Esprit

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119

DOM : 10,60 € - CAN : 17,99 $ cad - NCAL/S : 1300 CFP -

France METRO : 9,80 € - BEL/LUX/ESP/D : 10,60 € -
Nº

POL/S : 1300 CFPCFP - POL/S : 1200 CFP -

L 12674 - 119 - F: 9,80 € - RD

Bonsaï
LE MAGA ZIN E DU BO NSAÏ E T DE SA CU LTU R E
Août-
Septembre
2022

L'ÉRABLE
CHAMPÊTRE
LA GLYCINE
MISE EN FORME
D'UN IF

U ne
f o r m0 %u l e
Le charme 10
bonsaï

de L'AUBÉPINE
 Esprit
Bonsaï
L E M AG A ZI N E D U B O N S A Ï E T D E S A C U LT U R E

Nº 119 Édito
SOMMAIRE
4 Actualités 40 Une technique
PATIENCE
8
9
Actualités des professionnels
L’esprit du bonsaï
Désaiguillage arrière
d’automne sur les pins
ET LONGUEUR
INSPIRATION DE TEMPS
PRÉSENTATION
10 Reportage Comme Morten Albek, j’ai une affection
42 Kazari
Congrès 2022 de la particulière pour l’aubépine, précisément pour
Les présentations d’été la monogyne aux fleurs blanches, celle que l’on
Fédération française de bonsaï 44 À côté des bonsaïs
trouve dans la campagne bretonne. En arbustes,
14 Expo bonsai UK : une Présenter un suiseki ces aubépines forment des haies dont les fleurs
nationale au Royaume-Uni dans un suiban embaument les chemins bocagers ou du littoral
16 Les yeux dans les arbres 46 Pots et potiers de mon Finistère sauvage. Leur délicatesse
Un olivier bimillénaire La finition d’un pot à bonsaï me touche, et les multiples formes qu’elles
peuvent prendre dans la nature sont des plus
LES PASSIONNÉS SANTÉ DES ARBRES intéressantes. La plantation de toutes les espèces,
18 Professionnels sensibles au feu bactérien, est très réglementée
50 Maladies et ravageurs et ces sauvageonnes avaient disparu de la vente
Bruno Heller Les acariens tétranyques pendant quelques années.
20 Amateurs 52 Au quotidien
Pierre-Yves Lidec Fertilisations au sol L’aubépine de l’artiste danois, d’une autre espèce,
est tout aussi charmante et délicate avec ses
et foliaires associées
BIEN DÉBUTER 54 Culture
fleurs ourlées comme le sont les roses. Son
évolution illustre à la perfection l’art du bonsaï,
22 Pas à pas Correction transitoire avec la patience qu’il nécessite au fil du temps.
Une bouture pour du substrat Elle montre aussi qu’il n’est pas primordial de
un futur bonsaï déterrer des sujets dans la nature pour obtenir de
26 Portrait d’arbres ALLER PLUS LOIN beaux petits arbres. Tout est affaire de techniques
La glycine, une beauté 56 Feuillus
et, encore une fois, de patience. La transformation
parfumée du végétal a quelque chose de jubilatoire et l’on
Formation d’un érable peut se réjouir de chaque branche naissante, petit
30 Les petits arbres
champêtre sur 20 ans pas sur le chemin de la construction de l’arbre.
Aubépine, Crataegus laevigata,
25 ans de travail et de patience 64 Donner de l’air au feuillage ! Ce temps incompressible de l’évolution d’un plant
36 Bricolage 66 Conifères brut en bonsaï est aussi une opportunité pour se
Les outils dans le Mise en forme en lettré reconnecter à la nature, à la vie, en la regardant et
travail des bonsaïs d’un if du Japon en la savourant, tout simplement.
74 Abaisser l’aisselle
Passez un bel été, à l’ombre des petits
FICHES PRATIQUES d’une branche de pin
et des grands arbres.
76 Que sont-ils devenus ?
39 Une espèce
Changement de face Bonne lecture !
Le mûrier pour un sylvestre
Michèle Corbihan

Directeur de la publication : Christian Fournereau – Rédactrice en chef : Michèle Corbihan – Direction artistique : Antoine Simon – Graphistes : Antoine Simon, Benjamin Madelainne, Johnny
Tymen. Apprentie graphiste : Doriane LeFloch. Traductions : Olivier Barreau et Christine Daudignon Hontang. Ont collaboré à ce numéro : Morten Albek, Sami Amdouni, Jean-Guy Arpin, Patrice
Bongrand,MichelBrohet,FrancineGastinel(Polleniz),FrançoisJeker,JoëlPouzet,IsabelRibeiro,AntonioRicchiari,PeterWarren. –Publicité :BenjaminFournereau(07 67 67 14 27)–Revendeurs
et professionnels : Magalie Rous (02 97 59 37 66) – Comptabilité : Anne Le Crom (02 97 59 37 61) - Gestion des ventes au numéro : Pagure Presse (01 44 69 82 82) – Photogravure : Antoine Simon
– Flashage/Impression : Rectiligne - ISSN : 1761-662X CPPAP : 0623K83283 – “PrintedinFrance/ImpriméenFrance”. ESPRIT BONSAI est une publication SAS LR Presse : CS 30104, F-56401 AURAY CEDEX
- Siège social : 2, rue de Suède, Auray – SAS au capital de 60 000 € – RCS Lorient B.381289719 – Tél. (33) 02 97 24 01 65 – Fax (33) 02 97 24 28 30 – E-mail : info@esprit-bonsai.com –
Internet : http://www.esprit-bonsai.com – Abonnement : 6 numéros par an – Dépôt légal à la date de parution – Couverture : Aubépine, collection Morten Albek. Photo : Morten Albek.
Conception : Antoine Simon.

EspritBonsaï 119 - 3
ACTUALITÉS

ACTUALITÉS
ARCOBONSAÏ 2022
a 36e édition d’Arcobonsai, événement

L historique pour le bonsaï italien et

européen, se tenait à Arco (Trente), en
Italie, du 6 au 8 mai 2022, avec une grande
Prix UBI au Juniperus chinensis 'Itoigawa'
sur roche de Marco Tarozzo.

exposition d’arbres. Le 20e trophée Arcobonsai

a fait se confronter instructeurs et clubs de
bonsaï italiens participant à l’événement.
Salvatore Liporace, du Studio Botanico, a fait
une démonstration ; Carlo Cipollini et Adriano
Bonini, fidèles depuis le début de l’événement,
ainsi que Massimo Bandera, Sonia Stella, Silvia
Orsi, Luca Bragazzi, Luciana Queirolo ont donné
des conférences. Antonio Ricchiari, artiste du
bonsaï, a présenté ses derniers travaux et illustré
l’importance de l’édition pour la diffusion du Antonio Ricchiari – professionnel, auteur et
bonsaï et de l’enseignement dans le monde. artiste du bonsaï – a reçu un prix prestigieux
Pin mugo, Marostica Bonsai Club. des mains de Gabriele Sbaraini « pour le
précieux travail qu’il a accompli depuis tant
d’années dans le monde du bonsaï ».

AGENDA
ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE EN GRANDE-BRETAGNE
Le club Bonsaï Yamadori 04 de Sainte-Tulle, L’international Centre de Telford, ville nouvelle britannique située
dans les Alpes-de-Haute-Provence, organise 48 km à l’ouest de Birmingham, accueillera le Bonsai show live 2022,
une exposition consacrée aux mame et shohin le plus grand spectacle de bonsaï au Royaume-Uni, les 1er et 2 octobre.
les 24 et 25 septembre 2022. Une cinquantaine L’événement présentera plus de 100 bonsaïs et des kusamono
de compositions seront présentées. dans un espace de 3 000 m2. De nombreux prix seront remis.
À cela s’ajouteront une exposition de pots à bonsaï de
l’European Bonsai Potter Collective, de suiseki et une
exposition commémorative pour Doug Mudd.
Les Britanniques Harry Harrington, Peter Warren, Tony
Tickle et John Armitage feront des démonstrations, de
même que Morten Albek (Danemark), Tomaž Kovšca
(Slovénie), Rafael Torres et Nacho Salar (Espagne).
Un grand marché réunira les meilleurs professionnels
du pays (bonsaïs et céramiques).
Salle Gaston Vachier Hall3 The International Centre
04220 Sainte-Tulle International Way
Horaires : 10h-18h. Telford TF3 4JH Royaume-Uni
Entrée libre. De 9h30 à 17h.
Contact : 15 £ par jour par adulte, 25 £ pour les deux jours
bonsaiyamadori.04 info@thebosaishowlive.co.uk
@gmail.com https://www.thebonsaishowlive.co.uk/

4 - EspritBonsaï 119
 Retrouvez les infos en temps réel sur notre blog,
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RENDEZ-VOUS
LE SALON NATIONAL DU BONSAÏ A 10 ANS
es 10 et 11 septembre prochains, le du Parc oriental de Maulévrier,

L Parc oriental de Maulévrier, le plus

grand jardin japonais d’Europe,
fêtera les dix ans du Salon national du
bonsaï, qui ouvrira ses portes dès le
samedi matin. Lors de cet évènement,
la majorité des invités d’honneur des
précédentes éditions seront de retour !
Dix figures du bonsaï – François Jeker,
François Gau, Enzo Ferrari, Nicola Crivelli,
Alain Arnaud et Francisco Ferreira (de
l’Atelier l’Arbre et le Geste), Bruno Heller,
Olivier Barreau, Jean François Busquet
et Laurent Darrieux (invité d’honneur
2022) – donneront des conférences et
des démonstrations autour de l’art du
bonsaï. Chacun d’entre eux présentera
aussi un arbre dans un tokonoma.
Pour cette édition spéciale, les bonsaika
sont invités à se réunir pour présenter
leurs arbres. Dix groupes/clubs constitués
auront la possibilité d’exposer sur dix
linéaires différents, soit une cinquantaine
d’arbres au total. Les dix invités d’honneur
remettront trois prix « Coups de cœur »,
David Jamet, organisateur bénévole
et membre bénévole référent de la
Commission Technique de l’association
en remettra cinq et Esprit Bonsaï
en attribuera un. Le public votera
pour élire son « Coup de cœur ».
Le village professionnel sera installé
à proximité de l’exposition de bonsaï,
sur la partie haute du Parc oriental.
Une vingtaine d’exposants seront
présents, pépiniéristes spécialisés,
céramistes, libraires spécialisés.
Le Salon national du bonsaï est devenu
un rendez-vous incontournable pour
les amateurs du bonsaï en France.
Une manifestation où le seul objectif
de l’association organisatrice est la
promotion de cet art en donnant la
possibilité à tous les passionnés de
participer à un événement bonsaï de
qualité dans un cadre exceptionnel
comme le Parc oriental de Maulévrier.
Parc Oriental
Route de Mauléon
49360 Maulévrier
Horaires : 10h30 – 19h00
Entrée visiteurs exposition et
parc : 10 €, gratuit – de 12 ans.
Contact : contact@parc-oriental.com
www.parc-oriental.com

À AUDINCOURT
L’ASCAP Bonsaï Club d’Audincourt choisit
le magnifique écrin de la Filature Japy
pour sa biennale depuis 22 ans. « Balade en
forêt » est le thème de cette édition 2022 qui
aura lieu les 17 et 18 septembre. Derrière ce
titre se cache tout simplement une vision
du bonsaï se rapprochant le plus possible
de la nature. Avec environ 16 forêts, le
public pourra découvrir une large palette
de compositions : feuillus ou résineux,
forêts de grande ou de petite taille, nombre
d’arbres de la composition important ou
non, forêt vue de près ou de loin, etc.
Une exposition comprendra quatre-
vingts arbres, des suiseki et un espace
didactique sur les pots à bonsaï. Les
organisateurs renoueront avec les
traditionnelles invitations faites aux
clubs du grand Est, pour proposer aux
visiteurs une très vaste palette d’arbres.
Les formateurs et membres de l’ASCAP
Bonsaï Club feront des initiations à l’art
du bonsaï et les membres de l’AFAS,
Association française des amateurs de
suiseki, feront de même pour les Suiseki.
Lilly of the West, illustratrice, dévoilera
son univers, Romain Bresson proposera
ses sculptures et François Chapuis, artisan
coutelier, présentera ses créations.
De nombreux professionnels du
bonsaï proposeront à la vente poteries,
substrats, outils, revues spécialisées,
livres et évidemment bonsaïs et
bonsaïs. Présence aussi d’artisans.
La Filature – Espace Japy
Rue de la Filature 25400 Audincourt
Horaires : 10h-18h.
Entrée : 5 €.
Facebook : @ascapbonsaiclub
https://sites.google.com/view/ascapbonsaiclub

EspritBonsaï 119 - 5
ACTUALITÉS
LIRE
Les livres Les pins en bonsaï de Abe Kurakichi, et les deux
livres de John Naka, Technique du bonsaï 1 et Technique
du bonsaï 2, publiés en français par les Éditions Volonterio,
en Italie, sont à nouveau disponibles !
LES PINS EN BONSAÏ
Abe Kurakichi 23 €
Avec cet ouvrage passionnant incontournable,
le maître japonais ouvre les portes d’un
monde tourné vers la beauté des grands
espaces de la Nature sauvage. La recherche, la
contemplation et l’étude des pins pentaphylla
du Mont Azuma sont la clé d’une pratique
déterminée et patiente, traduite dans la
création des œuvres d’art vivantes que sont
les bonsaïs. L’écriture simple et les descriptions
précises reflètent l’humilité d’un travail
savant et scrupuleux. Le livre du maître Abe
Kurakichi, à travers l’étude exhaustive des
techniques propres aux pins, construit et dirige
la sensibilité des passionnés vers la pureté de
la forme et affine les perceptions de l’esprit.
Couverture souple. 17 x 24 cm. 250 pages.
Code : PINSRE
AGENDA
PRÈS DE ROUEN
L’association L’Arbre en pot de Rouen organise
sa deuxième exposition sous le thème
« Couleurs d’automne » les 8 et 9 octobre 2022
à Saint-Léger-du-Bourg-Denis, près de Rouen.
Entrée gratuite, présence de commerçants
spécialisés (bonsaïs, poteries,
tablettes, matériels, substrats...).
Salle Ostermeyer
Route de Lyons 76160 Saint-Léger-du-Bourg-Denis
Horaires : 10h - 18h. Entrée gratuite.
6 - EspritBonsaï 119
TECHNIQUE DU BONSAÏ 1
TECHNIQUE DU BONSAÏ 2
John Naka 49,50 et 70,40 €
Ces deux livres représentent l’héritage didactique, technique
et artistique de John Yoshio Naka, l’un des plus grands
maîtres du bonsaï contemporain et qui a marqué l’histoire du
bonsaï en Occident. Les deux volumes que le célèbre maître
américano-japonais a consacrés aux techniques du bonsaï
sont considérés, à juste titre, comme la « Bible » du bonsaï et
sont le résultat d’une expérience acquise en contact étroit avec
la nature, dans le sillage de la tradition, mais sans négliger les
innovations. Ces deux volumes, avec plus de 1 500 dessins
du maître et des photographies, conduisent l’amateur des
premiers pas aux techniques les plus complexes.
Couverture souple. 21,5 x 28 cm.
Technique du bonsaï 1 : 270 pages.
Technique du bonsaï 2 : 440 pages.
Code : Nakatech1 et Nakatech2
PRÈS DE BORDEAUX
Suite au succès de sa première édition en février
dernier, Bonsaï en Fête revient le dimanche 16 octobre
à Beautiran ! Alexis Bouras (chaîne Youtube Alexis
fait du Bonsaï) sera l’invité d’honneur de ce rendez-
vous organisé par l’enseigne Ô Garden Design®.
Au programme :
- une vente-échange de bonsaïs, poteries, outillage, livres,
- des démonstrations de rempotage et de taille de
bonsaï par Alexis Bouras et Sébastien Maimaran,
- un grand concours avec de nombreux lots,
- des tirages au sort toutes les 1/2 heures
avec des surprises à gagner
- un marché de créateurs (poteries…)
Restauration sur place
Infos et réservations : Olivier Cocostegue,
tél. 06 03 74 86 07, contact@ogardendesign.fr.
Ô Garden Design®
15 ZI de Calens
33640 Beautiran
Horaire : 9h à 18h, en extérieur. Entrée libre
www.ogardendesign.fr
À LYON
Bruno Heller, professionnel à Lyon, exposera
les arbres de ses élèves les 12 et 13 novembre à
la Japan Touch de Lyon pour la dixième année
consécutive. Il disposera d’un espace de 500 m2.
Eurexpo Lyon Chassieu
Boulevard de l’Europe, 69680 Chassieu
 EXPOSITIONS ET CONGRÈS
ANDORRA, ITALIE 10-11 Festival du bonsaï, du suiseki et du kusamono
septembre Parco delle Farfalle

À PARIS
Contact : giankusa151@gmail.com. Facebook : drynemetum
bonsai
Bonsaï Culture Expo au Parc floral MAULÉVRIER, 10-11 Salon national du bonsaï au Parc oriental
10e édition avec 10 invités et 10 présentations de groupes.
de Paris du 28 au 30 octobre 2022, MAINE-ET-LOIRE septembre
www.parc-oriental.com
ce sera 15 professionnels, 2 clubs
participants, 3 démonstrateurs, AUDINCOURT, DOUBS 17-18 « Balade en forêt »
septembre La Filature - espace Japy, Allée de la Filature
25 arbres exposés par des
Horaires : 10 h-18 h. Entrée : 5 €
collectionneurs privés et des clubs, https://sites.google.com/view/ascapbonsaiclub
sans compter les 80 arbres de la
collection permanente du Parc floral. SAINTE-TULLE, ALPES 24-25 Exposition mame et shohin
L’événement sera à nouveau DE HAUTE-PROVENCE septembre Salle Gaston Vachier. 10 h-18 h. Entrée libre.
parrainé par l’ambassade du Japon
en France. Bonsaï Culture expo a
TELFORD, 1er-2 Bonsai show live 2022

établi un partenariat virtuel avec le GRANDE-BRETAGNE octobre Hall3 The International Centre, International Way,
Telford TF3 4JH
musée du bonsaï d’Omiya, au Japon. Horaires : 9h30 - 17h.
L’entrée sera payante cette année, Contact : info@thebosaishowlive.co.uk
6,90 €, ce qui permettra de financer https://www.thebonsaishowlive.co.uk/
un événement d’une bien plus
grande ampleur en 2023.
SAINT-LÉGER-DU- 8-9 Exposition du club L’Arbre en pot

Économisez 10 % sur le prix BOURG-DENIS, octobre Salle Ostermeyer

Route de Lyons
de votre entrée en utilisant SEINE-MARITIME Horaires : 10h - 18h. Entrée gratuite.
le code Esprit Bonsai. THULIN, BELGIQUE 8-9 Exposition et portes ouvertes de l’école Shorai-en,
Parc floral de Paris octobre de Thierry Quinchon.
https://bonsaiculture.fr/ Adresse : 32 rue Ferrer
Contact : Thierry.quinchon@gmail.com, tél. +32 485 08 41 77

PERTH, AUSTRALIE 8-16 9e congrès mondial du bonsaï organisé par la World Bonsai
octobre Friendship Federation.
http://wbffbonsai.com/

BEAUTIRAN, GIRONDE 16 octobre Bonsaï en Fête

Ô Garden Design® 15 ZI de Calens
www.ogardendesign.fr

SAINT-JEAN-LA-POTE- 23 octobre Braderie Bonsaï d’automne du club Auprès de mon arbre

RIE, MORBIHAN Salle Pierre Glet
Contact : Bernard Dudonney, président, 06 44 28 03 00 ;
bc.dudonney@orange.fr ou ama.bonsai@orange.fr

PARIS 28-30 Bonsaï Culture Expo

octobre Exposition au Parc floral
Exposition de bonsaïs et de suiseki. Démonstrations et initiations.
Stands de professionnels.
https://bonsaiculture.fr/

EN BELGIQUE VICO EQUENSE (NA), 11-13 Sakka Ten Autumn Trees, organisée par la Nippon Bonsai

Exposition et portes ouvertes

ITALIE novembre Sakka Kyookai Europe.
https://www.sakkakyookai-e.com/
de Shorai en, école de bonsaï
Kyoshitsu, à Thulin, en
LYON, RHÔNE 11-13 Japan Touch
novembre 10e exposition de l’école de Bruno Heller
Belgique, les 8 et 9 octobre. Eurexpo Lyon Chassieu, Boulevard de l’Europe, 69680 Chassieu
Les membres de l’école de
Thierry Quinchon présenteront ARANJUEZ, ESPAGNE 27-29 IVe congrès de l’UBE, Union du bonsaï espagnol.
janvier Centre culturel Isabel de Farnesio.
une centaine d’arbres,
2023 https://ubebonsai.es
résultat de leur travail.
Shoraï en GENK, BELGIQUE 25-26 Trophy, exposition internationale de bonsaïs
32 rue Ferrer février Invités d’honneur : Enrico Savini (IT), Andres Alvarez Iglesias
7350 Thulin, Belgique (ES), Piotr Czerniachowski (PL), Pietro Sampirisi (IT)
Entrée : 5 €
https://bonsaiassociation.be/
Contact : ALBI, TARN 14-15 Congrès de la Fédération française de bonsaï
Thierry.quinchon@gmail.com octobre
Tél. +32 485 08 41 77

EspritBonsaï 119 - 7
ACTUALITÉS
DES PROFESSIONNELS

ACTUALITÉS DES
PROFESSIONNELS
Par Michèle Corbihan

CÉRAMISTE À GRADIGNAN
Jean-François Géraud, 72 ans, vend des pots à bonsaïs de sa
propre production depuis un an seulement et allie ainsi deux
de ses passions : la terre et le bonsaï. La terre, tout d’abord,
il la connaît, car il a toujours travaillé dans le modelage, les
moules exactement. Artisan, il faisait les moules de Astier
de Villatte, Desvres (près de Lille), et avec un designer il a
travaillé notamment pour des grands noms du luxe, comme
Lancôme, pour les monuments de France et Desvres encore.
Puis un jour, il y a quelques années, il en a eu assez des moules
et a acheté un tour de potier. Depuis, il fait des pots à bonsaïs.
La rencontre avec le bonsaï remonte à 1983-1984, lors d’un
salon pour lequel il exposait des céramiques à côté d’un stand
de bonsaïs. Aussi, quand il a commencé à tourner des pots,
il a fait des pots pour ses propres bonsaïs, bien sûr. Et depuis
un an, il a décidé de passer au statut de professionnel.
Il aime la matière, il teste, fait des craquelés. Au fil du temps,
il développe ses propres émaux, des émaux cristallisés
aussi. Ses pièces sont cuites au four électrique.
Installé à Gradignan, Jean-François Géraud vend sa
petite production sur son site Internet, mais aussi sur les
marchés de potiers ou lors de ventes organisées par des
professionnels du bonsaï dans la région bordelaise.
https://www.jf-edition.com/
Jean François Géraud allie Instagram : @jf_geraud
sa passion de la céramique
à celle des bonsaïs.

