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ÉVALUATION N°2

KARINE MOULOUD

L’impact de la crise sanitaire


sur les circuits de productions.
L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Qu’est qu’un circuit de production ?

Un circuit de production retrace toutes les étapes du processus qui entrent dans la création d'un produit
de consommation, du concept au client. Cela comprend : le type et la provenance des matières premières,
comment elles sont développées en quelque chose de plus grand et le trajet que le produit fini prend
pour arriver en magasin ou à la porte du consommateur.

Chaque produit qui atteint un utilisateur final représente l'effort cumulé des
organisations. Ces organisations sont désignées collectivement sous le nom de chaîne
d'approvisionnement. Les organisations qui composent la chaîne d'approvisionnement
sont « liées » entre elles par des flux physiques et des flux d'informations. »

- UNIVERSITÉ D'ÉTAT NC
Comment ça marche ?

La première étape de la chaîne d'approvisionnement est la conception d’un produit ou d’une idée afin
de satisfaire son marché. Dans le cas d'une marque de vêtements le processus de conception représente
toute la création et le développement du produit, en passant par le choix des matériaux, des silhouettes
et des finitions du vêtement, c’est le travail du styliste. Dans les chaînes d'approvisionnements de mode
traditionnelle, les choix sont faits en fonction du coût et de l'esthétique choisie.

Une fois les croquis terminés, les acheteurs vont commander les tissus. Ces tissus sont choisis en
fonction des envies du styliste. Le rôle de l'acheteur est de trouver le fournisseur idéal afin de satisfaire
ses désirs.
C'est à ce moment-là que les compétences du modéliste rentrent en jeu. Son travail permet de traduire
en volumes les idées du croquis. Cette mise en volume peut être faite grâce au moulage qui consiste à
mettre en volume de la toile sur un mannequin. Elle peut également être réalisée grâce au tracé plat.
Cette méthode, quant à elle, permet de confronter des données théoriques sur le corps humain et la
connaissance des mensurations standards. Il est aussi parfois possible d'utiliser et transformer des
patronages déjà existants. Une fois le(s) patron(s), fait le premier prototype peut être lancé. Ce prototype,
s'il est validé, servira de base à la fabrication et la prise de commande s'effectuera.

Quand les modèles sont commandés, la phase de normalisation peut être mise en place. Cette étape
permet d'adapter son patronage à une taille standard. Chaque marque possède son propre standard de
taille. Une fois la normalisation faite la gradation permettra, quant à elle, d'obtenir à partir d'une taille
de base, un vêtement dans différentes tailles.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Si toutes ces étapes sont validées, les échantillons industriels sont développés et testés avant le
lancement de la production afin de vérifier la conformité du produit qui va être vendu. Cette étape permet
également de déterminer de façon exacte la complexité du processus de production ainsi que la
proportion exacte de matière utilisée pour en déduire le prix de revient du vêtement.

Une fois toutes ces étapes terminées, la production peut commencer. L'entreprise qui produira ces
vêtements devra donc considérer toutes les demandes de la marque ainsi que les quantités passées.

Pour finir, la marque demandera des échantillons aléatoires afin de vérifier la correspondance des
produits. Une fois vérifiée, le contrôle de qualité commencera afin de satisfaire au mieux le client. Le
circuit de production se termine au moment de la préparation des colis et de l'envoi.

Le choix de bons partenaires est donc primordial, il est crucial pour une marque d'avoir une stratégie de
production et de travailler avec des gens fiables qui respecteront les exigences et les délais de la marque.

La place de la production dans une marque de vêtement

La place de la production dans une marque de vêtements est capitale et essentielle. La production décrit
le processus de transformation de concepts en production réelle pouvant être vendus. Une bonne
stratégie de production permettra le succès d'une marque. L'une des caractéristiques principales de cette
industrie est son rythme saisonnier : les marques de luxe et le prêt-à-porter produisent deux collections
par an (été/hiver) (hors collection croisière). Si la conception et la commercialisation des modèles sont
assurées au niveau national, la plupart du temps la fabrication, elle, est délocalisée.

