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DEDICACE

Je dédie ce mémoire :

− A mon père, Pr YAPO Yapo Paul et à ma mère YAPO Annain Léa Edwige, pour leurs efforts
consentis pour mes études, leur réconfort, leurs prières, leurs conseils ;
− A mes sœurs Sandra YAPO, Paule Denise YAPO et Paule Erika YAPO en témoignage de
mon affection.

I
REMERCIEMENTS

Ce mémoire est le résultat de l’effort conjugué de plusieurs personnes. Il est


l’aboutissement d’une formation à l’issue de laquelle nous avons effectué un stage en entreprise.
Nous voudrions remercier les personnes qui ont concouru de près ou de loin à sa réalisation.
Nous exprimons notre profonde gratitude à nos professeurs et à l’ensemble du personnel
d’encadrement de l’ESCAE pour les efforts remarquables fournis afin de nous procurer le savoir,
le savoir-faire et le savoir-être. Nous adressons notre reconnaissance à :
− Dr KOFFI N’Guessan, Directeur Général de l’INP-HB, qui nous a accueillis dans l’institut ;
− Dr BAKAYOKO Losseyni, Directeur de l’ESCAE, pour son dévouement à notre formation ;
− Dr TRAORE Moustapha, notre professeur encadreur, dont les précieux conseils et directives
ont été déterminants pour la réalisation de ce mémoire.

Nous remercions également l’ensemble du personnel de PricewaterhouseCoopers Côte d’Ivoire


pour l’accueil chaleureux que nous avons reçu dans le cadre de ce stage, notamment :
− M. Souleymane COULIBALY, pour l’attention manifestée dans le cadre de notre intégration
et de notre formation ;
− M. Marcel N’DRI, notre tuteur de stage, pour l’attention portée à nos travaux, en dépit de son
emploi du temps particulièrement chargé, et son implication dans l’orientation de ce mémoire.

Nous voulons enfin exprimer nos remerciements à tous les enseignants-chercheurs des
différents départements entre autres, le département Finance-Comptabilité et Droit (FCD), le
département Gestion Commerce et Economie Appliquée (GCEA) et le département Langues et
Sciences Humaines (LSH), qui ont été d’une aide considérable par leur savoir inculqué durant tout
ce parcours universitaire ainsi qu’à toutes les personnes ayant participé de près ou de loin à la
rédaction de ce mémoire.

II
SOMMAIRE

DEDICACE .................................................................................................................................................................. I
REMERCIEMENTS ..................................................................................................................................................II
SOMMAIRE ............................................................................................................................................................. III
AVANT-PROPOS .................................................................................................................................................... IV
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS .......................................................................................................... IX
LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................................................... X
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................................................. XI
LISTE DES SCHEMAS .......................................................................................................................................... XII
RESUME ................................................................................................................................................................ XIII
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................................................1
PREMIERE PARTIE..................................................................................................................................................4
GENERALITES SUR LES MICROFINANCES ET GESTION DU RISQUE DE CREDIT ..............................4
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES MICROFINANCES ET CADRE INSTITUTIONNEL ET
JURIDIQUE DANS L’UEMOA .................................................................................................................................5
SECTION 1 : GENERALITES SUR LES MICROFINANCES .................................................................................................5
SECTION 2 : LE CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE DANS L’UEMOA ................................................................ 15
CHAPITRE II : LE RISQUE DE CREDIT ET LES OUTILS DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT ...... 19
SECTION 1 : LE RISQUE DE CREDIT ........................................................................................................................... 19
SECTION 2 : OUTILS DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT ET CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE ........................ 23
DEUXIEME PARTIE ............................................................................................................................................... 41
APPICATION DE LA TECHNIQUE DU CREDIT SCORING AU CAS DE PAY CRED ............................... 41
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE PAY CRED ET DU SERVICE GESTION CREDIT
..................................................................................................................................................................................... 42
SECTION 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE PAY CRED.................................................................................... 42
SECTION 2 : LES SERVICES FOURNIS PAR PAY CRED .............................................................................................. 45
CHAPITRE 4 : ANALYSE DU PROCESSUS D’OCTROI DU CREDIT ET CONCEPTION D’UN MODELE
DE CREDIT SCORING : CAS DE PAY CRED .................................................................................................... 48
SECTION 1 : PRESENTATION ET METHODOLOGIE DE L’ANALYSE DU PROCESSUS D’OCTROI DU CREDIT DE PAY CRED
................................................................................................................................................................................. 48
SECTION 2 : PROCESSUS D’ELABORATION DU MODELE DE CREDIT SCORING ET APPLICATION A PAY CRED ........... 54
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................................. XII
WEBOGRAPHIE .................................................................................................................................................... XV
ANNEXES .............................................................................................................................................................. XVI
TABLE DES MATIERES .................................................................................................................................. XXXI

III
AVANT-PROPOS

Présentation de l’INP-HB

L’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB) est né par décret N°


96-678 du 04 septembre 1996, de la restructuration de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie
(ENSA), l’Ecole Nationale Supérieure des Travaux Publics (ENSTP), l’Institut Agricole de
Bouaké (IAB) et de l’Institut National Supérieur de l’Enseignement Technique (INSET).

L’institut se compose aujourd’hui de neuf (9) écoles qui sont :

− L’Ecole Supérieure des Travaux Publics (ESTP) ;


− L’Ecole Supérieure d’Agronomie (ESA) ;
− L’Ecole Supérieure des Mines et Géologies (ESMG) ;
− L’Ecole Supérieure d’Industrie (ESI) ;
− L’Ecole de Formation Continue et de Perfectionnement des
Cadres (EFCPC) ;
− L’Ecole Doctorale Polytechnique (EDP) ;
− Les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE) ;
− L’Ecole Supérieure du Pétrole et de l’Energie (ESPE) ;
− L’Ecole Supérieure de Commerce et d’Administration des
Entreprises (ESCAE).
Cette dernière école est chargée de la formation de 4 (quatre) filières d’ingénieurs à savoir :

− Ingénieurs ESCA (Marketing Management Finance) ;


− Ingénieurs ECS (Etudes Comptables Supérieures) ;
− Ingénieurs HEA (Risk-management et Actuariat) ;
− Ingénieurs ILT (Logistique et Transports).

Les cours théoriques dispensés au cours des deux premières années et la moitié de la
troisième année, doivent être complétés par une expérience au sein du monde professionnel afin

IV
de mettre en pratique les connaissances théoriques. Ainsi, à la fin des cours de troisième année, un
stage est obligatoire afin de présenter un mémoire de fin de cycle. C’est dans cette optique, que
nous avons intégré le département audit du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) Côte d’Ivoire,
au sein duquel nous avons effectué notre stage de pré-emploi de janvier à juin 2020.

Présentation de l’ESCAE

L’ESCAE, dont nous sommes issus, est une grande école de management qui forme des
managers entrepreneurs, des comptables, des logisticiens, des assureurs capables de gérer des
situations complexes et d’accroitre la performance des entreprises, dans une économie qui vise
l’émergence à court terme. Leader des écoles de commerce et d’administration des entreprises de
la Côte d’Ivoire et de la sous-région, ses filières sont :

Les filières du cycle DUT :

− Finances et Comptabilité (FC) ;


− Commerce et Administration des Entreprises (CAE).

Les filières du cycle Ingénieurs :

− Ecole Supérieure de Commerce d’Abidjan (ESCA) ;


− Etudes Comptables Supérieures (ECS) ;
− Hautes Etudes en Assurance (HEA) ;
− Ingénieurs en Logistique et Transport (ILT).

Pour ce faire, l’ESCAE offre à l´étudiant des conditions pour :

− l´acquisition d´un savoir-faire technique et méthodique ;


− le développement d´un esprit de conception et de réalisation de ses idées ;
− l´ouverture sur la culture générale nécessaire aux dirigeants de demain.

V
Présentation de l’ESCA

La formation à l'ESCAE et particulièrement au sein de l´ESCA (Ecole Supérieure de


Commerce d´Abidjan) est un véritable défi car, à l’issue de cinq années de formation, les étudiants
se doivent de maitriser les techniques modernes de la gestion (Finance, Marketing, Management,
etc).

L'objectif visé par cette formation est de faire acquérir aux étudiants ESCA les aptitudes
d'un manager moderne qui sont :

− la dimension technique : analyser, évaluer et prendre des décisions en se basant sur les
connaissances techniques et pratiques pour atteindre des résultats ;
− la dimension humaine de l'entreprise : travailler efficacement en équipe et agir en leader au
sein des organisations.

Pour parachever la formation reçue, des démarches sont entreprises par l’administration de
l’ESCAE auprès des entreprises pour l’obtention de stages de pré-emploi.

Véritable tremplin entre l´Ecole et l´entreprise, le stage de pré- emploi a pour objectif,
d´une part de permettre à l´étudiant de mettre en pratique ses connaissances académiques, et
d´autre part, c´est le moyen idéal pour l´étudiant en fin de cycle de rédiger un mémoire en vue
d’obtenir le diplôme d’Ingénieur ESCA. C´est dans cette optique que la firme PwC Côte d’Ivoire,
basée à Abidjan, nous a accueilli pour un pré-emploi sur la période de Janvier à Juin 2020.

PRESENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL

PricewaterhouseCoopers (PwC) est le résultat de la fusion des cabinets d’audit et de conseil


Price Waterhouse et Coopers & Lybrand, intervenue le 1er juillet 1998. La nouvelle entité ainsi
formée représente l’un des plus grands prestataires de services intellectuels à travers le monde avec
près de 223 468 personnes travaillant en réseau dans 157 pays.

Les différentes étapes de la constitution de PwC sont :

− 1849 : Fondation à Londres du cabinet Price par Samuel Lowell Price ;

VI
− 1854 : Fondation à Londres du cabinet Cooper Brothers ;
− 1865 : Edwin Waterhouse rejoint le cabinet Price qui devient Price Waterhouse;
− 1929 : Ouverture du bureau de Coopers & Lybrand à Paris ;
− 1957 : Coopers & Lybrand International est créé par l’association de Cooper Brothers
& Co (Royaume-Uni) avec Lybrand, Ross Bros & Montgomery (Etats-Unis) et
McDonald, Currie & Co (Canada) ;
− 1997 (septembre) : Coopers & Lybrand et Price Waterhouse annoncent leur projet de
rapprochement ;
− 1997 (novembre) : Les associés des différentes activités membres de Coopers &
Lybrand et de Price Waterhouse votent le principe de rapprochement dans les différents
pays ;
− 1998 : Lancement de PricewaterhouseCoopers après autorisation du rapprochement par
la Commission Européenne.
Cette fusion s’est traduite par la mise en place, entre autres, de systèmes d’informations
performants pour exploiter la puissance du réseau ainsi constitué. Les clients de la firme peuvent
alors bénéficier des services du réseau mondial, quelles que soient la taille et la nature de leurs
activités ou encore les domaines et le pays dans lesquels ils sont implantés.
PricewaterhouseCoopers, exerçant sous la raison sociale de PwC, développe des missions d'audit,
d'expertise comptable et de conseil créatrices de valeur pour ses clients, privilégiant des approches
sectorielles.

Le bureau d’Abidjan compte sept associés et offre en plus de l’audit plusieurs autres
services au monde des affaires.

De manière pratique, le bureau d’Abidjan est divisé en quatre (4) lignes de services

- Assurance, en charge de l’audit ;


- Advisory, en charge du conseil en organisation ;
- Global Compliance Services pour l’assistance comptable ;
- Fidafrica, en ce qui concerne le volet juridique et fiscal.
PricewaterhouseCoopers est également l’auteur de nombreuses publications à travers le
monde. Il s’agit le plus souvent de guides, de nouvelles d’informations, de rapports sur le
développement de certaines activités et de revues sur les principaux problèmes qui affectent le

VII
monde des affaires. La plus connue de ces publications en Côte d’Ivoire est la revue juridique et
fiscale Fidafrica.

Tout au long de ce stage, nous avons participé à de nombreuses missions dans des secteurs
très variés comme l’énergie, l’agro-industrie, les services et la microfinance qui fera l’objet de
notre mémoire. En effet, notre mission dans une institution de microfinance nous a permis de
cerner une problématique récurrente du secteur de la microfinance qui est la maitrise du risque de
crédit.

VIII
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CNM : Commission Nationale pour la Microfinance

CREP-COOPEC : Caisse Rurale d’Epargne et de Prêts- Coopératives d’Epargne et de Crédit

EPN : Epargne Nantie

IMF : Institution de Microfinance

ONG : Organisation Non-Gouvernementale

SA : Société Anonyme

SFD : Système Financier Décentralisé

SPSS : Statistical Package for the Social Sciences

PARMEC : Projet d’Appui à la Réglementation des Mutuelles d’Epargne et de Crédit

PASMEC : Projet d’Appui aux Structures Mutualistes ou Coopératives d’Epargne et ce Crédit

PED : Pays En voie de Développement

RCSFD : Référentiel Comptable des Systèmes Financiers Décentralisés

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

IX
LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1: LES RISQUES FREQUENTS DANS UNE IMF ------------------------------------------------------------------------ 22


TABLEAU 2 : HISTORIQUE DU CREDIT SCORING--------------------------------------------------------------------------------- 28
TABLEAU 3 : LES DIFFERENTS MODELES D'ANALYSE DISCRIMINANTE ------------------------------------------------------- 33
TABLEAU 4 : RECAPITULATIF DES ANALYSES DE DOSSIERS DE CREDIT ------------------------------------------------------ 49
TABLEAU 5 : TABLEAU DE RETRAITEMENT DES VARIABLES ------------------------------------------------------------------ 56
TABLEAU 6 : RECAPITULATIF DES APPORTS DU CREDIT SCORING ------------------------------------------------------------ 72

X
LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 : VARIABLES DANS L'EQUATION ----------------------------------------------------------------- 65


FIGURE 2 : VARIABLES NON PRISES DANS L'EQUATION --------------------------------------------------- 66
FIGURE 3 : VARIABLES DANS L'EQUATION A LA 10EME ETAPE ------------------------------------------ 67
FIGURE 4 : TEST DE CHI-DEUX ------------------------------------------------------------------------------- 69
FIGURE 5 : COEFFICIENT -2LOG DE VRAISEMBLANCE----------------------------------------------------- 70
FIGURE 6 : TEST DE SIGNIFICATIVITE GLOBALE ----------------------------------------------------------- 71

XI
LISTE DES SCHEMAS

SCHEMA 1 : PROCESSUS DE GESTION DES RISQUES DE ZMARROU ------------------------------------ 25


SCHEMA 2 : SCHEMA SIMPLIFIE DE L'APPLICATION DU MODELE DE CREDIT SCORING ---------------- 31

XII
RESUME

Notre mémoire s’inscrit dans le cadre de notre stage de fin de cycle d’Ingénieur ESCA. Il
a été réalisé à l’issue d’un stage pré-emploi au sein du Cabinet PricewaterhouseCoopers SA (PwC),
au cours duquel nous avons eu l’opportunité d’exercer en tant qu’auditeur financier et d’intervenir
dans la réalisation de missions d’audit. Au cours de nos missions, nous avons travaillé dans
différents secteurs d’activité notamment le secteur de la microfinance qui fera l’objet de notre
mémoire. Notre rôle était de nous assurer que les états financiers présentent, dans tous leurs aspects
significatifs, une image fidèle des opérations réalisées au cours de l’exercice audité. Après un
temps d’observation, nous avons constaté que le principal risque d’anomalies significatives dans
les comptes des IMF est le risque de crédit en raison de la difficulté des emprunteurs à rembourser
leurs crédits et de leur faible niveau de garantie. De plus, les IMF ne disposent pas d’outils
efficaces qui leur permettent de prévoir la capacité d’un emprunteur à rembourser le crédit qui lui
est octroyé. Partant du principe que pour perdurer et prospérer, l'institution doit gérer au mieux les
risques auxquels elle est soumise, en particulier le risque de non remboursement des crédits
octroyés, ce document consiste à montrer comment une institution de microcrédit peut évaluer
les risques de non remboursement de ses clients par le biais d'une méthode appelée « credit
scoring ». Et, comment ladite méthode permet aux gestionnaires et aux directeurs de crédit
d'optimiser leurs décisions de microcrédit, et par la suite, d'améliorer l'efficacité de
l'institution, ce qui est de nature à garantir sa pérennité.
Pour répondre à cette question, nous avons, dans un premier temps, présenté
l’environnement de la microfinance et le concept de risque de crédit puis le cadre institutionnel et
juridique dans lequel évolue les IMF. La seconde partie est consacrée à la gestion du risque de
crédit par la méthode du credit scoring ainsi qu’une application à PAY CRED à laquelle nous
avons tenté d’appliquer cette méthode.

Mots clés : Microfinance, risque, risque de crédit, gestion des risques, credit scoring.

XIII
INTRODUCTION GENERALE

L’activité du crédit a été initiée par les banques afin de répondre au besoin d’intermédiation
entre les agents en excédent de liquidité et les agents en besoin de liquidité. Pour assurer l’efficacité
de ces institutions, les banquiers ont presque toujours été préoccupés par les risques de contrepartie
des demandeurs de crédit. Le véritable enjeu étant de prévoir, pour une durée déterminée, la
probabilité de remboursement d'un prêt. Ainsi au fil du temps, et conscients des risques encourus,
les banquiers ont développé un certain nombre de techniques dont le but consistait à minimiser
l'incertitude liée au niveau de défaillance de chaque demandeur de crédit. C'est dans ce contexte
que le scoring ou précisément crédit-scoring est né aux USA au début du XXe siècle, comme
instrument d'aide à la décision de crédit par la gestion et l’analyse statistique des données.
En effet, au cœur du risque de défaillance de crédit, se situe la question persistante de
l’information et aussi de son interprétation. Cela est d’autant plus perceptible dans le contexte
africain où l’information quantitative et qualitative fait clairement défaut. A cela, s’ajoute le
développement du numérique car, si les pays développés ont su tirer leur épingle du jeu en profitant
du développement de méthodes de collecte et d’analyse des données des consommateurs pour
développer des modèles de gestion efficaces, l’applicabilité de ces méthodes reste difficile en
Afrique. De plus, l’accès au système financier en général et au crédit bancaire en particulier reste
largement inégalitaire en fonction des régions si bien que le système bancaire n’est en mesure de
traduire réellement ni les flux physiques et financiers, ni les informations entre les acteurs
économiques qui devrait servir de base aux banques. Dans un contexte où l’emploi informel
occupe plus de 90%1 de la force de travail, on observe une forme de contingentement du crédit.
L’une des conséquences de ce contingentement du crédit est l’émergence et le
développement d’un nouveau type de structure d’intermédiation financières : les Institutions de
Microfinance encore appelées Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) du fait de leur proximité
avec les populations défavorisées. Celles-ci sont plus souples et moins exigeantes que les banques
classiques. Leur objet principal est donc d’ouvrir aux couches de citoyens (ou d'entreprises) n'ayant

1 Etudes Direction Générale du Trésor Français, Juin 2020


1
pas accès aux services et produits du système bancaire classique, des services financiers de base
que sont l'épargne et le crédit.
En Côte d’Ivoire, les SFD connaissent un important développement au cours de ces
dernières années : 47 agrées par l’état en Septembre 2019 2selon un rapport de la BCEAO. De plus,
les dépôts dans les institutions de microfinance (IMF) ont progressé de 347% en 5 ans3, passant de
72 milliards en 2012 à 250 milliards FCFA à fin septembre 2017 selon les chiffres du ministère en
charge de l’Economie et des Finances. Cela matérialise l’importance grandissante que revêt ce
secteur dans l’activité économique en général et de celle des services financiers en particulier.
Les indicateurs de performance du secteur ont toutefois occulté les difficultés rencontrées
par les opérateurs. Ces difficultés relèvent de plusieurs raisons. Nous pouvons citer : la mauvaise
gouvernance des SFD, la méfiance des populations, la méconnaissance des bonnes pratiques,
l’absence ou la faiblesse des systèmes d’information de gestion et de contrôle interne, la faible
mobilisation de l’épargne intérieure, l’insuffisance des ressources financières externes, la
concurrence accrue des banques et les procédures hasardeuses d’octroi des crédits. Cette dernière
raison demeure la principale difficulté que rencontrent les IMF.

