Vous êtes sur la page 1sur 5

Le taux d’intérêt

1. Définition :
D'après le Fonds monétaire international, le taux d'intérêt peut être défini comme le taux de
rendement résiduel à l'échéance au moment où les instruments de dette sont acquis. Ce taux
d'intérêt n'est modifié que si les titres sont vendus sur le marché secondaire. Cette approche
est également connue sous le nom d'approche du coût d’acquisition. (FMI, 2009) [1]

Le taux d'intérêt peut être défini aussi comme est un indicateur économique qui mesure le
coût du capital emprunté ou la rémunération du capital prêté, exprimé en pourcentage du
montant emprunté ou prêté. Il est généralement calculé sur une base annuelle et reflète les
forces du marché et déterminé par l'offre et la demande de fonds (Paul A. & William D,
2005).[2]

Une autre définition proposée par (Laurence Scialom, 2013) qui définit le taux d'intérêt est un
instrument clé de la politique monétaire des banques centrales et il joue un rôle majeur dans la
régulation de l'activité économique. Il représente le coût du capital pour les emprunteurs, mais
aussi la rémunération des épargnants. Les taux d'intérêt peuvent être influencés par de
nombreux facteurs, tels que l'offre et la demande de crédit, l'inflation, les taux directeurs des
banques centrales, les anticipations de marché, les risques de défaut et la stabilité
économique. Les variations des taux d'intérêt peuvent entraîner des répercussions sur les
marchés financiers, les décisions d'emprunt et d'investissement des entreprises et des
particuliers, ainsi que sur la politique monétaire et fiscale des gouvernements (Laurence,
2013).[3]

2. Les type de taux d’intérêt


a. Taux d'intérêt réel et nominal
Le concept de taux d'intérêt nominal et réel a été développé par les économistes Irving Fisher
et John Maynard Keynes. Selon la théorie de Fisher, le taux d'intérêt nominal est le taux
d'intérêt exprimé en termes monétaires, c'est-à-dire le taux d'intérêt brut payé sur un
investissement ou un emprunt. En revanche, le taux d'intérêt réel est le taux d'intérêt ajusté
pour tenir compte de l'inflation.

Selon la théorie de Keynes, le taux d'intérêt nominal est déterminé par l'offre et la demande de
fonds prêtables sur le marché, tandis que le taux d'intérêt réel reflète le coût d'opportunité de
la consommation actuelle par rapport à la consommation future (Bénassy et al., 2003).[4]
Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal- taux d’inflation.

En d'autres termes, le taux d'intérêt nominal est le taux d'intérêt brut sans ajustement pour
l'inflation, tandis que le taux d'intérêt réel est le taux d'intérêt net ajusté pour tenir compte de
l'inflation. Le taux d'intérêt réel est donc un meilleur indicateur du rendement réel d'un
investissement ou d'un emprunt.

b. Taux fixe et taux variable


Un taux d'intérêt fixe est un taux qui reste le même pendant toute la durée du prêt. Cela
signifie que le montant des intérêts que vous payez sur le prêt reste constant pendant toute la
durée du prêt. Les prêts hypothécaires à taux fixe sont très populaires, car ils offrent une
certaine stabilité et prévisibilité aux emprunteurs.

D'un autre côté, un taux d'intérêt variable est un taux qui peut fluctuer au fil du temps en
fonction des conditions du marché. Les prêts hypothécaires à taux variable ont souvent des
taux d'intérêt plus bas au départ, mais peuvent devenir plus coûteux si les taux d'intérêt
augmentent. Les prêts étudiants à taux variable sont également courants.

Généralement le taux variable est inférieur à un taux fixe lors de la signature du prêt
immobilier et c’est souvent le principal atout mis en avant par les banques (Ace Credit, 2009).
[5]

Un taux d'intérêt fixe et un taux d'intérêt variable réside dans leur stabilité et leur évolutivité.
Le taux fixe reste le même pendant toute la durée du terme, ce qui signifie que le montant de
vos paiements mensuels restera constant. En revanche, le taux variable peut fluctuer à la
hausse ou à la baisse en fonction des variations du taux directeur, ce qui peut entraîner une
augmentation ou une diminution du taux d'intérêt et du montant des paiements mensuels à
payer.

