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Mes

TD
d’ économie
Guy-Patrick Mafouta-Bantsimba

Microéconomie
Mes
TD
d’économie
Guy-Patrick Mafouta-Bantsimba
Maître de conférences à l’université
de Savoie Mont Blanc, Campus d’Annecy

Microéconomie
Retrouvez les ouvrages de la collection

ISBN 9782340-040670
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2020
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
À la mémoire de mon père Raphaël Mafouta,
et ma tante Honorine NTombo
Sommaire
Conseils de méthodologie
I. Conseils sur l’apprentissage de la microéconomie.......................................... 8
II. Savoir-faire en microéconomie................................................................ 10

Thèmes
Thème 1 La cohérence des préférences du consommateur..............................21

Thème 2 La représentation graphique des préférences


par des fonctions d’utilités......................................................... 29

Thème 3 La contrainte du revenu et sa représentation graphique................... 37

Thème 4 Le choix optimal du consommateur : cas général............................. 45

Thème 5 Le choix optimal du consommateur : cas extrêmes........................... 53

Thème 6 L’impact d’une variation du revenu sur l’équilibre


du consommateur..................................................................... 61

Thème 7 L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du consommateur.......69

Thème 8 La modification du prix et changement de la structure


de consommation..................................................................... 79

Thème 9 Les élasticités de la demande...................................................... 93

Thème 10 La demande et taxations........................................................... 101

Thème 11 La représentation de la fonction de production..............................109

Thème 12 La représentation de la fonction de coût...................................... 119

Thème 13 Le choix d’efficience sur la production......................................... 127

Thème 14 Le choix d’efficience sur la fonction de coût.................................. 135

Thème 15 La relation productivités, coûts et économies d’échelle................... 145

Thème 16 Le choix optimal du producteur en courte période.......................... 153

5
Thème 17 Le choix optimal du producteur en longue période......................... 157

Thème 18 Le choix optimal en matière de profit..........................................165

Thème 19 L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets de taxation.........171

Thème 20 L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite..................... 179

Thème 21 L’équilibre du marché en monopole.............................................189

Thème 22 L’équilibre du marché en concurrence monopolistique.................... 203

Thème 23 L’inefficacité sociale du monopole............................................... 211

Thème 24 L’équilibre du marché en oligopole.............................................. 221

Thème 25 L’équilibre général en économie d’échange...................................233

Thème 26 L’équilibre général en économie d’échange avec production............ 249

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Partie 1
Conseils
de méthodologie

Ces conseils méthodologiques ont pour but de mettre en exergue les spécificités de la micro-
économie. Ce sont des conseils généraux qui n’ont pas l’ambition de présenter l’ensemble de la
méthode propre à chaque type d’exercice retenu mais de souligner leurs principales difficultés et
d’insister sur les savoir-faire.
I. Conseils sur l’apprentissage
de la microéconomie
La microéconomie est une discipline dont l’objet est d’étudier le comportement
rationnel des agents économiques. Ces agents sont des individus, ou des organisations
qui prennent part à des relations économiques qui sont la production, la consommation
ou l’échange.
Il existe plusieurs types d’exercices relatifs aux contextes de consommation, de
production ou d’échange qu’il faut apprendre à réaliser au cours des études d’économie.
Pour les réussir, chacun d’eux nécessite le respect d’une méthodologie précise
(résumé par une règle et un contexte) ainsi que des connaissances des principes généraux
énoncés dans le cours. En conséquence, avant de traiter un exercice de microéconomie
vous devez acquérir les connaissances suffisantes sur le thème à traiter en faisant une
fiche synthétique qui comprend le contexte et les règles qui lui sont associés. La suite
n’est qu’un problème de calcul. Ainsi, après quelques conseils sur l’apprentissage de la
matière, il sera proposé les savoir-faire fondamentaux à la matière.

1. Le cours
On entend souvent dire par certains étudiants que la microéconomie est une matière
difficile parce qu’il y a des calculs, une abstraction des concepts et des contextes décrits.
Cette affirmation est fausse par ignorance et doit être réfutée, car d’une part, l’abstrac-
tion est une méthode qui permet de prendre en compte tous les cas factuels particuliers,
et d’autre part la formulation mathématique est souvent limitée au strict nécessaire
(comment mesurer sans calcul) surtout dans la période d’initiation. Avant toute chose,
la microéconomie se comprend et c’est par cet effort de compréhension que l’on peut s’en
imprégner et ensuite la mémoriser. Le conseil est d’apprendre avec méthode. C’est-à‑dire
pour chaque thème construire une fiche qui regroupe les définitions, les propriétés, les
règles et les types de question qui conditionnent les exercices d’application.

▶ Conseils
Pour bien comprendre le cours de microéconomie il faut que les leçons successives, mais
surtout les concepts présentés, aient du sens pour vous. N’hésitez surtout pas à demander des
éclaircissements. Toutefois, voici quelques questions qui doivent vous aider à structurer votre
compréhension de la matière. Ces questions doivent être posées pour chaque notion qui n’a
pas de sens pour vous.
– C’est quoi ? : définition.
– À quoi ça sert ? : cela permet de répondre à quel problème.
– Comment ? : règles d’utilisation.
– Avec quoi ? : lien avec les autres parties du programme.
– Pourquoi ? : d’où vient la règle ?

8
ҵ Exemple avec le concept du Taux marginal
de substitution (TMS)
– C’est quoi ? : le TMS est un taux selon lequel le consommateur est disposé à substituer
une quantité d’un bien par une quantité d’un autre bien, tout en gardant fixe le même
niveau de sa satisfaction.
– À quoi ça sert ? : il permet de répondre au problème du choix optimal du consommateur.
– Comment ? : en égalisant le TMS (rapport des utilités marginales) au rapport des prix.
– Avec quoi ? : en lien avec la contrainte de revenu.
– Pourquoi ? : la règle vient de la maximisation du programme du consommateur (choix
entre ses niveaux de satisfaction et sa contrainte de revenu).

2. Les travaux dirigés


À la croisée du cours et de l’évaluation, le TD est un ensemble d’exercices qui permet
l’entraînement à une bonne maîtrise des techniques et des concepts de la matière. À ne
pas négliger bien sûr. Souvent, pour cet exercice, les attentes ne sont pas les mêmes entre
le professeur et les étudiants. Pour les étudiants les attentes du TD sont de comprendre
le cours sans l’apprendre pour mieux l’assimiler, d’appliquer le cours à des problèmes
concrets, voire même « à quoi ça sert », de se préparer à l’évaluation et de connaître les
attentes de l’enseignant. Pour le professeur, en supposant le cours est appris, le TD a
pour objectif de permettre l’application des concepts abordés en cours, d’introduire
de nouveaux éléments ou éclairages, de susciter le travail en autonomie. Malgré cette
discorde des points de vue les conseils sont :

▶ Conseils
– En principe, la fiche de TD est donnée à l’avance. Il ne faut pas attendre la veille du TD
pour la préparer.
– Lire l’ensemble des documents pour avoir une vision d’ensemble d’une thématique donnée.
– Chaque TD est ciblé sur un thème. Il faut donc relire la partie du cours en rapport avec le
thème dans un premier temps et éventuellement approfondir certains points que vous
n’auriez pas compris.
– Pendant le TD ou en dehors posez des questions à l’enseignant pour pouvoir avancer plus
vite dans la découverte de la discipline.
– À la fin du TD, il est conseillé, comme pour les cours, de relire ce qui a été traité mais,
aussi ce que vous aurez pu voir au cours de la séance de TD dans la foulée.

9
II. Savoir-faire en microéconomie
La microéconomie est une discipline de calcul économique et d’analyse. Elle
nécessite des tracés graphiques pour visualiser les situations que l’on décrit, des calculs
numériques pour mesurer les phénomènes que l’on étudie. Mais, elle exige aussi la
résolution des systèmes d’équations pour trouver des solutions des problèmes posés, et
de réaliser une étude épurée des fonctions (ou des tableaux) traduisant le comportement
des agents. L’objectif assigné est de trouver un optimum (une efficience de la décision)
de ce comportement qui se traduit par le calcul d’un minimum ou d’un maximum.

1. Le tracé des droites, des courbes et savoir les déplacer


On adoptera toujours, sauf cas contraire, la partie positive (y, 0, x) pour tracer une
droite ou une courbe en microéconomie.

ͮ Le tracé des droites


C’est le cas le plus simple d’une fonction d’une variable. Une droite est une fonction
d’une variable notée y = f ( x ) . Une telle fonction décrit, pour toute valeur choisie de x
dans un espace, la valeur y. On ne pourra jamais utiliser la même lettre pour représenter
la fonction et la variable.
La règle essentielle à retenir est que la lettre à gauche de l’égalité sera toujours
le nom de la fonction, la lettre à droite de l’égalité sera toujours la variable, et enfin la
lettre f sera la forme qui convertit x en y. C’est-à‑dire, je donne une valeur que je choisis
à x et l’équation me donne la valeur de y.
Traçons par exemple les droites y1 = −2x + 5 , y 2 = −2x +10 et y 3 = − x + 5 .

Figure 1

10
▶ Conseils
Pour tracer les droites, l’action la plus simple c’est de mettre toutes les lettres accompagnées de
leurs coefficients du même côté de l’égalité (à gauche par exemple) afin d’obtenir une écriture
à deux variables. Le résultat de cette manipulation donne un niveau de la droite qui est égal à
la constante (à droite de l’égalité). Ceci permettrait de lire et percevoir plus facilement l’aug-
mentation ou la baisse du niveau (questions souvent analysées en microéconomie).
Ainsi, si y = −2x + 5 ⇒ y + 2x = 5
Puis, pour la tracer dans le repère, il suffit de chercher les points qui coupent les axes de x et
de y en utilisant les coefficients 5 et 2 pour l’axe des x, puis 5 et 1 pour l’axe des y. Ainsi, pour
l’axe des x, on pose x = 5 / 2 = 2,5 et pour l’axe de y, on pose y = 5 /1= 5 . Ce que l’on constate à
présent, c’est que, lorsque seul le coefficient 5 (qui représente le niveau de la droite) augmente
ou baisse la droite se déplace parallèlement. Par contre, lorsqu’un des coefficients accompagnant
une variable à gauche de l’égalité de l’équation de la droite change, la droite pivote avec un
point fixe sur l’axe dont le coefficient n’a pas bougé (cf. Fig. 1).

ͮ Le tracé des courbes


Dans un repère classique, elles peuvent représenter une fonction d’une variable ou
une fonction de deux variables. Il faut toujours imaginer que les courbes appartiennent
à une famille de courbes dont l’un des représentants est la courbe à tracer. Pour une
fonction deux variables la représentation est plus une représentation d’un niveau.
Par exemple, comme ci-dessous, si on prend les équations des courbes y1 = x 2 + 5
et y = x + 2 ce sont bien des fonctions d’une variable (une lettre après l’égalité). Elles
2
2

représentent deux familles de courbes ; mais elles se différencient des autres membres
de sa famille respective par la valeur de la constante 5 et 2.
Par contre pour les équations des courbes u1 = xy + 5 et u2 = xy +10 sont des fonctions
de deux variables (deux lettres après l’égalité). Elles représentent une même famille de
courbes ; mais elles se différencient l’une de l’autre par la valeur de la constante 5 et 10.
La représentation graphique de ces courbes est un niveau (valeur de u1 et u2 à choisir
ou à fixer) qui détermine l’endroit où doit être tracée la courbe dans le repère.

Tableau des valeurs

x 0 1 2 3 7 x 0,5 1 2 2,5 5

y1 5 6 9 14 y1 10 5 2,5 2 1 U = 10

y2 1,41 1,73 2 2,24 3 y2 20 10 5 4 2 U = 20

11
Figure 2

▶ Conseils
Le conseil est principalement visuel.
1. En présence d’une courbe d’une fonction à une variable, il suffit de détecter une relation entre
deux lettres. La lettre qui représente la variable a un degré en exposant. Ou à l’inverse, la lettre qui
représente la fonction a un degré en exposant. Par exemple y = x 2 + 5 ou y 2 = x + 2 ⇒ y = ± x + 2.
Ou encore, il existe une relation inverse entre les deux lettres. Par exemple y = 5 / x .
2. En présence d’une courbe d’une fonction de deux variables, il suffit de détecter une relation
entre trois lettres. Deux lettres qui représentent les variables sont multiplicatives entre elles, et
sont en relation avec la lettre qui représente la fonction. Par exemple u = xy + 5 . Ou bien, les
deux lettres qui représentent les variables sont en exposant additives. Par exemple u = x 2 + y 2 + 5 .
Dans ce cas, pour obtenir le niveau de la courbe (famille des courbes), il faut isoler la lettre y.
L’équation de y dépend donc de la valeur donnée au niveau u. Il est forcément égal à une
constante. Cette constante est à choisir pour tracer un représentant de la famille de cette courbe.
Par exemple u1 = xy + 5, u1 = xy + 5 ⇒ u1 − 5 = xy ⇒ y = (u1 − 5) / x .
Pour la tracer dans le repère, il suffit de choisir une valeur du niveau de u, et de chercher quatre
points au minimum qui respectent la relation. Lorsque la valeur du niveau augmente ou baisse
la courbe se déplace vers le haut ou vers le bas.

2. Calculer une dérivée et une variation relative


Le calcul de la dérivée et de la variation relative est une opération essentielle pour
le calcul économique. Son calcul est rendu simple, si on respecte bien la méthode. La
dérivée se calcule sur une fonction et la variation relative sur les valeurs d’un tableau
numérique.

12
ͮ Dérivée d’une fonction à une variable
Calculons la dérivée de chacune des fonctions suivantes :
f ( x ) = 3x 2 + 5x −1 , g ( x ) = 3 / x et h ( x ) = (2x +1) / x 2
Méthode : On utilise le principe connu des dérivées des fonctions à une variable.
La règle de départ est que la dérivée de la variable x est égale à 1 et la dérivée d’une
constante est égale à zéro. Pour une aide au calcul des dérivées, on propose un tableau
récapitulatif des dérivées classiques des fonctions.
Pour l’heure, résumons cela par : ( x )′ = 1 , (5)′ = 0 , ( x n )′ = nx n−1 et (1/ x )′ = −1/ x 2 , qui
sont les principales dérivées, et trois formules de bases pour retrouver les autres dérivées
( )
u n ′ = nu n−1.u ′ ,
(u.v )′ = u′.v + v ′u ,
et (u / v )′ = (u ′v − v ′u ) / v 2
Solution : f ′ ( x ) = 6x + 5 , g ′ ( x ) = −3 / x 2 et h′ ( x ) = −2 / x 3 .

ͮ Dérivée d’une fonction à deux variables


Calculons la dérivée de chacune des fonctions suivantes :
u ( x, y ) = x 2 y , g ( x, y ) = x 2 + y 2 , h ( x, y ) = x / y et k ( x, y ) = x 2 + y 5 + 5xy 2 +10x
Méthode : On utilise le principe connu des dérivées des fonctions à une variable. Ici,
comme il y a deux variables, les variables de la fonction vont prendre alternativement le
rôle de constante et de variable. Par ailleurs, avec une fonction d’une variable, on obte-
nait une dérivée qui est relative à la variable x. Ici, on en aura deux dérivées relatives à
chaque variable. Ces dérivées s’appellent les dérivées partielles.

Structure de la réponse

Fonction 1re dérivée 2e dérivée

uxx′′
ux′
uxy′′
u ( x, y )
uyx′′
uy′
uyy′′

13
Solution :

uxx′′ = 2y
ux′ = 2xy
uxy′′ = 2x
u ( x, y ) = x 2 y
uyx′′ = 2x
uy′ = x 2

uyy′′ = 0

gxx′′ = 2
gx′ = 2x
gxy′′ = 0
g ( x, y ) = x 2 + y 2
gyx′′ = 0
gy′ = 2y
gyy′′ = 2

hxx′′ = 0
hx′ = 1/ y
hxy′′ = −1/ y 2
h ( x, y ) = x / y
hyx′′ = −1/ y 2
hy′ = − x / y 2

hyy′′ = 2x / y 3

k xx′′ = 2
k x′ = 2x + 5y 2 +10
k xy′′ = 10y
k ( x, y ) = x + y + 5xy +10x
2 5 2

k yx′′ = 10y
k y′′ = 5y +10xy
4

k yy′′ = 20y 3 +10x

ҵ Attention
Dans le calcul des dérivées partielles la variable qui est dérivée est la dernière lettre en indice
de la notation.