C’est dans ce contexte que nous avons porté notre choix sur le thème « CONTRIBUTION
DE LA TECHNIQUE DU CREDIT SCORING DANS LA GESTION DU RISQUE DE
CREDIT EN MICROFINANCE : CAS DE PAY CRED ».

Ce thème nous conduit à nous interroger sur les moyens d’élaborer un modèle de prévision
du risque de crédit par la méthode du credit scoring dans la microfinance PAY CRED.

Les questions subsidiaires qui permettent de cerner cette problématique sont les suivantes :
- Qu’est-ce que le risque de crédit ?
- Qu’est-ce que la méthode du credit scoring ?
- Comment appliquer cette méthode à une Institution de microfinance ?

2 Direction Générale de la Stabilité Financière et du Financement des Économies, Janvier 2020


3 Côte d’Ivoire : le secteur de la microfinance en forte croissance, Financial Afrik, 8 janvier 2018
2
Intérêt du sujet

Le thème choisi pour notre mémoire présente un intérêt pour :


- PAY CRED : Cette étude permettra à cette structure de mieux prévoir la défaillance des
emprunteurs, une meilleure gestion des clients et une meilleure cotation des crédits donc
d’arriver à une meilleure gestion du risque de crédit ce qui est de nature à améliorer son
efficacité et garantir sa pérennité ;
- La communauté scientifique en général et l’INP-HB en particulier, pour lequel notre
analyse permettra de participer à l’enrichissement de sa documentation en apportant une
approche inédite sur la gestion du risque de crédit des microfinances ;
- Nous même, cette étude nous conduira à améliorer nos connaissances dans le domaine du
risque de crédit et dans la gestion prévisionnelle de ce risque. Par ailleurs, elle nous aidera
à contribuer, surtout dans un souci de développement social, à l’équité car guidé par cette
envie de concilier l’économie et le social et inquiet face au développement de la pauvreté
dans le monde (surtout en Afrique).

Afin de mieux appréhender les questions précitées, nous proposons les hypothèses
suivantes :
- Le credit scoring est un outil efficace dans l’évaluation du risque de crédit.
- La régression logistique est la méthode la plus fiable qui donne une fonction Z score
efficace pour la prévision de la défaillance des clients demandeurs du crédit dans une
microfinance.
Notre démarche sera de présenter, dans un premier temps, l’environnement de la
microfinance et le cadre institutionnel et juridique dans lequel évoluent les IMF avant de mettre
l’accent sur le risque de crédit et les moyens de sa gestion. La seconde partie sera consacrée à
l’analyse du processus d’octroi de crédit de PAY CRED ainsi qu’à une application de la technique
du credit scoring à la microfinance PAY CRED.

3
PREMIERE PARTIE

GENERALITES SUR LES MICROFINANCES ET


GESTION DU RISQUE DE CREDIT

La notion de microfinance est une notion de plus en plus plébiscitée par les acteurs du
système financier et les médias, témoignant de son importance grandissante dans la croissance
économique d’un pays. Cela dit, il parait important de se pencher sur les notions de microfinance
et de risque afin de mieux appréhender les outils de gestion des risques.
La première partie de notre étude sera consacrée, en premier lieu, aux généralités sur la
microfinance et le risque de crédit et, en second lieu, à l’environnement juridique et institutionnel
dans lequel évoluent les microfinances.

4
CHAPITRE I: GENERALITES SUR LES
MICROFINANCES ET CADRE INSTITUTIONNEL ET
JURIDIQUE DANS L’UEMOA

Les microfinances sont parties intégrantes de la vie économique des sociétés. Leur place
grandissante témoigne de leur impact déterminant dans le processus croissant et continu de
vulgarisation de l’accès aux services financiers de base. Dans ce chapitre, nous étudierons le
concept de microfinance avant de présenter le cadre institutionnel et juridique dans lequel les
microfinances évoluent.

Section 1 : Généralités sur les microfinances

Dans cette section, nous aborderons les notions de microfinance, leur évolution et leur
impact socio-économique.

I- Définition et évolution de la microfinance

1. Définition d’une Institution de Microfinance (IMF)

La définition de la microfinance peut être différente dans la formulation, mais est en


général associée à la pauvreté. D’après Otero (1999) 4la microfinance est la fourniture de services
financiers à des travailleurs indépendants à faible revenu, pauvres et très pauvres. Une définition
plus précise venant de l’Asian Development Bank nous explique que la microfinance peut être
définie comme la fourniture de services financiers tels que les dépôts, les prêts, les services de
paiement, les transferts d’argent et l’assurance accordés à des pauvres, des ménages à faible revenu
et aux microentreprises (Rachmawati, 2015). 5Nous voyons que la définition de la microfinance
ne se limite pas qu’à l’approvisionnement de crédits pour les personnes pauvres. En effet, elle offre

4 Otero, M., 1999. Bringing development back, into microfinance. Journal of Microfinance/ESR
Review, 1(1), p.2.
5 Rachmawati, D.E., 2015. Market opportunities and regulations microfinance in

Indonesia. Journal of East Asian Studies, 3(13), pp.173-194.


5
une gamme de services très variés aux personnes ou ménages et aussi aux entrepreneurs exclus
des banques.

2. Histoire de la microfinance

J.M Servet dans son livre intitulé Banquiers aux pieds nus 6paru en 2006 a caractérisé la
microfinance par « le faible montant des opérations, la proximité non seulement spatiale, mais
aussi mentale et sociale entre l’organisation et sa population cible, et la pauvreté supposée des
clients ou l’exclusion qu’elles ou ils subissent ». Quand on analyse de près la définition de Servet,
nous constatons une approche davantage fondée sur les caractéristiques de la microfinance. En
effet, ces caractéristiques de prêts de petits montants trouvent leur origine dès le XVIIIe siècle en
Europe et bien avant en Asie selon Seibel (2005). 7

2.1. La microfinance en Afrique

La première institution de microfinance en Afrique est apparue au Nigéria au XVIe siècle


chez les Yorouba (Seibel, 2004). 8Elle est connue sous le nom de « isusu » ou « esusu » ou
« susu ». Sa manière de procéder était comparable à celle des associations de crédit et d’épargne
rotatives (ROSCA) originaires de l’Inde (Seibel, 2004). Selon ce dernier, la main-d’œuvre était
une denrée rare en Afrique. De ce fait, à l’origine, les susus étaient des associations rotatives dans
lesquelles la main-d’œuvre était accumulée et attribuée à un membre à la fois. Avec la croissance
des échanges, la main-d’œuvre est remplacée par les cauris, le livre et le Naira. Selon Lelart (1990
: p5)9, le susu est le type d’association le plus répandu dans le golf du Bénin. Il prend différentes
dénominations selon les régions mais le concept reste le même. Ainsi, on parlera de « wari moni »
en Côte-d'Ivoire, de « nath » ou de « teck » au Sénégal, de « khatta » au Soudan, de « Vesso » au
Bénin et au Togo, du « susu » au Ghana et de « Yasussu » au Niger.

6 Servet, J.M., 2006. Banquiers aux pieds nus : La microfinance. Odile Jacob.
7 Seibel, H. D., 2005. Does history matter? The old and the new world of microfinance in Europe
and Asia (No. 2005, 10). Working paper/University of Cologne, Development Research Center.
8 Seibel, H. D., 2004. Microfinance in Nigeria: Origins, options and opportunities.

9 Lelart, M., 1990. La tontine pratique informelle d'épargne et de crédit dans les pays en voie de

développement. John Libbey Eurotext.


6
En Afrique de l’Ouest, la microfinance est plus connue sous le nom de « tontine » (Seibel
2004). Le mot tontine est venu de son fondateur Lorenzo Tonti, un politicien italien en exil en
France. Il s’agit d’un groupement de personnes qui se réunit à une fréquence déterminée (par
semaine, par mois, par trimestre…), à chaque rencontre les membres cotisent une somme égale et
un membre du groupement, généralement tiré aléatoirement, gagne le butin. Ceci continue jusqu’à
ce que tous les participants récupèrent leur dû et un autre cycle recommence. Selon Lelart (1990)
ce sont des associations rotatives d’épargne et de crédit.

2.2.La microfinance en Europe

Le milieu informel de la microfinance a existé pendant des siècles (Helms, 2006)10. En


1462, un moine italien a créé une boutique de « prêt sur gage » pour contrer les pratiques des
usuriers (Helms 2006). En 1515, le pape Léon X a autorisé les prêteurs sur gages à facturer des
taux d'intérêt pour couvrir leurs coûts d'exploitation (Helms 2006). Cependant, d’après Seibel
(2005), le début de la microfinance a commencé en Europe dans les années 1720 avec la naissance
d’une association caritative, Irish Loan Funds, en Irlande. En Allemagne, la première société
d’épargne a vu le jour à Hambourg en 1778 (Seibel, 2005). En 1801, c’était au tour des fonds
d’épargne communale de faire leur apparition (Seibel, 2005). Premièrement, en 1823, une loi
spéciale a donné un statut légal aux intermédiaires financiers. Elle leur permettait de demander un
taux d’intérêt sur les prêts qu’ils octroyaient aux pauvres, mais aussi de pouvoir réclamer un taux
d’intérêt sur les dépôts d’épargne. Deuxièmement, le gouvernement a mis en place, en 1836, Loan
Fund Board dont l’objectif était de réguler et de surveiller les intermédiaires financiers. En 1889,
les programmes de crédit sont soumis à la première loi coopérative au monde, Loi Coopérative de
German Reich. La régulation de ces institutions a participé au fait que le nombre de coopératives
rurales en Allemagne a atteint plus de 15000 coopératives en 1914.
En définitive, la microfinance en Europe a existé depuis le début du XVIIIe siècle. Elle a
permis de voir qu’une institution a besoin d’être capable de créer ses propres ressources et de ne
pas dépendre des donateurs. Elle a aussi été riche en loi car la régulation est la base de tout
programme qui se veut durable.

10 Helms, B., 2006. Access for all: Building inclusive financial systems. The World Bank.
7
2.3.La microfinance en Amérique latine

La microfinance en Amérique plus particulièrement en Amérique Latine s’est


inspirée des modèles de coopératives initiées en Allemagne. L’adaptation de l’approche de
Friedrich Wilhelm Raiffeisen concernant les coopératives financières se retrouve en Amérique du
Nord vers 1865. Cette dernière arrive en Amérique latine au début des années 1900. Contrairement
aux autres parties du globe à savoir l’Europe, l’Afrique et l’Asie ; le modèle de l’Amérique latine
vise principalement la modernisation du secteur de l’agriculture. Cet objectif devrait être atteint
par le biais de la croissance du commerce du secteur rural en mobilisant l’épargne « inactive » et
l’investissement par crédit et la réduction des relations féodales oppressives qui étaient renforcées
par l’endettement (Helms, 2006).
L’approvisionnement en crédit des agriculteurs exclus du système bancaire s’est intensifié
entre 1950 et 1970 dans l’espoir d’augmenter la productivité et le revenu des fermiers.
Contrairement en Europe, ces institutions appartenaient au gouvernement ou à des agences privées,
mais pas aux pauvres. L’un des problèmes majeurs de cette approche était que les emprunteurs
prenaient leurs prêts comme un cadeau de l’État de ce fait le taux de remboursement était très
faible.
2.4.La microfinance en Asie

L’histoire de la microfinance en Asie remonte à des millénaires. Elle a sans doute l’histoire
la plus longue, bien que très peu connue. Dans cette partie nous allons nous focaliser sur l’histoire
de la microfinance en Inde, car elle a peut-être la structure financière la plus diversifiée de tous les
pays (Seibel, 2005).
La finance informelle en Inde date de deux, voire trois millénaires av. J.-C. On pouvait
distinguer trois principales branches autochtones d’approvisionnement de crédit dans son
évolution. D’abord, nous avions les usuriers qui étaient les plus anciens et la date de leur apparition
tournait autour de 1700 à 2200 av. J.-C. Ils fournissaient des prêts à partir de leur propre ressource
et réclamaient en général des taux élevés sur les prêts. Ensuite, on avait les « chit funds » ou les
associations rotatives de crédit et d’épargne (ROSCA) qui sont des institutions anciennes très
répandues en Inde. On peut les définir comme un ensemble de personnes qui se réunissaient de
manière périodique, chaque membre cotise une somme égale et l’ensemble des cotisations revient

8
à une personne membre de l’association. Le cycle se poursuit jusqu’à ce que tout le monde
récupère toutes ses cotisations. Les chit funds ont augmenté en taille et en nombre durant les années
1800 et 1900. En 1945, le « Travancore Chit Funds Act » était adopté en Inde pour limiter les
risques de fraudes liés à l’expansion de ces associations en régulant ces institutions. En 1982, la
Loi fédérale des Chit Funds était adoptée et fournissait un statut légal au « chit funds » comme
intermédiaires financiers non bancaires.
En somme l’histoire de la microfinance en Asie, particulièrement en Inde, date de
longtemps. Même si elle est la plus diversifiée de tous les pays, le problème d’accès aux services
financiers aux pauvres persiste. De ce fait, au Bangladesh, à cause de cette situation, nous allons
assister à un mouvement mondial avec l’avènement de la Grameen Bank. C’est l’un des deux
pionniers de la microfinance moderne avec ACCION International.

3. La microfinance moderne

Les deux principaux pionniers de la microfinance actuelle sont ACCION international au


Venezuela et le Grameen Bank de Mohamed Yunus au Bangladesh. Ils ont fait leur apparition dans
les années soixante et soixante-dix. Leur objectif était de réduire la pauvreté, mais leurs prêts
étaient consacrés à des petits entrepreneurs propriétaires de micro entreprises ou désireux d’en
créer une.

3.1.ACCION International

En 1961, Accion est fondé par un étudiant en droit du nom de Joseph Blatchford. Durant
l’été de cette même année, trente volontaires américains sont déployés dans les banlieues à travers
le Venezuela. Au milieu des années 1960, Accion a commencé à engager des Vénézuéliens comme
organisateurs appelés « Community Action Organizers » avec pour leitmotiv : « de ne pas donner
aux gens l'aumône, mais de leur donner confiance dans leur propre capacité ». En 1973, le
personnel d’Accion se trouvant à Recife au Brésil a décidé de se lancer dans le microcrédit. Bien
que les dirigeants n'eussent pas cru en la capacité des pauvres à payer leur dette, cette expérience
a été un grand succès avec un taux de remboursement de 99.5%. Ceci a contribué fortement à la
capacité de couvrir les coûts d’exploitation aux prêts accordés aux pauvres et donc de pouvoir
servir une plus large clientèle. Entre 1989 et 1995, Accion et ces partenaires ont multiplié par vingt

9
le montant des prêts attribué aux micro-entrepreneurs. En 1992, Accion a contribué à la création
de BancoSol exclusivement consacrée aux entrepreneurs à faible revenu. En 1994, Accion a mis
en place Accion Texas à San Antonio, Accion New Mexico à Albuquerque, Accion Chicago et
Accion San Diego pour diminuer la croissance du chômage et l’inégalité des revenus. L’exclusion
alarmante des pauvres en Afrique subsaharienne a poussé cette institution à s’établir dans cette
zone en partenariat avec des microcrédits en 2000. Toujours dans sa politique d’expansion, elle
s’est implantée en Inde en 2005. Aujourd’hui, Accion est l’un des réseaux les plus puissants dans
le domaine de la microfinance avec 110 partenaires dans 50 pays.

3.2.La Grameen Bank

Durant l’année de famine qui a eu lieu en 1974 au Bangladesh, Muhammad Yunus, un


économiste formé à l'Université Vanderbilt, enseignant à l'Université de Chittagong, a prêté 27$US
à quarante-deux familles qui habitaient à Jobra. Observateur et intéressé par les problèmes que
rencontrent les pauvres, cette expérience a joué un rôle important dans sa façon de penser. En
1976, il a lancé un projet de recherche visant à voir l’impact qu’aurait un accès au crédit sur les
personnes pauvres. Ce projet s’est tenu à Jobra et dans les villages environnants. Grâce au succès
de ce projet, Yunus l’a étendu dans le district de Tangail en 1979 et plus tard dans plusieurs autres
districts. Ayant connaissance que le Grameen n’aurait pas été durable avec ses propres ressources,
il a convaincu la banque centrale du Bangladesh de le soutenir. La banque deviendra indépendante
en 1983 par une loi spéciale. Il réclamait un taux d’intérêt de 20% qui avait le taux le moins élevé
sur le marché de la microfinance au Bangladesh (Rutherford, 2006)11.
À partir de mai 2006, le Grameen a fourni des prêts d’une valeur de 290.03 milliards de
taka12 à 6.67 millions d’emprunteurs à travers 2247 branches bancaires couvrant 72000 villages
représentant 86% des villages au Bangladesh (Yunus, 2006)13. Pendant cette même année,
Muhammed Yunus et le Grameen gagnent le prix Nobel de la paix pour leur contribution à la

11 Rutherford, S., 2006. The Grameen Pension Savings Scheme: How a Savings Plan Is
Transforming Microfinance in Bangladesh. Finance for the Poor, 7(3), pp.1-10.
12 Monnaie utilisée au Bangladesh.

13 Yunus, M., 2006, March. Social business entrepreneurs are the solution. In Skoll World Forum

on Social Entrepreneurs. Said School of Business, University of Oxford, UK.


10
réduction de la pauvreté dans le monde. L’accord de cette distinction a été fortement influencé par
le fait que le Professeur a mis au-devant de la scène les femmes pauvres en défendant dans ses
interviews et ses écrits que l’accès de celles-ci au crédit leur donnait un plus grand pouvoir de
décision au sein de leur famille, mais aussi aux yeux de la communauté. Cette microfinance a
atteint un très grand succès au point que de nombreux pays parmi lesquels nous pouvons citer les
États-Unis, la France, le Canada, la Hollande et la Norvège appliquent des programmes de
microcrédit basé sur sa méthodologie. Selon Yunus (2007)14, plus de 250 institutions dans près de
100 pays appliquent des programmes de microcrédit basé sur la méthodologie de la Grameen Bank
plaçant ce dernier à la tête d'un mouvement mondial vers l'éradication de la pauvreté par le biais
du microcrédit.

