque pays Parties à conserver in situ et ex situ les éléments
constitutifs de la diversité biologique.
L’article 10 définit les modalités organisationnelles pour une utilisation durable des éléments
constitutifs de la diversité biologique, en recommandant l’intégration des considérations
relatives à la conservation et à l’utilisation durable des ressources biologiques dans son
processus décisionnel national ainsi que la protection et l’encouragement de l’usage coutumier
des ressources biologiques conformément aux pratiques culturelles traditionnelles.
L’article 11 appelle à adopter des mesures incitatives économiquement et socialement
rationnelles qui visent à conserver et à utiliser durablement les éléments constitutifs de la
diversité biologique.
L’article 12 recommande à la mise en place des programmes de formation et de recherche
sur la conservation et l’utilisation durables de la diversité biologique en tenant compte des
besoins particuliers des pays en développement.

25
L’article 13 invite à procéder à une éducation et sensibilisation du public sur les questions
relatives à la préservation de la Biodiversité.
L’article 14 prévoit à adopter des procédures permettant d’évaluer les impacts sur
l’environnement des projets qu’elle a proposés et qui sont susceptibles de nuire à
l’environnement et prend des dispositions pour réduire les effets nocifs à ces projets.
L’article 15 et 19 appellent à créer les conditions propres à faciliter l’accès aux ressources
génétiques et au partage des avantages qui sont issus de leur utilisation écologiquement
rationnelle.
L’article 16 invite à s’engager pour assurer et/ou à faciliter à d’autres Parties contractantes
l’accès aux technologies nécessaires à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité
biologique, ou utilisant les ressources génétiques sans causer de dommages sensibles à
l’environnement, et le transfert desdites technologies.
L’article 17 insiste sur l’échange d’informations, provenant de toutes les sources accessibles
au public, intéressant la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique en
tenant compte des besoins spéciaux des pays en développement.
L’article 18 recommande à encourager la coopération technique et scientifique avec d’autres
Parties contractantes, en particulier les pays en développement, pour l’application de la
présente Convention, notamment par l’élaboration et l’application de politiques nationales.
L’article 26 invite à élaborer et présenter à la Conférence des Parties des rapports sur les
dispositions qu’elle a adoptées en application de la convention.

Opportunités :

Selon l’esprit de partenariat de la convention CBD, plusieurs opportunités sont offertes


pour les pays en développement. En plus des avantages associés aux obligations (articles
5 à 19 et article 26), portant respectivement les domaines de la coopération scientifique et
technique, l’accès aux ressources génétiques et le transfert des technologies écologiquement
rationnelles d’origine des pays développés, deux catégories d’opportunités sont apportées
particulièrement par l’article 20 (accès aux ressources financières) et l’article 21 (mécanisme
de financement).

L’Article 20 demande aux pays développés Parties à fournir des ressources financières
nouvelles et additionnelles pour permettre aux pays en développement Parties de faire
face à la totalité des surcoûts convenus que leur impose la mise en œuvre des mesures par
lesquelles ils s’acquittent des obligations découlant de la présente Convention.

L’article 21 institue le Fonds de l’Environnement Mondial (FEM), qui dépend conjointement


du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), du Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD) et de la Banque mondiale (BM), en tant que mécanisme
de financement de la CDB. Il envisage également de renforcer les institutions financières
existantes pour qu’elles fournissent des ressources financières en vue de la conservation et
de l’utilisation durable de la diversité biologique.

26
Mise en œuvre :

La mise en œuvre de la convention sur la protection de la biodiversité a permis sur le plan


institutionnel la mise en place du Comité National de la Biodiversité et du Comité National
chargé de la mise en place de la législation relative à l’accès aux ressources génétiques et
au partage des avantages découlant de leur utilisation (APA). Aussi, les acquis ont concerné
l’élaboration de la Stratégie Nationale et son Plan d’Action, 4 rapports nationaux sur la mise
en œuvre de la CDB, en plus de l’engagement dans le processus de ratification du protocole
de Nagoya. En termes de conservation de la biodiversité, une loi sur les aires protégées a été
promulguée et un Plan Directeur des Aires Protégées a été établi. Ceci a permis de délimiter
plus de 150 Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique dont la superficie avoisine les 2,5 millions
d’ha et qui font l’objet de plans d’aménagement et de réhabilitation, selon les priorités. En
matière d’information et sensibilisation, un Centre d’échange d’information (CHM) sur la
biodiversité a été mis en place.

Convention sur la Lutte Contre la Désertification (LCD)


Objectifs visés :

La convention de lutte contre la désertification représente le seul instrument juridiquement


contraignant qui découle d’une recommandation directe du programme Action 21, adoptée
à Paris le 17 juin 1994, puis entrée en vigueur en décembre 1996. Ses objectifs globaux sont
doubles. D’un côté, lutter contre la désertification grâce à des mesures appuyées par des
arrangements internationaux de coopération et de partenariat. De l’autre côté, appliquer des
stratégies intégrées à long terme axées sur l’amélioration de la productivité des terres et sur
la remise en état, la conservation et la gestion durable des ressources en terres et en eau,
aboutissant à l’amélioration des conditions de vie des populations.