14
ͮ Variation relative
Cette notion de variation est le pendant de la dérivée. Elle est utilisée, à la place
d’une fonction, lorsque l’on a un tableau de valeurs numériques qui consigne le compor-
tement d’un agent à analyser. Les colonnes du tableau sont utilisées deux à deux en se
décalant à chaque fois d’un pas. Ce qui définit ainsi successivement le départ et l’arrivée.
La formule du taux de variation est égale à :
(valeur d’arrivée – valeur de départ)/valeur de départ.
Si cette formule est multipliée par 100, elle permet de calculer en pourcentage des
évolutions. La différence valeur d’arrivée – valeur de départ est notée Δy (variation de y
par exemple). Ainsi, par exemple, le TMS qui est une variation relative des colonnes
successives d’un tableau serait égal à Δy / Δx , comme présenté ci-dessous.

x 1 2 2,5 5

y 5 2,5 2 1

Δy / Δx – (2,5 − 5) / (2 −1) −0,5 / 0,5 −1/ 2,5

ͮ Tableau d’équivalence

Écritures des correspondances

Fonction 1re dérivée 2e dérivée

Une variable f (x) f ′ ( x ) = df / dx f ′′ ( x ) = d2 f / dx 2

fxx′′ = ∂2 f / ∂x 2
fx′ = ∂f / ∂x
fxy′′ = ∂2 f / ∂x ∂y
Deux variables f ( x, y )
fxy′′ = ∂2 f / ∂y ∂x
fy′ = ∂f / ∂y
fyy′′ = ∂2 f / ∂y 2

3. Résoudre des équations


La méthode utilisée est la méthode de la combinaison et de la substitution pour
résoudre les équations.

15
ͮ Équation classique : rappel
Soit le système de deux équations à deux inconnus x et y, comme ce qui suit :

⎪⎧ 2x + 4 y = 20(1)

⎪⎩ 7x + 8y = 52 (2 )

Méthode : Si on multiplie les deux membres de la première équation (1) par –2 on ne


change pas l’équation, elle devient −4 x − 8y = −40 puis on additionne membre à membre
les deux équations (1) et (2).
Solution :
⎧ 2x + 4 y = 20 ⎧ −4 x − 8y = −40
⎨ 7x + 8y = 52 ⇒ ⎨ 7x + 8y = 52 ⇒ 3x = 12
⎩ ⎩
Donc x = 12 / 3 = 4 et y = (20− 2× 4) / 4 = 3

ͮ Équation classique en microéconomie


Les principes et règles qui nous conduisent à ce système de type économique seront
vus plus tard. Soit le système de deux équations à deux inconnus x et y, comme ce qui suit :
⎧ y / x =2/5
⎨ 7x + 8y = 52

Méthode : Toutefois, pour arriver au système classique précédent, il suffit souvent
de réaliser un produit en croix au niveau de la première équation et utiliser la méthode
de résolution précédente.
Solution : En réalisant un produit en croix au niveau de la première équation, on
obtient le système suivant :
⎧ y / x = 5/2 ⎧ 5x − 2y = 0 ⎧ 20x − 8y = 0
⎨ 7x + 8y = 52 ⇒ ⎨ 7x + 8y = 52 ⇒ ⎨ 7x + 8y = 52 ⇒ 27x = 52
⎩ ⎩ ⎩
Donc x = 52 / 27 et en utilisant la première équation, on a y = (5 / 2 )(52 / 27 ) .

4. Étudier une fonction et un tableau


L’étude d’une fonction et d’un tableau qui représente un comportement en micro-
économie est résumée à la vérification de trois points essentiels.
Pour une fonction, le premier point est relatif à l’espace des possibles décrit par
la variable x. Elle donne l’ensemble de définition. Par exemple, elle sera l’ensemble ou
une partie des valeurs positives des quantités consommées. Le second point est le calcul
et l’annulation de la dérivée première. Ce calcul permet d’obtenir l’équilibre. Enfin, le
dernier point est de vérifier le signe de la dérivée seconde. Cette action permet de qualifier
si cet équilibre est un minimum ou un maximum.
Exemple : Dans une entreprise, le coût de stockage d’une machine est représenté
par la lettre C. Ce coût est une fonction des quantités achetées qui sont représentées par
la lettre x. La relation de C et de la variable x est donnée par C ( x ) = 400x + 90000 / x pour
1≤ x ≤ 50 . Quelle est la valeur de x qui rend minimal le coût de la gestion du stockage ?

16
Solution :
− L’ensemble de définition est 1≤ x ≤ 50 .
− La dérivée de la fonction est C ′ = 400 − 90000 / x 2 , (rappel (2 / x )′ = −2 / x 2 ).
Si C ′ = 0 ⇒ 400 − 90000 / x 2 = 0 , sa résolution donne 400 = 90000 / x 2 . En réalisant le
produit en croix, on obtient x 2 = 90000 / 400 = 225 . Par la suite, on obtient comme
quantité d’équilibre x = 225 = 15 . La valeur de x qui rend minimal le coût de la
gestion du stockage.
− Pour savoir si c’est cette quantité qui rend minimal le coût de la gestion du stock,
on calcule la dérivée seconde de la fonction C au point 15.
C ′′ = (C ′ )′ = 180000 / x 3 ⇒ C ′′ (15) = 53,33 > 0 . Ce résultat montre bien que la quantité
trouvée est une quantité qui rend minimale la fonction du coût de la gestion du stockage.
Autrement, on replace dans la fonction du coût les valeurs 14 et 16 qui sont des valeurs
proches de la solution, pour s’en rendre compte que 15 donne pour valeur de coût de
12 000. Cette valeur est la plus petite de toutes les valeurs dans le domaine 1≤ x ≤ 50 .
Pour un tableau, l’espace des possibles décrit par la variable x est donné par la
limite du tableau. Elle donne l’ensemble de définition. Le second point est le calcul de
la variation relative et de la variation moyenne par unité. L’égalité constatée des deux
variations permet d’obtenir l’équilibre de ce que l’on cherche. Et enfin le dernier point
est de vérifier la croissance continue de la variation relative à partir de son minimum
absolu accouplé à la décroissante d’abord et à la croissante ensuite de la variation moyenne.
Ce qui permet de qualifier si cet équilibre est un minimum (mouvement inversé pour
un maximum).
Exemple : Dans une entreprise, le coût de stockage d’une machine est représenté
par la lettre C. Ce coût est une fonction des quantités achetées qui sont représentées
par la lettre x. La relation entre C et x est donnée par le tableau ci-dessous. Quelle est la
valeur de x qui rend minimal le coût de la gestion du stockage ?

x C x C x C

100 10 000 700 24 700 1 300 38 500

200 12 000 800 27 600 1 400 40 600

300 14 000 900 30 180 1 500 43 500

400 18 000 1 000 32 000 1 600 46 800

500 20 000 1 100 33 800 1 700 50 550

600 22 000 1 200 35 800 1 800 54 800

Solution : Le travail préliminaire est de calculer les variations moyennes et les


variations relatives. La règle d’or du comportement rationnel de l’entrepreneur est
d’égaliser le coût de la dernière unité stockée au coût de stockage moyen.

17
x C c/x Δc / Δx x C c/ x Δc / Δx

100 10 000 100 – 1 000 32 000 32 18,2

200 12 000 60 20 1 100 33 800 30,72 18

300 14 000 46,6 20 1 200 35 800 29,83 20

400 18 000 45 40 1 300 38 500 29,27 22,5

500 20 000 40 20 1 400 40 600 29 25,5

600 22 000 36,66 20 1 500 43 500 29 29

700 24 700 35,28 27 1 600 46 800 29,25 33

800 27 600 34,5 29 1 700 50 550 29,73 37,5

900 30 180 33,53 25,8 1 800 54 800 30,44 42,5

− L’ensemble de définition est la limite du tableau 100 ≤ x ≤ 1800 .


− On observe que Δc / Δx = C / x = 29 , donc x = 1500 correspond à la valeur qui rend
minimal le coût de la gestion du stockage. La valeur de C minimal serait de 43 500.
− Pour savoir si x = 1500 est la quantité qui rend minimal le coût de la gestion du stock,
on vérifie le mouvement de la variation moyenne et la variation relative du coût à
partir de son minimum absolu (18 pour x = 1 100). Ce résultat montre que la quantité
trouvée est bien une quantité qui rend minimal le coût de la gestion du stockage.

18
Partie 2
Thèmes
Thème 1
La cohérence
des préférences
du consommateur
Exercices Exercices

Exercice A
À la proposition d’un commerçant qui livre un assortiment de sa production, un
consommateur procède au classement suivant entre 6 paniers composés de deux biens
x et y qui sont exprimés en quantités. Il préfère strictement le panier de quantités (8 ; 48)
au panier (15 ; 15). Il est indifférent entre (15 ; 10) et (3 ; 12), il préfère strictement le panier
(15 ; 15) au panier (10 ; 45), et il préfère strictement le panier (10 ; 45) au panier (9 ; 48).
Peut-on considérer que le classement de ce consommateur est rationnel ? Argumentez.
Que lui conseilleriez-vous de faire pour rendre cohérent ses choix dans l’optique où ses
choix ne le sont pas ?

Exercice B
Un consommateur exprime ses préférences aux organisateurs du ravitaillement
d’une randonnée de 10 km de la manière suivante : il est indifférent entre les combinaisons
(5 litres d’eau, 2 friandises) et (3 litres d’eau, 6 friandises). Il est également indifférent entre
les combinaisons (3 litres d’eau, 6 friandises) et (6 litres d’eau, 3 friandises). L’expression
de ces choix, est-elle compatible avec l’hypothèse des préférences transitives et monotones
(« plus » est préférable à « moins »). Justifier votre réponse.

Exercice C
Un consommateur exprime dans le tableau ci-dessous l’ensemble de ses préférences.
Peut-on affirmer que ses choix sont rationnels ? Argumentez.

x 7 12 25 40 70 120
U1
y 145 98 80 40 21 18

x 18 20 30 50 70 38
U2
y 140 115 85 60 44 14

x 39 45 65 90 120 140
U3
y 141 103 75 63 57 50

22 La cohérence des préférences du consommateur


ҵ Notes

Thème 1
Les motivations expliquent les préférences. Les raisons pour lesquelles un panier est préféré
à un autre ne sont pas discutées, non pas parce qu’elles ne peuvent l’être, mais plutôt parce
qu’elles n’ont pas à l’être. On suppose simplement que le consommateur est capable d’effectuer
des comparaisons du point de vue de son intérêt, quel qu’il en soit.
La cohérence des préférences du consommateur consiste à comparer les préférences exprimées
par le consommateur et de détecter l’incohérence ou la cohérence de ce choix. Dans cette
comparaison, on compare les paniers de biens et non les biens entre eux.
Le consommateur est supposé rationnel dans la théorie néoclassique. Cette hypothèse suppose
que l’ensemble des choix exprimés par le consommateur doivent être logiques et cohérents.
Cet ensemble des choix respecte un ordre total (réflexif, transitif et asymétrique). Pour cela
l’indifférence du choix entre le panier A et B est représentée par le signe ~ (A~B), la préférence
par le signe de supériorité > (A>B) et l’égalité par le signe = (A = B).

Corrigés
▶ Conseils
Pour répondre aux questions de l’exercice, dans le cas où chaque panier de biens est composé
seulement de deux biens, deux techniques sont possibles :
– Utilisation des relations de comparaison des préférences,
– Utilisation des niveaux d’utilité construits à partir des paniers de biens. Dans le cas contraire
seule l’utilisation des relations de comparaison est possible.

Exercice A
Peut-on considérer que le classement de ce consommateur est rationnel ? Argumentez.
Que lui conseilleriez-vous de faire pour rendre cohérents ses choix dans l’optique où ses
choix ne le sont pas ?
1re solution : Mesure ordinale des couples.
Au nom de la complétude des choix, on construit une liste des choix totaux des
paniers du consommateur.
L’indifférence dans le choix des préférences est (15 ; 10) ~ (3 ; 12). Les deux couples
de biens lui procurent la même satisfaction. Par contre, la préférence supérieure dans
le choix des préférences donne (8 ; 48) > (15 ; 15) > (10 ; 45) > (9 ; 48).
En utilisant la règle de la transitivité, si (8 ; 48) > (15 ; 15) et que (15 ; 15) > (10 ; 45) alors
(8 ; 48) > (10 ; 45). Ce choix semble poser une incohérence déjà. En effet, dans ce choix, la

La cohérence des préférences du consommateur 23


Exercices deuxième composante du panier montre bien que (48) > (45), mais ce qui n’est pas le cas
pour (8) et (10). Continuons l’application de la règle de la transitivité sur l’ensemble de
la liste des choix. On constate alors que (10 ; 45) > (9 ; 48). Ce qui implique en définitive
que si (8 ; 48) > (10 ; 45) alors (8 ; 48) > (9 ; 48). Par logique, le choix d’un panier qui a une
composition plus haute doit être préféré à un panier avec des compositions plus basses,
car le consommateur préfère toujours plus qu’à moins.
2e solution : Mesure ordinale des niveaux.
Faisant l’hypothèse que chaque panier appartient à un niveau d’utilité. Construction
un repère dans lequel on regroupe tous les couples de biens qui représentent grossiè-
rement les niveaux d’utilité qui correspondent aux couples préférés. Chaque couple de
points est une représentation d’un niveau d’utilité.

Figure 1.1
La courbe de niveau sur laquelle serait le couple (9 ; 48) devrait être au-dessus de
la courbe de niveau du couple (8 ; 48). Par logique, le choix pour un panier qui a une
composition plus haute doit être préféré au choix d’un panier avec une composition plus
basse. Car le consommateur préfère toujours plus qu’à moins. Ce qui n’est pas conforme
à la déclaration du consommateur.
Pour rendre cohérent le choix de ce consommateur, il faut qu’il renonce à ses
premières déclarations de choix des couples et inverser ses préférences en tenant
compte des éléments qui composent chaque panier par exemple (9 ; 48) > (8 ; 48) > (10 ; 45) >.
(15 ; 15) > (15 ; 10) ~ (3 ; 12).

24 La cohérence des préférences du consommateur


Exercice B

Thème 1
L’expression de ces choix, est-elle compatible avec l’hypothèse des préférences tran-
sitives et monotones (« plus » est préférable à « moins »). Justifier votre réponse.
1re solution : Mesure ordinale des couples.
Au nom de la complétude des choix, on construit une liste des choix totaux des
paniers. (5 ; 2) ~ (3 ; 6), les deux couples de biens lui procurent la même satisfaction. Il
en est de même pour les deux couples de biens (3 ; 6) ~ (6 ; 3). Par conséquent, d’après ce
consommateur les deux différents degrés de satisfaction sont donnés par des combinai-
sons égales (3 ; 6). Certes (3 ; 6) ~ (3 ; 6) sont deux choix exprimés qui sont égaux, mais
ce qui n’est pas le cas pour les autres éléments de ces choix (5 ; 2) < (6 ; 3). Le choix du
consommateur n’est pas compatible avec l’hypothèse des préférences transitives et
monotones (« plus » est préférable à « moins »).
2e solution : Mesure ordinale des niveaux.
Deux paniers de biens indifférents sont des couples des biens qui composent chacun
un panier qui se trouve sur un même niveau d’utilité.
Si (5 ; 2) ~ (3 ; 6), les deux couples de biens lui procurent la même satisfaction. Ce qui
veut dire que ces deux points composent un premier niveau (U1) de satisfaction. Il en est
de même si (3 ; 6) ~ (6 ; 3), les deux couples de biens lui procurent la même satisfaction.
Ce qui veut dire que ces deux points composent un deuxième niveau (U2) de satisfaction.
En toute logique, deux niveaux de satisfaction ne peuvent se croiser, ce n’est pas le cas
ici. Le panier (3 ; 6) est commun aux deux niveaux. Par conséquent, le choix du consom-
mateur n’est pas compatible avec l’hypothèse des préférences transitives et monotones.

Figure 1.2

La cohérence des préférences du consommateur 25


Exercices Exercice C
Peut-on affirmer que ses choix sont rationnels ? Argumentez.
La réponse à la question est affirmative. Deux raisons militent en faveur de cette
affirmation.
La première est que dans chaque niveau de préférence, on observe un mouvement de
substitution entre les biens x et y. En se déplaçant vers la droite, x augmente et y décroît.
La deuxième raison est en intercalant les débuts de chaque série de couples de
préférences, et par conséquent la suite de tous les couples, on constate que U1 < U2 < U3 .

26 La cohérence des préférences du consommateur


Focus
Les préférences
Le principe de base de la microéconomie est la rationalité individuelle. Les micro-
économistes entendent par cette notion que l’agent est capable de faire le meilleur
choix pour lui, quel que soit le choix qu’il fait. Il est donc doté d’une faculté d’estimer
les avantages et les coûts liés aux choix qu’il doit faire et les comparer. D’où la notion
d’homo-œconomicus pour qualifier l’agent.