3.3.La microfinance en Côte d’Ivoire

La microfinance est née en Côte d’ivoire en 1976 avec la création du Réseau des CREP-
COOPEC afin de promouvoir le développement en milieu rural. Avec l’appui de la Banque
Mondiale, de l’Agence Française de Développement et de l’Agence Canadienne de
Développement qui ont financé sa restructuration en 1994, cette institution s’est élargie pour
devenir un puissant réseau de microfinance et a pris le nom de Fédération Nationale des
Coopératives d’Epargne et de Crédit de Côte d’Ivoire (FENACOOPEC-CI) et ensuite de l’Union
Nationale des Coopératives d’Epargne et de Crédit de Côte d’Ivoire (UNACOOPEC-CI). D’autres
institutions telle que la Mutuelle de Crédit et d’Epargne des Femmes de Bouaflé (MUCREFBO)
verront le jour dans les années 1980.
On peut regrouper toutes les institutions de microfinance en 4 grandes catégories :
- Les Mutuelles et coopératives d’épargne et de crédit ;
- Les Associations et ONG ;
- Les Sociétés Privées (à but lucratif) ;
- Les Projets Gouvernementaux (sans statut juridique et à durée déterminée souvent 3 à
5ans).

14Yunus, M., 2007. Banker to the poor: Micro-lending and the battle against world poverty.
PublicAffairs.
11
Au-delà des deux associations coopératives précitées, le secteur comprend des structures
organisées en réseau et de nombreuses institutions isolées non constituées en réseaux. La
configuration du secteur se présente comme suit15 :
- Des structures de taille moyenne organisées en Réseau :
• Le RMEC : Réseau des Caisses Mutuelles d'Epargne et de Crédit ;
• Le CMCI : Crédit Mutuel de Côte d’Ivoire.
- Des institutions conventionnées (les sociétés anonymes) :
• Le FIDRA (Fonds International De la Retraite Active) ;
• ADVANS CI.

II- Rôle et impact des microfinances

1. Rôle des microfinances

Depuis les années 1970 avec l’avènement de Grameen Bank de Mohammed Yunus, la
microfinance est devenue un outil important de développement. Dans plusieurs études, des
chercheurs ont démontré que les institutions de microfinance jouent trois rôles, en particulier dans
le développement : aider les pauvres à faire face à leurs besoins de base et ainsi lutter contre la
pauvreté, développer une croissance financière plus inclusive et promouvoir l’égalité des genres
par la participation économique des femmes (Micheli, 2015)16. Il a emboité le pas à Otero (1999)
qui avait déjà attribué à la microfinance un rôle essentiel dans le développement durable à travers
trois points : atteindre les pauvres en leur permettant de créer un capital productif ou en augmentant
leur liquidité pour faire face à leurs besoins immédiats, construire des institutions privées fortes
capables de soutenir de façon durable le développement économique et permettre une
démocratisation des services financiers à toutes les couches sociales. Si la population des pays les
moins avancés a une capacité d’investissement limitée en capital, la productivité est restreinte ; les
revenus sont inhibés, l’épargne domestique reste faible et aussi toute croissance de la productivité
est empêchée. De plus un manque d’institutions financières empêche les entrepreneurs de créer de

15Direction du trésor / sous-direction des affaires monétaires et bancaires.


16Intrisano, C. and Micheli, A.P., 2015. Microfinance in Peru as Part of the Strategy of an
International Investment Fund. International Journal of Economics and Finance, 7(8), pp.281-
293.
12
nouvelles entreprises, mais aussi ralentit la croissance de ces pays. Alors, la microfinance a un rôle
important à jouer. Elle a su montrer que les pauvres particulièrement les femmes sont de bons
emprunteurs.
Cependant, durant ces dernières années l’optimisme autour de la microfinance fait face à
un fort scepticisme. Selon Robert Pollin (2007 : p2)17, le fait de « rendre le crédit accessible aux
personnes pauvres est un objectif louable. Mais comme un outil pour lutter contre la pauvreté dans
le monde, le microcrédit devrait être jugé par son efficacité et non pas par de bonnes intentions ».
D’autres auteurs pensent que les IMF jouent pleinement leur rôle, mais que le manque de réussite
provient de son public cible à savoir les pauvres.
Ainsi, Aneel Karnani (2007 : p37)18 juge que « la plupart des individus n’ont pas les
compétences, la vision, la créativité et la persistance d’entreprendre. Même dans les pays
développés avec un niveau d’éducation élevé et d’accès aux services financiers, près de quatre-
vingt-dix pour cent de la force de travail est employée ». Nazmul Hossain (2014 : p87) va dans le
même sens et suggère que le microcrédit ne marche pas parce que « les emprunteurs de
microcrédit, qui ne disposent pas de conditions nécessaires pour recevoir des prêts auprès des
banques formelles, sont des habitants marginalisés et désavantagés de la société. Ils ne savent pas
comment recevoir un prêt, comment investir efficacement le capital pour obtenir un bon retour sur
investissement, comment produire des unités, comment gérer ».

2. Impact des microfinances

Les IMF deviennent des outils incontournables pour le développement rural. Tant les
institutions que les emprunteurs, les pauvres, ont un rôle très important à jouer dans l’éradication
de la pauvreté et le développement économique.

17Pollin, R. (2007). Microcredit: False hopes and real possibilities. Foreign Policy in Focus, 21.
18Karnani, Aneel (2007). “Microfinance Misses its Mark”. Stanford Social Innovation Review,
Summer
13
2.1.Impact sur la pauvreté

Dans un monde où le premier Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) est la


réduction de l’extrême pauvreté, la microfinance est au cœur des débats. Plusieurs chercheurs se
consacrent sur la question pour voir les réels impacts de cette dernière. Dans une étude conduite
19
par Robinson (2001) portant sur les clients de seize institutions de microfinance à travers le
monde, il montre que l’accès aux IMF conduit à une amélioration de la qualité de vie des clients,
de leur confiance en soi, contribue à la diversité des stratégies des moyens de subsistance et ainsi
augmente leur revenu. Selon un article de Littlefield, Murduch et Hashemi (2003)20 qui tentent de
savoir si la microfinance est l’outil adéquat pour atteindre les OMD, ils considèrent qu’elle permet
aux pauvres de protéger, diversifier et augmenter leurs sources de revenus, elle est donc un chemin
essentiel pour sortir de la pauvreté et éradiquer la faim. Dans ce texte, ils exposent un ensemble
d’études tenues au Ghana, en Inde, en Indonésie et au Bangladesh pour ressortir les effets positifs
de l’accès au crédit sur le revenu. En somme, ils concluent en disant que « Les services financiers
réduisent ainsi la pauvreté et ses effets dans de multiples façons concrètes. Et la beauté de la
microfinance … est qu’elle peut atteindre bien au-delà des limites des ressources insuffisantes des
donateurs ».

2.2.Impact sur les entreprises

Il est démontré dans plusieurs études que le fait d’accroitre les IMF contribue à augmenter
le nombre d’emprunteurs et dans le même sens le nombre d’activités. Tarozzi, Johnson et Desai
(2015)21 utilisent les données collectées à partir des habitants des zones rurales d’Amhara et
d’Oromiya en Éthiopie et trouvent que le programme, conduit par Family Health International, a
un effet positif et statistiquement significatif sur le nombre d’emprunteurs. Ils constatent une

19 Robinson, M. S. (2001). The microfinance revolution: sustainable finance for the poor. World
Bank Publications.
20 Littlefield, E., Morduch, J., & Hashemi, S. (2003). Is microfinance an effective strategy to

reach the Millennium Development Goals? Focus Note, 24(2003), 1-11.


21 Tarozzi, A., Desai, J., & Johnson, K. (2015). The impacts of microcredit: Evidence from

Ethiopia. American Economic Journal: Applied Economics, 7(1), 54-89.


14
augmentation de 25% des emprunteurs. De même Angelucci, Karlan et Zinman (2013)22 trouvent
que l’amélioration de l’accès au crédit conduit à la croissance des emprunteurs dans une étude faite
au Mexique en collaboration avec la Compartamos Banco. Ils trouvent une augmentation de la
taille des microentreprises. Du côté de Crépon, Devoto, Duflo et Parienté (2015)23, ils étudient
l’impact du crédit sur 13% des ménages qui vivent dans les villages traités, trouvent une
augmentation de l’investissement des actifs utilisés par des entrepreneurs individuels sur leurs
activités. Ils déclarent aussi que le microcrédit aide les entrepreneurs indépendants dans le domaine
de l’agriculture et de l’élevage à étendre leurs entreprises, mais ne concoure pas à en créer une
nouvelle.

Section 2 : Le cadre institutionnel et juridique dans l’UEMOA

Dans les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le nombre
d’IMF a été multiplié par sept entre 1993 et 2011 passant de 100 à 770. Face à l’essor de la
microfinance, les institutions régionales ont mis en place des dispositions pour encadrer l’activité
des IMF. L’harmonisation règlementaire régionale est la condition préalable au développement
pérenne de la microfinance au sein d’un écosystème stable et performant.

I- Le cadre institutionnel des microfinances

Il existe deux institutions dans l’UEMOA dont le rôle est d’assurer la surveillance du
secteur. Ce sont le Ministère de Tutelle et la BCEAO.

22 Angelucci, M., Karlan, D., & Zinman, J. (2013). Win some lose some ? Evidence from a
randomized microcredit program placement experiment by Compartamos Banco (No. w19119).
National Bureau of Economic Research.
23 Crépon, B., Devoto, F., Duflo, E., & Parienté, W. (2014). Estimating the impact of microcredit

on those who take it up: Evidence from a randomized experiment in Morocco (No. w20144).
National Bureau of Economic Research.
15
1. Le rôle de la BCEAO

La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest assure le rôle de superviseur


indépendant parallèlement à l’action de contrôle sur place et sur pièce exercée par les régulateurs
nationaux. Pour cela elle effectue des contrôles sur pièce et des contrôles sur place. Le contrôle
sur pièce consiste essentiellement à l’examen de toute information financière ou non provenant
des IMF (rapports d’activités, états financiers, rapports de contrôle interne, etc.). Cette institution
est chargée de l’octroi de tous les agréments concernant des IMF dont l’encours de crédit ou
d’épargne dépasse 4 millions de dollars. Les IMF de moindre importance restent dans le giron des
Ministère des Finances nationaux et ont vocation à fusionner afin d’asseoir la supervision de la
BCEAO sur l’ensemble du secteur à moyen terme. Les règles prudentielles ont également été
renforcées notamment grâce à l’introduction de référentiels comptables spécifiques au secteur de
la microfinance et à l’obligation faite aux IMF de certifier et auditer annuellement leurs comptes.

2. Le rôle du ministère de Tutelle24

La Tutelle dispose de deux organes chargés de la microfinance : la Commission Nationale


pour la Microfinance (CNM) et la Direction de la Microfinance. La CNM a été créée en 2002 dans
un contexte marqué par la dégradation des performances du secteur afin de garantir la viabilité des
institutions de microfinance et de permettre leur insertion progressive dans le secteur financier
moderne : Cette commission a pour mission :
• L’examen de tous les rapports ou études relatifs au secteur ;
• L’audition des dirigeants des institutions de microfinance ;
• L’examen des dossiers de demande d’autorisation d’exercer ;
• Le suivi de la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de développement
du secteur de la microfinance.

24 Finances.gouv.ci

16
II- Le cadre juridique des microfinances

Afin de permettre aux microfinances de réaliser leurs objectifs dans un cadre propice à leur
développement, un dispositif juridique a été mis en place. Ce dispositif comprend :
- Les instructions de la BCEA O ;
- La loi PARMEC ;
- La loi PAMSEC.

1. Les instructions de la BCEAO

Les instructions de la BCEAO permettent de règlementer les systèmes financiers


décentralisés dans la Zone UEMOA. Ces instructions :
• Précisent les dispositions générales contenues dans la loi ;
• Procèdent à l’harmonisation des modes opératoires au niveau de la zone UEMOA ;
• Assurent un rôle de veille et de sécurité au niveau des institutions (normes prudentielles).
Ici, il est important de signifier que l’année 2008 a été marquée par l’adoption de la
nouvelle loi n° 47-2008 du 3 septembre 2008 portant réglementation des IMF et de son
décret d’application n°011931 du 12 novembre 2008.
Les principales innovations figurant dans la nouvelle législation applicable aux IMF
portent essentiellement sur :

• L’extension de la nouvelle réglementation à l’ensemble des IMF ;


• La suppression des dispositions sur la reconnaissance des Groupements d’Epargne et de
Crédit ;
• L’instauration d’un régime unique d’autorisation d’exercice ;
• L’intervention plus accrue de la Banque Centrale et de la Commission Bancaire dans la
surveillance des institutions qui ont atteint un certain niveau d’activités ;
• Le renforcement du dispositif prudentiel et des sanctions applicables ;
• La certification obligatoire des comptes par un Commissaire aux comptes pour les IMF
d’une certaine taille financière.

17
2. La loi PARMEC

La loi PARMEC qui correspond en Côte d’Ivoire à la loi n°96-562 du 22 Juillet 1996
portant réglementation des Institutions Mutualistes d'épargne et de crédit, tend à faire de ces
microfinances des acteurs du secteur financier au même titre que les banques et établissements
financiers, et donc capables d'assurer l'intermédiation financière adaptée aux besoins d'une tranche
importante de la population ne pouvant accéder au système financier classique. Ces objectifs sont :

• La protection des déposants ;


• La sécurité des opérations ;
• La recherche d’autonomie financière des SFD ;
• L’intégration de la finance informelle dans le cadre légal.

Par ailleurs, le cadre juridique s’adresse en premier lieu aux institutions mutualistes
d’épargne et de crédit qui se trouvent placées sous tutelle du ministère des Finances.
L’obtention de l’agrément leur confère la personnalité morale en contrepartie duquel elles sont
tenues de communiquer un ensemble d’information et de se soumettre au contrôle et aux règles
prudentielles des autorités.

3. La loi PAMSEC

Pour favoriser l’expansion des Systèmes Financiers Décentralisés, la BCEAO a mis en


place un autre programme d’appui au secteur en 1992 (1992-2002) avec le concours du BIT et de
la Coopération Allemande. Ce projet a été dénommé Programme d’Appui aux Structures
Mutualistes ou Coopératives d’Epargne et de Crédit (PASMEC). La loi PASMEC a pour objectifs :

- Favoriser la concertation et l’échange d’informations et d’expériences entre les acteurs


(appui à la concertation) ;
- Promouvoir les actions de renforcement des capacités des ressources humaines des
institutions financières décentralisées ;
- Appuyer financièrement ou techniquement, des institutions de microfinance dont les
moyens restent modestes en vue de renforcer leur capacité d’intervention.

18
CHAPITRE II : LE RISQUE DE CREDIT ET LES OUTILS
DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT

Ce chapitre présente le concept de crédit puis de risque de crédit. Puis, nous aborderons les
différents outils de gestion de ce risque en mettant un accent particulier sur la technique du credit
scoring qui fait l’objet de notre étude.

Section 1 : Le risque de crédit

Les notions de crédit, de risque et de risque de crédit sont fondamentales dans notre travail.
Dans cette section, nous présenterons les définitions ainsi que les autres risques dans les IMF.

I- Généralités sur le risque de crédit

1. Définition du crédit

Etymologiquement, le mot crédit est d’origine latine « credere » qui signifie : « avoir
confiance » ; « se fier à ». Il désigne « un acte de confiance se traduisant par un prêt en espèce ou
en nature consenti par une personne, en contrepartie d’une promesse de remboursement dans un
délai généralement convenu à l’avance. Crédit implique donc une « réputation de solvabilité »
(Martinet & Silem, 2008, P.176)25. Le dictionnaire Larousse définit le crédit comme étant « un
acte par lequel une banque ou un organisme financier effectue une avance de fonds, délai accordé
pour un remboursement du montant de l’avance ». Partant de ce qui précèdent, on comprend mieux
qu’accorder le crédit à quelqu’un c’est lui faire confiance ou croire en cette personne. Si nous
revenons à la logique du financier ci-dessus, le crédit est un prêt consenti par l’établissement
financier à une personne (morale ou physique) pour un remboursement qui comprend non
seulement le principal du montant prêté, mais aussi une rémunération en fonction de la durée du
prêt et le risque qui pèse sur l’emprunteur. La rémunération est appelée intérêt. Ainsi défini, on
distingue alors deux types de crédits selon leur mode d’usage :

25
Martinet, A. C., & Silem, A. (2008). Lexique de Gestion et de Management-8e éd. Dunod,
Paris 2008
19
- Le crédit non productif : C’est le crédit de consommation effectué par les ménages dans le
but de l’acquisition des biens ou des services liés directement à la consommation. Comme
son nom l’indique, ce crédit ne génère pas de revenus, les ménages recourent souvent à
d’autres sources de financement comme leur salaire, les aides familiales pour rembourser.
- Le crédit productif : C’est le crédit d’investissement sollicité par des personnes physiques
ou morales dans le but de réaliser un projet nouveau, ou d’étendre une activité existante.
En règle générale, c’est l’activité financée qui doit produire des revenus servant au
remboursement du crédit de ce type.

2. Définition du risque

Étymologiquement, le mot risque provient du latin « resecare26 » qui signifie « couper ».


Ainsi, dans son acception courante, le risque est la survenance d’un événement négatif, voire d’un
danger, qui vient « couper », perturber le déroulement normal d’une activité, d’un processus.
Techniquement, pour les professionnels de la gestion des risques, le risque est : « l’effet de
l’incertitude sur l’atteinte des objectifs »27. Cependant, l’incertitude peut également s’avérer
bénéfique pour l’organisation, ou à la fois bénéfique et négative sous différents aspects. On parle
alors de risque positif ou d’opportunité, suivant les référentiels utilisés.

« Le risque se rapporte à l'incertitude qui entoure des événements et des résultats futurs. Il
est l'expression de la probabilité et de l'incidence d'un événement susceptible d'influencer l'atteinte
des objectifs de l'organisation ».

Les termes « l'expression de la probabilité et de l'incidence d'un événement » laissent


entendre qu'il faut faire, à tout le moins, une analyse quantitative ou qualitative avant de prendre
des décisions concernant d'importants risques ou menaces à l'atteinte des objectifs de
l'organisation. Pour chaque risque considéré, il faut évaluer deux choses : sa probabilité et
l'ampleur de son incidence ou de ses conséquences.

La finance définit le risque comme étant « un élément d'incertitude qui peut affecter
l'activité d'un agent ou le déroulement d'une opération économique »28. C’est cette dernière

26 Selon la définition issue du dictionnaire Le nouveau Petit Robert, 1993


27 www.iso.org, « Guide ISO 73 : Management du risque – vocabulaire », 2009, p.1
28 Office québécois de la langue française, revue économique et de gestion, 2005.

20
définition qui va nous intéresser puisque le sujet traité s’intéresse exclusivement aux
établissements de crédit.

3. Définition du risque de crédit

Selon le dictionnaire financier « Lexique finance », le risque de crédit se définit comme


étant la probabilité qu’un débiteur soit dans l’incapacité de faire face au remboursement du crédit
octroyé pat une institution financière. Le risque de crédit est bien évidemment fonction de la qualité
de l’emprunteur. Pour Campion (2000)29, le risque de crédit est défini comme étant la perte de
revenu ou de capital résultant du non-respect des échéances d’un prêt par le client.