Les différents circuits


Depuis que la colonie des Indes s'y est implantée au XVIIIe siècle dans les années 1830, un très grand
nombre de confectionneurs s’installent dans le quartier du Sentier à Paris. Cette implantation a permis
à ce quartier parisien de favoriser une production très rapide dite « circuit court ». On parle de circuits
courts lorsqu'on limite les intermédiaires.
C'est au cours des années 1970 que les industriels allemands ont commencé à délocaliser leur production
vers des pays où les coûts de main d'œuvre était moins importants. Les fabricants français ont été plus
lents à envisager la mondialisation de l'économie. Cette délocalisation fait éclore des « circuits longs ».
La caractéristique des circuits longs est qu'ils possèdent plus de deux intermédiaires entre le producteur
et le consommateur final.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Les dysfonctionnements révélés par la crise sanitaire


L’hyperconsommation et la pollution

On peut se demander comment le développement de l'industrie textile affecte-il la planète et les


travailleurs de la chaîne de production.

À l'échelle mondiale, l'industrie du textile a entraîné de nombreux impacts sociaux-environnementaux.


Ce secteur est l'une des industries qui a le plus d'impact sur le changement climatique et elle a exacerbé
les inégalités sociales et économiques dans le monde. Cette catastrophe est notamment due aux
multinationales de la « Fast Fashion », qui se traduit par une mode rapide, jetable et basée sur l'hyper
consommation.

L'industrie du vêtement de mode et la mode rapide en particulier, se caractérise par des cycles de vie
courts, une forte volatilité de la demande, une faible prévisibilité et des achats impulsifs.

Une étude de l'ONG britannique Barnado's a mis en exergue l’émergence d'une culture du "wear it
once" dès 2015. Cette étude a révélé qu’un tiers des 1.500 femmes interrogées indiquaient qu'un
vêtement était déjà "ancien" après avoir été porté plus de trois fois.

La culture de l'apparence sur les réseaux sociaux et la mondialisation des chaîne de production a entraîné
une flambée de la demande du prêt-à-porter. En termes d'émissions de gaz à effet de serre et de
pollution, ce phénomène est dévastateur. Un autre sondage, réalisé en 2018 par Barclaycard, relevait
que :
- 17% des consommateurs de 35 à 44 ans achetaient des vêtements de marque avec le seul objectif
d'apparaître ainsi vêtus sur les réseaux sociaux ;
Et que
- 12% des hommes avouaient s'être fait rembourser des vêtements après s'être affichés avec sur
les réseaux.

Un groupe de chercheurs a publié au printemps dernier une étude de la revue scientifique Nature view
earth and environment nommée :"The environmental price of Fast Fashion" qui a dressé un bilan
catastrophique de la tendance du prêt-à-porter. Les auteurs affirment que chaque année depuis le début
du millénaire, le nombre de vêtements achetés en Europe a augmenté de 40%. À plus long terme, les
chiffres britanniques sont encore plus impressionnants.

En 1975, les britanniques achetaient en moyenne 5,9 kg de vêtements. En 2019, ils en consommaient
plus de 26,7 kg.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

L'auteur de l'étude estime que la Fast Fashion est basée sur :


- Une consommation régulière ;
Et
- Des achats compulsifs.
Ce qui crée un sentiment d'urgence lors de la consommation.

La possibilité de cliquer ou de « swiper » pour acheter des vêtements sur un smartphone accélère ce
phénomène d'achat erratique. D'autant plus qu'il est désormais possible d'être livré en seulement
quelques heures. De plus en plus de marques donnent la possibilité au consommateur d’essayer le
produit chez soi puis de le renvoyer en échange d'une taille ou d'un remboursement. L'augmentation de
ce phénomène de Fast Fashion est de 2% chaque année.

L’impact sur l’environnement est alors de plus en plus alarmant. Effectivement selon un rapport de
recherche publié dans Nature Review Earth and Environment, il faut 200 litres d'eau pour produire un
kilogramme de vêtements.
Les dégâts ne s'arrêtent pas là, car le processus de lavage en machine entraîne le drainage de la
microfibre dans l'océan. Par conséquent, un tiers des micro-plastiques sont produits par des vêtements.

