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MINISTERE DE L’ECONOMIE

ET DES FINANCES

ECOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES

MEMOIRE DE FIN CYCLE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME


D’INGENIEUR ESCA

Thème :

L’IMPACT DE L’EVALUATION DES ACTIFS


FINANCIERS SELON LA NORME IFRS 9 SUR LA
BESTBANK.

Présenté par :

DIBY Kouassi Marc Ariel Betsaléel


Elève en 3ème année de Cycle ingénieur

Maître de stage :
Professeur encadreur :
M. Oscar GOUE
M. Emmanuel N’GUESSAN
Sénior Manager Auditeur à
Enseignant au DFR FCD PricewaterhouseCoopers Côte
d’Ivoire

Année académique : 2019-2020


Période de stage : Du 02 Janvier 2020 au 30 Juin 2020
DEDICACE

A mon Père, DIBY Mathieu,


A ma Mère, DIBY Véronique.

II
REMERCIEMENTS

La réalisation du présent mémoire de fin de cycle a été possible grâce à l’aide de


personnes ressources. Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à :
- Monsieur KOFFI N’Guessan, Directeur General de l’Institut National Polytechnique
Félix HOUPHOUËT-BOIGNY (INP-HB) ;
- Docteur BAKAYOKO Losseyni, Directeur de l’Ecole Supérieure de Commerce et
d’Administration des Entreprises (ESCAE) ;
- Monsieur N’GUESSAN Emmanuel, notre encadreur pédagogique pour ses conseils
avisés ;
- Monsieur GOUE Oscar, notre maître de stage chez PricewaterhouseCoopers Côte
d’Ivoire pour son assistance ;
- Au corps enseignant ainsi qu’au personnel administratif et technique de l’INP-HB ;
- Aux Associés et au personnel administratif et technique de PricewaterhouseCoopers.

III
SOMMAIRE

DEDICACE...............................................................................................................................II

REMERCIEMENTS .............................................................................................................. III

SOMMAIRE ........................................................................................................................... IV

AVANT-PROPOS ................................................................................................................... V

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS.......................................................................VII

LISTE DES FIGURES........................................................................................................ VIII

LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... IX

Introduction .............................................................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : CONTEXTE DU PASSAGE DE LA NORME IAS 39 A LA


NORME IFRS 9 ....................................................................................................................... 3

CHAPITRE 1 : RAISONS DE L’ADOPTION DE LA NORME IFRS 9 ....................... 4


CHAPITRE 2 : LES AVANCEES DE LA NORME IFRS 9 .......................................... 10
DEUXIEME PARTIE : APPLICATION DE LA NORME IFRS 9 AUX ACTIFS
FINANCIERS DE LA BESTBANK ..................................................................................... 16

CHAPITRE 1 : APPRECIATION DE L’EVALUATION DES ACTIFS FINANCIERS


DE LA BESTBANK SELON LA NORME IFRS 9 ......................................................... 17
CHAPITRE 2 : MESURE DE L’IMPACT DE L’APPLICATION DE LA NORME
IFRS 9 SUR LA BESTBANK ............................................................................................ 26
Conclusion ............................................................................................................................... 33

ANNEXES ............................................................................................................................... XI

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. XXI

TABLE DES MATIERES ............................................................................................... XXIV

IV
AVANT-PROPOS

Créé le 04 septembre 1996 par décret n°96-678, l’Institut National Polytechnique Félix
Houphouët Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro, établissement d’enseignement supérieur et de
recherche, est né de la fusion et de la restructuration de l’Institut Agricole de Bouaké (I.A.B) et
des grandes Écoles de Yamoussoukro que sont :
− l’Institut National Supérieur de l’Enseignement Technique (I.N.S.E.T) ;
− l’École Nationale Supérieure des Travaux Publics (E.N.S.T.P) ;
− l’École Nationale Supérieure d’Agronomie (E.N.S.A) ;
Aujourd’hui l’INP-HB compte plusieurs filières de formation reparties entre huit (8) écoles
et des centres de formations qui sont :
− l’École de Formation Continue et de Perfectionnement des Cadres (EFCPC) ;
− l’Ecole Doctorale Polytechnique (EDP) ;
− l’Ecole préparatoire (EP) ;
− l’École Supérieure d’Agronomie (ESA) ;
− l’École Supérieure d’Industrie (ESI) ;
− l’École Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises (ESCAE) ;
− l’École Supérieure des Mines et de Géologie (ESMG) ;
− l’École Supérieure des Travaux Publics (ESTP) ;
− l’École Supérieure du Pétrole et de l’énergie (ESPE) ;
− le Centre de Préparation au Diplôme de l’Expertise Comptable (CPDEC) ;
− le Centre Régionale de Formation Aéronautique Supérieure en Métrologie (CRFASM).
L’Ecole Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises (ESCAE), dans
laquelle nous avons été formé, est chargée de la formation d’ingénieurs au nombre desquels
nous avons les :
− Ingénieurs ESCA (Marketing, Management et Finance) ;
− Ingénieurs ECS (Etudes Comptables Supérieures) ;
− Ingénieurs HEA (Risk-management et Actuariat) ;
− Ingénieurs ILT (Logistique et Transports) ;

L’ESCA (Ecole Supérieure de Commerce d’Abidjan), qui est la filière dont nous sommes
issus, a été créée en 1975 et a formé depuis lors plus de huit cents (800) cadres intervenant dans
les secteurs de la finance, du marketing et de toutes autres activités connexes. A l’instar de
toutes les filières de formation de l’ESCAE, la formation en ESCA intègre un stage obligatoire

V
en dernière année à l’issue duquel l’étudiant rédige et soutient un mémoire de fin de cycle. Nous
avons à cet effet intégré, pour un stage pré-emploi, le département Assurance du Cabinet d’audit
et d’expertise comptable PricewaterhouseCoopers Côte d’Ivoire (PWC CI), où nous avons
rédigé le présent mémoire.

VI
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

- IASC: International Accounting Standards Committee


- IAS: International Accounting Standard
- IFRS: International Financial Reporting Standard
- IASCF: International Accounting Standards Committee Foundation
- US GAAP: United States Generally Accepted Accounting Principles
- OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
- IASB : International Accounting Standards Board
- AUDCIF : Acte Uniforme relatif au Droit Comptable et à l’Information Financière
- SYSCOHADA : Système Comptable de l’OHADA
- FASB: Financial Accounting Standards Board
- FED: Federal Reserve System
- UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
- FCFA : Francs de la Communauté Financière Africaine
- BRVM : Bourse Régionale des Valeurs Mobilières
- OPCVM : Organisme de placement collectif en valeurs mobilières
- SICAV : Société d’investissement à capital variable

VII
LISTE DES FIGURES

Figure 1: Dépréciations d’actifs liées aux subprimes par institution ......................................... 7


Figure 2: Etapes suivies par la BESTBANK pour la gestion des actifs financiers .................. 17
Figure 3: Passage de la classification selon la norme IAS 39 à la norme IFRS 9.................... 27

VIII
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Tableau de classification des actifs financiers de la BESTBANK selon la norme


IFRS 9 ...................................................................................................................................... 18
Tableau 2 : Classification des actifs financiers de la BESTBANK ......................................... 19
Tableau 3: Taux de provisionnement déterminés par un cabinet d’actuaires .......................... 22
Tableau 4: Répartition des actifs financiers de la BESTBANK selon le niveau d’occurrence du
risque ........................................................................................................................................ 22
Tableau 5: Provisions pour pertes de crédits attendues selon la norme IFRS 9....................... 23
Tableau 6 : Extrait de l’état de résultat net de la BESTBANK des exercices 2018 et 2019. ... 32

IX
Introduction

L’information occupe une place de choix dans le monde des affaires. De ce fait, les
entreprises et organisations sont tenues, chaque année, d’établir des états financiers selon une
réglementation donnée. Ceux-ci traduisent leurs situations et sont destinés à plusieurs
utilisateurs à savoir les actionnaires, les partenaires, les banques, l’État ainsi que les
investisseurs afin de leur permettre de disposer d’informations fiables pour leurs prises de
décisions économiques.

Depuis 1975, l’International Accounting Standard Committee (IASC), devenu


International Accounting Standard Board (IASB), en 2001 essaie de créer des normes
comptables de haute qualité en vue de favoriser la comparabilité de l’information financière
dans le temps et dans l’espace.

S’inspirant des travaux de l’IASC/IASB, les normalisateurs comptables régionaux


construisent des référentiels comptables selon les spécificités géographiques et réalités
économiques régionales. Malgré la qualité de l’information comptable et financière produite à
partir de ces référentiels comptables régionaux, les multinationales exigent de leurs filiales et
participations installées dans diverses régions du monde de produire des états financiers selon
les normes internationales.

C’est pour satisfaire à la demande pressante de ces multinationales que l’Organisation


pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) a inscrit dans l’acte uniforme
relatif au droit comptable et à l’information financière du système comptable de l’OHADA
(SYSCOHADA), publié en 2017, l’obligation de produire des états financiers selon les normes
IFRS. Ainsi, l’article 73-1 précise que « les entités dont les titres sont inscrits à une bourse de
valeurs et celles qui sollicitent un financement dans le cadre d’un appel public à l’épargne,
doivent déposer en sus des états financiers de synthèse SYSCOHADA, leurs états financiers
IFRS approuvés par l’assemblée générale ordinaire, au registre de commerce et du crédit
mobilier et auprès des organes habilités des marchés de leur région ou état partie ». Ainsi, la
Côte d’Ivoire, pays membre de l’OHADA, voit ses entreprises soumises à cette prescription.

De nombreuses normes IFRS ont été élaborées depuis la création de l’IASB. Parmi elles,
l’on compte la norme IFRS 9 « Instruments financiers » entrée en vigueur le 1er janvier 2018.
Cette norme a vu le jour à la suite des critiques formulées contre la norme IAS 39 quant à sa

1
complexité et à la défaillance de son modèle de dépréciation durant la crise financière de 2008
(Le Parco, 2012).

Vu l’importance de cette norme pour les institutions bancaires, nous nous sommes
intéressé à l’incidence que pourrait avoir l’application de la norme IFRS 9 sur les banques de
l’espace OHADA, tant au niveau organisationnel que comptable. C’est ainsi qu’au cours de
notre stage de fin de cycle, il nous a été demandé de traiter de : « l’impact de l’évaluation des
actifs financiers selon la norme IFRS 9 sur la BESTBANK ».

L’objectif principal de notre étude est d’apprécier l’incidence de l’application de la


norme IFRS 9 sur les institutions bancaires de l’espace OHADA. De cet objectif principal
ressortent deux objectifs secondaires. D’une part, nous souhaitons conduire la BESTBANK
vers une meilleure application de la norme afin de réduire les impacts négatifs de celle-ci sur
l’activité de la banque. Et, d’autre part, nous désirons attirer l’attention de la BESTBANK et
des banques de l’OHADA sur la nécessité d’une connaissance approfondie des normes
internationales.

Le présent mémoire comprend deux (2) parties. La première porte sur le contexte ayant
favorisé l’adoption de la norme IFRS 9 ainsi que ses dispositions. La deuxième partie traite du
cas pratique de l’application de la norme IFRS 9 et de son impact sur la BESTBANK.

Le présent travail présente de nombreux intérêts à plus d’un titre. D’un point de vue
personnel, nous ambitionnons de nous spécialiser, à terme, dans les normes comptables
internationales. Au plan académique, nous voulons susciter auprès des chercheurs de la sous-
région ouest africaine de l’intérêt pour des travaux de recherche approfondis sur l’intérêt du
passage des normes nationales ou sous régionales aux normes comptables internationales dans
l’espace OHADA. Sur le plan professionnel, nous souhaitons offrir au secteur bancaire des
pistes de solutions pour une meilleure appréciation des risques liés aux instruments financiers.

2
PREMIERE PARTIE :
CONTEXTE DU PASSAGE DE LA
NORME IAS 39 A LA NORME IFRS 9

La première partie de notre travail présente le contexte ayant favorisé l’élaboration et


l’adoption de la norme IFRS 9. Elle porte, d’une part, sur les critiques portées à la norme IAS
39 à l’issue de la crise financière de 2008 et, d’autre part, sur la procédure adoptée par
l’IASB et les nouvelles dispositions offertes par la norme IFRS 9.

3
CHAPITRE 1 : RAISONS DE L’ADOPTION DE LA NORME IFRS 9

Section 1 : Historique de la crise financière de 2008

Paragraphe 1 : Origine de la crise

La crise financière de 2008 encore appelée crise des subprimes est liée à l’octroi de prêts
immobiliers à une clientèle peu solvable ou à risque car étant sans revenu, sans situation
professionnelle ni patrimoine ou ayant un historique de crédit difficile (Artus et Al., 2009).

