Neyrand Évolution de La Parentalité Périnatalité 2022

Évolution de la parentalité et rapport à l’enfant — Enjeux
théoriques et débats sociaux

Gérard Neyrand
Dans Périnatalité 2022/2 (Vol. 14), pages 95 à 103
Éditions Lavoisier
ISSN 2678-6524
DOI 10.3166/rmp-2022-0160
© Lavoisier | Téléchargé le 07/09/2023 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.14.140)
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Périnat. (2022) 14:95-103
DOI 10.3166/rmp-2022-0160
ARTICLE ORIGINAL / ORIGINAL ARTICLE
Évolution de la parentalité et rapport à l’enfant — Enjeux théoriques

et débats sociaux
Evolution of Parenthood and Relationship to the Child — Theoretical Issues and Social Debates
G. Neyrand
© Lavoisier SAS 2022
Résumé Le mouvement de fragilisation des positions paren- le père est toujours incertain », et « on ne peut avoir que deux
tales, par l’évolution des mœurs et l’assistance médicale à la parents, et deux seulement ». Ce qui posait le mariage au
procréation, remet en cause les principes juridiques au fon- fondement de la vie familiale, en le considérant comme incon-
dement du modèle familial traditionnel. L’enfant et la fonc- ditionnel et indissoluble, autant que lieu légitime de la pra-
tion éducative des parents s’y trouvent placés au centre des tique sexuelle et de l’engendrement. Il fallait, en effet, que
préoccupations sociales et des débats en cours sur les rap- les règles juridiques sécurisent la filiation en attribuant l’en-
ports complexes entre parenté, parentalité et filiation. À par- fant né d’une femme à son mari, avec pour conséquence la
tir de l’exemple français, l’article donne quelques éléments nécessité de virginité de celle-ci à son mariage et son obliga-
d’éclairage sur cette complexité, l’incertitude qu’elle génère tion de ce qu’on appelait non sans ambiguïté « fidélité » pour
et les perspectives qui se dégagent. désigner une exclusivité sexuelle garantissant l’absence de
naissance illégitime. Ce que le doyen Carbonnier, principal
Mots clés Parentalité · Enfant · PMA · Parenté · Filiation réformateur du droit de la famille, avait résumé dans une belle
formule : « Le cœur du mariage ce n’est pas le couple, c’est la
Abstract The weakening of parental positions, through the présomption de paternité » [1].
evolution of morals and the medically assisted procreation, Aujourd’hui, un mariage sur deux se termine par un
calls into question the legal principles at the foundation of divorce, plus de 60 % des enfants naissent hors mariage, la
the traditional family model. The child and the educational paternité biologique peut être certifiée par l’ADN et la
role of parents are placed at the center of the social concerns maternité biologique scindée en deux lorsqu’il y a don
and of the current debates on the complex relationships bet- d’ovocyte. Voici venu le temps des incertitudes !
ween parenthood and filiation. The article provides some
insights into this complexity, the uncertainty it generates,
and the perspectives that emerge. Les empreintes de l’histoire
Keywords Parenthood · Parenting · Child · Assisted
Sous l’Ancien Régime, cet ordre institué était d’autant plus
reproduction techniques · Kinship · Filiation
difficile à contester qu’il était consacré par la religion et que le
mariage constituait un des plus importants sacrements régis-
sant la vie d’une société de croyants. Si, avec la Révolution, la
Introduction laïcisation de la société instaura le mariage civil comme
mariage officiel et introduisit le divorce, ses effets sur l’ordre
Qu’il semble loin le temps où en France l’ordre familial était familial restèrent relativement peu importants, le père restant
régi par la référence à la puissance paternelle, et où notre droit le chef incontesté de la famille et le divorce disparaissant avec
était structuré par deux grands principes, que l’on pourrait la Restauration en 1816, pour ne réapparaître que sous la seule
résumer ainsi : « la mère est certaine, c’est celle qui accouche, forme du divorce pour faute sous la IIIe République en 1884,
avec la loi Naquet. Si, pour certains, l’ordre familial asymé-
G. Neyrand (*) trique n’était plus référé à la religion, ce sont la Nature et la
Sociologue, professeur émérite à l’université de Toulouse, différence des sexes qu’elle orchestrait qui venaient rendre
Directeur du Centre interdisciplinaire méditerranéen d’études
compte de la différence des places des hommes et femmes,
et recherches en sciences sociales (CIMERSS),
175, rue Fernand-Canobio, F-13320 Bouc-Bel-Air, France pères et mères, non seulement dans la procréation, mais aussi
e-mail : cimerss@sfr.fr dans la famille et la société, même si la puissance paternelle
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avait connu plusieurs restrictions, avec la loi de 1889 insti- dominant de gestion des familles ; sur le plan juridique, en
tuant la possibilité de déchéance paternelle, et celle de 1935 interpellant les règles de filiation ; sur le plan relationnel, en
abolissant la correction paternelle. interrogeant la définition des places parentales. Trois muta-
tions qui justifient que l’on parle de révolution anthropolo-
gique ou culturelle pour caractériser la seconde modernité
Le basculement dans la seconde modernité postannées 1970 [5], et qui ouvrent une nouvelle ère, celle
des « nouvelles » parentalités et celle des remises en ques-
Ce n’est qu’en 1949, lorsque parut Le deuxième sexe de tion de l’ordre social et symbolique antérieur. Les consé-
Simone de Beauvoir, que la contestation de cet ordre ances- quences en sont multiples et profondes, depuis le rapport à
tral trouva véritablement ses bases philosophiques. L’argu- l’enfant jusqu’à la gestion politique de la sphère privée.