RESPONSABLE DE LA COLLECTION RÉMY SAMSON

Après le départ de Julien Mai-The, la collection Rémy Samson, au parc de
la Vallée-aux-Loups, dans les Hauts-de-Seine, devait trouver un nouveau
responsable. C’est chose faite depuis le 1er mars 2022 avec l’arrivée de Sébastien
Chemin, 47 ans. Ce professionnel du bonsaï se consacre uniquement aux
70 arbres du musée, et est donc en train de clore l’entreprise qu’il a créée
il y a cinq ans, Bonsaï et Jardins. Son activité au sein du parc ne se limite
pas à l’entretien des arbres, il assure aussi l’accueil du public, surtout des
néophytes, mais aussi des personnes qui connaissaient la collection chez
Rémy Samson, des amateurs aussi, comme des membres de clubs de la
région. Le parc étant ouvert à tous et gratuitement, les visiteurs viennent
en permanence. Sébastien Chemin explique la collection et l’art du bonsaï,
essaie de faire évoluer les mentalités et l’image qu’a le public d’un bonsaï.
Lui-même est adhérent à un club. Pratiquant l’art du bonsaï depuis une
vingtaine d’années, il s’est formé auprès de Maître Ando, a obtenu le titre de
Nouveau talent de la Fédération française de bonsaï en 2015, et est N2 à présent.
En France, le patrimoine est encore peu développé dans le bonsaï. Sébastien Chemin est le nouveau responsable de
Alors pour un passionné comme Sébastien Chemin, pouvoir la collection de bonsaïs Rémy Samson, au parc
faire perdurer une belle collection d’arbres et la transmettre de la Vallée-aux-Loups, dans les Hauts-de-Seine.
aux générations futures était une belle opportunité !

8 - EspritBonsaï 119

© M. Corbihan
Un jour, le bonsaï
DU BONSAÏ AU BEAU, IL N’Y A QU’UN PAS QUE LES ARBRES
PERMETTENT DE FRANCHIR, POUR LE QUÉBÉCOIS
JEAN-GUY ARPIN.
Texte : Jean-Guy Arpin
L
’art du bonsaï crée une béatitude de l’âme. Imaginer
entendre le ruisseau qui coule en forêt pour rejoindre la
rivière, s’asseoir dans l’odeur du printemps et observer
le beau : c’est ce que l’on vit quand on va à la recherche
de ces petits arbres rabougris en pleine nature.
J’aime les espaces où tout est sauvage, bien au-delà du
campagnard. Aujourd’hui, j’enjambe les butons (terme
québécois utilisé en vieux français signifiant butte, petite
colline, ndlr) dans la planète d’épinettes noires, là où le fleuve
se prend pour la mer. Dans cet espace de beauté, par surcroît,
l’haleine des mélèzes me souffle dans le cou. Tout un jour, j’y
cueillerai quelques brins de beauté, emmaillotés dans du jute
en attendant qu’ils deviennent pure nature en pot.
Je crois sincèrement qu’aimer le beau est une qualité inesti-
mable qui n’est pas présente chez tous. Il faut d’abord la décou-
vrir et s’arrêter pour la reconnaître.
Juste être
De temps à autre, je parlais à l’un de mes thérapeutes préfé-
rés, un mélèze de ma connaissance, un vieil arbre tout tordu
par le temps, les intempéries et peut-être par un promeneur
négligent. Cet arbre me racontait qu’il vivait de lumière, d’eau et
de paradoxes, mais dès qu’il parvenait au sommet de sa beauté,
plusieurs le remarquaient et souriaient. Il se disait alors « mieux
vaut pousser dans un pot afin que celui qui a osé me ramasser
au bord du chemin se réjouisse et médite sur mon chemine-
ment particulier. »
Aujourd’hui, je dévisage mon mélèze déguisé en bonsaï. Il
regarde le ciel et les alentours fixement. Dans son pot, il se satis-
fait à juste être, sachant très bien qu’il est inutile de s’en aller
ailleurs. Il se contente de pencher vers la lumière, nostalgique.
Cette forêt souvent décrite comme une terre ingrate et aus-
tère, je l’appelle le Paradis parce que les bonsaïs y grandissent
L'ESPRIT
DU BONSAÏ
comme seulement on grandit au Paradis. En foulant son sol,
entre lièvres et mésanges, je croiserai un arbre laissant une
impression de fragilité, mais rempli de force, de dureté, de
sagesse et de son éternelle humilité pour en faire un brin de
bonheur.
La symphonie de l’univers
J’aime bien ce frisson de l’absolu. Il suffit d’être dans une
chaloupe au beau milieu d’un lac calme, dans les brumes de
l’aube, pour entendre, juste une petite seconde, la symphonie
de l’univers, du moins les premières notes, et dans cet instant
sublime percevoir l’étendue de la beauté du monde. Ou assis
sur une grosse roche, observer au travers des odeurs de vert
tendre ces arbres minces et d’apparence fragile, formés par les
vents violents, les pluies torrentielles, la lourde neige blanche
et les glaces de fin d’hiver en attendant un printemps plus
convenable, afin de les laisser croître comme la nature le sou-
haite dans le silence.
Côtoyer ces p’tits arbres, les aimer, tenter de leur donner
une seconde beauté dans une vie en pot est pour moi une
forme de méditation, qui fait place au beau, au bon, à la paix de
l’âme, au calme physique et me fait sourire à coup sûr.
Au pays de la solitude, on y trouve un cache-chagrin tran-
quille qui s’y éternise. Nous sommes tellement nombreux à
être seuls, soumis aux aléas du temps. Mais ce pays se trouve
au cœur de la nature qui, elle, nous enseigne le recueillement,
la patience et le détachement. Tout cela ressemble bien à la
quintessence de la solitude.
À cet endroit, le temps n’existe pas et nous sommes nous-
mêmes le temps. Nous existons seulement dans le présent et
non dans le temps. « ÊTRE » est le présent.
Toute ma vie s’est déroulée entourée des arbres de mon
enfance.
EspritBonsaï 119 - 9
INSPIRATION
REPORTAGE

Un jardin japonais a été aménagé par l’Association française du jardin japonais à l’extérieur de l’Espace Arena,
siège du congrès de la Fédération française de bonsaï à Vivier-au-Court, dans les Ardennes, les 28 et 29 mai 2022.

CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BONSAÏ

Un week-end bien rempli !

POUR SON CONGRÈS 2022 EN MAI DERNIER DANS LES ARDENNES,
LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BONSAÏ A MIS TOUT EN ŒUVRE
POUR SÉDUIRE LES VISITEURS : EXPOSITIONS, DÉMONSTRATIONS
ET ANIMATIONS SUR LE THÈME DE L’ASIE.

Autrice : Michèle Corbihan

L
e sourire est sur toutes les lèvres
en ce week-end de l'Ascension à Vi-
vier-au-Court, car après deux an-
nulations et trois ans sans congrès,
il est enfin possible de se retrou-
ver pour la grande fête annuelle de
la Fédération française de bonsaï
(FFB). La petite commune ardennaise de 3 000 habi-
tants a attiré, les 27 et 28 mai 2022, plus de 1 000 visi-
teurs pour « un congrès très complet ! » déclare Éric
Morlet, heureux président de l’association Le Bonsaï
vivarois, l’organisateur.
Tout a été pensé pour occuper pendant deux jours non
seulement les amateurs de bonsaïs, mais aussi leurs
accompagnateurs avec de très nombreuses anima-
tions centrées sur les arts asiatiques.
Vivier-au-Court bénéficie d’un beau complexe multis-
port, l’Espace Arena, dont les différentes salles ont per-
mis l’organisation du congrès. À l’extérieur, un jardin
japonais éphémère installé par l’Association nationale
du jardin japonais accueille le visiteur.
Stands de vente et démonstrations
La visite commence par la grande salle Arena où sont
installés plus d’une vingtaine de stands de vente et, au
fond, un espace pour les démonstrations des invités
d’honneur l’après-midi – François Jeker, Olivier Bar-
reau et le Slovène Nik Rozman – et des formateurs de
la FFB le matin.
Un atelier d’origami propose une initiation, tandis
qu’un peu plus loin, Marie-José Nast, de l’Ikebana viva-
rois, dévoile les mystères de l’art floral japonais.

10 - EspritBonsaï 119
 François Jeker
et ses élèves
Dominique Michel
et Laurent Petitpain
mettaient en
forme un buis des
Corbières pendant
le week-end.

Olivier Barreau (à droite), assisté Nik Rozman (Slovénie), assisté

de Bruno Faure, travaillait de Matjaz Raimondi (Slovénie),
un olivier le dimanche. mais aussi de Roy VanLubeek
(Pays-Bas), œuvrait sur un
Ligustrum ovalifolium, troène genévrier le dimanche.
de Californie, de Nik Rozman,
l’un des invités d’honneur du
congrès. Pot : Me and Raimondi.

La présentation du
groupe Shizen, groupe
d’étude de François
Jeker, mettait en
scène dix arbres.

Dans une salle à l’étage, les conférences se succèdent :
Pierre Chantry, de l’Association française des ama-
teurs de suiseki, aborde l’art des suiseki présentés dans
un suiban, Pierre Rudelle l’ombre et le vide dans l’art du
bonsaï, Loudde et La Bande animée interviennent sur
le manga et Michel Brohet sur le développement natu-
rel de l’arbre et ses mécanismes de défense.
Une présentation hors codes
Un couloir permet de rejoindre l’annexe Arena et une
salle à la lumière tamisée. Shizen, le groupe d’étude
de François Jeker, expose ici une ligne de dix superbes
bonsaïs, des yamadori, montrant le travail du groupe à
différents stades d’évolution des arbres. Des notes d’or
sur quelques pots et une peinture de François Jeker
donnent un caractère hors codes japonais à cette pré-
sentation collective.
Sont aussi exposés ici une quinzaine d’arbres des for-
mateurs nationaux de la FFB, pins et genévriers en
majorité.
L’Association française des amateurs de suiseki s’asso-
cie comme chaque année au congrès de la FFB et ex-
pose trente pierres conjuguées à des paravents peints,
œuvres de l’artiste local Jean-Jacques Rossbach.
Un espace chinois est installé dans une autre salle :
cérémonie du thé, calligraphie, musique, Qi gong, expo-
sition de thé vert sont au programme. Il se déroule aussi
ici des démonstrations de karaté.

EspritBonsaï 119 - 11
INSPIRATION
REPORTAGE
LES ARBRES REMARQUABLES
Genévrier de Chine, Laurent Petitpain
Pin sylvestre, Olivier Barreau
Érable de Buerger, Pierre-Yves Lidec
Cyprès hinoki, Jacqueline Saviard.
Pin pentaphylla, Francis Hakoun
Genévrier Itoigawa, Olivier Kieffer
Genévrier commun, Sébastien Chemin
Pin de Thunberg, Ronan Le Bras
Pin à crochets, Jean-Marc Ladagnous
Prix du Bonsaï Vivarois
Genévrier de Chine, Éric Berthelemy
Érable du Japon, Hubert Brillois

Taxus baccata, René Seiller, du groupe Shizen. Hauteur : 94 cm.

Arbre remarquable : Pinus sylvestris, pin sylvestre, Olivier Barreau.

Une centaine de bonsaïs

Arbre remarquable : Juniperus chinensis, genévrier de Chine, Laurent Petitpain.
À l’entrée du bâtiment abritant la suite de l’exposition,
en face de l’Espace Arena, un petit espace japonais,
animé par Michel Prêtre, permet de se familiariser
avec l’art de tisser des cordelettes, entre autres. Dans
la salle où sont exposés une centaine d’arbres des
membres de la FFB, quatre arbres trônent sur des
colonnes. Les autres arbres sont présentés sur des
étagères recouvertes de tissus beiges et gris. Conifères
et feuillus se succèdent dans une certaine parité. Le
collège des juges, présidé par Jean-Marc Ladagnous,
attribue quelques mentions Arbres remarquables à
des bonsaïs, qui iront représenter la France au congrès
2023 de l’European Bonsai Association.
Dans la salle, une estrade est le lieu de démonstrations
de formateurs de la FFB, mais aussi du challenge
Interclubs, le samedi, au cours duquel seulement deux
clubs se disputent le trophée cette année. La pandémie
de coronavirus est passée par là, empêchant les sélec-
tions en région et la préparation des arbres. L’Arbre en
pot, le club de Rouen, repart avec le trophée face au club
de Reims.
Le dimanche matin, c’est au tour du concours du nou-
veau talent de prendre place. Quatre concurrents se

12 - EspritBonsaï 119
Arbre remarquable : Pinus pentaphylla, pin pentaphylla, Francis Hakoun.

Arbre remarquable : Juniperus communis,

genévrier commun, Sébastien Chemin.

Des suiseki de membres de l’Association française de suiseki étaient
présentés devant des paravents, œuvres de l’artiste Jacques Rossbach.
confrontent pour mettre en forme un petit genévrier et
c’est Pierre-Marie Cochard qui emporte le titre, suivi en
deuxième position par Martine Pene.
Des produits locaux
Le spectacle continue en extérieur avec des stands de
produits locaux – champagne, tarte au sucre… – mais
aussi ateliers d’origami et de construction d’hôtels à
insecte !
Charles Noël, un chanteur local, anime l’espace restau-
ration et reprend avec talent des standards de la chan-
son française, sous un soleil radieux.
« Tout le monde attendait ce congrès avec impatience.
Il entre dans la lignée des grands congrès. La barre
est assez haute pour le suivant, qui se tiendra à Albi, »
conclut Philippe Massard, le président de la Fédération
française de bonsaï. Rendez-vous est donc pris pour les
14 et 15 octobre 2023 dans le Tarn !
UN DERNIER MANDAT
Philippe Massard, réélu président de la Fédération française
de bonsaï pour trois ans encore à l’issue de l’assemblée
générale de la fédération qui a eu lieu au cours du congrès,
l’affirme : « Ce sera le dernier mandat. » Ce qui est différent
par rapport à ses deux premiers mandats et qui le réjouit ?
« Une bien meilleure ambiance au sein de la FFB, y compris
avec le collège des juges avec lequel les relations ont été
parfois tendues pour des raisons personnelles et d’ego,
explique-t-il. » L’arrivée de Jean-Marc Ladagnous, nouveau
responsable de ce collège, « à l’esprit ouvert », offre des
perspectives beaucoup plus intéressantes et agréables. »
Le club L'Arbre en
pot, de Rouen, a
gagné le challenge
interclubs.

EspritBonsaï 119 - 13
INSPIRATION Synchronisée à la perfection avec la date de
REPORTAGE l’exposition Expo Bonsai UK, le 8 mai à Crawley,
au sud de Londres, cette aubépine de Steve
McKee est en pleine floraison. Présentée sur
une superbe tablette de Doug Mudd, elle a
été l’un des points forts de l’exposition.

EXPO BONSAI UK
Une nationale
au
Royaume-Uni
LES EXPOSITIONS DE NIVEAU NATIONAL NE
SONT PAS LÉGION AU ROYAUME -UNI. L’EXPO
BONSAI UK RASSEMBLE DES EXPOSANTS
INDIVIDUELS CHAQUE ANNÉE DEPUIS 2018,
LE 8 MAI EN 2022.
Auteur : Peter Warren

Installée dans
une salle de sport
spacieuse, Expo
Bonsai UK a
connu un grand
succès grâce
aux efforts des
organisateurs et

A
des exposants.

près une interruption de deux
ans, une grande exposition de
bonsaïs s’est enfin tenue le 8 mai
au Royaume-Uni pour un pu-
blic en manque de bonsaïs. Les
organisateurs de l’Expo Bon-
sai UK ont trouvé un nouvel et
meilleur emplacement avec le centre sportif K2 (K2
sport center), près de Crawley, au sud de Londres. Ils
ont déployé des efforts considérables pour faire de cette
journée un grand succès, avec une centaine de bonsaïs
exposés et plus de mille visiteurs. De nombreux arbres
avaient déjà été exposés au niveau international, no-
tamment un érable appartenant à Warren Radford,
l’un des lauréats du Trophy 2016, en Belgique.
De belles aubépines
L’exposition s’est tenue en mai, un peu plus tard que
les années précédentes – en avril, c’était le moment
idéal pour les fleurs d’aubépine, l’un des points forts
du bonsaï britannique, qui a sans doute les plus belles
aubépines yamadori d’Europe, qui poussent dans la
campagne galloise. Cette époque donnait également
une chance à la plupart des espèces de se réveiller

14 - EspritBonsaï 119
 Pyracantha de
Russ Farley, prix du
plus beau caduc.
L’arbre est d’un
style inhabituel
pour l’espèce, mais
très bien exécuté
et superbement
présenté.

Prix de la meilleure
combinaison arbre-pot,
l’aubépine en radeau
de Andy Smith provient
d’un prélèvement dans
le pays de Galle. Le pot
est de Gordon Duffett.

et de montrer leur plus belle croissance printanière. heureux du Brexit est l’incroyable difficulté pour les
Ainsi les érables Deshojo portent encore leurs feuilles amateurs de bonsaïs britanniques à transporter des
d’un rouge profond et les mélèzes sont pleins de vita- arbres vers les principales expositions européennes.
lité, y compris le gagnant du prix du meilleur grand Un noyau dur d’amateurs britanniques a toujours eu
bonsaï conifère, un épicéa du Japon, Picea jezoensis, une forte présence au Trophy (en Belgique) et l’Euro-
de John Pitt. pean Bonsai-San show (à Saulieu, en Côte d’Or) et ils
ne pourront désormais plus y assister avec des arbres.
Une jeune expo En conséquence, la demande d’une grande exposition
Cet événement s’est développé à partir de l’Heathrow nationale a augmenté.
Show, une exposition qui invitait les clubs de tout le
pays à exposer en tant que club. La scène des clubs au
Royaume-Uni est quelque peu différente de celle de
la France, et bien moins organisée. Beaucoup de gens
n’étant pas adhérents de clubs, il y avait donc un désir
d’avoir une exposition de même niveau pour les indi-
viduels. Steve Hale, un passionné de bonsaï de longue
date et un monsieur très respecté dans le monde du
bonsaï britannique, a décidé de relever le défi d’une telle
organisation : la première exposition a eu lieu en 2018.
Bien qu’elle n’en soit qu’à ses débuts, l’exposition ob-
tient tous les soutiens et nous espérons qu’elle conti-
nuera à s’améliorer. L’un des nombreux effets mal-

Ce genévrier sur
roche de Caroline
Steward, qui l’a
créé il y a 18 ans, a
reçu une mention
de mérite dans la
grande catégorie
des conifères.

LES PRIX
Prix du plus beau bonsaï de l’exposition :
mélèze du Japon, Andrew Smith
Meilleur caduc : Pyracantha, Russ Farley
Meilleur conifère : épicéa du Japon, John Pitt
Meilleure composition shohin : Mark et Ritta Cooper
Meilleure composition mame : Mark et Ritta Cooper
Meilleure combinaison arbre-pot : aubépine de
Andrew Smith dans un pot de Gordon Duffett
Meilleure plante d’accent : John Pitt
Un élégant et très bel épicéa du Japon, de Warren Radford. Juste
prêts à s’ouvrir, les bourgeons se remplissent de vie nouvelle.
EspritBonsaï 119 - 15
INSPIRATION
LES YEUX DANS LES ARBRES

Classé Arbre
remarquable de France
le 14 janvier 2016,
l’olivier bimillénaire du
village de Roquebrune-
Cap-Martin se
découvre, majestueux,
sur le chemin
piétonnier descendant
vers Menton.

UN OLIVIER BIMILLÉNAIRE
ARBRE MYTHIQUE, L’OLIVIER MILLÉNAIRE SUSCITE L’ADMIRATION ET,
PARFOIS, LA CONVOITISE. CELUI DE ROQUEBRUNE-CAP-MARTIN, ENTRE
MENTON ET MONACO, SORT DE L’ORDINAIRE !

C
Autrice : Isabel Ribeiro onsidéré comme le plus vieil arbre de
France, l’olivier de Roquebrune-Cap-Mar-
tin, dans les Alpes-Maritimes, aurait plus
de deux mille ans. Limitrophe de la prin-
cipauté de Monaco et proche de Menton,
le village qui l’abrite s’étage sur trois corniches dans
un cirque montagneux. L’olivier, classé Arbre remar-
quable en 2016, est tourné vers la proche Méditerranée.
Symbole de paix, il a pourtant été témoin de conflits
humains, sur terre et en mer avec, à l’horizon, la Corse
parfois visible.
Du caractère
Pour accéder à l’olivier bimillénaire, le promeneur
doit marcher depuis le village, en suivant les discrètes
indications. L’arbre impressionne ! Et que dire si on
l’observe de face ! Le recul manque pour le prendre
entièrement en photo. Au-delà de son grand âge, cet
arbre se caractérise par son étalement sur le mur
auquel il s’est ancré, atteignant une circonférence de
23,5 m., pour une hauteur de 15 m. et un poids estimé
à 20 tonnes.
Contrairement aux oliviers vénérables millénaires,
qui présentent un tronc massif pour la plupart, leur
doyen roquebrunois comprend un ensemble de rejets –
appelés souquets – émis par la souche mère et figurant
une famille nombreuse aux troncs élégants. La base a
absorbé, sans pour autant la phagocyter, une partie du
mur sur lequel elle s’appuie, incrustant ses racines entre
les pierres. À l’arrière, elle s’est prolongée sur la butte.

16 - EspritBonsaï 119
 DES OLIVIERS À LA VENTE
Le statut d’Arbre remarquable, dont bénéficie cet olivier, protège
en France des sujets vénérables, dont la beauté et le caractère
hors du commun présentent un intérêt particulier. Cependant, ce
patrimoine pèse peu pour des propriétaires avides d’argent. En
Espagne, des oliviers millénaires sont arrachés de leur terre pour
finir dans le jardin de riches acquéreurs amateurs de raretés, où ils
seront parfois taillés en nuages, à la japonaise, ou gardés dans un
bac. Qu’importent leurs bons et loyaux services, l’huile fournie lors
de nombreux siècles, l’ombre qu’ils apportaient ou la faune qu’ils
abritaient. Et qu’importe si leur nouveau climat ne leur convient
pas. Quant à leur terre d’origine, l’Espagne, elle a pris des mesures
pour protéger ses oliviers, mais il reste aussi à convaincre les Cet olivier force le respect : il est interdit de l’escalader !
agriculteurs de l’importance de ce patrimoine végétal inestimable.