Selon Bricongne et Al. (2009), cette crise tire son origine de la politique monétaire trop
accommodante de la Réserve Fédérale Américaine (FED) au cours des années 2000 et
d’innovations financières mal maîtrisées. En effet, lors de l’instabilité financière qui est
survenue à la suite de l’éclatement de la bulle internet dans les années 2000-2001, la FED a
abaissé son taux directeur jusqu’à 1%. Le maintien dudit taux à un niveau relativement bas afin
d’éviter une récession de l’économie américaine a permis aux institutions bancaires de se
refinancer à bon compte et de prêter davantage aux agents économiques (ménages, entreprises,
Etat, etc).

Dans ce contexte favorable, les banques ont poursuivi à marche forcée un mouvement
entamé depuis la fin des années 1980 qui consistait au remplacement de leur ancien modèle
d’affaire « originate and hold » par un nouveau modèle appelé « originate and distribute »
(octroi puis cession des crédits à travers leur titrisation). Selon Boyer (2010), durant cette
période, les banques encouragées par l’administration américaine, qui menait une politique de
propriétés, accordaient des prêts à des populations à faibles revenus. Ces crédits se
caractérisaient par un taux d’intérêt faible durant les premières années mais, augmentait ensuite
afin de rémunérer le risque pris par le créancier. Une fois les prêts octroyés, les établissements
bancaires les cédaient à travers des titres aux investisseurs, à des fonds d'investissement, à
des OPCVM (dont les SICAV monétaires) et même à des banques européennes. Cela leur
permettait de se dégager de toute responsabilité dans les crédits, leur permettant ainsi de ne plus
attendre la fin du remboursement des prêts qu'elles ont octroyés.

Certaines banques s’étaient même spécialisées dans l'octroi de crédits subprimes


aussitôt revendus sur le marché de la titrisation. Cette revente éliminait instantanément les
risques associés au prêt pour l'établissement financier qui accordait le prêt, et le risque était
transmis aux acheteurs de titres (Diemer et Dozolme, 2011). Cette déresponsabilisation des
institutions prêteuses a sans doute incité certaines d'entre elles à accorder davantage de prêts à
4
haut risque, l'établissement acheteur de l'obligation se retrouvant finalement seul responsable
concerné en cas de défaut de remboursement de l'emprunteur. Selon Artus et Al. (2009), la
valeur de ces prêts est passée de 2 000 à 8 000 milliards de dollars de 2002 à 2006 et a donné
naissance à une bulle immobilière qui, elle, favorisait une bulle de crédit. Tant que l'immobilier
augmente, la maison acquise et mise en hypothèque assure que l'opération ne peut que bien se
terminer, puisqu'en cas de défaillance, la banque pourra rembourser le crédit en saisissant et
vendant la maison.

Paragraphe 2 : Déroulement de la crise

La pérennité de ce système dépendait de deux conditions : d’une part, des taux d’intérêt
relativement bas et stables, et d’autre part, une appréciation régulière du prix de l’immobilier
sur le marché américain (Artus et Al., 2009).

Si l’on situe la bulle immobilière américaine dans une perspective historique, aucune
augmentation du prix des logements, depuis 1891, n’a atteint le niveau record affiché par le
marché américain en 2006, la hausse cumulée des prix réels de l’immobilier équivalant à 92 %,
entre 1996 et 2006, alors qu’elle n’avait été que de 27 % entre 1890 et 1996 (Reinhart et
Rogoff, 2009). Pourtant, l’ampleur de la bulle immobilière n’alerta pas les autorités monétaires
américaines. Bien plus, le Président de la Réserve Fédérale Américaine et son successeur
pensaient qu’il ne fallait pas lui accorder trop d’importance puisque les innovations financières
rendaient plus faciles les emprunts gagés sur l’immobilier et l’augmentation du prix des
logements ne mettait pas en péril la politique monétaire de lutte contre l’inflation (Esposito,
2013).

Lorsque la FED craignit une reprise de l’inflation (1 % en 2004 et 5,25 % en 2006), elle
modifia sa politique monétaire et fit passer son taux directeur de 1 % à 5 % (Jorion, 2008). La
hausse des taux d’intérêt qui mit fin à l’euphorie et précipita le dégonflement de la bulle
immobilière. La montée des taux d’intérêt sur les prêts subprimes fit augmenter les défauts de
paiements et les saisies de manière vertigineuse, c’est ainsi que l’Administration Bush demanda
aux institutions financières de renégocier les prêts plutôt que de saisir les biens immobiliers. Le
coût social et économique très élevé ne se limita pas aux ménages insolvables, mais toucha
également les municipalités où ils résidaient, avant d’atteindre les institutions financières. La
diminution de la demande sur le marché immobilier américain entraîna une baisse des prix, si
bien que les créanciers ne purent récupérer la totalité de leurs prêts et essuyèrent des pertes

5
considérables en revendant les biens immobiliers saisis, provoquant ainsi l’explosion de la bulle
immobilière américaine.

Très rapidement, la crise se propagea à l’ensemble des systèmes bancaires et des


marchés financiers mondiaux. Elle prit l’allure d’une crise systémique, car les produits
structurés contenant des subprimes se négociaient partout dans le monde. Lorsque les risques
devinrent patents, ces produits, dont les sous-jacents étaient des crédits hypothécaires, virent
leur valeur décroître (Gayraud, 2011). La diminution de leur notation les rendit encore moins
attractifs et poussa encore leur valeur à la baisse. Tous les établissements bancaires, américains
et étrangers, qui avaient investi dans ces produits se trouvèrent en difficulté et contraints de
constater la dépréciation de leurs actifs.

Section 2 : Place de la norme IAS 39 dans la crise des Subprimes

Paragraphe 1 : Le poids des dépréciations dans la crise

Face à l’augmentation du taux directeur de la FED, à l’impossibilité des ménages de


rembourser les prêts contractés et à la baisse des prix de l’immobilier, les banques se
retrouvaient confrontées à une baisse soutenue de la valeur de leurs actifs financiers. Celles-ci
étaient, de ce fait, contraintes de constater des dépréciations selon le modèle prescrit par la
norme IAS 39. En effet, la norme IAS 39 présente 4 catégories d’instruments financiers à
savoir :

- les prêts et créances ;


- les actifs et passifs détenus jusqu'à l'échéance ;
- les actifs et passifs disponibles à la vente et ;
- les actifs et passifs à la juste valeur par le résultat.

Pour les actifs disponibles à la vente, tels que les titres issus des prêts accordés aux ménages
par les banques américaines, l’évaluation se faisait à la juste valeur. Le prix de ces actifs ayant
fortement baissé durant la crise, les banques ont dû constater des dépréciations considérables
ayant même entrainé la chute des activités de nombreux établissements financiers tels que Bear
Stearns racheté par JPMorgan Chase, Fanny Mae et Freddie Mac mis sous tutelle par le trésor
américain, et la faillite de Lehman Brothers (Arthus et Al., 2009).

Ces auteurs présentent, dans le tableau ci-après, les plus fortes dépréciations des actifs
financiers selon les institutions financières ayant financé des prêts immobiliers aux ménages

6
américains. Ce classement, réalisé au deuxième trimestre de l’année 2009, montre que la banque
Wachovia Corporation figure en première place avec une dépréciation de 96,5 milliards de
dollars US contre 4,3 milliards de dollars US pour la banque NATIXIS.

Figure 1: Dépréciations d’actifs liées aux subprimes par institution

Source : Patrick Arthur et alliés (2009)

Paragraphe 2 : Critiques portées à la norme IAS 39 et intervention de l’IASB

1. Limites de la norme IAS 39

Avec la faillite de Lehman Brothers, les difficultés rencontrées par les banques et la
généralisation de la crise à l’échelle mondiale, un débat a été ouvert sur la pertinence de
l’évaluation des actifs financiers à la juste valeur1 prévue par la norme IAS 39. En France, les
établissements de crédit dénonçaient l’inadaptation des mécanismes prévus par la norme IAS
39 pour la couverture du risque de taux associé à l’activité d’intermédiation de la banque
commerciale (Escaffre et Sefsaf, 2010). Dans la même veine, Matherat (2003) affirme que la
notion de juste valeur, ainsi que les dispositifs proposés en matière de gestion de couverture des
risques par la norme IAS 39 au sein des établissements de crédit posent de sérieux problèmes

1
La notion de juste valeur est présente dans le référentiel comptable américain US GAAP ainsi que dans les normes
internationales de l’information financière. Selon la norme IAS 32, « la juste valeur est le montant pour lequel un actif
pourrait être échangé, ou un passif éteint, entre des parties bien informées et consentantes dans le cadre d'une
transaction effectuée dans des conditions de concurrence normale ».

7
au regard de la stabilité financière. De même, Alouani (2009) ajoute que la combinaison des
règles prudentielles Bâle II avec les normes IFRS conduit à générer un effet procyclique
dévastateur en temps de crise.
Suite au nombre croissant de critiques formulées contre la norme IAS 39, dès juillet 2009,
le ministre français de l’économie, Madame Christine Lagarde commande une étude à
Messieurs Pascal Morand, Directeur Général de l’ESCP-Europe, et Didier Marteau,
économiste, portant sur les liens entre la crise financière mondiale et les normes comptables
internationales. Selon ces spécialistes : « la juste valeur a été un facteur mécanique
d’accélération de la crise ».
Dans une étude réalisée sur le lien entre la crise financière, la juste valeur et les difficultés
comptables, Le Parco (2012) affirme que la crise des subprimes survenue en 2008 qui a
engendré l’effondrement des banques et institutions financières porteuses ayant financé des
prêts immobiliers destinés aux ménages américains a pour cause principale la chute de la juste
valeur des actifs financiers détenus.

2. L’intervention de l’IASB

La crise de 2008 a relancé le débat sur l’impact des normes comptables internationales
utilisées par les entreprises pour l’évaluation de leur performance et de leur patrimoine. Bien
que n’étant pas reconnues comme étant à l’origine de la crise, leur rôle aggravant a été admis
(Burlaud et Colasse, 2010). L’IASB est alors saisi par l’Union Européenne et les pays du G8
afin de trouver un moyen de résolution des problèmes causés.

Dans la même veine, les chefs d’états et de gouvernement du G20 précisent, dans le volet
comptable de la déclaration commune à l’issue de leur réunion d’avril 2009 “Nous (chefs d’état
et de gouvernement) sommes convenus que les organismes établissant les normes comptables
devraient améliorer les normes portant sur la valorisation des instruments financiers sur le
fondement de leur liquidité et de l’horizon temporel de détention, tout en réaffirmant le cadre
de la comptabilité en juste valeur” (Larrieu, 2012).

De fait, les membres du G20 somment l’IASB de réviser la norme IAS 39 en vue de
répondre aux critiques formulées contre elle lors de la crise ainsi qu’aux attentes des entreprises.
C’est dans ce contexte de lendemain de crise que l’IASB entreprend en urgence le projet
d’amélioration de la norme IAS 39 qui va aboutir à l’élaboration de la norme IFRS 9.

8
La norme IAS 39 reconnaît quatre catégories d’instruments financiers dont les deux
premières (les prêts et créances, et les actifs et passifs détenus jusqu’à l’échéance) sont évaluées
au coût amorti tandis que les deux dernières (les actifs et passifs disponibles à la vente, et actifs
et passifs à la juste valeur par le résultat) le sont à la juste valeur.

Le choix entre les différentes catégories d’instruments financiers ne dépendait que de la


nature des instruments financiers concernés. Une fois entré dans le patrimoine de l’entité, celle-
ci ne pouvait procéder au reclassement d’un instrument d’une classe vers une autre sauf en cas
de circonstances très exceptionnelles. Toutefois, face à l’effondrement de l’économie mondiale
et des difficultés des institutions financières, les normalisateurs réagissent et apportent deux
amendements majeurs à la norme IAS 39.

La première autorise le reclassement des titres destinés à la vente (trading book) vers les
titres détenus jusqu’à leur échéance, permettant ainsi aux entités de pouvoir évaluer au coût
amorti les titres hypothécaires ne pouvant être vendus au risque de perte à cause de la baisse du
prix de l’immobilier. Ce reclassement n’étant possible que si les titres sélectionnés respectent
les conditions de la catégorie d’accueil.

La seconde porte sur des clarifications quant à l’application du principe de la juste valeur
(fair value) dans le cadre d’un marché inactif. En effet, l’IASB donne la possibilité aux entités
de calculer la juste valeur en fonction d’un certain nombre de données internes, propres à
l’entité et définies par le management sur la base des flux économiques futurs ou d’un taux
d’actualisation en tenant compte des risques encourus. Ainsi, les valeurs des transactions sur le
marché seront qu’un seul indicateur.

9
CHAPITRE 2 : LES AVANCEES DE LA NORME IFRS 9

Section 1 : Elaboration de la norme IFRS 9

Paragraphe 1 : Objectifs de la norme

La crise financière de 2008 a mis en évidence le besoin de renforcer les règles de


comptabilisation des dépréciations des instruments financiers. C’est dans ce cadre que l’IASB
a entrepris une refonte de la norme IAS 39 vers une nouvelle norme, IFRS 9.