mentation de Beauvoir y fit certes scandale, mais elle servit D’une certaine façon, ainsi que je l’énonçais : « la parentalité
de fondement au développement du féminisme moderne et à c’est tout d’abord le nom donné à une politique de gestion
la transformation des représentations sociales qui l’accompa- des populations, et c’est ensuite un terme employé pour dési-
gna, non sans tensions avec l’affirmation parallèle dans les gner la construction, à la fois sociale et psychique, du rap-
écrits cliniques de la maternalité, car dans le même temps, port parent–enfant, insistant de ce fait sur son caractère
Spitz, Bowlby, Winnicott, Aubry et consorts œuvraient à la dynamique et changeant, d’une situation familiale à l’autre,
théorisation de fonctions et de rôles parentaux fondamenta- d’une société à l’autre et d’une époque à l’autre... » [6].
lement divergents, la mère y trouvant l’exhaussement de sa
place parentale dans la dyade qu’elle formait avec le bébé,
s’appuyant sur une préoccupation maternelle primaire qui Une gestion des familles par la parentalité
n’apparaissait pas susceptible d’être partagée avec le père,
tant celui-ci était pour Winnicott et la plupart de ses contem- Effectivement, la prise dans le langage politique du terme
porains « incapable de tirer du plaisir du rôle qu’il doit jouer parentalité n’est pas neutre, elle intervient à ce moment où
et incapable de partager avec la mère la grande responsa- l’enfant se retrouve placé au centre de la famille en cela
bilité qu’un bébé représente toujours pour quelqu’un » [2]. même qu’il la constitue, et où la gestion des familles va être
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, et de plus en plus recentrée sur la gestion de la parentalité, parentalité appré-
d’auteurs reconnaissent au père la capacité à assumer une hendée par le politique essentiellement par le biais du devoir
position de soin et de proximité affective avec le bébé que d’éducation que les parents ont à l’égard de leur enfant. Ce
manifeste la grande majorité des pères d’aujourd’hui dans dont j’essaie de rendre compte en identifiant la constitution
les sociétés occidentales [3]. En parallèle, des évolutions d’un dispositif de parentalité au tournant du XXIe siècle, avec
majeures se sont produites, aussi bien au niveau des mœurs trois écrits analysant ce processus d’autonomisation du
que des possibilités offertes par la médecine de la reproduc- parental comme support d’un discours social dominant et
tion. Le mariage a perdu sa valeur instituante aussi bien sur enjeu d’une stratégie politique de gestion [7–9]. Cette valo-
le plan de la pratique sexuelle que sur celui de la procréation : risation sociopolitique de la parentalité s’est effectuée au
ainsi la vie sexuelle n’a plus à être légitimée par l’institution regard de la promotion de celle-ci par la clinique d’inspira-
du mariage et le consentement réciproque est devenu la clé tion psychanalytique, qui a montré l’importance de la vie
de la pratique [4], l’idée même d’enfant illégitime a disparu ; affective et relationnelle du jeune enfant et son rapport aux
et l’assistance médicale à la procréation a permis à des cou- parents, en bénéficiant d’une diffusion de ces savoirs depuis
ples inféconds de procréer avec l’aide d’un tiers. Sexualité et la Seconde Guerre mondiale grâce aux moyens de commu-
procréation ne vont plus de pair, et le mariage y a perdu son nication de masse qui ont marqué l’entrée dans une société
fondement. En effet, avec le développement des séparations, de consommation [10].
la parentalité s’est partiellement déliée de la conjugalité, per- Dès lors, les sciences de l’homme vont de plus en plus
mettant d’opérer la distinction entre couple conjugal défunt inspirer une gestion politique confrontée à une complexifi-
et couple parental survivant, et est encadrée par l’institution cation extrême des fonctionnements familiaux, liée aussi
de la coparentalité en toutes circonstances (lois de 1987, bien aux transformations des mœurs et des représentations
1993 et 2002 sur l’autorité parentale). qu’au développement d’une médecine de la procréation. Se
développent alors dans la seconde moitié du XXe siècle, après
la mise en place de structures visant à sécuriser les situations
La parentalité comme nouveau principe familiales comme, en 1945, la protection maternelle et infan-
d’ordre tile (PMI) ou l’Union nationale des associations familiales
(UNAF), une politique d’incitation à la recherche en matière
Prise dans ce bouleversement, la parentalité a connu trois familiale portée notamment par la Caisse nationale des allo-
mutations : sur le plan politique, en devenant le principe cations familiales (CNAF) et visant à mieux comprendre les
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mutations en cours et leurs effets sur l’enfant, parallèlement C’est dans ce contexte tendu que s’est développée une
à une évolution du droit de la position surplombante tenue au approche des situations familiales par la parentalité, afin
début du XXe siècle à l’encadrement des mœurs à la fin de ce d’essayer de mettre à plat les questions posées par la sortie
même siècle [11]. Rappelons parmi les lois ainsi promues du modèle matrimonial de la famille et la crise des référents
celles qui vont avoir un impact majeur sur la parentalité. traditionnels qui l’a accompagnée.