Obligations :

Les principales obligations des Parties relevant de « Région Afrique », dont le Maroc fait partie,
sont énoncées par les articles 4, 5 et 9 de l’annexe 1 du texte de la convention.
L’article 4 de l’Annexe 1 recommande les pays africains Parties de s’engager à : i) faire de la lutte
contre la désertification et/ou de l’atténuation des effets de la sécheresse le volet essentiel
d’une stratégie d’élimination de la pauvreté, ii) promouvoir la coopération et l’intégration
régionales, dans un esprit de solidarité et de partenariat fondés sur l’intérêt commun, iii)
rationaliser et renforcer les institutions concernées par la désertification et la sécheresse
afin d’en accroître l’efficacité et d’assurer une utilisation plus rationnelle des ressources, iv)
promouvoir l’échange d’informations entre eux sur les technologies, connaissances, savoir-
faire et pratiques appropriés, et v) mettre au point des plans d’urgence pour atténuer les effets
de la sécheresse dans les zones dégradées par la désertification et/ou la sécheresse.
Les articles 4 et 5 invitent les pays africains touchés Parties à i) allouer les crédits budgétaires
voulus à la lutte contre la désertification et/ou l’atténuation des effets de la sécheresse, ii)
poursuivre et intensifier les réformes engagées en matière de décentralisation et d’amélioration
du régime d’exploitation des ressources, iii) renforcer la participation des populations et des
collectivités locales, iv) identifier et mobiliser des ressources financières nationales nouvelles
et supplémentaires, et v) développer, en priorité, les moyens et mécanismes disponibles au
niveau national pour mobiliser des ressources financières internes.

27
L’article 9 de l’annexe 1 recommande à chaque pays africains Parties de désigner un organe
national approprié de coordination (ONC) pour jouer le rôle de catalyseur dans l’élaboration,
la mise en œuvre et l’évaluation de son PAN
Opportunités :

En vertu des obligations prévues dans les articles 4, 6 et 7 de la convention, les pays
développés Parties sont appelés à donner la priorité aux pays africains Parties vulnérables
et/ou touchés par la désertification. De ces obligations en découlent plusieurs opportunités
concernant l’appui et l’aide en matière de lutte contre la désertification et/ou à atténuer les
effets de la sécheresse (fourniture des ressources financières, transfert, adaptation et accès
aux technologies et aux savoir-faire écologiquement appropriés) tel que décidé d’un commun
accord et conformément à leurs politiques nationales, en tenant compte de leur stratégie
d’élimination de la pauvreté. Aussi, les pays développés sont tenus à mettre à la disposition
des pays africains les aides nécessaires en termes de renforcement du cadre institutionnel,
de moyens scientifiques et techniques, de collecte et analyse de l’information, de recherche-
développement. Et, à titre volontaire, fournir des technologies, des connaissances et des
savoir-faire relatifs à la LCD et/ou des ressources financières.
Mise en œuvre :

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention LCD, le Maroc a renforcé son cadre
institutionnel par la création d’un Service de la Coordination et du Suivi de la Convention
sur la Lutte contre la Désertification. Sur le plan législatif et réglementaire, des outils ont
été développés en matière de préservation et gestion durable des ressources forestières
notamment, le décret portant la compensation des mises en défens dans les périmètres de
reboisement et la loi n°1-06 relative au développement durable du palmier dattier. En termes
d’actions concrètes, un Plan d’Action National de Lutte Contre la Désertification (PANLCD)
a été élaboré et mis en œuvre ainsi que plusieurs programmes, projets et approches pour
lutter contre la dégradation des terres, la désertification et leurs conséquences négatives.
Tout récemment, le pays s’est doté d’une Agence Nationale pour le Développement des
Zones Oasiennes (ANDZOA) visant la protection et la valorisation des espaces oasiens et
de l’arganier.

28
Chapitre 3
ORGANISATION TERRITORIALE, GOUVERNANCE DU
DEVELOPPEMENT DURABLE ET ROLES DES COLLECTIVITES
TERRITORIALES
Depuis 2010, un projet de régionalisation avancée est entamé par le Maroc et qui prévoit de
consolider les processus de décentralisation et déconcentration, en étendant les pouvoirs
des régions et autres collectivités territoriales. Ce projet, institutionnalisé dans la Constitution
de 2011, définit l’organisation territoriale du Royaume et renforce la décentralisation selon
un modèle de régionalisation avancée. A travers la régionalisation avancée, le Maroc
vise le développement intégré et durable sur les plans économique, social, culturel et
environnemental, à travers la valorisation des potentialités et des ressources propres à chaque
région. Pour ce faire, le texte constitutionnel énonce une série d’articles, articulés autour des
principes fondamentaux de développement humain intégré et durable, qui constituent des
références incontournables pour les régions et autres collectivités territoriales en matière de
gouvernance territoriale.