Chaque année l’industrie du textile entraine plus de 2,9 milliards de tonnes de CO2.

Le polyester est la matière synthétique la plus fabriquée. Il représente 70% de la production de matière
première issue du pétrole. Cette production est responsable de 31% de la pollution plastique des océans.
Cela correspond à 500 000 tonnes de micro plastiques reversées dans les océans.

Le coton représente ¼ de la production mondiale de matière primaire issue de l’agriculture. L’impact


environnemental de la culture du coton conventionnel est alarmant : l’utilisation d’engrais et de
pesticides est abusive. L’eau, en grande quantité, est indispensable pour la production du coton.

Selon ces mêmes auteurs chaque étape de la production de vêtements est réalisée dans un pays ou région
différents en fonction des décisions économiques, augmentant ainsi les étapes logistiques entre les
processus de fabrication. Même si le début de la conception se déroule principalement dans l'Union
européenne ou aux États-Unis selon l’endroit où se trouve le siège social de la marque, les pays en
développement ayant généralement des avantages compétitifs en termes de coûts et de fabrication ainsi
que de main d'œuvre, la production textile est transférée à ces pays. Il n'est donc pas surprenant que la
Chine soit le leader dans ce domaine. De nombreux autres pays produisent néanmoins tout autant de
vêtements c’est notamment le cas du le Bangladesh, du Vietnam, du Pakistan ou encore de L'Indonésie.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Après la phase de fabrication, les vêtements sont transférés vers de grands centres de distribution, puis
vers des magasins principalement situés dans les grandes villes ou dans les pays développés. Le transport
se fait par bateau, mais de plus en plus parfois aérienne, notamment pour répondre à la demande
croissante de rapidité dans les ventes en ligne. On estime qu'une augmentation de 1% du trafic aérien
entraîne une augmentation de 35% des émissions de carbone. Évidemment, les coûts environnementaux
liés au transport ne s'arrêtent pas avec l'achat final de l’utilisateur. Les vêtements dont les clients ne
veulent plus retournent dans une nouvelle chaîne logistique, soit pour être recyclés soit pour être brûlés.
Seulement 1% des retour client sont recyclés en nouveaux vêtements et seuls 13% des vêtements sont
réutilisés pour d'autres produits moins sophistiqués comme des draps ou des torchons.
On considère qu’un jean parcourt en moyenne 65 000 km, à partir du moment où le coton est extrait du
champ jusqu’au magasin où il sera vendu, soit 1,5 fois le tour de la planète.

La destruction des emplois

Si le taux de chômage ne montre toujours pas de tendance nette à la baisse, l'Insee publie une nouvelle
évaluation de l'impact de la délocalisation des entreprises sur l'emploi.
Cette étude montre que la délocalisation d'entreprise provoque plus de 36 000 pertes d'emploi en
moyenne par an depuis les années 2000. Toujours d'après l'Insee, 11.500 postes industriels ont été
supprimés entre 2009 et 2011 parce que des entreprises ont délocalisées.

Les effectifs de l’industrie, source : le Figaro

Les circuits longs interrompus à cause de la Covid-19, la nostalgie des circuits courts

Les circuits courts reposent sur deux critères : la proximité géographique et le nombre d'intermédiaires.
Avec la crise sanitaire, la question de la distribution des productions se pose notamment avec la
fermeture des frontières.
En 2020, la pandémie a mis en exergue la fragilité d’une supply chain transnationale bâtie sur la
délocalisation.

De nombreuses entreprises ont subi de plein fouet la pandémie de COVID-19 sans y avoir été préparées.
Sitôt la production des fournisseurs asiatiques interrompue, les responsables des achats et de la chaîne
d'approvisionnement ont pu constater des failles dans leurs organisations logistiques mondiales.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

D'après une enquête réalisée par le magazine Fortune, les perturbations de la chaîne
d'approvisionnement liées au coronavirus ont touché 94 % des mille premières entreprises du
classement.

