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REPORTING RÉGLEMENTAIRE
La communication financière,
une réelle stratégie d’entreprise

La mise en œuvre de nouvelles réglementations influe sur les pratiques


bancaires. Si à une certaine époque la mise en place de la BAFI était jugée
révolutionnaire, voire infaisable, tous les établissements produisent aujour-
d’hui ces éléments de gestion sans difficulté. La réforme Bâle II, quant à
elle, apporte une nouvelle vision des activités bancaires et impose une
communication évoluée.
Dadjo Dovonou
Consultant
n matière de communica- vingt, la communication des infor- d’informations et de contrôles à

E tion financière, les établis-


sements doivent répondre
à une triple injonction :
❚ développer et gérer la
relation client pour le fidéliser, en
mations financières était essentiel-
lement constituée de données comp-
tables émises dans les publications
officielles par les établissements
bancaires et financiers à destina-
produire s’est développée, mais la
qualité des informations et surtout
l’adéquation du message par rap-
port à la cible demeurent une des
clés de la communication.
tenant compte de la révolution tion des autorités de tutelle fran- Certaines de ces réglementations,
Internet, ce qui renforce le besoin çaises ou des spécialistes du monde telle que la réforme Bâle II dont le
d’information ; financier. Les évolutions technolo- 3e pilier impose une communica-
❚ répondre aux contraintes imposées giques ont permis d’accéder à une tion financière cohérente et trans-
par la réglementation en matière de information plus riche et plus diver- parente, instaurent ainsi une véri-
Ugo Marinelli publication d’informations finan- sifiée, contenant à la fois des don- table discipline de marché. Les
cières à caractère quantitatif et, sur- nées de gestion et des données acteurs impliqués dans cette chaîne
Consultant tout, qualitatif ; comptables. Parallèlement, les de l’information sont multiples. Du
❚ assurer une communication interne canaux de diffusion de l’informa- côté des producteurs de l’informa-
VBF Consulting vis-à-vis des salariés avec pour objec- tion se sont aussi diversifiés : fiches tion, on trouve les équipes diri-
tifs de les informer et de créer une d’identité, sites Internet… Sans geantes des établissements ban-
culture d’entreprise. oublier le régulateur dont les caires responsables de la stratégie,
Dans ce contexte la communication demandes de reporting et de contrôles les directions financières et comp-
financière devient un formidable se sont étendues. Par ailleurs, la tables, les directions des risques et
outil de marketing interne et externe mondialisation des marchés, le déve- de la communication proprement
dont les codes vont encore évoluer loppement du rôle des autorités de dite. Ceux qui reçoivent l’informa-
et dont les impacts ne sont pas négli- tutelle, le renforcement et l’accrois- tion ont aussi de multiples et
geables pour l’entreprise émettrice. sement des réglementations régis- diverses attentes : autorités de
sant les activités et les échanges sur contrôle, investisseurs, organismes
VERS UNE ÉVOLUTION DE LA les marchés financiers induisent de de notation, analystes. Face à cette
COMMUNICATION FINANCIÈRE… nouveaux besoins d’informations diversité, le choix des informations
Jusqu’à la fin des années soixante- et de contrôles. Face à cette mon- à communiquer et les canaux utili-
dix et le milieu des années quatre- dialisation des activités, la quantité sés représentent un véritable enjeu

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PRATIQUE BANCAIRE & FINANCIÈRE