1- L’organisation territoriale et le développement durable


Par rapport à l’organisation territoriale, la Constitution de 2011 reconnaît le pouvoir juridique
des régions et autres collectivités territoriales pour jouer un rôle primordial dans l’élaboration
et la mise en œuvre des politiques territoriales de développement humain et durable. Il en est
de même pour la participation et l’implication des populations locales et associations en tant
que forces consultative et propositionnelle incontournables dans l’élaboration, exécution et
suivi-évaluation des approches territoriales.
Dans le Titre IX de la Constitution
de 2011, le rôle vital des régions et
autres collectivités territoriales dans la
réalisation du développement humain
intégré et durable a fait l’objet de
plusieurs articles importants. L’Article
135 est consacré à la définition de la
notion des collectivités territoriales
et celle de l’organisation territoriale
du Royaume. Selon cet article, les
régions, les préfectures, les provinces
et les communes sont reconnues des
personnes morales de droit public qui
gèrent démocratiquement leurs affaires.
Elles constituent ainsi l’organisation
territoriale et les acteurs-clés de la
gouvernance territoriale, et ce chacun
dans son ressort territorial. Dans
l’Article 136, l’organisation territoriale
est hissée au premier plan pour qu’elle
assure la participation des populations
concernées à la gestion de leurs
affaires et favorise leur contribution
au développement humain intégré
29
et durable. Cet article énonce les
principes de libre administration, de
coopération et de solidarité comme
fondations de base pour l’organisation
territoriale du Royaume. Celle-ci doit
assurer la participation et l’implication
effective des populations concernées
dans la gestion de leurs affaires et
favoriser leur contribution effective
au développement humain intégré et
durable.
Ces deux articles définissent ainsi
l’organisation territoriale du pays et
les principes de base sur lesquels
doit reposer et tisser ses relations
avec l’Etat. D’autre part, ils mettent
en exergue le pouvoir réglementaire
dont doivent jouir les régions et autres
collectivités territoriales, pour l’exercice
de leurs attributions, et ce dans leurs
domaines de compétence respectifs
et dans leur ressort territorial. Aussi,
ils posent le cadre pour la coopération
intercommunale, en ce sens que
les collectivités territoriales peuvent
constituer des groupements en vue
de la mutualisation des moyens et des
programmes.
De même, l’élaboration des politiques
territoriales, respectant les principes
fondamentaux du développement
humain intégré et durable, et la
participation à la mise en œuvre de
la politique générale de l’Etat sont
désormais reconnues conjointement
du ressort des régions et autres
collectivités territoriales, comme
stipule l’Article 137. A ce sujet, la
Constitution de 2011, a prévu la mise
en place, par les Conseils des Régions
et les Conseils des autres collectivités,
des mécanismes de dialogue et de
concertation pour favoriser l’implication
des populations locales et des
associations dans l’élaboration et le
suivi des plans et programmes de
développement (Article 139). C’est
dire que les approches participatives
sont reconnues comme une voie
incontournable pour respectivement

30
élaborer, mettre en œuvre et suivre les politiques territoriales de développement durable.
Plus encore, un droit de pétition est donné aux citoyennes, citoyens et associations qui
peuvent l’exercer, en cas de besoin, auprès des Conseils des Régions et des Conseils des
autres collectivités territoriales. En découle l’un des piliers importants qui doit gouverner de
tout projet territorial de développement local durable, à savoir la participation et l’implication
des populations locales et de la société civile.
Le texte constitutionnel reconnait aussi le pouvoir réglementaire de l’organisation territoriale
pour exercer pleinement ses droits, devoirs et attributions en matière de gouvernance
territoriale. D’une part, l’Article 140 met en avant le principe de subsidiarité selon lequel
les régions et autres collectivités territoriales jouissent des compétences propres, des
compétences partagées avec l’État et celles qui leur sont transférables par ce dernier. Il stipule
aussi que les régions et les autres collectivités territoriales disposent, dans leurs domaines
de compétence respectifs et dans leur ressort territorial, d’un pouvoir réglementaire pour
l’exercice de leurs attributions.
D’autre part, l’Article 143 réaffirme la tutelle propre de la collectivité territoriale et le rôle
prééminent de la région, par rapport aux autres collectivités, dans l’élaboration et le suivi des
programmes de développement régionaux et des schémas régionaux d’aménagement des
territoires. Mais également, il insiste sur l’impulsion des modalités de coopération entre les
collectivités territoriales pour la réalisation des projets en commun. Cette voie de renforcement
de l’intercommunalité est consolidée davantage dans l’Article 144 qui donne la possibilité
aux collectivités territoriales de se constituer en groupements en vue de la mutualisation des
moyens et des programmes

2- Institutionnalisation de l’intégration de l’environnement


et du développement humain et durable
Dans le texte constitutionnel de 2011, la prise en compte de l’environnement dans le
développement économique et social est promue et consolidée au niveau respectivement
de la composition, l’organisation, les attributions et les modalités de fonctionnement de
plusieurs institutions et instances de promotion du développement humain et durable et de
la démocratie participative.