Au sens large, le risque de crédit ou le risque de contrepartie désigne le risque de


dégradation de la situation financière d'un emprunteur ou aussi le risque de taux de recouvrement,
qui se présente dans le cas où il y a recouvrement après défaut.

Ce risque impacte principalement la solvabilité qui est la faculté d’une IMF à faire face à
toutes ses dettes (dettes à court, moyen et long terme) avec tout son actif, la liquidité entendue
comme la capacité d’honorer ses engagements à court terme avec son actif réalisable ou disponible
et la rentabilité qui elle représente le résultat obtenu par rapport aux ressources utilisées.

4. Les composants du risque de crédit

Ce risque peut être décomposé en trois compartiments :

- Le risque de défaut, de défaillance, ou de contrepartie qui correspond à tout manquement


ou tout retard sur le versement du principal de la dette contractée, selon l'agence de notation
Moody's ;

- Le risque de dégradation de la qualité du crédit qui correspond au risque que la qualité de


crédit perçue de l'emprunteur se détériore, cette dégradation se traduit par une hausse de la prime
du risque (crédit spread) liée à l'emprunteur. En effet, les risques de dégradation et de défaut, sont
corrélés dans la mesure où la détérioration de la qualité peut être poursuivie d'une défaillance.

CAMPION Anita (2000), le contrôle interne : guide pratique à l’usage des institutions de
29

micro finance, Care et Pact Publications, INC Washington, P9


21
- L'incertitude liée au taux de recouvrement qu'il est possible d'obtenir après survenance de
défaut (à la suite de procédures judiciaires).

II- Les autres risques dans les IMF

Dans la gestion du crédit des IMF, le risque est un événement aléatoire qui pourrait
compromettre un tiers emprunteur d’accomplir ses obligations de remboursement de crédit. Ainsi
défini, les IMF doivent dans leurs activités quotidiennes du crédit bien identifier les risques, les
prévenir ou bien utiliser les bonnes méthodes de gestion au cas où ils surviennent. Ces risques sont
catégorisés dans le tableau suivant.

Tableau 1: Les risques fréquents dans une IMF

Catégories de risques Sous catégories Risques spécifiques


Risques financiers Crédit Défaut ou contrepartie
Dégradation de la qualité de crédit
Taux d’intérêt
Marché Prix (externe)
Marchés (externe)
Taux de change des devises (externe)
Chaine de valeur (externe)
Problématiques liées à la gestion des
flux de trésorerie (interne)
Risques opérationnels Fraude et intégrité (interne) Limites de délégation des succursales
au niveau du prêt
Technologies (interne) Information et technologies

Ressources humaines Manuels fonctionnels pour la


(interne) formation du personnel
Juridique et conformité Audits opérationnels et audits
(Interne) financiers
Environnementaux Impacts spécifiques sur
l’environnement
Risques stratégiques Performance (interne) Générer des profits et des rendements
des actifs et du capital propre pour
attirer les investisseurs
Affaire (externe) Nouvelles lois pour le secteur
financier

22
Réputation (externe) Pressions commerciales (acteurs
existants et acteurs nouveaux)
Gouvernance (interne) Changement des pratiques
réglementaires (obligations en matière
de licences et de reporting), manque
de cohérence et d'orientation de la part
du conseil d'administration (interne)
Pays (externe) Relations avec les donateurs et les
programmes gouvernementaux
(externe)

Source: Mike Golberg & Eric Palladini, 2009. P.24

Section 2 : Outils de gestion du risque de crédit et cadre méthodologique de


l’étude

La maîtrise du risque de crédit est un élément déterminant pour la stabilité et la pérennité


des SFD. En effet, ce risque influence considérablement les résultats. Afin de limiter les pertes
dues au risque de crédit, des auteurs ont développé des méthodes de gestion de ce risque que nous
présenterons dans un premier temps. Par suite, nous exposerons la méthode du credit scoring
comme outil de gestion du risque de crédit.

I- Le processus de gestion du risque de crédit

1. La méthode de gestion des risques de crédit selon FREDERIC, GAYRAUD &


ROUSSEAU30

Ces auteurs ont développé une approche de la gestion du risque de crédit selon quatre (4)
phases.

• L’identification des menaces permet d’identifier les menaces qui pèsent sur l’institution
et qui sont à l’origine des risques ;

FREDERIC Bernard, GAYRAUD Rémi et ROUSSEAU Laurent, (2006), Contrôle interne-


30

Gestion des risques de fraude, 2éme éd, Editions Maxima, Paris, 408P
23
• La hiérarchisation des risques identifiés, compte tenu du fait qu’il est impossible de
supprimer tous les risques pour des raisons de coûts et aussi parce que le risque est inhérent
à la conduite des affaires. Les IMF doivent hiérarchiser les risques en fonction de leur
gravité et de leur probabilité de réalisation ;
• Le traitement des risques qui nous permettrait de réduire le risque avec la possibilité d’agir
sur la probabilité de sa réalisation en mettant en place des actions de prévention, de
diminuer l’impact du risque grâce à des mesures de protection, ou d’agir à la fois sur la
probabilité et sur la gravité ;
• La mise en adéquation de la gestion des risques avec l’échelle de responsabilité : pour
cela il s’agira de déterminer en fonction des responsabilités les personnes qui seront
chargées de la gestion des risques.

2. La méthode selon Hicham ZMARROU31

L’approche développée par ZMARROU se déploie en quatre (4) étapes fondamentales.

• Identification des risques : Cette étape consiste à établir une cartographie des risques
auxquels la banque est confrontée. Cet exercice ne doit pas être limité dans le temps, vu
les changements internes et externes qui touchent le milieu bancaire et qui peuvent
engendrer l'apparition de nouveaux risques.
• Evaluation et mesure des risques : Elle consiste à quantifier les coûts associés aux risques
identifiés dans la première étape. La mesure du risque dépend de la nature de ce dernier,
s'il est quantifiable ou non. Lorsque les risques sont quantifiables comme dans le cas du
risque de crédit et du risque de marché, le concept le plus utilisé est celui de la Value-at-
Risk. 32
• Sélection des techniques de gestion des risques et la mise en œuvre appelée la gestion :
Les techniques de gestion des risques visent principalement l'un des trois objectifs
suivants : éviter le risque, transférer le risque ou encourir le risque.

31
Hicham ZMARROU « le dispositif de maitrise des risques & le controle interne au sein des
etablissements de credit », Thèse Professionnelle en économie, ESC Lille, 2005 – 2006, P36.
32 La Value-At-Risk représente la pire perte attendue sur un horizon de temps donné pour un

certain niveau de confiance.


24
• Surveillance des risques ou le contrôle : le suivi permanent des risques c’est primordial,
et ce, afin de s'assurer que les stratégies adoptées donnent des résultats optimaux. En effet,
au fil du temps et selon les circonstances, il se peut que les décisions initialement prises
deviennent incompatibles avec la conjoncture et de ce fait elles doivent être modifiées ou
remplacées.

Schéma 1 : Processus de gestion des risques de ZMARROU

Source : Hicham ZMARROU « le dispositif de maitrise des risques & le controle interne au sein
des etablissements de credit », Thèse Professionnelle en économie, ESC Lille, 2005 – 2006, P36.

25
II- Le cadre méthodologique de l’étude

Toute étude dans le domaine du management ou de la gestion nécessite la mise en


application d’une méthodologie permettant de mener à bien l’étude. La méthodologie établit la
façon dont on va analyser, découvrir, décrypter un phénomène. Il existe de ce fait la méthode
quantitative et la méthode qualitative. La distinction entre les deux méthodes passe par la nature
des données (données qualitatives, données quantitatives). Dans notre mémoire nous avons choisi
d’adopter à la fois la méthode qualitative et quantitative.

1. La méthode qualitative

Selon Evrard et al. (1993), les données qualitatives correspondent à des variables mesurées
sur des échelles nominales et ordinales (c'est-à-dire non métriques). La méthode qualitative, qui
peut émaner d'une orientation, est une démarche exploratoire, caractéristique de la construction
théorique, où l'on ignore en grande partie la teneur de ce que l'on veut mettre à jour. Dans notre
mémoire, nous avons opté pour l’étude de cas.

La méthode des cas se définit comme une analyse spatiale et temporelle d'un phénomène
complexe par les conditions, les évènements, les acteurs et les implications (Wacheux, 1996).
L'étude de cas est appliquée à des réalités fort différentes. Elle désigne souvent une courte
description d'une entreprise visant à illustrer de manière simplifiée une problématique dans le cadre
d'une situation d'enseignement.

Afin de déterminer les informations à prendre en compte dans la probabilité de défaut, nous
avons réalisé des entretiens, une recherche documentaire, l’observation physique.

• Entretiens

Les entretiens permettent l’explication et le commentaire des informations recueillies. Ils


servent à recueillir des avis sur les processus et la manière dont ces processus sont réalisés. Les
entretiens se sont réalisés avec :

- Le directeur administratif et financier ;


- Les membres du comité de crédit ;
- Les agents de crédits.

26
• Recherche documentaire

Elle a pour objectif, l'examen des documents de l'entreprise tels que les manuels de
procédures. Elle permet de comprendre le processus d’octroi de crédit. Elle permet de détecter les
insuffisances liées en premier à la nature des procédures définies et en second lieu à leur mise en
œuvre effective.

Les documents consultés sont les suivants : les états financiers, les rapports d’audit, les
manuels de procédures, l’état nominatif des emprunteurs.

• L’observation physique

Elle est la constatation de la réalité instantanée de l'existence et du fonctionnement d'un


processus, d'un bien. A ce niveau, nous avons assisté à un entretien pour l’octroi d’un crédit
(vérification des dossiers, vérification de la moralité du client) par les agents de crédit et le comité
de crédit.

2. La méthode quantitative

Les données quantitatives utilisées sont les données de l’état nominatif des emprunteurs.
C’est un document qui récapitule la liste des clients ayant contracté un emprunt. A cela, s’ajoute
des informations sur l’identité du client, sur le montant du crédit, la durée du crédit ainsi que la
provision constatée en cas de non-remboursement. Le logiciel de traitement des données est le
logiciel SPSS 23 version anglaise.

III- Les méthodes de credit scoring

1. Définition du credit scoring

« Le credit scoring est une méthode de prévision statistique qui vise à associer à chaque
demande de crédit une note proportionnelle à la probabilité de l’emprunteur »33.

« Les modèles de score sont des outils de mesure du risque qui utilisent des données
historiques et des techniques statistiques. Leur objet est de déterminer les effets de diverses

33 A.M. PERCIE DU SERT. « Risque et contrôle de crédit », édition économica, paris 1999, p36.
27
caractéristiques des emprunteurs sur leur chance de faire défaut. Ils produisent des scores qui sont
des notes mesurant le risque de défaut des emprunteurs potentiels ou réels. Les institutions
financières peuvent utiliser ces notes pour ranger les emprunteurs en classe de risque »34

Plus clairement, il s’agit d’une méthode qui consiste à attribuer, sur la base des données
construite par le prêteur, une note à chaque information collectée. Une fois comparé à une grille
préétablie, le total des notes de toutes les informations pour chaque client, commande la décision
de l’agent de crédit. En poursuivant les recherches de Fischer sur l’analyse discriminante, Durand
(1941)35 est le premier à reconnaître la possibilité d’utiliser les techniques statistiques pour
analyser le défaut de remboursement des clients et pour discriminer entre « bons » et « mauvais »
emprunteurs. Même si, le recours à cette technique dans le domaine de la microfinance est
relativement récent à travers les travaux de Schreiner (2004)36.

2. Historique du credit scoring

Bien que le credit scoring ait été pour la première fois utilisé dans les années 1960 aux
USA, ses origines remontent au début du XXe siècle, lorsque J. MOODY publia la première grille
de notation pour ses « Trade bonds » (obligations commerciales). Brièvement, nous présentons les
10 dates clés du credit scoring dans le tableau ci-dessous.

Tableau 2 : Historique du credit scoring

Dates Evénements
2000 1ere utilisation du crédit en Assyrie, à
av. JC Babylone et en Égypte
1851 1ere utilisation de la notation (classement)
crédit par John Bradstreet, pour ses
commerçants demandeurs de crédit, USA

34 M.DIETCH et J. PETEY, « Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions


financières », éd. Revue banque éditeur, Paris, 2003, P48.
35 Durand, D., 1941. Risk elements in consumer installment financing. National Bureau of

Economic Research, New York.


36 Schreiner, M. (2004) «Scoring Arrears at a Microlender in Bolivia», Journal of Microfinance,

Vol. 6, No. 2
28
1909 John M. Moody publie la 1ere grille de
notation pour les obligations commerciales
négociées sur le marché, USA
1927 1er « crédit bureau » crée en Allemagne
1941 David Durand professeur de Gestion au MIT
écrit un rapport, et suggère le recours aux
statistiques pour assister la décision de crédit,
USA.
1958 1ere application du scoring par American
Investments
1967- 1970 Altman crée le « Z-score » à partir de
l'analyse discriminante multi variée.
Réglementation des « crédits bureaux » par le
credit reporting act, USA
1995 Moody's KMV introduit le RiskCalc pour le
scoring des ratios financiers
(financial ratio scoring - FRS)
2000 Moody's KMV introduit le RiskCalc pour le
scoring des ratios financiers
(financial ratio scoring - FRS)
2004 Bâle II recommande l'utilisation des
méthodes statistiques de prévision du
risque de credit
Source: R. ANDERSON. «The credit toolkit », oxford university press 2007, p28.

Il faut cependant noter que le credit scoring ne constitue pas à ce jour la seule technique de
gestion du risque de crédit. Depuis quelques années, l'émergence de produits financiers dérivés
permettant une protection contre le risque de défaut, ou encore, une protection contre une
augmentation des probabilités de défaut pouvant être mesurées par l'écart de crédit. Il s'agit
notamment des options (options sur écart de crédit, option sur le défaut).

29
3. Fonctionnement du credit scoring

L’élaboration d’un modèle de credit scoring suit généralement quatre (4) étapes
fondamentales qui sont :

• Le choix du critère de défaut et de la population à analyser ;


• Le choix des variables explicatives ;
• Le choix de la méthode à appliquer ;
• La validation du modèle.

3.1.Le choix du critère de défaut et de la population à analyser

Pour construire un modèle de score, il convient de disposer de deux populations, la


première regroupant les emprunteurs ayant fait défaut (défaillants) et la deuxième ceux n’ayant
pas fait défaut (non défaillants). Ici, il faut choisir un critère de défaut. Sur la base de ce critère, il
faut construire l’échantillon à utiliser, celui-ci doit contenir des données historiques sur la clientèle
défaillante et non défaillante. On doit également retenir un horizon temporel pour le modèle.
« L’horizon est d’un an si l’on utilise l’information de l’année précédente N-1 pour prévoir les
défauts de l’année en cours N. Le score mesure alors la probabilité de défaut à un an ».37

3.2.Le choix des variables explicatives

Les variables choisies doivent être indépendantes pour éviter la redondance de


l’information. Il est possible d’utiliser divers types de données :

• Comptables et financières, qui permettent de construire des ratios financiers retraçant les
diverses dimensions du risque ;
• Bancaires (données du fonctionnement du compte permettant d'identifier la régularité du
comportement de paiement des emprunteurs ainsi que la situation de leurs soldes, celle de
leur épargne liquide ou financière et le poids relatif de leur endettement) ;

37
DIETSCH M et Petey J, « Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions
financières », Ed. Revue Banque Edition, Paris, 2003.
30
• Qualitatives (âge, profession, ancienneté dans cette profession, catégorie
socioprofessionnelle, localisation géographique, existence d'incident dans le passé, etc.)
utilisées notamment pour le scoring des clients particuliers.

3.3.Le choix de la technique à utiliser

Il existe plusieurs techniques d’élaboration des fonctions scores que nous expliciterons au
point 4 de cette partie.

3.4.La validation du modèle

Dans cette dernière étape, il s’agit de mesurer la capacité du modèle et prendre la décision
quant à son utilisation ou à son rejet en se basant sur l’inférence statistique. Les méthodes de
validation s’appuient alors sur des tests et des observations de certains ratios. Ces ratios sont des
indicateurs de la cohérence de la méthode.

Schéma 2 : Schéma simplifié de l'application du modèle de credit scoring

Modèle de Nouvelles
Prêts
notation de demandes de
précédents
crédit prêts

Source : Nous-même
3.5.Les différents modèles de credit scoring

Les techniques ou méthodologies utilisées dans la littérature pour mettre en place des
modèles de scoring sont assez nombreuses, à cause des systèmes de credit scoring qui sont eux-
mêmes inspirés par de multiples besoins.

3.5.1. Les techniques fondées sur les méthodes paramétriques de


classification

Les méthodes paramétriques de classification utilisent une relation fonctionnelle entre les
variables explicatives, dont la loi de distribution est supposée connue, et la variable expliquée dont

31
la forme est à déterminer à travers le modèle. Dans cette catégorie, il possible de déterminer trois
(3) grandes méthodes : la méthodologie unidimensionnelle, l’analyse discriminante (linéaire et non
linéaire) et la régression logistique.

3.5.1.1.La methodologie unidimensionnelle (Beaver 1966)38

La mise en œuvre de cette méthode a été illustrée par l’étude de Beaver en 1966, et reprise
par Cohen (1990), et est considérée comme un premier effort sur l’application de cet outil.

Elle est fondée sur l’utilisation d’un ratio unique. L’objectif est de classer les entreprises
parmi deux groupes : défaillantes et non défaillantes sur la base du ratio le plus discriminant.
L’auteur a commencé par classer les entreprises en fonction de la valeur prise par chaque ratio.
Ensuite, il a déterminé un seuil critique de telle sorte que toute entreprise présentant un ratio
inférieur à ce seuil est considérée comme défaillante et toute celle ayant un ratio supérieur est
considérée comme saine. Le seuil critique est déterminé de manière à maximiser le taux de bon
classement.

3.5.1.2.L’analyse discriminante (Altman 1968)39

Les recherches d'Altman (1968) sont la référence dans le domaine de la prévision de la


faillite. Le modèle d'Altman a été construit à l’aide de la méthode de l'analyse discriminante et
visait à déterminer l'équation algébrique qui, à l'aide de ratios financiers, discriminerait le mieux
les entreprises en faillite de celles qui sont saines. Pour construire son modèle, Altman a eu recours
à un échantillon composé de soixante-six entreprises dont la moitié était saine et l'autre en faillite.
Les variables utilisées sont les cinq ratios financiers suivants :

X1 = Capital Circulant/Total des Actifs (Liquidité)

38 Beaver, W.H., 1966. Financial ratios as predictors of failure. Journal of accounting research,
pp.71-111.
39 Altman, E.I., 1968. Financial ratios, discriminant analysis and the prediction of corporate

bankruptcy. The journal of finance, 23(4), pp.589-609.