À l’aise sur un terrain caillouteux drainant, l’olivier L’arbre ressemble à

un géant prêt
s’est épanoui sous le climat méditerranéen, chaud
à quitter son talus.
et lumineux. Il a résisté à quelques hivers rigoureux,
rares sous ces latitudes.
Un âge incertain
Bien qu’ancré depuis plus de deux millénaires, l’olivier
semble vouloir quitter les lieux. Porté par son imagina-
tion, le promeneur pourrait voir dans le large déploie-
ment de ses racines les tentacules d’une pieuvre ou
une ancienne coulée de lave cherchant à avancer sur
le chemin. Les divers troncs inclinés dans le sens de la
marche accompagnent cette dynamique.
Certains rejets sont plus anciens que d’autres et pré-
sentent des nœuds, des creux, voire des cavités au
niveau de leur large base soudée aux autres. On peut y
lire le passé lointain de l’arbre primaire, dont le tronc
lui-même présente des zones mortes et détériorées.
Au fil du temps, des rejetons l’ont entouré, rompant
sa solitude.
L’âge de cet olivier reste incertain. Comme pour beau-
coup d’arbres remarquables au tronc creux altéré,
ses cernes de croissance sont illisibles pour la den-
drochronologie. Cependant, à partir d’études com-
paratives et de sa circonférence, des spécialistes lui
donnent entre 2000 et 2800 ans.
La souche mère, marquée
par les siècles, est la
plus tourmentée.
Mais cet arbre ancien a vu ses jours comptés lorsque,
au début du xxe siècle, ses propriétaires voulurent
l’abattre. L’estimant peu productif, ils avaient décidé
d’en faire du bois de chauffage. Fort heureusement,
Gabriel Hanotaux, historien et ministre, racheta la
parcelle et sauva cet olivier qui appartient à présent à
la commune. Aujourd’hui encore, il produit de petites
olives « pichoulina », consommées à l’apéritif.
UN FILM
Sorti en décembre 2016, L’olivier, film de la scénariste espagnole
Icíar Bollaín, retrace le périple d’Alma pour retrouver l’olivier
bimillénaire chéri par son grand-père, mais que ses enfants ont
vendu. La jeune protagoniste se rend jusqu’en Allemagne pour
y découvrir l’arbre vénérable dans un contenant, à l’intérieur
de l’édifice de l’entreprise qui l’a acheté, bien loin des terres
espagnoles où, selon le grand-père, les Romains l’avaient planté.

EspritBonsaï 119 - 17
LES PASSIONNÉS
PROFESSIONNELS
« Mon style
est très calme
et naturel »
BRUNO
HELLER
Fondateur de l’école
« Bonsaï studio » à Lyon,
Bruno Heller se considère
comme un garant de la
tradition japonaise.
Interview : Isabel Ribeiro
Photos : Bruno Heller
Esprit Bonsaï : À quand remonte
votre intérêt pour le bonsaï ?
Bruno Heller : Lors d’un voyage en
Thaïlande en 1991, j’ai été subjugué par
les bonsaïs, méconnus en France, et j’en
ai rapporté un. Pendant treize ans, j’ai
travaillé mes plants bruts de pépinière
en autodidacte, avec le livre de Harry
Tomlinson. Puis j’ai rencontré Hideo
Suzuki à Montpellier [instructeur de la
Scuola d’Arte, ndlr], lors d’une exposi-
tion à laquelle je participais avec mon
premier arbre, un genévrier, que j’ai tou-
jours et qui est devenu mon logo.
E. B. : Comment êtes-vous
devenu « maître bonsaï » ?
B. H. : J’ai fait un apprentissage de huit
ans à la Scuola d’Arte Bonsai, à Montpel-
lier, jusqu’en 2010. Pour compléter ma
formation et approcher autant que pos-
sible l’esprit du bonsaï, j’ai également sui-
vi des stages au Japon, auprès de grands
maîtres : Toro Suzuki, Shinji Suzuki,
Maître Ando. J’ai étudié la peinture de
paysage, un peu de calligraphie et l’art
18 - EspritBonsaï 119
du jardin japonais pour comprendre la
culture japonaise dans son ensemble,
sa spiritualité, sa philosophie. Car on
peut apprendre des techniques, les
répéter, mais il faut savoir pourquoi on
Ci-dessus les applique, quelle en est la dimension
Bruno Heller, la artistique.
cinquantaine, fait
du bonsaï depuis E. B. : Quelle voie du bonsaï
31 ans et a formé
enseignez-vous dans votre école ?
plus de 250
élèves dans son
B. H. : Dans mon école lyonnaise « Bon-
école lyonnaise. saï studio », fondée en 2005, et auprès
Il travaille de mes élèves de La Réunion, je crée
ce pin blanc et forme des bonsaïka. Je fais naître
depuis 15 ans. chez beaucoup cette passion et j’en
accompagne plusieurs depuis plus de
dix ans. À travers mon travail, je révèle
la beauté de la nature. C’est la mission
que l’on m’a donnée au Japon et ce que
j’essaie de transmettre depuis dix-sept
ans : ne pas dénaturer le bonsaï, ne pas
sortir de la voie naturelle. Il faut aborder
l’arbre avec humilité et ne pas en faire
l’objet de nos fantasmes. Le bonsaï doit
rester un plaisir. Dans cette optique, j’ai
emmené plusieurs fois mes élèves au
Japon. Ils exposent également depuis
bientôt dix ans à la Japan Touch de
Lyon. La présentation en sekikazari ne
mentionne ni le nom de la personne,
ni celui de l’arbre, afin de laisser place
à la seule émotion. Entre nous, il n’y a ni
compétition, ni hiérarchie. J’essaie de
transmettre la simplicité et le partage.
Je vends du bonheur aux gens.
E. B. : Qu’entendez-vous par « créer
des bonsaïs autochtones dans
la pure tradition japonaise » ?
B. H. : J’ai appliqué à la lettre ce que j’ai
appris, en tenant compte du climat et
des essences autochtones. 80 % de mes
arbres sont européens et 20 % sont japo-
nais. Je respecte la nature de l’arbre, je
ne fais pas de créations très stylisées,
très géométriques. Je préfère que le
travail de l’homme ne se voie pas, dans
une approche cohérente avec l’essence
dans la nature, sa forme, son biotope,
pour qu’elle s’inscrive dans un paysage.
Mon style est très calme et naturel. Je ne
suis pas attiré par les bois morts specta-
culaires, les formes extravagantes.
E. B. : Comment abordez-vous
les arbres que vous travaillez ?
B. H. : Je travaille toutes les essences,
toutes les tailles. Je recherche de belles
écorces, un mouvement dans le tronc,
une belle conicité pour montrer la beau-
té de l’arbre. C’est lui qui me guide. En réa-
lité, le bonsaï nous choisit. Il nous change,
Le style des bonsaïs de Bruno Heller est posé
et naturel. Ces arbres s’intègrent naturellement
dans le jardin japonais créé par le Lyonnais.

CONTACT
Bonsaï studio Bruno Heller
113 rue Servient
69003 Lyon
Tél : 04 78 60 55 54
Tél. mobile : 06 26 82 36 86
Courriel : b.heller@free.fr
Internet : www.bonsaiartheller.com
Facebook : @bonsaiartheller
Instagram : bonsaibrunoheller

Acer palmatum dans un pot japonais Mafusa. Cet Ce hêtre, Fagus sylvatica, a été prélevé au
arbre d’importation, travaillé depuis 2003, avait début des années 2000 et mesure plus
plus que nous ne changeons l’arbre. Mon seulement quatre troncs au départ, Bruno Heller d’un mètre de haut. Pot de Tokoname.
premier bonsaï est mon meilleur ami, en a greffé un cinquième. Hauteur : 65 cm.
fidèle, qui me réconforte et me fait du
bien. Le bonsaï m’a aidé à grandir, il m’a
élevé. Il a complètement changé mon
rapport au temps, au vivant, aux êtres
humains. Refuge loin des gens que je
fuyais à mes débuts, il m’a ramené vers
eux à travers la transmission de ce que
LE BONSAÏ EST-IL UN ART ?
j’ai appris. Le plaisir qu’il apporte aux
« Façonné par l’homme pour révéler une esthétique, le
autres est ma plus grande satisfaction
Au-delà de la technique, c’est une façon bonsaï est un art dès lors qu’il suscite une émotion, qu’il
de vivre qui nous améliore et nous éveille les sens, dans une présentation réussie, le kazari. En
rapproche. Apporter du bien-être aux observant un bonsaï, le spectateur voit la beauté de la nature
autres à travers la nature, c’est l’esprit de et se remémore l’arbre de son enfance ou de ses vacances,
cette discipline que m’a enseigné Maître sent le froid ou le vent qui passe dans la ramure d’un feuillu
Ando, gardien de la tradition. exposé sans feuilles en hiver, » exprime Bruno Heller.

EspritBonsaï 119 - 19
LES PASSIONNÉS
AMATEURS
« C’est devenu une
partie de moi-même »
PIERRE-YVES
LIDEC
Pierre-Yves Lidec a une passion
dévorante pour le bonsaï. Installé
près de Lorient (Morbihan),
il s’applique à acquérir un
maximum de connaissances
pour faire évoluer ses protégés.
Interview : Isabel Ribeiro
Photos : Pierre-Yves Lidec
Esprit Bonsaï : À quelle occasion
avez-vous été séduit par le bonsaï ?
Pierre-Yves Lidec : Comme beaucoup
de passionnés, je me suis intéressé aux
arbres en pot dès mon enfance. J’ai
eu une véritable révélation en 2002 à
l’exposition de l’EBA [Eureopean Bonsai
Association, ndlr] à Trévarez (Finistère).
J’ai intégré le club de Lorient (ABBL), où
j’ai rencontré Jean Croizer et René le
Forestier – un ami décédé aujourd’hui
– auxquels je dois beaucoup pour mon
apprentissage et que je remercie.
En plus du club, je suis inscrit depuis
2006 aux stages de « L’arbre et le geste »,
dont les « quatre mousquetaires » –
Thierry Font, Alain Arnaud, Francisco
Ferreira et Patrice Bongrand – m’ont per-
mis de prendre de l’assurance et m’ont
appris d’importantes techniques. Je
n’oublie pas le conseil de Thierry : « Voir
l’arbre dans l’arbre ! ». J’ai également inté-
gré un petit groupe de passionnés sous
la houlette de Jean-Bernard Gallais, qui
a su stimuler ma sensibilité et m’orienter
dans l’art de la présentation. J’ai participé
à de nombreux stages organisés par la
20 - EspritBonsaï 119
Fédération française de bonsaï. Depuis
2017, deux fois par an, j’assiste aux cours
de Sandro Segneri, qui requiert notam-
ment exigence et créativité.
Ci-dessus
Moniteur
E. B. : Quel est l’intérêt de faire diver-
auprès de
personnes ses formations ?
en situation P.-Y. L. : Au-delà de l’acquisition des
de handicap, bases et de bonnes techniques, rece-
Pierre-Yves voir différentes visions sur le bonsaï est
Lidec, 55 ans, primordial et permet de se remettre en
est exigeant question. Nous avons besoin des autres
envers lui- pour avancer, surtout des formateurs.
même et ne Grâce à eux, je peux à présent faire évo-
veut cesser
luer mes arbres selon ma propre sensi-
d’apprendre
bilité, tout en continuant mon appren-
sur tout ce
qui touche tissage. Cependant, le milieu du bonsaï
au bonsaï. est très compliqué. J’observe des rivali-
tés qui me dérangent énormément. Le
bonsaï doit rassembler et non diviser,
autrement, on ne peut pas avancer.
E. B. : Vous avez réduit le ombre d’arbre
de votre collection. Pourquoi ?
P.-Y. L. : D’une centaine d’arbres, je n’ai
gardé que la moitié, que je peux faire
évoluer favorablement. On ne peut
être attentif à trop d’arbres et je refuse
d’en délaisser. Néanmoins, bien qu’il soit
parfois compliqué de gérer une collection
composée d’essences très différentes, je
travaille plusieurs espèces, de grande
taille – minimum 60 cm, japonaises ou
issues de prélèvements autochtones : pin,
érable, azalée, olivier, fusain, chêne, Sainte-
Lucie. J’aime la diversité. Et surtout, j’aime
apprendre !
E. B. : Qu’éprouvez-vous lorsque vous
travaillez vos bonsaïs ?
P.-Y. L. : Le bonsaï est très important dans
mon quotidien. Je lui consacre beau-
coup de temps, parfois trop. Il m’a appris
la patience. Souvent, on veut aller trop
vite et les arbres en paient le prix. On
doit les respecter, sans brûler les étapes,
car c’est en faisant de petites choses que
l’on obtient de grands résultats. Le bonsaï
m’aide également à me déconnecter de
mon quotidien professionnel, très pre-
nant. Il m’offre une évasion et me procure
du bien-être. Lorsque je travaille un arbre,
je peux rester concentré plusieurs heures,
voire plusieurs jours. Ce temps dédié est
1

1 - Des arbres d’origines et

d’essences diverses composent
une collection choyée tout
au long de l’année.

2 - Cet érable de Buerger a emporté

la mention « Arbre remarquable »
au congrès 2022 de la Fédération
française de bonsaï à Vivier-au-
Court, dans les Ardennes, et
sera exposé au congrès 2023
de l’EBA. Hauteur : 90 cm.
© M. CORBIHAN

3 - Prunus mahaleb en
construction. Hauteur : 95 cm.
Pot de Greg-Ceramics. 2 3

important pour m’approprier un arbre,
qui évoluera au même temps que ma
personne et mes connaissances. Cette
passion est devenue une partie de moi-
même : je vis tous les jours avec et ne
m’en lasse jamais.
SAUVÉ DE LA DÉCHETTERIE
Ce fusain du Japon, trouvé dans une déchetterie en 1998 par René le Forestier
qui l’a mené en bonsaï, accompagne Pierre-Yves Lidec depuis plus de dix ans.
Il a été exposé au Salon national du bonsaï 2014 à Maulévrier, au congrès de
l’EBA 2016 à Genk (Belgique), au congrès du BCI 2018 à Mulhouse et à l’European
Bonsai-San Show 2019 à Saulieu. Un beau parcours pour un arbre de rebut !

E. B. : Quels objectifs poursuivez-vous ?

P.-Y. L. : Je ne suis pas un artiste, ni un
créateur, mais un jardinier collection-
neur qui veut amener ses arbres le plus
loin possible, en les cultivant correcte-
ment. Et je donne tout pour y arriver.
Un bonsaï n’est jamais abouti, il est tou-
jours en évolution. L’exposer est une
récompense ! Et j’expose beaucoup,
pour rencontrer d’autres passionnés et
me soumettre à la critique constructive.
Certains de mes arbres ont été sélec-
tionnés pour le Trophy, l’EBA... Mais la
pandémie de covid a tout suspendu
et j’en ai été très malheureux, car les
contacts avec les autres passionnés
sont importants pour moi. J’ai donc
commencé à publier sur Facebook, non
pas pour me mettre en avant, mais pour
échanger. Fusain du Japon. Hauteur : 70 cm. Pot de John Pitt, tablette de Pascal Houdusse.

EspritBonsaï 119 - 21
BIEN DÉBUTER
PAS À PAS

UNE BOUTURE
POUR UN FUTUR BONSAÏ
Faire des boutures est assez
ludique, facile et permet
d’obtenir un sujet à moindres
frais. Chaque espèce a sa
période propice pour ce faire.
Petit guide du bouturage.
Texte : Antonio Ricchiari
Traducteur : Olivier Barreau

L e bouturage est une méthode de

reproduction d’un végétal. Une bou-
ture – partie végétative comme feuille,
branche ou racine – de la plante est
stimulée pour émettre des racines
adventives. Cette technique peut facilement être uti-
lisée pour créer un bonsaï.
On distingue différents types de boutures – en
vert, semi-ligneuses ou ligneuses – qui sont à utiliser
à différents moments de l’année et selon les espèces.

1 Quand bouturer
Les trois périodes les plus adaptées pour bouturer
un végétal sont :
- au printemps, de fin mars à mi-juin. On peut bou-
turer les plantes herbacées, les vivaces, les arbustes,
selon les espèces ;
- de la fin de l’été au début de l’automne. On utilise
les nouvelles branches, boutures semi-ligneuses, qui
ont déjà une certaine vitalité, en prélevant leur partie Le bouturage est une
apicale ou une tige. Placer la bouture dans un endroit méthode simple de pour obtenir des arbres ou arbustes. La bouture en
ombragé ; reproduction d’un vert se prélève avec 3 ou 4 entre-nœuds au début de
- en hiver, avant l’apparition des bourgeons. Boutures végétal, souvent la saison de croissance, au printemps.
ligneuses, que l’on place en serre froide. utilisée en bonsaï.
La branche • La bouture semi-ligneuse
sélectionnée, c’est-à-
2 Trois types principaux de bouture dire la bouture, avec
La bouture semi-ligneuse, ou semi-aoûtée, est
• La bouture en vert de l’hormone de
une portion de branche nouvelle ayant commencé
En bonsaï, c’est la bouture idéale pour multiplier bouturage, une pince à se lignifier. Le bouturage se pratique durant la
les plantes d’accompagnement – vivaces, herbacées, et un petit couteau bien période estivale. Il aura plus de chance de succès
plantes arbustives de petites dimensions – mais pas propre et tranchant. si la bouture comporte un morceau de bois de la

22 - EspritBonsaï 119
Les feuilles de la partie basse sont éliminées La partie de la tige qui sera enterrée est écorcée à l’aide du couteau.
et le bas de la tige est taillé en oblique.

De la poudre d’hormone
d’enracinement est
apposée sur la partie à
plonger dans le substrat.

plante mère, bouture à talon, dans le but de stimuler

l’enracinement.
La longueur des boutures varie de 7 à 12 cm. On
réduit la taille et le nombre de feuilles puis on enterre
les boutures de quelques centimètres, dont un nœud
d’où se développeront les racines. La bouture semi-
ligneuse a une plus grande réserve de substances
nutritives que la bouture en vert, et donc une plus
grande capacité de survie.
Des espèces adaptées à ce type de bouturage :
arbres à feuilles caduques en général (hêtres, charmes,
ormes, saules, érables), cognassiers, conifères en
général, azalées, ficus, camélia, Elaeagnus, berberis,
houx, viorne, rosiers, bougainvillier, cyprès.

• La bouture ligneuse
Une bouture ligneuse, ou bouture aoûtée, est
prélevée sur un bois vigoureux de l’année et lignifié. Ce
bouturage s’effectue en automne-hiver, avant le réveil
des bourgeons. C’est le plus utilisé dans l’art du bonsaï,
car la tige enracinée, futur tronc, sera déjà d’une

EspritBonsaï 119 - 23
BIEN DÉBUTER
PAS À PAS

BOUTURE DE RACINES
Le bouturage de racines est
moins connu, car peu d’arbres
réagissent avec succès à cette
technique. Les rosiers et les
pommiers sont parmi les espèces
adaptées à ce type de travail.
Ce bouturage se pratique de la fin Différentes parties des racines peuvent être bouturées.
de l’hiver au début du printemps.
On prélève des boutures de 10
à 15 cm de long sur des grosses
racines, généralement au cours
du rempotage. Il est primordial
de connaître la polarité d’une
bouture afin de la mettre en
pot correctement. On fait une
coupe horizontale à l’extrémité
supérieure et une coupe oblique
à l’extrémité inférieure : la
partie oblique est enterrée.
Les boutures sont installées à
la verticale dans un mélange de
tourbe et de sable à parts égales Les boutures de racines seront plantées Ces boutures seront rempotées
dans une caissette de culture. verticalement dans le substrat, la coupe individuellement quand elles
oblique étant orientée vers le bas. auront 4 à 6 feuilles.

belle dimension et le temps de culture pour obtenir

un arbre intéressant en sera diminué. Cependant,
l’enracinement sera plus lent par rapport aux autres
méthodes, mais aura l’avantage d’être moins sensible
aux maladies et à l’humidité. Tailler les boutures en
oblique à la base, pour faciliter l’enracinement.
Des espèces adaptées à ce type de bouturage : de
nombreux arbres fruitiers (figuier, mûrier, grenadier,
groseillier, vigne, cognassier), forsythia, troène, saule,
etc.

4 Technique de bouturage
Quel que soit le type de bouture, la manière de
faire est la même : une fois son prélèvement effectué
à l’aide d’un outil bien propre, la bouture est mise
en terre dans une caisse de culture, côté en oblique
dans le substrat. Pour favoriser l’émission de nouvelles
racines, il est possible d’utiliser des hormones de
bouturage.
Il est indispensable de maintenir un fort taux
d’humidité dans l’environnement de la bouture, tant
pour la partie souterraine que pour la partie aérienne
de la plante. En effet, comme la bouture ne possède
pas de racine, son absorption de l’eau n’est pas
optimale. Idéalement, la caissette de culture est placée
dans une serre. Sans serre, elle peut être recouverte

La bouture est installée en pot, dans un substrat

de sable et d'akadama à parts égales.

24 - EspritBonsaï 119
Les boutures sont
disposées en oblique Les boutures
et enfoncées de moitié peuvent être
dans le substrat. transplantées
après un à
deux ans.

d’un plastique transparent et installé à l’ombre de telle

sorte que la température soit autour de 20 °C.
La chaleur est un facteur indispensable pour
provoquer l’enracinement, qui arrivera au bout de 15
à 20 jours.
Si la caisse de culture est recouverte d’un film
plastique, on le perce chaque jour de plus en plus,
jusqu’à découvrir complètement la caisse au bout
de dix jours, habituellement. Une semaine plus tard,
les boutures enracinées pourront être plantées
individuellement en les enterrant jusqu’au niveau des
deux premières feuilles.
On maintiendra le substrat humide par un arrosage
abondant, surtout s’il s’agit de plantes herbacées. Si les
boutures sont semi-ligneuses ou ligneuses, le délai
sera plus long et l’enracinement sera consolidé au
bout d’un an. Les boutures pourront alors être placées
dans des pots de culture. Il faudra attendre encore un
à deux ans avant d’appliquer les techniques de bonsaï.
Le substrat d’enracinement est d’une grande
importance pour la réussite d’un bouturage. Il doit
être aéré, léger et garantir un certain taux d’humidité.
Il n’existe pas un seul et unique mélange : les espèces
différentes ont des exigences diverses. Un bon
substrat conserve ses caractéristiques initiales,
c’est-à-dire celles pour lesquelles il a été choisi pour LE CAS DES PINS
un certain type de boutures. Le substrat idéal est Les pins forment une catégorie à part. Le pin sylvestre
généralement composé d’un mélange de sable et est difficile à bouturer et la bouture doit être prélevée
d’akadama. sur un sujet de moins de dix ans pour avoir une petite
Le substrat ne doit pas sécher et il faut faire chance de réussite. Le pin de Thunberg et le pin parviflora
attention qu’il n’y ait pas d’eau stagnante. peuvent être bouturés juste avant la reprise végétative.