Le choix entre un taux fixe et un taux variable dépend de nombreux facteurs tels que la
situation économique actuelle, les prévisions futures et les préférences personnelles de
l'emprunteur (Banque Nationale, 2022).[6]
3. Le risque de taux d’intérêt
a. Définition :
Selon « Directive de Bank Al-Maghrib n°30/G/2007 relative au dispositif de gestion du risque
global de taux d’intérêt » le risque de taux d'intérêt réside dans la vulnérabilité de la situation
financière d'un établissement à une évolution défavorable des taux d'intérêt.

Le risque bancaire de taux d’intérêt est défini comme étant l’éventualité que l’établissement
bancaire voie sa rentabilité ou la valeur de ses fonds propres affectées par l’évolution des taux
d’intérêt (LAASAS et al., 2020) [7].

Une autre définition plus précise a été proposée par (Geissler et al., 1990, p. 25). Selon lui «
Le risque de taux d’intérêt consiste en l’éventualité d’une dégradation de la situation d’un
établissement sous l’effet d’un changement dans la structure et le niveau des taux d’intérêt ;
moins-values sur actifs à taux fixe, rétrécissement des marges d’intérêt, déclenchement de
clauses du hors bilan ».

Le risque de taux d’intérêt peut être défini comme « une perte résultant d’un changement
défavorable des flux de trésorerie et d’un changement défavorable de la valeur des actifs et
passifs sensibles aux taux d’intérêt, résultant d’un changement des taux d’intérêt » (Armeanu
et al., 2008).[8]

Généralement c’est la possibilité qu'une variation des taux d'intérêt, qu'elle soit imprévue ou
prévue, affecte négativement la rentabilité ou de la valeur des fonds propres d'un
établissement bancaire.