Dans le Titre XI de la Constitution


de 2011, trois principaux articles sont
dédiés au Conseil Economique, Social
et Environnemental (CESE). L’Article 151
constitue une référence juridique pour
l’institution du Conseil économique,
social et environnemental. L’Article 152
définit les attributions et prérogatives
du conseil du CESE, en lien avec
le gouvernement, la Chambre des
Représentants et la Chambre des
Conseillers. Il reconnaît ses pouvoirs
consultatif et propositionnel sur toutes
les questions relevant des domaines
économique, social et environnemental
ainsi que sur les orientations
générales de l’économie nationale et

31
du développement durable. Enfin, l’Article 153 stipule la fixation par une loi organique la
composition, l’organisation, les attributions et les modalités de fonctionnement du Conseil
économique, social et environnemental. C’est dire que le CESE constitue une institution-clé en
matière d’intégration des considérations environnementales dans les stratégies et politiques
de développement durable. Son rôle consultatif et sa force de proposition lui confère un
positionnement stratégique dans l’échiquier des instances nationales de promotion du
développement humain et durable.
A côté du CESE, plusieurs autres institutions et instances sont reconnues, par le texte
constitutionnel de 2011, comme structures incontournables en matière de consultation et
d’émission d’avis sur toutes les questions relevant de la bonne gouvernance et la promotion
du développement humain et durable, et la démocratie participative. Il s’agit respectivement
du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, le Conseil
consultatif de la famille et de l’enfance, et le Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action
associative.

L’Article 168 reconnait le rôle capital de


l’éducation, la formation et la recherche
scientifique dans la promotion du
développement humain et durable
ainsi que la démocratie participative. Il
précise à cet effet, les prérogatives de
cette instance consultative en matière
de fonctionnement des services
publics et d’évaluation des politiques
et programmes dans ces domaines.
Cet article assure aussi l’alignement
du cadre constitutionnel national avec
le principe 9 de la Déclaration de Rio
relatif aux échanges de connaissances
scientifiques et techniques.
Au sujet du pilier social du développement
durable, le texte constitutionnel a
renforcé la prise en compte des
dimensions sociétales, notamment la
famille, l’enfance et la jeunesse. L’Article
169 concerne le Conseil consultatif
de la famille et de l’enfance dont son
institutionnalisation, comme instance
consultative, a fait l’objet de l’Article 32.
Il définit ses missions en termes de suivi
de la situation de la famille et de l’enfance
et de réalisations des programmes,
d’émission d’avis sur les plans nationaux
relatifs à ces domaines, et d’animation du
débat public sur les différents chantiers
initiés par les différents départements
ministériels et organismes compétents
en la matière. D’autre part, l’Article 170

32
intéresse le Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative qui est reconnue
comme instance consultative en vertu de l’Article 33. Ses missions portent sur l’étude
et le suivi des questions intéressant les domaines de la protection de la jeunesse et de la
promotion de la vie associative ainsi que la formulation des propositions sur tout sujet d’ordre
économique, social et culturel intéressant directement la promotion des jeunes, de l’action
associative et l’esprit de citoyenneté responsable.
De ces articles, portant sur les trois instances, en découle que le développement humain
et la prise en compte de l’environnement naturel vont en pair et qu’il est très difficile de les
dissocier dans toutes les stratégies, politiques, programmes et plans d’action. En d’autres
termes, le développement durable est en quelque sorte une question d’équilibre entre les
impératifs économiques, sociaux et culturels et les considérations environnementales de
durabilité des écosystèmes naturels. Cet équilibre prend tout son sens lorsqu’il est placé
dans un contexte de pauvreté qui caractérise une proportion non négligeable des collectivités
territoriales du pays.

3- Droits, devoirs et rôles des collectivités territoriales en


matière d’environnement et du développement durable
La promulgation de la loi-cadre 99-12 a représenté un véritable acquis pour le cadre juridique
national en matière de protection de l’environnement et du développement durable du
pays. Elle constitue une véritable référence juridique pour les décideurs, planificateurs et
exécuteurs des politiques publiques qui vise essentiellement à décliner et opérationnaliser la
Charte Nationale de l’Environnement et du Développement Durable (CNEDD), en conférant
une assise juridique à son contenu.
Cette loi-cadre institue les principes, les droits, les devoirs et les engagements, proclamés par
la CNEDD, dont la finalité est d’inscrire les processus d’élaboration, mise en œuvre et suivi-
évaluation des stratégies, les politiques sectorielles, les programmes et les plans d’action dans
le strict respect des exigences de protection de l’environnement et du développement durable.
L’un des aspects importants de cette loi-cadre est qu’elle définit les responsabilités et les
engagements que toutes les parties prenantes (Etat, collectivités territoriales, établissement
et entreprises publics, entreprises privées, associations de la société civile et citoyens) doivent
respecter en matière de protection de l’environnement et de développement durable.

S’approprier et respecter les principes du développement durable


Dans l’énoncé des objectifs de la loi-cadre 99-12, les collectivités territoriales sont désignées
comme parties prenantes, de premier ordre, en matière de protection de l’environnement et de
promotion du développement durable. Des objectifs énoncés, on sous-entend l’appropriation
par les collectivités territoriales des droits et devoirs inhérents à l’environnement et au
développement durable, qui sont reconnus aux personnes physiques et morales, ainsi que
les responsabilités et engagements en la matière. Aussi, les collectivités territoriales sont
proclamées, au côté de l’Etat, les établissements et entreprises publics et leurs partenaires,
comme partie responsable du respect des principaux fondamentaux du développement
durable tant au niveau de l’élaboration de leurs plans d’action qu’au niveau de leur exécution.

33
Selon l’Article 13, les collectivités
territoriales, au côté de l’Etat, les
établissement et entreprises
publics, doivent veiller à l’intégration
des principes fondamentaux du
développement durable dans les
politiques de développement. Il s’agit
là d’une importante référence juridique,
conférant aux collectivités territoriale le
droit et le devoir de prendre en compte
la protection de l’environnement et de
traduire les principes fondamentaux
du développement durable en actions
concrètes sur le terrain.