EspritBonsaï 119 - 25
BIEN DÉBUTER
PORTRAIT D'ARBRES

LA GLYCINE
Une beauté
parfumée
D’une beauté sans pareil quand elle
est en fleurs, la glycine gagne à être
connue et à figurer plus souvent
dans les collections de bonsaïs.
Auteur : Joël Pouzet

A ppréciée pour son parfum

entêtant et sa floraison
généreuse, la glycine est
courante en ornement.
Mais cette liane, même si
elle est ligneuse, n’est pas vraiment un arbre, ce
qui explique qu’elle est peu cultivée en bonsaï. Il
faut dire que la glycine ne se prête guère sponta-
nément à la conception de petits arbres et que ses
dimensions rebutent plus d’un bonsaika pour la
culture en pot, à moins de disposer de beaucoup
de place.

© M. Corbihan
Sa facilité de culture, son adaptabilité à pra-
tiquement tous types de sols, son absence de
sensibilité aux parasites et aux maladies, son tronc
à l’écorce rugueuse et naturellement torsadé, sa
floraison exubérante, ses dimensions généreuses
et sa longévité font qu’elle est couramment uti- D’une généreuse floraison parfumée, la glycine est courante pour orner jardins et
lisée sur les tonnelles ou le long de palissades façades. Celle-ci forme une tonnelle à la bambouseraie d’Anduze, dans le Gard.
métalliques.

Multiplication
© Torsakarin, stockadobe.com

• Semis
Les semis se font en terrine au printemps, en
éclatant les gousses de l’année précédente. On
repique au bout de trois mois environ, en godets
Âgée de ou directement en pleine terre. Il ne faut pas hési-
150 ans ter à planter beaucoup de graines pour réussir
environ, cette à obtenir la couleur du plant d’origine, car les
glycine, de la graines contiennent l’ADN du père et de la mère.
variété Domino, La patience est de mise pour obtenir une floraison,
s’étend au parfois au bout de dix ans !
Japon sur plus • Bouturage
de 600 mètres
C’est le moyen le plus rapide pour obtenir la
de treillis.
couleur de fleur désirée. Les boutures, à partir de

26 - EspritBonsaï 119
 Fleurs volubiles au parfum enivrant d’une glycine en bonsaï.

EN RÉSUMÉ
Famille : Fabacées
Genre : Wisteria
Espèce : W. sinensis (glycine de Chine),
W. floribunda (glycine du Japon).
Description : floraison d’avril à mai, une
seconde floraison, moins importante, a
lieu en été. Les fleurs sont violettes, bleues
ou blanches selon l’espèce ou le cultivar.
Cette plante grimpante au feuillage caduc
peut atteindre 10 à 15 mètres de hauteur et

© M.Corbihan
20 à 30 de longueur selon les espèces.

Les fleurs peuvent aussi être blanches selon les variétés

rameaux de l’année précédente, même de grand
diamètre, reprennent facilement directement
plantées dans l’eau ou dans un substrat aéré type
sable grossier, pumice ou akadama. Elles se font
en fin de printemps.
• Marcotte aérienne
La glycine se marcotte facilement en avril ou
mai. Pour cela, on fait une décortication annu-
laire d’une hauteur équivalente à 1,5 fois le dia-
mètre de la branche à marcotter. On recouvre
de sphaigne hachée pure placée dans un pot
en plastique fendu. La sphaigne doit rester
constamment humide. Suivant les dimensions
de la branche marcottée, le sevrage se fait au bout
d’un ou deux ans.
Cette technique peut s’utiliser sur une grosse
branche ou même un tronc. Elle permet d’obtenir
très rapidement un sujet avec un gros tronc et
une belle ramification.
de glycine, voire bleues, plus rarement rouges.
Tressage de jeunes plants
Tresser le tronc de jeunes plants est de loin la tech-
nique la plus rapide pour obtenir rapidement un tronc
assez gros. ASTUCE
On tresse ensemble 8 à 10 jeunes plants – de 8 mm
de diamètre au moins et d’une longueur de 60 cm mini-
DE MARCOTTAGE
mum – issus de boutures, afin que les futures fleurs soient Pour toutes les espèces,
toutes de la même couleur, puis on pose une grosse et contrairement à ce qui
ligature afin de donner du mouvement au futur tronc. est fait couramment, il
En sortant de la tresse la tête d’un des jeunes plants, vaut mieux travailler la
on crée les futures branches au niveau souhaité et on branche à marcotter au
gagne en conicité, et ainsi de suite jusqu’à la future cime. moins deux ou trois ans
Plantés en pleine terre et bien fertilisés, les jeunes avant de faire la marcotte
plants se soudent en trois ou quatre ans. L’aspect visuel afin de profiter de toute
de cette torsade rappelle le tronc des vieilles glycines. la vigueur de la plante.

EspritBonsaï 119 - 27
BIEN DÉBUTER
PORTRAIT D'ARBRES

Exposition et arrosage
La glycine se plaît en plein soleil, mais aime
avoir constamment les pieds dans l’eau, un bac
sous le pot, qu’il faut remplir en été parfois idéale-
ment deux fois par jour, selon la température et le
climat. Mais attention, cette technique est à utiliser
avec parcimonie sur les arbres en construction,
car les bourgeons à feuilles avorteraient au profit
des bourgeons à fleurs, ce qui est le but recherché
sur les arbres plus avancés. La plante peut alors
faire jusqu’à trois floraisons par an.
Cette plante rustique est très résistante au

© B. Moyen, Esprit Bonsaï.

gel. En hiver, la poser au sol sous un lit de feuilles
suffit. L’arrosage est réduit au strict minimum et on
n’arrose pas un sol gelé. Lors des périodes de gel
prolongé, il ne faut pas hésiter à rentrer la glycine
dans une serre ou un local hors gel. Le dégel de
la motte suffit comme arrosage. On se méfiera
des gelées tardives qui détruisent facilement
les jeunes pousses et les bourgeons à fleurs et
peuvent être fatales aux jeunes plants. Les plus
vieux sujets remis en serre chaude s’en remettent
sans problème, eux.
Rempotage et substrat
Le rempotage se fait en hiver, tous les uns
ou deux ans suivant l’âge du sujet. La glycine a
tendance à remplir très rapidement son pot, for-
mant une motte compacte, à tel point que la seule
solution est souvent de couper la motte à la scie
égoïne ! Rempoter les très gros sujets devient
compliqué et un palan s’avère alors nécessaire.
Si, pour la majorité des espèces, le substrat
doit être adapté à la région, pour la glycine, les
substrats rétenteurs d’eau sont à privilégier quelle
que soit la région.
En haut
Cette glycine en bonsaï
est issue d’une bouture
Pour les jeunes plants, un substrat du type faite il y a 35 ans. Hauteur,
pumice ou akadama, de moyenne ou grosse avec le pot : 100 cm.
granulométrie, conviendra, le but étant de faire Envergure : 160 cm.
pousser et grossir rapidement le sujet.
Pour les vieux arbres, la granulométrie doit Ci-dessus
La même glycine en
être diminuée afin de freiner la pousse et de
octobre 2016, lors de
conserver à l’arbre sa forme originelle.
l’exposition l’European
L’akadama, en se délitant sous l’effet du Bonsai-San show, à
gel, aide à limiter la pousse. On le préférera à la Saulieu, en Côte d’Or.
pumice et d’une granulométrie de 2 à 4 mm.
Les glycines aiment les pots profonds, qui
seront émaillés et d’une couleur en harmonie
avec celle des fleurs.

28 - EspritBonsaï 119
Fertilisation
La glycine est gourmande en eau et aussi
en engrais : la fertilisation doit être régulière et
copieuse.
Pour un sujet en construction, d’avril à sep-
tembre, ne pas hésiter à utiliser de l’engrais liquide
chimique riche en azote – avec un substrat adapté

© M. Corbihan
– en complément d’un engrais organique (Hana-
gokoro) afin que la plante ait constamment de
quoi se nourrir.
À partir d’octobre, un engrais organique riche
en phosphore et potasse (Tamahi) permettra à Glycine exposée au
la plante de constituer ses réserves pour le redé- congrès mondial du
marrage au printemps. bonsaï en 2017, à
La ligature est possible sur les jeunes sujets, Saitama, au Japon.
Taille elle est à oublier sur les plus vieux, les branches Collection Nippon
Les bourgeons à fleurs apparaissant à la base étant très cassantes. On privilégiera la taille pour Houju Association.
des pousses de l’année précédente, la taille de la construire la structure principale, puis le hauba-
glycine peut s’effectuer en hiver en laissant deux nage, ou les attaches avec du fil de pêche lorsque
ou trois yeux sur chaque branche. l’arbre doit être exposé.
Sur les jeunes plants, on laisse tirer les rameaux
sans les tailler afin de les faire grossir. La pousse, Parasites et maladies
exubérante, peut atteindre 1 à 1,50 m de longueur. Les glycines sont très résistantes globalement.
Sur les vieux sujets, le dernier bourgeon doit se La chlorose peut parfois apparaître si l’eau
situer sur le dessus du rameau, comme pour tout d’arrosage est vraiment calcaire. On utilise alors
style pleureur, et non pas sur le dessous comme de préférence de l’eau de pluie ou on traite avec
pour la majorité des feuillus. du fer chélaté.
Taches foliaires : des taches brunâtres auréo-
Mise en forme et ligature lées de jaune pâle se développent sur les feuilles.
La cascade, la semi-cascade et la forme verti- Couper les rameaux atteints. Cette vieille glycine
cale souple sont les styles les plus couramment Cochenilles et pucerons : traiter au savon noir présente un tronc de
utilisés pour les glycines en bonsaï. ou à l’huile de colza. 24 cm de diamètre à
la base. Son ombre
invite au repos.

EspritBonsaï 119 - 29
BIEN DÉBUTER
LES PETITS ARBRES

Aubépine, Crataegus laevigata

25 ANS DE TRAVAIL
ET DE PATIENCE
L’aubépine a pour atouts ses fleurs au printemps
et ses baies à l’automne. Cette aubépine a

L’
bénéficié d’un long travail de patience de taille
pour que sa ramification puisse se construire.
aubépine est l’un des
Auteur : Morten Albek
arbres que je préfère dans
ma collection de bonsaïs.
Non seulement parce que
c’est l’un des premiers
arbres sur lesquels j’ai fait mes débuts, mais
aussi parce que l’aubépine est une belle espèce.
Je suis parti d’un matériau de pépinière très
simple dans un pot en plastique, acheté pour
une somme modique : une Crataegus laevigata
'Paul's Scarlet`.
J’ai démarré à zéro après avoir tout coupé.
La vieille écorce que l’arbre arbore aujourd’hui
est le fruit d’une culture patiente dans un pot de
culture et d’une lente arrivée à maturité.

Laisser pousser et tailler

Pour les arbres et arbustes à feuillage caduc,
la méthode idéale pour créer un bonsaï shohin
consiste à tailler puis à laisser l’arbre dévelop-
per de nouvelles branches. Cette méthode n’est
difficile que si l’on manque de patience, car
il faut attendre longtemps avant d’obtenir
une bonne ramification. Sur les conifères à
feuilles persistantes, les branches peuvent
être agencées et un résultat assez rapide est
possible si le nombre de branches est suffisant.
Sur les arbres à feuillage caduc, il faut d’abord
laisser pousser les branches, les laisser s’épais-
sir, les tailler, puis attendre qu’elles se déve-
loppent avant de les couper à nouveau, et ainsi
de suite. Lentement, on obtient une structure
de branches en zigzag.
Mais c’est gratifiant lorsque la magie opère
lentement et que notre patient travail porte ses
fruits.

La première croissance
printanière
Cette belle aubépine, Crataegus laevigata 'Paul's Scarlet`, provient d’un sujet acheté en Je laisse toujours la première croissance
pépinière. Après 25 ans de travail et de patience, elle est devenue un beau shohin. printanière se développer et arriver à maturité

30 - EspritBonsaï 119
 2 1 - Les premières années,
je cultive l’aubépine
dans l’idée d’en faire un
bonsaï de taille moyenne :
voici l’arbre en 2005,
je le cultive depuis plus
de cinq ans dans cette
optique. Hauteur : 51 cm.

2 - Puis, au printemps, je
décide de procéder à une
taille radicale pour en faire
un shohin et de construire
toute la ramification à
partir d’un tronc nu.
1 3
3 - Après la coupe en 2005.

avant de la tailler. Il est important de ne pas

tailler trop tôt cette première croissance pour
maintenir un grand flux de sève et assurer
l’acheminement de l’énergie et des hormones
de croissance dans l’ensemble des branches.
Une taille au début du printemps, alors que
la croissance est encore molle, affaiblit l’arbre
et compromet le bourgeonnement arrière. Il
est donc important de laisser les ciseaux sur
la table jusqu’à ce que la première croissance
printanière se soit développée et commence à
changer de couleur, passant du vert clair à un
vert plus foncé. 5
Le reste de la saison, les nouvelles pousses
peuvent être taillées plus tôt. Mais la croissance 4 - Un mois plus tard,
printanière est importante pour renforcer les premières branches
l’arbre. se développent déjà.

4 - Décembre 2005 : quelques

4 branches ont poussé depuis
la coupe de printemps.

DEUX ESPÈCES
Crataegus monogyna, aubépine
commune, est un arbre caduc originaire
d’Europe, à la couronne arrondie aux
branches épineuses, avec des feuilles
généralement ovales ou en forme de
losange. Des fleurs blanches pouvant
atteindre 1,5 cm de diamètre apparaissent
à la fin du printemps et donnent ensuite
naissance à un fruit rouge foncé brillant.
Crataegus laevigata, épine blanche,
se pare de fleurs blanches, roses
ou rouges, simples ou doubles,
selon la variété. Elle n’est pas aussi
vigoureuse que l’aubépine commune,
mais donne de très beaux résultats
quand elle est cultivée en bonsaï.

EspritBonsaï 119 - 31
BIEN DÉBUTER
LES PETITS ARBRES

7 8

6 9

6 - 2006. Rempotage… 9 - 2006. Suppression du bourgeon

central à la fin de l’hiver pour obtenir une
7 - … et ajustement des racines. structure des branches en fourche.

8 - L’arbre est installé dans un pot pour shohin 10 - Deux mois plus tard : la
Sans ligature et cultivé plusieurs années dans ce pot afin croissance est forte à ce stade.
L’aubépine est une espèce rustique qui
de garder un système racinaire compact.
tolère une taille sévère. Mais on ne ligature que
les jeunes branches, car les vieilles branches
sont rigides et risquent fort de se casser.
L’espèce produit une merveilleuse écorce
rugueuse sur les vieux arbres, mais ceux-ci
ont tendance à perdre des morceaux d’écorce
avec le temps. Il faut soit l’accepter et attendre
qu’une nouvelle écorce se forme, ce qui prend
des années, soit la recoller pour qu’elle reste en
place.
Cette vieille écorce floconneuse s’abîme
facilement, il faut donc la manipuler avec
précaution.

Un pot un peu profond

On utilise un pot de profondeur moyenne,
car l’aubépine n’aime pas pousser dans un pot
plat. Elle a besoin d’un sol bien drainant et un
mélange simple composé de 80 % d’akadama
et 20 % de pumice lui convient : il évite un assè-
chement trop rapide et maintient une structure
de substrat saine, avec une bonne oxygénation.
Cette vieille aubépine est rempotée tous les
trois ou quatre ans. Sa croissance ralentit main-
tenant, car les racines remplissent le pot. Une
ramification dense des racines se reflète sou-
vent dans la structure des branches. Lorsque
les racines sont bien ramifiées, il en va de même
pour les branches, à condition que l’arbre soit
correctement taillé. 10

32 - EspritBonsaï 119
 12

11 - 2008. L’arbre arrive lentement à maturité,

mais l’écorce est encore jeune et lisse.

12 - À l’automne, le centre du tronc a été fendu

et travaillé comme un élément de bois mort.
11

CULTURE ET SOINS
• Arrosage et fertilisation : arroser
modérément. Il ne faut pas laisser la
motte se dessécher complètement.
Bien fertiliser pendant la saison de
croissance après la floraison, mais
aussi la saison précédant la floraison.
Substrat et rempotage : l’aubépine
tolère différents mélanges de substrat,
mais il faut qu’il soit bien drainant.
Ce peut être 80 % d’akadama et
20 % de pumice. Rempoter au début
du printemps avant le gonflement
des bourgeons foliaires et floraux.
• Exposition : elle tolère le plein
soleil, mais attention au milieu de
l’été à placer l’arbre dans un endroit
semi-ombragé pendant les heures les
plus chaudes, et protéger aussi du
soleil de fin de journée. Les feuilles
peuvent être brûlées par temps chaud
en plein soleil à la mi-journée en été.
• Taille : tailler une première fois à
la fin de l’hiver, puis faire des tailles
d’entretien pendant la saison de
croissance. Veiller à ne pas supprimer
les boutons floraux qui apparaissent
du milieu de l’été à l’automne. Le
bourgeonnement arrière est rare sur
le vieux bois, mais cela arrive parfois.
• Dormance : l’aubépine résiste bien
au gel, mais dans le cas des bonsaïs
shohin, ajouter une protection
supplémentaire, en raison de la
petite quantité de racines plus fines.
13 - 2012. Les branches se développent et forment une structure intéressante.

EspritBonsaï 119 - 33
 BIEN DÉBUTER
LES PETITS ARBRES

14 15
14 - Automne 2016. L’écorce vieillit. 15 - La ramification s’améliore.

16 - Mai 2022. Installé dans le tokonoma

de mon jardin, l’arbre est en pleine floraison. 17 18

17 - Lorsque les fleurs

commencent à faner, je
les enlève pour laisser
une nouvelle pousse se
développer à cet endroit.

18 - Pour obtenir une

nouvelle pousse, on 20
supprime toujours les
bourgeons floraux à leur 19 - Couper les fleurs de façon
apparition, car ils empêchent qu’elles ne donnent pas de
la formation de nouvelles fruits, ce qui favorise une
branches à cet endroit. nouvelle pousse à la place.

20 - Tailler sous la fleur,

près de la base.

34 - EspritBonsaï 119 19
L'arbre après l'élimination des fleurs. Une deuxième poussée de croissance est
maintenant possible. L’arbre montre une belle maturité à présent. Hauteur : 21 cm.

Fertiliser pour les fleurs

L’aubépine est un arbre à floraison printa-
nière qui produit des fleurs blanches ou rouges
On doit anticiper la floraison
selon l’espèce, la variété ou le cultivar. Les fleurs
sont sans aucun doute son meilleur atout. L’au-
et fertiliser la saison précédente.
bépine a tendance à fleurir davantage certaines
années que d’autres.
Un apport d’engrais adéquat favorise une
plus grande floraison. Voici comment fertili- élevée de potassium, qui induit généralement
ser l’aubépine l’année précédant la floraison : la floraison. On doit anticiper et fertiliser la sai-
du milieu de l’été jusqu’à ce que les feuilles son précédente, car c’est à ce moment-là que les
commencent à faner en automne, on utilise fleurs naissent, hibernent sous forme de bour-
un engrais organique avec une quantité plus geons, puis s’ouvrent au printemps.

EspritBonsaï 119 - 35
BIEN DÉBUTER
BRICOLAGE

Les outils à bonsaï sont

spécifiques d’une ou plusieurs
tâches. De gauche à droite :
pince à jin, petits ciseaux
pour les petites branches
et les bourgeons, gros
ciseaux pour les racines ou
les grosses branches, pince
concave et petit râteau.

LES OUTILS DANS LE

L
bonsaika.
es outils utilisés pour le bon-
saï sont choisis en fonction
du type de travail à faire, de
la dimension des branches
ou des troncs, de la taille du
sujet et aussi du mode de travail de chaque

Au Japon, les outils sont issus d’une étude

des besoins pour la culture des arbres et de
De bons outils bien entretenus peuvent faire la
différence pour travailler un bonsaï. Petit guide
des outils et de leur entretien.
Auteur : Antonio Ricchiari
Traducteur : Olivier Barreau

leur ergonomie pour permettre leur utilisation

optimale, car une relation étroite s’établit entre
le bonsaika et ses outils.
Pour le travail sur un bonsaï, les outils les
plus couramment utilisés sont : une pince
concave pour la taille des branches, des
ciseaux pour la taille, une pince à creuser (ou
pince à nœuds) pour la taille des nœuds, des
ciseaux pour la taille des bourgeons, une pince
à couper le fil de ligature et un crochet pour le
travail des racines.
Les outils de base
Des ciseaux : les petits ciseaux s’utilisent
pour la taille des rameaux et celle, délicate, des
bourgeons et les grands pour les plus grosses
branches. Les ciseaux servent aussi à tailler le
fil d’aluminium de petit diamètre. Ils existent
en différentes longueurs, de 19 à 23 cm.
Une pince concave, disponible en diverses
dimensions, a plusieurs emplois. Elle est uti-
lisée pour tailler des branches de grosses et
moyennes dimensions. Elle permet de couper
sans laisser de protubérance, assurant ainsi
une parfaite cicatrisation de la plaie. Sa dimen-
sion varie selon celle de la branche à couper.
Un crochet à racines est utile pour démêler
et peigner le racinaire.
Une truelle à manche en bois permet de
tasser le sol après un rempotage, surtout dans
les angles des pots.
Des baguettes de bambou servent à mettre
en place le substrat dans le pot pendant le rem-
potage tout en le faisant adhérer aux racines.
Une scie s’utilise pour supprimer une
branche ou une racine ou travailler sur le tronc
lorsque l’intervention ne peut pas se faire avec
un autre outil.
Du fil de ligature est indispensable pour
ligaturer les branches et existe en diamètre
de 1 à 6 mm.
Pour le rempotage
Outre des baguettes de bambou et un cro-
chet à racines, quelques outils sont utiles pour
un rempotage.
Les tamis sont disponibles généralement
en trois dimensions de mailles interchan-
geables (1,5 mm, 3,5 mm, 6 mm et parfois en
10 mm) et servent à calibrer le substrat.
Un couteau de rempotage est d’une forme Quelques outils
particulière pour enlever le substrat collé pour le rempotage.
contre la bordure du pot.
Une balayette sert à nettoyer l’écorce.

