Vous êtes sur la page 1sur 3

3 –Transfer de masse entre deux fluides – mécanismes

Introduction – études effectuées


Nous rappellerons en premier les théories élaborés au sujet des mécanismes de transfert entre deux
phases accompagnés de données sur les bulles et gouttes isolées. Ensuite, seront concernés, en s’appuyant
sur les résultats expérimentaux disponibles : les colonnes à bulles et à gouttes, les cuves agitées, les lits
fluidisés catalytiques, des colonnes à plateaux sans déversoirs, et des appareils à jet de liquide. Ces derniers
autorisent des intensités de transfert très élevées. En particulier, l’un d’eux, très simple, est susceptible de
remplacer très avantageusement les cuves agitées.
Dans les appareils où s’effectuent des transferts entre deux fluides la surface de l'interface n'est en
général pas ou mal connue. De ce fait, les débits de transfert et les puissances dissipées ont été exprimés par
unité de volume d'une des phases (le liquide). Et les vitesses des fluides par unité de section de l'appareil
(appelées vitesse fût vide, vitesses superficielle) lorsque leur diamètre hydraulique d’écoulement n’est pas
accessible. Les études expérimentales présentées concernent les débits de transfert coté liquide des systèmes
air/eau et air/solutions de sulfites de soude. Bien exploitées, elles permettent de très bien expliciter les
propriétés fondamentales des appareils. Les résultats relatifs à chaque appareil (et leur comparaison) seront
comparées, in fine, à l’aide de quatre graphiques. Le premier donne QT/PW en fonction de PW/VL . Il rend
compte de l’efficacité énergétique de transfert de la phase gaz vers la phase liquide. Le deuxième donne, avec
VE=VB+VL G VE/PW = (G/L)/(PW/VL) en fonction de PW/VL . Il rend compte de la fraction volumique
occupée par la phase gazeuse.. Le troisième donne .VB/QT en fonction de PW/VL . Il rend compte du temps de
transfert T vers la phase liquide d’un volume égale au volume de la phase gaz. Il est comparable à ce qu’on
appelle pour les réactions chimiques du premier ordre le temps de réaction. Le quatrième donne QT/VL =kLaL
en fonction de G/L=VB/VL . Il confronte, par unité de volume de liquide, le débit de transfert du gaz vers le
liquide à sa rétention.

3-1 Rappels des théories relatives aux mécanismes de transfert

3-1-1 Théorie des deux films de Lewis et Whitman (1924)


Lewis et Whitman admettent la présence d’une couche laminaire de chaque coté de la surface de
séparation des phases a travers lesquelles s’effectuent les transferts par diffusion. Ils supposent qu'à l'intérieur
des phases, les mouvements de fluide sont suffisants pour homogénéiser les teneurs. Ils supposent aussi que
l'équilibre physique sur l’interface est réalisé.
Pour écrire les relations prenons l’exemple de dissolution de l'oxygène de l'air dans de l'eau.
Soit y et x les teneurs en oxygène par unité de volume dans l'eau et dans l'air. L'eau est saturée en oxygène
lorsque y=mx avec m70. En cours de transfert si y* et x* sont les teneurs présentes à l'interface on aura si
on suppose qu'elles sont en équilibre y*=mx* . Si G et L sont les épaisseurs des couches laminaires et si DG
et DL les coefficients de l'oxygène dans l'air et dans l'eau, les vitesses de transfert à travers les couches
laminaires(en m/s) sont : kG=DG/G et kL=DL/L Le bilan matière de transfert entre les deux phases donne , le
débit de transfert de l’oxygène de l'air dans l'eau, par unité de surface : NO2/A= kG(y-y*)= kL(x*-x). et comme à
l’interface : y*=mx*:
NO2/A =[(y-mx)/(1/kG+m/kL)]=KOG(y-mx) (3-1)
Dans ce model G et L sont supposés ne dépendre que des conditions hydrodynamiques de mise en contact
des phases. De ce fait les vitesses de transfert sont inversement proportionnelles au coefficient de diffusion de
l'espèce transférée.
La valeur de m indique si la résistance de l'un des deux films est prépondérante. Du fait que les
coefficients de diffusion sont beaucoup plus élevées dans les gaz que dans les liquides les valeurs de kG se
montrent environ 100 fois plus élevées que celles de kL . Donc 1/KOG est proportionnel à (1/100+m/1). Il en
résulte que pour m>0,1 la résistance du film gazeux est négligeable devant celle du liquide et que pour m<10 -3
c'est la résistance du film liquide qui l'est. On peut écrire dans le premier cas N/A= kL(x*-x)=kL(y/m-x) (c’est le
cas de la dissolution de l’oxygène dans l’air) et dans le deuxième: N/A= kG(y-y*)=kG(y-mx).
Quelques exemples à 20°C dans de l’eau : O2 m 30,03; CO2 :m=1,064, SO2 m5.10-3;