En 2019, l’Union européenne estimait déjà que l’équilibre entre les dangers et les avantages de la
prépondérance industrielle chinoise s’était détérioré. Face à l'augmentation des cas de coronavirus à
travers la planète, bon nombre de gouvernements ont fait le choix de placer leur pays en quarantaine
afin de ralentir l'épidémie. Un choix qui fut nécessaire et qui a malheureusement eu pour conséquence
de mettre en péril des industries. Parmi elles, l'industrie du textile contrainte de voir son activité mise à
l'arrêt. De ce fait les boutiques ont dû fermer les unes après les autres, partout dans le monde, ce qui a
impacté l'activité des usines et les ateliers de production des marques.

Le 19 mars 2020, à la suite aux dernières annonces du gouvernement, Chanel a pris la décision de fermer
progressivement tous ses sites de production en France, en Italie et en Suisse ainsi que les ateliers de
haute couture et de prêt-à-porter d'artisans et de joaillerie. Au même moment la maison Hermès
annonçait elle aussi la fermeture de tous ses sites de production en France soit une quarantaine de
manufactures et de tanneries.

Selon le média spécialisé Sourcing Journal, les marques de Fast Fashion ont également arrêté toute
nouvelle production et annulé toutes leurs commandes. Cette situation catastrophique nous a permis de
nous interroger quant aux habitudes de production de l'industrie. Au commencement de l'épidémie,
lorsque celle-ci nous concernait alors que la Chine certaines entreprises françaises ont essuyé des retards
de livraisons importants notamment la production chinoise présentes dans la province de Hubei. La crise
sanitaire a permis de mettre en évidence la dépendance des pays face à la Chine. Le président de l'Union
française des industries de l’habillement déplore cette situation et espère repenser les filières et
relocaliser certaines usines françaises du moins en Europe afin de rapprocher les circuits.

Selon le rapport de Dun & Bradstreet sur l’impact du


Covid-19 sur les chaînes de valeur globale « plus de 51 000
et 5 millions d’entreprises, ont un ou plusieurs fournisseurs
directs, localisés dans les régions chinoises (…) »
Face à la pandémie, la France et l’Union européenne ont
ainsi de nouveau plaidé en faveur d’une relocalisation des
productions industrielles et des chaînes de valeur
stratégique.
Dépendance à la Chine,
source : Dun & Bradstreet

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Économique

Les deux géants de la Fast Fashion : Zara détenu par Inditex et H&M détenu par le groupe suédois, ont
été ébranlés par la crise. Selon le groupe Inditex, la crise a eu un impact très significatif sur ses ventes
alors que plus de la moitié de ses 7500 magasins étaient fermés. Pour le représentant du groupe suédois,
les ventes d’H&M ont chuté de 46%. Les enseignes françaises sont aussi touchées comme le chausseur
André, placé en redressement judiciaire et la Halle, en procédure de sauvegarde.
Si cette situation affecte l'emploi en France, elle touche également les travailleurs à l'autre bout du
monde. 40% du PIB du Cambodge dépend des grandes marques qui sous-traitent la production de
vêtements. Les géants du textile ont annulé la moitié des commandes, obligeant les usines à fermer. Ce
phénomène a également été constaté au Bangladesh, l'un des centres mondiaux de production de
vêtements.

BGMEA, l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh estimait à plus de


3,1 milliards de dollars le montant des commandes annulées par les géants du textile. Outre sa
responsabilité sociale, l'industrie fait face à sa mauvaise gestion des flux et des stocks. Les surplus sont
l’un des problèmes majeurs de l’industrie qui mise sur les prix bas et les gros volumes, exerçant une
forte pression sur les travailleurs et l’environnement.

La question éthique

Les marques durables résistent mieux à la crise. Les marques de mode qui ont pris des mesures concrètes
pour créer des chaînes d'approvisionnement plus courtes, plus résistantes et plus transparentes ont pu
voir que les situations inattendues pouvaient être mieux contrôlées. La crise sanitaire n’a pas révélé tous
ces problèmes, qu’ils soient éthiques, environnementaux ou économiques. Elle n’a fait qu’accélérer le
processus de prise de décision qui vise à être plus responsable face à la consommation. Il est temps de
repenser nos modes de production et de consommation.