36 - EspritBonsaï 119
 KIT POUR DÉBUTANT
Pince concave
Ciseaux pour la taille
Petit couteau
Pour tailler Pince coupe-fil
les branches :
Baguette de bambou
une paire de gros
ciseaux, une pince
Grille pour les trous de drainage
concave et une Fil d’aluminium
pince à nœuds.

TRAVAIL DES BONSAÏS

Pour la ligature
Une pince pointue permet d’enrouler ou
d’enlever les fils de gros diamètre.
Une pince à bouts arrondis aide à travailler
l’enroulement du fil plus facilement.
Une petite pince à fil sert à couper le fil, mais
aussi à l’enlever sans abîmer l’écorce grâce à la
forme très courte de ses lames. Sa dimension
est à choisir selon le diamètre du fil à couper.
Grande pince coupe-fil, pour couper le fil.
Pour le travail du bois mort
Une pince à jin permettra d’enlever les fibres
de bois, une fois l’écorce ôtée, pour obtenir un
aspect naturel.
Pour la finition des jin, des outils aux lames
spéciales permettent d’obtenir de très bons
résultats esthétiques. Pour tout autre type de
sculpture du tronc, des ciseaux à bois sont
nécessaires pour exécuter un travail très précis.
Des outils électriques sont souvent utiles
aussi, comme des perceuses munies de fraises.
Pour travailler avec précision ou sur des zones
difficilement accessibles, un mandrin flexible
peut être ajouté.
Il existe aussi des perceuses pour le modé-
lisme, dont il faut retenir plutôt les profession-
nelles à la vitesse de rotation (tr/mn) élevée.
Attention, la manipulation de ces outils néces-
site une main sûre et expérimentée.
Entretien des outils
Pour conserver les outils dans des condi-
tions optimales, de petites interventions d’entre-
tien sont nécessaires. Toutes les parties des
outils, aussi bien intérieures qu’extérieures, sont
à nettoyer avec de la toile émeri. Après cette
Outils pour
ligaturer : petits
ciseaux, pince à jin
pour manipuler le fil,
pince pour la taille
de petites branches
ou de pousses et
une pince coupe-fil.
opération, on applique une huile lubrifiante en
insistant sur les lames. Ainsi, la vieille huile sera
éliminée ainsi que les résidus de poussières
situés dans les parties inaccessibles.
En suivant quelques règles simples, les outils
peuvent durer de nombreuses années. Exami-
ner les outils avant de les utiliser : si les pointes
sont abîmées, si des taches d’oxydation ou des
poussières sont présentes, nettoyer et traiter
avant utilisation.
Pour couper une souche, on n’utilise pas un
outil pour tailler les branches. Utiliser deux outils
différents, l’un pour les branches et l’autre pour
les racines, et enlever soigneusement la terre
des racines à couper.
Utiliser l’outil adéquat à chaque grosseur de
branche ou de racine à tailler. Des outils pour sculpter
Enfin, s’il s’agit d’un outil acheté récemment, il le bois sont nécessaires
est utile de faire des essais sur de petites branches. pour travailler le bois mort.
On ne taille jamais une branche trop grosse ou un
bois dur avec des outils neufs.

EspritBonsaï 119 - 37
(Disponible)

De l’arbre au bonsaï
Comprendre et maîtriser sa physiologie

Michel Brohet
C omment vit un arbre ? Comment le
cultiver ? Qu’est-ce qui se passe quand
on coupe une branche ? Autant de questions
auxquelles il est utile de pouvoir répondre
pour entretenir un bonsaï. Car un lien
Michel Brohet existe entre la physiologie et la biologie
de l’arbre et sa conduite en bonsaï. Faire
comprendre comment un arbre se nourrit,

l’arbre
De grandit, réagit aux diverses agressions et
interventions extérieures pour que chacun

bonsaï
puisse développer ses propres projets
au et créer ses bonsaïs : tel est l’objectif de
l’auteur.
L’observation est la carte maîtresse ici,
et cet ouvrage livre les clefs pour interpréter
ce que l’arbre prépare. La physiologie de
l’arbre est ainsi largement développée dans
un langage accessible pour ensuite aborder
les techniques de base, la culture du bonsaï
et la formation de l’arbre en pot.
Ingénieur biochimiste de formation,
Michel Brohet a toujours été passionné
par les recherches visant à comprendre
le pourquoi du comment. Il commence
le bonsaï un peu avant les années 2000,
expérimente sur des séries de plants
COMPRENDRE ET MAÎTRISER
et complète ses observations par des
LA PHYSIOLOGIE DES ARBRES

Éditions LR Presse
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90 formations hors du champ classique des
bonsaïs : agent technique forestier, élagages
en taille douce.
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Couverture cartonnée pour lui la meilleure façon de progresser.
168 pages. 21 x 29,7 cm Fort de son expérience et de son
approche scientifique de la technique de
l’art du bonsaï, il lui est apparu comme une
évidence de mettre à plat ses observations,
ses connaissances et ses certitudes pour les
partager dans ce livre.

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FICHES PRATIQUES
UNE ESPÈCE
LE MÛRIER Auteur : Patrice Bongrand
U
Les mûriers appartiennent à
l’ordre des urticales, lointains
parents des orties, du chanvre,
de l’orme ou encore du micocou-
lier. Ce sont de très anciennes
plantes dont on peut situer les origines
au crétacé inférieur, il y a environ trois
cents millions d’années.
On ne peut pas parler du mûrier sans
aborder son importance pour l’huma-
nité. En effet, ses feuilles sont l’unique
nourriture du ver à soie (bombyx) qui
tisse son cocon d’un fil de presque un
kilomètre de long. C’est à partir de ce fil
que furent créées, sans doute dès le XVI e
siècle av. J.-C., les précieuses soieries qui
fascinèrent l’Occident. Les Chinois gar-
dèrent jalousement pendant longtemps
le secret de la fabrication de la soie.
Les milliers d’hectares de mûriers
blancs plantés dans les Cévennes,
le Languedoc et la Provence furent
malheureusement arrachés dans les
années cinquante. Il reste cependant
quelques sujets dans des propriétés
privées.
Les espèces de mûriers
Il existe de nombreuses espèces de
mûriers et beaucoup de variétés en
Asie, en Europe, en Amérique et même
en Afrique.
Originaire d’Iran, le mûrier noir, Morus
nigra, est cultivé depuis longtemps en
Europe. Cet arbre trapu possède de
larges feuilles épaisses. Il aime les sols
légers et drainants. Il peut vivre plus de
500 ans. Les vieux sujets possèdent
souvent beaucoup de bois morts
magnifiques, source d’inspiration pour
l’amateur qui veut créer un bonsaï avec
cette espèce.
Le mûrier blanc, Morus alba, vient de
Chine, d’où il fut importé pour servir
de nourriture au ver à soie. Il ressemble
beaucoup au mûrier noir par sa longé-
vité, sa faible hauteur et la qualité de son
bois. Ses feuilles sont plus graciles, plus
petites, avec des formes variées.
Un très vieux mûrier noir devant le
musée du désert à Mialet, dans le Gard.
En bonsaï
En Europe, nous utilisons seulement le
mûrier noir et le mûrier blanc dans l’art
du bonsaï. Bien qu’il craigne le grand
froid, le mûrier blanc est le plus adapté
à la culture en bonsaï. La beauté de son
écorce, sa ramification et ses feuilles
joliment découpées, mais surtout sa
propension à rejeter vigoureusement
après la taille et son système racinaire
Nom commun : les mûriers
Famille : Moracée
Genre : Morus
Espèces : Morus nigra, Morus alba.
très vigoureux sont autant d’argu-
ments pour créer de beaux bonsaïs
avec cette espèce.
Les mûriers affectionnent la lumière
(espèces héliophiles) et la chaleur
Un grand (thermophiles).
mûrier blanc
en bonsaï Culture
Le mûrier aime les sols drainants et
aérés : un mélange pomice/pouzzo-
lane sera excellent. Il aime aussi de
bonnes fertilisations organiques, mais
les engrais ne doivent pas être trop
riches en azote ; un NPK 3-6-8 sera
parfait. Les arrosages doivent être
copieux, surtout quand la ramification
est en cours de construction.
Le système racinaire des mûriers est
très vigoureux. Dans le type de subs-
trat mentionné ci-dessus, un rempo-
tage tous les trois ou quatre ans avec
tailles des racines est utile.
Taille
Les mûriers supportent parfaite-
ment les tailles : c’est même une des
grandes spécificités de l’espèce. Ainsi,
toutes les techniques de tailles habi-
tuelles pour construire la ramification
d’un feuillu peuvent être utilisées ici.
Attention toutefois de bien mastiquer
les grosses coupes !
EspritBonsaï 119 - 39
FICHES PRATIQUES
UNE TECHNIQUE
LE DÉSAIGUILLAGE
ARRIÈRE D’AUTOMNE
SUR LES PINS
Auteur : Patrice Bongrand
L
e désaiguillage arrière à l’au-
tomne est important pour
favoriser la densification de
la ramification et du feuillage.
Cette technique concerne
principalement les pins noirs,
les pins à crochets et, dans une
moindre mesure, les pins sylvestres.
Le désaiguillage arrière d’automne
est moins traumatisant pour l’arbre,
qui entre en repos végétatif. Il y aura
moins de résine et de sève qui pour-
raient s’écouler des rameaux. De plus,
ainsi au printemps les pins pourront
très vite réagir et émettre les nouveaux
bourgeons arrière.
Il ne sera pas question ici de désaiguil-
lages arrière d’été, qui permettent aux
aiguilles des jeunes pousses arrière de
mieux accéder à la lumière.
L’objectif
Sur un pin cultivé depuis quelques
années pour qu’il soit vigoureux ou sur
un arbre avancé, quand le bourgeonne-
ment arrière ralentit, aérer le feuillage en
supprimant les aiguilles arrière permet
à la lumière du soleil de solliciter les
bourgeons arrière, qui pourront sortir
au printemps suivant.
Quand on pratique le bonsaï, on doit
toujours anticiper, car l’avenir est
conditionné par la vigueur de chaque
branche et de chaque partie de l’arbre.
Tous ces nouveaux bourgeons qui
poussent en arrière formeront les nou-
velles branches secondaires, tertiaires,
etc. Ce sont eux qui offriront au pin cette
40 - EspritBonsaï 119
1
1
belle densité du feuillage tant recher-
chée par les bonsaillistes.
Les conditions
Les pins sont des essences de soleil. Si
l’on veut obtenir de bons résultats, ils
doivent être installés dans un espace
ensoleillé.
C’e st surtout vrai pour les pins syl-
vestres. Voilà pourquoi, pour les ama-
teurs qui vivent dans les régions du
sud très ensoleillées, les désaiguillages
arrière d’automne, selon la maturité du 2
bonsaï, sont moins indispensables que
sur d’autres espèces. Mais ils sont tout
1 - En tenant la branche, on tire l’aiguille vers l’extérieur.
de même très utiles pour les arbres au
feuillage trop dense, sur lesquels on 2 - La branche après désaiguillage. Il reste les petites
risque d’obtenir « l’effet abat-jour », avec gousses des aiguilles arrachées. Les petits bourgeons
tout le feuillage en bout de branches. vont maintenant pouvoir rapidement éclore.
Si c’est le cas, c’est un problème pour
l’avenir de l’arbre.
La méthode
On supprime les aiguilles arrière qui
ont été émises les deux années précé-
dentes. On ne touche surtout pas aux
aiguilles de l’année.
Il faut agir avec délicatesse et parci-
monie. D’une main, on tient la branche
plus en arrière, afin d’éviter de l’arra-
cher à son aisselle, puis avec l’index
et le pouce, on tire délicatement vers
l’extérieur l’aiguille à supprimer. On
procède ainsi aiguille après aiguille. Il
ne faut pas arracher des groupes d’ai-
guilles ensemble, sous peine de blesser
sérieusement le rameau.
Voici une branche qui a été désaiguillée l’an passé. Les
petits bourgeons sont devenus de nouvelles pousses.
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PRÉSENTATION
KAZARI
LES PRÉSENTATIONS D’ÉTÉ
EN ÉTÉ, SUISEKI ET KUSAMONO PRENNENT LA PLACE
DES BONSAÏS DANS LES PRÉSENTATIONS POUR LA FRAÎCHEUR
QU’ELLES APPORTENT.
Auteur : Peter Warren
L
’art de la présentation est une tentative de cap-
turer la beauté de la saison et de montrer les
arbres sous leur meilleur jour. Cependant, en
été, de nombreux arbres ne sont pas au mieux
de leur forme et doivent rester à l’extérieur. Les
grands conifères imposants présentés sous la
chaleur de l’été peuvent être écrasants et mieux
vaut les laisser tranquilles. En revanche, les mois d’été
conviennent parfaitement à la présentation de suiseki
et de kusamono, car ils leur confèrent généralement
une sensation plus légère et fraîche. S’il est tout à fait
acceptable d’exposer suiseki et kusamono en dehors
des mois d’été, c’est en cette saison que leur présentation
est à son avantage.
La présentation d’un suiseki ou d’un kusamono n’est
pas différente dans le principe de celle d’un bonsaï : l’idée
de saisonnalité est essentielle, et on retrouve les mêmes
concepts d’équilibre, de mouvement et de solennité.
La principale différence réside dans l’image créée et la
façon de l’atteindre. De nombreux amateurs de bonsaï
ont une vague idée de ce qu’est le suiseki, mais n’ont pas
approfondi le sujet.
Alors que la présentation des bonsaïs nécessite une
certaine dose d’interprétation personnelle, les arbres
eux-mêmes sont des représentations assez littérales
de ce qu’ils sont : un bonsaï est la représentation d’un
arbre.
L’image de l’eau
Pour un suiseki, en revanche, selon l’observateur,
on peut y percevoir une multitude de choses : dans la
même pierre, on peut voir une montagne, une île dans
la mer ou une terre mythique habitée par les dieux. Il
n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, juste une
interprétation personnelle. L’art d’exposer les suiseki est
42 - EspritBonsaï 119
une tentative de transmettre sa propre interprétation
au spectateur.
Pendant les mois d’été, en particulier, un suiban est
fréquemment utilisé, car l’une des images qu’il repré-
sente est celle de l’eau. Son nom lui-même, « sui-ban »,
signifie « plateau d’eau ». Dans l’esthétique du suiseki, le
sable utilisé dans le suiban peut être interprété comme
l’eau ou le ciel.
Pour la pierre collectée en Suisse par Sandro Tschu-
din, l’image vue par le créateur de la présentation est En haut
celle d’une grenouille assise dans un bassin au pied d’une Le suiban, de Nadja
cascade. En général, je n’aime pas dire délibérément au Tschudin, émaillé
spectateur ce qu’il doit voir dans une présentation, car bleu avec des
cela ne laisse aucune place à l’interprétation personnelle, touches de vert
mais ici, nous cherchons à appréhender les aspects et de noir, donne
l’impression d’une
mécaniques et pratiques de la présentation autant que
piscine profonde
les aspects métaphysiques. dans la forêt. La
délicatesse des
Rien à cacher pieds et de la
Lors de la présentation d’un suiseki, la qualité et les lèvre est exquise.
détails de chaque objet sont de la plus haute impor-
tance, car il y a moins d’endroits à cacher. La présence
d’un gros bonsaï puissant peut dissimuler des pro-
blèmes dans la présentation ou dans l’arbre lui-même,
mais une simple pierre dans un suiban sur un support
est très exposée et chaque détail peut affecter la vision.
Le suiban fin et délicatement émaillé utilisé dans
la présentation de la pierre de Sandro Tschudin est
parfait et a été créé par la talentueuse céramiste Nadja
Tschudin, Studios Kawasemi, pour son mari.
L’un des aspects du suiseki européen ayant fait
défaut jusqu’à présent est le manque de suiban de
haute qualité fabriqués en Europe, même si ces sui-
ban n’auraient pas leur place dans une exposition
japonaise.
Une présentation
estivale parfaite avec un
suiseki. Le créateur de
la présentation voit la
pierre de Sandro Tschudin
comme une grenouille
dans une piscine sous
une chute d’eau.

Les Tenpai, petites

figurines comme ce
crabe, sont idéales pour
planter le décor d’une
présentation de suiseki.

EspritBonsaï 119 - 43
PRÉSENTATION
À CÔTÉ DES BONSAÏS
PRÉSENTER UN SUISEKI
DANS UN SUIBAN
UN SUIBAN EST TEL UN BASSIN QUE L’ON REMPLIT DE SABLE POUR
SUGGÉRER L’EAU. ON LUI ASSOCIERA DES SUISEKI EN LIEN AVEC
L’EAU, COMME UNE PIERRE CASCADE, EN ÉTÉ.
Auteur : Sami Amdouni
Q
uand on trouve une pierre, on souhaite l’expo-
ser pour en apprécier la beauté. La présen-
tation en suiban (plateau en céramique sans
trous de drainage) convient bien aux pierres
associées à l’eau : pierres île (shimagata-ishi),
des côtes, des falaises (iwagata-ishi), mais aussi
pierres bassin (mizutamari-ishi).
Le suiban et le sable sont un support pour faciliter la
position et l’équilibre du suiseki.
Suiban et doban
Généralement faits en grès ou en porcelaine, les
suiban peuvent être émaillés ou en terre brute, moulés
ou montés à la main. Selon la technique utilisée pour
les fabriquer, le prix sera plus ou moins élevé. Au Japon,
la majorité des suiban sont moulés et ceux faits main
sont rares et coûteux. Les suiban sont essentiellement
de forme rectangulaire ou ovale. Ils sont relativement
difficiles à trouver à l’achat en Europe.
Le doban est un bassin en cuivre très apprécié des
amateurs de suiseki et qui a la même fonction que le
suiban. Il est généralement très cher et, comme pour le
suiban, les écarts de prix peuvent être très importants
selon qu’il est fabriqué à la main ou non.
Il existe différents types de suiban et de doban, des
plus simples aux plus élaborés. Certains sont parfaite-
ment fabriqués et peuvent atteindre des hauts degrés
de perfection, mais peuvent aussi s’avérer ne pas être
pratiques à utiliser.
La qualité de l’artiste fait sans aucun doute
celle du suiban, mais l’équilibre et l’harmonie
avec la pierre sont les critère les plus impor-
t a nt s au mome nt du cho i x du conte n a nt .
44 - EspritBonsaï 119
Une présentation dans
un suiban est adaptée
aux pierres évoquant
l’eau, comme cette
pierre bassin de la
rivière de la Durance.
On peut vaporiser la
pierre avec de l’eau,
non calcaire pour éviter
tout dépôt, pour la
mouiller entièrement
afin d’accentuer
l’effet de fraîcheur.
Peu importe la renommée de l’artiste, si la forme n’est
pas équilibrée et en harmonie avec le suiseki, alors le
suiban sera inutile.
Un suiban ou doban trop puissant pour un suiseki
pourra très bien être utilisé pour un kusamono.
Le sable
Avec la pierre et le suiban, le troisième élément d’une
présentation est le sable : il représente la base du décor,
l’eau ou la plaine.
Le sable doit être constitué de grains d’une taille
uniforme en cohérence avec la pierre. Pour une pierre
lisse, on utilisera des grains fins, pour une pierre à l’aspect
rugueux, on préférera des grains plus gros.
Le sable de rivière est le plus approprié ici, avec sa
couleur beige et des grains de 1 à 1,5 mm de diamètre
en moyenne.
Le sable est tamisé, nettoyé et lavé avant d’être utilisé
pour une présentation.
Une présentation d’été
Prenons en exemple la présentation d’une pierre
cascade (taki-ishi) trouvée dans la rivière Abe, au Japon.
Le suiban doit mesurer environ deux fois la longueur
de la pierre, voire plus.
Avant de placer la pierre, il faut déterminer sa direc-
tion. Cette pierre cascade se dirige vers la droite, son
emplacement idéal sera donc décentré vers la gauche
pour ménager un espace vide plus important à droite.
Le sommet de la pierre est placé au tiers de la longueur
du suiban, en partant de la gauche. Toutefois, il faut
s’éloigner des chiffres pour trouver un équilibre entre
les différents éléments.
 2

1 1 - Suiban de la céramiste
suisse Nadja Tschudin,
spécialisé dans la
LA SAISONNALITÉ fabrication de ce type de
céramique (instagram :
Dans la culture japonaise, le rôle des @kawasemistudios).
saisons dans la poésie, l’art pictural, les
textiles ou la décoration est constamment 2 - Pierre plateau (dan
présent. Le bassin (suiban ou doban) seki) originaire des Alpes
ne se limite pas seulement à être un françaises, présentée
dans un doban ancien.
récipient pour placer un suiseki, il peut
parfois être un indicateur sur la saison. 3 - Le matériel pour installer
Durant les mois chauds de l’été, on une pierre dans un suiban :
peut utiliser des suiban aux couleurs une pierre cascade, un
froides pour donner une impression suiban, du sable, un
vaporisateur avec de l’eau,
de fraîcheur. En hiver, on choisira des une pelle conique, un
couleurs chaudes, même si le daiza (socle pinceau, de petites truelles
en bois) est plus approprié en hiver. ou des couteaux à peindre.
3

4 - Ancrer bien
la pierre cascade 5
dans le sable,
puis ajouter du 5 - À l’aide du pinceau, étaler le sable et
sable à l’aide de l’uniformiser. Pour ce faire, il est possible
la pelle conique aussi d’utiliser une plume. La distance entre
dans les zones où le niveau du sable et le bord du suiban
il en manque. doit être comprise entre 1 et 5 mm.
4

7 - La cascade
s’évase vers le bas de
cette pierre-cascade :
une caractéristique
très appréciée pour
ce type de suiseki.
La cascade apporte
un sentiment de
6 fraîcheur durant les
fortes chaleurs de
6 - Avec la petite l’été. En observant
truelle, bien tasser le attentivement la
sable pour obtenir pierre, on peut
une surface plane. visualiser l’eau couler.
7

EspritBonsaï 119 - 45
PRÉSENTATION
POTS ET POTIERS
Ancien pot chinois
avec un exemple
de belle patine
LA FINITION D’UN POT
À BONSAÏ
POUR AVOIR UNE SURFACE DOUCE D’UN ASPECT ANCIEN, UN POT DOIT FAIRE L’OBJET
DE QUELQUES FINITIONS QUI CONTRIBUERONT À LUI DONNER UNE BELLE PATINE.
Le matériel
- Des estèques en acier inoxydable,
pour qu’elles ne rouillent pas.
- Un ébauchoir pour affiner la
sculpture de certaines zones
du pot, comme les pieds.
- Des estèques en silicone. La noire a
été fabriquée avec du plastique souple
pour qu’elle puisse s’adapter à certaines
formes complexes de pot. L’avantage
de créer ses outils est de les adapter à
ses besoins et de se faciliter le travail,
en plus de faire des économies.
- Râpe grattoir pour argile, pour aplanir
et gommer les imperfections en
grattant les surfaces pour les égaliser.
- Une peau de chamois fine,
sans trop d’aspérités.
- Un chiffon doux (microfibres).
Le matériel nécessaire.
46 - EspritBonsaï 119
© Mader
Auteur : Sami Amdouni
L
a finition d’une poterie est la
phase la plus importante du tra-
vail du céramiste, car c’est lors
de cette étape que la qualité du
pot apparaît. Un traitement post-
cuisson est primordial pour les
pots dits « bruts », non émaillés.
En effet, contrairement aux pots émail-
lés, les imperfections de ces pots bruts
sont encore plus prononcées après la
cuisson.
L’émail, lui, recouvrira la surface du
pot et, ainsi, cachera et corrigera les
imperfections éventuelles (rayures,
petits trous, traces d’éponge, etc.). 1
Après cuisson, les pots japonais non
émaillés ont un aspect lisse et soyeux, 1 – Sur un pot
presque comme vêtus de cuir. Cette technique ancienne était utili- monté à la
sée bien avant que les émaux ne soient plaque la veille,
Le polissage développés et permettent de décorer j’utilise une râpe
pour égaliser
Le polissage du pot avant cuisson les céramiques.
l’épaisseur des
est aussi l’une des étapes indispen- Les fissures au niveau des jonctions
différentes parties
sables pour parvenir à obtenir une sur- des parois du pot ou du collage des pieds et corriger la sur-
face lisse. Le principe de la technique sont un des problèmes que rencontrent face des bosses
consiste à compresser la terre à l’aide les potiers : un soin attentif doit être et des trous.
d’un outil dur et lisse. Un galet, le dos apporté à cette étape.
d’une cuillère ou tout autre objet de cet
ordre peuvent être utilisés pour polir la Après cuisson
pièce, l’important étant évidemment L’effet du polissage des poteries dis-
que l’outil soit le plus lisse possible, afin paraît à haute température, mais l’argile
d’éviter de laisser des traces sur la sur- reste compressée et la surface du pot
face du pot. est homogène. Pour conserver l’aspect
 3 – À ce stade du travail,
l’ébauchoir me sert
essentiellement à travailler
3 la finition des pieds et le
2 – Les estèques en métal contour des parties collées.
servent à aplanir et à com-
mencer à vérifier l’homogé-
néité de la surface du pot.
Il m’arrive parfois de faire
de nombreux allers-retours
avec l’étape précédente
pour corriger toutes les
2
aspérités de la surface.