Une volonté législative de structurer De la famille conjugale traditionnelle

l’évolution autour de l’enfant et la parentalité à la pluriparentalité
Passer d’une famille fondée par le mariage à une famille

De fait, pour encadrer cette période foisonnante, les lois vont
créée par la venue de l’enfant est un processus ni simple ni
se développer dans quatre directions :
facile. Certes, les indicateurs démographiques indiquent que
• l’égalisation des places parentales, avec notamment la loi le passage a bien eu lieu : les divorces et séparations ont
explosé, l’union libre s’est diffusée, les naissances hors
de 1970 remplaçant la puissance paternelle par l’autorité
parentale conjointe, puis celle sur l’autorité parentale met- mariage se sont multipliées (63,5 % en 2021) et le nombre
tant en place la volonté de coparentalité en toutes circons- de pactes civils de solidarité (Pacs) institué en 1999 est en
tances, jusqu’à la reconnaissance de la résidence alternée passe de dépasser le nombre de mariages annuels. Un nou-
des enfants de parents séparés en 2002 ; veau modèle familial s’est ainsi développé depuis les années
• l’autonomisation des personnes, notamment des femmes, 1970, qui distingue le conjugal et le parental, aussi bien que
le sexuel du procréatif, et qui laisse une beaucoup plus
avec les lois égalisant les régimes matrimoniaux, la loi
Neuwirth de 1967 donnant libre accès à la contraception grande liberté aux individus pour organiser leur vie privée,
et permettant ainsi de dissocier la pratique sexuelle de la même si en parallèle des normes très fortes de comportement
procréation, la loi Veil de 1975 légalisant l’interruption se sont affirmées et ont été intériorisées par tous : l’amour est
volontaire de grossesse, et la loi sur le divorce de la même devenu la clé de l’union (pour sa constitution autant que son
année élargissant les possibilités de divorce ; maintien) [13], et la valorisation de l’enfant autant que la
• la sécurisation de l’accueil des jeunes enfants et l’affirma- proximité au bébé ont atteint des niveaux inégalés, qui pla-
cent de plus en plus de parents dans une difficulté à tenir leur
tion de leurs droits, aboutissant à la Convention interna-
tionale des droits de l’enfant de 1989, puis aux lois de position parentale.
2007, 2016 et 2022 sur la protection de l’enfance ; Pourtant, face à ce modèle devenu dominant, l’ancien
• et enfin, la reconnaissance progressive des « nouvelles modèle matrimonial résiste, que sa référence soit théocra-
parentalités », liées aussi bien à l’évolution des mœurs tique ou naturaliste, et partout ses défenseurs manifestent
qu’à celle de la procréatique, avec les lois de bioéthique, leur attachement à une façon de concevoir les relations fami-
et une reconnaissance du mariage des personnes homo- liales qui n’est plus partagée par tous. En conséquence, le
sexuelles en 2013 qui fit couler beaucoup d’encre. maître mot aujourd’hui est la montée des incertitudes [14],
et nous sommes entrés dans l’ère de la self norme : « Il s’agit,
Malgré cet effort d’encadrement des mutations et cette à l’époque du règne de l’individualisme, de la capacité de
volonté de pacification des conflits les accompagnant, la chacun à produire ses propres normes, ou plutôt à capter les
métamorphose du droit est loin d’être aboutie et pleinement normes ambiantes et à choisir parmi la profusion des nor-
satisfaisante, tant les opinions et les positions sont divergen- mes existantes, parfois contradictoires, celles qui convien-
tes, et même si l’opinion publique est plus ouverte qu’autre- nent à la situation et à l’état d’esprit du moment, quitte à
fois à ce qu’on a appelé les nouvelles parentalités, allant de la en changer au prochain épisode » [13].