Le 24 avril 2013, dans la banlieue de Dacca au Bangladesh, le Rana Plazza s’est effondré. Cette usine
textile de huit étages produisait des vêtements dits "Fast Fashion" pour les grands distributeurs
européens. Le bilan humain s’est avéré catastrophique : 1 138 travailleurs ont été tués et 2 500 ont été
blessés. Mondialement médiatisé, l’effondrement de l’immeuble a éveillé les consciences des
consommateurs et des consommatrices et a mis en lumière les conditions de production déplorables de
l’industrie textile.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Demande d’un accord d’une meilleure protection des travailleurs, source : www.oxfammagasinsdumonde.be

Depuis quelques années, un nouveau mode de consommation et de production voit le jour. Il est fondé
sur la volonté de développer une mode éthique et durable (« slow fashion »).
Cette nouvelle façon de penser a permis de mettre en lumière : la location de vêtements, les circuits
courts de production et de distribution, la promotion du « Made in France » ou encore du « Made in
Europe ».

Exemple de circuit de production de la Fast Fashion, source : www.oxfammagasinsdumonde.be

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

L'industrie de la mode compte 75 millions d'employés dans le monde.


L'industrie textile dite « jetable » (Fast Fashion) a des conséquences sociales : l'exploitation des femmes
et des enfants, les salaires instables et des conditions de travail indécentes. En effet, les entreprises
multinationales sous-traitent et externalisent la production à des fins lucratives. Les pays qui choisissent
de produire des vêtements puis de les importer doivent répondre à des critères « stratégiques » : les coûts
de main-d'œuvre sont faibles et les réglementations sur l'utilisation des pesticides et des engrais ne sont
pas toujours en place. En Europe, les lois du travail protègent les conditions salariales des salariés.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 111 millions d’enfants de moins 15 ans exercent un travail
dangereux à travers le monde. Au Bangladesh, 15% des enfants issus des bidonvilles de la capitale de
Dacca âgés de 6 à 14 ans exercent un travail à temps plein. Déscolarisés, ils travaillent 64 heures par
semaine pour 30 euros par mois. Passés 14 ans, le pourcentage d’enfants issus de bidonvilles travaillant
dans l’industrie textile augmente à 50%.
Dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch, de nombreuses violations des droits du travail ont été
dénoncées, notamment au Pakistan par les « travailleuses invisibles ».
Ces ouvrières de l’industrie textile sont exploitées depuis leur domicile, échappant ainsi à la
réglementation du droit du travail. En janvier 2019, cinquante-deux usines au Bangladesh ont été
bloquées par les ouvriers réclamant de meilleurs salaires.

La crise impose à ses acteurs une réorganisation de grande ampleur et les conduit à imaginer des
solutions qui transforment en profondeur de nombreux aspects et pratiques du “Fashion System”.

L’enjeu pour les marques de mode est de réévaluer leurs actions et de repenser leur communication
auprès d’un public particulièrement attentif à ces prises de parole.
Il est indéniable que la crise de la Covid-19 a été un choc inédit pour le monde entier et a fait des ravages
sur le plan individuel ainsi que sur le plan privé et professionnel dans les différents pays et à des degrés
divers.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Quelques bonnes pratiques proposées par deux marques


Les acheteurs de la génération Z et du millénaire étaient déjà friands de mode durable bien avant la crise
du COVID-19, et maintenant leurs préoccupations sont encore plus prononcées. Les marques qui axent
leurs modèles commerciaux sur la durabilité sont prêtes à capturer davantage l’attention les jeunes
générations.

Comment reconnaître une marque éthique ?

Il n'existe pas de modèle de marque éthique qui réponde à tous les besoins. Les marques écologiquement
responsables se distinguent par l'unité dans la sélection des matériaux, le lieu de fabrication des produits,
les séries de produits, la promesse, ainsi que sa transparence. Pour les marques ayant un sens de la
responsabilité sociale, on parlera d'une marque équitable ou solidaire. Pour ceux qui utilisent des
matériaux éco-responsables, nous parlerons d'une marque strictement écologique.