S’engager et adopter une


démarche de développement
territorial durable
En réponse à son caractère
opérationnel, la loi-cadre 99-12 a défini
le développement durable comme
une démarche de développement
qui s’appuie, dans sa mise en œuvre,
sur le caractère indissociable des
dimensions économique, sociale,
culturelle et environnementale des
activités de développement et qui vise
à répondre aux besoins du présent
sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux
leurs (Article 9). De cette définition
se dégagent deux premières notions
importantes d’ordre méthodologique:
la transversalité et la temporalité et
constituent des éléments de cadrage
pour l’élaboration future des projets
territoriaux de développement. Dans le
même registre, l’Article 10 considère le
développement durable comme une
ligne de conduite exigée que tous les
intervenants sont appelés à intégrer
systématiquement dans le processus
de développement économique, social,
culturel et environnemental.
Au sujet des engagements des
collectivités territoriales en matière de
développement durable, l’Article 20 de
la loi-cadre précise, de manière claire et

34
précise, ce qui est du devoir et responsabilité des régions et autres collectivités territoriales.
D’une part, elles doivent veiller à l’intégration des principes et des objectifs énoncés dans la
loi-cadre dans les outils de planification et les programmes de développement relatifs à leurs
territoires respectifs. Elles doivent aussi garantir à la participation de leurs populations à la prise
de décision inhérente à la protection de l’environnement local et au développement durable
de leurs territoires et l’accès à l’information environnementale locale relative à ces domaines.
D’autre part, cet article appelle les régions limitrophes et les autres collectivités territoriales
limitrophes à s’engager, autant que possible, à poursuivre des politiques publiques locales
intégrées et coordonnées en matière de localisation des équipements et des infrastructures
relatifs à la protection de l’environnement et au développement durable.
De cet article découle plusieurs implications pratiques d’ordre méthodologique. Tout d’abord,
il a ciblé les outils de planification comme niveau prioritaire d’intégration de la dimension
environnementale et de concrétisation de la démarche de développement durable. Ensuite,
il a insisté sur la participation des populations locales comme condition fondamentale à la
réussite des projets territoriaux de développement durable, tout en soulignant l’importance
capitale de l’accès à l’information environnementale. Enfin, il a mis en avant le principe de
solidarité pour asseoir la culture de la mutualisation des efforts et des ressources entre les
collectivités territoriales.

Encourager et soutenir les programmes de recherche/


développement des bonnes pratiques environnementales

Les bonnes pratiques environnementales


sont des aspects déterminants dans
les démarches de développement
durable. A ce niveau, les collectivités
territoriales ont un rôle capital à jouer
notamment par l’encouragement
et le soutien des programmes de
recherche/développement au service du
développement durable. Selon l’Article
18 de la loi-cadre 99-12, les collectivités
territoriales doivent encourager les
actions d’innovation scientifique dans
les domaines des technologies de
production propre, de découvertes
d’instruments ou de procédés
pratiques et efficaces favorables à la
préservation de l’environnement. Cette
forme d’implication des collectivités
territoriales dans les programmes de
recherche-développement au service
du développement durable est dictée
par le caractère territorialisé des enjeux
environnementaux et la nécessité de
recherche de solutions adaptées à
chaque territoire.

35
Initier, soutenir et appuyer des actions partenariales de
sensibilisation, communication, et éducation environnementales

Le rôle des collectivités territoriales


en matière de sensibilisation,
communication et éducation
environnementales est institué dans la
loi-cadre 99-12 à travers trois articles.
L’Article 22, tout en soulignant la
nécessité de l’implication effective
des associations de la société civile
dans la réalisation des objectifs de
développement, recommande aux
collectivités territoriales de s’engager à
mener, soit sur leur propre initiative, soit en
partenariat avec l’Etat, les établissements
et entreprises publics et les entreprises
privées, toute action d’information, de
sensibilisation et d’éducation susceptible
de promouvoir la culture du respect des
valeurs du développement durable et
le comportement citoyen à l’égard de
la protection de l’environnement, des
ressources naturelles du patrimoine
culturel. Aussi, le devoir des collectivités
territoriales est édicté, au côté de leurs
partenaires nationaux et territoriaux, en
matière de promotion et valorisation
des modes et des pratiques éprouvées
en matière de gestion durable des
ressources naturelles au niveau des
communautés locales de base. Un autre
aspect important apporté par cet article
est la réaffirmation du rôle de médiation
que doivent assurer les collectivités
territoriales entre les populations
et les décideurs publics. Pour cela,
elles doivent s’engager à contribuer
efficacement à l’amélioration continue
des approches participatives et des
dispositifs de circulation de l’information
environnementale.
De son côté, l’Article 32 réaffirme
l’intérêt considérable des actions de
sensibilisation, de communication et
d’éducation environnementale dans
toute les initiatives et démarches
visant la promotion de comportements

36
individuels et collectifs exemplaires en matière de la protection de l’environnement et du
développement durable. A ce sujet, l’engagement des collectivités territoriales, au côté de
l’Etat, les établissements et entreprises publics, est mis en avant pour mobiliser les ressources
et moyens nécessaires à ces fins. Le développement de partenariats, l’implication des
associations de la société civile et le secteur privé, la participation des populations locales et
l’encouragement des mécanismes de solidarité sont édictés comme mesures inspirées pour
la déclinaison et l’opérationnalisation desdits programmes à l’échelle territoriale.
Enfin, l’Article 33 institue le rôle de soutien et d’appui des collectivités territoriales, au côté de
l’Etat, des établissements et entreprises publics, dans les initiatives et actions de volontariat
en faveur de l’environnement et du développement durable. Ce rôle est précisé pour ce qui
est de la diffusion des bonnes pratiques dans le domaine du volontariat et le soutien à la
mise en œuvre desdites pratiques.