Selon le chapitre 1 du règlement de la commission du 22 novembre 2016 modifiant le


règlement N° 1126/2008 portant adoption de certaines normes comptables internationales
conformément au règlement N° 1606/2002 du Parlement européen et du Conseil, « l'objectif de
la présente norme est d'établir les principes d'information financière en matière d'actifs
financiers et de passifs financiers en vue de la présentation d'informations pertinentes et utiles
aux utilisateurs des états financiers pour l'appréciation des montants, du calendrier et du degré
d'incertitude des flux de trésorerie futurs de l'entité ».

Au-delà de cet aspect, elle vise à répondre aux critiques portées à la norme durant la crise
de 2008 selon lesquelles la norme IAS 39 est trop complexe, incompatible avec la façon dont
les entités gèrent leurs activités et leurs risques, et reporte la comptabilisation des pertes sur
prêts et créances à un stade trop tardif du cycle de crédit. L’on lui assigne alors comme mission
de rendre plus lisible la classification des instruments financiers, de limiter les arbitrages
opportunistes entre classes d’actifs et de mettre en adéquation l’évolution du risque avec la
dynamique de provisionnement (jugée insuffisante et tardive).

Paragraphe 2 : Processus d’élaboration de la nouvelle norme IFRS 9

Afin de garantir sa légitimité et aboutir à une norme correspondant aux attentes des
agents économiques, l’IASB opte pour un processus interactif pour l’élaboration des normes en
général, et la norme IFRS 9 en particulier. Cela s’est alors concrétisé par des exposés sondages
destinés à recueillir les avis de personnes issues de divers secteurs d’activités mais, sur lesquels
la nouvelle norme pourrait avoir une véritable incidence. Au total 147 répondants représentant
les différentes parties prenantes à l’information financière tels que les préparateurs des comptes,
les utilisateurs de l’information financière, les organismes de réglementation ou encore des

10
professionnels du secteur bancaire ou des assurances provenant de différents pays ont pris part
aux exposés sondages (Cormier & Beauchamp, 2016).

Le 12 Novembre 2009, l’IASB publie la première version de la norme IFRS 9


"Instruments financiers" (Riahi, 2015) qui porte exclusivement sur la classification et
l'évaluation des actifs financiers. Le 28 octobre 2010, l’IASB publie une deuxième version en
incluant la classification et l’évaluation des passifs financiers. Ensuite, l’IASB rend public les
résultats de l’exposé-sondage (« Exposure Draft ») concernant le thème 2 : « Instruments
financiers : coût amorti et dépréciation » et la période des commentaires sur ce thème s’est
terminée le 1er avril 2011. En 2012, l’IASB publie une nouvelle version qui introduit la notion
de juste valeur par les autres éléments du résultat global, et la partie de la norme portant sur la
comptabilité de couverture est rendu publique en 2013.

La version définitive de la norme IFRS 9 fut alors publiée le 24 juillet 2014 et comprend
trois principaux axes à savoir :

- la classification et l’évaluation des instruments financiers ;

- la dépréciation des instruments financiers et ;

- la comptabilité de couverture.

La norme IFRS 9 a été homologuée par le règlement (UE) 2016/2067 du 22 novembre 2016,
publié le 29 novembre 2016 et est rentrée en vigueur le 1er janvier 2018 avec une possibilité
d’application par anticipation dès 2015.

Section 2 : La norme IFRS 9 : un nouveau modèle de classification et de dépréciation des


actifs financiers

Paragraphe 1 : Une nouvelle approche de classification et d’évaluation des actifs


financiers

1. Modèle de classification

La norme IAS 39 classait les actifs financiers en quatre catégories : les actifs financiers à la
juste valeur par le biais du compte de résultat, les placements détenus jusqu’à leur échéance,
les prêts et créances, et les actifs financiers disponibles à la vente. Au contraire, la norme IFRS
9 adopte trois catégories à savoir les actifs évalués à leur coût amorti, les actifs évalués à leur

11
juste valeur par le biais du résultat net et, les actifs évalués à leur juste valeur par le biais des
autres éléments du résultat global.

Ce classement, nécessaire à l’évaluation ultérieure des actifs financiers, se détermine sur


la base du modèle économique (« Business model ») qui régit la manière dont ils sont gérés et
des caractéristiques contractuelles de leurs flux de trésorerie.

Un actif financier doit être évalué au coût amorti si :

- La détention de l'actif financier s'inscrit dans un modèle économique dont l'objectif est
de détenir des actifs financiers afin d'en percevoir les flux de trésorerie contractuels ;
- Les conditions contractuelles de l'actif financier donnent lieu, à des dates spécifiées, à
des flux de trésorerie qui correspondent uniquement à des remboursements de principal
et à des versements d'intérêts sur le principal restant dû.

Un actif financier doit être évalué à la juste valeur par le biais des autres éléments du résultat
global si :

- La détention de l'actif financier s'inscrit dans un modèle économique dont l'objectif est
atteint à la fois par la perception de flux de trésorerie contractuels et par la vente d'actifs
financiers ;
- Les conditions contractuelles de l'actif financier donnent lieu, à des dates spécifiées, à
des flux de trésorerie qui correspondent uniquement à des remboursements de principal
et à des versements d'intérêts sur le principal restant dû.

Un actif financier doit être évalué à la juste valeur par le biais du résultat net, à moins qu'il
ne soit évalué au coût amorti ou à la juste valeur par le biais des autres éléments du résultat
global.

L'entité peut, toutefois, lors de la comptabilisation initiale, désigner de manière


irrévocable un actif financier comme étant évalué à la juste valeur par le biais du résultat
net si cette désignation élimine ou réduit significativement une incohérence dans
l'évaluation ou la comptabilisation (parfois appelée « non-concordance comptable ») qui,
autrement, découlerait de l'évaluation d'actifs ou de passifs ou de la comptabilisation des
profits ou pertes sur ceux-ci selon des bases différentes.

12
2. Evaluation des actifs financiers

Lors de leur comptabilisation initiale, les actifs financiers sont évalués à leur juste valeur
en intégrant les frais directement attribuables à leur acquisition ou à leur émission, à l’exception
des actifs financiers comptabilisés à la juste valeur par résultat pour lesquels ces frais sont
enregistrés directement dans le compte de résultat. Lorsque l'entité utilise la comptabilisation à
la date du règlement pour un actif dont l'évaluation se fera ultérieurement au coût amorti, l'actif
est initialement comptabilisé à sa juste valeur à la date de transaction2.

Après la comptabilisation initiale, l'entité doit évaluer un actif financier conformément au


business model défini par l’entreprise, c’est-à-dire de l'une ou l'autre des façons suivantes :

- au coût amorti ;

- à la juste valeur par le biais des autres éléments du résultat global ;

- à la juste valeur par le biais du résultat net.

L'entité doit également appliquer les dispositions en matière de dépréciation relatives aux
actifs financiers évalués au coût amorti et aux actifs financiers évalués à la juste valeur par le
biais des autres éléments du résultat global, et cela tout en appliquant à ceux qui se sont désignés
comme éléments couverts les dispositions en matière de comptabilité de couverture.

Paragraphe 2 : Système de dépréciation et de couverture des actifs financiers

1. Modèle de dépréciation

Le second volet de la norme IFRS 9 concerne l’évaluation et la comptabilisation de la


dépréciation d’actifs. Les nouvelles dispositions, en profonde rupture avec la norme IAS 39,
sont caractérisées par le passage d’un modèle de « pertes encourues ou subies » à un modèle de
« pertes attendues ». Elles s’appliquent de manière uniforme à l’ensemble des actifs financiers
pouvant faire l’objet d’une dépréciation (coût amorti, juste valeur par les autres éléments du
résultat global). L’objectif est de rendre moins complexes les méthodes d’appréciation de la
perte de valeur et même de l’anticiper. Dès la comptabilisation de l’instrument financier par
l’entité, celle-ci doit constater une dotation aux provisions pour dépréciation qui correspond à

2
Nonobstant l'exigence énoncée ci-haut, l'entité doit, lors de la comptabilisation initiale, évaluer les créances
clients à leur prix de transaction, au sens de la norme IFRS 15, lorsque celles-ci ne comportent pas une composante
de financement importante, déterminée conformément à IFRS 15.

13
la perte attendue sur la durée de vie résiduelle de l’instrument (valeur actuelle des cas de
défaillance dont un instrument financier peut faire l’objet au cours de sa durée de vie résiduelle).
Le montant de la dépréciation étant déterminé par l’entité non seulement en se basant sur des
informations raisonnables et justifiables, sur les événements passés, la conjoncture actuelle et
les prévisions de la conjoncture économique future, qu'il est possible, à la date de clôture,
d'obtenir sans devoir engager des coûts ou des efforts excessifs mais, aussi en fonction de son
système interne de gestion des risques de crédit3.

Ainsi, des dotations aux provisions pour dépréciation vont être enregistrées même pour
des actifs qui ne feront jamais l’objet d’un évènement de crédit qui conduirait à leur
dépréciation. Il ne s’agit donc pas seulement d’un simple arbitrage intertemporel dans le cadre
duquel les provisions antérieurement comptabilisées réduiraient d’autant celles à enregistrer
lors de la dépréciation de l’actif financier.

A chaque clôture d’exercice, l’entité doit apprécier si le risque de crédit associé à un actif
financier a augmenté de façon significative depuis sa comptabilisation initiale. Ainsi :

- Si une entité estime que le risque de crédit associé à un instrument financier n’a
pas augmenté significativement depuis sa comptabilisation initiale, alors le montant de
la correction de valeur pour pertes est égal au montant des pertes de crédit attendues
pour cet instrument financier durant les 12 mois à venir. Ce montant correspond aux
pertes de crédit qui résulteraient de tous les cas de défaillance dont un
instrument financier pourrait faire l’objet tout au long de sa durée de vie prévue,
pondérées par la probabilité que cette défaillance survienne au cours des 12 mois
à venir.

- Lorsque le risque de crédit a augmenté de manière importante depuis la comptabilisation


initiale d’un tel instrument, il convient de comptabiliser, à la date de clôture, les pertes
totales attendues pour la durée de vie résiduelle de l’instrument.

3
Perte de crédit attendue = probabilité de défaillance (probability of default) x perte en cas de défaillance (loss
given default) x exposition en cas de défaillance (exposure at default) avec :
- Probabilité de défaillance : probabilité de survenance d’un cas de défaillance pendant une durée
déterminée.
- Perte en cas de défaillance : pourcentage de perte en cas de survenance d’un cas de défaillance.
- Exposition en cas de défaillance : montant de la créance à recouvrer au moment de la survenance du cas
de défaillance.

14
2. Un dispositif de couverture réformé

La norme IFRS 9 a reconduit en grande partie les règles relatives aux opérations de
couverture notamment en maintenant les différents types de relation de couverture. Les
évolutions apportées portent essentiellement sur :

- l’élargissement des règles d’éligibilité des instruments couverts ;


- l’élargissement des règles d’éligibilité des instruments de couverture ;
- l’assouplissement des critères d’efficacité ;
- le renforcement du niveau d’information à fournir.

L’objectif est d’accroitre le lien entre la comptabilité de couverture et la gestion des risques
mise en place par l’entité.

15
DEUXIEME PARTIE :
APPLICATION DE LA NORME IFRS 9 AUX
ACTIFS FINANCIERS DE LA BESTBANK

Dans cette partie, nous étudierons de manière pratique l’application de la norme IFRS 9 aux
actifs financiers d’une banque ivoirienne. Dans un premier temps, nous porterons un regard
critique sur la mise en application de la norme par la banque, plus précisément sur la
classification et l’évaluation des actifs financiers, et proposerons des amendements et
suggestions afin d’assurer une meilleure appréhension. Puis, nous nous intéresserons aux
incidences du nouveau modèle d’évaluation des actifs financiers sur l’organisation comptable
et la gestion du risque de crédit.

16
CHAPITRE 1 : APPRECIATION DE L’EVALUATION DES ACTIFS
FINANCIERS DE LA BESTBANK SELON LA NORME IFRS 9

Section 1 : Présentation de l’application de la norme IFRS 9 aux actifs financiers

Paragraphe 1 : Le modèle de classification et d’évaluation des actifs financiers de la


BESTBANK

Le portefeuille des actifs financiers de la BESTBANK est essentiellement constitué de prêts


interbancaires, prêts octroyés aux entreprises, crédits accordés à la clientèle (particuliers) et, de
titres.