Gaëlle Constantini

"Porter le passé jusqu'au présent pour embellir le futur"

« L'armoire de ma mère était faite de belles choses toutes extrêmement


bien entretenues et soigneusement rangées, c'est là où en touchant
des étoffes de grande qualité j'ai aimé les vêtements. »

« J'ai commencé naturellement à transformer les vêtements de ma


mère pour qu'ils m'aillent et qu'ils ne soient pas trop marqués dans
leur époque »

Gaëlle Constantini a lancé sa marque éponyme de prêt-à-porter en 2010.

Les engagements de la marque sont simples.

Préserver l'environnement est l'engagement le plus important pour la marque. C'est pour cela que l'atelier
ne travaille que sur le principe de l’upcycling. Ce qui permet de récupérer des matériaux ou des produits
dont on n'a plus l'usage afin de les transformer en matériaux produits de qualité il s'agit donc d'un
recyclage « par le haut ». L’upcycling vise à valoriser ce qui est considéré comme déchet pour le
transformer en un objet de valeur supérieure.
La marque a donc pris l'initiative de collecter, d’acheter, et de récupérer des textiles dits de « seconde
main » afin de les transformer pour créer de nouveaux vêtements. Ce qui permet de ne pas produire de
nouvelles matières afin d'utiliser le moins de ressources possible.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Par conséquent, Gaëlle Constantini a décidé d'utiliser du linge de maison type housse de couette,
rideaux, nappes et vêtements de travail ce qui lui permet une liberté au niveau des coupes des vêtements
qu'elle veut réaliser.
De plus l'atelier est 100% « made in France ». Pour produire ses vêtements la marque a décidé
d'embaucher des chômeurs de longue durée, des bénéficiaires du RSA ainsi que des personnes en
difficulté sociale ou financière souvent exclues de la société afin d'aider les personnes dans le besoin.
La marque a pour vocation de leur permettre d'être accompagné dans l'apprentissage d'un nouveau
métier : la couture. La marque a choisi de collaborer avec trois associations : Femmes Actives à Saint
Denis, Emmaüs à Maison Alfort et Concept Insertion.

La marque éponyme tend à proposer des créations simples et élégantes. Pour cela elle a décidé de
travailler sur deux collections permanentes qui sont étoffées de quatre ou cinq pièces fortes chaque
saison afin de contrer la Fast Fashion et pouvoir construire une garde-robe intemporelle.

Elle a notamment créé l'économie circulaire. Cette méthode offre au client l'opportunité de ne plus jeter
les vêtements. Pour cela la marque propose dans un premier temps d'offrir les vêtements ou d'en faire
don à une association. Si le client décide de ne pas choisir la première option il est possible de renvoyer
les vêtements à la marque ce qui lui permettra de bénéficier d'un bon de réduction de 30% sur l'ensemble
du site. L’atelier propose également des offres de collecte afin de réutiliser des tissus parfois non utilisés
que les clients pourraient avoir dans leur placard. Gaëlle Constantini crée à l'automne 2018, la première
collection-capsule Sénat 1. Il s'agit de pièces en édition limitée réalisées à partir des rideaux du Sénat.

Adepte de l'économie circulaire, elle aime la nature et s'engage pour la réduction des déchets textiles.
Grâce aux ateliers d’insertion français, elle souhaite également donner un travail aux personnes
socialement et financièrement instables. Eco-design et 100% Made in France, la mode de Gaëlle
Constantini est conçue pour protéger l'environnement.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Stella McCartney

Depuis la création de sa griffe en 2001, la créatrice britannique n'a cessé de militer pour une mode
responsable. Stella McCartney n'utilise jamais de cuir ni de fourrure dans ses collections, elle s'engage
pour le respect de la vie animale, développe ses propres matériaux éthiques à l'aide de technologies de
pointe et elle entreprend de réduire son impact sur l'environnement tout au long de sa chaîne de
production.

Elle utilise notamment des énergies renouvelables dans ses boutiques et ses bureaux. Ecotricity une
entreprise qui fournit de l’électricité verte produite par l’énergie éolienne alimente ses bureaux au
Royaume-Unis. Aux États-Unis, plusieurs de ses boutiques sont équipées de panneaux solaires et d’un
système de climatisation économe en énergie. L’ensemble de ses sites dans le monde bénéficie
d’éclairages à énergie réduite et applique une politique stricte de recyclage des déchets.
Ainsi, la styliste britannique a participé en 2014, en partenariat avec H&M, au lancement de CleverCare,
un nouveau système d’étiquetage pour apprendre aux consommateurs à entretenir leurs vêtements avec
moins de lavages.