Participer à la gouvernance environnementale au niveau national


Si le rôle des collectivités territoriales
dans la gouvernance environnementale
de leurs territoires est désormais institué
par plusieurs dispositions légales de
la loi-cadre, il n’en demeure pas moins
que leur contribution à la gouvernance
environnementale nationale est aussi
un devoir légitimité. L’Article 25 ouvre
la voie aux collectivités territoriales à
organiser des forums d’échange et des
débats publics sur l’environnement et
le développement durable. La mise
en perspective des résultats de ces
mécanismes de dialogue peut servir pour alimenter le processus d’élaboration des politiques
publiques relatives à l’environnement et au développement durable.

Œuvrer au bon fonctionnement du système de fiscalité


environnementale
L’une des innovations importantes
apportée par la loi-cadre 99-12 est
l’institutionnalisation de la mise en
place d’un un système de fiscalité
environnementale. Celui-ci prévoit des
dispositions pour l’instauration des
taxes écologiques et de redevances
qui peuvent être appliquées à tout
comportement caractérisé, individuel ou
collectif ainsi qu’aux activités polluantes
portant préjudice à l’environnement et
enfreignant les principes et règles du
développement durable. Dans cette
optique, les collectivités territoriales sont
appelées à innover et proposer des règles
d’organisation et de fonctionnement
des taxes écologiques et redevances
adaptées à leurs territoires.
37
PARTIE 2
Lignes directrices pour l’intégration de
la dimension environnementale dans la
planification stratégique locale

39
1- Objectifs des lignes directrices IEL
Les objectifs visés par les
présentes lignes directrices
IEL sont de nature à aider les
collectivités territoriales à adopter
une démarche de planification
stratégique locale, leur permettant
d’élaborer des « plans territoriaux
de développement durable »,
en conformité avec le cadre
juridique national, notamment les
dispositions légales de la loi-cadre 99-12, et les engagements internationaux en matière de
protection de l’environnement mondial.
Les objectifs opérationnels des lignes directrices IEL visent à :
• Fonder la planification stratégique locale sur les principes fondamentaux et les objectifs-
clés en matière de protection de l’environnement et de développement durable, en
conformité avec la Loi-cadre 99-12 et les conventions internationales;
• Baser le développement territorial sur une vision partagée du futur souhaitable à long
terme qui concilie les objectifs de développement économique, social et culturel aux
enjeux et défis de la protection de l’environnement et du développement durable ;
• Articuler les actions de développement territorial aux stratégies, politiques, programmes,
et plans nationaux ainsi qu’aux différentes conventions internationales en matière de
protection de l’environnement et de développement durable.
Ces objectifs constituent des éléments-clés de cadrage qui devrait désormais gouverner la
planification stratégique locale en vue de l’inscrire dans une perspective de développement
durable.

2- Consistance des lignes directrices IEL


En complément au cadre de référence IEL, offrant les
principales dispositions réglementaires et législatives
en matière de protection de l’environnement et de
développement durable, six lignes directrices sont
proposées pour améliorer la qualité de la démarche
d’intégration de l’environnement dans la planification
stratégique locale à l’échelle des collectivités
territoriales:

1. S’appuyer, à tous les niveaux décisionnels du


processus de planification stratégique locale, sur
les principes fondamentaux de développement
durable ;

40
2. S’engager collectivement dans une stratégie d’amélioration continue au regard des
finalités de développement durable ;
3. Mettre à l’œuvre la transversalité à tous les niveaux décisionnels de la planification
stratégique locale ;
4. Faire de la participation des populations locales, associations de la société civile et
entreprises du secteur privé une valeur et un intérêt commun ;
5. Organiser un pilotage de haut niveau en réponse aux exigences de la transversalité de
l’approche de développement durable ;
6. Suivre, évaluer et partager, à tout moment, de la progression du projet territorial de
développement durable.