4 - Le pot est laissé sécher jusqu’à une

texture proche du cuir. Puis, avec la peau
de chamois, j’humidifie la surface du pot,
que je lisse avec les estèques en silicone.
Ce long travail permet d’aplatir la terre,
d’enlever l’excès d’argile et de corriger
les imperfections. Selon moi, cette étape
est une des plus importantes pour
obtenir un beau résultat après cuisson.
5
5 - Le pot est prêt pour la cuisson. La terre
est un grès de Moutiers lisse et le pot
4 sera cuit dans un four à gaz à 1 280 °C,
dans une atmosphère réductrice.

6 - Un autre pot préparé

lisse obtenu par ce polissage, il faudrait
de la même façon, après
cuire à basse température (moins de
la cuisson haute tempé-
1 100 °C), mais le pot serait alors gélif et rature. L’aspect lisse et
inadapté à l’utilisation en extérieur pour soyeux a disparu. Des
nos bonsaïs. grains et un aspect mat
Toutefois, des solutions existent pour sont apparus à la surface.
remédier à cela : poncer la surface du pot
avec un papier à poncer fin. 7 - Avec du papier
Attention à toujours faire des essais, abrasif 320, je ponce le
car malheureusement, trop poncer un pot jusqu’à obtenir une
surface lisse et brillante.
pot peut avoir des effets négatifs et abî-
mer la surface en lui donnant une teinte
8 - Puis je nettoie cor-
trop sombre ou autre aspect disgracieux. rectement le pot avec
Il est possible d’utiliser un grain beau- de l’eau et j’essuie avec
coup plus fin selon le résultat souhaité, un chiffon doux (de type
voire de polir le pot. M. Kataoka Sada- 6 microfibres) pour enlever
mitsu Yamaaki – célèbre potier de Toko- les résidus de poussière
name – utilisait une roue électrique de et accentuer la brillance.
polissage alternant un papier à poncer
et un tissu de polissage.
Il est important de porter un masque
lors de cette étape de ponçage afin de
ne pas inhaler de poussière fine. Pour
limiter la suspension de cette poussière,
on peut également mouiller la poterie et
le papier à poncer.
En revanche, les faces et les arrêtes
du pot sont bien nettes, ce qui facilitera
la prochaine étape du travail.
8

7
EspritBonsaï 119 - 47
PRÉSENTATION
POTS ET POTIERS

La patine des pots
La patine des pots est une autre étape
et seul le temps permet d’obtenir cet
aspect vieilli tant recherché.
Cette patine est très importante et
souhaitable. Un pot à l’aspect vieilli est
très précieux, coûteux, et s’harmonise
bien avec un arbre de même à l’aspect
ancien. Un objet acquiert de la patine
seulement après de nombreuses années
d’utilisation. Des dépôts de substrat,
d’engrais, d’huile, et autres, conjugués
à la pluie et au soleil assombrissent la
couleur, la vieillissent et confèrent au
pot cet aspect vieilli, moins brillant. Au
Japon, il est courant de voir des pots
entreposés à l’extérieur, pour qu’ils se
patinent naturellement. Ce processus
prendra des décennies.
Le meilleur des outils pour une belle
patine reste le temps.

La technique de Koji Watanabe

Koji Watanabe « Komine » (né en 1975) représente la cinquième génération de A - B - Avant cuisson, Koji Watanabe laisse sécher
Kakuzan Toen, établi à Tokoname. Il dévoile ici ses secrets pour une belle finition. son pot complètement et revient l’humidifier en
le badigeonnant d’eau avec un pinceau.

A B

C D Après Avant

C - Polissage avec un chiffon.

D - Le résultat.

E - Le relief est accen-

tué par l’ajout d’un jus
d’oxyde de manganèse.
Photos de Koji Watanabe

F - Après la cuisson, il est

possible de polir avec du papier
à poncer pour peaufiner la fini-
tion. Cette poterie de Kakuzan
Toen, Komine, (Koji Watanabe),
présente un fini sublime. Cuis- E F
son au four à gaz, en réduction.

48 - EspritBonsaï 119
Accompagnements
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SANTÉ DES ARBRES
MALADIES ET RAVAGEURS
LES ACARIENS
TÉTRANYQUES
Appelés à tort « araignées rouges »,
les acariens tétranyques déparent leurs hôtes
et les affaiblissent. Heureusement, des gestes
simples peuvent suffire à les déloger.
Texte : Francine Gastinel, Polleniz
Photos : Francine Gastinel et Polleniz_SISV
C
ousins des araignées,
les acariens tétranyques
font également partie des
Arachnides, ont comme
elles quatre paires de
pattes, un corps composé de deux par-
ties (tête et thorax combiné), n’ont ni
antenne ni aile, et tissent eux aussi des
toiles. Mais ils sont beaucoup plus petits
et se nourrissent de cellules végétales.
Mesurant environ 0,5 mm, les acariens
tétranyques sont de couleurs variables :
du vert au jaune clair en passant par
l’orangé, voire rouge vif. Tous possèdent
50 - EspritBonsaï 119
des soies, claires. Quant au tétranyque Plusieurs générations se succèdent
Ci-dessus
tisserand, le plus fréquent du groupe, il et ci-dessous jusqu’à la saison froide. Le cycle de dé-
dispose de deux taches latérales. Une année veloppement connaît plusieurs stades :
particulièrement œuf, larve, protonymphe, deutonymphe
Des cycles favorable a et adulte. Plus la température est éle-
permis aux
de deux semaines acariens
vée, plus les conditions optimales à leur
Les femelles passent l’hiver dans la li- tétranyques de développement sont réunies, et plus
tière végétale, mais peuvent aussi se se développer les cycles sont courts – à 20 °C, cycle
trouver à proximité, au niveau de fentes, en nombre sur de deux semaines par exemple. En re-
sur du matériel ou des structures de bâ- des ajoncs, en vanche, ces arachnides n’apprécient
milieu naturel :
timent – tuteurs, poteaux, serre, véran- pas l’humidité. C’est ainsi que, naturel-
toiles, colonies et
da, châssis, etc. Elles reprennent leur dépérissement lement, on rencontre plus de généra-
activité en mars-avril, colonisant leur des rameaux. tions sous abri qu’en extérieur. Sur les
hôte pour à la fois se nourrir et pondre. plantes, ces ravageurs sont sur la face
inférieure des feuilles, cachés. Ainsi, et
également du fait de leur petite taille,
on ne les découvre qu’une fois bien ins-
tallés. En fin de saison, et en lien avec la
diminution du nombre d’heures d’en-
soleillement, une dernière génération
de femelles de tétranyque tisserand
– les formes hivernales – voit le jour, tan-
dis que les formes estivales meurent.
D’autres espèces peuvent hiverner sous
la forme d’œufs.
De petites piqûres
Ces acariens se nourrissent du contenu
des cellules végétales en les vidant : en
observant de plus près les végétaux
colonisés, on remarque alors de petites
piqûres. Les feuilles attaquées prennent
une teinte jaunâtre, comme une déco-

Des acariens sur un oranger du Mexique :
toiles, acariens et feuilles « piquées ».
LES PLANTES HÔTES
Les végétaux pouvant être colonisés
sont nombreux. On trouve les acariens
sur les plantes ornementales, les espèces
potagères, les essences sauvages, etc.,
ligneuses…, ou non ! Parmi les espèces
pouvant être conduites en bonsaï, sont
concernées (liste non exhaustive) : cerisier
à fleurs, tilleul, épicéa glauque (Picea
glauca), pommier d’ornement, azalée,
oranger du Mexique, hortensia, etc.
MACÉRÂT D’ORTIE
Sur sa fiche recette de l’ortie, l’ITAB (Institut de
l’agriculture et de l’alimentation biologiques) indique de
faire macérer 75 g de feuilles fraîches – jeunes pousses
non montées en graines – ou 15 g de feuilles sèches
par litre d’eau (potable) à 20 °C pendant 3 ou 4 jours. La
fermentation sera facilitée en hachant préalablement
les feuilles. Le filtrât issu de cette macération est à
diluer dans 5 fois son volume en eau potable.
Pour ces opérations, le port de gants est recommandé.
Informations accessibles sur le site : substances.itab.asso.fr.
loration de type chlorotique, voire des duits de biocontrôle homologués à ce
reflets grisâtres. La présence de toiles jour et dont l’emploi est autorisé dans
pouvant recouvrir le végétal est aussi les jardins, on peut utiliser ceux à base
un élément dépréciant la beauté des des substances actives suivantes : huile
plantes. Mais l’enjeu n’est pas qu’esthé- de colza, huile de paraffine, huile essen-
tique : en cas de fortes attaques, les tielle d’orange douce, pyréthrine & huile
plantes perdent de leur vigueur et par- de colza (non sélectif, incompatible avec
fois même, finissent par mourir. la présence d’auxiliaires), pyréthrine &
abamectine (non sélectif également),
Les méthodes soufre, soufre & acides gras. Sur l’éti-
de lutte quette du produit, il faut bien vérifier
Plusieurs méthodes existent pour aider l’usage (cultures autorisées) ainsi que les
à déloger ces ravageurs. équipements de protection préconisés.
Tout d’abord : l’eau ! Ces acariens n’ap- Enfin, on retiendra que l’ortie a des pro-
préciant pas du tout les conditions hu- priétés acaricides*.
mides, il est possible, en période sèche,
de bassiner les plantes pour les évincer. * Se dit d’un produit utilisé pour détruire
Du côté de la lutte biologique, on peut les acariens
favoriser l’installation d’auxiliaires
à proximité ou effectuer des lâchers
de prédateurs d’acariens : coccinelles
aphidages, chrysopes, staphylins,
thrips prédateurs, acariens prédateurs
(acariens « mangeurs d’acariens » !),
cécidomyies.
D’un point de vue cultural, de bonnes
pratiques peuvent également entraver
leur installation. Lors de pullulations
d’acariens, il convient d’éviter l’excès
d’engrais azotés favorisant les jeunes
pousses tendres et plus sucrées, très
attractives pour ces ravageurs.
Enfin, quand le préventif ne suffit plus, Quelques dégâts causés par les
il est possible de traiter. Parmi les pro- acariens sur des hortensias.
EspritBonsaï 119 - 51
SANTÉ DES ARBRES
AU QUOTIDIEN

Matériel et produits à utiliser pour une fertilisation foliaire :

un bon pulvérisateur à pression préalable, du Tonus V, des
extraits de plantes et autres acides humiques, de l’engrais
Ce type d’engrais organique en granulés s’utilise au sol. organique liquide riche en oligo-éléments naturels.

FERTILISATIONS AU SOL
ET FOLIAIRES ASSOCIÉES
Une fertilisation est plus efficace quand elle se fait au sol et sur les feuilles : reprise racinaire
et bourgeonnement arrière, entre autres, sont alors encouragés !
Auteur : Patrice Bongrand

L
es substrats drainants et 1 - Placer corporation de matières organiques aux arrosages successifs, est assimilé
aérés favorisent l’enracine- l’engrais issues de la décomposition des apports lentement par les arbres et participe
ment et la croissance de nos organique en successifs d’engrais organiques, entre à l’activation de la flore microbienne
petits arbres, et permettent granulés sur autres. Il en découle la création d’une du substrat. Il contient en général des
le substrat,
d’obtenir une ramification flore microbienne très active, indispen-
dans les
dense et multiple. Mais ces substrats angles du pot. sable pour avoir, dans le pot du bonsaï,
sont quasiment stériles et montrent « comme un petit morceau de nature
très peu de qualités nutritives, d’où 2 - Au vivante. »
l’importance de leur associer une printemps et Un engrais organique ou organo-mi-
bonne gestion de la fertilisation. à l’automne néral en granulé est conseillé au sol.
Les fertilisations organiques au sol ce frêne est Il se dégrade progressivement grâce
fertilisé au sol.
sont très importantes, car elles parti-
cipent à la création d’un bon humus
et offrent à l’arbre la nourriture dont
il a besoin.
Les fertilisations foliaires sont com-
plémentaires, car elles permettent de
corriger rapidement et efficacement
les carences de l’arbre et de lui donner
tonus, vitalité et santé.

Au sol
L’humus joue un rôle très important 1 2
dans un substrat. Il est généré par l’in-

52 - EspritBonsaï 119
 DANS LA NATURE
Observons ce qui se passe dans
les milieux naturels sauvages
en montagne ou dans les
garrigues. Souvent, les arbres
poussent dans des sols très
pauvres où l’espace est limité
pour l’évolution de leurs racines.
Or ces arbres, parfois plusieurs
Dans une serre de reprise destinée aux yamadori, en plus des brumisations fréquentes, on pratique des
fois centenaires, donnent un fertilisations foliaires douces avec un mélange d’engrais liquide organique très dilué et de Tonus V.
sentiment de force et de vigueur.
Certains documents concernant
des recherches de l’Inra
montrent que les arbres
dans leur milieu sauvage
où le sol est parfois pauvre
peuvent se nourrir jusqu’à
90 % par le feuillage.

oligo-éléments naturels absolument

essentiels à une bonne santé des arbres.

La fertilisation foliaire
La fertilisation foliaire redynamise l’ab-
sorption racinaire : c’est l’effet pompe.
De cette façon, l’arbre absorbe plus
d’éléments nutritifs et valorise mieux
les réserves du sol. La fertilisation fo-
liaire est d’autant plus efficace que la
fertilisation au sol a été correctement
raisonnée.
Apporter les éléments minéraux dont
le bonsaï a besoin permet de maintenir
un bon niveau de vitalité en période de
stress : rempotage, reprise racinaire
des yamadori, mise en forme d’un coni-
fère après ligaturage, maladies, tailles,
expositions, etc.
De plus, ces fertilisations foliaires per-
mettent à l’arbre de bourgeonner en
arrière plus vigoureusement – condi-
tion indispensable pour densifier la
ramification – et favorisent l’ouverture
des stomates des feuilles.
En fonction de ce que l’on veut obtenir,
on peut utiliser des engrais organiques
liquides, des produits naturels antis-
Pendant toute la période végétative et
surtout l’été, les fertilisations foliaires aident
les feuilles des feuillus à ne pas se dessécher,
Ce très vieil if a été ligaturé et mis en forme. à être plus efficaces et en meilleure santé.
Afin de l’aider à bien reprendre de la vigueur, au
printemps, on pulvérise régulièrement le feuillage
avec un mélange de Tonus V et d’acide humique
naturel, qui permet à la plante de consommer
moins d’eau et de réhydrater son feuillage.
tress, tel que Tonus V, des extraits d’al- organique liquide que la dose conseil-
gues, des extraits de purin d’ortie, etc. lée, mais on fera ces microfertilisations
foliaires souvent, soit une à plusieurs
Microfertilisations fois par semaine.
Pour une meilleure efficacité, il est Le moment idéal pour pratiquer ces
préférable de pratiquer des microfer- pulvérisations foliaires est le matin ou
tilisations foliaires. Donc, on diluera dans la fraîcheur du soir, ceci pendant
dans l’eau cinq fois moins d’engrais toute la période végétative.

EspritBonsaï 119 - 53
SANTÉ DES ARBRES
CULTURE
CORRECTION TRANSITOIRE
DU SUBSTRAT
Comment aider un arbre faible
à reprendre de la vigueur, pour lui
permettre de supporter un rempotage
et de s’épanouir par la suite ?
En ajoutant un peu de substrat neuf
dans des trous de son sol.
Auteur : Patrice Bongrand
U
n arbre mal cultivé dans
un substrat trop com-
pact ou n’ayant pas été
rempoté depuis long-
temps s’affaiblit forte-
ment. Les signes de faiblesse se tra-
duisent par une pousse faible et uni-
quement en bout de branches, peu ou
pas de bourgeonnement arrière et peu
de multiplications de branches secon-
54 - EspritBonsaï 119
Ci-dessous
Vue de coupe.
Les puits remplis
de bons substrats
sont pleins
de racines et
de radicelles
très divisées,
contrairement à ce
qui se passe dans
le vieux substrat.
daires et tertiaires. Au niveau du sol, le
substrat compact sèche trop vite. En
sortant l’arbre du pot, on constate que
les racines sont longues, sans division
racinaire et comme une bobine au fond
du pot.
Bien sûr, le mieux serait de pratiquer
un rempotage complet au printemps
suivant. Mais malheureusement, si cet
arbre devient trop faible, le rempotage
avec des tailles sévères des racines
risque de lui être fatal. Il faut trouver
une autre solution.
Ayant animé de nombreux stages, j’ai
découvert une solution transitoire afin
Cet if n’a pas été rempoté
depuis trop longtemps, il
s’est affaibli et les racines
sont trop compactes.
Il faut agir pour lui
redonner de la vigueur.
On enfonce une grosse
baguette jusqu’au fond du
pot. En tournant la baguette,
on fait un puits que l’on
remplit d’un mélange
d’un bon substrat frais.
de garantir au maximum la survie des
arbres et répondre aux attentes des
amateurs stagiaires : ajouter un mé-
lange frais de substrat par l’intermé-
diaire de trous dans le sol du bonsaï.
Les puits qui sauvent
On sait que toute la vie et la vigueur d’un
bonsaï se passent d’abord dans le pot
dans lequel il pousse. Il faut donc pou-
voir offrir à l’arbre la possibilité de créer
de nouvelles racines fortes et très divi-
sées.
La solution est de glisser dans des trous
– des puits coniques – un mélange de
QUE SE PASSE-T-IL
DANS LE SOL ?
En creusant les puits, on blesse
quelques racines, mais qui se trouvent
ensuite dans un bon substrat. Aussi,
ces racines émettent une multitude
de nouvelles radicelles, qui peuvent
respirer correctement et bien effectuer
leur travail, qui est de pomper les 1 - Ce petit
substances nutritives et ainsi de cognassier est
faible : il est dans
nourrir tout l’arbre. De plus, à chaque ce pot depuis
arrosage, l’eau est parfaitement trop longtemps
bien drainée et immédiatement et le substrat est
assimilée par les racines. un terreau de
1 mauvaise qualité.

substrat drainant et aéré à base de

pomice, de pouzzolane et de graviers,
adapté à l’espèce de l’arbre.
Pour faire des puits coniques, on en-
fonce une longue baguette de bois, plus 3
ou moins grosse selon le pot, profondé-
ment dans le sol du bonsaï. Les puits fe-
ront environ 3 ou 4 cm de large, selon la 2
grandeur du pot. Plusieurs puits seront
nécessaires un peu partout dans le sol. 2 - Les racines vont chercher l’oxygène
Pendant deux ans au minimum, il faut au fond du pot et sont peu divisées.
bien cultiver l’arbre, le fertiliser avec
3 - On crée des trous dans le sol
des engrais organiques, lui donner des en faisant des mouvements circulaires
antistress à base d’oligo-éléments et avec une baguette de bambou.
l’arroser régulièrement.
4 - On remplit les puits avec un
4
Le rempotage suivant bon substrat drainant.
Quand on aura constaté la reprise raci-
naire de l’arbre et une meilleure vigueur,
alors on pourra envisager un rempo-
tage complet au printemps suivant.
Ce rempotage permettra de supprimer
les vieilles racines et d’éliminer le vieux
substrat, mais on sera vigilant à garder
les parties du système racinaire qui se
6
sont divisées dans le bon substrat ins-
tallé précédemment dans les puits.
5 - Puis, en tournant encore la
Les amateurs ayant appliqué cette tech-
baguette, on fait bien pénétrer
nique ont été très surpris par la reprise le substrat jusqu’au fond du puits.
excellente de leur arbre, sa montée en
vigueur et son bourgeonnement fort 6 - Cinq puits ont été créés
5
par la suite. dans le sol de ce petit arbre.

EspritBonsaï 119 - 55
ALLER PLUS LOIN
FEUILLUS

Ce jeune plant est cultivé en pleine terre

depuis 2001. Il en sort en mars 2006, car
sa formation en bonsaï peut commencer.
Il aboutira, une vingtaine d’années après
son achat, à un arbre mature. Hauteur
de l’arbre : plus ou moins 50 cm.