nouvelle place prise par les beaux-parents à l’affirmation des Les situations parentales en deviennent extrêmement
homoparentalités, plus de 50 ans après la loi de 1966 intro- complexes, puisque, non seulement se sont multipliées les
duisant la possibilité d’adoption de bébés et distinguant structures considérées autrefois comme atypiques (monopa-
adoption plénière et adoption simple. Témoin de cette diffi- rentales, recomposées, homoparentales, etc.) mais se sont
culté, le report depuis plusieurs mandatures d’une loi fami- multipliées aussi les façons de vivre son couple et de mettre
liale censée harmoniser et simplifier un cadre juridique qui en œuvre sa parentalité. La conséquence en est que fréquem-
présente beaucoup d’incohérences, alors que le statut des ment les parents sont perdus, pris dans une société à la fois
beaux-parents reste dans le flou et que les situations nou- démocratique et néolibérale qui fonctionne à la responsabi-
velles produites par l’aide médicale à la procréation conti- lisation [15], bien souvent une sur-responsabilisation des
nuent à susciter d’âpres débats, dans lesquels la question de parents [16]. Les normes de (bonne) parentalité sont en
la filiation s’avère centrale [12]. conséquence vécues comme des injonctions [17], alors que
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le soutien et l’accompagnement des parents apparaissent lisant ainsi l’émergence d’un dispositif de parentalité. Si
comme une nécessité quasi structurelle de nos sociétés com- ceux-ci ne furent pas remis en question par la suite, tant le
plexes, où les enfants arrivent de plus en plus tard chez des soutien à la parentalité semblait être devenu une nécessité
parents isolés de leurs familles, et qui ne trouvent pas forcé- structurelle, on sait que le changement de gouvernement de
ment d’accord dans les réponses à leurs questionnements 2002 allait entraîner un certain nombre de tensions quant à la
chez les analyses de ceux posés en spécialistes des questions façon d’interpréter leur objectif et de définir les moyens d’y
familiales, dont les sensibilités à l’égard de ces évolutions répondre. Contrairement à l’objectif de départ, formalisé
sont d’autant plus diverses que leurs origines disciplinaires dans sa charte, et qui posait l’ouverture du soutien à tous
sont multiples et que leurs écoles de pensée s’opposent par- les parents dans une perspective de « prévention primaire »,
fois avec fracas, à l’image des courants psychiatriques il est plutôt privilégié un centrage sur les parents les plus en
contemporains. difficulté dont les enfants posent problème, dans une pers-
pective de « prévention secondaire », avec la création
en 2006 des contrats de responsabilité parentale (de fait très
Désarroi des parents et mise en place peu mis en œuvre tant les réticences étaient fortes), puis
du soutien aux parents en 2007, dans le cadre de la loi sur la prévention de la délin-
quance, la mise en place du stage de responsabilité parentale
Dans un tel contexte, le désarroi des parents est patent, lié et du Conseil pour les droits et devoirs des familles, dans un
aussi bien à une fragilisation des liens familiaux renforcée contexte de plus en plus prégnant de gestion managériale du
par la montée de la précarité, et les risques de désaffiliation soutien.
que cela entraîne [18], qu’aux difficultés à endosser une
position parentale qui a perdu son évidence d’autrefois.
Dès le début de ce basculement dans une nouvelle structura- Une gestion du parental fluctuante
tion de la sphère privée, la société civile et ses associations
ont élaboré des réponses aux nouvelles situations parentales : Autant d’évolutions qui témoignaient de la tension de plus
création des crèches parentales, sur le modèle de la crèche en plus forte entre ce que le mouvement Pas de 0 de conduite
sauvage de la Sorbonne de mai 1968 [19], rapidement fédé- pour les enfants de 3 ans appellera la « prévention prédic-
rées par l’Association des collectifs enfants parents profes- tive » en l’opposant à la « prévention prévenante ». Car une
sionnels (ACEPP), diffusion des lieux d’accueil enfants– polémique a illustré ces divergences de conception, lorsque
parents (LAEP), dont le modèle fut incontestablement la le ministre de l’Intérieur en 2005 a repris une conclusion très
Maison verte, fondée par Dolto, This et leur équipe controversée d’un rapport réalisé sous l’égide de l’Inserm
en 1979 [20], importation d’Amérique du Nord de la média- [26], selon laquelle il serait possible de prévenir la délin-
tion familiale [21,22] et des espaces rencontre pour les sépa- quance chez les enfants de trois ans trop agressifs. La réac-
rations conflictuelles [23], multiplication des groupes de tion très forte de membres de la société civile et la diffusion
parole de parents [24]… tout un ensemble d’initiatives asso- de la pétition Pas de 0 de conduite, signée par pas moins de
ciatives qui témoignaient du dynamisme de la société civile 200 000 personnes, entraîna le retrait de cette mesure dans la
en matière de ce que l’on allait appeler le soutien à la paren- loi déjà évoquée sur la prévention de la délinquance votée
talité. Leur intérêt fut assez rapidement reconnu par les ins- en 2007.