S’appuyer, à tous les niveaux décisionnels du processus de


planification stratégique locale, sur les principes fondamentaux de
développement durable
Cette première ligne directrice incite les collectivités territoriales à s’appuyer sur les
dispositions légales de la loi-cadre 99-12, notamment pour ce qui est des principes, droit
s et devoirs inhérents à la protection de l’environnement et au développement durable et
ce, à tous les niveaux décisionnels relatifs à l’élaboration et mise en œuvre de leurs plans
de développement. Aussi, elle ambitionne l’alignement des collectivités territoriales avec la
Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) et avec les lois organiques régissant
les collectivités territoriales.
Les collectivités territoriales sont ainsi
tenues à :
• Respecter les sept principes
fondamentaux en matière de
protection de l’environnement
et du développement durable,
comme le stipule la loi-cadre 99-
12 : l’intégration, la territorialité, la
solidarité, la précaution, la prévention,
la responsabilité et la participation.
Le respect de ces principes est aussi
énoncé par la SNDD, notamment le
deuxième principe qui consacre la
conformité des stratégies et plans
d’action aux principes de la loi-cadre
99-12.
• S’aligner aux finalités de
développement durable reconnus
universellement, notamment
pour ce qui est de la lutte contre
le changement climatique, la
préservation de la biodiversité et les
milieux naturels, l’épanouissement
des tous les êtres humains, la

41
cohésion sociale et la solidarité entre
les générations, et la promotion
des modes de production et
consommation responsable. La
nécessité de cet alignement est
réaffirmé par le premier principe
directif de la Stratégie Nationale de
Développement Durable (SNDD)
qui consacre la « conformité
internationale ». Ce principe stipule
la nécessité de respecter les
engagements internationaux du
pays en matière du développement
durable, notamment la lutte contre
le changement climatique, la
lutte contre la désertification et la
protection de la biodiversité ;
• Prendre en compte les enjeux
environnementaux nationaux tels
qu’ils sont décrits par la Stratégie
Nationale de Développement
Durable (7 enjeux stratégiques) et ce, pour inscrire et converger les actions prévues dans
le projet territorial aux axes d’intervention prioritaires de ladite stratégie.
• Inscrire l’élaboration du projet territorial de développement dans une perspective de
développement durable de long terme, en privilégiant une démarche prospective
dynamique et proactive.

S’engager collectivement dans une stratégie d’amélioration


continue au regard des finalités de développement durable

Cette deuxième ligne directrice traite de


la condition préalable à la construction de
tout projet territorial de développement
durable à savoir : l’engagement dans
une stratégie d’amélioration continue.
Selon le troisième principe de la SNDD
qui consacre l’engagement, toutes les
parties prenantes doivent s’engager dans
un processus d’amélioration continue
pour atteindre des objectifs communs
susceptibles de répondre aux enjeux clés
en matière de développement durable.

42
L’engagement des collectivités territoriales dans une stratégie d’amélioration continue requiert
à:
• S’approprier les principes fondamentaux
et les finalités de développement durable,
et de les traduire en un processus continu
d’amélioration des connaissances,
attitudes et pratiques, mais aussi des
modes d’organisation de la décision et
méthodes de travail. C’est l’ensemble de
ces points d’amélioration possible que le
territoire doit essayer de rassembler sous
la forme d’une stratégie d’amélioration
continu ;
• Fonder l’engagement dans une stratégie
d’amélioration continue, au regard des
finalités du développement durable, sur
un diagnostic prospectif et partagé des
réalités du territoire, qui identifie les défis
à relever et les atouts à valoriser, et une
vision collective du futur souhaitable, qui définit les axes à investir pour y parvenir.
• Fixer des objectifs clairs et hiérarchisés, selon une progressivité respectant les
capacités du territoire, anticipant les changements à venir, et visant à répondre à la
fois aux attentes d’aujourd’hui et à celles de demain. Pour plus de détails, voir les
étapes méthodologiques de la démarche consignées dans le guide IEL.

Mettre à l’œuvre la transversalité à tous les niveaux décisionnels


de la planification stratégique locale
Cette troisième ligne directrice concerne l’adoption d’une approche transversale tout
au long du processus de planification stratégique locale. Par transversalité, on entend
l’adoption d’une approche qui facilite l’intégration et les articulations, de manière
simultanée, de l’efficacité économique, du progrès social, de l’acception culturelle et de
la protection de l’environnement dans tous les niveaux décisionnels de la planification
stratégique locale.
Pour mettre à l’œuvre le principe de transversalité, les collectivités territoriales doivent :
• Utiliser de nouveaux outils et
méthodes qui répondent aux
critères de qualité de l’approche
transversale (pour plus de détails
voir le guide méthodologique sur
l’IEL) ;
• Partager et mettre en commun les
connaissances, les compétences
et les expériences accumulées
pour consolider les synergies
entre les différentes parties
prenantes et renforcer l’action
collective sur le territoire;

43
• S’appuyer sur l’intercommunalité pour réaliser des actions visant la mise en cohérence
des stratégies d’acteurs locaux, la mutualisation des moyens, la recherche de partenariats
et la lutte contre les enjeux et défis transversaux.

Faire de la participation des populations locales, associations de la


société civile et entreprises une valeur et un intérêt commun
L’adoption des approches participatives trouve ses fondements juridiques dans l’article 2
de la loi-cadre 99-12 qui recommande à « favoriser la participation active des entreprises, des
associations de la société civile et de la population dans les processus d’élaboration et de
mise en œuvre des politiques, des stratégies, des programmes et des plans relatifs à la pro-
tection de l’environnement et au développement durable ».

Selon cette référence, tout projet territorial de développement durable ne peut être viable que
si les acteurs, les habitants et les associations de la société civile l’ont conçu collectivement.
Ainsi, les collectivités territoriales sont appelées à :
• Eriger l’approche participative comme un intérêt commun pour le devenir du territoire, et
ne pas la considérer comme une simple formalité méthodologique ;
• S’appuyer sur des actions d’information, sensibilisation, concertation élargie et co-
construction en vue d’asseoir une dynamique du groupe et un engagement collectif dans
une stratégie d’amélioration continue ;
• Considérer la participation des populations, associations et entreprises du secteur
privé comme un atout pour approcher la diversité de leurs attentes, comprendre leurs
stratégies et comportements, et tirer profit de leurs savoirs et compétences au service du
projet territorial de développement durable.