3-1-2 Théorie du temps de pénétration de Higbie (1932).


Lewis et Whitman supposent que le profil des concentrations dans les films laminaires sont établis dès leur
formation. Higbie (1932) pense qu'un certain temps, qu'il appelle temps de pénétration, est nécessaire . Il
centre son étude sur les films liquides des équipements industriels d'absorption à bulles, à gouttes et à
garnissage où les conditions d'écoulement font que, si ces films existent, leur temps d'existence est faible.
- Pour une bulle, le film de liquide, s'il existe, ne peut prendre naissance qu'à son sommet pour être détruit à
sa partie basse. Son temps d'existence est, si la bulle fait 2mm de diamètre et s'élève à une vitesse relative par
rapport au liquide de 24cm/s, de l'ordre de 0,01s. Higbie a calculé que pour ce temps de contact de 0,01s le
mécanisme est du type pénétration si le film a une épaisseur >15 m. Ce qui est, selon lui, d’autant plus
probable que l'écoulement du liquide, au voisinage de la bulle, n'est pas nécessairement turbulent.

- Dans les gouttes le liquide est relativement stationnaire. Aussi le mécanisme d'absorption est plus proche de
celui d'un liquide au repos que de celui d'une zone turbulente limitée par un film laminaire.
- Dans les garnissages il évalue à environ 1s le temps de contact

De ces considérations il conclut que dans les équipements industriels classiques la résistance du film liquide
dépend essentiellement de ce qui se passe pendant le temps de pénétration. De ce fait la question qui en
découle est: quelle est la vitesse d'absorption d'un gaz pur dans un liquide calme? L'équation de diffusion lui
donne: kL=2[DL/tp] où DL est le coefficient de diffusion, dans le liquide, du gaz qui s'y dissout et tp le temps
de pénétration. Il admet que tp est égal au diamètre de la bulle divisé par sa vitesse.
- Il a expérimenté avec des bulles de longueur différentes qu'il faisait défiler dans un tube de 3mm de
diamètre. L'épaisseur du liquide entre la bulle et les parois a été évaluée à 150m. Les temps de contact ont
évolué de 0,007 à 0,32s. L'absorption trouvée était d'environ la moitié de celle prévue par la théorie. En fait la
vitesse de pénétration ne serait pas infinie au temps zéro comme le prévoit la théorie mais limitée par une
résistance. Il en déduit que sa formule n’est applicable que si tp > 0,2 seconde. Dans la discussion qui a suivi
la présentation de sa publication, J.C. Elgin indiqua que Miyamoto (1932) supposa que seules les molécules
dont la composante de la vitesse normale à la surface du liquide étaient suffisamment élevées pouvaient entrer
dans le liquide. Sur cette base il établit une relation dont la forme s’est trouvée identique à celle de la diffusion
à travers un film liquide qui s’est montrée d’accord avec ses investigations expérimentale d’absorption. . On
remarquera que le la relation proposée par Higbie indique que le débit de transfert est proportionnel à DL0,50 et
non à DL comme le laisse supposer la théorie des deux films.

3-1-3 Théorie du renouvellement de la surface par des micros tourbillons.


