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De l'interprétation des Écritures

Etude des circonstances dans lesquelles chaque livre a été écrit. — La nécessité
d'une étude attentive et spéciale des Ecritures ressort du fait que les différents livres de
la Bible ont été écrits dans des circonstances différentes les unes des autres.

Ces livres ont été écrits en des lieux différents : au centre de l'Asie, au milieu des
sables de l'Arabie, dans les déserts de la Judée, sous les portiques du temple , dans les
écoles des prophètes à Béthel et Jéricho , dans les palais de Babylone , sur les rivages
idolâtres du Kébar-, au milieu des villes civilisées de l'Occident; les allusions, les
figures , les expressions , les comparaisons étant puisées dans des mœurs, des
coutumes, des contrées si différentes entre elles, et si différentes des nôtres , nous ne
pouvons les comprendre que par une étude sérieuse et parfois laborieuse.

Ajoutez encore à ces difficultés celles qui résultent de la diversité des sujets : Moïse
écrivant des lois , Josué de l'histoire, David des psaumes, Salomon des proverbes,
Esaïe des oracles, les apôtres une monographie ou des épîtres ; la diversité des
auditeurs ou des lecteurs auxquels ces livres sont adressés ; quelques-uns comme Esaïe
ou Nahum, écrits en partie du moins pour des païens, d'autres exclusivement pour des
Juifs ; un Evangile pour les chrétiens d'entre les Hébreux , un autre pour les chrétiens
d'entre les Gentils ; les épîtres aux Corinthiens pour des gens qui ne veulent souffrir
aucun joug ni aucune autorité , l'épître aux Galates pour ceux qui voulaient replacer les
prosélytes chrétiens sous le joug de la loi mosaïque , l'épître aux Romains en partie
pour des gens pleins d'une propre justice pharisaïque, celle de Jacques pour des
professants extérieurs qui se croyaient dispensés de la pratique des œuvres. Pg 136 -
137 (142-143).

Il est évident qu'un lecteur attentif devra tenir compte de ces diverses circonstances, et
qu'un travail préliminaire sera toujours indispensable à la saine intelligence d'un livre
ou d'un fragment quelconque de la Parole de Dieu.

Le langage des hommes appliqué aux choses de Dieu. — Indépendamment des


diverses circonstances qui précèdent, il se rencontre une nouvelle difficulté non moins
grande dans le fait que la Bible ne contient que des vérités spirituelles et religieuses, et
qu'elle n'a pour les exprimer et les rendre intelligibles que des expressions humaines et
terrestres.

Le langage est toujours plein de figures quand il est encore jeune, qu'il s'agisse des
peuples ou des individus.
On donne le nom de type à l'objet ou à la personne qui, outre sa valeur et sa
signification propre, a encore une valeur figurée. Le type est une métaphore, non en
paroles, mais en action. Il joint au sens littéral un sens moral.

Le symbole est un type en quelque sorte rétroactif ; au lieu de diriger la pensée et les
désirs vers les choses futures, il rappelle le souvenir des choses passées, ou bien encore
il se présente sous une forme extérieure et sensible, la perpétuité des promesses divines
et des grâces spirituelles qui s'y rattachent. C'est ainsi que le baptême est le signe
visible et matériel, le symbole des biens spirituels que Dieu a promis aux fidèles. Le
pain et le vin de la communion sont également les symboles du corps et du sang de
Christ, offerts en expiation pour nos péchés (Voyez aussi 1 Rois, XI, 30. 2 Rois, XIII,
14-19. Jér., XXVII, 2-8; XIII, 1-7; XVIII, 2-10).

La Pâque est tout à la fois un symbole et un type. Elle rappelait aux Israélites une
délivrance passée, elle leur annonçait pour l’avenir une délivrance plus grande - Pg
142-143 (148-149).

Hébraïsmes.

1° Les Juifs remplaçaient souvent l'adjectif par un substantif qualificatif correspondant, et


les auteurs grecs du Nouveau-Testament ont conservé cette particularité de style. Ils disent
ainsi : l'Esprit de la promesse, pour l'Esprit promis (Ephés., I, 13) ; — l'œuvre de votre foi,
le travail de votre charité, la patience de votre espérance, pour votre œuvre fidèle, votre
charitable travail, votre confiante patience (1 Thess., I, 3).