pour une communication réussie. mettre en confiance et le fidéliser, ments utilisent des moyens plus
Un établissement dont la commu- tels sont les enjeux de la communi- ludiques, comme des jeux de rôles,
nication financière est cohérente et cation financière. Elle est un véri- pour faire passer des messages forts.
transparente inspire la confiance et table outil de marketing de l’entre- Enfin, la communication interne
reflète la stabilité, tout en confor- prise. La performance de la doit s’accorder avec la communica-
tant les parties prenantes du bien communication financière est mesu- tion externe afin que l’image de l’éta-
fondé de l’efficacité et de la péren- rée à la fois par l’ensemble des don- blissement soit perçue de la même
nité de leurs relations. De surcroît, nées communiquées, quasi mathé- manière par ses salariés et par ses
l’accroissement des problématiques matiques, mais aussi par la qualité clients ou par ses investisseurs.
et des risques financiers, éléments de l’information délivrée dans la Communiquer sur des éléments
déterminants de la survie des éta- communication corporate institu- financiers de plus en plus complexes
blissements déclarants, les a tionnelle, auprès des autorités de a de multiples impacts, dont les éta-
conduits à adopter une communica- tutelle, des marchés et aussi des blissements doivent tenir compte
tion financière de plus en plus stra- clients de l’établissement. pour bâtir un dispositif à géométrie
tégique, très proche d’une image variable qui doit en tout état de cause
de marque à commercialiser cor- UNE BONNE COMMUNICATION satisfaire, rassurer et alerter diverses
rectement… EXTERNE NÉCESSITE UNE cibles de population.
Plusieurs messages sont essentiels BONNE COMMUNICATION
à communiquer et à véhiculer afin INTERNE IMPACTS SUR LE MARCHÉ
d’assurer une légitimité durable à L’approche des risques de l’établis- ET SUR LA CONCURRENCE
un établissement. Satisfaire son sement demeure un domaine de spé- La communication financière exi-
client est devenu le maître mot, une cialistes : risque de marché, risque gée par le pilier 3 de Bâle II permet
doctrine allant bien au-delà des de contrepartie, risque opération- de délivrer des messages forts à l’at-
aspects commerciaux et des posi- nel sont en général traités et analy- tention du marché, mais elle donne
tionnements d’entreprise. Face à sés par des départements distincts. aussi l’opportunité à la concurrence
une clientèle de plus en plus solli- Les travaux menés ces trois dernières de mieux décoder une stratégie à
citée et une ouverture des marchés années pour se conformer à la régle- travers cette communication. Un
de plus en plus importante, les éta- mentation Bâle II ont pourtant été des outils de communication est le
blissements cherchent à accroître gérés comme des chantiers trans- rapport annuel. Bien que son
leurs parts de marché sur leur sec-
teur et pénétrer un ou plusieurs seg-
ments de marché. Les processus
“ En adoptant
une communication
versaux qui ont impacté les fonc-
tions support, mais aussi les métiers.
Par exemple, la mise en place des
contenu soit destiné aux profession-
nels et investisseurs, ce rapport est
accessible à tout public. Dans cette
financière
opérationnels, la structuration de contrôles du KYC (Know Your communication dont les thèmes
l’information et les technologies pertinente et Customer) a nécessité la mise en sont imposés, la communication
utilisées pour augmenter l’adhé- transparente, œuvre d’un dispositif de formation qualitative prend le pas sur la com-
sion du client n’ont cessé de se mul- l’entreprise affiche et de communication important munication quantitative. En l’oc-
tiplier. son ambition de auprès des salariés. De la même currence, la réglementation de Bâle
En adoptant une communication manière, les contrôles permanents II exige de la part des établissements
valoriser au mieux
financière pertinente et transpa- imposés par le 97-02 induisent un un nombre important d’informa-
rente, l’entreprise affiche son ambi- son image besoin de communication et de for- tions sur l’organisation des risques,
tion de valoriser au mieux son image
économique par la publication d’in-
économique.
” mation auprès de l’ensemble des
métiers de la banque. Ancrer la régle-
les contrôles effectués, les méthodes
d’évaluation…
formations relatives aux produits, mentation et les principes de Cette communication qualitative
aux résultats, mais aussi aux pers- contrôle des risques pour qu’elle est un outil exceptionnel permet-
pectives plus stratégiques de son devienne une philosophie commune tant de véhiculer de l’information
positionnement et de son dévelop- à tout l’établissement est un des et de délivrer des messages aux mar-
pement. axes de la communication interne. chés.
Satisfaire le client par une gamme de En dehors des supports classiques La communication prône une trans-
produits diversifiés et adaptés, mais de la communication – réunions parence de l’activité et de la solvabi-
aussi rassurer l’actionnaire partici- d’information, présentations, news- lité de l’établissement ce qui peut
patif par des chiffres stables, le letters et intranet –, les établisse- révéler une partie de sa stratégie.

