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Méthode cas 2/2

Traitement des problématiques

L’exemple d’un traitement

NB : Dans l’ordre de préférence puisque les problèmes ne sont pas liés. Nous choisirons de commencer soit par
ceux qui soit rapportent des points, soit par ceux que nous maîtrisons le mieux. Pour ma part, peu importe, si ce
n’est que la question de clause au regard de l’obligation essentielle ne me parle pas beaucoup. Aussi, je la
traiterai en dernier.

I – La responsabilité générale du fait d’autrui

1) Je reprends les faits pertinents sous forme d’une liste

Louisette, Leur fille âgée de 12 ans


Monsieur Lemoine est à la tête d'une structure associative spécialisée dans l'accueil d'enfants et adolescents en
grande difficulté
placée à la suite d'une décision de justice
sa mère, Louise, récemment divorcée
Louise n'a pas du tout réagi. En effet, elle n'a prévenu ni le centre spécialisé, ni la police
en cassant une fenêtre
vidé le réfrigérateur de son contenu ainsi qu’une précieuse cave à vins...
entend réclamer réparation pour l'ensemble des préjudices subis

2) Je mets en évidence la prétention ce qui m’aidera à bien cibler ma réponse et à rédiger la


problématique

Prétention «entend réclamer réparation pour l'ensemble des préjudices subis » = indemnisation de M. Paul de
l’intégralité de ses préjudices : « en cassant une fenêtre », « vidé le réfrigérateur de son contenu ainsi qu’une
précieuse cave à vins... » : autant donc de préjudice matériels qui n’appellent guère d’observations (je les
évoquerai donc sans m’attarder)

NB : je barre les faits pertinents utilisés : il me reste donc :

Louisette, Leur fille âgée de 12 ans


Monsieur Lemoine est à la tête d'une structure associative spécialisée dans l'accueil d'enfants et adolescents en
grande difficulté
placée à la suite d'une décision de justice
sa mère, Louise, récemment divorcée
Louise n'a pas du tout réagi. En effet, elle n'a prévenu ni le centre spécialisé, ni la police

Pour la problématique : La question se pose de savoir si le propriétaire de la maison pourra obtenir


l’indemnisation des différents préjudices subis en raison de l’effraction de Louisette ? Or, cela suppose au
préalable d’examiner quelle est la responsabilité civile la plus appropriée.

Pour le titre : nous serons obligés de rester vague dans la mesure où nous devons justement envisager la
responsabilité la plus appropriée. Aussi, dans ce cas, mieux vaut reprendre la problématique sous forme
affirmative : l’indemnisation des différents préjudices subis par le propriétaire en raison de l’effraction de
Louisette.

3) Le choix du fondement de l’indemnisation

NB : je développe cette partie pour vous mais le brouillon doit être le plus simple possible

Au regard des faits pertinents nous avons :

- Père et mère (louisette a 12 ans)

1
- Responsabilité générale du fait d’autrui (structure spécialisée)
- La faute de la mère (elle n’a prévenu personne)
- La faute de Louisettee (pillage d’une maison)

Exclure au regard des faits pertinents d’emblée la responsabilité des père et mère car : « placée à la suite d'une
décision de justice » : il faudra donc dire d’emblée que si cette responsabilité (je montre que je sais) est
invocable quand bien même les parents sont divorcés (citer jurisprudence du code), elle ne doit pas être retenue
dans la mesure où le placement de Louisette à la suite d’une décision de justice l’interdit (ici on développera).

Reste alors trois possibilités qui peuvent se cumuler dans la mesure où il y a potentiellement deux débiteurs : la
responsabilité de Louisette sur 1382, la mère sur le fondement de 1382 et la structure spécialisée sur le
fondement de la responsabilité générale du fait d’autrui. En l’espèce, la mère de Louisette, en raison de la
décision de justice, ne peut être considéré comme civilement responsable (d’autant que le fait qu’elle n’est
prévenue personne ne semble pas pouvoir constituer un fait générateur en lien de causalité avec les préjudices
subis) de sorte qu’il semble plus profitable d’aller rechercher la seule responsabilité générale du fait d’autrui du
centre spécialisé.

