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II.4.

Phénomènes de transfert dans les bioréacteurs


II.4.1. Transfert gaz-liquide (Transfert de l’oxygène vers la cellule)
L’un des facteurs les plus importants à prendre en considération dans le
design d’un bioréacteur est la disposition d’un mélange (mixing) adéquat de son
contenu. Les principaux objectifs du mixing dans un bioréacteur sont la dispersion
des bulles d’air, la suspension des micro-organismes (cellules animales et
végétales), et l’amélioration des transferts de chaleur et de masse au sein du
milieu réactif.
Étant donné que la plupart des nutriments sont très solubles dans l'eau, très
peu de mélange est nécessaire pendant la bioconversion afin d’assurer la
consommation des nutriments. Cependant, l'oxygène dissout est une exception car
sa solubilité dans le milieu réactionnel est très faible, tandis que sa demande pour
la croissance de micro-organismes aérobies est élevée.
Si un bioréacteur fonctionne dans des conditions d'aération, le système est
appelé bioréacteur aérobie. Dans cette situation, de l'air stérile est fourni au
bioréacteur comme source d'admission pour la respiration des micro-organismes.
L'oxygène fourni est dissout dans la phase liquide.
Les micro-organismes consomment l'oxygène dissout dans les milieux liquides
pour la respiration et la croissance. La croissance des bactéries aérobies dans le
fermenteur est contrôlée par la disponibilité du substrat, de l'oxygène, des sources
d'énergie et des enzymes. Les cultures microbiennes sont considérées comme
systèmes hétérogènes. L'oxygène fourni par la phase gazeuse doit arriver à
l’intérieur du micro-organisme. Plusieurs étapes sont nécessaires pour le
déroulement de ce phénomène. L'oxygène doit d'abord traverser l'interface
gaz- liquide, puis la majeure partie du liquide et enfin arrivé au niveau de la
cellule microbienne selon la Figure 1.
Au cours des processus aérobies, l'air doit être fourni en quantité suffisante
afin d’assurer une concentration en oxygène dissout (OD) dans le milieu supérieure
à la valeur critique.

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Le trajet du substrat gazeux (O2) depuis la bulle d’air à l’organite du
micro-organisme peut être divisé en plusieurs étapes :
 Étape A : Transfert du gaz vers la couche limite de la bulle. (zone 1 vers
zone 2)
 Étape B : passage du gaz à travers l’interface gaz-liquide (zone 2 vers zone 3)
 Étape C : Diffusion dans le milieu de culture vers la limite de l’interface
liquide –microorganisme (zone 3 vers zone 5).
 Étape D : passage à travers l’interface liquide –microorganisme (zone 5 vers
zone 6).
 Étape E : Arrivée à l’intérieur du micro-organisme.
Le passage du gaz à travers la zone 3 et la zone 5 est le plus lent, par conséquent,
il contrôle la vitesse de transfert global.
II.4.2 Notion de l’OTR et l’OUR
a) Oxygen Transfer Rate OTR
C’est la vitesse de transfert de l'O2 dans le bioréacteur (Oxygen Transfer
Rate). Le flux molaire d'oxygène est généralisé dans une équation simple,
le gradient de concentration étant la principale force motrice qui gère le transfert
de l'oxygène de la phase gaz et de l'interface liquide vers le reste du volume.
La vitesse de transfert d'oxygène au sein du milieu de fermentation est influencée
par plusieurs paramètres physiques et chimiques qui modifient soit KL, soit la
valeur de la surface interfaciale des bulles (a), soit le gradient de concentration
connu sous le nom de force motrice du transfert de masse. À de faibles
concentrations de gaz soluble, le flux molaire d'oxygène transporté vers le milieu
de fermentation est exprimé par l’équation :

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NO2 = OTR = KLa (C*L-CL)…………………….(1)
Où :

 OTR est exprimé en quantité d'O2 par unité de volume et par unité de temps
(mol.m-3.s-1)
 CL : concentration en O2 dissout dans le milieu liquide de culture supposé
parfaitement homogénéisé (mol/ m3)
 CL* : concentration O2 dissout à saturation dans la phase liquide en équilibre
avec la phase gaz, elle représente la concentration maximale d'oxygène
possible qui peut se trouver dans le liquide en fonction de la composition, la
température et la pression en phase gazeuse. La CL* est gérée par la loi
d’Henry :

: Pression partielle de l’oxygène, (atm)


(atm m3 mol-1).
 La différence (C*L-CL) représente la force motrice responsable du transfert
de masse. C’est la différence entre les concentrations maximales possibles
et réelles d'oxygène dans le liquide.
 KLa : c'est le produit du coefficient KL (coefficient de transfert de masse
dans la phase liquide, en (m.s-1) et de la surface d'échange bulles/milieu "a"
(aire d'échange spécifique ramenée à l'unité de volume de la phase liquide
du milieu de culture, en m2 par m3 de milieu de culture).
 Le produit (KL. a) est appelé coefficient volumétrique de transfert
(en temps-1, s-1). Le coefficient "a" est généralement inconnu, et seul le
produit KLa est accessible.
Lorsque le gaz est barboté au sein du liquide, la zone interfaciale dépendra de la
taille et du nombre de bulles présentes, qui dépendent à leur tour de nombreux
autres facteurs tels que la composition du milieu, la vitesse d’agitation et le débit
de gaz. Parce que KL est également affecté par ces paramètres, ‘KL’ et ‘a’ sont
généralement combinés en produit KLa.
b) Demande en oxygène OUR (oxygen uptake rate)
Les cellules en culture aérobie absorbent l'oxygène de la phase liquide.
Le transfert d'oxygène de la bulle d’air au liquide est donc primordial,