32
X2 = Profits Retenus/Total des Actifs (Rentabilité cumulative)

X3=Profits avant frais financiers et impôts/Total des Actifs (Rentabilité)

X4=Capitalisation Boursière/Valeur Comptable des Passifs (Structure du capital)

X5 = Ventes/Total des Actifs. (Efficacité)

Z : Résultat discriminant

➔ En appliquant les principes de l’analyse discriminante, Altman arrive à la fonction


suivante :
Z =1,2×X1+1,4×X2+3,3×X3+0,6×X4+0.999×X5

Dans l'échantillon d'origine, toutes les entreprises ayant obtenu un score de 2,99 ou plus
étaient saines. Toutes celles qui avaient un score inférieur à 1,81 étaient en faillite. Il y avait donc
une zone entre 1,81 à 2,99 où le signal donné par le score était ambigu, c’est-à-dire que certaines
des entreprises dans cette zone étaient saines alors que d’autres étaient en faillite. L’utilisation
d’un seuil unique pour procéder au classement des entreprises entraînait par conséquent des erreurs
de classification. Dans cet échantillon, l’utilisation d’un seuil de 2,675 était celui qui minimisait
ces erreurs.

L'application du modèle d’Altman est simple. Lorsqu'on désire prévoir l'état futur d’une
entreprise, on calcule les ratios précédents et on applique l'équation Z. Si le résultat obtenu est
inférieur à 2,675, on prévoit la faillite. S'il est plus grand, l'entreprise est considérée saine.

D’autres modèles d’analyse discriminante ont été développés et seront présentés dans le
tableau comparatif au modèle d’Altman.

Tableau 3 : Les différents modèles d'analyse discriminante

Score de Conan Score Banque de France


« Z Score »
Holder (1979) (BDFI 1995)
de Altman (1969)
Méthode de Analyse Analyse Analyse discriminante
discriminante discriminante
prévision
(méthodes paramétriques)
utilisée

33
(méthodes (méthodes
paramétriques) paramétriques)
Principe de la Classification des Classification des Classification des variables
méthode variables dans des variables dans des dans des groupes définis à
groupes définis à groupes définis à l'avance
l'avance l'avance
Nombre de 05 Variables 05 variables 08 variables
Variables
§ X1= fonds de § R1 = Excédent § X1=Frais Financiers/ EBE
mesurée dans roulement / actif brut d'exploitation /
total Total des dettes § X2= Ressources
l'élaboration
Stables/Actif Economique
du score § X2 = bénéfices § R2 = Capitaux
non répartis / actif permanents / Total § X3= CA/Endettement
total de l'actif
§ X4= EBE/ CA HT
§ X3 = BAII / actif § R3 = Réalisable
total et disponible / § X5= Dettes Commerciales/
Total de l'actif Achats TTC
§ X4 = valeur
marché des fonds § R4 = Frais § X6= Taux de variation de la
propres / valeur financiers / CA HT Valeur Ajoutée
comptable de la
dette § R4 = Frais § X7= (Stocks + Clients -
financiers / CA HT Avances Clients) / Production
§ X5 = ventes / actif TTC
§ R5 = Frais de
total
§ X8= Investissements
personnel /valeur
Physiques/ Valeur Ajoutée
ajoutée
Types de Quantitatives Quantitatives Quantitatives
variables
Source : Recherche de Fred Ntoutoume, Crefdes, 2007

3.5.2. Les modèles de régression

Les modèles de régression sont utilisés dans le cas où la variable à expliquer est une
variable qualitative, qui prend la valeur zéro ou un, selon que l’entreprise est défaillante ou non.

34
Le modèle cherche à expliquer cette variable par une fonction de variables exogènes qui
est composée de K ratios économiques et financiers retenus pour leur qualité discriminante et leur
faible corrélation entre elles. Aujourd'hui, les modèles les plus utilisés dans la construction des
fonctions de score sont sans doute le modèle Logit et le modèle Probit.40

3.5.2.1.Le modèle de Logit (ou régression logistique binaire)

Par rapport aux autres techniques de régression, en particulier la régression linéaire, la


régression logistique se distingue essentiellement par le fait que la variable à expliquer est discrète
(catégorielle).

Nous supposons que Pi = P (Yi = 1) représente la probabilité que l'individu i réalise un


retard de remboursement.

• On définit une fonction score Y*= ß0 + ßnX+ åi avec :

Y représente le vecteur « Nombredejoursderetard »

ß0 représente le vecteur de la constante

X représente le vecteur des variables explicatives

ß représente le vecteur des coefficients à estimer

å représente le terme d'erreur qui suit une loi double exponentielle.

• si Yi*=< 0 alors Yi =0
• si Yi*> 0 alors Yi =1

ce qui se traduit par ; Pi = P(Yi = 1) = P (Yi* > 0) et P ( Yi = 0) = P (Yi*=< 0)

• Pi est compris entre 0 et 1, d'où, elle peut être assimilée à une fonction de répartition
F, elle s'écrit alors : Pi = F (ß0 +ß X)

P (Yi* =< 0) = P (ß0 + ßnXi + åi =< 0) = P (åi =< - (ß0 + ßnXi)) = F (- (ß0 + ßnXi))

Etant donné qu'il s'agit d'une loi symétrique, F(x) + F (-x) = 1, alors

40
LE BLANC D, « Les modèles univariés à résidus logistiques ou normaux (Logit, Probit) »,
INSEE, Paris 2000, P14.
35
P(Yi = 1) = F (ß0 + ßnXi) = 1 - F(- (ß0 + ßnXi))

• Puisque le terme d'erreur suit une loi double exponentielle,

f(åi) = exp (- exp (åi)) d'où P(Yi = 1) = F (ß0 + ß1Xi+...... +ßnXi)

Exp(Y ∗) Exp(ß0 + ß1Xi + ⋯ … + ßnXi)


𝑃𝑖 = =
1 + Exp(Y ∗) 1 + Exp(ß0 + ß1Xi + ⋯ … + ßnXi)

C’est cette expression de probabilité que nous utiliserons pour le cas pratique.

3.5.2.2.Le modèle Probit

Le modèle Probit permet une discrimination sur variables qualitatives. Il correspond au cas
où la fonction de répartition est celle de la loi normale N (0,1) ; leur fonction de répartition F
s’écrit :

𝒙
𝟏 −𝒕𝟐
∫ ( )𝟐 𝒅𝒕
−∞ √𝟐∆

3.6.Avantages et inconvénients du credit scoring

3.6.1. Avantages

Les avantages du credit scoring peuvent être perceptibles à plusieurs niveaux

• La réduction du biais humain

Le principal inconvénient du jugement personnel étant le biais humain d'évaluation. Que


ce soit de bonne ou de mauvaise foi, le décideur de crédit peut ne pas prendre la bonne décision,
le credit scoring vient donc pour remédier à ce biais, en privilégiant une évaluation objective.

• L'amélioration de la productivité des analyses des demandes de crédit

Les demandes à fort risque (soit trop risquées ou bien très faiblement risquées) sont
détectées rapidement, les réponses (soit acceptation soit refus) de ces types de demandes sont
automatiques ; le temps gagné sur leur étude peut être utilisé pour se concentrer davantage à

36
l'exploitation des dossiers à score moyen, ce qui se traduit par une amélioration de l'efficience des
agents de crédit.

• La réduction des impayés et du temps consacré au recouvrement

Le scoring permet de détecter les prêts très problématiques. Le rejet automatique de ce type
de prêt se traduit par moins d'arriérés de crédit à recouvrir par l'agent de crédit. Cela permet de
consacrer moins de temps et de ressources pour le recouvrement des créances.

• La délégation de la décision de crédit

Ce type d'évaluation entraîne la standardisation de la procédure d'octroi de crédit ; elle


permet de placer objectivement chaque client suivant son risque de remboursement, par rapport à
un seuil que la direction détermine ; l'objectivité de la procédure permet à la direction de déléguer
la décision d'octroi de crédit à ses agents et peut y impliquer mêmes les employés qui ne sont pas
très expérimentés.

• Possibilité d'adapter la tarification au risque encouru

Une politique de prix fondée sur le niveau de risque peut être envisagée ; ainsi les demandes
ayant un risque inférieur au seuil le plus faible peuvent être fidélisées par exemple par une
réduction de la commission de prêt, tandis que pour ceux de la classe de risque plus élevée,
l'institution peut augmenter la valeur de la commission, du taux d'intérêt, ou bien exiger une
garantie supplémentaire.

• Ajustement de la politique de l'institution en déplaçant le seuil d'acceptation

La direction de l'institution peut à tout moment changer le seuil d'acceptation de crédit pour
une raison ou une autre ; par exemple si elle veut prendre moins de risque que d'habitude parce
qu'il s'est avéré qu'elle a beaucoup d'arriérés pour l'exercice précédent, il suffit qu'elle fixe le
nouveau niveau de risque tolérable et de le communiquer aux agents de crédit.

• Le credit scoring tient compte de nombreux facteurs de risques

L'évaluation statistique par la méthode du credit scoring prend en considération une


multitude de facteurs de risques ; elle permet par une simple procédure d'exploiter beaucoup de

37
variables déterminantes du comportement de remboursement du client pour prédire et estimer son
niveau de risque de défaut de remboursement.

3.6.2. Inconvénients du credit scoring

La méthode des scores constitue un enrichissement de l’analyse traditionnelle par ratios,


qui repose sur l’utilisation isolée de certains d’entre eux. Dans la méthode des scores, le problème
du poids relatif à accorder à chaque ratio est résolu, car chaque ratio est pondéré en fonction de
son pouvoir de discriminer les « défaillantes » et les « non défaillantes » ou « saines ». Cependant
elle présente un certain nombre de limites.

• Catégories d’entreprises étudiées

Le système de credit scoring apparaît figé dans le temps, car le secteur pour lequel il a été
construit ainsi que la situation économique peuvent évoluer, de ce fait au-delà d’une certaine durée
d’utilisation, il peut perdre son pouvoir discriminant et occasionner des erreurs dans la décision
d’octroi de crédit.

• Période d’étude et taille de l’échantillon

La période d’étude doit être suffisamment longue pour permettre de saisir l’évolution du
comportement des entreprises et d’en mesurer les effets. Indépendamment de la durée, il est
possible de s’interroger sur la représentativité de ces périodes, car lors d’une telle période
l’environnement économique et l’environnement financier des firmes peuvent notablement
évoluer. Techniquement, la méthode des scores, qui repose sur le pouvoir de séparation de la
fonction discriminante, obéit à des règles statistiques assez strictes : les entreprises analysées ne
pouvant être que dans un nombre de situations très limitées (bonnes, mauvaises) ; l’échantillon
initial doit non seulement comporter un nombre total d’entreprises suffisant (représentativité du
domaine couvert), mais aussi un nombre sensiblement égal d’entreprises saines ou défaillantes.
Ainsi, l’échantillon choisi n’est pas totalement aléatoire et peut biaiser la performance de la
fonction score.

• Choix des variables et établissement de la combinaison discriminante (fonction score)

Si l’on n’y porte attention, des biais peuvent intervenir tant au stade du choix et des valeurs
prises par les ratios qu’au stade du processus statistique de sélection.

38
• Choix et valeurs des ratios : Au départ le nombre de variables doit être relativement
important (allant en général de 15 à 45 ratios) afin d’éviter une trop grande subjectivité
dans l’analyse ; par contre, la combinaison finale ne comprend qu’un nombre réduit de
ratios simples, hiérarchisés, et porteurs d’une quantité d’informations importantes.
• Indépendamment du choix de ratios, il se peut que le calcul s’avère délicat sinon impossible
pour certaines entreprises (dénominateur du ratio nul, valeur excessive ou hors de limite
interprétable). L’on est réduit à éliminer l’entreprise concernée de l’échantillon (ce qui
diminue la qualité des résultats) ou à procéder à un « bornage » c'est-à-dire à définir les
limites en deçà et au-delà desquelles le ratio est ramené à l’une des bornes ; ce principe
doit être appliqué à toutes les entreprises étudiées et utilisé chaque fois que s’applique la
méthode de score. De plus les résultats obtenus ne dégagent qu’une tendance et ne
considèrent pas les spécificités de chaque secteur.
• Processus statistique de sélection des ratios : le processus de détermination de la fonction
la plus discriminante est porteur en lui-même d’un certain nombre de biais puisqu’il
appartient à l’analyste d’opérer des choix aux différentes étapes (constitution du groupe de
ratios à utiliser, normalité de ratios, analyse du pouvoir discriminant de chaque ratio
isolément ou globalement dans la fonction discriminante, choix de la fonction la plus
discriminante, normalité ou probabilité de défaillance).
• Limites liées au mode d’utilisation

Ces limites peuvent être appréciées sous deux aspects : interne et externe.

• L’utilisation interne : Il s’agit dans ce cas de porter un jugement, de l’intérieur, sur la bonne
ou mauvaise santé financière de l’entreprise en utilisant un instrument d’analyse plus
synthétique que la traditionnelle méthode de ratios. Contrairement à l’opinion la plus
répandue, il peut s’avérer que cette utilisation n’apporte pas d’amélioration fondamentale.
Les critiques généralement apportées qui concernent la prise en compte d’éléments extra
comptables (évolution de l’environnement, stratégie, qualité de la gestion et des dirigeants)
semblent en limiter la portée. Lorsque l’analyse peut s’opérer de l’intérieur, il paraît
beaucoup plus intéressant de procéder à un véritable diagnostic de l’entreprise, fonction
par fonction, en mettant l’accent sur les éléments clés de la réussite ou de l’échec qui ne
sont pas seulement d’ordre comptable ou financier et que l’analyste peut appréhender

39
puisque les éléments d’information lui sont accessibles. Cette méthode semble mieux
adaptée pour une analyse externe.
• L’utilisation externe : si l’on assiste aujourd’hui à un fort développement de l’utilisation
des scores comme instrument de surveillance du risque client (ou de tout autre débiteur),
ce n’est pas un hasard : banques, organismes financiers, fournisseurs ne disposent en
général sur leur débiteur que d’informations limitées au strict minimum légal (bilans,
compte de résultat, …). La méthode des scores, par son aspect synthétique, représente par
rapport aux méthodes traditionnelles d’analyse par ratios, un progrès important. Cet
engouement peut même développer une sorte d’effet pervers : le but de la méthode étant
de déterminer à l’avance la probabilité de défaillance, la connaissance à priori de ce risque
peut induire de la part des tiers en relation avec l’entreprise des comportements accélérant
le processus de dégradation (fournisseur qui refuse de vendre à crédit, banquier qui limite
ses concours courants), ce qui diminue d’autant la marge de manœuvre du dirigeant.

40
DEUXIEME PARTIE

APPICATION DE LA TECHNIQUE DU CREDIT


SCORING AU CAS DE PAY CRED
La première partie que nous venons d’aborder avait pour objectif de donner des définitions
concepts clés de notre étude et d’apporter les fondements théoriques au développement de notre
thème. Dans cette seconde partie, il s’agira d’analyser le processus d’octroi du crédit de PAY
CRED, d’en relever les limites et de proposer une application de la technique du credit scoring à
la microfinance PAY CRED.

41
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE
PAY CRED ET DU SERVICE GESTION CREDIT
Ce chapitre présentera l’organisation générale de l’entreprise dans laquelle nous avons
effectué notre étude. Nous exposerons par la suite les différents services proposés par PAY CRED
à ses clients.

Section 1 : Présentation de la structure PAY CRED

L’entreprise sur laquelle porte notre étude est une microfinance nommée PAY CRED.
Nous présenterons dans cette section sa structure organisationnelle et ses services proposés.

I- Mission, vision et valeurs de PAY CRED

1. La mission PAY CRED

PAY CRED a pour mission le financement et le refinancement des opérateurs africains de


la microfinance. A travers son programme de microfinance, PAY CRED vise à :

• Favoriser la création de richesses à travers le financement des activités génératrices de


revenus ;
• Soutenir et accompagner les micro-entrepreneurs en facilitant leur passage progressif de
l’informel vers le secteur organisé de l’économie ;
• Participer à l’éducation financière et promouvoir la bonne gestion des micro-entrepreneurs
;
• Favoriser le passage de la clientèle au secteur formel et concourir à sa bancarisation ;
• Participer à la concrétisation d’actions citoyennes au profit de la clientèle.

2. La vision de PAY CRED

L’intervention de PAY CRED en matière de Microfinance s’inscrit dans une vision de


long-terme orientée vers la lutte contre la pauvreté́ , en facilitant l’accès aux services financiers

42
pour les micro-entrepreneurs et les personnes à faibles revenus afin de développer leurs activités
professionnelles et d’améliorer leurs conditions de vie.

3. Les valeurs de PAY CRED

PAY CRED partage les valeurs fondatrices qui animent ses actions en tant qu’une
institution pour la promotion de la Microfinance en Afrique, à savoir :

• La solidarité ;
• L’engagement ;
• L’intégrité ;
• L’équité.

II- Présentation de la structure organisationnelle

PAY CRED est une institution financière engagée dans l'autonomisation sociale et
économique des ménages à faible revenu grâce à la fourniture d'un accès à des services financiers
adaptés sur une base durable. Elle a relevé le défi de servir les micros, petites et moyennes
entreprises avec ses produits financiers réactifs et innovants. Les services permettent aux ménages
à faible revenu d'améliorer leur capacité de production, de construire et de consolider leur base
économique et de gérer les risques.

PAY CRED fonctionne sous forme d’une société anonyme. En tant que telle, elle présente
toutes les caractéristiques afférentes à ce type de société : l’assemblée générale, le conseil
d’administration, la direction générale et le service du contentieux.

1. L’assemblée générale

Elle est constituée de tous les membres qui possèdent des actions dans l’institution. Elle se
réunit une fois l’an pour avoir le bilan de l’organe de gestion et voter les membres du conseil
d’administration et de la direction générale. Pendant la cession, elle analyse les plans
d’investissements futurs et définit les nouveaux choix d’orientations stratégiques de l’entreprise.

43
2. Le conseil d’administration

Le conseil d’administration de PAY CRED est composé des membres élus par l’assemblée
générale pour une durée de trois ans. Ces membres sont votés parmi les actionnaires. Le président
du conseil d’administration (PCA) coordonne leurs activités. Son rôle est d’orienter les objectifs
de l’entreprise et d’effectuer un contrôle de gestion sur le travail effectué par la direction générale.

3. La direction générale

Elle est composée d’un directeur général, de son adjoint et d’un secrétaire. Elle a pour rôle
de bien exécuter les décisions stratégiques de l’entreprise en harmonie avec les objectifs du conseil
d’administration. Elle est également impliquée dans les décisions opérationnelles de l’entreprise
et la gestion de crédit. De ce fait, elle est entourée des autres services connexes :

• Le comité de crédit : Il donne son avis sur les demandes de crédit tout en respectant les
normes des ratios prudentiels, la loi et la politique du conseil d’administration en la matière.
A PAY CRED, les crédits dont le montant est supérieur ou égal à 200.000FCFA sont
statués par le comité de crédit de la direction générale.
• Le contrôle interne : Il a à sa tête un contrôleur général. Il est chargé de veiller sur la
bonne application des normes comptables telles que précisées dans le plan comptable
OHADA relatif à la microfinance pour que les comptes présentent une image fiable, sincère
et fidèle de l’institution. Il assure le contrôle et l’audit interne de l’institution.

4. Le service contentieux

C’est le service juridique de PAY CRED. Il a pour mission d’assurer toute la procédure
judiciaire (saisie du service de recouvrement, rédiger une plainte… etc.) en matière des impayés
ou tout autre problème survenu afin de permettre un recouvrement des fonds octroyés dans les
meilleurs délais.