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Pour compenser ce problème, la


réglementation introduit une dis-
tinction entre :
“ Qu’elle soit
imposée par le
ventilation par secteurs d’activité,
par zones géographiques, mais éga-
lement par notes de la contrepartie
– les informations importantes à régulateur, par […]. Ces informations permettent
communiquer ; l’actionnaire ou par d’éclaircir leur stratégie d’investis-
– le minimum d’informations à four- le client, il n’en sement, mais également d’infor-
nir imposé par la législation ; demeure pas moins mer la concurrence. L’établissement
– les informations propres et confi- devra prendre en considération le
que le principal enjeu
dentielles, la communication de ces principe d’importance relative; prin-
dernières pouvant nuire à la com- est désormais cipe selon lequel l’information est
pétitivité de l’établissement. la cohérence de dite “importante” si son omission
l’information ou si son [in]exactitude modifie ou
IMPACTS SUR LE GRAND
PUBLIC, SUR LES
INVESTISSEURS ET SUR

diffusée. influence l’appréciation ou la déci-
sion de son utilisateur. À charge de
l’établissement de choisir si une
ACTIONNAIRES cière concerne les investisseurs. En information est importante ou non.
Vis-à-vis du grand public, la com- imposant un cadre commun aux éta- Contrainte ou opportunité, la com-
munication financière se limite sou- blissements, le régulateur cherche munication fait partie intégrante de
vent à l’annonce périodique des à faciliter la fluidité de l’information la stratégie de l’entreprise.
résultats et aux événements parti- vers le marché, mais aussi la com- Qu’elle soit imposée par le régula-
culiers de fusion. Plus synthétique, paraison entre les établissements. teur, par l’actionnaire ou par le client,
plus percutante, ce type de commu- La difficulté pour les établissements il n’en demeure pas moins que le prin-
nication doit rester simple et com- est de déterminer une communica- cipal enjeu est désormais la cohé-
préhensible. En raison de la com- tion transparente sur leur approche rence de l’information diffusée.
plexité de l’information diffusée, il des risques et les moyens mis en Encore faut-il que cette volonté de
y a une nécessité d’adaptation de la place pour rassurer les investisseurs. transparence et de cohérence s’ac-
communication financière. Par exemple, la réglementation Bâle commode de modèles organisation-
Un des principaux impacts de l’évo- II exige une communication sur les nels internes souvent complexes
lution de la communication finan- expositions des portefeuilles et une (silos, matriciels ou hybrides). ■

SÉMINAIRE DE FORMATION
Rappel sur l’environnement juridique de la
protection des données
Évolutions règlementaires et répercussions
informatiques : solutions et retours d’expérience
La directive MIF, quels impacts métiers et
informatiques pour le ebanking et la traçabilité des
1$)&6LU

ordres ?
9$)5

de 9
h à 1
7h
Système de paiement Européen (SEPA)
&63DULV,GHQWLÀDQW7

cto bre
18 o
, le
aris :
Comment Organiser le Contrôle Permanent de
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P Séminaire animé
par ité
able de la conform
Ribay, Respons s Populaires
Jean-François Fédérale des Banque
juridique à la Banque CDC Arkhinéo
y, Directeur Général
Charles du Boulla
Jean-Pierre Dousso
t, TrustinSign
la Sécurité et permettre une Meilleure Gestion des
6$DXFDSLWDOGH

nt Expert Sécurité
es, Consulta
Jean-Marc Chartr m ICT
Belgaco
Telindus France, Sécurité des S.I.,
Directeur des activités

, fût-ce
Christophe Hista,
Steria France
C. Menseau, Consulta
nt Sécurité des S.I.Expe
rt en Biométrie
Risques IT ?
octobre
Paris, jeudi 18
Sécurisation du S.I Bancaire : l’apport de la Biométrie

de 9h à 17h
Contact : Audrey Bouchard - Tél : 01 44 94 58 43 - Fax : 01 44 94 16 39 - abouchard@demos.fr - www.demos.fr

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