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en particulier dans les cultures cellulaires denses où la demande en oxygène
dissout est élevée.
La vitesse à laquelle l'oxygène est consommé par les cellules dans les
fermenteurs détermine la vitesse à laquelle l'oxygène doit être transféré de la
phase gazeuse à la phase liquide.
De nombreux facteurs influencent la demande en oxygène : les plus
importants sont l’espèce cellulaire, la phase de croissance des cultures et la nature
de la source de carbone fournie dans le milieu. Lors d’une culture discontinue,
la vitesse d'absorption d'oxygène varie avec le temps. Les raisons en sont doubles.
Premièrement, la concentration de cellules augmente au cours de la culture batch
et la vitesse totale d'absorption d'oxygène ou (de consommation)
(oxygen uptake rate) est proportionnelle au nombre de cellules présentes.
De plus, la vitesse de consommation d'oxygène par cellule, connu sous le nom de
vitesse spécifique d'absorption d'oxygène, varie également, atteignant souvent
un maximum pendant les premiers stades de la croissance cellulaire.
Si QO2 est la vitesse d'absorption d'oxygène par volume du milieu et qO est la vitesse
spécifique d'absorption d'oxygène :
= = OUR
 OUR est exprimé en quantité d'O2 par unité de volume et par unité de temps
(mol.m-3.s-1)
 q : vitesse spécifique de consommation du dioxygène par la biomasse
(mol d’O2 par unité de masse et par unité de temps, mol O2. g-1. s-1)
 X : concentration en biomasse (g. m-3).
La notation OUR est la plus classique, on trouve parfois comme notation
équivalente.
II.4.3. Calcul du Kla
Le coefficient de transfert de masse Kla est utilisé pour caractériser la
capacité de transfert d'oxygène des fermenteurs. Si le (Kl a) d’un système
particulier est petit, sa capacité à fournir de l'oxygène aux cellules est limitée.
Donc il est important d’estimer sa valeur. Plusieurs méthodes expérimentales et
empiriques sont utilisées pour calculer la valeur du produit Kl.a.

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a) Détermination de (KL.a) par désoxygénation puis reprise d'aération d'un
milieu stérile non inoculé
La technique proposée fait appel à un capteur à dioxygène et à des mesures
cinétiques d'évolution de dioxygène dissout dans le bioréacteur lors des phases
d'arrêt de l'aération et de reprise d'aération. Le bioréacteur est conditionné avec
un volume donné de milieu de composition donnée et selon une aération et une
agitation donnée. L'aération va être stoppée et le réacteur désaéré (dans l'idéal en
remplaçant l'air d'aération par du diazote dans les mêmes conditions de pression
que lors de l'aération, à défaut avec un agent chimique réducteur). Puis l'aération
va être reprise dans les conditions à étudier. Le suivi de la désoxygénation et la
ré-oxygénation donne suite à la courbe ci-dessous :

La variation de la concentration d’oxygène dissout dans le milieu liquide est égale


à:

*
= OTR OUR = KL a ( - ) q X

L’absence de micro-organismes se traduit par OUR = 0, ce qui mène donc à :

*
= KL a ( - )

C'est une équation différentielle C(t) très simple qui s'intègre facilement en :

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Avec, à t = zéro de reprise d'aération CL= 0 qui tend petit à petit vers la saturation,
CL*.

b) Détermination de (KLa) par désoxygénation puis reprise d'aération en


présence de microorganismes (méthode dynamique dite de Taguchi et
Humphrey)

Le bioréacteur est en culture sous un volume donné de milieu de


composition donnée et selon une aération et une agitation donnée. On suppose que
les conditions d'aérations conduisent à des concentrations en dioxygène dissout
supérieures aux valeurs basses critiques.
A un instant donné et pour une durée brève (brève signifie une durée assez
courte pour que l'accroissement de biomasse puisse être considéré comme
négligeable donc (OUR = q . X constant), on peut considérer que la concentration
en dioxygène dissout est en état stationnaire quasi constante (CLeq) réglée par
l'équilibre dynamique :

*
= OTR OUR = KL a ( ) q X=0

Cet "équilibre dynamique sur une durée brève" est représenté par la période
"équilibre dynamique" sur la courbe ci-dessous. A partir de cette brève période, on
va conduire une expérience d'arrêt de l'aération et de reprise de l'aération selon les
indications de la figure ci-dessous. Et on pourra en déduire KL.a.

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 Analyse de la phase d'arrêt d'aération

La demande en O2 de la biomasse est constante (supposée constante


car la durée de l'expérimentation est brève). OUR = q X est constant car X ne
varie pas sur une durée très brève. Ainsi cette phase doit présenter l'allure d'une
droite et le coefficient directeur de cette droite est OUR.

 Détermination du KLa par résolution de l'équation différentielle donnant


dCL/dt pendant la phase de reprise d'aération

Durant la première phase d’équilibre dynamique :

=0 donc OTR – OUR =0

*
KL a ( )= q X

Durant l’arrêt d’aération : OTR = 0

Pendant la phase de la reprise d’aération :

*
= OTR OUR = KL a ( - ) q X ……. (a)

Puis on atteint l’équilibre dynamique :


*
KL a ( )= q X ……. (b)

On substitut (b) dans (a) :

* *
= KL a ( - ) KL a ( )

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