Afin de procéder à l’évaluation des actifs financiers, la BESTBANK a utilisé un modèle


prescrit par l’IASB qui se résume en cinq (5) étapes :

Figure 2: Etapes suivies par la BESTBANK pour la gestion des actifs financiers

Source : Extrait du rapport global de la BESTBANK

- Collecter : la banque collecte un ensemble d’informations portant sur les actifs


financiers telles que les contrats relatifs à ses actifs, à la politique de gestion des flux de
trésorerie et aux catégories des emprunteurs ;
- Segmenter : à partir des informations collectées, la banque procède à un regroupement
selon les prescriptions de la norme afin de pouvoir appliquer le modèle de dépréciation
approprié ;
- Classifier : après la classification, la banque comptabilise les actifs financiers
nouvellement acquis selon le modèle correspondant au segment auquel ceux-ci
appartiennent c’est-à-dire dans le groupe des actifs financiers évalués au coût amorti, à
la juste valeur selon le résultat net ou la juste valeur par les autres éléments du résultat
global ;
- Calculer : ce calcul porte sur les ajustements de valeur à comptabiliser pour les actifs
évalués à leur juste valeur et aussi sur la détermination du montant des provisions pour

17
pertes attendues selon que le risque de crédit ait augmenté de façon significative ou
non ;
- Restituer et comptabiliser : une fois le calcul effectué, la banque comptabilise le
montant provisionné au titre des pertes attendues et effectue les reprises pour les actifs
pour lesquels le risque de crédit rattaché a diminué.

Comme le recommande la norme IFRS 9, les actifs financiers peuvent être regroupés en
trois catégories selon le modèle économique défini par l’entreprise et les caractéristiques
contractuelles des flux de trésorerie. En se basant sur ses prescriptions, la BESTBANK a
regroupé ses actifs financiers de la manière suivante :

Classe selon
Actifs financiers Modèle économique Caractère des flux de trésorerie
IFRS 9
La banque a octroyé ces
Les flux de trésorerie contractuels
prêts à des banques
Prêts perçus correspondent uniquement à des
présentes sur le marché
interbancaires remboursements de principal et à des
ivoirien et compte les
versements d'intérêts.
détenir jusqu'à échéance.
Coût amorti
La banque a octroyé ces
Les flux de trésorerie contractuels
Prêts aux prêts à des entreprises
perçus correspondent uniquement à des
entreprises et aux uniquement afin d'en
remboursements de principal et à des
particuliers percevoir les flux
versements d'intérêts.
contractuels.
La banque détient ces actifs Coût amorti et
Les flux de trésorerie proviennent des
Titres de de manière durable mais, juste valeur par les
dividendes obtenus périodiquement et
participation avec une possibilité de les autres éléments du
des cessions de ses actifs.
céder. résultat global
La banque détient ces titres
Les flux de trésorerie proviennent des
Titres de dans une optique de Juste valeur par le
dividendes perçus et des produits de
placement spéculation sur les marchés résultat net
cessions.
financiers.
Tableau 1: Tableau de classification des actifs financiers de la BESTBANK selon la norme IFRS 9

Source : Ariel DIBY, 2020.

Comme présenté dans le tableau ci-haut, les prêts accordés par la banque sont évalués au coût
amorti. Celle-ci évalue certains de ses titres de participations au coût amorti et d’autres à la
juste valeur par les capitaux propres selon que la banque souhaite les détenir de manière durable
et recevoir des dividendes ou les céder. Cependant, les titres de placement acquis dans une
optique de spéculation sont évalués à la juste valeur par le résultat net.

La banque a procédé à une classification de ses actifs financiers selon que ceux-ci sont
évalués au coût amorti, à la juste valeur par les autres éléments du résultat global ou à la juste
valeur par le résultat net. Elle s’est basée sur les valeurs des prêts accordés ainsi que celles des
18
titres détenus qui sont consignées dans les états des prêts accordés et des titres détenus. Comme
le montre le tableau suivant les actifs financiers de la BESTBANK s’élèvent à 219 648 605 731
FCFA.

Juste valeur par


Juste valeur par
Coût amorti les autres éléments TOTAL
le résultat net
du résultat global
Montants
148 824 595 424 26 107 925 685 44 716 084 622 219 648 605 731
(FCFA)
Tableau 2 : Classification des actifs financiers de la BESTBANK

Source : Département Comptabilité de la BESTBANK

Paragraphe 2 : Modèle de provisionnement des actifs financiers de la BESTBANK

1. Processus de provisionnement

Pour la détermination du montant à provisionner pour les pertes attendues, la banque se


base sur une matrice de taux déterminée par un actuaire et défini pour le groupe BESTBANK.
Toutefois, chaque entité présente dans les différents pays a la possibilité d’ajuster les taux en
fonction de la conjecture économique qui prévaut. Pour ce faire, elle se base sur deux éléments
majeurs :

- Un regroupement des créances selon leurs caractéristiques qui prend en compte


l’exhaustivité des paramètres et des informations relatives aux actifs (modèles
économiques, gestion des flux de trésorerie, conjecture économique, prévisions …).
Selon le cas, la banque peut être amenée à définir différents taux selon les catégories ;
- Un ajustement des taux de pertes en fonction d’informations prévisionnelles : Il
convient de déterminer si les taux de pertes ont été effectivement générés dans des
circonstances économiques qui sont représentatives pour le portefeuille à la date du
bilan. À cet effet, elle doit estimer dans quelle mesure des informations actuelles et
prévisionnelles sont susceptibles d’influer sur les taux historiques de pertes.

Elle subdivise pour ce calcul les actifs financiers en trois catégories qui sont perceptibles à
l’acquisition de l’actif et pendant son évolution dans le patrimoine de l’entité. On a :

a. Les actifs sains ou étape 1

A la date de leur comptabilisation initiale, les actifs sont classés systématiquement en Étape
1 à moins qu’ils ne s’agissent d’actifs douteux ou en défaut dès leur acquisition ou leur création.

19
b. Les actifs dégradés ou étape 2

Pour identifier les actifs présentant nouvellement un risque de pertes de valeurs,


l’augmentation significative du risque de crédit est appréciée par la BESTBANK en tenant
compte de toutes les informations historiques et prospectives disponibles (scores
comportementaux, notation, indicateurs de type « loan to value », scenario de prévisions
macroéconomiques, etc.). L’appréciation de l’évolution du risque de crédit tient compte des
trois critères suivants :

- La banque analyse l’évolution de la note de contrepartie qui est liée à l’évolution du


secteur d’activité, des conditions macroéconomiques et du comportement de la
contrepartie. Si la contrepartie est déclarée « sensible », les contrats conclus avec cette
contrepartie sont transférés en étape 2 et les dépréciations sont rehaussées.
- La banque apprécie également l’amplitude de l’évolution de la note de contrepartie.
Cette amplitude est appréciée contrat par contrat entre leur date de première
comptabilisation et la date de clôture à partir de seuils fixés par la direction des risques.
Ces seuils de transfert entre l’Étape 1 et l’Étape 2 sont déterminés par portefeuille
homogène de contrats et calculés en fonction des courbes de probabilité de défaut de
chacun des portefeuilles.
- L’existence d’impayés de plus de 30 jours est un indicatif. Il existe une présomption
(réfutable) de dégradation significative du risque de crédit lorsqu’un actif fait l’objet
d’un impayé de plus de 30 jours.

Dès lors qu’un seul de ces trois critères est rempli, l’encours concerné est transféré de
l’Étape 1 à l’Étape 2 et les dépréciations ou provisions afférentes sont ajustées en conséquence.
Les deux premiers critères sont symétriques ; ainsi, une amélioration suffisante de la note, ou
une sortie de la contrepartie de la liste de contreparties sensibles, entraîne un retour des encours
concernés en Étape 1.

c. Les actifs douteux ou en étape 3

Pour identifier les actifs présentant un risque soutenu de perte de valeurs (encours douteux),
la BESTBANK détermine l’existence d’indications objectives de dépréciation (événements de
défaut) :

20
- une dégradation significative de la situation financière de la contrepartie qui augmente
la probabilité que cette dernière ne puisse pas honorer en totalité ses engagements,
impliquant alors un risque de perte pour la banque ;
- l’assouplissement, pour des raisons liées aux difficultés financières de l’emprunteur, des
clauses du contrat de prêt qui n’aurait pas eu lieu dans d’autres circonstances ;
- la survenance d’un ou plusieurs impayés depuis au moins 90 jours (à l’exception des
encours restructurés, qui sont considérés pendant une période probatoire comme
dépréciables au premier impayé) accompagnée ou non de l’ouverture d’une procédure
de recouvrement ;
- ou, indépendamment de l’existence de tout impayé, l’existence d’un risque avéré de
crédit ou de procédures contentieuses (dépôt de bilan, règlement judiciaire, liquidation
judiciaire).

En cas de retour à l’étape 2, les contrats sont alors maintenus dans cette Étape 2 pendant
une durée minimale avant qu’un éventuel retour en Étape 1 puisse être envisagé. Cette durée de
maintien en Étape 2 est comprise entre 6 mois et 2 ans selon la nature des portefeuilles de
risques auxquels appartiennent les contrats.

2. Calcul des provisions

Pour les différentes catégories d’actifs, la banque détermine le montant à affecter en


provisions pour les pertes de crédits attendues et l’enregistre dans la ligne « coût du risque » de
son compte de résultat. Elle se base sur la formule suivante :

Perte de crédit attendue = probabilité de défaillance (probability of default) x perte en cas de


défaillance (loss given default) x exposition en cas de défaillance (exposure at default)

Avec :

- Probabilité de défaillance : probabilité de survenance d’un cas de défaillance pendant


une durée déterminée ;
- Perte en cas de défaillance : pourcentage de perte en cas de survenance d’un cas de
défaillance ;
- Exposition en cas de défaillance : montant de la créance à recouvrer au moment de la
survenance du cas de défaillance.

Selon les différentes catégories d’actifs financiers, on a le tableau ci-dessous au 31


décembre 2019. A partir des travaux du cabinet d’actuaires, la provision déterminée au titre des

21
actifs sains sera à hauteur de 2% de la valeur de ceux-ci. Pour les actifs dégradés ou présentant
nouvellement un risque de perte de valeur, la provision représentera 5% de leur valeur. Quant
aux actifs douteux, la provision s’y rattachant représentera 12% de leur valeur.

Actifs dégradés ou Actif douteux ou


présentant présentant un risque
Actifs sains
nouvellement un risque de perte de valeurs
de perte de valeurs soutenue
Provisions calculées Provisions calculées
Provisions calculées sur
Provisions à pour les pertes attendues sur la durée de vie
la durée de vie résiduelle
constater sur les 12 prochains résiduelle des actifs
des actifs
mois financiers
Probabilité de
0,165 0,246 0,35
défaillance
Perte en cas
0,15 0,201 0,345
de défaillance
Taux 2% 5% 12%
Tableau 3: Taux de provisionnement déterminés par un cabinet d’actuaires

Source : Département Comptabilité de la BESTBANK

La banque a alors classé ses actifs financiers selon que ceux-ci soient sains, dégradés ou
douteux. Elle s’est basée sur les informations obtenues par son département en charge du
recouvrement quant à la situation financière des contreparties et des valeurs des titres détenus.
Ce tableau montre que les actifs financiers sains de l’entité s’élèvent 124 287 882 307 FCFA
contre 6 765 339 002 FCFA pour les actifs douteux.

Risque de perte de Perte de valeurs


Sains
valeurs soutenues
Coût amorti (FCFA) 106 233 416 822 38 522 263 850 4 068 914 752
Juste valeur par les autres
éléments du résultat global 18 054 465 485 5 357 035 950 2 696 424 250
(FCFA)
TOTAL (FCFA) 124 287 882 307 43 879 299 800 6 765 339 002
Tableau 4: Répartition des actifs financiers de la BESTBANK selon le niveau d’occurrence du risque

Source : Département Comptabilité de la BESTBANK

A partir des valeurs ci-dessus et des taux, on a le tableau suivant qui présente le calcul
des provisions pour pertes attendues. Le montant total des provisions s’élève à 4 391 563 316
FCFA.

22
Actifs sains Actifs dégradés Actifs douteux
Taux 2% 5% 12%
Actifs financiers à la Actifs financiers à la Actifs financiers à la
Actifs financiers au juste valeur par les Actifs financiers au juste valeur par les Actifs financiers au juste valeur par les
Types d'actifs
coût amorti autres éléments du coût amorti autres éléments du coût amorti autres éléments du
résultat global résultat global résultat global
Montants
106 233 416 822 18 054 465 485 16 522 263 850 5 357 035 950 4 068 914 752 2 696 424 250
(FCFA)

Provisions
2 124 668 336 361 089 310 826 113 193 267 851 798 488 269 770 323 570 910
(FCFA)

Total (FCFA) 4 391 563 316

Tableau 5: Provisions pour pertes de crédits attendues selon la norme IFRS 9

Source : Département Recouvrement de BESTBANK

23
Section 2 : Amendements apportées à l’application de la norme IFRS 9 par la
BESTBANK

Paragraphe 1 : Seuils de matérialités

Nos travaux d’examen des actifs financiers de la BESTBANK ont porté d’une part sur
l’appréciation du portefeuille des actifs financiers et d’autre part sur le calcul des provisions
pour dépréciation dudit portefeuille.