1. Utilité cardinale versus utilité ordinale


La rationalité individuelle apparaît comme un postulat. Comment alors le consom-
mateur effectue-t‑il ses choix ?
Trois éléments sont essentiels pour répondre à cette question, qui est à la base
de la théorie microéconomique. La consommation d’un bien crée plus ou moins une
satisfaction. Les biens sont rarement gratuits et les ressources dont disposent les consom-
mateurs rarement inépuisables. L’objectif du consommateur rationnel consiste à tenter
de maximiser sa satisfaction, tout en respectant les contraintes qui pèsent sur lui.
Mais sur quoi se base ce choix ? C’est le débat sur le choix ordinal ou le choix cardinal.
Un débat en microéconomie entre deux duos d’économistes Jevons et Menger – Pareto
et Slutsky.
D’après S. Jevons et C. Menger, l’utilité est mesurable (chiffrable) : il est donc
possible de résumer le plaisir accordé par la consommation à partir d’un nombre
cardinal. Ce nombre est élaboré depuis une échelle, graduée, qui classe les biens par
degré de satisfaction. V. Pareto et E. Slutsky considèrent que le chiffrage de l’utilité est
plus complexe que ce qui est envisagé par Jevons & Menger. Pareto & Slutsky préfèrent
en conséquence mesurer l’utilité ordinale (utilité par ordre d’importance) plutôt qu’une
utilité cardinale (utilité chiffrée). Cette conception a gagné le combat depuis.

2. Cohérence des préférences


La première étape consiste à supposer que chaque individu a, lorsqu’il achète des
biens, des préférences propres. Ces préférences subjectives peuvent être traduites par
une « relation de préférence ». Une relation de préférence est une relation binaire qui
incarne l’expression des préférences d’un consommateur entre tout paire de paniers de
biens. Cette relation est régie par certaines règles qu’on suppose qu’il représente tous
les éléments de subjectivité, des goûts de l’individu considéré.
Les règles retenues sont :
− La réflexivité, c’est-à‑dire n’importe quel panier de biens est préférée (ou indif-
férent) à lui-même,
− La transitivité, elle explique la relation entre trois paniers de biens x, y, z. Si x est
préféré ou indifférent à y et si y est préféré ou indifférent à z alors nécessairement
x est préféré ou indifférent à z,

27
Focus − La non-saturation, explique que si x et y sont deux paniers de biens tels que la
quantité de chacun des biens disponibles est au moins aussi grande dans le panier x
que dans le panier y. Et s’il existe au moins un bien pour lequel la quantité de ce
bien est strictement supérieure dans le panier x à ce qu’elle est dans le panier y.
Alors x est strictement préféré à y. On résume cette règle par « le consommateur
préfère plus qu’à moins » ou la monotonie du choix.
La conséquence est, dès lors que les propriétés sont satisfaites, il est possible de
traduire les préférences du consommateur par une fonction numérique (fonction d’utilité).
Une fonction qui associe, à chaque panier de biens, une valeur d’autant plus grande que
le panier est apprécié. Elle prend plusieurs formes, mais la forme la plus classique est
qu’elle est croissante relativement à chacune de ses variables, monotone et décroissante
(cf. thème 2 pour les différentes formes des fonctions d’utilité).

28
Thème 2
La représentation
graphique
des préférences
par des fonctions
d’utilités
Exercices Exercices

Exercice A
La fonction d’utilité de Nicolas pour du chocolat (bien demandé en quantité x) et
pour du chausson aux pommes (bien demandé en quantité y) est donnée par une fonction
qui mélange les utilités exprimées et prend la forme : U ( x, y ) = x 1/2 .y 1/2 .
1. Écrire l’équation de la courbe d’indifférence de Nicolas associée au niveau d’utilité
U0 = 2, puis au niveau 3. Construire ces courbes d’indifférences dans le plan (x, y).
2. Que constatez-vous sur l’ensemble des représentations des fonctions d’utilités ?

Exercice B
Soit un consommateur qui utilise le bus (en quantité y) et sa voiture (en quantité x)
pour se rendre à son travail. L’interchangeabilité de son choix entre la voiture et le bus est
constante durant des mois. Le consommateur exprime des préférences additives des biens
dont la fonction d’utilité est : U ( x, y ) = 2x + 4 y . Écrire l’équation de la courbe d’indifférence
du consommateur qui est associée au niveau d’utilité U0 = 2, puis au niveau 3. Construire
ces courbes d’indifférences dans le plan (x, y).

Exercice C
La fonction d’utilité d’Émilie pour des ampoules (bien demandé en quantité x) et
pour la lampe de chevet (bien demandé en quantité y) est donnée par une fonction qui
mélange les utilités en proportion fixe qui prend la forme particulière : U(x, y) = min(2x, y).
Écrire l’équation de la courbe d’indifférence d’Émilie qui est associée au niveau
d’utilité U0 = 2, puis au niveau 3. Construire ces courbes d’indifférences dans le plan (x, y).

▶ Conseils
– Revoir le point n° 2 des savoir-faire en microéconomique pour tracer dans un repère de
dimensions 2 ces courbes. Il faut toujours isoler la variable y en l’exprimant par rapport à
la variable x.
– La traduction numérique des préférences du consommateur est faite par les fonctions d’uti-
lité. Sous l’exigence que la satisfaction éprouvée doit croître lorsque la quantité consommée
augmente, toutes choses égales par ailleurs, elles peuvent prendre trois formes. Une forme
qui traduit le choix sur des biens substituables (la consommation conjointe est multiplica-
tive, c’est le cas A), sur des biens parfaitement substituables (la consommation conjointe
est additive, c’est le cas B) et sur des biens complémentaires (la consommation conjointe
est en proportion donnée, c’est le cas C).

30 La représentation graphique des préférences par des fonctions d’utilités


ҵ Attention

Thème 2
Les niveaux des courbes sont donnés. Faites attention aux formes que doivent prendre les courbes :
– Cas général, les biens sont substituables la courbe est une hyperbole,
– Cas extrêmes, les biens sont parfaitement substituables la courbe est une droite et les
biens sont complémentaires la courbe est sous forme de la lettre L.

Corrigés
ҵ Note
Une courbe d’indifférence est la représentation graphique de l’expression de la fonction d’utilité.
Elle représente un ensemble de paniers de biens dont la consommation choisit qui lui apporte
un même niveau d’utilité (iso-utilité).

Exercice A
1. Écrire l’équation de la courbe d’indifférence de Nicolas associée au niveau d’utilité
U0 = 2, puis au niveau 3. Construire ces courbes d’indifférences dans le plan (x, y).
Si on désigne par 2 le niveau de satisfaction, l’équation de la courbe d’indifférence
est déduite de l’expression 2 = x 1/2 y 1/2 . Isolons la variable y dans cette expression, pour
obtenir l’équation de la courbe. Pour le faire ici, on élève d’abord les deux parties de
2 2
l’égalité au carré afin de neutraliser les exposants de x et y. Ainsi 22 = x (1/2) y (1/2) ⇒ 4 = xy .
Puis on déduit l’équation de la courbe d’indifférence 4 = xy ⇒ y = 4 / x .
Pour le niveau 3, l’équation est y = 9 / x .

Tableau des valeurs

x 0,5 1 2 3 4

y1 8 4 2 1,33 1 U=2

y2 18 9 4,5 3 2,25 U=3

La représentation graphique des préférences par des fonctions d’utilités 31


Exercices

Figure 2.1
2. Que constatez-vous sur l’ensemble des représentations des fonctions d’utilités ?
Les courbes d’indifférences sont décroissantes dans le cadre des biens substituables
(obtenir plus d’un bien nécessite une réduction de l’autre pour rester sur le même niveau
d’utilité). Elles ne se croisent pas et correspondent à des niveaux d’utilité d’autant plus
élevés que l’on se situe plus haut, vers la droite. Elles sont surtout convexes. On retrouve
les propriétés des fonctions d’utilité déduites des règles sur les préférences.

Exercice B
Écrire l’équation de la courbe d’indifférence du consommateur qui est associée au niveau
d’utilité U0 = 2, puis au niveau 3. Construire ces courbes d’indifférences dans le plan (x, y).
Si on désigne par 2 le niveau de satisfaction, l’équation de la courbe d’indifférence
est déduite de l’expression 2 = 2x + 4 y . On peut laisser l’expression telle quelle pour
la tracer ou isoler y dans cette expression pour obtenir l’équation de la courbe. Ainsi
2 = 2x + 4 y ⇒1/ 2 + x / 2 = y . Puis pour le niveau 3, l’équation est 3 = 2x + 4 ou 2 / 3 + x / 3 = y .

Tableau des valeurs

x 0 1 3/2

y1 1/2 0 U=2

y2 3/4 0 U=3

32 La représentation graphique des préférences par des fonctions d’utilités


Thème 2
Figure 2.2

Exercice C
Écrire l’équation de la courbe d’indifférence d’Émilie qui est associée au niveau
d’utilité U0 = 2, puis au niveau 3. Construire ces courbes d’indifférences dans le plan (x, y).

▶ Conseil
Recherchez toujours l’équation de la proportionnalité entre les biens.

Si on désigne par 2 le niveau de satisfaction, l’équation de la courbe qui représente


la proportion est y = 2x .
Puisque l’on cherche les quantités minimales, les quantités constituant le panier du
choix du consommateur sont données par deux égalités à partir de l’équation de propor-
tionnalité. Ainsi pour le niveau d’utilité U0 = 2, 2 = 2x ⇒ x = 1 et 2 = y . Pour le niveau 3,
l’équation est toujours y = 2x, mais les quantités sont x = 3 / 2 et 3 = y.

Figure 2.3

La représentation graphique des préférences par des fonctions d’utilités 33


Focus Courbes d’indifférences
1. Iso-utilité et convexité
Dès lors que les propriétés de réflexibilité, de transitivité, de complétude et non-
saturation sont satisfaites, il est possible de traduire numériquement les préférences du
consommateur par une fonction associée aux paniers de biens. Pour la représenter dans
un espace à deux dimensions, on utilise le concept de courbes d’iso-utilité, à l’image des
courbes de niveau sur une carte topographique.
Les courbes d’iso-utilités sont des courbes dont tous les points représentant des
paniers de biens apportent un même niveau de satisfaction au consommateur. Ainsi,
une courbe d’indifférence est une iso-utilité qui représente un ensemble de paniers de biens
dont la consommation apporte un même niveau d’utilité à un consommateur particulier.
Sa forme est conditionnée par une typologie de biens :
− Certains biens sont des biens dont une variation de la consommation de l’un peut
être compensée par une variation inverse de la consommation de l’autre. Ils sont
en quelque sorte interchangeables, car ils ont des caractéristiques identiques qui
leur permettent de satisfaire un même besoin.
C’est le cas des moyens d’étancher sa soif. Le consommateur arbitrera entre
une boisson chaude (thé, café) et une boisson froide (eau, jus de fruit). Il le fera
indifféremment quelle que soit la part que prend chaque bien dans l’ensemble
des utilisations dont il a besoin. Si l’interchangeabilité des biens est constante,
on dit que la substitution est parfaite. Par contre si l’interchangeabilité n’est pas
constante, on parle de substitution imparfaite ou de substitution tout court (le cas
général). Dans ce cas, la courbe d’indifférence est décroissante.
− D’autres biens doivent être consommés ensemble pour couvrir un besoin. Si c’est
le cas, ils sont dits complémentaires : la consommation de l’un entraîne celle de
l’autre et réciproquement.
La perte d’un bien ne peut être compensée par l’augmentation de l’autre bien (il
n’y a pas de possible substitution). Dès lors, toute variation de la consommation
de l’un entraînera une variation identique de la consommation de l’autre dans des
proportions données. C’est le cas d’ampoules électriques associées à l’achat des
lampes de chevet. L’accroissement de la consommation d’un seul produit n’aug-
mentera pas la satisfaction.
Une courbe d’indifférence de biens complémentaires est représentée par une courbe
qui prend la forme d’un L avec le bas de la lettre représentant la proportion idéale donnée
par la fonction d’utilité. Si la proportion idéale est donnée par la base de la lettre L, le
prolongement de ce point permet de former une combinaison les quantités des biens
qui donne la même utilité. D’où la représentation par deux droites parallèles aux axes.

34
Le point commun de ces courbes d’indifférence est la convexité. La convexité

Thème 2
des goûts du consommateur est interprétable au niveau économique par la variété, la
diversité et les mélanges qu’exprime le consommateur dans le choix de ces biens. Cette
propriété donne la forme tournée vers le haut des courbes d’indifférences.

2. Liberté de choix : courbe d’indifférence et TMS


Définition : Le taux marginal de substitution (TMS) entre deux biens mesure la
quantité d’un bien que le consommateur est prêt à abandonner pour obtenir une unité
supplémentaire de l’autre bien, tout en conservant le même niveau d’utilité.
Dans la liberté de sa prise de décision, cette notion est capitale pour le consommateur.
Elle représente le ratio subjectif du consommateur. La courbe d’indifférence donne la
possibilité de visualiser le TMS en un panier de biens quelconques. En observant atten-
tivement la courbe d’indifférence, les pentes successives de la courbe d’indifférence, en
différents points, décrivent le taux marginal de substitution entre le bien x et y.
Par exemple pour la fonction d’utilité U ( x, y ) = x.y, en isolant la variable y, on obtient
l’équation de la courbe d’indifférence y = U ( x, y ) / x. Par construction, la dérivée de y n’est
autre chose que le taux marginal de substitution entre le bien x et y ( TMSxy = −(−U ( x, y ) / x 2).
Les économistes par contre ont l’habitude de ne pas isoler y, mais d’utiliser directement le
rapport des dérivées de la fonction d’utilité par rapport aux deux variables pour obtenir
l’obtenir (TMSxy = Umx / Umy = y / x ).

35
Thème 3
La contrainte
du revenu
et sa représentation
graphique
Exercices Exercices

Exercice A
Le revenu du consommateur est égal à 10 €, les prix des biens x et y sont identiques
et leur valeur est égale à 2 €. Écrire la contrainte de budget du consommateur et tracez
la contrainte. Si la valeur de son revenu augmente à 20 € puis à 40 €, sans que les prix
changent, tracez sur le même graphique ce que vous obtenez. Avec un revenu 20 €, le prix
du bien x augmente à 4 €, tracez sur le même graphique. Que constatez-vous ?

Exercice B
Le revenu du consommateur est égal à R et les prix des biens x et y sont identiques
en valeur.
1. Écrire la contrainte de budget du consommateur. Toutes choses égales par ailleurs,
si le prix Py augmente, puis si le prix Px double et Py triple, qu’observe-t‑on au niveau de
la droite budgétaire ?
2. Si 40 = 2x + 5y est le budget du consommateur, représentez la droite de budget tel
que le prix du bien x double, celui de y est multiplié par 8 et le revenu est multiplié par 4.
Que constatez-vous ?

▶ Conseils
– Revoir le point n° 1 des savoir-faire en microéconomie.
– Mettre toutes les lettres accompagnées de leurs coefficients du même côté de l’égalité pour
obtenir une fonction de deux variables. Puis, pour la tracer, dans le repère, cherchez les
points qui coupent les axes de x et de y, en utilisant le rapport des coefficients.

Corrigés

Exercice A
Étant donné la valeur de son revenu et des prix auxquels les biens sont vendus, la
contrainte de budget du consommateur est l’ensemble des paniers de biens dont le consom-
mateur est susceptible d’acquérir.

38 La contrainte du revenu et sa représentation graphique


L’expression générique de la droite de budget est R = xPx + yPx. Elle représente l’éga-

Thème 3
lité entre la valeur du revenu dont dispose le consommateur et la valeur des dépenses
à réaliser pour la consommation en biens x et y.
Si R = 10 et Px = Py = 2 alors la contrainte s’écrit 10 = 2x + 2y.
Si R = 20 et Px = Py = 2 alors la contrainte s’écrit 20 = 2x + 2y .
et si R = 40 et Px = Py = 2 alors la contrainte s’écrit 40 = 2x + 2y.
Si R = 20 et Px = 4 et Py = 2 alors la contrainte s’écrit 20 = 4 x + 2y.

Tableau des valeurs

x 0 5 10 20

y1 5 0 R = 10, Px = 2, Py = 2

y2 10 0 R = 20, Px = 2, Py = 2

y3 20 0 R = 40, Px = 2, Py = 2

y4 10 0 R = 20, Px = 4, Py = 2

Figure 3.1
Lorsque la valeur du revenu passe de 10 à 20 et 40 avec les prix qui restent identiques,
les pentes des droites de budget y1, y 2 , y 3 sont inchangées. En revanche, les valeurs sur
les axes du repère augmentent de 5 à 10 et 20. Ce qui permet de visualiser la manière
dont l’ensemble du budget s’étend (les droites de budget se déplacent parallèlement).
Dans le quatrième cas, le prix du bien x augmente de 2 à 4, la droite de budget y 4
en la comparant avec la situation de la droite y 2 , sa pente devient plus forte. Le fait que la
valeur du revenu reste inchangée, et que le prix du bien y ne soit pas modifié, ce mouve-
ment permet de visualiser la façon dont l’ensemble du budget se contracte. La droite
y 2 pivote vers la gauche par rapport à un point de l’axe des y pour former la droite y 4.