2° Si quelqu'un avait une qualité ou un vice particulier, les Hébreux l'appelaient


quelquefois le fils ou l'enfant de ce vice ou de cette qualité. — 1 Sam., II, 12. les fils
d'Héli étaient de méchants hommes; en hébreu, il y a : « fils de Bélial. » — Luc, X, 6. En
grec : « fils de la paix. » —Ephés., V, 6-8. Enfants de rébellion, enfants de lumière, c'est-
à-dire hommes rebelles, hommes éclairés. Voyez encore Matth., XXIV, 15. Marc, XIII,
14. Rom., VII, 24. 1 Jean, m, 10. Jacq., II, 4. Héb., I, 3. Apoc., III, 10. Dans quelques-uns
de ces passages cependant, il y a peut-être quelque emphase à côté du sens ordinaire de
cette locution. –

3° Les comparaisons sont exprimées en termes extrêmement énergiques. — Si


quelqu'un vient vers moi et ne hait pas son père, etc. (Lac, XIV, 26, cf. Matth., X, 37),
« aime son père plus que moi. »—
Voyez encore Jean, XII, 25. Rom., IX, 13. Gen., XXIX, 31. Deut., XXI, 15.
La comparaison peut se présenter sous une forme négative. Gen. ,XLV, 8,
signifie :C'est plutôt Dieu que vous. Marc, IX, 37, signifie : « Ne reçois pas seulement
moi, mais celui, etc. »Cf. Exode, XVI, 8. 1 Sam., VIII, 7. Matth., V, 39. Luc, XIV, 2,
etc.
4° Le pluriel se rapporte souvent à un seul objet, mais en indiquant qu'il s'en trouve
près de là d'autres semblables ; les montagnes d'Ararat, les villes que Lot habitait
(Gen., VIII, 4; XIX, 29, cf. Juges, XII, 7. Néh., III, 8, et Matth., XXIV, 1, où
probablement un seul disciple prit la parole. Luc, XXIII, 36, etc.).

5° Les noms des parents sont souvent employés pour désigner leur postérité. — Gen.,
IX, 25. Canaan, c'est-à-dire ses descendants. (La malédiction prononcée en cette
circonstance ne tomba point sur ceux qui furent pieux, Melchisédec, Abimélec, la
Cananéenne de l’Evangile, etc. (Gen., XIV, 18-20; XX, 6. Matth., XV,22-28). Les
noms de Jacob et d'Israël sont de même fréquemment employés pour désigner les
Israélites.

6° Le mot fils désigne souvent des descendants éloignés, sans égard au nombre des
générations intermédiaires. Cela arrive, du reste, dans presque toutes les langues. —
Les prêtres sont appelés fils de Lévi. Méphiboseth, le fils de Jonathan, est appelé fils
de Saûl (2 Sam., XIX, 24. Voyez aussi Gen., XLVI, 22. Zach., 1,1, cf. Esdras, V, 1. 1
Chron., I, 17).
II résulte de là que le mot frère signifie aussi par extension une parenté collatérale
quelconque. Abraham, oncle de Lot , est appelé son frère (Gen, XIV, 16; XXIX, 12,
15). On a même l'exemple des descendants de Barzillaï par sa fille qui sont appelés du
nom de leur ancêtre maternel (Esdras, II, 61. Néh., VII, 63).
Notre Seigneur est aussi appelé fils de David, parce qu'il en descendait légalement par
Joseph et naturellement par Marie. La connaissance de ces diverses locutions fera
disparaître souvent des contradictions apparentes; ainsi Hathalie, appelée fille d'Homri
et fille d'Achab (2 Rois, VIII, 18, 26) ; Homri était son grand-père. — Voyez aussi 1
Rois, XV, 10, et 2 Chron., XIII, 2. 1 Chron., III, 15, et 2 Chron., XXXVI, 9, 10.
Pg 146-148 (152-154).

Des règles d'interprétation.

Première règle. — Il faut d'abord déterminer le but et l'objet de l'allégorie, soit d'après
le contexte, soit d'après des passages parallèles; il faut examiner en outre quelle est la
vérité fondamentale et unique que la parabole est destinée à mettre en saillie, la
distinguer avec soin de toutes les autres vérités accessoires qui s'y rattachent, et
rapporter à cette vérité fondamentale les différentes parties de la parabole, qui sont
susceptibles d'être entendues dans un sens allégorique.