44
Section 2 : Les services fournis par PAY CRED

L’activité de PAY CRED s’étend à trois types de service : les services de crédit, les services
d’épargne et les services de transfert d’argent. Ces services sont généralement proposés lorsque le
client se présente en agences.

I- Les services de crédit

Les crédits octroyés sont de court terme avec une échéance allant d’un mois à 2 ans.

• L’avance sur salaire : Les travailleurs dont les comptes sont domiciliés à PAY CRED
peuvent bénéficier d’une avance sur salaire allant de 30 à 50% de leur salaire mensuel qui
sera déduit à la fin du mois après règlement moyennant des commissions.
• Le crédit solidaire : Il s’agit d’un crédit accordé à un groupe de personne où chacun est
tenu solidairement du montant total de l’emprunt. Dans ce cas, deux possibilités pourraient
s’offrir aux emprunteurs : soit ils se partagent équitablement le montant emprunté, soit l’un
des emprunteurs bénéficie seul de l’emprunt puis le rembourse. Alors, un autre emprunt
est contracté au bénéfice d’un autre membre qui le rembourse à son tour. Par suite,
l’opération se répète jusqu’à ce que chaque membre du groupe ait bénéficié d’un emprunt.
• Le crédit ordinaire : C’est un crédit simple qui peut être octroyé à une personne titulaire
d’un compte d’épargne simple.
• Le découvert permanent : Ce sont des crédits réservés aux personnes qui possèdent le
compte chèque (ou compte courant). Il donne une facilité d’obtenir du cash à tout moment
afin de faire face à des dépenses ponctuelles. Il est généralement utilisé par les sociétés et
les commerçants. Cependant, le découvert permanent est soumis à la condition d’avoir un
compte régulièrement mouvementé et un solde créditeur entre 10 à 20% du montant
sollicité au moment du découvert. Ce compte supporte à la fois les frais de tenue du compte
qui sont fixés mensuellement et les agios du solde débiteur en fonction du montant.
• Le crédit projet : Il est lié à un compte épargne d’investissement. En effet pour un projet
bien précis, lorsque l’étude de faisabilité est acceptable, le porteur du projet peut demander
un crédit afférant à ce sujet à la hauteur de 70% du montant de l’investissement. Ce type
de financement pourrait être mieux adapté aux petits entrepreneurs et encouragerait plus la
créativité des demandeurs.
45
• Le crédit commercial : Il est réservé aux clients de PAY CRED qui ont une ancienneté
(un an en moyenne) et permet de financer :
➢ Les importations : le client importateur se rend à PAY CRED muni de son
connaissement qui atteste réellement que ses marchandises sont arrivées au port et
dispose de peu ou pas de moyens financiers pour les dédouaner. Dans ce cas, PAY
CRED met à sa disposition les moyens qui lui permettront de dédouaner les
marchandises. Il remboursera une fois que ces dernières seront vendues.
➢ Les marchés publics : Les prestataires de services qui concluent des marchés avec
l’Etat, viennent à PAY CRED pour obtenir le financement rapide muni d’une
preuve de passation du marché.
➢ Les entrants et les produits agricoles par le biais de prêt ou de leasing : ici
l’institution travaille avec les coopératives ou des particuliers. Ces agriculteurs font
l’état de leurs besoins qu’ils adressent à PAY CRED. Elle paie et conclut par la
suite les contrats avec les emprunteurs et les fournisseurs qui se chargeront de livrer
ces entrants. Selon les types d’entrants, les agriculteurs devront rembourser PAY
CRED après une ou plusieurs récoltes. Le contrat de leasing prévoit aussi l’option
d’achat.

II- Les services d’épargne

• Le compte d’épargne simple : Cette formule permet aux clients d’épargner et de faire
fructifier leurs économies. Il a de l’avantage dans la mesure où cette épargne est disponible
à tout moment et pourra aussi servir à constituer un capital pour monter un mini projet.
C’est aussi l’une des conditions pour demander le crédit dans l’institution.
• Le compte d’épargne d’investissement : Ce compte est très flexible et permet
d’économiser pour un projet bien précis. Pour cette formule en particulier, l’institution
demande de fournir le business plan du projet. Quand ce dernier s’avère convaincant après
l’étude de faisabilité, l’institution demande au client de constituer 30% du montant du
projet dans son compte et elle finance le reste de 70%.

46
• Le compte d’épargne scolaire : Il permet aux parents d’élèves d’épargner pour assurer la
rentrée scolaire prochaine de leurs enfants et surtout de bénéficier du crédit scolaire le
moment venu.
• Compte salaire : Ce compte permet de faire le virement de salaire des employés. Grâce à
cette formule les détenteurs de ce type de compte peuvent bénéficier des avances sur
salaires à des taux d’intérêts préférentiels.

III- Les services de transfert d’argent

Il s’agit des transferts à l’international, grâce au partenariat noué avec Western Union, PAY
CRED reçoit et envoie de l’argent partout dans le monde. Elle effectue également des transferts
nationaux dans toutes les villes où ses agences sont implantées.

47
CHAPITRE 4 : ANALYSE DU PROCESSUS D’OCTROI
DU CREDIT ET CONCEPTION D’UN MODELE DE
CREDIT SCORING : CAS DE PAY CRED

Dans cette partie, nous essayerons d’analyser le processus d’octroi du crédit de PAY CRED
puis de proposer la méthode du credit scoring afin de contribuer à l’amélioration de la gestion du
risque de crédit dans cette IMF.

Section 1 : Présentation et méthodologie de l’analyse du processus d’octroi du


crédit de PAY CRED

Dans cette section nous présenterons le processus d’octroi du crédit de PAY CRED avant
de l’analyser et d’en faire ressortir les insuffisances.

I- Présentation du processus d’octroi du crédit

Il convient de présenter la démarche d’octroi du crédit que nous proposons d’améliorer


grâce à la méthode du credit scoring. Par ailleurs, une grille d’analyse du processus d’octroi de
microcrédit est proposée par Boye & Pousart (2009) et Hutin (2004)41.

Le processus mis en place par PAY CRED se déroule en trois phases chronologiques :
avant l’octroi du crédit (phase pré-crédit), pendant l’octroi du crédit (phase crédit) et après l’octroi
du crédit (phase post-crédit).

1. La phase pré-crédit

Avant l’obtention du crédit, le client se rend dans les locaux de PAY CRED pour s’enquérir
des différentes informations sur le crédit. Par la suite, il pourra préparer son dossier de demande
de crédit qu’il soumettra à l’institution. Ledit dossier doit nécessairement comprendre : une lettre

41
Boyé, S., Hajdenberg, J., & Poursat, C. (2009). Le guide de la microfinance: microcrédit et
épargne pour le développement. Editions Eyrolles.
Hutin, H. (2004). Toute la finance. Ed. d'Organisation
48
de motivation précisant l’objet du crédit, le montant demandé, la photocopie de la carte d’identité
du demandeur, etc. (Voir annexe 1). Lorsque le dossier du client est conforme, c’est-à-dire que
toutes les informations demandées sont fournies et authentiques, le responsable du crédit procède
à l’analyse du dossier. Il se focalise non seulement sur les documents fournis mais aussi sur la
personnalité, la moralité et l’activité du demandeur.

La décision d’octroi de crédit sera prise après une analyse financière approfondie des
dossiers (calcul du fonds de roulement, étude des ratios, analyse de cash-flows futurs) quand il
s’agit d’une entreprise qui tient régulièrement une comptabilité. Dans le cas où il s’agit d’un
nouveau projet, les analyses portent sur la rentabilité du projet et les méthodes d’analyse financière
telles que la VAN, TRI pourraient être utilisées. Pour le cas d’une personne individuelle, l’analyse
est portée sur ses ventes, comment elle gère ses clients et la relation avec son environnement. C’est
cette dernière situation que nous nous proposons d’améliorer à travers ce mémoire. En effet,
lorsqu’il s’agit de personnes individuelles, PAY CRED ne dispose pas de suffisamment d’outils
pour la décision d’octroi de crédit.

Tableau 4 : Récapitulatif des analyses de dossiers de crédit

Demandeur de credit Analyse effectuée


Personne morale Calcul du fonds de roulement, étude des
ratios, analyse de cash-flows futurs
Personne physique Ventes, gestion des clients, personnalité et
moralité du demandeur
Nouveau projet VAN, TRI
Source: Nous-même

2. La phase crédit

Lorsque la phase de crédit est validée, l’institution s’attèle à mettre en place un système de
garanties afin de couvrir le risque de non remboursement. Ces garanties varient selon le montant
du crédit. Elles peuvent être soient les titres de propriétés financières et matérielles (Honlonkou et

49
al., 2006)42 soit un stock de marchandises, soient l’épargne préalable et la caution solidaire
(Wamba, 2008)43. Pour un certain montant, il est parfois demandé à l’emprunteur de souscrire à
une police d’assurance qui pourra assurer ses engagements en cas d’incapacité ou de décès.
Finalement, les deux parties s’entendent sur la périodicité des remboursements et le taux d’intérêt
applicable.

3. La phase post-crédit

Au cours de cette phase, deux activités sont principalement mises en œuvre : Le suivi sur
le terrain et le recouvrement des créances.

Le suivi sur le terrain consiste à accompagner l’emprunteur en lui fournissant une


assistance et des conseils pour l’évolution de son projet. Ce conseil, s’il est accordé, est totalement
gratuit et porte sur les décisions financières et stratégiques.

La phase de recouvrement des créances pose le problème des impayés. Si le client ne


respecte pas l’échéance convenue, plusieurs relances sont effectuées à partir du 3e (troisième) jour
de retard. Après 5 (cinq) à 8 (huit) semaines de relances du client, celui-ci est prévenu d’un
éventuel engagement d’une procédure judiciaire. Après 8 (huit) semaines, le service contentieux
est saisi.

II- Méthodologie de l’analyse du processus d’octroi du crédit de PAY CRED

Afin d’analyser le processus d’octroi du crédit dans la microfinance PAY CRED, nous
avons collecté des données en utilisant différentes techniques. Il s’établit en deux phases : la
méthode de collecte de données et l’instrument de collecte des données ;

42
Honlonkou, A., Acclassato, D. et Quenum, C. (2006). Déterminants de la performance de
remboursement dans les institutions de microfinance au Bénin. Annals of Public and
Cooperative Economics, 77(1), 53–81.
43
Wamba, H. (2008). Mécanisme de prêt de groupe et incitation au remboursement : cas des
IMF camerounaises. Gestion 2000, septembre -octobre, 99-121.
50
1. La collecte des données de PAY CRED

1.1.La méthode de collecte des données

Pour réaliser la collecte de nos données, nous avons procédé à la lecture des documents,
l'observation du déroulement quotidien des opérations liées à l'activité de crédit, et les entretiens
individuels.

- La lecture des documents : nous avons obtenu de la direction, le manuel de procédures


relatif à la gestion des crédits, les rapports d’audit interne, les rapports d’activité, les
ouvrages relatifs à la gestion des crédits, à l’audit des crédits dans une institution de
microfinance et surtout l’état des engagements des crédits accordés (liste nominative des
emprunteurs fournie par le système de gestion de crédit), qui est l’élément fondamental de
notre étude.

- L’observation : L'observation nous a permis de comprendre la gestion courante de


l'activité de crédit au sein de l'institution, et de pouvoir identifier les dysfonctionnements
et anomalies qui y sont liés. Nous avons pris une part active aux différentes phases du
processus d'octroi de crédit, du montage des dossiers de prêts jusqu'au déclenchement des
procédures de recouvrement (passage dans chaque service ou unité intervenant dans la
chaine du processus de gestion des crédits).
- Les entretiens : sur la base du questionnaire joint en annexe, nous avons pu avoir des
informations relatives au fonctionnement de l’activité de PAY CRED afin d’en savoir plus
sur les modalités d’étude des dossiers de crédit, les éléments de motivation des avis qu’ils
émettent à la suite de leur analyse.

1.2.L’instrument de collecte de données

Afin de collecter les données, nous avons utilisés le logiciel SPSS 23 (Version anglaise).
SPSS est un logiciel spécialement conçu par IBM pour les analyses statistiques en sciences
sociales. Il signifie Statistical Package for Social Sciences. Il comprend les modules suivants :

- Système de base ;
- Modèles de régression (regression models) ;

51
- Modèles avancés (advanced models) ;
- Tableaux (tables) ;
- Tests exacts (exact tests) ;
- Catégories (categories) ;
- Tendances (trends) ;
- Autres modules spécialisés.

Nous présenterons en annexe une image de l’interface du logiciel SPPS 23.

2. L’analyse des données collectées

2.1.L’utilisation de la statistique descriptive à l’aide du logiciel SPSS 23

L’échantillon d’analyse est composé de 4211 personnes ayant obtenu des prêts de
l’institution PAY CRED au cours des années 2017, 2018 et 2019. L’utilisation de la statistique
descriptive a permis de mettre en lumière un taux de défaillance général de 74,6% des
emprunteurs. Cela signifie que 74,6% des clients de PAY CRED ne remboursent pas leurs crédits
dans un délai de 60 jours. Ainsi, nous relevons les difficultés que rencontre cette microfinance
pour maîtriser le risque de crédit auquel elle est soumise.

2.2.Résultat des entretiens

De l’analyse des entretiens réalisés pendant l’étude, il ressort que certaines causes des
impayés relèvent de :

- Un taux de rotation du personnel élevé : il est indéniable que dans un souci de


professionnalisme et de recherche de la pérennité, le recrutement du personnel qualifié et
l’ambiance de travail attrayante soient primordiaux dans une IMF. Or le taux de
renouvellement élevé dans cette institution est non seulement une preuve de mauvaise
gestion, mais aussi entraine des surcoûts. Le nouveau personnel recruté pourrait manquer
d’expérience ce qui, par ailleurs, aura un impact sur les activités de crédit.
- Une partie de la cible non adaptée à l’octroi de crédit : une partie de la clientèle est
constituée des commerçants ambulants et des commerçants qui disposent des comptoirs
dans des milieux non appropriés. Ils présentent cependant des hauts risques ; car ils sont

52
toujours en mouvement et parfois victimes des déguerpissements. De surcroit un des
responsables déclare également que les moyens de transport et de communication sont
parfois insuffisants. L’absence ou le non fonctionnement de la centrale des risques vient
également renforcer l’impossibilité à prévoir le risque qui pèse sur cette catégorie de
clients.
- Les failles dans la phase de l’étude et de sélection du dossier : l’institution recrute ses
clients en majorité dans le secteur informel, ce qui justifie l’incapacité de ce secteur à
produire des documents comptables et financiers lors de l’étude d’un dossier de crédit. Les
responsables chargés de l’analyse du dossier de crédit seraient obligés d’avoir recours à
une analyse en se basant uniquement sur des informations non financières qui présentent
parfois de nombreux biais de par la technique de collecte. En effet, contrairement à une
entreprise emprunteuse qui est parfaitement renseignée sur les capacités du projet objet de
financement à générer des revenus, le prêteur fonde son appréciation sur la seule base des
documents, souvent volontairement incomplets, fournis par l’emprunteur.
- La faille dans le système de suivi des clients sur le terrain : les IMF dans le contexte
ivoirien s’insèrent dans un environnement où la bonne information s’avère capitale dans le
déroulement de leurs activités. De ce fait, la technique de porte à porte reste la meilleure
manière de collecter les informations et de mieux suivre les débiteurs. Elle engendre un
certain coût, mais permet d’être plus proche de la clientèle. Si le budget du suivi de la
clientèle est parfois insuffisant comme a déclaré un responsable, ce ne sera que déplorable.
Le trait essentiel du microcrédit est la méthodologie de proximité avec les gens. Cette
dernière doit être comprise à deux niveaux : proximité culturelle et proximité
géographique. Il faut travailler dans les quartiers et villages où sont situés les bénéficiaires,
ce qui n’est pas souvent le cas des banques commerciales et constitue en tant que tel un
frein. La proximité culturelle consiste à s’assurer que l’on parle bien le même langage que
les personnes auxquelles on veut accorder le crédit. Pour cela, il faut des procédures, des
formulaires, des manières de travail les plus simples possibles, comprises par le client et
qui lui permettent de se sentir en confiance vis-à-vis de son intermédiaire.

53
Section 2 : Processus d’élaboration du modèle de credit scoring et application
à PAY CRED

Après avoir étudié le fonctionnement de PAY CRED, le présent mémoire essaye de


proposer un projet de credit scoring à mettre en place, pour une meilleure gestion des risques de
crédit de cette institution. L'objectif principal de cette recherche consiste à développer un modèle
statistique qui puisse prédire le comportement de remboursement d'un client demandeur de
microcrédit afin de faire la distinction entre bons et mauvais emprunteurs.

Pour ce faire, à partir d'un ensemble de variables collectées sur un important échantillon
des clients de PAY CRED, nous allons essayer de distinguer à l'aide des tests statistiques les
variables les plus significatives qui influent sur le comportement de remboursement des clients.
Une fois l’ordre de significativité des variables déterminé, on effectue une régression logistique
pour estimer les paramètres du modèle associés à ces variables. Le modèle sera ensuite testé pour
décider de sa pertinence et de sa prédiction. L'étude sera réalisée en utilisant le logiciel statistique
SPSS 23 (Version anglaise).

I- Présentation de la base de données et définition des variables

L’échantillon d’analyse est composé de 4211 personnes ayant obtenu des prêts de
l’institution PAY CRED au cours des années 2017, 2018 et 2019. Ces informations nous ont été
données afin de pouvoir établir les liens entre les différentes caractéristiques de l'emprunteur et
son comportement de remboursement à l'échéance.

1. Les caractéristiques de l’échantillon

Il s’agit de 4211 personnes sur lesquelles 19 informations ont été collectées. Ce sont:

- Le numéro de compte ;
- Le nom et les prénoms ;
- Le genre ;
- L’âge ;
- La situation matrimoniale ;

54
- Le nombre de crédits mis en place ;
- Le statut du sociétaire ;
- La catégorie socioprofessionnelle ;
- Le secteur d’activité ;
- L’objet de financement ;
- L’élément financé ;
- La date de déblocage ;
- Le montant débloqué ;
- L’épargne nantie (EPN) qui est la garantie fournie lors du contrat ;
- Les Encours ;
- La durée du crédit (mois) ;
- Le nombre de jours de retard ;
- La provision constituée ;
- Le code de l’agent de crédit.

2. Traitement des données

2.1.Détermination de la variable dépendante

La variable dépendante est la variable que nous cherchons à expliquer à travers le modèle
que nous mettrons en œuvre. Il s’agit ici du retard de remboursement. A ce stade, il est nécessaire
de définir avec précision ce que nous considèrerons comme personne « saine » et personne
« défaillante ». Selon PAY CRED,

• Une personne est considérée comme « défaillante » lorsque son crédit n’a pas été
remboursé 2 mois (nous considèrerons 60 jours) après l’échéance.
• Une personne est considérée comme « saine » lorsque son crédit a été remboursé au moins
2 mois (nous considèrerons 60 jours) avant l’échéance.

La variable à expliquer sera donc le nombre de jours de retard intitulé dans notre base de
données par la variable binaire « Nombredejoursderetard », elle vaut 1 si l’emprunteur est sain et

55
0 si celui-ci est défaillant. Ainsi toutes les valeurs supérieures ou égales à 60 jours de retard seront
remplacées par 0 et celles inférieures à 60 jours de retard seront remplacées par 1.