La contrainte du revenu et sa représentation graphique 39


Exercices Exercice B
1. Écrire la contrainte de budget du consommateur. Toutes choses égales par ailleurs,
si le prix Py augmente, puis si le prix Px double et Py triple qu’observe-t‑on au niveau de
la droite budgétaire ?
Étant donné la valeur de son revenu et les prix auxquels les biens sont vendus, la
contrainte de budget du consommateur représente l’ensemble des paniers de biens dont
le consommateur est susceptible d’acquérir.
L’expression générique de la droite de budget est R = xPx + yPx . Elle représente
l’égalité entre la valeur du revenu dont il dispose et la valeur de ses dépenses à réaliser
pour acquérir les biens x et y.
Si le prix Py augmente, toutes choses égales par ailleurs, l’abscisse à l’origine qui
représente le bien x reste inchangée, mais l’ordonnée qui représente le bien y change.
Par conséquent, la droite de budget s’aplatit en pivotant à partir du point de l’abscisse
et en se dirigeant vers l’origine des axes.
Si le prix Px double et Py triple, les points en ordonnée et en abscisse changent. Le
fait que le Py > Px , toutes choses égales par ailleurs, la pente de la droite du budget est
plus faible et la droite de budget s’aplatit.
2. Si 40 = 2x + 5y est le budget du consommateur, représentez la droite de budget tel
que le prix du bien x double, celui de y est multiplié par 8 et le revenu est multiplié par 4.
Que constatez-vous ?
La contrainte initiale du budget s’écrit 40 = 2x + 5y , après les augmentations du
revenu et des prix elle s’écrit 160 = 4 x + 40y .

Tableau des valeurs

x 20 0 40

y1 0 8

y2 2 4 0

Figure 3.2

40 La contrainte du revenu et sa représentation graphique


Le fait que Py > Px, toutes choses égales par ailleurs, la pente de la droite du budget est

Thème 3
plus faible. La droite de budget s’aplatit. Effet, puisque la relation entre les prix est Py = 4Px
et que la variation des prix et du revenu est ΔPy / ΔPx = ΔR = 4, alors la droite budgétaire
décrit un mouvement de bascule (effet balançoire). Le poids du prix du bien y pousse la
droite vers le bas (hausse plus importante), celui du prix du bien x pousse la droite vers
le haut (hausse plus faible) et la hausse du revenu fait glisser la droite vers la droite.

ҵ Note
Pour les biens dits substituts parfaits, si Px < Py le consommateur ne demande que le bien x. La
croissance du revenu entraîne la croissance de la consommation. Le chemin d’expansion du
revenu se confond avec l’axe horizontal, puisque la demande dans ce cas est R / Px . La courbe
d’Engel est une droite de pente Px (R = xPx ). Pour les biens dits complémentaires l’équation de
la combinaison fixe idéale est R = x / (Px + Py ) ou R = y / (Px + Py ).

La contrainte du revenu et sa représentation graphique 41


Focus Contrainte de budget
La contrainte de budget représente l’ensemble des paniers de biens qu’un consom-
mateur peut acquérir.

1. Ensemble budgétaire
Le consommateur, par hypothèse, désire consommer toujours plus de biens et
services, mais il est limité par son budget. Il doit donc tenir compte de son revenu (noté R)
et des prix de chacun des biens et services (notés Px et Py) qu’il souhaite consommer, pour
savoir quelle sera la quantité de biens x et y qu’il pourra effectivement consommer. Sa
contrainte de budget est un élément qui associe le revenu disponible du consommateur
aux valeurs des objets qu’il peut acheter (dépense à réaliser). L’ensemble de son budget
est la surface délimitée par les axes et la droite de budget. Elle représente l’ensemble
des biens x et y possible à son choix.
La droite de budget indique donc toutes les combinaisons des deux biens pour lesquelles
la dépense totale est égale au revenu. Elle définit par conséquent les paniers accessibles
et réalisables. Ce qu’il y a à retenir est que le consommateur utilise tout son revenu.
Il n’y a pas de possibilité de report (épargne par exemple). Si l’individu ne dépense pas
entièrement son revenu, ce qu’il n’aura pas été dépensé sera perdu. Cette contrainte
s’écrit alors R = xPx + yPy . Elle est une droite dont la pente est −Px / Py , ce qui signifie que la
droite de budget est décroissante. L’interprétation de la pente de la droite de budget est
importante, car elle indique le taux auquel les deux biens peuvent être substitués sans
changer la dépense totale (ratio objectif du marché). Autrement dit, elle mesure le coût
d’opportunité de la consommation d’un bien. Pour consommer davantage le bien y, il faut
renoncer à une certaine quantité du bien x. Le fait de renoncer à cette consommation du
bien x correspond au véritable coût économique d’une consommation de plus du bien y.

2. Modification de la contrainte budgétaire : causes


Traditionnellement, le budget se contracte quand le prix d’un bien augmente ou
lorsque le revenu diminue. Il s’étend lorsque le prix d’un bien diminue ou lorsque le
revenu augmente. Si la valeur du revenu du consommateur, ou (et) si le prix de l’un des
biens, ou encore (et) les deux prix des biens se modifient, l’ensemble budgétaire aussi
est modifié.

Effet d’une variation de revenu


Toutes choses égales par ailleurs, parallèlement à sa situation de départ, une
augmentation de la valeur du revenu du consommateur entraîne un déplacement de la
droite de budget vers la droite. Par conséquent l’ensemble des paniers de biens accessibles
augmente et entraîne une augmentation des quantités des biens accessibles.

42
Dans certaines circonstances, le consommateur ne peut pas acheter autant d’unités

Thème 3
de biens qu’il le souhaiterait. C’est le cas où temporairement est imposé un rationne-
ment ou une pénurie relative (promotion, ravitaillement en carburant). Dans de tel cas
l’ensemble du budget du consommateur est réduit ou amputé (Effet d’un rationnement).

Effet d’une variation de prix


Toutes choses égales par ailleurs, le changement d’un prix a une conséquence sur
l’inclinaison de la droite de budget. Elle entraîne une diminution ou une augmentation de
l’ensemble des paniers de biens accessibles. Le consommateur sera contraint de réaliser
de nouvelles combinaisons de paniers (couples) de biens. Dans le cas du changement des
deux prix, dans les mêmes proportions, ce changement des prix équivaut à un dépla-
cement parallèle de la droite de budget. Il se manifeste par une réduction (si les prix
augmentent) ou une hausse (si les prix augmentent) de la droite de budget. Enfin, dans
le cas du changement des deux prix, dans des proportions différentes, ce changement des
prix équivaut à un déplacement non parallèle de la droite de budget, avec une réduction
(si les prix augmentent) ou une hausse (si les prix baissent) de la droite de budget.

Effets prix et revenu conjugués


Il est aussi à considérer des variations à la fois des prix et du revenu. Par exemple,
lorsque les deux prix augmentent et que le revenu baisse, cela entraîne une baisse de
la droite budgétaire. Parce que les points en abscisse et ordonnée de la droite de budget
changent. Par contre, si la hausse du prix d’un bien est supérieure à l’autre avec une
baisse du revenu, la baisse de la droite budgétaire s’accompagne d’un changement de la
pente. Et enfin, lorsque les deux prix augmentent (ou baisse) dans les mêmes proportions
que le revenu, la droite budgétaire ne change pas.

43
Thème 4
Le choix optimal
du consommateur :
cas général
Exercices Exercices

Exercice A
Soit un consommateur qui exprime des utilités séparées que lui procurent deux
biens x et y convoités. Ces réponses sont consignées dans le tableau ci-dessous. Son revenu
disponible est de 250 €, par ailleurs, on l’informe que les prix respectifs des deux biens
sont de 20 € et 25 €.

x 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

U(x) 120 220 310 395 475 550 620 685 745 800 840

y 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

U(y) 160 300 430 550 660 760 850 930 1 000 1 060 1 110

Trouvez les quantités demandées optimales de son choix, justifiez votre réponse ?

Exercice B
La fonction d’utilité de Nicolas pour du chocolat (bien demandé en quantité x) et
pour du chausson aux pommes (bien demandé en quantité y) est donnée par une fonction
qui mélange les utilités exprimées et prend la forme U ( x, y ) = x 1/2 .y 1/2 . Son revenu est de
360 €, le prix du bien x est de 6 €, celui du bien y est de 18 €.
1. Écrire l’équation de la courbe d’indifférence de Nicolas associée à un niveau d’utilité
donné par les valeurs de x = 30 et y = 10, et calculez sa dérivée pour ce couple de valeurs.
2. Calculez les dérivées partielles de la fonction d’utilité pour les quantités quelconques
de biens x et y. Quelle est la valeur du rapport des dérivées obtenues avec les valeurs de
x = 30 et y = 10. Que constatez-vous ?
3. Déterminez le choix optimal du consommateur en bien x et en bien y. Représentez
l’équilibre sur un graphique.

▶ Conseils
– Dans le cas des biens substituables indivisibles (exercice A), complétez le tableau du choix
du consommateur par deux lignes supplémentaires pour chaque variable qui représentera
les utilités marginales (Um) et la mesure du surcroît de satisfaction par euro dépensé obtenu
grâce à la dernière unité consommée d’un bien (Um/P). Et enfin vérifier la condition d’équi
marginale (Umx/Px = Umy/py) sans oublier l’équation de la contrainte.
– Dans le cas des biens substituables divisibles (exercice B) égaliser le ratio de substitution
subjectif (le TMS) et le ratio objectif (pente de la contrainte du revenu) sans oublier l’équation
de la contrainte du revenu pour former un système à résoudre.

46 Le choix optimal du consommateur : cas général


Corrigés

Thème 4
ҵ Attention
Vérifier que le revenu est complètement dépensé et que le ratio subjectif de ses choix de subs-
titution soit égal au ratio objectif dicté par le marché.

Exercice A
Trouvez les quantités demandées optimales de son choix, justifiez votre réponse ?
Son revenu est 230 € et les prix du marché sont respectivement Px = 20 et Py = 25,
donc sa contrainte de revenu s’écrit 230 = 20x + 25y. Construisons le tableau de synthèse
du choix du consommateur.

x 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

U(x) 120 220 310 395 475 550 620 685 745 800 840

Umx – 100 90 85 80 75 70 65 60 55 40

Umx/Px – 5 4,5 4,25 4 3,75 3,5 3,25 3 2,75 2

y 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

U(y) 160 300 430 550 660 760 850 930 1 000 1 060 1 110

Umy 140 130 120 110 100 90 80 70 60 50

Umx/Py 5,6 5,2 4,8 4,4 4 3,6 3,2 2,2 2,4 2

Dans l’ensemble de ses choix possibles et probables, la condition d’équi marginale


décèle deux solutions d’égalité à retenir par le consommateur : Umx/Px = Umx/Py = 4 et
Umx/Px = Umx/Py = 2.
Pour l’équi marginale Umx/Px = Umx/Py = 4, le consommateur choisit les quantités
x = 5 et y = 6 ; et pour l’équi marginale Umx/Px = Umx/Py = 2, le consommateur choisit les
quantités x = 11 et y = 11. Le choix optimal est le choix des quantités x * = 5 et y * = 6 car la
contrainte du revenu est respectée avec ce choix (230 = 20 × 5 + 25 × 6), par contre ce n’est
pas le cas pour l’autre choix (230 < 20 ×11+ 25 ×11).

Exercice B
1. Écrire l’équation de la courbe d’indifférence de Nicolas associée à un niveau d’utilité
donné par les valeurs de x = 30 et y = 10, et calculer sa dérivée pour ce couple de valeurs.
Réalisons d’abord l’opération de mise au carré de toute l’expression de l’utilité
2 2
donnée pour simplifier l’écriture par rapport à x et y, U 2 = x (1/2) y (1/2) ⇒ U 2 = xy . Remplaçons
par la suite les valeurs données (x = 30 et y = 10) dans la fonction d’utilité U 2 = 30 ×10 = 300.

Le choix optimal du consommateur : cas général 47


Exercices Remplaçons U 2 par sa valeur dans la fonction d’utilité transformée, on déduit l’équation
de la courbe d’indifférence 300 = xy ⇒ y = 300 / x .
Le calcul de la dérivée de la fonction y est y ′ = (300 / x )′ = −300 / x 2. Pensez à la dérivée
de 1/x. Pour les valeurs de x = 30 et y = 10, la valeur de la dérivée est obtenue en ne rempla-
çant que la valeur de x dans l’expression de la dérivée. La raison est qu’il n’y a pas de y
dans l’expression de la dérivée y ′ (30,10 ) = −300 / 302 = −0,33.
2. Calculez les dérivées partielles de la fonction d’utilité pour les quantités quelconques
de biens x et y. Quelle est la valeur du rapport des dérivées obtenues avec les valeurs de
x = 30 et y = 10. Que constatez-vous ?
⎧⎪ u ′ = 1/ 2.x −1/2 .y 1/2
U ( x, y ) = x 1/2 y 1/2 ⇒ ⎨ x
u ′ = 1/ 2.x −1/2 .y 1/2
⎩⎪ y
En faisant le rapport ux′ / uy′ , on simplifie par 1/2 l’expression et on déplace les
variables à exposants négatifs vers les variables à exposants positifs. Cette opération
change le signe de l’exposant de la variable déplacée, ce qui permet au final d’addi-
tionner les deux exposants. D’où le résultat suivant ux′ / uy′ = y / x. La valeur du rapport
des dérivées obtenues avec les valeurs de x = 30 et y = 10 est ux′ / uy′ = y / x = 10 / 30 = 0,33.
On constate que le calcul de la dérivée pour le couple des valeurs x = 30 et y = 10 de la
question 1 et 2 donne le même résultat. On retrouve en fait la définition du taux marginal
de substitution TMSx / y = − y ′ .
3. Déterminez le choix optimal du consommateur en bien x et en bien y. Représentez
l’équilibre sur un graphique.
La décision optimale du consommateur est atteinte lorsque le consommateur sera
parvenu de faire coïncider le ratio qui mesure le taux auquel il est prêt à substituer un
bien par un autre bien avec le ratio des prix. Autrement dit, il s’agit d’égaliser un ratio
de substitution subjectif et un ratio objectif tout en respectant la relation revenu-dépense.
Cette règle, en faisant un produit en croix au niveau de la première équation, traduit
la résolution du choix optimal du consommateur par le système de deux équations à
deux inconnus x et y comme ce qui suit :
⎧ U x′ / U y′ = x / y = 6 /18 ⎧ 6x = 18y ⎧ −6x +18y
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨ ⇒ 36y = 360
⎩ 6x +18y = 360 ⎩ 23 = x + 2y ⎩ 6x +18y = 360
Donc y = 360 / 36 = 10 et en utilisant la première équation on a x = 18 (10 ) / 3 = 30. Le
choix optimal en bien x et y est x * = 30 , y * = 10 avec U * = 17,3205.

48 Le choix optimal du consommateur : cas général


Tableau des valeurs

Thème 4
x 10 15 30 60

y 30 20 10 5 U = 17,3205

y 10 0 R = 360

Figure 4

Le choix optimal du consommateur : cas général 49


Focus Équilibre du consommateur
Le choix optimal du consommateur, ou l’équilibre du consommateur sont les
expressions utilisées pour exprimer son programme qui permet de trouver un panier de
consommation. Panier choisi dans l’ensemble budgétaire, et qui se situe sur la courbe
d’indifférence la plus élevée. En général, le panier optimal est caractérisé par la condition
d’égalité entre la pente de la courbe d’indifférence et la pente de la droite de budget. Cette
tangence est une condition suffisante de l’optimalité du consommateur.

1. Convexité des préférences


Les préférences du consommateur sont dites convexes si pour tout panier donné,
l’ensemble des autres paniers préférés ou indifférents au panier donné est strictement
convexe. La Conséquence est qu’un panier qui est la moyenne de deux paniers indifférents
est un panier qui appartient à une courbe d’indifférence plus haute. Le panier moyen
apporte un niveau de satisfaction plus élevé qu’un panier composé d’un seul et unique
bien. Car le consommateur préfère la diversité, la variété. Lorsque les préférences sont
convexes, tout point qui satisfait la condition de tangence est nécessairement un point
optimal.
Dans le cas général des biens substituables, l’hypothèse de convexité est toujours
respectée. C’est une hypothèse capitale pour arriver à l’optimum du consommateur qui
propose une solution intérieure (quantités strictement positives). Graphiquement, la
courbe d’indifférence s’incurve en s’écartant de la droite de budget. Elle ne peut pas
revenir en arrière pour toucher une nouvelle fois la droite de budget.
En cas d’absence de cette hypothèse de convexité des préférences, la condition
d’équi marginale n’est pas nécessairement vérifiée en totalité à l’optimum (cas que nous
traiterons dans le thème suivant).

2. Choix optimal du consommateur


Deux éléments à partir desquels va se construire le choix du consommateur sont
d’une part ses préférences, d’autre part sa contrainte du revenu. En confrontant ces
deux éléments, on illustre graphiquement comme analytiquement l’arbitrage auquel
le consommateur est confronté. Le panier de biens (x *, y *) est l’optimum du choix du
consommateur, étant donné les prix des biens et son revenu, si ce panier de biens lui
apporte le plus haut niveau de satisfaction possible.
Graphiquement, la pente de la courbe d’indifférence (le taux marginal de substi-
tution) est confondue à la pente de la droite de budget (le coefficient directeur). C’est le
cas qui est présenté dans la figure 4.
Analytiquement, deux formules caractérisent la décision optimale du consommateur :
− La décision optimale du consommateur est un panier de biens (x *, y *) tel que le
taux marginal de substitution entre les biens soit égal au rapport de leurs prix
(TMSxy = Umx / Umy = Px / Py).