Avril 2006 : la reprise de l’arbre est assurée par

un bon substrat et de l’engrais organique.

ÉRABLE CHAMPÊTRE
Une formation sur 20 ans
Partant d’un plant de pépinière d’érable champêtre ont été coupés court lors de sa plantation en pleine
terre en 2001. Cinq années plus tard, le plant d’érable
assez banal, l’auteur aboutit en 20 ans à un arbre a beaucoup forci et il est temps de commencer sa
très naturel en utilisant des techniques basées sur la formation.
physiologie du végétal. Auteur : Michel Brohet
En caisse de culture

L
e plant de départ de cet érable cham-
pêtre, Acer campestre, n’a rien d’excep-
tionnel. Il aura fallu une vingtaine
d’années de soins, de travaux et de
patience pour le conduire en un bon-
saï prêt à être exposé.
Ce bel érable provient d’un jeune plant de
pépinière, auquel le pivot et quelques grosses racines
Bien que tailler un arbre lors de sa plantation ne
soit pas souhaitable, ici, une taille minimale visant à
réduire le nombre de bourgeons est nécessaire pour
permettre à l’érable de bien reprendre dans son bac
de culture – dimensions : 24 x 3 x 6 cm. Le substrat
se compose à l’époque d’un mélange de 50 % de
pouzzolane, 30 % d’akadama de 15 % d’écorces de
pin et de 5 %, de terreau, le tout d’une assez grosse
granulométrie pour favoriser l’aération et entraîner
une belle croissance, que de l’engrais organique
stimulera dès la montée en végétation.

56 - EspritBonsaï 119
 Un peu de culture
Deux branches arrachées Le substrat de départ était un mélange de 50 % de
L’érable champêtre produit des branches
pouzzolane, 30 % d’akadama, 15 % d’écorce de pin et 5 %
raides qu’il vaut mieux ne pas utiliser pour
de terreau.
former l’arbre. Les deux grosses branches de la
Le substrat utilisé pour cet érable évolue au fil du temps
base ont donc été arrachées, le tronc et une autre
et s’affine.
branche verticale coupés. Une ligature posée
Le substrat de mars 2010 était constitué de 30 % de
sur une branche arrière (voir photo mars 2006),
substrat utilisé pour les plantes aquatiques (pour sa teneur
que l’on a torsadée, a permis de redistribuer ses
en calcaire), 30 % de pouzzolane, 20 % d’akadama,
ramifications en futures branches secondaires.
15 % d’écorce de pin et 5 % de terreau.
La cicatrice en forme de flamme de la
Actuellement, mon mélange de graviers est constitué
branche arrachée, dont l’âme ressort en chicot,
de 20 % de pouzzolane, 20 % de substrat pour plantes
se forme en une fois (voir encadré). Ici, à cause
aquatiques, 20 % de pumice, 20 % d’akadama, 10 %
de la proximité des deux travaux, on a pris soin
d’écorce de pin, 5 % de sable et 5 % d’amendement
de garder une portion de cambium intacte
organique (plus riche en bactéries que le terreau).
entre les lèvres de la cicatrice en contrôlant
Engrais : Biogold, une poignée, peut-être plus, qu’on laisse
les bords de la déchirure au scalpel.
s’incorporer au substrat jusqu’à ce que l’engrais se délite.
En revanche, les coupes à la pince ont été,
On ajoute alors de l’engrais frais ou on laisse passer l’été
elles, couvertes d’une bande autovulcanisante
avant d’en ajouter.
pour éviter, autant que faire se peut, la formation
d’un cal de cicatrisation proéminent.

1 - Décembre 2006 : première

taille de formation.

Une belle cicatrice

Pour obtenir une belle cicatrice naturelle, on
coupe long la branche à arracher pour en
garder un moignon qui est enfilé dans un tube
métallique, servant de bras de levier pour pouvoir 2 - Cette cicatrice d’une branche arrachée montre
tirer doucement, mais en force, vers le bas. aussi le processus utilisé, qui est la seule méthode
permettant d’obtenir un aspect naturel.

EspritBonsaï 119 - 57
ALLER PLUS LOIN
FEUILLUS
Puis de grands entre-nœuds
Taille et effeuillage étaient au programme en 2007.
Dès lors que l’on a fait une taille de formation sur un
érable champêtre bien cultivé et richement engraissé,
il faut en assurer le suivi pour éviter une réaction
naturelle de l’espèce, qui consiste en l’émission de
branches raides aux grands entre-nœuds. En effet,
la taille entraîne une réduction considérable du
nombre de bourgeons à alimenter. L’arbre ayant un
excès d’énergie ascendante au printemps, des feuilles
additionnelles se forment en même temps que le
bourgeon s’allonge.
La période après la taille de formation est donc
« interventionniste ».
Réorganiser l’arbre
Après l’élimination des entre-nœuds non conve-
nables, l’hiver suivant a été mis à profit pour poser un
peu de fil de ligature et réorganiser l’arbre.
Et c’est reparti pour une nouvelle année interven-
tionniste, car il serait contreproductif de laisser l’arbre
émettre des tiges inutilisables – On gardera à l’esprit
que les interventions en période de croissance
perturbent complètement son organisation.
À l’issue de cette année de culture, les tailles et les
effeuillages ont tout de même généré l’émission de
quelques nouvelles branchettes exploitables : il était
temps de rééquilibrer le racinaire avec sa structure
aérienne pour lui permettre de reprendre une
croissance plus normale.
4 3 – Février 2008.
Avril 2008.
58 - EspritBonsaï 119
Être critique
À toutes les étapes de développement d’un bonsaï, il nous
appartient d’être critiques envers nos choix. On pourrait
donc être tenté, en février 2008, de recouper plus court
(trait rouge sur la photo de février 2008) en revenant
sur la mise en forme de l’année précédente, à cause du
grand espace vide présent sur le côté droit de l’arbre.
La question à se poser, pour revenir sur une structure donnée,
est : est-ce que mon arbre renvoie une image naturelle cohérente ?
Si c’est le cas, le futur observateur sera en mesure d’imaginer
une histoire, celle du vécu d’un arbre, et le bonsaï retiendra
son attention, ce qui est finalement le but recherché…
Dans la nature, un arbre ayant perdu des branches maîtresses est
déséquilibré, car les troncs restants ne portent pas de branches
se dirigeant vers l’espace laissé libre par les branches disparues.
Voilà l’histoire que j’ai imaginée pour cet érable :
cet arbre de plaine a subi quelques intempéries qui
ont emporté deux de ces charpentières.
La cime tend vers la droite, car c’est la
direction que prenaient des branches
maîtresses disparues. Le grand espace vide
à droite, sous la cime, souligne l’impact des
intempéries subies et se comblera sans
doute avec des branches plus jeunes.
4 – La branche de gauche joue maintenant le
rôle de branche principale. Elle était plus faible
que les branches disparues (par sa position
horizontale). Elle sort à présent du profil de
l’arbre, mais la tailler pour la faire entrer tout de
suite dans ce profil serait contreproductif, car elle
produirait alors des rejets vigoureux aux entre-
nœuds longs parfaitement verticaux et propres à
affaiblir notablement les branchettes en amont. Avril 2008.
 5 – Mars 2010. Quelques pousses avec de
grands entre-nœuds (entourés d’orange)
témoignent du rééquilibrage de l’arbre en fin
de saison. Elles n’ont pas été taillées, car leur
croissance va concentrer la vigueur de l’arbre et
réprimer la croissance des autres bourgeons.
À noter la diminution du volume de substrat, d’une
granulométrie bien plus petite que lors du cycle
de culture précèdent (voir encadré page 57.)

Vers l’équilibre
En 2009, la taille drastique du système racinaire
de l’arbre en formation sans autre taille des parties
aériennes a permis de doper l’arbre en racines
fines. 2009 a été une année difficile pour cet érable
champêtre qui, de plus, n’a pas reçu d’engrais. Il a
donc tout juste ajouté à sa structure une année
d’entre-nœuds courts, cela sans aucune intervention
humaine.

Vers un prébonsaï
Un petit contenant, une plus faible granulométrie
du substrat, l’absence d’engraissement et les effeuil-
lages ont permis de faire progresser le nombre de
ramifications, la densité des feuilles s’harmonisant
avec celle de la ramification.
Les cicatrices des tailles de structure sont fermées
et leur disproportion s’estompe avec la croissance
de l’arbre. L’espace vide à droite se réduit grâce à la
croissance de la petite branche à droite, redressée en
tronc concurrent.

6 - Juin 2010, après suppression des pousses que l’on

avait gardées pour détourner la vigueur de l’arbre.
Les feuilles sont encore grandes. Mais si l’arbre manque
de densité, il est équilibré : les feuilles ont partout la même
taille. Une telle pousse homogène s’obtient seulement par
le rééquilibrage que génère un rempotage correct.
Ces conditions sont idéales pour effeuiller l’arbre, qui ne peut
que réagir de la même manière partout : le renforcement
d’une ou de quelques branches n’est plus à craindre.

7 - Octobre 2011. À ce stade, cet érable champêtre

est un bon prébonsaï. Hauteur : 46 cm.
EspritBonsaï 119 - 59
ALLER PLUS LOIN
FEUILLUS

8 - Avril 2014. En cette seconde année dans ce

pot, l’arbre utilisera de nouveau son énergie pour
émettre de petites branches : la taille de ces parties
fortes s’accompagne d’un nouvel effeuillage.

Après un deuxième rempotage

Si un petit contenant est parfois souhaitable pour
un arbre en formation, cette situation n’est toutefois
pas pérenne, car l’arbre s’affaiblit et, ce faisant, régresse
au lieu de progresser (mortalité de branchettes
intérieures).
Cet érable champêtre a donc été une nouvelle fois
rempoté « en déséquilibre » en 2013 – c’est-à-dire avec
une réduction importante de son système racinaire
par rapport à la masse de bourgeons de ses parties
aériennes – et cela, bien qu’il ait été installé dans un
pot mieux proportionné.
La même stratégie qu’en 2010 est adoptée : tous 9 - Juin 2014
les bourgeons vigoureux formés à l’automne de À la fin de cette nouvelle saison « interventionniste », l’arbre montre
l’année du rempotage ont été gardés pour que leur une ramification ayant bien progressé. Sur sa structure dénudée,
croissance fortifie l’arbre. Les entre-nœuds en bout le principal défaut esthétique apparaît : l’élargissement créé par le
cal formé par la suppression du tronc de l’arbre d’origine.
de branches sont longs, mais ont l’avantage de
réprimer la croissance des branches plus faibles en
amont.

Astuce pour
une cicatrice
L’érable champêtre étant
naturellement de bonne
composition pour refermer
n’importe quelle plaie, une
nouvelle taille à la pince
concave est la solution pour
améliorer une cicatrice.

60 - EspritBonsaï 119
 10 – En octobre 2016,
l’arbre montre une
certaine maturité.

Vers la maturité
2016 : l’arbre acquiert une certaine maturité, car
c’est sa montée en ramification qui génère ses feuilles
bien proportionnées. En effet, les tailles en saison
de pousse, accompagnées ou non d’effeuillage, 11 – Les feuilles sont bien
deviennent de moins en moins nécessaires, voire proportionnées.
plus du tout, ce qui est possible parce qu’un arbre à
ce stade n’ayant plus besoin de croître beaucoup n’est
plus que très peu, voire pas du tout engraissé. L’arbre
monte doucement en accumulant naturellement
les entre-nœuds courts, résultat de son équilibre et
des faibles perturbations de ses poussées. Tout au
plus subit-il encore régulièrement une faible taille de
réorganisation en hiver.

Soin au nebari
Au printemps 2018, un nouveau rempotage est
cette fois l’occasion d’améliorer le nebari en faisant
des greffes.
À ce stade de développement, un gros pot est un
inconvénient, car la vigueur que l’arbre retrouvera,
13 - La greffe de deux jeunes
même sans l’ajout d’engrais, risque de rapidement
plants est la solution. Ces greffes
altérer la qualité de sa ramification. pourront être déjà sevrées en
12 – Printemps 2018. Des racines manquent octobre grâce au retour de
dans la zone entourée d’orange. l’arbre dans un pot de culture.

16 – On garde donc
ce rejet avec son
développement normal
(grands entre-nœuds et
grandes feuilles) durant
deux ans pour profiter
du développement de
son système racinaire
14 - Avec un sevrage rapide des greffes, un rejet 15 – Il n’y a pas de mal à garder un rejet, car il visible ici lors du
provenant du système racinaire du plus gros greffon se constitue sa propre colonne de cambium rempotage de 2021.
(entouré orange) sort au printemps suivant. et fonctionne en arbre indépendant.

EspritBonsaï 119 - 61
 ALLER PLUS LOIN
FEUILLUS

Des entre-nœuds courts, toujours

En mai 2020, on utilise toujours la même stratégie
et on laisse filer les bourgeons forts au printemps
pour ensuite récupérer l’énergie de l’arbre pour qu’ils
émettent de petites branches aux entre-nœuds courts.

17 - La nouvelle
feuillaison
de juin 2020.
Les rejets des
racines n’ont pas
été touchés.

18 – Printemps 2021, il est temps de 19 – Les parties aériennes des rejets

revenir à un pot mieux proportionné
pour l’esthétique de l’arbre, un pot
qui permettra sans doute sa mise
en exposition. Mon choix se porte
sur un pot ovale, sans rebord,
émaillé bleu de Walter Venne.
n’ont toujours pas été touchées
pour que leur système racinaire
propre – tout comme celui de l’arbre
– se rééquilibre en produisant des
racines fines. Les rejets sont enlevés
en juillet 2021 (voir encadré).

20 - La partie
sans racines à
l’origine s’est
considérablement
épaissie avec
la croissance
de ce rejet.

Taille des rejets

Pour se séparer convenablement d’un rejet, on
procède en deux étapes après le rempotage de
l’arbre. En juillet, quand les réserves de l’arbre
sont reconstituées, on retire environ deux tiers
du passage de sève 21 – Octobre 2021. L’arbre mérite maintenant
pour que la branche la qualification de bonsaï.
à supprimer forme
un premier cal. 22 - Les repousses
Ensuite, il ne reste fortes, surtout présentes
plus qu’à supprimer sur le haut de l’arbre,
la branche à la fin de ont de nouveau été
la saison de pousse, la momentanément
base du premier cal gardées pour rendre
l’arbre présentable dès
prolongera le signal
qu’elles pourront être
envoyé à l’arbre, qui
ôtées, soit vers la fin
refermera normalement du printemps 2022.
la cicatrice.

62 - EspritBonsaï 119
 Le parcours de cet érable
champêtre illustre qu’un plant
de pépinière peut devenir
un bel arbre à présenter en
exposition, avec du travail
et un peu de patience.
Décembre 2021.
Hauteur : 54 cm.

Période Culture Objectifs

2001-2005 Pleine terre. Grossissement du tronc.

2006-2008 Bac de culture assez petit. Acclimater l’arbre à la culture en pot.
Substrat de grosse granulométrie. Faire une taille de formation et assurer le suivi.
Beaucoup d’engrais.
2009-2012 Pot plat, plus large. Faire évoluer le nebari.
Substrat de petite granulométrie. Rééquilibrer la pousse de l’arbre.
Pas d’engrais en 2009, puis peu d’engrais. Développer les ramifications.
2013-2017 Pot de transition. Rééquilibrer l’arbre, puis le laisser vieillir
Substrat de granulométrie moyenne. dans ce pot pour obtenir des pousses courtes.
Pas d’engrais en 2013, puis peu jusqu’à plus du tout. Rectifier la conicité.
2018-2020 Pot de culture. Améliorer le nebari par des greffes.
Substrat de grosse granulométrie. Augmenter la densité des ramifications.
Pas d’engrais. Laisser grossir les rejets de racines.
2021 Pot de présentation. Rééquilibrer l’arbre.
Substrat de granulométrie moyenne. Supprimer les rejets.
Pas d’engrais. Rendre l’arbre présentable.

EspritBonsaï 119 - 63
ALLER PLUS LOIN
FEUILLUS

Donner de l’air
AU FEUILLAGE !
Le feuillage d’un bonsaï doit être
aéré pour faire entrer la lumière dans
la ramification. Plusieurs techniques
sont à conjuguer pour donner de
l’air dans la ramification.
Auteur : Patrice Bongrand

I l est intéressant de pouvoir observer la

beauté des branches et des rameaux des
feuillus en bonsaï, qui construisent la rami-
fication au milieu du feuillage. Ce sont ces
détails qui donnent tout son sens à l’artisa-
nat du bonsaï, mais c’est aussi, pour l’arbre, la possibi-
lité d’accéder à la lumière dans toutes ses parties, à
l’extérieur comme à l’intérieur.

Associer les techniques

Pour arriver à obtenir une belle ramification
naturelle et aérée, il faut savoir associer plusieurs
techniques, qui, bien évidemment, doivent être
conjuguées à de bonnes techniques de culture : bons

Cet orme du Japon

laisse voir la finesse
de sa ramification. Cet érable de Buerger, qui a pourtant un beau
potentiel, possède un feuillage trop dense et
ses feuilles sont de dimensions irrégulières.
La ramification a besoin d’être aérée.

64 - EspritBonsaï 119
 Par la taille Il faut sélectionner
relais, la branche les bourgeons ici,
prendra conicité ce qui permettra
et mouvement. de définir la
direction des
futures branches et
d’éviter une densité
trop grande en
bout de branche.

La taille en bout
L’erreur des amateurs est, parfois, de tailler
leur arbre principalement en bout de branche,
sans se soucier de la structure naturelle
du bonsaï. Bien que cette technique soit
utile au printemps, il ne faut pas qu’elle
soit l’unique façon de travailler un arbre,
sinon on obtiendra une densification
uniquement en bout de branches.
L’effet visuel sera alors très artificiel, du genre
art topiaire, ce qui offre peu de chance à l’arbre
d’émettre de nouvelles pousses à l’intérieur,
qui sont, je le rappelle, l’avenir du bonsaï.
Au bout de quelques années, le bonsaï
s’affaiblira, les branches primaires grossiront
excessivement et de nombreuses branches
secondaires et tertiaires ainsi que les rameaux,
qui offrent pourtant tellement de délicatesse
poétique aux bonsaïs, sécheront et mourront. On procède à un effeuillage arrière La branche est effeuillée : de nouveaux
sur cette branche de buis. bourgeons en arrière vont sortir.

substrats, bonnes fertilisations organiques et bons

arrosages.
Il faut aussi pratiquer régulièrement les rempotages
quand l’arbre en a besoin, pour réguler le système
racinaire en éliminant les vieilles racines trop longues
et en changeant le substrat.

Des techniques
On pourra faire évoluer correctement un bonsaï
feuillu si on utilise différentes techniques selon les
saisons et selon l’évolution progressive de l’arbre :
- sélection des bourgeons au printemps,
- tailles de sélection, pour éliminer les branches et
rameaux mal placés et pour définir la future direction
d’une branche, Au printemps,
- tailles relais, pour construire une branche en lui on a supprimé
offrant conicité et mouvements, toutes les
- tailles d’aération, pour ouvrir les rameaux à la feuilles trop
lumière, longues et
trop grandes
- effeuillage arrière, pour favoriser l’émission de
pour équilibrer
nouveaux bourgeons arrière,
le feuillage
- effeuillage avec sélection de feuilles, pour de ce frêne.
supprimer les feuilles trop grandes et équilibrer la
dimension du feuillage dans tout l’arbre. vides et une densité moins grande de feuilles à
l’extrémité des branches, offre au regard la possibilité
La beauté intérieure de cheminer à la découverte de la beauté intérieure
Un beau bonsaï, qui laisse voir au milieu de son de l’arbre, qui devient lisible. C’est un hommage au
feuillage sa ramification, grâce à de subtils espaces Vivant.

EspritBonsaï 119 - 65
ALLER PLUS LOIN
CONIFÈRES

Cet if du Japon, quoique bien cultivé, nécessite une mise

en forme. Andrés Álvarez Iglesias, artiste espagnol du
bonsaï, le restructure lors d’une démonstration en Italie
au printemps. Le Taxus cuspidata, sur sa face initiale,
présente une végétation abondante et désordonnée.
Sa ligne de tronc est plutôt ennuyeuse.

Mise en forme
en lettré
d’un if du Japon
Lors d’une démonstration, un if du Japon,
Taxus cuspidata, prend la forme d’un
lettré élégant sous les doigts
de Andrés Álvarez Iglesias,
artiste espagnol du bonsaï,
invité d’honneur du congrès
national de l’IBS (Instructeurs
bonsaïs et suiseki italiens) à Rivoli, en Italie.
Autrice : Isabel Ribeiro La face arrière
Démonstration : Andrés Álvarez Iglesias offre une meilleure
ligne de tronc.

I nvité en Italie par le Bonsaï club de Rivalta, à

l’occasion du congrès national 2022 de l’IBS
des instructeurs italiens du bonsaï et du sui-
seki, l’Espagnol Andrés Álvarez Iglesias met
en forme un if du Japon, Taxus cuspidata, en
avril dernier.
Le jour de la démonstration, Andrés Álvarez
Iglesias découvre l’arbre qu’il va travailler, dont le
propriétaire est un homme âgé. Correctement cultivé,
Andrés Álvarez Iglesias
Andrés Álvarez Iglesias est un artiste du bonsaï espagnol,
spécialisé dans l’if de montagne, Taxus baccata, qu’il parvient à
mener en exposition en relativement peu d’années, grâce à des
techniques éprouvées et efficaces. Ses arbres ont été primés lors
de prestigieuses expositions en Espagne et ailleurs en Europe.

l’if a néanmoins besoin d’être revu. Andrés Álvarez

Iglesias montre
Une nouvelle face l’évolution
L’artiste espagnol teste d’abord l’élasticité des spectaculaire d’un
branches, car Taxus cuspidata est moins flexible que if sauvage travaillé
son cousin européen T. baccata, en raison de son bois pendant un temps
plus dur. Prudence donc avant d’envisager des pliages relativement court
importants ! L’Espagnol décide de changer la face avant d’être exposé.

66 - EspritBonsaï 119
 Le shari
naturel donne
du caractère Le nebari présente un
au tachiagari. mouvement intéressant.

initiale de l’if, car elle lui semble ennuyeuse, alors que

l’arrière présente une ligne de tronc plus intéressante
et un shari. Le plus important dans un bonsaï est
son squelette. Et bien que plusieurs branches soient
bien positionnées sur la face actuelle, elles sont
secondaires. Quant à la végétation, elle ne compte
quasiment pas à ce stade. Le nebari et le tachiagari –
la partie du tronc allant de la base jusqu’à la première
branche – orientent donc le choix de la nouvelle face.