Dans cette perspective, nous avons déterminé les trois (3) seuils de matérialité suivants :

- le seuil de signification (Overall materiality) qui est le montant au-delà duquel la somme
des anomalies ne permet pas d’émettre une opinion sur les états financiers d’une entité
et, les décisions économiques ou le jugement fondé sur les comptes sont susceptibles
d'être influencés. Dans le cas présent, il s’élève à 828 502 000 FCFA ;
- le seuil de planification (Performance materiality) : c’est le seuil d'un montant inférieur
au seuil de signification utilisé pour définir la nature et l'étendue de ses travaux. Dans
le cas présent, il s’élève à 631 770 000 FCFA ;
- Le seuil de remontée des anomalies (Simple unit materiality) : Il s’agit du seuil en deçà
duquel une anomalie serait considérée comme insignifiante sur l’opinion émise. Dans
le cas présent, il vaut 41 425 000 FCFA.

Paragraphe 2 : Synthèse des points de correction et suggestions en vue d’une


meilleure application de la norme IFRS 9 par la BESTBANK.

1. Anomalies constatées

A l’issue des diligences mises en œuvre, nos travaux ont permis de relever deux principales
anomalies qui portent sur la sous-évaluation des actifs en souffrance et le calcul des provisions
pour pertes de crédits.

a. Sous-évaluation des actifs financiers en souffrance

Nous avons analysé les différents contrats conclus entre la BESTBANK et les particuliers,
les entreprises et les établissements de crédit. Nos travaux ont révélé l’existence de deux prêts
accordés par la BESTBANK à deux entreprises, d’un montant total de 2 057 635 000 FCFA et
pour lesquelles l’on note des retards de remboursement depuis juin 2019 pour la première
entreprise et août 2019 pour la seconde. Nos investigations sur les deux entités nous ont permis

24
de constater que ces deux entités rencontrent des difficultés financières et présentaient un risque
de faillite au 31 décembre 2019. Cela montre qu’il s’agit d’actifs financiers en souffrance.

Par ailleurs, la situation financière de ces entités ayant favorisé les défauts de paiements
n’est pas dû aux effets négatifs de la COVID 19 mais, remonte à des faits constatés au cours du
second semestre de 2019.

b. Approche d’évaluation des pertes de crédit attendues

Pour la détermination des pertes de crédits attendues et l’évaluation de la provision, la


BESTBANK a eu recours aux travaux du groupe BESTBANK Holding.

Une revue des procédures de constitution des provisions pour dépréciation des instruments
financiers de la Holding nous a permis de noter l’absence de la détermination des taux de
dépréciation propres à chaque catégorie d’actif et l’affectation d’un même taux à l’ensemble
des actifs sans prise en compte de leurs natures, de la volatilité de leurs valeurs, de leurs
échéances et des informations historiques du portefeuille d’instruments financiers.

2. Recommandations

Au regard des différents points notés, nous avons formulé trois (3) recommandations dont
la prise en compte par les dirigeants de la BESTBANK pourraient contribuer à une meilleure
gestion du portefeuille de ses instruments financiers à savoir :

1- Reclassement des créances en souffrance dont le montant s’élève à 2 057 635 000
FCFA : il est plus que nécessaire pour la BESTBANK de reclasser ces créances en actifs
en souffrance conformément aux dispositions de la norme IFRS 9 afin de présenter une
image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat des activités de
l’exercice écoulé.
2- Réalisation d’un suivi régulier des créances venant à échéance en vue de recueillir à
temps des informations sur la situation financière et la solvabilité de ses débiteurs,
anticiper la perte de certains actifs et prévenir les risques de crédit ;
3- Amélioration du modèle de calcul des provisions en sollicitant les services d’un cabinet
d’actuaires afin d’obtenir une évaluation précise des taux à appliquer selon la catégorie
des actifs financiers.

25
CHAPITRE 2 : MESURE DE L’IMPACT DE L’APPLICATION DE LA NORME
IFRS 9 SUR LA BESTBANK

L’application de la norme IFRS 9 par la BESTBANK a des incidences sur l’organisation


comptable, le système d’information, le modèle de constatation des pertes et sur le résultat de
l’entité. Elle présente donc un impact sur la qualité de l’information financière produite.

Section 1 : INCIDENCES SUR LE SYSTEME COMPTABLE

Paragraphe 1 : Un changement organisationnel

1. Une plus grande intervention de la direction

La norme IFRS 9 propose un nouveau modèle de classification des actifs financiers. Il


s’agit de la détermination des flux de trésorerie provenant de ces actifs financiers et du modèle
économique choisi pour ces actifs.

Elle fait intervenir le jugement professionnel des dirigeants des entités pour la
classification des actifs financiers dans la mesure où la catégorie de ceux-ci ne dépend plus de
leur nature (prêts, titres de placements …) mais, plutôt du choix de leur modèle économique.
En effet, le modèle économique est déterminé par les dirigeants de l’entité détentrice de ces
actifs comme le prévoit la norme IAS 24 « Informations relatives aux parties liées ». Le choix
du modèle d’affaire, une fois effectué, doit rester le même sur une durée relativement longue.
Toutefois, son changement pourrait survenir en cas d’évolutions internes et/ou externes. Ce
choix de modèle d’affaires permet de déterminer si un actif financier doit être évalué sur la base
de son coût amorti qui est la solution la moins risquée en cas de crise financière par exemple,
ou sur la base de sa juste valeur, par le résultat net ou par les capitaux propres.

Au niveau de la BESTBANK, l’identification du modèle économique ne s’effectue pas


instrument par instrument, mais au niveau d’un portefeuille d’instruments financiers, comme
prescrit par la norme IFRS 9, en analysant et en observant notamment :

- toutes les clauses contractuelles, notamment celles qui pourraient modifier l’échéancier
ou le montant des flux de trésorerie contractuels ;
- le mode de gestion des risques associés aux actifs financiers concernés ;
- le mode de rémunération des responsables en charge de gérer le portefeuille et ;

26
- les cessions d’actifs réalisées (pour les actifs similaires) et prévues (valeur, fréquence,
nature).

2. Impact sur le bilan du reclassement des actifs financiers

L’impact majeur de la norme IFRS 9 porte sur la présentation du bilan qui classe les
actifs financiers en quatre catégories au lieu de trois. Pour classer et évaluer des actifs financiers,
la direction souligne qu’il est nécessaire de distinguer trois modèles d’activités à savoir :

- Un modèle fondé sur la collecte des flux contractuels des actifs financiers ;
- Un modèle fondé sur la collecte des flux contractuels des actifs financiers et sur la vente
de ces actifs et ;
- Un modèle propre aux autres actifs financiers, notamment de transaction, dans lequel la
collecte des flux contractuels est accessoire.

Ainsi, au 1er janvier 2019, l’entreprise a eu à reclasser ses actifs financiers selon le nouveau
modèle.

Prêts et créances

Actifs financiers
évalués au coût
amorti
Actifs financiers
détenus jusqu’à
leur échéance
Actifs financiers
évalués à la juste
valeur par le résultat
Actifs financiers à
la juste valeur par
le biais du résultat
Actifs financiers
évalués à la juste
valeur par les autres
Actifs financiers
éléments du résultat
disponibles à la
vente

Figure 3: Passage de la classification selon la norme IAS 39 à la norme IFRS 9

Source : Ariel DIBY, 2020.

Paragraphe 2 : Impact sur le système d’informations

L’application de la norme IFRS 9 nécessite la révision du modèle de détermination des


provisions pour risques de crédit. Le nouveau modèle repose sur la collecte d’informations

27
fiables, justifiables, prévisionnelles et prospectives. La BESTBANK doit alors mener les
actions nécessaires en vue d’obtenir les informations portant sur les différents actifs financiers.
Pour ce faire, la BESTBANK a procédé à un renforcement de son équipe en charge du suivi
des variations des valeurs des différents actifs afin de prévenir une éventuelle perte.

Toutefois, certaines limites sont données quant à l’ampleur des informations à prendre
en compte. En effet, il s’agit d’informations raisonnables et justifiables qu’il est possible
d’obtenir à la date de reporting sans devoir engager des coûts ou des efforts excessifs, y compris
des informations sur les événements passés et les circonstances actuelles et des prévisions
concernant la conjoncture économique future.

Section 2 : INCIDENCES SUR LE RISQUE DE CREDIT ET LE RESULTAT

L’apport majeur de la norme IFRS 9 porte sur la comptabilisation des provisions pour
pertes de crédits. Celle-ci ne porte plus seulement sur les pertes encourues mais également sur
les pertes de crédit futures. Cette disposition entretient un lien étroit avec la gestion du risque
de crédit et impacte de ce fait le résultat de l’entité.

Paragraphe 1 : Contribution à la maîtrise du risque de perte

1. Notion de risque de crédit

La norme IFRS 7 définit le risque de crédit comme « le risque qu'une partie à un instrument
financier manque à l’une de ses obligations et amène de ce fait l'autre partie à subir une perte
financière ». En d’autres termes, le risque de crédit est défini comme étant le risque résultant
de l'incertitude liée à la possibilité ou la volonté des contreparties ou des clients de remplir leurs
obligations. Ainsi, il existe donc un risque pour la banque dès lors qu'elle se met en situation
d'attendre une entrée de fonds de la part d'un client ou d'une contrepartie de marché.

Le risque de crédit est le risque que le débiteur ne réponde pas à son obligation initiale qui est
de rembourser un crédit (Bah, 2008). Dès lors qu’un client rend son compte débiteur, la banque
est amenée à supporter un risque de crédit. Cela est aussi dû au fait que la banque collecte des
fonds auprès du public qu'elle doit être en mesure de restituer en tout temps ou selon les
conditions de retrait fixées. Puisque les banques ne sont pas à l'abri d’un manque de paiement
de la part d’un débiteur, elles doivent apprécier les demandes de crédit avec minutie pour
minimiser le risque. Bah (2008) décompose le risque de crédit en plusieurs éléments :

28
- le risque de contrepartie qui est, pour une banque, la possibilité qu’un débiteur n’honore
pas les engagements pris envers elle ;
- le risque de liquidité qui apparaît lorsque le client se trouve dans une situation
d'illiquidité (temporaire ou conjoncturelle). On parle alors de risque de non-paiement ;
- le risque lié à une baisse des activités de la contrepartie et qui est susceptible d’influer
sa liquidité ;
- le risque sectoriel qui est le risque lié au secteur d’activité du débiteur ;
- le risque financier qui résulte de l’impact de situations macroéconomiques.

2. Gestion du risque de crédit

Afin de permettre aux entités de se couvrir contre le risque de crédit, et éviter la constatation
trop tardive des pertes sur les actifs financiers, l’IASB a proposé de constater des provisions
par anticipation. En effet, cette procédure emmène les banques et entités à constater des
provisions dès l’acquisition des actifs financiers afin de se prémunir contre un éventuel risque
de perte de valeur. Cette nouvelle disposition permet aux banques de ne pas faire face aux pertes
de manière brusque et tardive comme lors de la crise financière de 2008.

Les banques sont constamment confrontées à ce risque, lequel est étroitement lié à leurs
activités. La prise en compte de cette réalité permet donc à la banque de s’apprêter. Prenons le
cas des créances en souffrance d’une valeur de 2 057 635 000 FCFA de la BESTBANK telles
que relevées plus haut. La non-prise en compte de dispositions visant à constater une provision
pourrait emmener la BESTBANK à constater des pertes, des dépréciations de créances qui
affecteraient ses fonds propres. De même, la banque pourrait subir un préjudice dû à l’absence
d’actions mises en place afin de s’informer de la situation financière de ses débiteurs et de
l’évolution des actifs financiers sur le marché ivoirien et ouest-africain en cette période de crise
sanitaire.

3. Prise en compte de la crise sanitaire dans l’application de la norme


IFRS 9 par la BESTBANK

La norme IFRS 9 permet la prise en compte des risques de pertes de crédits attendues
dans l’élaboration des états financiers afin de permettre aux entités de se prémunir d’éventuelles
défaillances de paiement de la part de la seconde partie du contrat. La COVID 19 s’étant
généralisée après la clôture de l’exercice 2019 mais, avant l’arrêté des comptes de l’entité, la

29
question se pose de savoir s’il faut oui ou non prendre en compte ses effets pour l’évaluation
des actifs financiers.

L’IASB, à travers la norme IAS 10 « Evènements postérieurs à la période de reporting »


et un avis récent, traite des effets de la COVID 19 sur la détermination des provisions pour
pertes attendues.