50
− La décision optimale du consommateur est un panier de biens (x *, y *) tel que le surcroît

Thème 4
de satisfaction par euro dépensé obtenu grâce à la dernière unité consommée des
biens soit égal ( Umx / Px = Umy / Py ).

3. Autres techniques analytiques de résolution

ҵ Note
Quelle que soit la fonction d’utilité qui mélange les utilités des biens de type Cobb-Douglas
U ( x, y ) = x α y β , le rapport des utilités marginales sera toujours égal à la forme générique suivante
TMSxy = Umx / Umx = (αy / βx ) et les demandes exprimées par le consommateur x * = αR / (α + β ) Px )
( )
et y * = βR / (α + β ) Py .

La recherche du plus haut niveau de satisfaction possible correspond à la maxi-


misation de la fonction d’utilité du consommateur. Cette maximisation se fait sous la
contrainte (s.c.) du revenu. Ainsi, le consommateur doit résoudre le programme suivant :
Max U ( x, y ) s.c. R = xPx + yPy , par exemple Max xy s.c. 20 = x + 2y

La méthode de substitution

ҵ Attention
Cette méthode est utilisable uniquement s’il n’y a pas d’exposant sur les variables x et y, aussi
bien dans la fonction d’utilité que dans la contrainte du revenu, mais en général surtout dans
la contrainte du revenu.

Trois étapes sont nécessaires :


− On isole la variable x de la contrainte x = 20 − 2y et on remplace l’expression obtenue
de x dans la fonction d’utilité U = (20 − 2y ) y = 20y − 4 y 2 .
− On dérive par la suite la fonction obtenue, on annule sa dérivée et on résout l’équa-
tion obtenue U ′ = 20 − 8y = 0.
− On déduit enfin que 20 = 8y ⇒ y * = 5 donc x * = 10 puisque x = 20 − 2y et le niveau d’uti-
lité d’équilibre est U * = 50 .

La méthode de Lagrange

ҵ Attention
C’est la méthode générale de la résolution des problèmes d’optimisation (maximum et minimum)
est utilisable dans tous les cas. Toutefois, il n’est pas nécessaire de l’utiliser si le problème est
très simple.

51
Focus Trois étapes sont nécessaires pour appliquer la méthode :
− Pour montrer que la solution sera bien sur la droite du revenu, on ramène les deux
variables accompagnées de leur constante respective du côté la constante 20. On
obtient ainsi une contrainte suivante − x − 2y + 20 = 0.
− On construit ensuite une nouvelle fonction notée L (fonction dite de Lagrange) qui
additionne les deux éléments du programme du consommateur par le biais d’un
coefficient λ (dit multiplicateur de Lagrange). Le résultat obtenu est une fonction
trois variables x, y et λ comme suit : L = xy + λ ( − x − 2y + 20 ).
− On dérive par la suite la fonction L obtenue par rapport aux trois variables qui la
composent et on annule ses dérivées obtenues :
⎧ Lx′ = y − λ = 0

L = xy + λ ( − x − 2y + 20 ) ⇒ ⎨ Ly′ = x − 2λ = 0
⎪ Lλ′ = − x − 2y + 20 = 0

⎧ y −λ=0 ⎧ y=λ
⎪ ⎪ ⎧ 2y = x
⇒ ⎨ x − 2λ = 0 ⇒ ⎨ x / 2 = λ ⇒ ⎨
x + 2y = 20 x + 2y = 20 ⎩ x + 2y = 20
⎩⎪ ⎪⎩
Les deux premières dérivées, par égalisation des deux expressions, donnent le
résultat de l’équi marginal x / 2 = y = λ, et la dernière la contrainte du revenu x + 2y = 20.
Le produit en croix de l’équation de l’équi marginale donne l’équation − x + 2y + 0. On
obtient ainsi un système de deux équations à deux inconnus comme ce qui suit :
⎧ − x + 2y = 0
⎨ x + 2y = 20 ⇒ 4 y = 20 ⇒ y = 20 / 4 = 5

et en la remplaçant ce résultat dans la première équation (− x + 2y = 0), on déduit
enfin que y * = 5, x * = 10, λ * = 5 et le niveau d’utilité d’équilibre est U * = 50 .

La méthode des utilités marginales

ҵ Note
C’est une méthode utilisée par tradition par les économistes qui est une variante de la méthode
de Lagrange.

Trois étapes sont nécessaires pour appliquer la méthode :


− On égalise le ratio subjectif du consommateur et le ratio objectif du marché. On
obtient le résultat suivant : U x′ / U y′ = y / x = 1/ 2, résultat à associer à la contrainte
du revenu x + 2y = 20.
− On réalise un produit en croix du résultat obtenu de l’égalité des ratios pour faire
apparaître une deuxième équation − x + 2y = 0 .
− La résolution du système donne x * = 10, U * = 50 et le niveau d’utilité d’équilibre est
y * = 5.

52
Thème 5
Le choix optimal
du consommateur :
cas extrêmes
Exercices Exercices

Exercice A
Soit un consommateur qui utilise le bus (en quantité y) et sa voiture (en quantité x)
pour se rendre à son travail. L’interchangeabilité de son choix entre le bus et la voiture
est constante durant des mois. Le consommateur exprime des préférences additives des
biens dont la fonction d’utilité est de la forme U ( x, y ) = 2x + 4 y. Son revenu est égal à 10.
1. Écrire l’équation de la droite de budget en notant Px et Py les prix respectifs des
biens x et y.
2. Supposons que Px = Py = 2, déterminez le panier de biens qui maximise l’utilité du
consommateur. Représentez cet équilibre.
3. Comment les prix doivent-ils être modifiés pour qu’à l’équilibre le consommateur
ne consomme plus que du bien x ?

Exercice B
La fonction d’utilité d’Émilie pour des ampoules (bien demandé en quantité x) et
pour les lampes de chevet (bien demandé en quantité y) est donnée par une fonction qui
mélange les utilités en une proportion donnée exprimée qui prend la forme particulière :
U ( x, y ) = min ( 2x, y ) . Son revenu disponible est de 20 €, par ailleurs, on l’informe que les
prix respectifs des deux biens sont de 1 € et 2 €.
Trouvez les quantités demandées optimales de son choix et représentez l’équilibre
dans le plan (x, y).

▶ Remarque
En absence de convexité de la fonction d’utilité représentant les préférences des paniers mixtes,
la condition d’équi marginalité ne peut être vérifiée à l’optimum. C’est le cas des biens parfai-
tement substituables et complémentaires.

Corrigés
▶ Conseils
Dans les cas extrêmes relatifs aux biens parfaitement substituables (exercice A) ou aux biens
complémentaires (exercice B) il est vain de vérifier les conditions génériques d’optimalité. Pour
trouver les choix optima, utilisez les deux dispositifs suivants :

54 Le choix optimal du consommateur : cas extrêmes


– Dans le cas des biens parfaitement substituables l’équilibre est dit en coin (sur les axes).

Thème 5
Trouvez un point commun sur les axes qui représente l’utilité et la contrainte du revenu.
L’hypothèse posée est qu’un bien est nécessaire et l’autre est non nécessaire.
– Dans le cas des biens complémentaires, égalisez l’équation de la combinaison fixe idéale
à l’équation de la contrainte de budget.

Exercice A
1. Écrire l’équation de la droite de budget en notant Px et Py les prix respectifs des
biens x et y.
La droite de budget représente toutes les combinaisons de deux biens pour lesquelles
la dépense totale est égale au revenu. Cette contrainte de revenu s’écrit sous sa forme
générique R = xPx + yPy ou sous sa forme d’équation y = R / Py − xPx / Py . Avec la valeur
connue du revenu, la droite est 10 = xPx + yPy ou y = 10 / Py − xPx / Py .
2. Supposons que Px = Py = 2, déterminez le panier de biens qui maximise l’utilité du
consommateur. Représentez cet équilibre.
Si les prix Px = Py = 2, alors 10 = 2x + 2y. La décision optimale du consommateur est
atteinte lorsque le consommateur sera parvenu à égaliser le ratio de substitution subjectif
(le TMS) au ratio objectif (le rapport des prix) tout en respectant la relation revenu-
dépense. Ici le TMS = 2/4 et le rapport des prix Px/Py = 1.

ҵ Note
La moyenne de deux paniers de biens différents apporte la même satisfaction. En d’autres
termes, dans cet exercice il y a une absence de diversification et de variété dans le choix. Les
paniers de biens sont exclusivement composés d’un seul et unique bien. C’est ce qui décrit ce
que l’on appelle une solution en coin.

La particularité des équilibres en coin du consommateur est qu’ils sont obtenus


lorsque deux droites se touchent sur les axes.
Pour l’axe du bien x, les coordonnées de la droite de budget sont x = R / Px = 10 / 2 = 5
et celui de la fonction d’utilité est x = U / 2. Si l’on veut que les deux droites se touchent,
tel que R / Px = U / Px alors nécessairement 5 = U / 2. Ce qui nous permet de déduire que le
niveau de la fonction d’utilité sera U = 10 . Et la solution est ( x * , y * ) = (5;0 ).
Pour l’axe du bien y, les coordonnées de la droite de budget sont y = R / Py = 10 / 2 = 5
et celui de la fonction d’utilité est y = U / 4 . Pour les mêmes raisons, ce qui nous permet
de déduire que le niveau de la fonction d’utilité est U = 20 . La solution dans ce cas est
( x , y ) = (0;5).
* *

Deux solutions sont possibles. Toutefois, la solution optimale qui est retenue est
( x * , y * ) = (0;5). Tout en tenant compte de la contrainte du budget, le consommateur préfère

Le choix optimal du consommateur : cas extrêmes 55


Exercices toujours plus à moins, ce choix lui permet d’atteindre la courbe d’utilité la plus éloignée,
Si on désigne par 10 le niveau de satisfaction, puis par 20, les équations de la courbe
d’indifférence sont déduites des expressions 10 = 2x + 4y et de 20 = 2x + 4y.

Tableau des valeurs

x 0 2,5 5

y1 = 2x + 4y 5 0 U = 10

y 2 = 2x + 4y 10 0 U = 20

y 3 = 2x + 2y 5 0 R = 10

Figure 5.1
3. Comment les prix doivent-ils être modifiés pour qu’à l’équilibre le consommateur
ne consomme plus que du bien x ?
Pour que le consommateur ne consomme plus que du bien x à l’équilibre, il faut
que la pente de la contrainte du budget (ratio objectif) soit strictement supérieure à la
pente du TMS (ratio subjectif). Autrement dit, il faut que le prix du bien y diminue et
que le prix de x augmente faiblement tel que Py < Px , ou resté identique.

Exercice B
Trouvez les quantités demandées optimales de son choix, et représentez l’équilibre
dans le plan (x, y).
Les données sont R = 20 €, Px = 1 € et Py = 2 €, donc Px/Py = 1/2 et l’équation de la
contrainte du revenu est x + 2y = 20 . L’équation de la droite qui représente la proportion
fixe idéale de la fonction d’utilité est y = 2x .
Égalisons ces deux équations 2x = 10 − x / 2 ⇒ 2x + x / 2 = 10 ⇒ 5x / 2 = 10. Ce qui permet
d’obtenir x * = 20 / 5 = 4 et y * = 2x = 8 avec le niveau d’utilité d’équilibre qui est U * = 8.

56 Le choix optimal du consommateur : cas extrêmes


Thème 5
Figure 5.2

Le choix optimal du consommateur : cas extrêmes 57


Focus Préférences et autres biens de consommation
Lorsque l’on a deux biens substituables, qui représentent la diversité, la variété
dans le choix du consommateur, cette caractéristique spécifie une représentation des
choix du consommateur par une courbe d’indifférence convexe. Dans d’autres cas, liée
aux caractéristiques des biens, la forme de la courbe d’indifférence est particulière.

1. Biens parfaitement substituables


Deux biens sont substituts parfaits, lorsque le consommateur dans ses choix est
disposé à substituer un bien par un autre à un taux constant.
On sait que certains biens ont un taux marginal de substitution non constant. Si les
couples des biens sont parfaitement substituables, les courbes d’indifférences seront
des droites décroissantes parallèles. Le taux marginal de substitution est alors constant.
Un exemple de ce type de biens est décrit par l’utilisation d’un stylo bleu et d’un stylo
noir pour écrire une note. On ne se préoccupe point de l’importance de la couleur, mais
plutôt de transcrire l’information. Ce cas de biens parfaitement substituables n’offre
pas la garantie à l’existence et à l’unicité de l’optimum.
− Ainsi, si les deux biens sont nécessaires, il n’existe aucune solution au problème
du consommateur. Il y a une infinité de solutions, tous les paniers appartenant à
la droite de budget et la condition d’équi marginale est respectée.
− Dans le cas où un seul des biens serait nécessaire, il n’existe qu’une solution
si la pente de la contrainte de revenu est égale à celui de la fonction d’utilité.
Ceci est une solution dite en coin. En effet, pour qu’un panier soit un optimum
du consommateur, il faut qu’un des biens x ou y soit non nécessaire. Si tel est le
cas, le consommateur consacre tout son revenu au bien nécessaire. La solution
obtenue est ( x * , y * ) = ( R / Px;0 ) ou ( x * , y * ) = ( 0;R / Py ) et la condition équi marginalité
n’est pas vérifiée à l’optimum.
Ces résultats sont-ils réalistes ? Oui en théorie, mais en fait, ils indiquent simple-
ment que si les biens sont des substituts parfaits, le consommateur achètera le bien le
moins cher. Et s’ils ont le même prix, le consommateur est embêté.

2. Biens complémentaires
Tous les biens dans l’économie ne sont pas substituables. Certains sont complé-
mentaires. Les biens complémentaires sont des biens que le consommateur doit toujours
consommer ensemble dans des proportions fixes.
Si les biens sont complémentaires, alors les courbes d’indifférence seront en
forme de L. Un exemple qui représente les biens complémentaires est le cas de la paire
de chaussures. Ici le couple pied droit et pied gauche représente deux biens différents. Le
consommateur n’est pas plus satisfait d’avoir plusieurs chaussures du pied droit que s’il
n’a qu’une chaussure du pied gauche. Sans la chaussure du pied gauche, les chaussures
du pied droit supplémentaires ont une utilité marginale nulle. Par conséquent, il existe

58
une combinaison idéale au comportement traditionnel du consommateur. Cet exemple

Thème 5
offre la garantie de l’existence et de l’unicité de l’optimum. En revanche, la condition
d’équi marginale ne peut être vérifiée à l’équilibre. On ne peut pas en effet définir la
tangente au point de la combinaison idéale (au niveau du coude). Le TMS à la base du
coude n’est pas uniforme (à gauche le TMS = ∞ et à droite le TMS = 0).

59
Thème 6
L’impact
d’une variation
du revenu
sur l’équilibre
du consommateur
Exercices Exercices

Exercice A
Soit un consommateur qui utilise deux biens en quantité x et y. Il exprime ses préfé-
rences sous la forme U ( x, y ) = x 1/2 .y . Son revenu passe successivement, au cours de trois
mois, de 12 €, 24 € à 30 €. Les prix du marché des biens à consommer sont égaux à 2 €.
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales relatives à son choix.
2. Représentez les différents équilibres du consommateur, que constatez-vous ?

Exercice B
La fonction d’utilité d’un consommateur est donnée par une fonction de la forme :
U ( x, y ) = min( x,2y ). La première année son revenu disponible est de 100 € et les prix respec-
tifs des deux biens sont de 1 € et 2 €. Toutes choses égales par ailleurs, l’année suivante
son revenu passe à 50 €.
1. Donnez l’expression de la courbe d’Engel des biens x et y, représentez les équilibres
et les courbes d’Engel.
2. Les biens sont-ils normaux ?

ҵ Note
La fonction de demande-revenu d’un bien est la forme générique de la demande d’un bien. Elle
est exprimée en fonction du revenu et elle représente la courbe d’Engel. Elle est croissante si le
bien est un bien normal, et elle est décroissante si le bien est un bien anormal.

Corrigés

Exercice A
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales relatives à son choix.
Trouver les fonctions de demande des biens x et y revient à résoudre le programme
classique ci-dessous du consommateur sans les valeurs numériques :
Max x 1/2 .y s.c. R = xPx + yPy

62 L’impact d’une variation du revenu sur l’équilibre du consommateur


La solution à trouver respecte toujours deux conditions :

Thème 6
− L’égalité des ratios Umx / Umy = Px / Py ⇒ (1/ 2x −1/2 . y ) / x 1/2 = Px / Py ⇒ y / 2x = Px / Py,
− La contrainte du revenu R = xPx + yPy.
Le produit en croix de la première équation donne 2xPx = yPy. Ce résultat donne une
première équation 2xPx − yPy = 0 et la deuxième est R = xPx + yPy. La résolution du système
par addition des deux équations donne pour solution la fonction de demande du bien x,
x * = R / 3Px et la fonction du bien y, y * = 2R / 3Py .