2.2.Détermination des variables explicatives (indépendantes)

2.2.1. Exclusion des variables non pertinentes

Afin de déterminer l’ordre de significativité des variables explicatives, nous prendrons


d’abord le soin d’éliminer les variables qui ne sont pas pertinentes au regard de l’étude.

- Le numéro de compte : qui est un numéro attribué de façon aléatoire à l’emprunteur ;


- Le nom et les prénoms des emprunteurs : ces éléments sont aléatoires d’un emprunteur
à un autre ;
- La date de déblocage : qui n’est pas pertinente puisque le nombre de jours de retard de
paiement est déjà connu ;
- La provision constituée : qui relève de la pratique comptable de PAY CRED et est une
conséquence du retard de crédit ;
- Le code de l’agent de crédit : qui est distribué de façon aléatoire et n’a pas d’intérêt
pour l’objet de notre étude.

2.2.2. Introduction des variables explicatives pertinentes

Le principe du credit scoring est de déterminer la probabilité de défaillance d’un


emprunteur (variable dépendantes) par des variables explicatives (variables indépendantes) qui
influent plus ou moins sur cette probabilité de défaillance. Ainsi, nous avons listé les variables
explicatives ainsi que les retraitements qui ont été effectués pour faciliter leur exploitation.

Tableau 5 : Tableau de retraitement des variables

Variables Signification de la variable Type de Valeurs de la variable


variable
Genre Il s’agit du sexe de Qualitative 0 = Homme
l’emprunteur binaire 1 = Femme

56
Age Il s’agit de l’âge du client Quantitative 0 = 21 à 25
continue 1 = 26 à 30
2 = 31 à 35
3 = 36 à 40
4 = 41 à 45
5 = 46 à 50
6 = 51 à 55
7 = 56 à 60
8 = 61 à 65
9 = 66 à 70
10 = plus de 70
Situationmatrimoniale La situation matrimoniale de Qualitative 0 = Célibataire sans enfant
l’emprunteur est ici discrète 1 = Célibataire avec enfant
présentée 2 = Concubinage sans enfant
3 = Concubinage avec enfant
4 = Divorcé(e) sans enfant
5 = Divorcé(e) avec enfant
6 = Marié(e) sans enfant
7 = Marié(e) avec enfant
8 = Veuf/Veuve avec enfant

Nombredecréditmisen Elle indique le total des Quantitative Min = 1


place crédits obtenus par discrète Max = 52
l’emprunteur
StatutduSociétaire Cette variable est liée à la Qualitative 0 = Non domicilié
domiciliation du client binaire 1 = Domicilié

CatégorieSocioprofess Il s’agit de la catégorie Qualitative 0 = Agriculteur


ionnelle socioprofessionnelle du discrète 1 = Artisan
client 2 = Commerçant
3 = Éleveur

57
4 = Fonctionnaire
5 = Retraité CGRAE
6 = Retraité CNPS
7 = Salarié du privé
8 = Transporteur

Secteurdactivité Cette variable indique le Qualitative 0 = Secteur primaire


secteur d’activité de discrète 1 = Assurance
l’emprunteur 2 = Autres
3 = Commerces, hôtels et
restaurants
4 = Electricité, gaz et eau
5 = Immobilier
6 = Industrie manufacturière
7 = Services divers
8 = Transport, entrepôt et
communication

Objetdefinancement Cette variable désigne la Qualitative 0 = Autres crédits


nature du crédit octroyé discrète 1 = Crédits à la
consommation
2 = Crédits de trésorerie
3 = Crédits d'équipement
4 = Crédits immobiliers

Elémentfinancé Il s’agit de l’élément pour Qualitative 0 = Achat de fonds de


lequel le crédit a été discrète commerce
dépensé ou investi 1 = Achat d’outils de
production

58
2 = Achat de matériel de
transport
3 = Achat de stock de
marchandises
4 = Achat de terrain
5 = ACHAT D'ENGRAIS
6 = Aménagement
7 = Apport personnel
8 = Besoin en fonds de
roulement
9 = Campagne agricole
10 = Construction /
aménagement bâtiment
commercial
11 = Construction /
Aménagement de maison
12 = Création ou achat de
plantation ou ferme
13 = Equipement domestique
14 = Frais de funérailles
15 = Mariage
16 = Prêt scolaire
17 = Restauration et produits
alimentaires
18 = Soins médicaux
19 = Vente de cosmétique et
produits d'entretien
20 = Vente de produits
vestimentaires et accessoires
21 = Vente de vivriers

59
Montantdébloqué C’est le montant du crédit Quantitative Min = 20 000 FCFA
obtenu par le client Max = 17 000 000 FCFA
EPN C’est l’épargne nantie qui Quantitative 0 = 0 - 50 000
correspond à la garantie 1 = 50 001 - 100 000
fournie par l’emprunteur en 2 = 100 001 – 200 000
cas de non remboursement 3 = 200 001 – 300 000
4 = 300 001 – 500 000
5 = 500 001 – 700 000
6 = 700 001 – 1 000 000
7 = 1 000 001 – 1 500 000
8 = 1 500 001 – 2 000 000
9 = 2 000 001 – 5 000 000
10 = + 5 000 001

Encours Il s’agit du montant du Quantitative 0 = 0


crédit restant à rembourser à 1 = 1 – 25 000
la date du 31/12/19 2 = 25 001 – 50 000
3 = 50 001 – 100 000
4 = 100 001 – 200 000
5 = 200 001 – 500 000
6 = 500 001 – 700 000
7 = 700 001 – 1 000 000
8 = 1 000 001 – 1 500 000
9 = 1 500 001 – 2 000 000
10 = +2 000 001
Duréeducréditmois C’est la durée sur laquelle Quantitative Min = 0 mois
s’étend le crédit (en mois) Max = 31 mois
Source: Nous-même

60
II- Application de la régression logistique binaire

Rappelons ici le modèle que nous utiliserons pour notre fonction score. Il s’agit du modèle
de Logit que nous avons présenté dans la partie I, chapitre 2, Section 2.

La fonction score s’écrit Y*= ß0 + ßnX+ åi avec :

Y représente le vecteur Nombredejoursderetard

ß0 représente le vecteur de la constante

X représente le vecteur des variables explicatives

ß représente le vecteur des coefficients à estimer

å représente le terme d'erreur qui suit une loi double exponentielle.

Les coefficients ßn seront à déterminer et la probabilité de défaut s’écrira :

Exp(Y ∗) Exp(ß0 + ß1Xi+. . . . . . +ßnXi)


𝑃𝑖 = =
1 + Exp(Y ∗) 1 + Exp(ß0 + ß1Xi+. . . . . . +ßnXi)

Avant d’appliquer de façon plus concrète la méthode de la régression logistique, nous


ferons une analyse croisée des relations entre la variable dépendante et les variables explicatives
de l’échantillon.

1. Analyse croisée variable dépendante et variables explicatives

Les caractéristiques de l’échantillon figurent dans l’annexe sous forme de tableau


récapitulant des statistiques descriptives et des tableaux croisés entre les différentes variables et le
nombre de jours de retard.

• Le nombre de jours de retard et le genre

Avec un taux de féminisation de l’échantillon de 59,9%, les femmes représentent un taux


de défaillance très élevé de 83,5% tandis que le genre masculin a un taux de défaillance de 61,4%.

61
• Le nombre de jours de retard et l’âge

L’âge moyen de notre échantillon est de 47,7 ans, le plus petit emprunteur est âgé de 21
ans et le plus âgé de 92 ans. Nous observons que les personnes appartenant à la classe des [21-
25ans] ont le taux de défaillance le plus élevé, 92%. Par contre, les meilleurs emprunteurs ont un
taux de retard de paiement de 46,2% et ont entre 66 et 70 ans. Il faut par ailleurs signifier que le
taux de défaillance est relativement élevé pour l’ensemble des classes choisies.

• Le nombre de jours de retard et la situation matrimoniale

En observant les résultats du tableau croisé, nous constatons clairement une nette différence
entre le taux de défaillance des personnes célibataires ou en concubinage et celui des personnes
mariées, divorcées ou veuves. En effet, le taux de défaillance est très élevé pour les personnes
célibataires sans enfant (96,7%) et en concubinage sans enfant (98,9%) alors que celui des
personnes mariées ou divorcées ou veuves est de 6,4% au maximum, atteignant même 0% pour
les mariés ou divorcés avec enfant.

• Le nombre de jours de retard et le nombre de crédit mis en place

Dans cet échantillon, 79,2% des personnes ont reçu un seul crédit de PAY CRED. On
constate que le taux défaillance diminue en fonction du nombre de crédit octroyé. Ainsi, il est de
88,9% pour les personnes n’ayant reçu qu’un crédit, ce taux diminue à 46,7% au 2e crédit octroyé
et passe en dessous des 4% à partir du 4e crédit. Globalement, le taux d’emprunteur sain à partir
du 4e crédit est d’au moins 85%.

• Le nombre de jours de retard et le statut du sociétaire

Notre échantillon présente 81,1% de personnes non domiciliées et 18,9% de personnes


ayant leurs propres domiciles. Nous observons nettement une différence entre les personnes
domiciliées et celles qui ne le sont pas dans la mesure où seulement 18,1% des emprunteurs
domiciliés sont défaillants tandis que 87,8% des emprunteurs non domiciliés sont défaillants.

• Le nombre de jours de retard et la catégorie socioprofessionnelle

Les clients de PAY CRED sont majoritairement des agriculteurs (43,9%) et des
commerçants (41,2%). Il est possible de remarquer que certaines catégories professionnelles ont

62
plus de difficultés à rembourser leur crédit dans les délais. Ainsi, les agriculteurs, les éleveurs et
les commerçants présentent des taux de défaillance respectivement de 93,3%, 90% et 79,3%. En
revanche, les fonctionnaires et les retraités présentent des taux de défaillance de moins de 1%.

• Le nombre de jours de retard et le secteur d’activité du demandeur

Comme la catégorie socioprofessionnelle, le secteur d’activité est dominé par le secteur


primaire (50%) de l’échantillon suivi par le secteur « Commerce, hôtels et restaurants » avec
30,6%. En ce qui concerne la défaillance, ce sont aussi ces deux secteurs qui ont les pourcentages
les plus significatifs avec 88,5% pour le secteur primaire et 87,3% pour le secteur « Commerce,
hôtels et restaurants ». Les secteurs de l’immobilier, des services divers et de l’électricité
enregistrent les taux les plus faibles qui sont respectivement de 9,3%, 5,7% et 0%.

• Le nombre de jours de retard et l’objet de financement

Les crédits les plus octroyés par PAY CRED sont les crédits de trésorerie (62,4%), les
autres crédits (19%) et les crédits à la consommation (14,3%). Nous constatons que les crédits de
trésorerie et les autres crédits sont très mal remboursés avec des pourcentages respectifs de 84,5%
et 99%. Les autres crédits sont remboursés dans les délais avec des taux de 19,6% pour les crédits
à la consommation, 7,1% pour les crédits d’équipement et 7,8% pour les crédits immobiliers.

• Le nombre de jours de retard et l’élément financé

L’observation de l’analyse croisée entre le nombre de jours de retard et l’élément financé


par le crédit indique que le pourcentage de remboursement est très élevé pour plusieurs types
d’élément. C’est notamment le cas pour les ventes de produits cosmétiques et produits d’entretien,
de produits vestimentaires et accessoires et pour les ventes de produits vivriers qui ne sont jamais
remboursés dans le temps (100%). Les crédits les mieux remboursés sont ceux qui financent les
achats de fonds de commerce, les frais de funérailles et les mariages avec un pourcentage commun
de 0%.

• Le nombre de jours de retard et le montant débloqué

L’analyse croisée de ces deux variables indique généralement un meilleur remboursement


des crédits lorsque ceux-ci sont élevés. Cependant, le grand nombre de modalités rend difficile
une analyse plus pertinente du taux de remboursement.

63
• Le nombre de jours de retard et l’épargne nantie

L’épargne nantie désigne la garantie apportée par l’emprunteur. L’observation des résultats
indique que toutes les personnes ayant fournie une garantie remboursent toujours leurs crédits dans
les délais quel que soit le montant et que les personnes en retard de paiement sont celles qui ne
fournissent pas d’épargne nantie.

• Le nombre de jours de retard et l’encours de crédit

Nous observons que le taux de défaillance est très haut pour les petits montants d’encours.
Il varie entre 87,7% et 71,1% pour des montants d’encours entre 0 et 300 000 FCFA. Ce
pourcentage diminue à mesure que l’encours de crédit augmente allant jusqu’à 0% pour les encours
compris entre 1 000 001-1 500 000 et les montants supérieurs à 5 000 000 FCFA.

• Le nombre de jours de retard et durée du crédit

L’observation de la durée du crédit montre que les crédits à moins d’un an sont les plus
octroyés avec 3969 crédits sur 4211. L’analyse montre aussi que ces crédits enregistrent les
pourcentages de mauvais remboursement les plus importants. Ce pourcentage devient beaucoup
plus faible lorsque les crédits sont de plus longue durée.

2. Application de la régression logistique

Pour construire notre modèle et estimer les variables explicatives, nous avons recouru au
logiciel SPSS, la régression logistique binaire réalisée par ce type de logiciel repose sur un principe
d'itérations ; à la première étape (step 1) , il choisit la variable la plus significative, ensuite lors de
la deuxième itération, il choisit la seconde variable la plus significative pour prévoir le retard, et
ainsi de suite jusqu'à ce que les tests statistiques qu'il effectue ne soient plus significatifs pour les
autres variables.

64
2.1.Les résultats de la régression logistique

Figure 1 : Variables dans l'équation

65
Source : Logiciel SPSS 23
Figure 2 : Variables non prises dans l'équation

Source : Logiciel SPSS 23

Les variables qui ne sont pas significatives et qui n'exercent pas d'impact sur le
comportement de remboursement sont donc les variables que le logiciel nomme « Variables not in
the Equation ». Ce sont : le secteur d’activité, le montant débloqué et la durée du crédit.

Les variables significatives sont nommées « Variables in the Equation » et sont au nombre
de 10. Ces variables influencent la probabilité de remboursement des crédits octroyés. Pour ce type
d’analyse, les coefficients de régression (colonne B) ne sont pas directement interprétables. Ce
sont plutôt les coefficients Exp(B) ou rapport de cotes qui sont interprétés. En effet, si :
66
- Exp(B) = 1, l’événement est indépendant du facteur considéré ;
- Exp(B) < 1, l’événement est plus fréquent chez les individus qui présentent ce facteur ;
- Exp(B) > 1, l’événement est plus fréquent chez les individus qui n’ont pas ce facteur.

Ainsi, les variables Genre, Situationmatrimoniale, Nombredecréditmisenplace,


StatutduSociétaire, CatégorieSocioprofessionnelle, Objetdefinancement, EPN, Encours diminuent
généralement la probabilité de défaut tandis que les variables Age et Elémentfinancé augmentent
généralement la probabilité de défaut.

Nous retenons ici les résultats de la dernière étape pour la construction de la fonction score.
Ainsi, nous avons le tableau récapitulatif suivant :

Figure 3 : Variables dans l'équation à la 10ème étape

Source : Logiciel SPSS 23


Notre fonction score s’écrit alors :

Y*= -4,434 + 1,465 * Genre – 0,233 * Age + 0,223 * Situationmatrimoniale + 0,303 *


Nombredecréditmisenplace + 4,256 * StatutduSociétaire + 0,861 *
CatégorieSocioprofessionnelle + 0,878 * Objetdefinancement – 0,365 * Elémentfinancé +
5,497 * EPN + 0,376 * Encours

𝐄𝐱𝐩(𝐘∗)
La probabilité de réaliser un retard s’écrit : 𝑷𝒊 = 𝟏 −
𝟏+𝐄𝐱𝐩(𝐘∗)

67
Par exemple, Mme X est une femme(1) de 40 ans(4), mère d’un enfant(3) et vivant en
concubinage. Elle cultive la terre pour ses cultures vivrières(0) et n’est pas propriétaire de son
domicile(0). Mme X a sollicité son premier(1) crédit de trésorerie(2) pour financer un achat
d’engrais(5). N’ayant pas fourni de garantie(0), l’encours de crédit est de 100 000 FCFA(3) à la
date du 31/12/19. La fonction score matérialisant cette situation est la suivante :

Y*= -4,434 + 1,465*1 – 0,233*4 + 0,223*3 + 0,303*1 + 4,256*0 + 0,861*0 + 0,878*2 –


0,365*5 + 5,497*0 + 0,376*3
Y*=-7,71

𝐄𝐱𝐩(−𝟕,𝟕𝟏)
d’où, 𝑷𝒊 = 𝟏 − = 0,8665
𝟏+𝐄𝐱𝐩(−𝟕,𝟕𝟏)

La probabilité que cet homme soit en retard de paiement 2 mois après l’échéance de son
crédit est de 0,1335 soit 86,65%. Ce crédit doit être octroyé avec une grande précaution et un suivi
très rigoureux car le risque de défaillance de ce client est élevé.

2.2.La significativité du modèle et son pouvoir prédictif

Pour juger de la significativité de notre modèle, nous analyserons différents coefficients et


leur évolution à chaque itération du processus.

2.2.1. Le « Omnibus Tests of Model Coefficients »

Les tests omnibus des coefficients du modèle sont utilisés pour vérifier que le nouveau
modèle (avec les variables explicatives incluses) est une amélioration par rapport au modèle de
référence. Il utilise des tests du chi carré pour voir s'il existe une différence significative entre les
log-vraisemblances (en particulier les -2LL44) du modèle de base et du nouveau modèle. Si le
nouveau modèle a un -2LL significativement réduit par rapport à la ligne de base, cela suggère que
le nouveau modèle explique davantage la variance du résultat et constitue une amélioration.

44 -2log likelihood ou -2log(vraisemblance),


68
Pour mieux comprendre le tableau, il existe trois versions différentes ; Étape, bloc et
modèle. La ligne Modèle compare toujours le nouveau modèle à la ligne de base. Les lignes Step
et Block ne sont importantes que si vous ajoutez les variables explicatives au modèle de manière
pas à pas ou hiérarchique, ce qui est notre cas. Puisque nous construisions le modèle par étapes,
ces lignes comparent les -2LL du modèle le plus récent à la version précédente pour déterminer si
chaque nouvel ensemble de variables explicatives entraînait des améliorations. Dans ce cas, nous
avons ajouté les variables explicatives et avons obtenu 10 étapes. Le Sig. présente des valeurs p
<0,001, ce qui indique que la précision du modèle s'améliore lorsque nous ajoutons nos variables
explicatives.

Figure 4 : Test de chi-deux

69
Source : Le logiciel SPSS

Pour notre modèle à 10 variables, nous constatons que le khi-deux augmente à chaque étape
et atteint son maximum à la dernière étape. En effet, le Chi-square « model » commence à
1779,350 à la première étape jusqu’à atteindre sa valeur maximale à 3483,708.