4. La théorie de l’immunisation
Redington [1952] définit l’immunisation du portefeuille comme « l'investissement de l'actif
d'une telle manière que le portefeuille soit protégé contre un changement des taux d'intérêt ».
Autrement, c'est une stratégie d'investissement qui, dans le cas de l'assurance vie ou de celui
des régimes de retraite, produit des flux exactement adossés en maturité et en valeur à ceux
que doit payer l'entreprise. Cette technique suppose que le risque principal des portefeuilles
financiers est celui du changement des taux d’intérêt.
Pour un assureur, l’appariement de son actif et de son passif a comme objectif d’immuniser
son bilan. Tel que mentionné par Panning (1993), l’appariement de l’actif et du passif d’un
assureur repose sur deux principes fondamentaux :
 La valeur économique réelle de l’assureur est égale à la valeur présente de ses entrées
de fonds (provenant de ses actifs) moins la valeur présente de ses sorties de fonds
(provenant de son passif).
 L’objectif principal de la gestion actif/passif est de gérer la sensibilité de la valeur
économique réelle de la firme aux variations des taux d’intérêt.
L’immunisation passe par 2 approches statiques :
 L’adossement des cash flows de l’Actif à ceux du Passif.
 L’adossement des durations de l’Actif et du Passif.
a. L’adossement des flux de trésorerie (cash flows) à ceux du passif.
C’est la procédure d’immunisation la plus simple et la plus ancienne. Elle consiste à
investir la richesse initiale dans un portefeuille de titres (le plus souvent des zéros coupons)
qui produisent exactement, et aux échéances prévues, les flux du Passif.
En pratique, l'adossement par les flux de trésorerie est utilisé par les sociétés en regroupant
les passifs sur d'autres critères que le seul rendement, tels que les prix de revient, les taux de
rendement actuariels, la durée des titres, etc. Les engagements au passif des assureurs sont
souvent répartis en fonction des familles de contrats, appelés contons, et les provisions
correspondantes et les flux de trésorerie associés sont calculés.
Cette méthode permet l'adossement des flux de trésorerie et l'adéquation des actifs en termes
de taux de rendement financier et comptable par rapport au taux garanti moyen du passif
correspondant.
Cependant, cette méthode est valable à très court terme et ne trouve pas d'applications
pratiques à long terme, car les flux de l'actif et du passif sont très influencés par des facteurs
externes, en particulier les taux d'intérêt, qui sont sujet à des variations dans des sens
différents. Par conséquent, il est nécessaire d'affiner cette gestion en mesurant non seulement
la duration, qui évalue les effets de premier ordre d'une variation des taux de rendement sur
la valeur de l'actif ou du passif, mais aussi la convexité qui permet de prendre en compte les
effets de second ordre et donc d'une déformation de la courbe des taux (Alaeddine, 2011).[1]
b. L’adossement des durations de l'actif et du passif.
Formulée en 1938 par Frederick Macaulay, la notion de duration Macaulay a été proposé
pour exprimer la dimension temporelle des cash-flows, Celle-ci a conduit à la proposition de
la duration modifiée, qui exprime la sensibilité d'une série de cash-flows au taux d'intérêt.
L'adossement des durations de l'actif et du passif est une technique de gestion actif-passif
utilisée en finance, plus particulièrement dans les compagnies d'assurance, pour minimiser le
risque de variation des taux d'intérêt. Elle consiste à aligner la sensibilité de la valeur
marchande des actifs et des passifs de l'entreprise aux faibles variations des taux d'intérêt sur
les marchés financiers. En d'autres termes, la valeur de marché des actifs doit suivre tout
mouvement de la valeur actuelle des engagements.
L'immunisation par la duration permet de construire un portefeuille d'actifs dont la valeur
évolue au premier ordre, de manière similaire à celle de la valeur des engagements. La
convexité est un autre indicateur de sensibilité qui prend en compte les effets de second
ordre et de déformation de la courbe des taux.
Cette technique consiste à appairer les sensibilités de l'actif et du passif vis-à-vis de la
variation des taux d'intérêt afin que la valeur de marché des actifs suive les mouvements de
la valeur actuelle des engagements.
L'immunisation par la duration permet de définir un portefeuille dont la valeur évolue, au
premier ordre, comme la valeur actuelle des engagements.
La règle de décision est basée sur l'indice de "sensibilité" de Macaulay, qui est obtenu à
partir de la formule de développement limité de Taylor du prix en fonction des taux d'intérêt.
La sensibilité est exprimée comme la variation relative de la valeur d'un titre induite par une
variation infinitésimale de taux d'intérêt (Langmeier, 2000).[2]
5. Bibliographie
Ace Credit. (2009). Faut-il choisir un taux fixe ou un taux variable ?
https://www.acecredit.fr/fr/taux-fixe-ou-taux-variable.html

Armeanu, D., Balu, F.-O., & Obreja, C. (2008). Interest Rate Risk Management using
Duration Gap Methodology. Theoretical and Applied Economics, 1(518), 3-10.

Banque Nationale. (2022). Quoi choisir entre un taux fixe ou variable pour mon hypothèque ?
https://www.bnc.ca/difference-taux-fixe-taux-variable.html

Bénassy, A., Laurence, Q., & Boone, V. (2003). Les taux d’intérêt.
https://www.editionsladecouverte.fr/les_taux_d_interet-9782707141279

FMI. (2009). Manuel de la balance des paiements et de la position extérieure globale ;


Sixième édition (MBP6).

Laasas, s., Kadouri, a., & Azegagh, j. (2020). L’analyse de risque de taux d’intérêt dans le
secteur bancaire au Maroc. International journal of advanced research in innovation,
management & social sciences.

Laurence, S. (2013, janvier). L’économie bancaire.

Paul A., S., & William D, N. (2005). Economie (18eme édition).

Alaeddine, F. (2011). Allocation stratégique d’actifs et ALM pour les régimes de retraite.

Langmeier, R. (2000). Asset/Liabilty Management : Application aux caisses de pensions.

Vous aimerez peut-être aussi