La responsabilité générale du fait d’autrui :

Pour engager la responsabilité fondée sur 1384 alinéa 1 du Code civil, plusieurs conditions doivent être
remplies : certaines tiennent au civilement responsable (le centre) alors que d’autres tiennent à autrui (le mineur,
auteur des dommages).

Les conditions relatives au civilement responsable :

Il faut un rapport d’autorité qui unit autrui au responsable désigné, ce rapport a une double facette : Soit ce
rapport peut consister dans la direction ponctuelle de l’activité d’autrui. On peut ranger ici les personnes qui se
soumettent volontairement dans le cadre d’une activité temporaire à l’autorité d’autrui. En l’espèce ce n’est pas
le cas puisque le placement résulte d’une décision de justice. Soit ce rapport implique un contrôle permanent du
mode vie d’autrui par le répondant ; c’est un mode de gouvernement de la vie d’autrui. On peut ranger ici les
personnes dont l’état justifie une surveillance particulière. Ici, le contrôle étant permanent la responsabilité
repose sur un devoir d’éducation ou de surveillance qui oblige le répondant de manière continue ! En l’espèce,
c’est bien le cas puisque le mineur est en difficulté ce qui impose une surveillance particulière à savoir un
contrôle permanent (évincez la ? de la liberté de circulation de l’espèce car ce n’est qu’un mode d’organisation il
y a néanmoins contrôle permanent). Il faut donc envisager ce mode de gouvernement de la vie d’autrui. La
jurisprudence a utilisé au départ la notion de garde pour désigner le civilement responsable. Bref le
gouvernement du mode de vie implique une autorité qui va au-delà de la simple surveillance. Il faut une garde
(juridique ou matérielle ?) : Si elle est juridique le gardien est celui qui a la charge de fixer les conditions ou le
mode vie d’autrui. Le gardien doit être investi d’un titre juridique pour gouverner la vie d’autrui (convention,
disposition légale, décision de justice). En l’espèce, c’est bien le cas puisque le centre spécialisé a reçu cette
mission par une décision de placement émanant du juge. Le gardien ne pourra donc pas invoquer qu’au moment
du fait dommageable il n’avait pas la garde effective (c’est ici la garde matérielle) d’autrui (en revanche transfert
de la garde possible). En effet, la garde n’étant pas matérielle mais juridique (Consécration de la garde juridique
sur le fondement de l’article 375 du Code civil (crim 26 mars 1997)) le mineur au moment où il cause le
dommage n’est pas sous la garde matérielle du centre mais est néanmoins sous la garde juridique de ce dernier.

Les conditions relatives à autrui :

Le fait dommageable : Le simple fait causal permet de retenir la responsabilité dans le cadre du gouvernement
de la vie d’autrui. En revanche, en matière d’encadrement de l’activité d’autrui, il faut une faute caractérisée en
particulier dans le domaine sportif. En l’espèce, nous sommes dans la situation du gouvernement de la vie
d’autrui il ne faut donc qu’un simple fait causal ce qui est le cas en l’espèce. Il faut un auteur du dommage : en
l’espèce, c’est bien le mineur en fugue qui a causé les différents dommages aux biens de M. Paul.

Les effets de la responsabilité générale du fait d’autrui :

2
Théoriquement, la victime peut agir contre le responsable ou contre le répondant ou les 2 mais en pratique contre
le répondant car solvabilité ! C’est une responsabilité de plein droit : Cass crim 26 mars 1997 « ne peuvent
s’exonérer en démontrant qu’aucune faute n’a été commise ». En l’espèce, il est préférable pour M. Paul de
demander réparation au centre puisque l’auteur du dommage étant mineur son insolvabilité est quasi certaine !

Le centre peut-il s’exonérer ? Les moyens d’exonération : la FM, la faute de la victime et le fait d’un tiers. En
l’espèce, on ne peut pas reprocher à la mère de ne pas avoir prévenu le centre ni la police puisqu’elle n’est pas
civilement responsable du mineur en fugue même si d’un point de vue moral est répréhensible ! La FM et la
faute de la victime ne peuvent pas non plus être invoqués. Conclusion : responsabilité du centre engagée, M.
Paul obtiendra réparation !