Tableau de valeurs

R Px Py x* y* U*

12 2 2 2 4 5,6

24 2 2 4 8 16

30 2 2 5 10 22,36

2. Représentez les différents équilibres du consommateur, que constatez-vous ?

Figure 6.1
Lorsque le revenu disponible du consommateur change avec des prix constants, le
consommateur modifie son panier optimal de biens. Graphiquement, un accroissement
du revenu correspond à un déplacement parallèle vers le haut de la droite budgétaire
qui conduit à une extension de son budget. Chaque nouveau budget rencontre une
nouvelle courbe d’indifférence qui décrit un nouvel équilibre. En reliant ces différents
points optima, on décrit le chemin d’expansion du revenu. Comme les deux biens sont
des biens normaux, le chemin d’expansion a une pente positive comme il est visualisé
dans la figure 6.1.

L’impact d’une variation du revenu sur l’équilibre du consommateur 63


Exercices ▶ Remarques
– Le chemin d’expansion n’est pas toujours linéaire, sa forme dépend de la typologie de biens.
– La courbe d’Engel permet de visualiser la relation entre la quantité demandée d’un bien
du marché et les différents niveaux de revenu du consommateur.

Exercice B
1. Donnez la courbe d’Engel des biens x et y, représentez les équilibres et les courbes
d’Engel.
La courbe d’Engel est déduite de l’ensemble des situations d’équilibre du consom-
mateur. Par définition, les consommations optimales d’un bien en fonction des différents
niveaux de revenu réliées entre elles donnent la courbe d’Engel. Elle représente l’ensemble
des points optima de consommation lorsque seul le revenu varie.
Supposons que R est inconnu si Px = 1 € et Py = 2 €, alors Px/Py = 1/2 et l’équation de la
contrainte du revenu est x + 2y = R . L’équation de la courbe qui représente la proportion
idéale est 2y = x . Égalisons ces deux équations x / 2 = R / 2 − x / 2. Ce qui permet d’obtenir
x * = R / 2 et y * = R / 4 .

Tableau des valeurs

R Px Py x* y* U*

100 1 2 50 25 50

50 1 2 25 12,5 25

Figure 6.2

64 L’impact d’une variation du revenu sur l’équilibre du consommateur


Courbe d’Engel du bien x

Thème 6
Figure 6.3

Courbe d’Engel du bien y

Figure 6.4
2. Les biens sont-ils normaux ?
Les figures 6.3 et 6.4 décrivent des courbes à pente positive, 1/2 pour le bien x et
1/4 pour le bien y. Au vu de ces résultats, les biens x et y sont des biens normaux, leur
demande baisse uniformément lorsque le revenu du consommateur diminue. Toutefois,
la sensibilité à la variation de la demande d’un bien au revenu est mesurée par l’élas-
ticité revenu de la demande. Elle rend compte de la variation relative de la demande
consécutive à la variation relative du revenu. La justification numérique que les biens
x et y sont des biens normaux est :
( )( )
e x /R = ( Δx / x ) / ( ΔR / R ) ⇔ (25 − 50 ) / 50 / (50 −100 ) /100 = 1> 0

( )( )
e y /R = ( Δy / y ) / ( ΔR / R ) ⇔ (12,5 − 25) / 25 / (50 −100 ) /100 = 1> 0

ҵ Note
Pour les biens substituts parfaits, si Px < Py le consommateur ne demande que le bien x. La
croissance du revenu entraîne la croissance de la consommation, le chemin d’expansion du
revenu se confond avec l’axe horizontal, puisque la demande dans ce cas est R / Px . La courbe
d’Engel est une droite de pente Px (R = xPx ). Pour les biens complémentaires l’équation de la
combinaison fixe idéale est R = x / (Px + Py ) ou R = y / (Px + Py ) .

L’impact d’une variation du revenu sur l’équilibre du consommateur 65


Focus Courbe de demande-revenu :
première typologie des biens
1. Typologie des biens
La fonction de demande pour un bien ou un service exprime la quantité demandée
par un individu (demande individuelle) en fonction du prix du bien, du prix des autres
biens et du revenu. En s’intéressant qu’à l’effet seul du revenu sur la demande, toutes
choses égales par ailleurs, l’allure que décrit le chemin d’expansion du revenu (courbe
d’Engel) révèle une première typologie de biens. Le critère revenu retenu qualifie les
biens d’inférieurs (anormaux) ou de supérieurs (normaux).
Un bien est dit inférieur (ou anormal) lorsque sa consommation diminue plus
ou proportionnellement avec l’accroissement du revenu. Autrement, sa quantité évolue
dans le sens contraire de l’évolution du revenu. Ce n’est pas un bien exceptionnel, car
de nombreux biens épousent ce mouvement. En effet, si l’on dispose des revenus plus
élevés, on aura un comportement qui demanderait moins de biens de faible qualité pour
des biens de qualité. C’est ce que l’on qualifie de bien de nécessité de moindre qualité.
A contrario un bien est dit supérieur (ou normal) lorsque sa consommation
augmente plus ou moins vite avec l’accroissement du revenu. Autrement, sa quantité
évolue dans le même sens de l’évolution du revenu. Deux catégories de biens en découlent
de cette augmentation :
− Bien normal de nécessité, sa consommation augmente moins que proportionnelle-
ment à la croissance du revenu. On trouve dans cette catégorie les biens alimentaires.
− Bien normal de luxe, sa consommation augmente plus que proportionnellement à
la croissance du revenu. C’est le cas de certains biens culturels (tableaux, sculptures,
pièces de théâtre…), mais aussi certains vêtements de marque, parfums, vins, le
téléphone mobile. En réalité, cette appellation est trompeuse, car on trouve aussi
dans cette catégorie les dépenses de santé, de vacances…
La manière la plus appropriée pour caractériser les biens est de les classer en
fonction de l’élasticité-revenu de leur demande. Cette notion indique, toutes choses étant
égales par ailleurs, la sensibilité d’une variation en pourcentage du revenu sur les
quantités demandées d’un bien. Elle représente un ratio, noté eD/R, qui est le résultat
du rapport entre la variation relative de la demande et la variation relative du revenu.

66
Tableau de synthèse

Thème 6
Formule

Avec un tableau Avec une fonction numérique

e D/R = ( ΔD / D ) / ( ΔR / R ) ⇒ ( ΔD / ΔR ) / ( R / D ) e D/R = DR′ × ( R / D )

Typologie des biens

R↗ eD/R < 0 eD/R > 0

Catégorie Bien inférieur Bien supérieur (normal)

Demande ↘ ↗

Caractéristique 0 < eD/R < 1 eD/R > 1

Moins que Plus que


Évolution
proportionnelle proportionnelle

De première
Bien nécessaire,
Type de bien nécessité de qualité Bien de luxe
indispensable
inférieure

Margarine,
Restaurant,
Pomme de terre, Fruits, Fromage,
Exemple Téléphone mobile,
Transport en Viande
Loisirs, produits Bio
commun

2. Utilité des élasticités revenus


Deux utilités principales sont à noter dans l’étude de l’élasticité revenu : la recherche
à la conformité à la loi d’Engel sur le plan microéconomique ou macroéconomique et la
mesure des impacts des politiques sociale, fiscale et économique sur la consommation
des ménages.
L’étude de l’élasticité revenu renvoie d’abord à la loi d’Engel, selon laquelle lorsque
le niveau de vie augmente, la demande des ménages se porte successivement sur les
biens de premières nécessités (aliments, logements, vêtements), puis sur des biens de
consommation courante (équipement du foyer, automobile) et enfin sur les biens supé-
rieurs assurant un plus grand agrément de la vie, parmi lesquels on trouve la plupart
les services. Ainsi, plus une population est pauvre, plus est grande en pourcentage la
part du revenu qu’elle doit consacrer aux biens alimentaires.

67
Focus Extrait évolution de l’élasticité revenu 2001-2006

Photo, Ciné 0,94 Jeux vidéo 1,46

Presse 0,61 Service audiovisuel 1,58

Équipement TV 0,42 Microinformatique 0,74

Sources B. Meresca-R. Picard-T. Pilorin,


« Dépenses Culture-Médias des Ménages en France au milieu des années 2000 »,
Culture Étude n° 2011-3,
Ministère de la culture et de la communication, Crédoc/DEPS, 2011.

Les élasticités sont aussi utilisées pour évaluer les impacts des différentes poli-
tiques sur le comportement des consommateurs. Les actions menées sont de relancer
la consommation, de stimuler l’investissement, d’accorder des baisses de charges aux
entreprises pour les emplois de demain. On voit là une grande question sous-jacente en
macroéconomie qui lie les comportements microéconomique et macroéconomique de
la demande de consommation.

68
Thème 7
L’impact
d’une variation
du prix
sur l’équilibre
du consommateur
Exercices Exercices

Exercice A
Soit un consommateur qui utilise deux biens en quantités x (quantité de pêches)
et y (quantité de brugnons). Il exprime ses préférences sous la forme U ( x, y ) = x 1/2 .y . Son
revenu est 12 €. Au cours des trois semaines successives le prix du bien x varie de 2 € à
1 € et 0,50 € (arrivée des pêches espagnoles sur le marché). Le prix du marché du bien y
est toujours égal à 2 €.
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
2. Représentez les différents équilibres du consommateur, que constatez-vous ?

Exercice B
La fonction d’utilité d’un consommateur est donnée par une fonction de la forme :
U ( x, y ) = min( x,2y ). Son revenu disponible est de 100 € et les prix respectifs des deux biens
sont de 1 € et 2 €. Toutes choses égales par ailleurs, les semaines successives le prix du
bien y varie à 3 € et 0,50 €.
1. Représentez les équilibres dans le plan (x, y) et les courbes de demande-prix des
biens x et y.
2. Les biens sont-ils normaux ?

ҵ Note
La fonction de demande-prix d’un bien est la demande marshallienne classique. Elle représente
une courbe décroissante des prix : si le prix augmente la quantité du bien baisse et si le prix
baisse la quantité du bien augmente.

Corrigés
▶ Conseils
Vérifiez les conditions d’optimalité sans valeurs numériques. Dans le cas des biens substituables,
trouvez légalité du ratio subjectif et du ratio objectif sans oublier la contrainte du revenu. Dans
le cas des biens complémentaires, égalisez l’équation de la combinaison fixe idéale à l’équation
de la contrainte de budget.

70 L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du consommateur


Exercice A

Thème 7
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
Trouver les fonctions de demande des biens x et y revient à résoudre le programme
classique ci-dessous du consommateur sans les valeurs numériques :
Max x 1/2 .y s.c. R = xPx + yPy
La solution à trouver respecte toujours deux conditions :
− L’égalité des ratios Umx / Umy = Px / Py ,
⇒ (1/ 2x −1/2 . y ) / x 1/2 = Px / Py ⇒ y / 2x = Px / Py
− La contrainte du revenu R = xPx + yPy.
Après simplification, le produit en croix de la première équation donne 2xPx = yPy .
On déduit l’équation 2xPx − yPy = 0. Ce résultat avec la deuxième équation R = xPx + yPy
donne un système qui a pour résultat la fonction de demande du bien x, x * = R / 3Px et la
fonction du bien y, y * = 2R / 3Py .

Tableau des valeurs

R Px Py x* y* U*

12 2 2 2 4 5,65

12 1 2 4 4 8

12 0,5 2 8 4 11,3

2. Représentez les différents équilibres du consommateur, que constatez-vous ?


Lorsque le revenu disponible du consommateur reste constant et que seul le prix
d’un bien x change, le consommateur modifie son panier optimal de biens. Une baisse
successive du prix du bien x conduit à une extension du budget du consommateur
(augmentation du pouvoir d’achat). Les droites de budget successives rencontrent de
nouvelles courbes d’indifférence. Cette extension du budget crée, sur l’axe des x, un
mouvement en éventail de la droite de revenu, avec un point pivot 6 sur l’axe des y. En
reliant les différents points optima on décrit un chemin qui porte le nom de courbe de
consommation-prix (courbe d’expansion du prix).

L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du consommateur 71


Exercices

Figure 7.1

▶ Remarque
La courbe de consommation-prix n’est pas toujours croissante, sa forme dépend de la typologie
de biens.

Exercice B
1. Représentez les équilibres dans le plan (x, y) et les courbes de consommation-prix
des biens x et y.
La courbe de consommation-prix est déduite des situations d’équilibre du consom-
mateur. Elle représente l’ensemble des points optima de consommation lorsque seul
le prix varie.
Supposons que R, Px et Py sont inconnus, que l’équation de la contrainte
du revenu est R = xPx + yPy et l’équation de la courbe qui représente la propor-
tion fixe idéale du choix du consommateur est 2y = x. Égalisons cette équation
à la contrainte du revenu R = xPx + yPy ⇒ x = ( R − yPy ) / Px . Ceci permet d’obtenir
2y = ( R − yPy ) / Px ⇒ 2yPx = R − yPy) ⇒ y (2Px + Py ) = R. D’où y * = R / (2Px + Py ) et x * = 2y *. La déduc­
tion des valeurs numériques d’équilibres associées est comme ce qui suit :

Tableau des valeurs

R Px Py x* y* U*

100 1 2 50 25 50

100 1 3 40 20 40

100 1 0,5 80 40 80

72 L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du consommateur


Thème 7
Figure 7.2
Déduisons les courbes de consommation-prix du bien x et du bien y. Ces courbes
associent les demandes des biens d’équilibre du consommateur aux différentes variations
de la valeur du prix du marché.

ͮ Courbe consommation-prix du bien x (fonction de demande)

Figure 7.3a

Figure 7.3b

L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du consommateur 73


Exercices ͮ Courbe consommation-prix du bien y (fonction de demande)

Figure 7.4a

Figure 7.4b
2. Les biens sont-ils normaux ?
Les figures 7.3a et 7.4a décrivent des courbes à pente négative, tandis que les
figures 7.3b et 7.4b décrivent des droites à pente nulle. Au vu des figures ci-dessus, le
bien x et le bien y sont des biens normaux et complémentaires. En effet, leur demande
baisse lorsque leur prix propre du marché augmente. En plus, la baisse de la demande du
bien y, après la hausse du prix du bien y, s’accompagne aussi la baisse de la demande du
bien x. Toutefois, au-delà de l’aspect graphique, la sensibilité de la demande à la variation
du prix est mesurée par l’élasticité prix de la demande. Sa justification numérique est :

( ) ( )( )
e x /Py = ( Δx / x ) / ΔPy / Py ⇔ ( 40 − 50 ) / 50 / (3 − 2 ) / 2 = −0, 4 < 0
e y /Py = ( Δy / y ) / ( ΔP / P ) ⇔ ((20 − 25) / 25) / ((3 − 2 ) / 2 ) = −0,125 < 0
y y

74 L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du consommateur


Focus
Courbe de demande-prix :
deuxième typologie des biens
1. Typologie des biens
La fonction de demande d’un bien est généralement décroissante par rapport à la
variation de son prix. En s’intéressant seulement à l’effet du prix sur la demande, toutes
choses égales par ailleurs, on déduit deux sous-catégories de biens. Les biens seront
qualifiés soient d’anormaux, de normaux si l’intérêt est porté exclusivement sur le prix
direct des biens. Par contre, lorsque l’intérêt est porté sur l’effet du prix croisé des biens,
les biens seront qualifiés de biens substituables ou complémentaires.

Première sous-typologie : Biens anormaux et biens normaux


Un bien est dit anormal (ou atypique) lorsque sa consommation augmente avec
l’accroissement du prix (cas des biens Veblen) ou diminue lorsque le prix diminue (cas
des biens Giffen).
− Pour les biens Veblen, qui forment ce que l’on appelle couramment les biens dits
de luxe, on montre qu’ils permettent au consommateur de montrer par l’expres-
sion de leur demande une appartenance à une classe sociale. Par exemple des
personnes qui recherchent de mieux être soignées, de mieux être logées, de mieux
être instruites …, ils expriment une demande croissante lorsque le prix proposé
est haut. Aujourd’hui certains biens ordinaires font partie de cette catégorie, par
exemple le téléphone portable.
− Pour les biens Giffen, qui forment ce que l’on appelle couramment les biens très
inférieurs, on montre que ceux qui disposent d’un pouvoir d’achat potentiel plus
élevé demandent de moins en moins les biens de premières nécessités de moindre
qualité. Avec l’augmentation des revenus et la spécificité catégorielle du bien, la
consommation par exemple de la margarine diminue. Ce qui n’est pas le cas pour
les agents à faibles revenus. Avec l’augmentation du revenu la part consacrée à
ces biens augmente. Les biens Giffen sont des biens de nécessité de moindre qualité
(e D/P > 0, e D/R < 0).
A contrario, un bien est dit normal (ou typique) lorsque sa consommation augmente
en sens inverse de l’accroissement de son prix. Deux catégories de biens découlent de
cette augmentation :
− Bien normal inélastique, sa demande baisse moins que proportionnellement à la
croissance du prix. On trouve dans cette catégorie les biens de première nécessité
ou des biens prioritaires comme la demande d’aliments, d’électricités, des médi-
caments, d’une consultation médicale…),

75
Focus − Bien normal élastique, sa consommation augmente plus vite que la baisse du prix.
C’est le cas de certains biens comme la demande de transport, de vacances… la
raison de cette élasticité est la taille du marché et l’existence des produits substituts.
La manière la plus appropriée pour caractériser les biens est de les classer en
fonction de l’élasticité prix de leur demande. La notion d’élasticité-prix indique, toutes
choses étant égales par ailleurs, l’effet (la sensibilité) d’une variation en pourcentage du
prix sur les quantités demandées d’un bien. Plus un bien est sensible à la variation
du prix, plus il est élastique ; moins il l’est, plus il est inélastique. Dans la pratique, elle
représente un ratio, noté eD/P, entre la variation relative de la demande et la variation
relative de la demande.