Organiser un pilotage de haut niveau en réponse aux exigences de


la transversalité de l’approche de développement durable
Tout projet territorial de développement durable implique l’intervention de plusieurs acteurs et
partenaires du territoire. Son pilotage requiert ainsi une organisation adaptée et souple pour
permettre d’une part, la cohérence et la complémentarité, dans le temps et dans l’espace,
entre les actions menées au regard des finalités de développement durable et, d’autre part, la
représentation et la conciliation des différents intérêts souvent divergents.
Tout au long du processus d’élaboration du projet territorial de développement durable, les
collectivités territoriales doivent veiller à :
• Mettre en place un pilotage de haut niveau et une organisation opérante des parties
prenantes qui permettent de limiter les facteurs de blocage et d’agir efficacement aux
niveaux de l’élaboration et la mise en œuvre du projet territorial de développement
durable ;
• Organiser et assurer le bon fonctionnement du pilotage, en s’appuyant sur la mise en
place d’un comité technique IEL, qui agira en complémentarité aux comités prévus dans
le cadre de la planification stratégique locale (voir le guide de la DGCL sur la planification
stratégique locale) ;
• Définir et clarifier davantage le rôle et les modalités du fonctionnement du comité
technique IEL, en conformité avec l’article 2 de la loi-cadre 99-12. Plus de détails sur la
composition du comité technique sont fournis dans le guide IEL.

44
Suivre, évaluer et partager, à tout moment, la progression du projet
territorial de développement durable
De par sa finalité, l’évaluation doit permettre à tout moment de vérifier et d’orienter la
progression du projet territorial vers la trajectoire des résultats visés à court, moyen et long
terme. L’implémentation du dispositif d’évaluation doit faire partie intégrante de la démarche
d’élaboration du projet territorial. En amont, elle requiert la mise en place d’un dispositif de
suivi permettant de renseigner, à des échéances régulières et sur la base des indicateurs,
l’avancement du projet territorial. L’un des apports importants du suivi est d’éclairer le pilotage
du projet territorial, en proposant, en cas de besoin, les ajustements et redressements
nécessaires pour lui conférer plus de cohérence et pertinence, au regard des finalités de
développement durable. Pour ce qui est de la composante évaluation, elle doit permettre, tout
au long du processus d’élaboration et de mise en œuvre du projet territorial, de mesurer les
performances à la fois de la stratégie, des actions et des résultats.
Sur le plan opérationnel, les collectivités territoriales sont donc amenées à implémenter, dès le
démarrage du projet territorial, un dispositif d’évaluation partagée. Pour ce faire, elles doivent :

• S’approprier des outils et méthodes


d’évaluation participative qui leur
permettent de porter un jugement
objectif sur la progression du projet
territorial ;
• S’organiser, avec les autres parties
prenantes, en réseau local pour
promouvoir la culture d’évaluation et
informer de façon continue le grand
public sur les décisions prises et les
résultats atteints ;

• Elaborer un rapport annuel sur l’état d’avancement du projet territorial de développement


durable. Ce rapport d’évaluation doit informer sur l’adéquation entre les enjeux prioritaires,
les objectifs visés, les actions entreprises et les résultats atteints au regard des finalités
du développement durable. Il doit aussi permettre la vérification de la cohérence des
actions du territoire avec les cadres politique, réglementaire et législatif en matière de
protection de l’environnement et de développement durable, mais également avec les
engagements internationaux.
L’efficacité du dispositif d’évaluation dépendra essentiellement de l’intérêt qui lui est accordé,
en amont de la démarche d’élaboration du projet d’évaluation. Ce sont d’une part, le pilotage
et l’organisation à l’interne et d’autre part, les moyens alloués et l’engagement de la collectivité
territoriale qui favorisent la bonne marche et la pérennité du dispositif de suivi-évaluation.

45
Ce document a été élaboré par Monsieur Khalil Allali, consultant national.
Ont contribué à ce travail :

• Ministère Délégué Chargé de l’Environnement


Mohamed Benyahia : Directeur du Partenariat, de la Communication
et de la Coopération/Directeur National du Projet
Seloua Amaziane : Chef de la Division du Partenariat
Rachid Chokri : Chef du Service du Partenariat avec les Collectivités
territoriales et les Organismes Publics
Ahmed Chihab : Service du Partenariat avec les Collectivités territoriales
et les Organismes Publics
Fatima Manar : Service du Partenariat avec les Collectivités territoriales
et les Organismes Publics

• Ministère de l’Intérieur
Zoubir Idrissi : Direction de l’Eau et de l’Assainissement
Khalid Serhane
Said El Amine : Direction de la Formation des Cadres Administratifs
et Techniques

• PNUD
Najwa Es-siari : Coordonnatrice Nationale du projet CB2
Pedro Munoz : Chargé de programmes
Houria Zerrouk : Assistante du Projet CB2

Vous aimerez peut-être aussi