4) Je rédige

I - l’indemnisation des différents préjudices subis par le propriétaire en raison de l’effraction de Louisette

Louisette, âgée de 12 ans, a été placée sur décision de justice dans un centre spécialisé. Or, cette
dernière a fugué tout en prévenant sa mère récemment divorcée qui n’a prévenu personne. Lors de cette fugue,
Louisette est entrée par effraction dans la maison de Monsieur Paul et lui a causé de nombreux préjudices
matériels puisqu’elle a cassé une fenêtre et piller son réfrigérateur ainsi que sa cave à vins.

Aussi, dans la mesure où le propriétaire souhaite être indemnisé de ces différents préjudices, la question
qui se pose est de savoir si le propriétaire de la maison pourra obtenir l’indemnisation des différents préjudices
subis en raison de l’effraction de Louisette ?

Or, cela suppose au préalable d’examiner quelle est la responsabilité civile la plus appropriée.

Eu égard à l’énoncé, on pourrait envisager quatre responsabilités civiles. En premier lieu, la


responsabilité civile des père et mère prévue à l’article 1384, alinéa 4 du Code civil dans la mesure où Louisette
est âgée de 12 ans. En deuxième lieu, la seule responsabilité civile pour faute de Louise puisque cette dernière
n’a prévenu personne alors même qu’elle savait que sa fille avait fugué. En dernier lieu, la responsabilité
générale du fait d’autrui du centre spécialisé compte tenu du fait que dernier semble avoir la garde de Louisette.

Si la responsabilité civile de la mère fondée sur l’article 1384 alinéa 4 du Code civil pourrait être
mobilisée dans la mesure où le divorce est sans incidence sur les règles de dévolution de l’autorité parentale
conformément à l’article 373-2 du Code civil et sous la seule réserve, énoncée par la jurisprudence (Cass. Crim.,
6 nov. 2012, n° 11-86857), de désigner comme responsable le titulaire de la résidence habituelle, il n’en demeure
pas moins qu’elle ne devra pas être retenue puisque la jurisprudence considère que la cohabitation cesse dès lors
que la cessation est le fruit d’une décision de justice (Cass. Crim., 25 mars 1998, n° 94-86137 ou plus
récemment Cass. 2ème civ., 2002, n° 00-12014). Or, en l’espèce, Louisette a bien été placée dans le centre
spécialisée en vertu d’une décision de justice. Par conséquent, la responsabilité des père et mère ne peut être
recherchée. Quant à la responsabilité de Louisette, cette dernière pourrait sans doute être trouvée sur le
fondement de l’article 1382 du Code civil puisque Louisette a commis une faute en pénétrant sans y être invitée
dans la maison de Monsieur Paul. Cela étant, il ne faudrait pas oublier que Louisette est mineure de telle manière
qu’il est peu probable qu’elle soit solvable. Aussi, nous n’envisagerons cette responsabilité qu’à défaut de
pouvoir en retenir une autre qui offre un meilleur débiteur solvable. Reste alors la responsabilité, toujours pour
faute, de la mère de Louisette car on pourrait lui reprocher de n’avoir prévenu personne lors de la fugue de sa
fille ce qui pourrait constituer un défaut de surveillance. Toutefois, il convient de réserver cette hypothèse qui
semble conditionnée par la mise en œuvre ou non de la responsabilité du centre spécialisé car on voit mal
comment on pourrait reprocher à la mère un défaut de surveillance alors même que la surveillance serait dévolue
au centre spécialisé.

Reste alors la responsabilité du centre spécialisé sur le fondement de l’article 1384 alinéa 1 du Code
civil. Pour engager cette responsabilité, plusieurs conditions doivent être remplies : certaines tiennent au
civilement responsable alors que d’autres tiennent à autrui.