Tableau de synthèse
Formule

Avec un tableau Avec une fonction numérique

e D/Pd = ( ΔD / D ) / ( ΔPd / Pd ) ⇒ ( ΔD / ΔPd ) / ( Pd / D ) e D/Pd = DP′ × ( Pd / D )

Typologie des biens

Élasticité prix directe

Pd ↗ eD/Pd > 0 eD/Pd < 0

Catégorie biens anormaux biens normaux

Demande ↗ ↘ ↘

Pd ↗ Pd ↘ –1< eD/Pd < 0 eD/Pd < –1


Caractéristique
Demande Demande
Biens Veblen Biens Giffen
inélastique élastique

Biens
Biens de Biens de moindres
Biens de luxe premières indispensables nécessités
qualité sans substituts et de substituts
proches
Exemple
Margarine
Médicaments
Pommes
Téléphone, Essence Produits
de terre,
Voiture Consultation de mode
Ustensiles
médicale
de cuisine

76
Deuxième sous-typologie : biens substituables et biens complémentaires

Thème 7
Toutes choses égales par ailleurs, pour des biens normaux, en s’intéressant seule-
ment à l’effet du prix croisé d’un bien par rapport à la demande de l’autre bien, on déduit
une deuxième sous-typologie de biens.
Un bien est dit complémentaire par rapport à un autre lorsque sa consommation
croit, en tenant compte de la baisse du prix de l’autre bien. On trouve principalement
dans cette catégorie les biens qui doivent être consommés ensemble en proportion fixe.
C’est l’exemple de l’imprimante et ses cartouches, de la voiture et de l’essence, d’une
lampe de chevet et de ses ampoules.
Par contre, un bien est dit substituable par rapport à un autre bien lorsque sa
consommation croit avec la hausse du prix de l’autre bien. En termes de taux de varia-
tion, ce dernier est le bien qui peut être remplacé par un autre qui va répondre au même
besoin. Il faut souligner le caractère subjectif de cette notion.

Tableau de synthèse
Formule

Avec un tableau Avec une fonction numérique

e D/Pc = ( ΔD / D ) / ( ΔPc / Pc ) ⇒ ( ΔD / ΔPc ) / ( Pc / D ) e D/Pc = DP′ × ( Pc / D )

Élasticité prix croisée

Pc ↗ eD/Pc > 0 eD/Pc = 0 eD/Pc < 0

Catégorie de biens Substituables Complémentaires

Demande ↗ → ↘

Caractéristique Liaison positive Absence de liaison Liaison négative

Thé et Café Lampe de chevet


Thé et Tee-Shirt
Exemple Boissons sucrées et ampoule, Voiture
Chocolat et haricot
Glace et Sorbet et essence

2. Utilité des élasticités prix


Hormis les utilités connues par les économistes, deux utilités principales sont à
noter : la performance dans l’action de l’entreprise (élasticité prix directe) et dans son
positionnement sur le marché (élasticité prix croisée).
L’élasticité prix en général est un moyen pour les entreprises de mesurer la perfor-
mance de leurs actions marketing. Par exemple, si un produit est très élastique, il est
perçu comme un produit de base par les consommateurs. Ainsi la mesure de l’élasticité
prix indique à l’entreprise son degré d’efficacité pour commercialiser ses produits
auprès des consommateurs. L’objectif d’une entreprise étant de déplacer des produits

77
Focus relativement élastiques à relativement inélastique. Cela est possible en créant un produit
qui est différencié et significatif pour les clients. Ainsi, lorsque, par le biais d’une image
de marque ou d’initiatives marketings, une entreprise augmente le désir des consom-
mateurs pour un produit et leur volonté à payer, quel que soit le prix, cela améliore la
situation de l’entreprise par rapport à ses concurrents. Mais cela peut aussi aller dans
l’autre sens. En effet le produit à vendre peut devenir plus élastique si un concurrent
commence à offrir des substituts convaincants ou si les revenus des consommateurs
baissent, ce qui les rend plus sensibles au prix. Par conséquent l’élasticité prix est une
mesure importante à surveiller.
Dans une autre dimension, la mesure de l’élasticité prix croisée est particulièrement
utile en matière de politique de la concurrence. Pour déterminer l’étendue d’un marché
et de déterminer si une entreprise est en situation d’abus de position dominante, il est en
effet nécessaire de voir jusqu’à quel point différents produits sont substituables (Coca
et Pepsi, Doliprane et Efferalgan…). Dans le même contexte, cette notion d’élasticité est
utile pour déterminer si deux biens appartiennent au même marché, et si les autorités
de contrôle de la concurrence doivent déclencher une action.

78
Thème 8
La modification
du prix
et changement
de la structure
de consommation
Exercices Exercices

Exercice A
Effet de substitution et de revenu : différence entre la décomposition de Hicks et
Slutsky.

Exercice B
Soit un consommateur au nom de Virgil utilise deux biens en quantités x (quantité
de pêches jaunes) et y (quantité de brugnons à chair blanche). Il exprime ses préférences
sous la forme de la fonction d’utilité U ( x, y ) = x 2 y . Son revenu est 24 €. Au cours des deux
semaines le prix du bien x a varié sur le marché de 2 € à 1 € (arrivée des pêches espagnoles
sur le marché), par contre le prix du bien y est toujours égal à 4 €.
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
2. Puisqu’il y a un changement du prix du bien x, donnez les équations de la courbe
d’indifférence, de la droite de budget de la situation initiale et finale.
3. Quantifiez et représentez les effets de substitution et de revenu par la méthode
de Hicks et de Slutsky.
4. Que constatez-vous ?

Exercice C
Soit un consommateur utilise deux biens en quantités x et y. Il exprime ses préfé-
rences sous la forme de la fonction d’utilité U ( x, y ) = x 1/2 y 1/2. Son revenu est 360 €. Au cours
des deux semaines le prix du bien y a varié sur le marché de 18 € à 10 € par contre le prix
du bien x est toujours égal à 6 €.
1. Trouvez les équilibres du consommateur.
2. Donnez les équations de la courbe d’indifférence, de la droite de budget de la
situation initiale et finale. Quantifiez et représentez les effets de substitution et de revenu
par la méthode de Hicks et de Slutsky.

Exercice D
Soit un consommateur utilise deux biens en quantités x et y. Il exprime ses préférences
sous la forme de la fonction d’utilité U ( x, y ) = min(2x, y ). Son revenu est 20 €. Au cours de
deux semaines le prix du bien y a varié sur le marché de 2 € à 4 € par contre le prix du
bien x à est toujours égal à 1 €.
1. Trouvez les équilibres du consommateur.
2. Quantifiez et représentez les effets de substitution et de revenu par la méthode
de Hicks et de Slutsky.

80 La modification du prix et changement de la structure de consommation


▶ Conseils

Thème 8
Vérifiez les conditions d’optimalité sans les valeurs numériques. Trouvez l’égalité du ratio
subjectif et du ratio objectif sans oublier la contrainte du revenu.

Corrigés

Exercice A
Effet de substitution et de revenu : différence entre la décomposition de Hicks et Slutsky.
Slutsky et Hicks sont deux économistes qui se sont intéressés à la décomposition
de l’effet de la variation des prix sur la structure du panier de consommation. Les deux
sont unanimes sur la manifestation de l’effet de revenu. La différence réside dans la
manifestation de l’effet de substitution.
La définition que Slutsky donne à l’effet de substitution est la variation de la demande
lorsque le prix se modifie avec un pouvoir d’achat constant de sorte que le panier initial
demeure accessible. Ceci sous-entend de faire pivoter la droite de budget autour du point
d’équilibre initial. Par contre, celle de Hicks est la variation de la demande lorsque le
prix se modifie avec une utilité constante. L’idée est de faire un mouvement le long de
la courbe d’indifférence, en passant par le panier initial, à la recherche d’une nouvelle
droite de budget qui correspond au même prix relatif de la droite de budget finale. La
droite de budget associée à cette nouvelle droite ne permet plus d’acheter le panier initial,
mais d’acquérir un panier différent.
L’effet de substitution de Slutsky donne au consommateur une somme (un revenu,
un pouvoir d’achat supplémentaire) qui lui permet de retourner à son niveau initial
de consommation, alors que l’effet de substitution de Hicks lui donne une somme (un
revenu, un pouvoir d’achat supplémentaire) qui lui permet de rester sur sa courbe
d’indifférence initiale.

Exercice B
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
Trouver les fonctions de demande des biens x et y revient à résoudre le programme
du consommateur Max ( x 2 y ) s.c. R = xPx + yPy.
La solution à trouver respecte toujours deux conditions :
− L’égalité des ratios Umx / Umy = Px / Py ⇒ 2xy / x 2 = Px / Py ⇒ 2y / x = Px / Py,
− La contrainte du revenu R = xPx + yPy.

La modification du prix et changement de la structure de consommation 81


Exercices Le produit en croix de la première équation donne xPx = 2yPy. Ce résultat donne une
première équation xPx − 2yPy = 0 à associer à la deuxième équation R = xPx + yPy. La solu-
tion du système obtenue est la fonction de demande du bien y, x * = Py (2R / 3Py ) Px = 2R / 3Px
y * = R / 3Py et la fonction du bien x. Avec les données, on obtient le tableau suivant des
valeurs.

Tableau des valeurs

R Px Py x* y* U*

Situation
24 2 4 8 2 128
initiale

Situation
24 1 4 16 2 512
finale

2. Puisqu’il y a un changement du prix du bien x, donnez les équations de la courbe


d’indifférence, de la droite de budget de la situation initiale et finale.
Pour la situation initiale U1* = 128 et R = 24, Px = 2, Py = 4, donc pour le niveau 128 de la
courbe d’indifférence 128 = x 2 y ⇒ y1 = (128 ) / x 2 = 128 / x 2 et la droite du revenu 24 = 2x + 4 y .
Pour la situation finale U2* = 512 et R = 24, Px = 1, Py = 4 donc pour le niveau de 512
de la courbe d’indifférence 512 = x 2 y + 4 ⇒ y 2 = 512 / x 2 et la droite du revenu 24 = x + 4 y.
3. Quantifiez et représentez les effets de substitution et de revenu par la méthode
de Hicks et de Slutsky.
Slutsky et Hicks sont deux économistes, afin de faire apparaître les effets d’une
modification des prix sur les demandes du consommateur, qui ont imaginé la manière
de trouver une situation imaginaire intermédiaire pour décomposer le passage d’une
situation d’équilibre initiale à une situation d’équilibre finale. Nous avons déjà la solu-
tion des situations initiale et finale. Trouvons la situation imaginaire intermédiaire.

ͮ Méthode de Hicks : Variation compensatoire du revenu


Selon Hicks, du fait de la variation d’un des prix, le taux de substitution du marché
change (ratio objectif). Ainsi, l’adaptation du consommateur à cette situation se fait en
deux temps. Le consommateur s’ajustera premièrement de sorte à rester sur sa courbe
d’indifférence initiale (effet de substitution). Ensuite, il réadaptera ses choix en fonction
de son pouvoir d’achat additionnel (effet de revenu).
La prise en compte de ces deux effets nécessite le calcul d’une situation intermédiaire.
La solution intermédiaire à trouver selon Hicks respecte toujours deux conditions :
le ratio subjectif reste identique, mais il est égal au ratio objectif du marché qui a changé ;
de plus le consommateur reste sur la courbe d’indifférence du point A. Au changement
de prix, il réalise un déplacement sur cette courbe en trouvant un point dont la pente est

82 La modification du prix et changement de la structure de consommation


équivalente de la situation finale. L’utilité joue le rôle de la contrainte d’où son revenu

Thème 8
compensé, en attendant son revenu additionnel comme conséquence de l’effet prix.
− Umx / Umy = 2y / x = 1/ 4.
− La contrainte du revenu compensé y = 128 / x 2 .
Le produit en croix de la première équation donne x = 8y ⇒ y = x / 8 . Ce résultat
est à égaliser avec la deuxième équation, ce qui donne comme résultat y = x / 8 = 128 / x 2 ⇒ 8 ×128 = x 3
y = x / 8 = 128 / x ⇒ 8 ×128 = x 3. La solution obtenue du programme est la demande du bien x, x * = 3 1024 = 10,07
2

et la demande du bien y, y = x / 8 = 1,26. Nous disposons maintenant de toutes les informa-


tions pour quantifier et représenter les effets de substitution et de revenu.

A C B ES = C – A ER = B – C ET = B – A

16
x* 8 10,07 16 10,07 – 8 = 2,07 8
– 10,07 = 5,93

1,26
y* 2 1,26 2 2 – 1,26 = 0,74 0
– 2 = – 0,74

U* 128 128 512

Figure 8.1

ͮ Méthode de Slutsky : Variation équivalente du revenu


Du fait de la variation d’un des prix, le taux de substitution du marché change
(ratio objectif) toujours. A contrario, selon Slutsky, premièrement, le consommateur
s’ajustera de sorte à rester sur sa droite de revenu initiale (effet de substitution). Ensuite,
il réadaptera ses choix en fonction de son pouvoir d’achat additionnel (effet de revenu).
Lorsque le prix du bien x diminue en passant de 2 à 1, la droite de budget pivote
autour de l’ordonnée à l’origine (point (8,2)). Ce mouvement se traduit par un change-
ment de la pente de la droite de budget. Ce changement se décompose en deux étapes. La
première est la rotation de la droite autour du choix initial (A). La seconde par la suite
est le déplacement parallèle de la droite en direction du nouvel équilibre (B).

La modification du prix et changement de la structure de consommation 83


Exercices Nous avons déjà la solution des situations initiale et finale. La solution intermédiaire
selon Slutsky à trouver respecte toujours deux conditions d’optimalités classiques : le
ratio subjectif reste identique mais, le ratio objectif du marché a changé en adoptant un
revenu final de valeur changé.
− Umx / Umy = 2y / x = 1/ 4 .
− La contrainte du revenu R = x + 4 y.
Le problème est de trouver la valeur du nouveau budget qui correspond à la
rotation autour du point A. Le point initial a pour coordonnées (8,2) et le nouveau ratio
objectif est 1/4. L’idée de Slutsky est de chercher une droite qui passe par le point A et
qui a une pente égale à –1/4.
L’équation de cette droite est ( y − 2 ) / ( x − 8 ) = −1/ 4, donc en faisant le produit en croix
de ( y − 2 ) / ( x − 8 ) = −1/ 4 ⇒ 4 y − 8 = − x + 8, le nouveau revenu est 16 = x + 4 y.
En définitive, en revenant au niveau des conditions d’optimalité, le produit en croix
de la première équation donne x = 8y . Ce résultat est à remplacer dans la deuxième équa-
tion 16 = x + 4 y ce qui donne comme résultat 16 = 12y . La solution obtenue du programme
est la demande du bien y, y * = 4 / 3 et la fonction du bien x, x * = 32 / 3 . Nous disposons
maintenant de toutes les informations pour quantifier et représenter les effets de subs-
titution et de revenu.

A C B ES = C – A ER = B – C ET = B – A

32/3 16
x* 8 32/3 = 10,6 16 8
– 8 = 2,6 – 32/3 = 5,4

4/3
y* 2 4/3 = 1,3 2 2 – 4/3 = 0,6 0
– 2 = –0,6

U* 128 151,7 512

Figure 8.2

84 La modification du prix et changement de la structure de consommation


4. Que constatez-vous ?

Thème 8
Les biens x et y sont des biens normaux substituables. La demande du consommateur
augmente lorsque le prix du bien baisse. En effet, lorsque le prix du bien x diminue, le
consommateur réorganise la composition de son panier au profit du bien y. Le consom-
mateur se sent plus riche car son pouvoir d’achat lié à son revenu à augmenter. Ceci du
fait de la baisse du prix du bien x. Les deux méthodes de décomposition de l’effet de la
baisse des prix sur la demande donnent le même effet total. Par contre, la méthode de
Hicks surestime l’effet revenu et la méthode de Slutsky surestime l’effet de substitution.