Selon la norme IAS 10, les événements postérieurs à la période de reporting sont les
événements, favorables et défavorables, qui se produisent entre la clôture de l’exercice et la
date de publication des états financiers. On peut distinguer deux types d’événements : ceux qui
contribuent à confirmer des situations qui existaient à la fin de la période de reporting
(évènements postérieurs à la période de reporting donnant lieu à des ajustements) et ceux qui
indiquent des situations apparues postérieurement à la fin de la période de reporting
(évènements postérieurs à la période de reporting ne donnant pas lieu à des ajustements mais,
devant faire l’objet de mention dans les notes annexes).

Selon l’avis de l’IASB, la COVID-19 pourrait avoir un impact sur les évaluations à la
clôture de l’exercice comptable 2019. L’incertitude actuelle oblige les entités à repenser leur
approche de détermination des pertes de crédit attendues. En effet, les entités ne peuvent pas,
pendant la période postérieure à la clôture des comptes évaluer le risque de crédit en se basant
sur les retards de paiement présentés par certains agents économiques. Celles-ci doivent plutôt
prendre en compte les informations raisonnables et justifiables (historiques, actuelles et
prospectives dans la mesure du possible) afin de déterminer les montants à provisionner.
Toutefois, l’apparition de la pandémie étant un évènement postérieur à la clôture de l’exercice
2019, la BESTBANK devra préciser dans ses notes annexes l’éventuel impact de la COVID-
19 sur ses comptes.

Nous avons vérifié que le gouvernement de la BESTBANK a mis en œuvre les outils
nécessaires en vue d’évaluer l’impact de la COVID 19 sur les activités et le modèle d’affaires
et pris les mesures idoines en vue de corriger les éventuels effets sur le portefeuille des
instruments financiers.

Nos travaux ont relevé l’absence d’analyses approfondies menées par la BESTBANK
sur l’impact de la crise sanitaire sur ses activités. En effet, la COVID-19, n’étant initialement
pas présente en Côte d’Ivoire, le Gouvernement de la BESTBANK n’a pas pris en compte les
conséquences de cette pandémie sur son activité lors de la présentation de ses comptes. Nous
avons vérifié que la continuité de l’exploitation de la BESTBANK ne sera pas compromise

30
dans un avenir raisonnablement proche et qu’elle sera en mesure de faire face à ses échéances
à brève échéance. Nos investigations ont permis de constater que certains débiteurs présentaient
des difficultés financières dues à l’impact de la COVID-19 et pourraient ne pas être en mesure
d’honorer leurs signatures. Ce qui pourrait impacter considérablement les comptes de 2020. Il
appartient alors à la banque d’assurer un suivi régulier de ses débiteurs afin de se prémunir
d’éventuels risques.

Encore aujourd’hui, l’IASB et l’IFRS FOUNDATION poursuivent leurs travaux en


étroite collaboration avec les autorités de réglementation, et encouragent les entreprises à
prendre en compte les orientations fournies par les autorités prudentielles et celles des valeurs
mobilières.

Paragraphe 2 : Impact sur le résultat de BESTBANK

La norme IFRS 9 propose une approche plus prospective permettant de prendre en


compte, le plus tôt possible, le risque de perte de crédit. Cependant, cette approche s’avère
coûteuse pour les entreprises appliquant cette norme et principalement pour les banques.

Considérons cet extrait du Compte de Résultat de la BESTBANK au terme des exercices


clos le 31 décembre 2018 et 2019. La norme IFRS 9 étant entrée en vigueur à partir du 1er
janvier 2019, la BESTBANK a présenté ses états financiers pro-forma de l’exercice 2018 en
appliquant ladite norme afin d’assurer la comparabilité entre les exercices.

Compte de résultat (en FCFA) 2 019 2018 (IFRS 9)4 2018 (IAS 39)
Intérêts et produits assimilés 32 380 839 584 29 002 397 702 29 002 397 702
Intérêts et charges assimilées -9 843 217 562 -9 545 025 746 -9 545 025 746
Commissions (produits) 3 826 810 776 3 622 246 167 3 622 246 167
Commissions (charges) -1 179 999 970 -1 347 655 217 -1 347 655 217
Grains ou pertes nets sur instruments financiers à la juste
690 495 780 1 260 025 403 899 014 075
valeur par résultat
Gains ou pertes nets sur actifs financiers disponibles à la vente - - 443 209 785
Gains ou pertes nets sur actifs financiers à la juste valeur par
698 539 227 357 936 815 -
les capitaux propres
Produits des autres activités 2 051 990 041 2 126 534 346 2 126 534 346
Charges des autres activités -3 382 545 444 -2 930 722 992 -2 930 722 992
Produit net bancaire 25 242 912 432 22 545 736 478 22 269 998 120
Charges générales d'exploitation -3 665 182 970 -3 412 582 469 -3 412 582 469
Dotations aux amortissements et aux dépréciations des
-1 337 517 804 -1 145 269 970 -1 145 269 970
immobilisations incorporelles et corporelles
Impôts versés au cours de l'exercice -1 443 421 967 -1 673 938 333 -1 673 938 333
Résultat brut d'exploitation 18 796 789 691 16 313 945 706 16 038 207 348
Coût du risque -6 625 304 386 -4 495 669 003 -2 527 462 102
Résultat d'exploitation 12 171 485 305 11 818 276 703 13 510 745 246

4 Ces valeurs ont été déterminées au 1er janvier 2019 en appliquant la norme IFRS 9 aux comptes de 2018.

31
Tableau 6 : Extrait de l’état de résultat net de la BESTBANK des exercices 2018 et 2019.

Source : Département comptabilité de la BESTBANK

Au regard des chiffres présentés ci-haut, l’on note que l’application de la norme IFRS 9
représente un coût supplémentaire pour la BESTBANK. En effet, la nouvelle approche
proposée par la norme IFRS 9 quant à la comptabilisation des provisions prend en compte les
pertes de crédits attendues en plus des pertes de crédits pour lesquelles l’on dispose d’éléments
justificatifs patents. Ainsi, le coût du risque enregistre en plus des charges couramment
supportées avec la norme IAS 39, des charges additionnelles. C’est ce qui justifie la forte
croissance du coût du risque au 1er janvier 2019 lors de la première application de la norme
IFRS 9 par la BESTBANK (2 527 462 102 FCFA en 2018 contre 4 495 669 003 FCFA le 1er
janvier 2019).

De plus, nous remarquons que ce montant a augmenté de 20185 à 2019. Nos travaux tels
que présentés dans le chapitre 1 de la deuxième partie nous montre que les provisions relatives
aux actifs financiers de la BESTBANK représentent 4 391 563 316 FCFA soit 66% du montant
enregistré en coût du risque. Cette prédominance est, en effet, dû au secteur d’activité dans
lequel évolue la banque. Cet impact déjà considérable pour l’entité depuis la première
application de la norme en 2018 pourrait avoir une incidence encore plus significative sur le
résultat de BESTBANK ainsi que des banques de l’UEMOA avec la crise sanitaire actuelle au
titre de l’exercice 2020 et peut-être des années à venir.

5 Faisant référence aux chiffres du 1er janvier 2019.

32
Conclusion

Suite à l’adoption de la norme IFRS 9 relative aux instruments financiers le 1er janvier
2018 par l’International Accounting Standard Board (IASB) et à l’obligation des entreprises de
l’espace OHADA dont les titres sont inscrits à une bourse de valeurs ou sollicitant un
financement dans le cadre d’un appel public à l’épargne de produire des états financiers selon
les normes internationales en sus des états financiers selon le système comptable OHADA, nous
nous sommes intéressé à l’impact de l’évaluation des actifs financiers selon la norme précitée
sur une institution bancaire ivoirienne, la BESTBANK.

Notre étude nous a emmené à présenter de manière succincte le contexte ayant favorisé
l’entrée en vigueur de la norme IFRS 9 ainsi que les nouvelles dispositions qu’elle prévoit à
savoir un nouveau modèle de classification et d’évaluation des actifs financiers, un principe de
provisionnement fondé sur les pertes de crédits attendues et plus seulement sur les pertes de
crédits encourues ainsi que la révision de la comptabilité de couverture. À la suite de cela, nous
avons porté un regard critique sur l’application de la norme par l’entreprise qui nous a permis
de relever la nécessité d’une recherche plus méticuleuse d’informations afin de procéder à une
évaluation fiable des dépréciations et provisions à constater. Une fois cela réalisé, nous nous
sommes alors appesanti sur les incidences de l’évaluation des actifs financiers selon la norme
sur les comptes de la banque.

De notre analyse, il ressort que les nouvelles dispositions prévues par la norme
présentent un impact considérable sur la gestion du risque de crédit par la banque grâce à la
prise en considération non seulement de faits justifiant des pertes avérées mais également toute
sorte d’informations susceptibles de prouver la survenance future d’une défaillance de paiement
ou de perte de valeur des actifs financiers détenus. La norme permet alors à la BESTBANK de
se prémunir contre d’éventuelles dépréciations d’actifs financiers. Toutefois, cette mesure
d’anticipation des pertes représente un coût pour les banques en général, et la BESTBANK en
particulier, qui impacte considérablement le résultat.

Face à ce constat et en vue de permettre à la BESTBANK de minimiser le coût lié à


l’anticipation des pertes de crédit, nous lui recommandons de mener des investigations
approfondies et des recherches conséquentes afin de disposer d’informations fiables et
pertinentes portant sur la situation financière de ses débiteurs avant l’octroi de prêts ainsi que
sur les types de titres qu’elle acquiert.

33
Ces recommandations sont aussi valables pour les institutions bancaires de l’espace
OHADA, soumises à l’obligation d’émettre des états financiers selon les normes
internationales, en cette situation de crise sanitaire ayant fortement impacté les prévisions
financières des entreprises et des pays.

34
ANNEXES

Annexe 1 : Définitions

Afin de permettre une meilleure compréhension de nos travaux, il nous paraît judicieux de
définir certaines notions clés reliées à notre thème. Il s’agit des termes : instrument financier,
actif financier, passif financier, juste valeur et coût amorti.

1. Instrument financier

Un instrument financier est une notion comprenant trop de catégories pour qu’il soit permis
de parler d’une seule définition, unique et cohérente. En effet, cette notion peut être appréhendée
de plusieurs manières, tant au niveau économique que juridique.

Selon Lemonnier (2014), sur le plan économique, les instruments financiers sont des contrats
liés au paiement et à l’acquisition de moyens financiers ainsi qu’à une garantie contre le risque
financier dont l’objet porte sur des ressources financières. Ils désignent un engagement
financier pris par certains sujets publics ou privés (souscripteurs) par rapport à d’autres
(possesseurs). Pour les souscripteurs, ils sont des passifs et pour les possesseurs, ils sont
composants des actifs.

Selon la norme IAS 32 rentrée en vigueur le 1er janvier 2005, « un instrument financier est tout
contrat qui donne lieu à un actif financier d'une entité et à un passif financier ou à un instrument
de capitaux propres d'une autre entité ». Il peut s’agir des titres ou contrats dont certains sont
négociables, et certains sont exclusivement utilisés pour anticiper une rentabilité ou un risque
financier ou monétaire (Véron et Al., 2009).

Un instrument financier est comptabilisé dans les états financiers lorsque l’entité devient
une partie au contrat. Une entité décomptabilise un passif financier lorsque son obligation est
éteinte, et retire un actif financier de son état de la situation financière soit lorsque ses droits
contractuels sur les flux de trésorerie de l’actif expirent, soit lorsqu’elle a transféré l’actif et la
quasi-totalité des risques et avantages liés à la propriété, ou lorsqu’elle a transféré l’actif, mais
a conservé certains risques et avantages importants de la propriété, et que l’autre partie peut
vendre l’actif. La notion d’instrument financier renferme alors celles d’actif financier et de
passif financier.

XI
a. Actif financier

Selon la norme IAS 32, est un actif financier tout actif qui est :

- de la trésorerie ;
- un instrument de capitaux propres d'une autre entité ;
- un droit contractuel de recevoir d'une autre entité de la trésorerie ou un autre actif
financier ou, d'échanger des actifs ou des passifs financiers avec une autre entité à des
conditions potentiellement favorables à l'entité ;
- un contrat qui sera ou pourra être réglé en instruments de capitaux propres de l'entité
elle-même et qui est un instrument non dérivé pour lequel l'entité est ou pourrait être
tenue de recevoir un nombre variable d'instruments de capitaux propres de l'entité elle-
même ou, un instrument dérivé qui sera ou pourra être réglé autrement que par l'échange
d'un montant fixe de trésorerie ou d'un autre actif financier contre un nombre fixe
d'instruments de capitaux propres de l'entité elle-même. A cette fin, les instruments de
capitaux propres de l'entité n'incluent pas les instruments constituants eux-mêmes des
contrats de réception ou de livraison future d'instruments de capitaux propres de l'entité
elle-même.