Une série d'actions et de convictions qui font de la créatrice l'une des meilleures représentantes de la
mode responsable dans le monde. Elle privilégie les colles à base d'eau, les matières véganes, non
polluantes ou recyclées, bannit le mohair ou l'angora. En 2019, elle y a notamment dévoilé une
innovation textile, le Koba, fausse fourrure composée de polyester recyclé et de fibres végétales.

La marque a également recours au cachemire régénéré, fabriqué à partir de déchets industriels ou encore
à la viscose – un textile végétal donc la texture est proche de la soie – produite à partir du bois de forêts
suédoises certifiées et gérées de façon durable.

Le premier engagement de la marque est de n’utiliser aucune matière première animale dans la
confection de ses produits. Les matières animales sont responsables de 18 % des émissions mondiales
de gaz à effet de serre.
Les consommateurs remettent de plus en plus en question leur consommation et l'achat de produits
provenant d’animaux. Dans cette optique, Stella McCartney a donc investi dans la société de
biotechnologie américaine Bolt Thread : Mylo™.

Cellules de mycélium
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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Cette marque propose du cuir de champignons, le mycélium. Cette innovation rivalise avec l'aspect et
la sensation du cuir animal. Selon Bainbridge, cette technologie représente le plus grand accord de
développement visant à introduire un biomatériau sur le marché de masse.

Le matériel est cultivé à partir de cellules de mycélium pendant deux semaines. L'ingrédient de base du
matériau est le mycélium, la structure de fil que les champignons et autres champignons utilisent pour
pousser, un peu comme les racines d'un arbre. Ces cellules de mycélium sont nourries avec de la sciure
de bois et d'autres matières organiques, elles sont ensuite placées sur des tapis de croissance carrés. Dans
un environnement à humidité et température contrôlées, ils peuvent se développer en une couche
mousseuse et finalement récoltés. Après un traitement supplémentaire, le matériau ressemble à une fine
feuille de liège qui est ensuite teint et tannée pour créer différentes couleurs et finitions. Par rapport au
cuir animal, la société affirme que le processus de production du matériau émet moins de gaz à effet de
serre tout en consommant moins d'eau et de ressources naturelles que ceux impliqués dans l'élevage du
bétail.

Contrairement aux alternatives en cuir synthétique, le mycélium n'utilise pas non plus de plastiques à
base de pétrole tels que le polyuréthane ou le PVC, qui émettent du carbone au fur et à mesure de leur
production et mettront des centaines d'années à se décomposer dans les décharges.

Stella McCartney, collaboratrice de longue date de Bolt


Threads, a créé une édition spéciale de son sac emblématique
Falabella à finitions en chaîne à partir de ce matériau. Bien
qu'elle n'ait jamais été commercialisée, la pièce unique a été
exposée dans le cadre de l’exposition V & A's Fashioned
from Nature.
Cuir de mycélium

La créatrice a également été impliquée dans le développement d'un autre matériau de Bolt Threads, la
soie d'araignée cultivée en laboratoire utilisée pour créer une robe de tennis biodégradable en
collaboration avec Adidas.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

Les circuits de production de demain


La crise du coronavirus pose beaucoup de questions. Elle génère naturellement des craintes, mais aussi
de l'espoir. Une chose est sûre : dans cette situation inédite, notre force réside dans notre capacité à
prendre des décisions pour améliorer les choses. La crise du Covid est d’ailleurs l’occasion de tout
remettre à plat et réinventer complètement le secteur de la mode. Le secteur de la mode est obligé de
tenir compte de son système défectueux et de rechercher des alternatives.