Figure 5 : Coefficient -2log de vraisemblance

Source : Le logiciel SPSS

De plus, la valeur du -2log(vraisemblance), ici appelé « -2log likelihood », diminue avec


l’introduction de chaque variable et atteint son minimum à la dernière étape. Cela signifie qu’à

70
mesure que l’on introduit une variable, le modèle devient de plus en plus pertinent pour prédire la
probabilité de défaut. Concernant les ratios « Cox & Snell R-square » et « Nagelkerke R-square »,
ils s’interprètent de façon contraire au log de vraisemblance. Ainsi, ces ratios augmentent à chaque
étape pour atteindre leur valeur maximale à la dernière étape.

2.2.2. Le test de significativité globale

Le logiciel SPSS nous fournit directement la significativité globale du modèle. Les résultats
fournis par le logiciel sont les suivants :

Figure 6 : Test de significativité globale

Source : Le logiciel SPSS

La significativité globale du modèle peut être observée dans la colonne


« percentage correct ». Avec un seuil de 5% d’erreur défini, ce modèle prédit à 98,9% la
défaillance d’un emprunteur et à 84,5% un remboursement trois mois avant l’échéance, pour un
pourcentage global de 95,2%. On peut donc conclure que notre modèle bénéficie d’un pouvoir
prédictif satisfaisant.

71
III- Impacts de la méthode du credit scoring sur la gestion du risque de crédit et
recommandations

1. Impact de la méthode du credit scoring sur la gestion du risque de crédit

La méthode que nous avons proposée à PAY CRED s’inscrit dans le cadre de
l’amélioration de leur méthode existante de gestion de crédit. Nous présenterons sous forme de
tableau les améliorations apportées.

Tableau 6 : Récapitulatif des apports du credit scoring

Insuffisances actuelles chez PAY CRED Apport du crédit scoring


L’appréciation personnelle de l’agent de La réduction du biais humain par une approche
crédit pour les crédits aux personnes quantitative et plus objective
physiques
Le manque d’autonomie des agents de crédit L’objectivité de la procédure permet au
management d’encourager une délégation de
la décision de crédit
Le taux élevé des impayés La sélection adéquate des personnes ayant le
plus de chance de rembourser les crédits et le
suivi plus régulier des personnes dont la
probabilité de défaut est élevée
Le temps consacré au recouvrement des La réduction du temps pour le recouvrement
impayés des impayés grâce à une meilleure sélection
des dossiers ainsi qu’un meilleur suivi des
personnes à risque
L’impossibilité d’ajuster la tarification en La détermination de la probabilité de défaut
fonction du risque du client donne la possibilité d’augmenter ou
de diminuer le taux d’intérêt ou les personnes
les plus risquées
Le manque de pertinence des informations L’exclusion de certaines variables dans la
dans la prise de décision probabilité de défaut permet de ne pas
discriminer des personnes à partir de critères

72
qui n’influencent pas leur capacité à
rembourser les crédits
Source : Nous-même.

2. Suggestions

L’utilisation de la méthode du credit scoring afin de déterminer la probabilité de défaillance


des emprunteurs est une manifestation de la volonté du top management de parvenir à une
meilleure gestion du risque de crédit en intervenant principalement au stade de la sélection du
dossier. Dans notre cas, les résultats obtenus indiquent les principaux aspects sur lesquels PAY
CRED doit se focaliser pour la mise en place des crédits. Ainsi, nos recommandations couvriront
deux aspects : l’utilisation de la méthode des scores et la sélection des dossiers.

2.1.L’utilisation de la fonction score

L’application de la méthode du credit scoring à PAY CRED s’est faite grâce à une base de
données fournie par l’entité. Nous avons vu précédemment que la probabilité de défaut ne
dépendait pas des variables secteur d’activité, montant débloqué et durée du crédit. Pour avoir une
analyse plus poussée et donc plus pertinente, il faudrait augmenter la quantité des informations
fournies dans la base de données ce qui induirait une plus grande quantité de variables.

- Par exemple, il pourrait être pertinent d’observer le niveau d’études du client car un
diplôme peut représenter un gage de savoir-faire et donc d’une meilleure maîtrise de
l’activité pour laquelle le client demande le crédit ;
- Les avoirs de l’emprunteur peuvent indiquer une meilleure capacité de remboursement
dans la mesure où, nous l’avons vu, la garantie a un aspect significatif sur la probabilité
de remboursement (Deuxième variable la plus significative), le patrimoine et les avoirs
de la personne peuvent être de bons indicateurs ;
- L’expérience des agents de crédit est déterminante dans l’accompagnement du client
et donc dans sa capacité à rembourser son crédit. L’observation de cette variable
pourrait indiquer une corrélation forte avec la probabilité de défaut ;

73
- De plus, la fonction score a l’avantage d’être modifiable en fonction des
caractéristiques des clients et de la stratégie du management. Nous recommandons à
PAY CRED d’ajuster et d’actualiser la fonction score de façon annuelle en fonction de
l’évolution de la base de données des clients ;
- La direction pourrait former les agents de crédit à l’utilisation de cet outil pour en
assurer une utilisation rigoureuse et pertinente notamment par des séminaires ou des
séances de formation adaptées.

2.2.La sélection des dossiers de crédit

La mise en place de la méthode des scores permet principalement d’améliorer cet axe. Nos
recommandations sont les suivantes:

- Trier les clients qui ont bénéficié de plus de 2 (deux) crédits et leur faire une revue
permanente. C’est une technique qui permet de collecter, traiter et de mettre à jour les
informations sur les demandeurs réguliers de crédit en leur créant une ligne de crédit
dans le système, puis faire leur mise à jour chaque fois. Cela pourrait se faire deux fois
par an pour les crédits de gros montant et une fois par an pour ceux de petit montant ;
- Privilégier les prêts avec une garantie. En effet, nous avons constaté que les clients qui
fournissent une garantie ont un très fort taux de remboursement dans les délais ;
- Vérifier la fixité du domicile du demandeur du crédit. En outre, il faut également
vérifier que le demandeur exerce son activité dans un endroit fixe, approprié et certifié ;
- Eviter des crédits aux très petits entrepreneurs et vendeurs, à moins que ceux-ci ne
présentent des garanties suffisantes ou des revenus fixes ;
- Se doter d’un système d’information efficace et efficient qui permettrait de faire la mise
à jour des revues de crédit et de suivre le risque client au jour le jour. Ce système permet
de réagir plus promptement en cas d’alerte ;
- Mettre en priorité la formation régulière des agents de crédit sur les nouvelles politiques
du crédit et l’établissement des revues. PAY CRED doit également mettre en place une
politique managériale permettant d’assurer la relève en cas de démission ou
d’empêchement d’un agent et offrir une ambiance de travail attrayante.

74
CONCLUSION GENERALE

Le secteur de la microfinance que nous avons choisi d’étudier est un secteur en plein essor,
qui prend une place croissante dans le développement de notre pays tant au plan économique que
social. En effet, les microfinances jouent un grand rôle dans la lutte contre la pauvreté et dans la
démocratisation des services financiers de base à travers le crédit et l’épargne. Cependant, la
dimension sociale des microfinances ne doit pas supplanter les objectifs économiques qui, s’ils ne
sont pas atteints, peuvent gravement compromettre la pérennité de ces institutions. Ainsi, la gestion
des risques des IMF revêt une importance capitale. Pourtant, le principal risque auquel sont soumis
les IMF, le risque de crédit est bien souvent mal géré. Les microfinances échouent à établir des
critères objectifs afin de sélectionner au mieux les demandeurs de crédit qui sont bien souvent des
personnes physiques, ayant un faible niveau de revenus, de garanties et pour lesquels il est difficile
d’obtenir des informations pertinentes et solides capables de fonder la décision d’octroi ou non du
crédit. L’analyse du cas de PAY CRED nous a permis de mettre en lumière les difficultés
rencontrées dans la gestion du risque de crédit en particulier dans la phase d’octroi du crédit.

C’est dans ce contexte que nous avons proposé la technique du credit scoring basée sur une
approche statistique et une analyse de l’état des engagements afin de faire ressortir les éléments
les plus pertinents qui influent sur le remboursement des emprunteurs. Bien plus, nous avons
appliqué cette technique de façon pratique afin d’améliorer la gestion du risque de crédit. Ainsi,
nos hypothèses, à savoir que le credit scoring est un outil efficace dans l’évaluation du risque de
crédit, la régression logistique est la méthode la plus fiable qui donne une fonction Z score efficace
pour la prévision de la défaillance des clients, sont vérifiées. Le modèle est non seulement efficace,
avec un taux de prédiction exact de 95,2%, mais aussi dynamique puisque la fonction score
proposée peut s’adapter en fonction de l’évolution des emprunteurs et des choix du management.
Ainsi, pour continuer à progresser et améliorer davantage ses performances, et de consolider la
place de choix qu'elle occupe dans le dispositif de lutte contre la pauvreté en Côte d’Ivoire, PAY
CRED est appelée à bien préparer les instruments, les mécanismes et les procédures adéquats pour
mieux gérer ces risques.

Cependant, le peu de temps à notre disposition ainsi que des lenteurs administratives au
niveau de PAY CRED ne nous ont pas permis de développer de façon pratique notre méthode sur

75
une durée convenable (un an). Par ailleurs, cette technique pourrait être améliorée en augmentant
le nombre de variables collectées.

76
BIBLIOGRAPHIE

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• ZMARROU Hicham « le dispositif de maitrise des risques & le contrôle interne au sein
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P36.
• BADOU Audrey, 2019 « Audit de l'activité de crédit dans une institution de micro finance
: cas de MAB CRED ».

XIV
WEBOGRAPHIE

• https://www.bceao.int/(consulté le 3 Avril 2020 à 16h) « Indicateurs au 30


septembre2019 »

• https://www.journaldunet.fr/(consulté le 26 Mai 2020 à 21h) « credit de tresorerie


definition traduction »

• https://www.financialafrik.com/(consulté le 02 Juillet 2020 à 9h) « cote divoire le secteur


de la microfinance en forte croissance »

• https://ideas4development.org/(consulté le 03 Juillet 2020 à 11h) « microfinance-afrique-


reglementation »

• https://finances.gouv.ci/(consulté le 03 Juillet 2020 à 17h) « le secteur de la microfinance »

• http://www.microfinance.sn/(consulté le 12 Mai 2020 à 22h) « la-microfinance, cadre


legal, reglementaire et institutionnel »

• http://secteurfinances.blogspot.com/(consulté le 10 juin 2020 à 22h) « taille des entreprises


en cote divoire »

• http://www.restore.ac.uk/ (consulté le 05 Juillet 2020 à 16h) « The Omnibus Tests of


Model »

XV
ANNEXES

ANNEXE 1 : EXEMPLE DE DOSSIER DE CREDIT ................................................ XVII


ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE ENTRETIEN ...................................................... XVIII
ANNEXE 3 : INTERFACE LOGICIEL SPSS 23 .................................................... XIX
ANNEXE 4 : INTERFACE CHOIX DES VARIABLES ................................................ XX
ANNEXE 5 : INTERFACE DONNEES RETRAITEES ................................................ XXI
ANNEXE 6 : ANALYSE CROISEE DES VARIABLES.............................................. XXII

XVI
Annexe 1 : Exemple de dossier de crédit

XVII
Annexe 2 : Questionnaire entretien

XVIII
Annexe 3 : Interface Logiciel SPSS 23

XIX
Annexe 4 : Interface choix des variables

XX
Annexe 5 : Interface données retraitées

XXI
Annexe 6 : Analyse croisée des variables

XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
XXX
TABLE DES MATIERES
DEDICACE .................................................................................................................................... I
REMERCIEMENTS ................................................................................................................... II
SOMMAIRE ................................................................................................................................ III
AVANT-PROPOS ....................................................................................................................... IV
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................ IX
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................ X
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... XI
LISTE DES SCHEMAS ........................................................................................................... XII
RESUME .................................................................................................................................. XIII
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................. 1
PREMIERE PARTIE ................................................................................................................... 4
GENERALITES SUR LES MICROFINANCES ET GESTION DU RISQUE DE CREDIT4
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES MICROFINANCES ET CADRE
INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE DANS L’UEMOA ........................................................ 5
SECTION 1 : GENERALITES SUR LES MICROFINANCES ................................................................... 5
I- Définition et évolution de la microfinance ....................................................................... 5
1. Définition d’une Institution de Microfinance (IMF) .................................................... 5
2. Histoire de la microfinance........................................................................................... 6
2.1. La microfinance en Afrique .................................................................................. 6
2.2. La microfinance en Europe ................................................................................... 7
2.3. La microfinance en Amérique latine ..................................................................... 8
2.4. La microfinance en Asie ....................................................................................... 8
3. La microfinance moderne ............................................................................................. 9
3.1. ACCION International .......................................................................................... 9
3.2. La Grameen Bank................................................................................................ 10
3.3. La microfinance en Côte d’Ivoire ....................................................................... 11
II- Rôle et impact des microfinances ................................................................................... 12
1. Rôle des microfinances ............................................................................................... 12
2. Impact des microfinances ........................................................................................... 13
2.1. Impact sur la pauvreté ......................................................................................... 14
2.2. Impact sur les entreprises .................................................................................... 14
SECTION 2 : LE CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE DANS L’UEMOA .................................. 15
I- Le cadre institutionnel des microfinances ...................................................................... 15
1. Le rôle de la BCEAO.................................................................................................. 16
2. Le rôle du ministère de Tutelle ................................................................................... 16
II- Le cadre juridique des microfinances ............................................................................ 17

XXXI
1. Les instructions de la BCEAO.................................................................................... 17
2. La loi PARMEC ......................................................................................................... 18
3. La loi PAMSEC .......................................................................................................... 18
CHAPITRE II : LE RISQUE DE CREDIT ET LES OUTILS DE GESTION DU RISQUE
DE CREDIT ................................................................................................................................ 19
SECTION 1 : LE RISQUE DE CREDIT ............................................................................................. 19
I- Généralités sur le risque de crédit ................................................................................. 19
1. Définition du crédit ..................................................................................................... 19
2. Définition du risque .................................................................................................... 20
3. Définition du risque de crédit ..................................................................................... 21
4. Les composants du risque de crédit ............................................................................ 21
II- Les autres risques dans les IMF ..................................................................................... 22
SECTION 2 : OUTILS DE GESTION DU RISQUE DE CREDIT ET CADRE METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE
................................................................................................................................................... 23
I- Le processus de gestion du risque de crédit ................................................................... 23
1. La méthode de gestion des risques de crédit selon FREDERIC, GAYRAUD &
ROUSSEAU ...................................................................................................................... 23
2. La méthode selon Hicham ZMARROU ..................................................................... 24
II- Le cadre méthodologique de l’étude .............................................................................. 26
1. La méthode qualitative ............................................................................................... 26
2. La méthode quantitative ............................................................................................. 27
III- Les méthodes de credit scoring ...................................................................................... 27
1. Définition du credit scoring ........................................................................................ 27
2. Historique du credit scoring ....................................................................................... 28
3. Fonctionnement du credit scoring .............................................................................. 30
3.1. Le choix du critère de défaut et de la population à analyser ............................... 30
3.2. Le choix des variables explicatives ..................................................................... 30
3.3. Le choix de la technique à utiliser ....................................................................... 31
3.4. La validation du modèle ...................................................................................... 31
3.5. Les différents modèles de credit scoring ............................................................. 31
3.5.1. Les techniques fondées sur les méthodes paramétriques de classification ...... 31
3.5.2. Les modèles de régression ............................................................................... 34
3.6. Avantages et inconvénients du credit scoring ..................................................... 36
3.6.1. Avantages ........................................................................................................ 36
3.6.2. Inconvénients du credit scoring ....................................................................... 38
DEUXIEME PARTIE ................................................................................................................ 41
APPICATION DE LA TECHNIQUE DU CREDIT SCORING AU CAS DE PAY CRED 41
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE PAY CRED ET DU SERVICE
GESTION CREDIT .................................................................................................................... 42
SECTION 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE PAY CRED ...................................................... 42
I- Mission, vision et valeurs de PAY CRED ....................................................................... 42

XXXII
1. La mission PAY CRED .............................................................................................. 42
2. La vision de PAY CRED ............................................................................................ 42
3. Les valeurs de PAY CRED ........................................................................................ 43
II- Présentation de la structure organisationnelle .............................................................. 43
1. L’assemblée générale ................................................................................................. 43
2. Le conseil d’administration ........................................................................................ 44
3. La direction générale .................................................................................................. 44
4. Le service contentieux ................................................................................................ 44
SECTION 2 : LES SERVICES FOURNIS PAR PAY CRED ................................................................ 45
I- Les services de crédit ..................................................................................................... 45
II- Les services d’épargne ................................................................................................... 46
III- Les services de transfert d’argent .................................................................................. 47
CHAPITRE 4 : ANALYSE DU PROCESSUS D’OCTROI DU CREDIT ET
CONCEPTION D’UN MODELE DE CREDIT SCORING : CAS DE PAY CRED ........... 48
SECTION 1 : PRESENTATION ET METHODOLOGIE DE L’ANALYSE DU PROCESSUS D’OCTROI DU
CREDIT DE PAY CRED .............................................................................................................. 48
I- Présentation du processus d’octroi du crédit ................................................................ 48
1. La phase pré-crédit ..................................................................................................... 48
2. La phase crédit ............................................................................................................ 49
3. La phase post-crédit .................................................................................................... 50
II- Méthodologie de l’analyse du processus d’octroi du crédit de PAY CRED .................. 50
1. La collecte des données de PAY CRED ..................................................................... 51
1.1. La méthode de collecte des données ................................................................... 51
1.2. L’instrument de collecte de données ................................................................... 51
2. L’analyse des données collectées ............................................................................... 52
2.1. L’utilisation de la statistique descriptive à l’aide du logiciel SPSS 23 ............... 52
2.2. Résultat des entretiens ......................................................................................... 52
SECTION 2 : PROCESSUS D’ELABORATION DU MODELE DE CREDIT SCORING ET APPLICATION A
PAY CRED ............................................................................................................................... 54
I- Présentation de la base de données et définition des variables ..................................... 54
1. Les caractéristiques de l’échantillon........................................................................... 54
2. Traitement des données .............................................................................................. 55
2.1. Détermination de la variable dépendante ............................................................ 55
2.2. Détermination des variables explicatives (indépendantes) ................................. 56
2.2.1. Exclusion des variables non pertinentes .......................................................... 56
2.2.2. Introduction des variables explicatives pertinentes ......................................... 56
II- Application de la régression logistique binaire ............................................................. 61
1. Analyse croisée variable dépendante et variables explicatives .................................. 61
2. Application de la régression logistique ...................................................................... 64
2.1. Les résultats de la régression logistique .............................................................. 65
2.2. La significativité du modèle et son pouvoir prédictif ......................................... 68
2.2.1. Le « Omnibus Tests of Model Coefficients ».................................................. 68

XXXIII
2.2.2. Le test de significativité globale ...................................................................... 71
III- Impacts de la méthode du credit scoring sur la gestion du risque de crédit et
recommandations................................................................................................................... 72
1. Impact de la méthode du credit scoring sur la gestion du risque de crédit ................. 72
2. Suggestions ................................................................................................................. 73
2.1. L’utilisation de la fonction score ......................................................................... 73
2.2. La sélection des dossiers de crédit ...................................................................... 74
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................... 75
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................... XII
WEBOGRAPHIE ......................................................................................................................XV
ANNEXES ................................................................................................................................ XVI
TABLE DES MATIERES .................................................................................................... XXXI

XXXIV

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