En d’autres termes, un actif financier est un titre ou un contrat, le plus souvent transmissible
et négociable sur un marché, qui est susceptible de procurer à son détenteur des revenus et/ou
un gain en capital, en contrepartie d'une certaine prise de risque. Il peut s’agir des valeurs
mobilières (actions, obligations, warrants), des titres de créance négociables, des créances, etc.

b. Passif financier

Selon la norme IAS 32, un passif financier est tout passif qui est :

- soit une obligation contractuelle de remettre à une autre entité de la trésorerie ou un


autre actif financier ou, d'échanger des actifs ou des passifs financiers avec une autre
entité à des conditions potentiellement défavorables à l'entité ;
- soit un contrat qui sera ou pourra être réglé en instruments de capitaux propres de l'entité
elle-même et qui est un instrument non dérivé pour lequel l'entité est ou pourrait être
tenue de livrer un nombre variable d'instruments de capitaux propres de l'entité elle-
même ou, un instrument dérivé qui sera ou pourra être réglé autrement que par l'échange
d'un montant fixe de trésorerie ou d'un autre actif financier contre un nombre fixe
d'instruments de capitaux propres de l'entité elle-même. A cette fin, les instruments de

XII
capitaux propres de l'entité n'incluent pas les instruments constituant eux-mêmes des
contrats de réception ou de livraison future d'instruments de capitaux propres de l'entité
elle-même.

Un passif financier est donc une obligation contractuelle soit de livrer des liquidités ou de
transférer un actif financier à une autre partie, soit d'échanger (par exemple, dans le cas des
options) un montant fixe de trésorerie ou un autre actif financier contre un nombre fixe
d'instruments de capitaux propres de l'entité elle-même. Les passifs financiers comprennent les
emprunts, les autres financements et facilités bancaires, les instruments dérivés passifs et les
dettes d’exploitation.

c. Dérivé

Un dérivé est un instrument financier ou un autre contrat qui présente les trois
caractéristiques suivantes :

- sa valeur varie en fonction d'une variation d'un taux d'intérêt spécifié, du prix d'un
instrument financier, du prix d'une marchandise, d'un cours de change, d'un indice de
prix ou de taux, d'une notation de crédit ou d'un indice de crédit ou d'une autre variable
(parfois appelée le "sous-jacent") ;
- il ne requiert aucun investissement initial net ou un investissement initial net inférieur à
celui qui serait nécessaire pour d'autres types de contrats dont on pourrait attendre des
réactions similaires aux évolutions des conditions de marché et ;
- il est réglé à une date future.

2. Juste valeur

La notion de juste valeur est présente dans le référentiel comptable américain US GAAP ainsi
qu’au niveau des normes internationales de l’information financière. Selon la norme IAS 32, « la
juste valeur est le montant pour lequel un actif pourrait être échangé, ou un passif éteint, entre
des parties bien informées et consentantes dans le cadre d'une transaction effectuée dans des
conditions de concurrence normale ».

La définition utilisée pour nos travaux est celle proposée par la norme IFRS 13 présentant
la juste valeur comme « le prix qui serait reçu pour la vente d’un actif ou payé pour le transfert
d’un passif lors d’une transaction normale entre des intervenants du marché à la date
d’évaluation (prix de sortie) ».

XIII
L’idée est de comptabiliser les actifs ou les instruments financiers à la valeur la plus proche
possible d’une référence de marché ou d’une référence économique calculée en fonction
d’indicateurs de marché. Trois cas peuvent se présenter (Véron et Al., 2009) :

- Si, pour un instrument financier, il existe un marché suffisamment liquide et profond,


alors on prend le prix de marché comme valeur comptable : c’est le niveau 1, le mark to
market ;
- S’il n’y a pas de marché suffisamment liquide et profond pour l’instrument financier
considéré mais s’il existe un instrument relativement comparable pour lequel on a un
prix de marché acceptable, alors on prend comme valeur comptable le prix de marché
de l’instrument comparable : c’est le niveau 2 ;
- Dans les autres cas, on est obligé de construire un modèle qui va donner une valeur
économique pour cet instrument financier : c’est le niveau 3, le mark to model.

3. Coût amorti

La méthode de l’évaluation au coût amorti représente une limite essentielle au principe de


l’évaluation à la juste valeur. Alors que celle-ci est définie de façon relativement brève («
montant pour lequel un actif pourrait être échangé, ou un passif éteint, entre parties bien
informées, consentantes et agissant dans des conditions de concurrence normale »), le coût
amorti fait l’objet d’une définition plus longue. En effet, il se présente comme le « montant
auquel est évalué l’actif ou le passif financier lors de sa comptabilisation initiale, diminué des
remboursements en principal, majoré ou diminué de l’amortissement cumulé calculé par la
méthode du taux d’intérêt effectif, de toute différence entre ce montant initial et le montant à
l’échéance, et diminué de toute réduction (opérée directement ou par le biais d’un compte de
correction de valeur) pour dépréciation ou irrécouvrabilité » (Véron et Al., 2009).

De plus, la mise en œuvre de la méthode du coût amorti repose sur le concept de taux
d’intérêt effectif. Celui-ci est défini comme « le taux qui actualise exactement les décaissements
ou encaissements de trésorerie futurs sur la durée de vie prévue de l’instrument financier ou
selon les cas sur une période plus courte de manière à obtenir la valeur comptable nette de
l’actif ou du passif financier ». Il s’agit d’un taux de rendement interne, et sa détermination
repose sur un calcul actuariel. Ainsi, dans le cas de l’émission d’un emprunt d’une durée de n
années et remboursable in fine, le taux d’intérêt effectif « i » est tel que :

XIV
Montant encaissé = Intérêt à verser année 1 (1 + i)-1 + Intérêt à verser année 2 (1 +
i)-2 +…+ (Intérêt à verser année n + Montant à rembourser) (1 + i)-n.

Le coût amorti représente la juste valeur de la contrepartie donnée (cas des actifs
financiers) ou reçue (cas des passifs financiers).

Annexe 2 : Méthode de classification et d’évaluation des instruments


financiers selon la norme IAS 39

La norme IAS 39 est rentrée en vigueur en Janvier 2005 et a pour objectif d'établir les
principes de comptabilisation et d'évaluation des actifs financiers, des passifs financiers et de
certains contrats d'achat ou de vente d'éléments non financiers. Elle devrait être appliquée à
tous les types d'instruments financiers, sauf lorsque les dispositions d'autres normes trouvent à
s'appliquer, comme par exemple :

- les participations dans des filiales, des entreprises associées et des coentreprises
comptabilisées selon IAS 27 "Etats financiers consolidés et individuels", IAS 28
"Participations dans des entreprises associées" ou IAS 31 "Participations dans des
coentreprises" ;
- les droits et obligations résultant de contrats de location auxquels s'applique IAS 17
"Contrats de location" ;
- les droits et obligations des employeurs, découlant de plans d'avantages au personnel
auxquels s'appliquent LAS 19 "Avantages au personnel" ;
- etc.

1. Classification des instruments financiers

Il existe 4 catégories d'instruments financiers selon IAS 39 :

- les actifs financiers et passifs financiers à la juste valeur par le biais du compte de
résultat ;
- les placements détenus jusqu'à leur échéance, qui sont des actifs financiers non dérivés,
assortis de paiements fixes ou déterminables et d'une échéance fixe, que l'entité a
l'intention manifeste et la capacité de conserver jusqu'à leur échéance ;
- les prêts, créances et dettes émis par l'entreprise ;

XV
- les actifs financiers disponibles à la vente : actifs financiers non dérivés qui sont
désignés comme étant disponibles à la vente ou ne sont pas classés dans l'une des 3
catégories ci-dessus.

2. Evaluation des instruments financiers

Ceux-ci sont comptabilisés initialement par une entité si et seulement si elle devient une
partie aux dispositions contractuelles de l'instrument. La norme IAS 39 procède à une
répartition des instruments financiers en plusieurs familles. Ce classement a un impact sur la
méthode d’évaluation à appliquer (juste valeur ou coût amorti) et sur l’imputation de la
différence de valeur (en résultat ou en capitaux propres).

L’évaluation à la juste valeur s’applique à deux catégories d’instruments financiers :

- les actifs ou passifs financiers, qualifiés « à la juste valeur par le biais du compte de
résultat » tels que les actifs financiers détenus à des fins de transaction et les produits
dérivés, ou encore, sur option, tout instrument ;
- les actifs financiers « disponibles à la vente » tels que les titres immobilisés et les titres
de participation non consolidés, pour lesquels l’imputation de la différence de valeur
s’effectue en capitaux propres.

L’évaluation au coût amorti s’applique aux autres catégories, à savoir :

- Les placements détenus jusqu’à l’échéance, cette détention devant correspondre à la fois
à une intention manifeste de l’entreprise et à une capacité financière suffisante de celle-
ci ;
- Les prêts et créances (tels que les créances clients, les prêts au personnel et les prêts
inter-entreprises), qui sont définis comme des « actifs financiers non dérivés à paiements
déterminés ou déterminables qui ne sont pas cotés sur un marché actif ».

Toutefois, à chaque date de clôture, l’entité doit apprécier s'il existe une indication objective
de dépréciation d'un actif financier ou d'un groupe d'actifs financiers et constater une
dépréciation dans l’affirmative.

Annexe 3 : Présentation du modèle de dépréciation de la norme IAS


39

En IFRS, un actif financier doit être déprécié si sa valeur recouvrable estimée se trouve
être inférieure à sa valeur comptable. Le test de dépréciation doit être effectué à chaque date de
XVI
clôture. En effet, comme l’indique le paragraphe 58 de la norme IAS 39, à chaque date de
clôture, une entité doit apprécier s'il existe une indication objective de dépréciation d'un actif
financier ou d'un groupe d'actifs financiers. Si une telle indication existe, l'entité doit appliquer
le paragraphe 63 (pour les actifs financiers comptabilisés au coût amorti), le paragraphe 66
(pour les actifs financiers comptabilisés au coût) ou le paragraphe 67 (pour les actifs financiers
disponibles à la vente) afin de déterminer le montant de toute perte de valeur.

Comme précisé à l’article 59, un actif financier ou un groupe d'actifs financiers est
déprécié et des pertes de valeur sont encourues si et seulement s'il existe une indication
objective de dépréciation résultant d'un ou de plusieurs événements intervenus après la
comptabilisation initiale de l'actif (un «événement générateur de pertes») et que cet (ou ces)
événement(s) générateur(s) de pertes a (ou ont) un impact sur les flux de trésorerie futurs
estimés de l'actif financier ou du groupe d'actifs financiers, qui peut être estimé de façon fiable.
Cependant, les pertes attendues par suite d'événements futurs, quelle que soit leur probabilité,
ne sont pas comptabilisées. Les événements générateurs de pertes énoncés par le paragraphe 59
de l’IAS 39 sont les suivants :

- des difficultés financières importantes de l'émetteur ou du débiteur ;


- une rupture de contrat telle qu'un défaut de paiement des intérêts ou du principal ;
- l'octroi, par le prêteur à l'emprunteur, pour des raisons économiques ou juridiques liées
aux difficultés financières de l'emprunteur, d'une facilité que le prêteur n'aurait pas
envisagée dans d'autres circonstances ;
- la probabilité croissante de faillite ou autre restructuration financière de l'emprunteur ;
- la disparition d'un marché actif pour cet actif financier, à la suite de difficultés
financières ou ;
- des données observables indiquant une diminution évaluable des flux de trésorerie
futurs estimés provenant d'un groupe d'actifs financiers depuis la comptabilisation
initiale de ces actifs, bien que la diminution ne puisse pas encore être rattachée à chaque
actif financier du groupe, y compris des changements défavorables de la solvabilité des
emprunteurs du groupe (par exemple, une augmentation du nombre de retards de
paiements ou une augmentation du nombre d'emprunteurs par carte de crédit qui ont
atteint leur limite d'autorisation et paient le montant minimal mensuel) ou une situation
économique nationale ou locale corrélée avec les défaillances sur les actifs du groupe
(par exemple, augmentation du taux de chômage dans la zone géographique des
emprunteurs, baisse des prix immobiliers pour les prêts hypothécaires dans la région

XVII
concernée, baisse des prix du pétrole pour les actifs financés au profit des producteurs
de pétrole, ou des changements défavorables de la situation du secteur affectant les
emprunteurs du groupe).

Outre les types d'événements décrits au paragraphe 59, sont à considérer comme indication
objective d'une dépréciation relative à un placement dans un instrument de capitaux propres,
des informations portant sur des changements importants, ayant un effet négatif sur l'entité, qui
sont survenus dans l'environnement technologique, de marché, économique, ou juridique dans
lequel l'émetteur opère et indiquent que le coût de l'investissement dans l'instrument de capitaux
propres pourrait ne pas être recouvré.