Seconde règle. — Si quelque doctrine, ou quelque vérité, semble ressortir


naturellement du type ou de la parabole, on ne doit en tirer aucune conclusion
générale, à moins qu'elle ne soit confirmée par les déclarations plus claires et positives
de la Parole de Dieu.

Troisième règle. — Les types et les paraboles ne peuvent suffire à établir une seule
doctrine d'une manière positive. Ils peuvent servir quand une doctrine est établie par
des preuves directes, à l'illustrer, à la confirmer, à la rendre sensible, mais ils ne
peuvent être invoqués comme principal argument.

Toutes ces règles sont l'application de ce qui a été dit précédemment, qu'une
interprétation doit être faite d'après l'analogie de la foi, et que pour l'explication des
passages obscurs il faut recourir à ceux qui sont plus clairs. Pages 233- 237(239-
243).

Interprétation allégorique de l'histoire. — Les principes d'interprétation applicables


à l'étude des allégories, types, etc., sont applicables aussi, d'une manière générale, à
l'étude de l'histoire sainte. L'ancien peuple juif était en effet avec Dieu dans les mêmes
rapports dans lesquels se trouvent aujourd'hui l'Eglise en général et les chrétiens en
particulier. Ses souffrances et sa captivité en Egypte, sa délivrance par Moïse, le
voyage du désert, l'entrée en Canaan, sont des faits symboliques qui rappellent bien
des fois, et souvent dans plusieurs de leurs détails, l'esclavage du péché, les chutes et
les délivrances du chrétien.

Non-seulement les Hébreux vivaient sous la protection du même Dieu, non-seulement


ils étaient gouvernés par la même discipline et la même volonté ; mais les faits de leur
histoire étaient des types, des exemples, des prophéties, des faits semblables qui
devaient se reproduire dans l'histoire de l'Eglise.

L'Ecriture-Sainte, en multipliant les rapprochements de cette nature, nous montre


combien l'histoire du peuple juif est une ruine abondante en leçons sérieuses. C'est
pour notre instruction que les faits anciens ont été écrits (Rom., II, 28. 1 Cor., X, Héb.,
IV. Apoc., XV, 5. 1 Pierre, II, 10).
Les rapports du peuple juif avec quelques-uns des peuples qui l'environnaient sont un
type des rapports de l'Eglise avec ses ennemis: Sodome, Ismaël, l'Egypte, Babylone
ont leurs représentants dans l'histoire du véritable Israël (Gai., IV, 25. Apoc., XIV, 8).

Si, d'un côté, Israël comme fils de Dieu est envisagé quelquefois comme type de notre
Seigneur, d'un autre côté quelques-uns de ses hommes et de ses caractères les plus
éminents sont quelquefois pris à part, comme le préfigurant également : Moïse parmi
les prophètes, David et Salomon parmi les rois; de là certaines expressions qui
s'appliquaient dans l'origine au type et qui sont appliquées à Christ, comme l'antitype
et l'accomplissement (cf. Osée, XI, 1, et Matth., II, 15).

De même que le peuple, les rites et le culte de l'Ancien-Testament avaient une


signification typique. Toute l'économie mosaïque était l'ombre des biens à venir, non
la vive image des choses. Le corps était Christ (Héb., X, 1).

L'histoire et le culte des Hébreux sont un type continu, et saint Augustin a pu dire que
l'Ancien-Testament c'était le Nouveau-Testament voilé, ou vice- versa, que le
Nouveau-Testament c'est l'Ancien-Testament dévoilé. Le fait spécial ou l'institution
dont on s'occupe doit être soigneusement comparé avec les grandes vérités de
l'Evangile, sans qu'on puisse s'attendre à trouver des rapprochements dans tous les
détails, et l'interprétation doit être conforme à l'analogie dola foi, sous peine d'être
reconnue abusive et factice. Pages 240-241 (246-247).

Les points essentiels qu'il faut toujours se rappeler, c'est que l'Ancien-Testament
renferme plusieurs caractères et institutions typiques, dont plusieurs représentent les
qualités ou les défauts que nous devons imiter ou combattre, dont d'autres mettent en
lumière les principes du gouvernement de Dieu dans ce monde , et dont aucun ne doit
être interprété ou expliqué en dehors des révélations plus claires qui nous sont
données dans d'autres portions de la Parole de Dieu. Page 244(250).

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