titutions forcées de s’inscrire dans la nouvelle problématique On comprend que cette agitation ne pouvait guère répon-
de l’État Animateur [25], lorsque l’État, débordé par la mon- dre efficacement au désarroi manifesté par beaucoup de
tée de la précarité, ne put plus être appelé Providence, et parents aussi bien qu’au malaise rencontré chez les interve-
qu’il délégua un certain nombre de ses fonctions de solida- nants du soutien, placés au centre d’injonctions contradictoi-
rité à la société civile. Dès leurs débuts, la Fondation de res [27], alors même qu’en 2010 est créé le Comité national
France soutient le lancement de ces initiatives, en 1995 la de soutien à la parentalité (CNSP), et que sa volonté d’arti-
CNAF crée une ligne budgétaire pour soutenir les LAEP, et culer le soutien à la parentalité avec la prévention de la délin-
la Justice soutient et valorise la médiation familiale et les quance est mal vécue par beaucoup. Le changement de gou-
espaces rencontre, sans avoir pour autant les moyens de le vernement de 2012 arrêta là le processus, donnant alors aux
faire au niveau financier. caisses d’allocation familiale une place de leader dans le
Il faut cependant attendre la fin des années 1990 pour que soutien à la parentalité en l’articulant avec les REAAP. Ce
le gouvernement socialiste de l’époque, lassé de constater la qui aura pour effet d’harmoniser sur l’ensemble du territoire
montée du discours sur la « démission des parents » dont les français une politique d’accompagnement des parents très
enfants posent problème dans l’espace public (incivilités et diversement mise en place jusque-là. En liant la politique
délinquance), décide de créer les réseaux d’écoute, d’appui de soutien aux parents avec la politique de la petite enfance,
et d’accompagnement des parents (REAAP) en 1999, forma- la Convention d’objectif et de gestion (COG) 2018–2022
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des CAF donnera plus de place encore au soutien, compen- même avec l’accouchement sous X. Il permet aussi que des
sant quelque peu le relatif faible investissement financier que « parents de volonté » deviennent des parents adoptifs. Mais
cette politique de soutien représente. la désinstitutionnalisation du mariage, en multipliant les
Plusieurs mesures emblématiques vont alors marquer unions libres et les divorces, a provoqué une augmentation
cette volonté d’allier soutien à la parentalité et petite considérable de personnes en situation de parents de fait,
enfance : la création en 2016 du Conseil de l’enfance et de sans être reconnus comme tels, des concubins n’ayant pas
l’adolescence, puis, sous la nouvelle mandature présiden- reconnu leur enfant, des beaux-parents, des parents d’ac-
tielle, la nomination en 2019, d’un secrétaire d’État aux cueil, et, avec l’assistance médicale à la procréation, des
droits fondamentaux de l’enfant, le soutien à la parentalité homoparents. Autant de situations auxquelles la notion de
et la lutte contre les maltraitances, devenu en 2020 chargé de parentalité pourrait apporter une réponse. Cependant, ren-
l’Enfance et des Familles. Cette préoccupation affichée pour voyer la définition du parent à son approche par la parenta-
l’enfance et la parentalité se marque par la création de la lité est loin de résoudre le problème pour plusieurs raisons :
Commission des 1 000 premiers jours [28], sans pour autant d’abord parce que l’extension du terme parentalité varie
qu’y soit intégrée la perspective sociologique, laissant ainsi selon les aires géographiques et linguistiques — là où l’ap-
craindre la prévalence d’une approche médicocomportemen- proche anglo-saxonne distingue parenthood et parenting le
taliste… Ultime étape, la nomination en mai 2022, lors de la français lui donne un sens plus englobant, incluant les trois
nouvelle mandature, d’une secrétaire d’État à l’enfance. dimensions du biologique (les géniteurs), du juridique (les
En même temps qu’elle se structure et s’institutionnalise, parents légitimés comme tels) et de l’éducatif (ceux qui assu-
la politique de soutien à la parentalité ne manque pas de rent soin et éducation) —, ensuite parce que le terme paren-
susciter de nouvelles interrogations, du fait de sa gestion talité est polysémique, mêlant l’appréhension spontanée du
de plus en plus managériale, mais aussi du fait des hésita- sens commun (la position parentale) aux déclinaisons diver-
tions qu’elle manifeste, prise entre des options divergentes gentes des disciplines : les fonctions exercées par les parents
de références scientifiques et idéologiques, et une difficulté à pour l’anthropologie [29], le lien psychique pour le champ
dégager une ligne directrice claire, à l’heure où de plus en de la santé mentale [30], la métamorphose familiale pour la
plus le secteur marchand investit le domaine de l’accompa- sociologie [31].