La mode à la demande

Deuxième industrie la plus polluante au monde, le textile fabrique beaucoup pour jeter. Le concept de
« la mode à la demande » est simple : on achète d'abord, on fabrique ensuite afin de produire juste ce
qu'il faut. D'après Forbes, 30% de la production est un surplus et se retrouve bradée ou incinérée.
Aujourd’hui, les risques du marché de la mode sont grands et le comportement des consommateurs est
imprévisible. Les précommandes permettent une meilleure planification, les investissements de
production peuvent être plus précis et les marques peuvent également mieux mesurer les goûts et les
préférences des consommateurs.

La traçabilité

Près d’un quart des Français affirme regarder de façon systématique la composition des vêtements qu’ils
achètent, et près d’un quart déclare également privilégier le « Made in France ». Deux chiffres qui
pourraient souligner une même tendance, le besoin des consommateurs à pouvoir identifier la
provenance de leurs vêtements, le souci d’acheter plus éthique.
Le manque de traçabilité constitue un défi majeur pour la chaîne d’approvisionnement mondiale du
textile et du vêtement. Face à un public de plus en plus curieux de la provenance et de la composition
des biens qu'il consomme, l'amélioration de la traçabilité des vêtements ou des matériaux textiles est de
plus en plus importante.
Dans le textile comme d'autres secteurs, les chaînes d'approvisionnement "se sont fragmentées en
devenant extrêmement globalisées", en perdant l'information d'une étape à l'autre. Cela entraîne des
dysfonctionnements : étiquetage insuffisant, utilisation de substances indésirables, matériaux issus de
pays peu regardants sur les conditions de travail.
Les réglementations européennes n'imposent pas la mention de la provenance d’un produit sur
l'étiquette, seulement celle la composition en fibres.

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L’impact de la crise sanitaire sur les circuits de productions.

L’intelligence artificielle

L'intelligence artificielle devrait jouer un rôle central dans la prise de décision. Comment un robot ou
un algorithme prendrait-il de meilleures décisions qu'un humain ?
La réponse est simple, la capacité des robots à quantifier et interpréter les données aura le dessus. Le
Retail Systems Research (RSR) estime que l'intelligence artificielle aidera l’industrie à réagir plus
rapidement, selon son rapport de référence de juin 2020.
Chaque décision que prennent les humains est généralement le résultat d'expérience, d'intuition et de
recherches approfondies. Le processus est lent, individualiste, sujet à des préjugés personnels et laisse
place à l'erreur humaine. Ce n'est pas un problème avec un robot ou un algorithme L'intelligence
artificielle sera utilisée pour prendre des décisions plus éclairées et fondées sur les données. La place
de l'humain restera néanmoins importante car elle travaillera en étroite collaboration avec l'intelligence
artificielle.

L’économie circulaire

On a également constaté que le COVID-19 provoquait des perturbations simultanées de l'offre et de la


demande, les demandes changeantes des consommateurs et les annulations de commandes qui en
résultent ont un effet prolongé sur la chaîne d'approvisionnement mondiale.
Les magasins étant fermés et les consommateurs bloqués, la demande de produits de mode a
considérablement évolué. L’avenir de la chaîne d'approvisionnement sera modélisé autour d'une
économie circulaire. Une économie dans laquelle les produits peuvent être retournés au fabricant pour
être réutilisés ou recyclés d'une manière ou d'une autre.
Le concept d’économie circulaire est assez nouveau, bien que les pratiques existent depuis longtemps.
L’économie circulaire provient de plusieurs courants de pensée qui ont pour principe de reproduire le
fonctionnement cyclique de la nature pour éliminer toute notion de « déchet », et ne créer que de la
matière secondaire. La matière secondaire est ainsi le résultat de la matière première, récupérée et
retravaillée pour servir à nouveau.
Outre les avantages écologiques qu'il apporte, de nombreuses études ont montré que le modèle de
recyclage présente également des avantages de coût, ce qui permet aux entreprises qui l’appliquent
d’être compétitives. En pratiquant le recyclage, les entreprises peuvent faire des économies sur
l’approvisionnement en puisant dans leur stock de matières secondaires.

D'autres pistes peuvent également être envisagées comme la relocalisation des entreprises ou la
diminution des intermédiaires si cela est impossible. Ainsi que l'utilisation de matières premières
durables.

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