Il est supposé que pour des bulles qui évoluent dans un milieu liquide de nature turbulente, le transfert entre
les bulles et le liquide s’effectue par l’intermédiaire du renouvellement de leur surface. Selon Lamont et Scott
(1970),ce renouvellement serait dû à des éléments turbulents, siège de la dissipation énergétique, dont les
dimensions seraient très faibles comparées à celle des bulles. De ce fait la dimension des bulles ne serait pas
un paramètre dans l’évaluation de kL . Leur analyse dimensionnelle à consisté à définir un nombre sans
dimension prenant en compte kL la vitesse de transfert, PW/LVL la puissance dissipée par unité de mass du
fluide : et L/L sa viscosité cinématique , puis à lui associer, le nombre de Schmith : Sc=L/LDG pour
introduire le coefficient de diffusion de l’élément gazeux transféré dans le liquide. La relation proposée est :

kL Sc0,50= c[(PW/LVL)(L/L)]0,25 avec c=0,4 3-2

Linek et al (2005) indique que les valeurs de c publiées par différents auteurs ont évolué de 0,30 à 1,13. Lui
propose, pour les cuves agitées et les colonnes à bulle c=0,448 avec une déviation moyenne de 20%. La cuve
avait 0,19m de diamètre. Elle était équipée d’une turbine standard de Rushton. La vitesse superficielle du
gaz a évolué de 1,8 à 5,4 mm/s. La colonne à bulle était réalisée en arrêtant la rotation de l’agitateur. La
liquide était une solution de sulfite de sodium de 0,8M avec ou sans additifs catalytiques et le gaz de
l’oxygène pur. Les valeurs de kL ont été déduites de celles de kLaL et de aL obtenues en utilisant la méthode
graphique de Danckwert.

Remarques : Cette image d’un fluide constitué en partie d’éléments turbulents dans lesquels s’effectuerait la
dissipation énergétique rappelle la théorie de Kolmogoroff relative à la dimension maximum des bulles et
gouttes et, en cinétique chimique, leurs effets relatifs au micro mélange.

3-1-4 Analogie de Reynolds et de Chilton et Colburn


Les différents aspects des mécanismes de transfert, succinctement rappelés ci-dessus, sont, mis à part
celui de pénétration proposé par Higbie, incitent à penser que les relations de Chilton Colburn sont à priori
utilisables pour exprimer les débits de transfert entre l'intérieure d'un fluide et son interface avec un autre
fluide. La surface A de l'interface est en général peu ou mal connue et l’on a tendance à exprimer la puissance
dissipée et le débit de transfert en se référent à l’unité de volume de l’une des phases en présence. Rappelons
les relations établie ci-dessus et essayons de déterminer l’expression de JM en premier pour une bulle d’air
isolée qui s’élève dans de l’eau (ou une goutte qui tombe dans de l’air)
Les relations établies sont :
1
Pw QT 2 3 QT 2 J 1 QT 2 3 J D  Pw  3
 J M .U m Sc  J DU m Sc 3  D 2 Sc  1   (3-1)
3

A A Pw  JM Um A JM 3   V F 
Soit une bulle de diamètre DB et de vitesse d’ascension UB. La force de friction qu’elle subit par unité de
surface est, par définition de JM : F=JMLUB2 et la force totale : FT=AF=DB2F. cette dernière est égale à la
poussée d’Archimède d’où FT=(L-G)g(DB3/6)=DB2F=DB2JMLUB2 .D’où la valeur de JM peut être
déduite : JM=g[(L-G)/L](DB/6)(1/UB2) On peut aussi le faire en considérant la puissance dissipée. La
puissance dissipée est PW=FTUB d’où PW/A= PW/(DB2)=(L-G)g(DB/6)UB=LJMUB3. A noter que pour une
goutte, il suffit dans les relations écrites de remplacer L par G et G par L. Le diamètre de la goutte est dans
ces relations représenté par DB et sa vitesse de chute libre par UB.

Vous aimerez peut-être aussi