gnement de parents dont les caractéristiques et les situations En dehors de ces difficultés d’utilisation, le principal inté-
sont de plus en plus diverses et variées. rêt de la parentalité est de permettre de réaliser le détour
conceptuel que ne permettait pas l’approche par la parenté1,
en distinguant comme étant les trois niveaux de la parentalité
Diversité familiale et extension du parental ceux, déjà évoqués, du biologique, du juridique et du psy-
choéducatif. Les différents travaux réalisés sur la parentalité,
Aujourd’hui, une diversité de situations parentales et de for- ses enjeux, ses usages, ses fonctions, et son rapport au social
mes familiales qui les accueillent se trouve confrontée à une et au politique [34-39] ont dégagé un espace d’interprétation
diversité de façons de les interpréter, liée aussi bien aux pré- de celle-ci qui permet de prendre en compte la diversité de
supposés théoriques des courants qui les analysent qu’aux ses manifestations et de l’articuler au juridique et au social,
conceptions de l’humain et de l’ordre social. Le sujet est autrement dit à la structure de la parenté et à la probléma-
d’autant plus délicat que les positions sont souvent tran- tique du soutien. Inspirée de ces travaux, une définition offi-
chées, mêlant arguments scientifiques (selon des méthodolo- cielle en a été produite par le CNSP le 10 novembre 2011,
gies multiples), anthropologiques (l’organisation de la qui reprend les principaux apports des différentes études sur
parenté et de la filiation) et moraux (depuis les convictions la question : les approches anthropologique, avec la notion
religieuses jusqu’aux valeurs de la citoyenneté), alors même de fonction, psychologique, avec celle de lien, et sociolo-
que ce qui est centralement interrogé constituait autrefois gique, avec la diversité des structures familiales, subordon-
une donnée d’évidence : la définition du parent. nant le tout au bon développement de l’enfant. « La paren-
talité́ désigne l’ensemble des façons d’être et de vivre le fait
d’être parent. C’est un processus qui conjugue les différen-
Qu’est-ce qu’un parent ? tes dimensions de la fonction parentale, matérielle,
Classiquement, est un parent celui qui se reconnaît et est

1
reconnu comme tel : la mère est ainsi instituée par l’accou- Sauf à distordre le terme parenté, comme a pu le faire à un certain
chement et le père a besoin de reconnaître sa paternité (par la moment Anne Cadoret en parlant de « parenté sociale », qui serait
additionnelle à la parenté stricto sensu pour constituer une « parenté
déclaration de naissance) pour être institué à l’identique.
d’élection », et en cas de placement une « parenté d’accueil » [32].
Notre droit permet cependant facilement que le père s’y De la même façon que pour le terme « parenté nourricière » employé
refuse, et, beaucoup moins facilement, que la mère fasse de notamment par Fabri [33].
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psychologique, morale, culturelle, sociale. Elle qualifie le On retrouve ces deux positions dans la plupart des écrits,
lien entre un adulte et un enfant, quelle que soit la structure parfois chez les mêmes auteurs, car la polysémie du terme
familiale dans laquelle il s’inscrit, dans le but d’assurer le parentalité facilite les passages de l’une à l’autre : une oppo-
soin, le développement et l’éducation de l’enfant. Cette sition entre (structure de la) parenté [42] et (manifestation
relation adulte/enfant suppose un ensemble de fonctions, concrète de la) parentalité, ou une inclusion de la parenté
de droits et d’obligations (morales, matérielles, juridiques, dans la parentalité comme étant un de ses niveaux2. Nous
éducatives, culturelles) exercés dans l’intérêt supérieur de pencherons plutôt pour cette deuxième façon de voir, même
l’enfant en vertu d’un lien prévu par le droit (autorité́ si on peut comprendre que la référence à la distinction anglo-
parentale). Elle s’inscrit dans l’environnement social et saxonne entre parenthood et parenting puisse amener à pré-
éducatif où vivent la famille et l’enfant. » senter les choses autrement.
Notons que la dernière partie de la définition la relie au Toujours est-il que ce qui spécifie la parentalité est bien sa
juridique, en évoquant droits et obligations, en correspon- troisième dimension, de soin et d’éducation, liée à une coha-
dance avec ce que le droit a défini comme support du rapport bitation avec l’enfant permettant l’élaboration d’un lien vécu
parent–enfant depuis 1970 : l’autorité parentale. Si cette comme parental, ainsi que le désigne le terme beau-parent.
définition a le mérite d’articuler les différentes dimensions La difficulté à ce que la reconnaissance de cette dimension
en jeu, dans une perspective dynamique et en insistant sur les comme parentale pour les beaux-parents, les coparents en
dimensions du vécu, elle laisse dans le flou la question du situation homoparentale (les homoparents pour parler vite),
statut du parent et ses rapports au cadre fourni par la parenté. voire les parents d’accueil, soit effective tient bien sûr aux
nouvelles places induites dans la structuration de la parenté
de l’enfant, et à l’aménagement des règles de filiation que
cela suppose, en tenant compte des rapports que ces diffé-
Parenté, parentalité et filiation : des rapports rentes situations peuvent avoir entre elles. À ce sujet, il n’est
ambigus pas sans intérêt de rappeler que le projet de loi sur le statut du
beau-parent proposé en 2007 par la Défenseure des enfants
[44], par ailleurs soutenu par le président de la République,
Il va donc s’agir de préciser comment ces termes peuvent
ne fût pas voté par une partie de sa majorité par peur que ce
être articulés, alors même que différents rapports ont déjà
statut n’amène par la suite à reconnaître un statut semblable
essayé de la faire sans jamais réaliser un consensus suffisant
aux coparents homoparentaux… Les questions d’héritage ou
pour être entérinés par la loi, qu’ils soient juridiques comme
de maintien des liens entre beau-parent et beaux-enfants res-
celui de Dekeuwer-Defossez [40], ou sociologiques comme
tent ainsi toujours sans réponses.
celui de Théry [12].