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Quant au civilement responsable, il faut un rapport d’autorité qui unit autrui au responsable désigné. Ce
rapport a une double facette : soit ce rapport peut consister dans la direction ponctuelle de l’activité d’autrui. On
peut ranger ici les personnes qui se soumettent volontairement dans le cadre d’une activité temporaire à l’autorité
d’autrui. En l’espèce, ce n’est pas le cas puisque le placement résulte d’une décision de justice. Soit ce rapport
implique un contrôle permanent du mode vie d’autrui par le répondant : c’est un mode de gouvernement de la vie
d’autrui. On peut ranger ici les personnes dont l’état justifie une surveillance particulière. Ici, le contrôle étant
permanent la responsabilité repose sur un devoir d’éducation ou de surveillance qui oblige le répondant de
manière continue ! En l’espèce, c’est bien le cas puisque le mineur est en difficulté ce qui impose une
surveillance particulière à savoir un contrôle permanent. Il faut donc envisager ce mode de gouvernement de la
vie d’autrui. La jurisprudence a utilisé au départ la notion de garde pour désigner le civilement responsable.
Autrement dit, le gouvernement du mode de vie implique une autorité qui va au-delà de la simple surveillance. Il
faut, par conséquent, une garde non pas matérielle mais juridique comme l’impose la jurisprudence (Cass. Crim.,
25 mars 1998, n° 94-86137). La garde juridique procède donc d’une convention, d’une disposition légale ou
encore d’une décision de justice. Or, en l’espèce, c’est bien le centre spécialisé qui a bénéficié d’une décision
judiciaire de placement. Dès lors, la garde étant juridique, est gardien celui qui a la charge de fixer les conditions
ou le mode vie d’autrui. Le gardien ne pourra donc pas invoquer qu’au moment du fait dommageable il n’avait
pas la garde effective (c’est ici la garde matérielle) d’autrui.

Quant au primo responsable, la jurisprudence exige un fait générateur de responsabilité tout en


distinguant selon que l’on retienne le simplement encadrement de l’activité d’autrui ou le gouvernement de la vie
d’autrui. En effet, en matière d’encadrement de l’activité d’autrui, il faut une faute caractérisée (en particulier
dans le domaine sportif). Cela étant, il s’agit davantage en l’espèce d’envisager le gouvernement de la vie
d’autrui puisque Louisette fait l’objet d’un placement dans un centre spécialisé destiné aux adolescents en
difficulté. Or, dans ce cas, le simple fait causal est suffisant. En l’espèce, il n’y a guère de difficulté car c’est
bien les agissements de Louisette qui sont à l’origine des préjudices subis par Monsieur Paul.

En définitive, toutes les conditions semblent réunies pour engager la responsabilité du centre spécialisé
sur le fondement de l’article 1384 alinéa 1 du Code civil. Par conséquent, il convient maintenant d’en tirer les
conséquences au profit de Monsieur Paul.

Théoriquement, la victime peut agir contre le responsable ou contre le répondant ou les deux mais en
pratique, on préfère généralement le répondant en raison de sa solvabilité ! En l’espèce, il est préférable pour
Monsieur Paul de demander réparation au centre puisque l’auteur du dommage étant mineur son insolvabilité est
quasi-certaine !

Enfin, si la responsabilité générale du fait d’autrui est une responsabilité de plein droit (Cass crim 26
mars 1997 « ne peuvent s’exonérer en démontrant qu’aucune faute n’a été commise ») de sorte que le centre
spécialisé ne sera pas en mesure de s’exonérer en démontrant qu’il n’a pas commis de faute, il n’en demeure pas
moins que le centre peut chercher à s’exonérer sur d’autres fondements : la force majeure, la faute de la victime
et le fait d’un tiers. Si la force majeure et la faute de la victime doivent être écartées d’emblée faut d’éléments en
ce sens dans l’énoncé, en revanche, le fait d’un tiers doit retenir notre attention. En effet, ne peut-on pas
reprocher à la mère de Louisette de ne pas avoir prévenu le centre spécialisé ou les autorités ? A nos yeux, si
l’abstention est condamnable moralement, elle reste juridiquement peu exploitable dans la mesure où elle n’est
pas responsable civilement du mineur en fugue sauf à considérer que cette abstention a participé partiellement à
la réalisation des différents préjudices auquel cas le centre pourrait, au mieux, être exonéré partiellement de sa
responsabilité. En définitive, Monsieur Paul devrait être indemnisé de ses différents préjudices.

5) Je vérifie que je n’ai pas oublié de traiter des faits pertinents

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