Dans certains cas, les données observables nécessaires pour estimer le montant d'une perte
de valeur sur un actif financier peuvent être limitées ou ne plus être pertinentes eu égard aux
circonstances. Cela peut être le cas, par exemple, lorsqu'un emprunteur connaît des difficultés
financières et qu'il existe peu de données historiques disponibles concernant des emprunteurs
similaires. Dans de tels cas, une entité utilise son jugement, fondé sur l'expérience, pour estimer
le montant d'une perte de valeur. De même, une entité exerce son jugement, fondé sur
l'expérience, pour ajuster les données observables pour un groupe d'actifs financiers de manière
à refléter les circonstances actuelles.

Pour les actifs financiers comptabilisés au coût amorti (prêts, créances ou placements), s'il
existe des indications objectives d'une perte de valeur, le montant de la perte est égal à la
différence entre la valeur comptable de l'actif et la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs
estimés (hors pertes de crédit futures qui n'ont pas été encourues), actualisée au taux d'intérêt
effectif d'origine de l'actif financier (c'est-à-dire au taux d'intérêt effectif calculé lors de la
comptabilisation initiale). La valeur comptable de l'actif doit être réduite soit directement, soit
via l'utilisation d'un compte de correction de valeur. Le montant de la perte doit être
comptabilisé au compte de résultat. L’entité apprécie en premier lieu si des indications
objectives de dépréciation existent individuellement, pour des actifs financiers
individuellement significatifs, de même que, individuellement ou collectivement, pour des
actifs financiers qui ne sont pas individuellement significatifs. Si une entité détermine qu'il
n'existe pas d'indications objectives de dépréciation pour un actif financier considéré
individuellement, significatif ou non, elle inclut cet actif dans un groupe d'actifs financiers
présentant des caractéristiques de risque de crédit similaires et les soumet collectivement à un
test de dépréciation. Les actifs soumis à un test de dépréciation individuel et pour lesquels une

XVIII
perte de valeur est comptabilisée ou continue de l'être ne sont pas inclus dans un test de
dépréciation collectif.

Si le montant de la perte de valeur diminue au cours d'une période ultérieure, et si cette


diminution peut être objectivement liée à un événement survenant après la comptabilisation de
la dépréciation (par exemple, à une amélioration de la notation de crédit du débiteur), la perte
de valeur comptabilisée précédemment doit être reprise soit directement, soit par ajustement
d'un compte de correction de valeur. La reprise ne doit pas aboutir à une valeur comptable de
l'actif financier supérieure au coût amorti qui aurait été obtenu à la date de reprise de la
dépréciation de l'actif financier, si la dépréciation n'avait pas été comptabilisée. Le montant de
la reprise doit être comptabilisé au compte de résultat.

S'il existe une indication objective de dépréciation d'un instrument de capitaux propres non
coté qui n'est pas comptabilisé à la juste valeur parce que celle-ci ne peut être mesurée de façon
fiable, le montant de la perte de valeur de cet actif financier est égal à la différence entre sa
valeur comptable et la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs estimés déterminée au taux
d'intérêt courant du marché pour un actif financier similaire. Ces pertes de valeur ne doivent
pas être reprises.

Lorsqu'une diminution de la juste valeur d'un actif financier disponible à la vente a été
comptabilisée directement en capitaux propres et qu'il existe une indication objective de la
dépréciation de cet actif, la perte cumulée qui a été comptabilisée directement en capitaux
propres doit être sortie des capitaux propres et comptabilisée en résultat, même si l'actif
financier n'a pas été décomptabilisé. Le montant de la perte cumulée sortie des capitaux propres
et comptabilisée en résultat doit être égal à la différence entre le coût d'acquisition (net de tout
remboursement en principal et de tout amortissement) et la juste valeur actuelle, diminuée de
toute perte de valeur sur cet actif financier préalablement comptabilisée en résultat.

Annexe 4 : Questions formulées par l’IASB pour l’élaboration de la


norme IFRS 9 (Cormier et Beauchamp, 2016)

1) Êtes-vous d’accord pour qu’il soit obligatoire d’évaluer à la juste valeur par le biais des autres
éléments du résultat global les actifs financiers dont la détention s’inscrit dans un modèle
économique dans lequel les actifs sont gérés à la fois afin d’en percevoir les flux de trésorerie
contractuels et en vue de la vente (sous réserve de l’appréciation des caractéristiques des flux
de trésorerie contractuels) de sorte que :

XIX
(a) les produits d’intérêts, les pertes de valeur et tout profit ou perte sur décomptabilisation
soient comptabilisés en résultat net de la même façon que les actifs financiers évalués au coût
amorti ;

(b) tous les autres profits ou pertes soient comptabilisés dans les autres éléments du résultat
global ?

2) Êtes-vous d’accord pour que l’option de la juste valeur déjà offerte dans IFRS 9 soit étendue
aux actifs financiers qui seraient sinon obligatoirement évalués à la juste valeur par le biais des
autres éléments du résultat global ? Si non, pourquoi, et quelle autre solution proposez-vous ?

3) Êtes-vous d’accord pour que l’entité qui choisit d’appliquer IFRS 9 par anticipation après la
publication de la version intégrale d’IFRS 9 soit tenue d’appliquer la version intégrale d’IFRS
9 (c’est-à-dire la version incluant tous les chapitres) ? Si non, pourquoi ?

Croyez-vous que le délai de six mois qu’il est proposé d’accorder entre la publication de la
version intégrale d’IFRS 9 et l’entrée en vigueur de l’interdiction visant l’adoption d’une
version antérieure d’IFRS 9 soit suffisant ? Si non, de quelle durée serait le délai approprié et
pourquoi ?

Annexe 5 : Présentation de la BESTBANK

BESTBANK Côte d’Ivoire est la neuvième filiale d’un groupe bancaire présent sur le
marché africain et originaire de France. Elle est une société anonyme avec un capital de
20 000 000 000 FCFA détenu à 65% par BESTBANK HOLDING et à 35% par des particuliers.
La BESTBANK Côte d’Ivoire a démarré ses activités le jeudi 5 janvier 2012 après l'obtention,
le 23 mai 2011, de l'agrément du Ministère de l'économie et des Finances pour l'exercice de la
profession bancaire en Côte d'ivoire. Selon ses statuts, elle a pour objet la prestation de services
bancaires, économiques et financiers et, exerce essentiellement une activité de banque de détail
(collecte des fonds et octroi de crédits à la clientèle) et de services interbancaires à travers un
réseau de huit (8) agences sur l’ensemble du territoire ivoirien au 31/12/2019.

XX
BIBLIOGRAPHIE
- Allag, L., Bordi, T., Robert, G., 2014. De la norme IAS 39 à IFRS 9 : Enjeux et
perspectives d'une transition globale. Optimind winter, p 6.

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Rapport du colloque international sur la « Crise financière internationale,
Ralentissement économique mondial et Effets sur les économies euro-maghrébines ».

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subprimes à la crise mondiale. La documentation Française. Paris., pp. 11 - 83.

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Université de Dakar Bourguiba – Mémoire de maitrise en Banque-Assurance-Finance.
- BNP PARIBAS, 2018. Les effets de la première adoption d’IFRS 9 sur les banques
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Parlement européen et du Conseil, en ce qui concerne la norme internationale
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de la commission du 3 novembre 2008 portant adoption de certaines normes comptables
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et du Conseil (Texte présentant de l'intérêt pour l'EEE), norme comptable internationale
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théorique : cas de la Pologne et la France. Studia Prawnoustrojowe nr, 26, pp. 127-144.

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de Fair Value, vrai ou faux coupable ? Revue française de comptabilité, (427), pp.75-
83.

XXIII
TABLE DES MATIERES

DEDICACE.............................................................................................................................. II

REMERCIEMENTS .............................................................................................................. III

SOMMAIRE ........................................................................................................................... IV

AVANT-PROPOS ................................................................................................................... V

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS .......................................................................VII

LISTE DES FIGURES........................................................................................................ VIII

LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... IX

Introduction .............................................................................................................................. 1

PREMIERE PARTIE : CONTEXTE DU PASSAGE DE LA NORME IAS 39 A LA


NORME IFRS 9 ....................................................................................................................... 3

CHAPITRE 1 : RAISONS DE L’ADOPTION DE LA NORME IFRS 9 ....................... 4

Section 1 : Historique de la crise financière de 2008 .......................................................... 4

Paragraphe 1 : Origine de la crise ................................................................................... 4

Paragraphe 2 : Déroulement de la crise ........................................................................... 5

Section 2 : Place de la norme IAS 39 dans la crise des Subprimes .................................... 6

Paragraphe 1 : Le poids des dépréciations dans la crise ................................................. 6

Paragraphe 2 : Critiques portées à la norme IAS 39 et intervention de l’IASB .............. 7

1. Limites de la norme IAS 39 ................................................................................. 7

2. L’intervention de l’IASB ..................................................................................... 8

CHAPITRE 2 : LES AVANCEES DE LA NORME IFRS 9 .......................................... 10

Section 1 : Elaboration de la norme IFRS 9...................................................................... 10

Paragraphe 1 : Objectifs de la norme ............................................................................ 10

Paragraphe 2 : Processus d’élaboration de la nouvelle norme IFRS 9 .......................... 10

Section 2 : La norme IFRS 9 : un nouveau modèle de classification et de dépréciation des


actifs financiers ................................................................................................................. 11

XXIV
Paragraphe 1 : Une nouvelle approche de classification et d’évaluation des actifs
financiers ....................................................................................................................... 11

1. Modèle de classification ..................................................................................... 11

2. Evaluation des actifs financiers .......................................................................... 13

Paragraphe 2 : Système de dépréciation et de couverture des actifs financiers ............ 13

1. Modèle de dépréciation ...................................................................................... 13

2. Un dispositif de couverture réformé ................................................................... 15

DEUXIEME PARTIE : APPLICATION DE LA NORME IFRS 9 AUX ACTIFS


FINANCIERS DE LA BESTBANK ..................................................................................... 16

CHAPITRE 1 : APPRECIATION DE L’EVALUATION DES ACTIFS FINANCIERS


DE LA BESTBANK SELON LA NORME IFRS 9 ......................................................... 17

Section 1 : Présentation de l’application de la norme IFRS 9 aux actifs financiers ......... 17

Paragraphe 1 : Le modèle de classification et d’évaluation des actifs financiers de la


BESTBANK .................................................................................................................. 17

Paragraphe 2 : Modèle de provisionnement des actifs financiers de la BESTBANK .. 19

1. Processus de provisionnement ........................................................................... 19

a. Les actifs sains ou étape 1 .............................................................................. 19

b. Les actifs dégradés ou étape 2 ........................................................................ 20

c. Les actifs douteux ou en étape 3 ..................................................................... 20

2. Calcul des provisions ......................................................................................... 21

Section 2 : Amendements apportées à l’application de la norme IFRS 9 par la


BESTBANK ..................................................................................................................... 24

Paragraphe 1 : Seuils de matérialités ............................................................................. 24

Paragraphe 2 : Synthèse des points de correction et suggestions en vue d’une meilleure


application de la norme IFRS 9 par la BESTBANK. .................................................... 24

1. Anomalies constatées ......................................................................................... 24

a. Sous-évaluation des actifs financiers en souffrance ....................................... 24

b. Approche d’évaluation des pertes de crédit attendues .................................... 25

XXV
2. Recommandations .............................................................................................. 25

CHAPITRE 2 : MESURE DE L’IMPACT DE L’APPLICATION DE LA NORME


IFRS 9 SUR BESTBANK .................................................................................................. 26

Section 1 : INCIDENCES SUR LE SYSTEME COMPTABLE ...................................... 26

Paragraphe 1 : Un changement organisationnel ............................................................ 26

1. Une plus grande intervention de la direction ..................................................... 26

2. Impact sur le bilan du reclassement des actifs financiers ................................... 27

Paragraphe 2 : Impact sur le système d’informations ................................................... 27

Section 2 : INCIDENCES SUR LE RISQUE DE CREDIT ET LE RESULTAT ............ 28

Paragraphe 1 : Contribution à la maîtrise du risque de perte ........................................ 28

1. Notion de risque de crédit .................................................................................. 28

2. Gestion du risque de crédit ................................................................................. 29

3. Prise en compte de la crise sanitaire dans l’application de la norme IFRS 9 par la


BESTBANK .............................................................................................................. 29

Paragraphe 2 : Impact sur le résultat de BESTBANK .................................................. 31

Conclusion ............................................................................................................................... 33

ANNEXES ............................................................................................................................... XI

Annexe 1 : Définitions ............................................................................................... XI

Annexe 2 : Méthode de classification et d’évaluation des instruments financiers


selon la norme IAS 39 ............................................................................................. XV

Annexe 3 : Présentation du modèle de dépréciation de la norme IAS 39 .............. XVI

Annexe 4 : Questions formulées par l’IASB pour l’élaboration de la norme IFRS 9


(Cormier et Beauchamp, 2016) .............................................................................. XIX

Annexe 5 : Présentation de la BESTBANK ............................................................ XX

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. XXI

TABLE DES MATIERES ............................................................................................... XXIV

XXVI

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