La question de la parentalité d’accueil que nous avons
Concernant la parenté, qui structure les règles de filiation, essayé de formaliser avec N. Chapon [45] pose, tout de
il y a au moins deux façons de concevoir ses rapports avec la même, un certain nombre de questions qui sont encore loin
parentalité. S’il est possible d’opposer la parentalité, comme d’être résolues. Le dispositif de protection de l’enfance
niveau pratique de mise en œuvre des fonctions parentales, à effectue environ la moitié des placements d’enfants dans des
la parenté, comme niveau d’organisation sociale des rapports familles d’accueil, auxquelles il est demandé aux assistantes
entre les membres d’une famille, il semble plus logique de familiales (et aux rares assistants) proximité maternelle et dis-
concevoir la parenté comme incluse dans le cadre plus large tance professionnelle en même temps. Ce qui paraît extrême-
de la parentalité, en tant que celle-ci organise les trois niveaux ment difficile, a fortiori s’il s’agit d’un bébé ou jeune enfant.
du fait parental : biologique, en ce qu’il résulte d’une alliance À ces injonctions paradoxales [27,46] s’ajoute la non-
à contenu sexuel ; juridique, en ce qu’il renvoie à un pro- reconnaissance par l’institution de la présence du père et de
cessus d’affiliation sociale ; et psychoéducatif, participant de la fratrie alors même qu’est souhaitée la présence d’une
la socialisation de l’enfant [41]. Avec cependant cette restric- famille. Les professionnels en question connaissent donc un
tion que si la parentalité constitue un organisateur des rela- double déni, de la position parentale qui leur ait demandé de
tions parents–enfants, la parenté, elle, s’applique à l’ensemble tenir et de la dimension familiale de l’accueil. Parler de paren-
des relations familiales, et concerne un nombre bien plus talité d’accueil permet alors la reconnaissance de cette posi-
important d’acteurs (oncles, tantes, cousins…). tion particulière à la fois parentale (parentalité) et profession-
nelle (d’accueil), en même temps que cela permet de laisser
2
À contre-courant de cette approche, certains anthropologues, qui ont leur place aux parents d’origine en mettant les parents d’ac-
une conception extensive de la parenté, présentent la parentalité – cueil en position de suppléance parentale. Lorsqu’il y a
réduite à sa manifestation concrète – comme incluse dans la parenté.
volonté pour eux d’adoption de l’enfant, la possibilité est
De même, Godelier [43], parle-t-il des « fonctions de la parenté » et du
« champ de la parentalité », là où Goody parle des fonctions de la offerte dans un nombre de cas restreint d’une adoption plé-
parentalité (parenthood)… [29] nière (lorsque le lien de l’enfant à ses parents d’origine est
Périnat. (2022) 14:95-103 101
rompu), mais le plus souvent une adoption simple serait une citoyens vivent les mutations et utilisent les moyens socio-
solution satisfaisante, que le consensus juridique permet juridiques que celles-ci ont provoqués ne correspond pas
encore aujourd’hui difficilement [47]. forcément à la façon dont on les avait pensés. Ainsi, le Pacte
De fait, la parentalité d’accueil, au même titre que l’assis- d’union civile, qui avait été pensé au départ comme une pos-
tance médicale à la procréation avec donneur, indique clai- sibilité d’institutionnalisation du couple homosexuel, a été
rement à quel point notre droit de la famille est sommé de investi massivement par les couples hétérosexuels et a qua-
réviser les deux grands principes qui étaient à son fonde- siment rattrapé le nombre de mariages annuels. Ces couples
ment : « la mère est certaine, le père incertain » et « on ne y trouvent une alternative intéressante à un mariage civil
peut avoir que deux parents ». On comprend que cela pro- construit sur le modèle du mariage religieux et dont les pré-
duise quelques remous à de multiples niveaux puisque cela supposés et la symbolique embarrassent beaucoup de nos
implique la reconfiguration de notre structure anthropolo- contemporains [53]. De la même façon, les opinions sont
gique organisant la parenté. partagées sur l’utilisation des dons de gamètes et penchent
plutôt vers sa facilitation.
Faut-il y voir le signe d’une montée d’un individualisme
Des conceptions divergentes de l’organisation que rien n’arrêterait ou un progrès des valeurs de la démo-
de la famille cratie républicaine ? Les deux interprétations coexistent et ne
sont pas véritablement exclusives [54].