1 - Sur la face initiale, les

branches sont bien placées…

2 - … mais la ligne de tronc de

l’arrière est bien plus percutante.

Le principe numérique de Kimura

1 2
La structure d’un bonsaï doit obéir au schéma
numérique 7/5/3. Le 7 correspond à la partie la
plus importante, comme la ligne du tronc, le
squelette ; le 5 à l’accompagnement, comme les
branches ; le 3 englobe l’ensemble, l’harmonie
de l’arbre et du pot, les jin par exemple.
Andrés Álvarez Iglesias applique ce principe
numérique au Taxus sur lequel il travaille.

3
3 - Andrés Álvarez Iglesias, à droite, explique son
projet à Valentina et à Lorenzo, qui vont l’assister.
4 - Il faut avant
tout distinguer les
veines vivantes des
zones mortes.
5 - Les veines vivantes
sont repérées grâce
à des lames, plates
4 et aiguisées.
5 mise en valeur par l’application d’huile végétale, celle
Le nettoyage du tachiagari
Avant d’intervenir sur la ramification, assisté de
Valentina et de Lorenzo, Andrés Álvarez Iglesias
commence par nettoyer le nebari et la partie basse
du tronc. Les retraits de sève doivent être détectés et
assainis et la veine vivante identifiée. Le démonstrateur
déconseille l’utilisation d’une gouge en forme de
curette, plus indiquée pour creuser le bois.
Les squames sont soulevées avec une fine lame,
plate et aiguisée, pour localiser la veine vivante.
Repérable à sa couleur rouge, cette veine peut être
également identifiée par le toucher : la main et les
doigts, opérant par pression, permettent de distinguer
cette veine, charnue et relativement souple, du
bois mort dur. Contrairement à ce qui se fait sur le
genévrier, Andrés ne retire pas toutes les squames,
afin de préserver l’aspect typique du Taxus. De même,
alors que la veine vivante des genévriers est souvent
du Taxus gagne à conserver un aspect naturel.
Seules les zones de bois mort peuvent être frottées
à l’aide d’une brosse souple. Dans un autre contexte

6 - La veine vivante est rouge,

bombée et relativement souple.

EspritBonsaï 119 - 67
 7 - Andrés explique son
choix de la nouvelle face,
en ouvrant les branches.

www 8 - Très vite, il coupe les branches

14 - La ramification doit être nette. inutiles, qui empêchent le regard
de pénétrer dans la ramification.
7 8 9
9 - Il est important de tester la
flexibilité des branches avant
de les abaisser ou de les plier.

10 - Il faut nettoyer la première

moitié de chaque branche
et couper les branches qui
poussent vers le bas.

12 11 - La ramification doit être nette.

10 11 12 - La suppression de la
végétation n’est pas un problème
sur le Taxus. Éliminer le superflu
permet de faire entrer la lumière,
de faciliter la ligature et de
13 s’accorder au style lettré.
14

que celui d’une démonstration en intérieur, ce bois

mort pourrait être traité à l’aide d’une sableuse, d’un jet
d’eau à haute pression, ou éventuellement avec une
13 - Pour créer un jin, à l’aide brosse plastique montée sur un appareil type Dremel.
d’une pince à jin, il faut 15
écraser l’écorce tendre… Vers le style lettré
Une fois le tronc nettoyé et les veines définies, vient
14 - … qui se retire l’étape du design. L’arbre se prête au style lettré, bunjin-
ensuite facilement.
gi, de par l’élégance de sa ligne de tronc, mais une
15 - Tirer les fibres du bois
sélection des branches est nécessaire pour alléger
à l’aide d’une pince donne la couronne. La végétation doit être drastiquement
aux jin un aspect naturel. réduite et positionnée correctement et des espaces
vides sont à créer entre les plateaux pour donner à
l’arbre la délicatesse du style.

Le mekiri, taille d’été Il s’agit à présent de sélectionner les branches

La végétation vert sombre du Taxus supporte aisément les tailles,
même drastiques. On ôte les vieilles feuilles sur une portion de
chaque branche fine, en conservant celles de l’extrémité. Car,
contrairement au pin, le nouveau bourgeon apparaît à l’endroit
où la feuille a été retirée. Après le débourrement, et si l’arbre est
bien cultivé, les nouveaux bourgeons s’allongent d’une dizaine
de centimètres. Ces pousses ne doivent pas être pincées au
printemps, comme on le fait sur les érables par exemple. Elles
doivent s’allonger jusqu’au mois de juillet, époque à laquelle
elles seront presque entièrement rabattues. Puis, de juillet à
octobre, de nouveaux bourgeons s’allongent à leur tour. Au
printemps suivant, on procède au même nettoyage et au même
cycle de « laisser pousser et couper ». Cette technique permet
de gagner deux ans dans la densification de la végétation.
Andrés Álvarez Iglesias explique
comment retirer les feuilles pour
favoriser le rebourgeonnement
arrière du Taxus et obtenir une
densification plus rapide.
qui seront conservées à la longueur adéquate et de
couper les plus petites inutiles. Certaines branches,
même de diamètre important, sont rapidement
sectionnées pour dégager la nouvelle face de l’arbre.
Dans le cas de cet if, n’en étant pas le propriétaire,
le démonstrateur choisit de ne pas éliminer des
branches qu’il aurait autrement supprimées pour
respecter davantage le style lettré.
Quelques jin
Andrés préserve des moignons d’une dizaine
de centimètres pour les transformer en jin. Pour
cela, à l’aide de la pince à jin, il écrase l’écorce tendre,
gorgée de sève, sur toute sa longueur pour qu’elle se
détache facilement. Une fois à nu, les fibres de bois
sont tirées pour préserver un aspect naturel, que
ne pourrait garantir le travail avec une râpe ou une
Dremel. Andrés n’emploie jamais de polysulfure
de calcium pour figer les jin. Le bois mort doit
vieillir naturellement et être nettoyé à la brosse.
Éventuellement, dans l’optique d’une exposition,

68 - EspritBonsaï 119
 18 - Tenir les branches à
pleine main permet de sentir
le bois et de prévenir les
16 - Du fil de cuivre diamètre 4 est posé, auquel sont fixés 17 - Les haubans sont fixés à la cassures lors des pliages.
des haubans plus fins, destinés à abaisser les branches. base des jin au bois dur.

20 - La barre de
20 pliage aide à la
torsion de la grosse
branche qui obstruait
la nouvelle face.

21 - Le serrage du
hauban accompagne
la torsion exercée
à l’aide de la barre
de pliage.

21

19 - La bande de caoutchouc protège l’écorce, avant

de poser le fil de cuivre, en prévision du pliage.

et deux à trois mois avant celle-ci, le propriétaire de

l’arbre pourrait appliquer du liquide à jin dilué pour
blanchir légèrement les bois morts.

Des pliages
La branche de face doit être repositionnée, afin que
le regard puisse entrer et circuler dans la ramification.
Pour les torsions dépendant de la circulation de la
sève – qui donne plus de flexibilité aux branches – la
mi-avril ou le mois de mai seraient plus indiqués.
Andrés procède donc avec une grande prudence.
La torsion se fera grâce à la pose de fil de ligature et la
mise en place de haubans. Comparé à l’aluminium, le
fil de cuivre est plus dur, garantit un meilleur maintien
pour un diamètre moindre et est plus discret. Pour les
haubans, un diamètre aussi fin que possible est choisi,
en fonction de la force appliquée pour le pliage et le
maintien en place de la branche. Les haubans sont
accrochés à la base des bois morts et reliés aux fils de
ligature posés sur les branches à plier.
Le bois de Taxus cuspidata étant moins flexible que
celui de T. baccata, il faut opérer lentement. La torsion
se fait à quatre mains : pendant qu’Andrés exerce une
pression mesurée sur la branche, dans la direction
souhaitée, Lorenzo tend le hauban. Ce pliage tout en
douceur évite de casser la branche.
Des pliages importants
Ne disposant pas de raphia préparé par trempage dans de
l’eau, Andrés utilise ici de la bande de caoutchouc souple pour
travaux électriques mise à sa disposition, même s’il préférerait
le caoutchouc d’une chambre à air. Si le pliage avait été plus
important, l’Espagnol aurait creusé l’intérieur de la branche
jusqu’au cambium, de couleur orangée. Il aurait ensuite
disposé des bandes de raphia de façon lâche, parallèlement
à la branche, sur lesquelles il aurait placé des fils de ligatures
épais, toujours dans le sens de la branche. Le tout aurait été
entouré perpendiculairement par du raphia bien tendu, puis
ligaturé, par deux fils si besoin, pour plus d’efficacité. Au
moment de la torsion, c’est le raphia interne, lâche, qui se tend
et permet le mouvement en évitant les ruptures du bois.

EspritBonsaï 119 - 69
ALLER PLUS LOIN
CONIFÈRES
22 - La branche ramenée vers l’arrière
dégage la nouvelle face.

23 - Une pression supplémentaire sur la branche,

à l’aide des mains au contact du bois pour
plus de sensibilité, permet de la repousser 24 - Les haubans permettent également de
davantage en évitant une rupture dramatique. minimiser la quantité de fil posé sur les branches.

25 - Les branches secondaires sont ligaturées. 26 - La position des mains est importante pour poser le fil de ligature.

27 - Pour créer les

plateaux, les branches
sont positionnées
en éventail et les
fourches se divisent
en deux branches
seulement.

28 - Ne pas ligaturer
jusqu’au bout des
branches permet
de préserver les
bourgeons naissants.
Les extrémités se
mettront en place
d’elles-mêmes.
29 - Les branches basses ont été abaissées.

70 - EspritBonsaï 119
 31 - Les branches jumelles peuvent sembler
disgracieuses, mais elles seront conservées, car
Andrés, n’étant pas propriétaire de l’arbre, choisit
de ne pas supprimer trop de branches.

30 - Dernière étape : la ligature de la cime. 32 - Ces branches sont délicatement abaissées.

34 - Il est
encore temps
d’abaisser
une branche
arrière

33 - Les branches de la tête sont

à leur tour positionnées.

35 - Quelques coups de
ciseaux pour parfaire
une tête arrondie
d’arbre mature.

EspritBonsaï 119 - 71
ALLER PLUS LOIN
CONIFÈRES

Les soins
post-démonstration
Le Taxus ayant été travaillé au printemps
36 - Andrés (début avril), il est maintenu à la mi-ombre
raccourcit les pendant un mois et fertilisé abondamment
branches qui
avec de l’engrais organique à diffusion
émergent des
lente (une trentaine de boulettes d’engrais
plateaux.
japonais, par exemple, disposées à la
surface du pot). Passé un mois, il est placé
en plein soleil, mais aucun pincement ni
taille ne sont alors effectués. La fertilisation
se poursuit sans interruption jusqu’à
l’automne. Au mois de juin ou de juillet,
en fonction de la zone géographique, on
37 - Les jin écorcés, procède au mekiri (la taille d’été) : toutes
mouillés avant d’être les pousses de l’année sont éliminées.
repositionnés par la
Sur un arbre moins vigoureux et moins
ligature, participent
mature, quasiment toute la pousse de
de la fluidité des
branches et racontent l’année serait éliminée, ou bien rabattue
une histoire : celle pour ne laisser que trois ou quatre aiguilles
du vent contre nouvelles, sur tout l’arbre, hormis les zones
lequel elles ont les plus faibles ou qui devraient grossir ou
vainement lutté. s’allonger.

Une cime arrondie

Par manque de temps, la cime de l’if n’est pas
entièrement ligaturée, mais elle est suffisamment
arrondie pour donner l’illusion de la maturité à l’arbre.

Dans le futur
Andrés Álvarez Iglesias apporte une dernière
touche à l’arbre, en écourtant quelques fines branches
qui sortent des plateaux. Il présente alors le sur sa
nouvelle face : la répartition des branches et de la
végétation offre les espaces vides propres au style du
lettré. À présent, le bonsaï est élégant et élancé.
L’artiste espagnol se projette dans le devenir de
cet arbre pour lequel il envisage un rempotage dans
Le Taxus cuspidata L’ancienne face avant est
un pot rond, de forme lotus, avec des pieds en nuage,
sur sa nouvelle face, devenue l’arrière du bonsaï.
pour souligner la dynamique du bonsaï, sans le dans le style lettré.
déséquilibrer. Un bel avenir en perspective pour cet
if japonais, qui pourra être rapidement exposé dans
un tokonoma.

Fertilisation
Les ifs montrent un grand appétit et nécessitent
une fertilisation abondante à base d’engrais solides
à diffusion lente, maintenus humides au contact
du substrat, pour une meilleure diffusion.

Andrés, Valentina et Lorenzo

prennent la pose devant l’if, à
la fin de la démonstration.

72 - EspritBonsaï 119
 Le Taxus, présenté dans le
tokonoma de Giorgio Castagneri,
instructeur IBS (Bonsai Time
School), devrait être rempoté dans
un pot rond de forme lotus.
Hauteur avec le pot : 80 cm ;
largeur : 60 cm.
© Valentina Castagneri.

EspritBonsaï 119 - 73
ALLER PLUS LOIN
CONIFÈRES

Abaisser l’aisselle
d’une branche de pin
Pour abaisser une branche de pin au
départ trop droit, il suffit de l’arracher
partiellement, comme l’aurait fait le
poids de la neige.

L
Auteur : Patrice Bongrand

a technique présentée ici pour abais-

ser l’aisselle d’une branche de pin
s’inspire de ce que l’on peut voir sur les
vieux arbres de montagne. Le poids de
la neige et des ans marque fortement
les branches, surtout les plus basses et les plus vieilles.
Dans leur biotope, il n’est pas rare de voir sur ces
vieux arbres certaines branches complètement
arrachées de leur aisselle, ce qui leur offre un aspect
vénérable et raconte leur vécu.

La technique
Par le biais d’une incision sur la partie haute de
l’aisselle de la branche, on arrache légèrement la
branche du tronc en tirant vers le bas et en veillant
à conserver une moitié inférieure encore attachée
au tronc. Ainsi l’aisselle de la branche ne fait plus
une courbe disgracieuse en dichotomie avec l’effet
recherché sur un vieux pin, mais elle permet à la
branche de plonger plus directement vers le bas.
Sur les pins, la sève passe par des canaux verticaux
très directifs. Chaque branche est alimentée du
bas vers le haut. Si l’on coupe un tiers ou la moitié
supérieure de l’aisselle d’une branche, il n’y a aucun
danger pour la vie de la branche. Avec le temps, une
cicatrisation se fera sur les côtés de la coupe par des
bourrelets cicatriciels qui renforceront le départ de

En montagne, les branches des vieux arbres sont abaissées,

comme arrachées partiellement par les éléments. Il est assez
facile de reproduire l’aspect de ces branches sur les bonsaïs.

74 - EspritBonsaï 119
 2 - Avec une grosse pince à couper
en biais, on fait une petite entaille.

3 - Puis avec une scie à denture

fine, on coupe un peu plus la
partie haute de l’aisselle.

4 - Ensuite, avec délicatesse, on

tire la branche vers le bas pour
favoriser l’arrachage, qui doit avoir
un aspect naturel. On découpe
délicatement et proprement les
2 parties d’écorce décollées.

1 - Un grand pin à crochets a eu sa

deuxième mise en forme il y a deux
ans. Sur la grande branche d’appui de
droite, l’aisselle fait une courbe molle et
disgracieuse. Elle doit être abaissée. Le 3 4
départ de la branche est trop horizontal.

5 - Il est très
l’aisselle de la branche. Plus tard, la coupe se sera
important
complètement refermée. ensuite
d’appliquer
Sur le pin à crochets une boule de
Les pins à crochets ont une forte tendance apicale. mastic épais
Même si, lors des mises en forme, les branches ont préalablement
été bien positionnées par le biais de ligatures, elles bien malaxé.
peuvent se relever lorsqu’on libère l’arbre pour qu’il Ce mastic doit
acquière plus de naturel et reprenne de la vigueur. Il bien reboucher
l’espace creux
faut donc à nouveau intervenir.
situé entre
Après les travaux de mise en forme, on laisse les
le tronc et
arbres reprendre de la vigueur. Plus le temps passe, la coupe de
moins les interventions sont fortes et plus les détails l’aisselle, que
sont à mettre en valeur. En effet, ce sont les détails qui l’on voit bien ici.
donnent tout le sens au bonsaï et sa beauté.
La construction de la ramification d’un pin en
6 - La branche
bonsaï ne peut se réaliser en une fois. C’e st l’appli- est ensuite
cation d’une suite d’actions et de non-actions qui ligaturée et de
permet, année après année, d’offrir à l’ensemble des nouveau mise
branches de l’arbre une maturité ressemblant à ce que en forme.
l’on peut voir en montagne.

Sur les autres pins

Cette technique peut aussi être utilisée sur
d’autres espèces de pins, comme les pins
sylvestres, mais avec plus de parcimonie.
En effet, la tendance apicale des sylvestres
est moins forte. De plus, comme ils poussent
à des altitudes moins élevées que le pin à
crochets, ils sont moins impactés par les
conditions climatiques des espaces subalpins.

EspritBonsaï 119 - 75
ALLER PLUS LOIN
QUE SONT-ILS DEVENUS ?

Un changement de face

Le pin juste avant la mise en forme

Ce pin sylvestre est lors de la démonstration.
l’arbre qu’a travaillé

A
François Jeker lors d’une
démonstration en 2002.

u départ, devant un yama-

Après s’être retrouvé la tête à l’envers lors
de sa première mise en forme, au cours
d’une démonstration à Rouen, il y a vingt
ans, le pin sylvestre de François Jeker a
bien évolué, mais un changement de face
s’est avéré nécessaire pour montrer les
qualités de l’arbre.
Auteur : François Jeker
dori, nous élaborons un
projet, puis nous le met-
tons en œuvre. Et au fur
et à mesure des années,
l’arbre évolue de façon inattendue et notre
regard doit changer. Le temps est alors venu
d’oublier le projet initial, et de suivre l’arbre.
Ce pin sylvestre a été prélevé dans le sud-
est de la France, par un amateur, au milieu des
années 1990, mais n’avait jamais été travaillé.
Après un itinéraire complexe, il s’est retrouvé
dans mon jardin.
La base, le départ du tronc et l’écorce sont
très intéressants, mais la végétation est très loin
du tronc et l’arbre est trop haut, près de 120 cm.
La solution consiste à imprimer une forte
torsion au tronc pour que la branche la plus
haute devienne… la première branche basse.

76 - EspritBonsaï 119
 En 2012, le pin a poussé avec vigueur.
La végétation est trop dense et
désordonnée. Une taille sévère et une
nouvelle ligature sont nécessaires.

Le pin sylvestre en 2011. Il s’est bien ramifié et la forte torsion du tronc ne l’a pas
affaibli, car il était étant en très bonne santé avant la première mise en forme.

En 2013, le pin a retrouvé

de sa transparence, mais…
quelque chose cloche.
Le moment est venu
de repenser l’arbre.

L’opération a été menée en démonstration à

Rouen, en 2002.

Changer la face
En 2013, une analyse de l’arbre montre
qu’un changement s’impose. La base du tronc
part d’abord vers l’avant en faisant un ventre
et l’arbre manque d’unité : dans la partie supé-
rieure, le tronc un peu trop gracile est écarté
de la végétation parce que les branche de face
PROGRESSER VERS LA MATURITÉ
avant sont trop courtes. Pendant toutes ses années, j’ai ramifié le pin avec une technique très efficace sous
La solution est dans un changement de mon climat continental, à Mulhouse : une année, je pince les chandelles au printemps,
puis l’année suivante, je coupe entièrement la nouvelle pousse à la mi-juin.
face : la base du tronc partira vers l’arrière et les
Mais cela ne suffit pas. À l’automne, je sélectionne les bourgeons en supprimant les
branches du haut, plus longues sur l’autre face,
plus forts quand il en sort plusieurs en un même point. Cette sélection est plus sévère
se mêleront et s’intégreront à la masse verte. sur la cime et les bouts de branches, pour compenser la croissance apicale.
De plus, je supprime certaines petites branches pour simplifier l’arbre et j’en raccourcis
Un éternel recommencement d’autres pour améliorer leur mouvement et leur conicité. Enfin, je travaille sur le
Nous travaillons sur du vivant. Une com- nebari, pour supprimer les croisements, pour ramifier et raccourcir les plus grosses et
plicité s’installe doucement entre l’arbre et exposer à l’air un maximum de racines près du tronc pour qu’elles grossissent.

EspritBonsaï 119 - 77
ALLER PLUS LOIN
QUE SONT-ILS DEVENUS ?

.
En 2017. C’était cela,
la bonne solution :
changer la face du pin !

celui qui l’accompagne. Un vrai échange. Cela

passe parfois par de petits ajustements, par-
fois par des changements drastiques. Ainsi, la
nouvelle face met mieux en valeur ce qui fai-
sait les qualités premières de ce yamadori : la
base du tronc, son mouvement sur la première
moitié et son écorce craquelée, témoin de ses
difficiles conditions de vie dans les montagnes
du sud-est de la France.

La maîtrise des détails

Cette mise en forme résulte des soins
prodigués depuis 20 ans. Les branches ont
de beaux mouvements, une belle conicité
obtenue par des tailles drastiques régulières.
De plus, la ramification est très fournie et
ordonnée ; l’énergie de l’arbre se répartissant

En 2018, le pin
s’adapte petit
à petit à son
nouveau design.

78 - EspritBonsaï 119
dans un nombre plus élevé de bourgeons,
les aiguilles sont plus courtes et retrouvent
la longueur qu’elles avaient en montagne.
La mise en forme a donc consisté à bien
montrer les mouvements de branches et iso-
ler les différentes masses de végétation, avec
un rythme très particulier : des branches
épaisses en bas séparées par de grands
espaces vides, puis des nuages de végéta-
tion de plus en plus petits, de même pour les
espaces vides.
Le volume de végétation est maintenant Au printemps 2022, l’arbre a fait
bien équilibré et cache mieux une partie du l’objet d’une ligature complète, d’une
tronc, ce qui donne une meilleure unité au pin. nouvelle mise en forme, et d’un léger
Enfin, la cime est bien ronde, dense, tout changement d’angle de plantation.
en conservant de la transparence. Hauteur de l'arbre : 63 cm.
À ce stade, tous les détails prennent de
l’importance.
Un bonsaï passe par des périodes de pro-
gression lente, puis une courte période de
plénitude, puis… il n’en fera qu’à sa tête : il fau-
dra lui obéir et tout recommencer.
EspritBonsaï 119 - 79
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