Les débats à ce sujet font rage et sont loin d’être arrivés à
leur terme. Ils connaissent plusieurs points de clivage, liés,
d’une part, aux évolutions des comportements depuis une Conclusion
cinquantaine d’années, d’autre part, aux effets de la méde-
cine de la reproduction, notamment lorsqu’il y a don de Comprendre la place prise par la parentalité aujourd’hui dans
gamètes. De ce fait, les lois de bioéthique sont toujours en les discours sociaux de tous ordres qui y font référence sup-
perspective de révision, et les comités d’éthique peu suscep- pose de replacer sa montée dans les mutations qui agitent la
tibles de proposer des perspectives pleinement satisfaisantes, France et les pays occidentaux depuis 50 ans, et dont les
tant ils sont composés de personnes de sensibilités très diver- conséquences sur l’organisation de la famille et de la parenté
ses, notamment des représentants des différentes religions. sont fondamentales. Au centre des préoccupations contem-
On pourrait opposer en la matière des « traditionalistes », poraines, on trouve désormais l’enfant, valorisé autant par
dont les argumentations peuvent être parfois très sophisti- ces mutations (il fait famille désormais) que par la médiati-
quées [48], à des « progressistes », qui sont loin eux aussi sation des travaux des sciences humaines (retranscris aussi
de présenter des positions convergentes. Ainsi en est-il, par bien dans la conscience de l’importance de la prime enfance
exemple, de l’opposition entre la position de Théry [49], qui, que dans la valorisation de ses droits) et par un discours
soutenant le projet de mariage pour les personnes de même social qui le place — au même titre que le conjoint —
sexe, indique : « Depuis que la filiation s’en est entièrement comme support de réalisation de soi et d’épanouissement
autonomisée, le cœur du mariage n’est plus la présomption parental. La parentalité y trouve sa valorisation, elle qui est
de paternité, mais le couple » [50], et qu’il faudrait distin- d’abord appréhendée comme support majeur de son éduca-
guer trois possibilités de filiation : par procréation, par adoption, en premier lieu au niveau politique, mais qui se trouve
tion et par engendrement avec tiers donneur [12] ; alors que, aussi surinvestie par nombre de parents dont la proximité à
dans le prolongement de leur travail sur le Pacs [51], Borillo leurs enfants débouche aussi bien sur une difficulté à assu-
n’hésite pas à qualifier l’approche de Théry comme partici- mer une place parentale qu’à une « explosion » des burn out
pant du « néobiologisme » d’une pensée « néoconservatrice parentaux [55]. La place prise par l’assistance médicale à la
de gauche » [52]… Dès lors, le débat est loin d’être clos et procréation dans ce processus est complexe, car, en même
laisse ouvertes les divergences d’orientation, tant du côté de temps qu’elle contribue à montrer que la définition de l’en-
la sociologie que de la clinique. fant et de la parentalité est bien sociale, elle alimente un
Il ne saurait être question ici de le résumer, encore moins certain nombre de fantasmes sociaux, comme celui de « l’en-
d’en réaliser la synthèse, tant les apports sont multiples et fant parfait » ou celui du « droit à l’enfant », qui interfèrent
complexes, rappelons simplement que, alors que la possibi- dans les débats sur les « nouvelles parentalités » et contri-
lité d’utiliser l’AMP pour les couples de femmes a été votée, buent à alimenter l’incertitude ou le désarroi dans lesquels
la question de la gestation pour autrui est celle qui, à l’heure beaucoup de parents ou de postulants à ce rôle se trouvent
actuelle, divise le plus, prise entre la logique du don et celle plongés.
de la marchandise… Quels que soient les obstacles et les tourments rencontrés
Les mœurs, pour autant, ne suivent pas forcément la par une évolution aussi profonde et complexe, il ne semble
même logique, et l’on se rend compte que la façon dont les pas qu’elle puisse être réversible, et il reste à la société et ses
102 Périnat. (2022) 14:95-103
instances normatives d’arriver à harmoniser un processus 18. Thalineau A (1998) Divorce et précarité : famille, tu me tiens…
d’enrichissement de la parentalité qui passe aussi bien par Quand rupture conjugale et rupture professionnelle s’enchaînent.
Dialogue 141:45–54
la reconnaissance de la diversification de ses supports (la 19. Cadart ML (2006) Des parents dans les crèches, utopie ou réa-
diversité parentale) que par l’acceptation de la pluralité de lité ? Accueillir la diversité des enfants et des familles dans le
ses modes de fonctionnement. Ce qui suppose que l’effort de réseau des crèches parentales. Érès, Toulouse, 240p
formalisation juridique se poursuive avec constance et per- 20. Dolto F (2009) Une psychanalyste dans la cité : l’aventure de la
Maison Verte. Gallimard, Paris, 387 p
mette de reconnaître qu’aujourd’hui la parentalité est multi-
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Évolution de la parentalité et rapport à l’enfant — Enjeux

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Évolution de la parentalité et rapport à l’enfant — Enjeux théoriques

Une volonté législative de structurer De la famille conjugale traditionnelle

Passer d’une famille fondée par le mariage à une famille

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