Exercice C
1. Trouvez les équilibres du consommateur.
Trouver les équilibres du consommateur correspond à trouver les demandes des biens
x et y c’est-à‑dire résoudre le programme du consommateur Max ( x 1/2 y 1/2 ) s.c. R = xPx + yPy.
La solution à trouver respecte toujours deux conditions :
− L’égalité des ratios y / x = Px / Py,
− La contrainte du revenu R = xPx + yPy.
Le produit en croix de la première équation donne xPx = yPy. Ce résultat donne une
première équation xPx − yPy = 0 à associée à la deuxième équation R = xPx + yPy. La solu-
tion du système obtenue est la fonction de demande du bien y, y * = R / 2Py et la fonction
du bien x, x * = R / 2Px .

Tableau des valeurs

R Px Py x* y* U*

Situation
360 6 18 30 10 17,32
initiale

Situation
360 6 10 30 18 23,24
finale

2. Donnez les équations de la courbe d’indifférence, de la droite de budget de la


situation initiale et finale. Quantifiez les effets de substitution et de revenu par la méthode
de Hicks et de Slutsky.
Pour la situation initiale U1* = 17,32 et R = 360, Px = 6, Py = 18, donc pour le niveau 17,32 de
la courbe d’indifférence 17,32 = x 1/2 y 1/2 ⇒ y1 = 17,322 / x et la droite du revenu 360 = 6x +18y .
Pour la situation finale U2* = 23,24 et R = 360, Px = 6, Py = 10 donc pour le niveau de 23,24 de
la courbe d’indifférence 23,24 = x 1/2 y 1/2 ⇒ y 2 = 23,24 2 / x et la droite du revenu 360 = 6x +10y .

La modification du prix et changement de la structure de consommation 85


Exercices ͮ Méthode de Hicks : Variation compensatoire du revenu
− Umx / Umy = y / x = 6 /10 .
− La contrainte du revenu compensé y = 17,322 / x .
La première équation donne y = 6x /10 . Ce résultat est à égaliser avec la deuxième
équation, ce qui donne comme résultat y = 6x /10 = 17,322 / x ⇒ 499,97 = x 2 . La solution
obtenue du programme est la demande du bien x, x * = 500 = 22,36 et la demande du
bien y, y * = 13, 4 . Nous disposons maintenant de toutes les informations pour quantifier
et représenter les effets de substitution et de revenu.

A C B ES = C – A ER = B – C ET = B – A

x* 30 22,36 30 –7,64 7,64 0

y* 10 13,4 18 3,4 4,6 8

U* 17,32 17,32 23,24

Figure 8.3

ͮ Méthode de Slutsky : Variation équivalente du revenu


− Umx / Umy = y / x = 6 /10 .
− La contrainte du revenu R = 6x +10y .
Trouvons la valeur du nouveau budget qui correspond à la rotation autour du
point A. Le point initial a pour coordonnées (30,10) et le nouveau ratio objectif est 6/10.
L’idée de Slutsky est de chercher une droite qui passe par le point A et qui a une pente
égale à –6/10. L’équation de cette droite est ( y −10 ) / ( x − 30 ) = −6 /10 , donc en faisant le
produit en croix de −10 ( y −10 ) = 6 ( x − 30 ) ⇒10y + 6x = 80 à associer revenu à 0 = 10y + 6x .
La solution obtenue du programme est la demande du bien y, y * = 4 / 3 et la fonction du
bien x, x * = 32 / 3. Nous disposons maintenant de toutes les informations pour quantifier
et représenter les effets de substitution et de revenu.

86 La modification du prix et changement de la structure de consommation


A C B ES = C – A ER = B – C ET = B – A

Thème 8
x *
30 23,33 30 –6,67 6,67 0

y* 10 14 18 4 4 8

U* 17,32 18,07 23,24

Figure 8.4

Exercice D
1. Trouvez les équilibres du consommateur.

ҵ Note
Les demandes génériques du programme du consommateur de cette fonction de biens complé-
( ) ( )
mentaires sont données par y * = 2R / 2Py + Px et x * = R / 2Py + Px .

Trouver les équilibres du consommateur correspond à trouver les demandes des


biens x et y de la situation initiale, c’est-à‑dire résoudre le programme du consommateur
Min(2x, y ) s.c. 20 = x + 2y et celui de la situation finale Min(2x, y ) s.c. 20 = x + 4 y .
Pour la situation initiale :
− y = 2x .
− La contrainte du revenu y = 10 − x / 2.
Égalisons les deux équations. Cette opération donne pour résultat du x * = 20 / 5 = 4
et y * = 2x * = 8 .
Pour la situation finale :
− y = 2x .
− La contrainte du revenu y = 5 − x / 4 .

La modification du prix et changement de la structure de consommation 87


Exercices Égalisons les deux équations. Cette opération donne pour résultat x * = 20 / 9 = 2,22
et y * = 2x * = 4, 44.

Tableau des valeurs

R Px Py x* y* U*

Situation
20 1 2 4 8 8
initiale

Situation
20 1 4 2,22 4,44 4,44
finale

2. Quantifiez et représentez les effets de substitution et de revenu par la méthode


de Hicks et de Slutsky.

ͮ Méthode de Hicks : Variation compensatoire du revenu


− y = 2x .
− La contrainte du revenu compensé 8 = min(2x, y ) .
Égalisons les deux équations. 2x = 8 ⇒ x = 4. La solution obtenue du programme est
la demande du bien x, x * = 4 et la demande du bien y, y * = 8. Nous disposons maintenant
de toutes les informations pour quantifier et représenter les effets de substitution et de
revenu.

A C B ES = C – A ER = B – C ET = B – A

x* 4 4 2,22 0 –1,78 –1,78

y* 8 8 4,44 0 –3,56 –3,56

U* 8 8 4,44

Lorsque le consommateur se déplace sur la courbe d’utilité en partant du point


d’équilibre initial, le choix optimal reste le même. En réalité il n’y a pas de mouvement
sur la courbe d’utilité. L’effet de substitution est par conséquent nul. La variation de la
demande est exclusivement due à la variation de l’effet revenu.

ͮ Méthode de Slutsky : Variation équivalente du revenu


− y = 2x .
− La contrainte du revenu −1/ 4 = ( y − 8 ) / ( x − 4 ) .
Trouvons la valeur du nouveau budget qui correspond à la rotation autour du
point A. Le point initial a pour coordonnées (4,8) et le nouveau ratio objectif est 1/4.
L’idée de Slutsky est de chercher une droite qui passe par le point A et qui a une pente
égale à –1/14. L’équation de cette droite est ( y − 8 ) / ( x − 4 ) = −1/ 4, donc en faisant le produit

88 La modification du prix et changement de la structure de consommation


en croix de −4 ( y − 8 ) = ( x − 4 ) ⇒ 4 y + x = 36 à associer à 0 = y − 2x . La solution obtenue du

Thème 8
programme est la demande du bien y, y * = 8 et la fonction du bien x, x * = 4. Nous dispo-
sons maintenant de toutes les informations pour quantifier et représenter les effets de
substitution et de revenu.

A C B ES = C – A ER = B – C ET = B – A

x* 4 4 2,22 0 –1,78 –1,78

y* 8 8 4,44 0 –3,56 –3,56

U* 8 8 4,44

Lorsque la droite de budget pivote autour du point d’équilibre initial, le choix


optimal reste le même. L’effet de substitution est par conséquent nul. La variation de la
demande est exclusivement due à la variation de l’effet revenu.

ҵ Note
Pour des biens dits substituts parfaits, lorsque la droite de budget pivote, le panier passe de
l’axe vertical à l’axe horizontal. Il n’y a plus de mouvement à opérer via l’effet revenu. La totalité
de la variation de la demande est due à l’effet substitution.

La modification du prix et changement de la structure de consommation 89


Focus Modification de la structure du panier
de consommation
1. Effets de substitution et effet de revenu
La variation d’un prix à l’équilibre se manifeste automatiquement par deux effets
que les économistes mettent en lumière pour rendre compte des parts de cette varia-
tion dans la demande exprimée par le consommateur. Si seul le prix d’un bien varie, le
consommateur, intuitivement, va connaître deux effets : un effet de substitution (effet
prix ou effet de remplacement) et un effet revenu (effet de compensation du pouvoir
d’achat ou gain de pouvoir d’achat).
Imaginons deux biens qualifiés de normaux x et y, et que seul le prix du bien y
baisse. Ce changement met en lumière deux phases :
− Comme le prix du premier bien n’a pas changé, le rapport des prix des deux biens
se modifie. La conséquence est que le bien dont le prix n’a pas changé devient plus
cher. Ce bien étant un bien normal, le consommateur rationnel aura tendance à
réduire la demande de ce bien au profit du bien dont le prix a baissé. Ce remplace-
ment décrit l’effet de substitution (appelé aussi effet de compensation).
− Comme la valeur du revenu octroyée au consommateur n’a pas changé, la baisse
du prix du bien y provoque un accroissement relatif du revenu (effet de pouvoir
d’achat), c’est-à‑dire une augmentation du pouvoir d’achat. Ceci décrit l’effet revenu.
Ce surplus de pouvoir d’achat n’est pas obligatoirement dirigé vers la demande du
bien y. Toutefois, le consommateur est obligé de modifier sa structure de consom-
mation (plus de y et moins de x, ou uniquement plus de y). Ces choix dépendent de
la forme de ses préférences.

ҵ Note
Dans le cas des fonctions d’utilités extrêmes (parfaitement substituable et complémentaire) seul
un effet se manifeste lorsqu’une modification du prix est observée. Dans le cas d’une fonction
des biens complémentaires seul l’effet revenu est décrit (l’effet total égal à l’effet revenu) et
dans celui des biens parfaitement substituables seul l’effet de substitution est d’écrit (l’effet
total est égale à l’effet de substitution).

2. Méthodes de décomposition de la modification du prix :


VC versus VE
Il est question par ces méthodes de chercher à exprimer en matière de revenu l’effet
de la variation des prix sur les demandes des consommateurs aux points d’équilibre : la
variation compensatoire (VC) ou équivalente (VE) du revenu

90
Effet de substitution sur la courbe d’indifférence : VC

Thème 8
Cette méthode de décomposition de Hicks repose sur l’idée fondamentale selon
laquelle l’effet de substitution se produit à utilité constante. C’est-à‑dire que le revenu
réel est constant lorsqu’il permet de conserver le même niveau d’utilité initialement. On
considère alors cette fois la variation des prix relatifs, en ajustant le revenu nominal de
façon à maintenir constante l’utilité du consommateur. Graphiquement, elle consiste
à partir du point d’équilibre initial, et de glisser sur la courbe d’indifférence initiale
jusqu’à trouver un point intermédiaire d’équilibre, tel qu’à ce point la droite de budget
intermédiaire soit parallèle à la droite de budget finale (résultat de la modification).
Analytiquement, la solution est obtenue avec un TMS qui est égal au rapport des prix
de la situation finale associé à l’équation de l’utilité initiale.

Effet de substitution sur la droite du revenu : VE


Cette méthode de décomposition de Slutsky repose sur l’idée fondamentale selon
laquelle l’effet de substitution se produit à pouvoir d’achat constant (droite de budget).
C’est-à‑dire, le revenu réel est constant lorsqu’il permet d’acquérir le même panier de
biens qu’initialement. Graphiquement, elle consiste à faire pivoter la droite de budget
initiale autour du point d’équilibre initial (de coordonnées xo et yo) jusqu’à ce qu’elle soit
parallèle à la droite de budget finale (résultat de la modification). Ainsi, on construit
une droite de budget fictive. Cette nouvelle droite de budget intermédiaire permettra
de trouver un équilibre intermédiaire au point de tangente d’une courbe d’indifférence
plus haute. Analytiquement, la solution est obtenue avec le TMS est égale au rapport
des prix de la situation initiale qui est associé au revenu à trouver avec l’équation de
droite (y – yo)/(x – xo) qui est égale à la pente des prix initiaux.

3. Synthèse et particularité des biens


Le bilan des effets sur la demande d’un bien est le suivant : pour les biens typiques
(normaux), l’effet de substitution se manifeste toujours à faire varier la demande d’un
bien en sens inverse de son prix ; et l’effet revenu à faire varier la demande du bien en
sens inverse de son prix. Alors que pour les biens inférieurs (élasticité revenu négative),
l’effet revenu se manifeste toujours à faire varier la demande d’un bien dans le sens
de son prix. Par conséquent, l’effet de revenu et l’effet de substitution pour les biens
normaux se cumulent et se contrarient pour les biens inférieurs. En effet, si l’effet de
substitution est supérieur à l’effet revenu la demande du bien va dans le sens opposé,
tandis que si l’effet de substitution est inférieur à l’effet revenu la demande du bien va
dans le sens que le prix.

91
Focus Synthèse d’évaluation des effets par signe + ou –

Si le prix du bien x diminue

Effet sur la
Biens Catégorie (ES) (ER) (ET)
demande

Normal + + + Augmente

Anormal + Si ES > ER ⇒ + Augmente


x
(inférieur) + Si ES < ER ⇒ – Rare, baisse

De luxe + + + Augmente

Giffen + – – (rare) Baisse

Normal – + Si ES = ER ⇒ 0 Constant
Si ES < ER ⇒ – Baisse

y Augmente
Complémentaire + + + Variation
Substituable – + ? ambiguë

Inférieur – + ET suit ER ?

92
Thème 9
Les élasticités
de la demande
Exercices Exercices

Exercice A
Soient deux biens de consommation courante x et y, dont l’élasticité du bien x par
rapport à son prix est –0,5, l’élasticité croisée de x par rapport au prix de y est égale à –2
et 2, et l’élasticité revenu de y est 1,5 puis –2.
1. Définir ces deux élasticités prix et l’élasticité revenu.
2. Est-il normal que l’élasticité prix de la demande d’un bien soit négative ?
3. Si le prix du bien x et y augmentent de 10 %, que doit-il se passer sur la demande de x ?
4. Comment qualifiez-vous les deux biens x et y, au regard de leurs élasticités croisées ?
5. Si l’élasticité revenu du bien y est 1,5, puis –2, comment qualifiez-vous le bien y
au regard de cette élasticité ?

Exercice B
Calculez les élasticités prix et revenu des biens consignés dans le tableau ci-joint

2018 2019
Biens
Prix Quantités Prix Quantités

Pain 2 57,6 3 51,7

Pomme
1 66 2 68
de terre

Téléphone
180 166 419,4 500
mobile

169 189 Revenu

Exercice C
Une étude sur les déterminants des dépenses de santé dans un pays de l’OCDE
montre que celles-ci dépendent étroitement du revenu des ménages, toutes choses égales
par ailleurs, et en particulier à un indicateur de l’État de santé donné. Elle montre que
lorsque le revenu augmente de 10 %, les dépenses de santé augmentent de 25 %.
1. Que signifie une élasticité revenu supérieure à 1 ?
2. Pourquoi l’élasticité revenu est-elle généralement positive ?
3. Calculez l’élasticité revenu des dépenses de santé et interprétez.

94 Les élasticités de la demande


▶ Conseils

Thème 9
L’élasticité est avant tout et par construction le rapport de la variation en pourcentage de la
demande sur la variation en pourcentage du prix (ou du revenu). Utilisez directement le rapport
des valeurs si vous êtes en présence de deux pourcentages.

Corrigés

Exercice A
1. Définir ces deux élasticités prix.
L’élasticité directe du prix (élasticité de la demande du bien x par rapport à son
prix) mesure la sensibilité de la demande du bien x à une variation de son prix. Toutes
choses étant égales par ailleurs, elle indique l’effet d’une variation en pourcentage du
prix d’un bien x sur les quantités demandées de ce bien.
L’élasticité croisée du prix (élasticité de la demande du bien x par rapport au prix
du bien y) mesure la sensibilité de la demande x à une variation du prix du bien y. Elle
indique l’effet d’une variation en pourcentage du prix d’un bien y sur les quantités
demandées du bien x, toutes choses étant égales par ailleurs.
L’élasticité revenu de la demande d’un bien mesure la sensibilité de la demande
de ce bien à la variation du revenu. Elle indique, toutes choses égales par ailleurs, l’effet
de la variation en pourcentage du revenu sur la quantité du bien.
2. Est-il normal que l’élasticité prix de la demande soit négative ?
Selon la typologie des biens, l’élasticité prix directe des biens normaux ou (ordinaires)
est toujours de signe négatif. En effet, lorsque le prix d’un bien augmente, naturellement
sa quantité en réaction aura tendance à baisser. C’est cette relation inverse qui explique
le signe négatif de l’élasticité prix de la demande.
3. Si le prix du bien x et y augmentent de 10 %, que doit-il se passer sur la demande
de x ?
En ne considérant que les réactions traditionnelles des biens, si les deux biens
sont des biens substituables et si le prix de x et y augmentent de 10 %, la demande du
bien x baisse d’abord puis augmente ensuite par effet de la hausse du prix de y. Il en est
de même pour le bien y. Du fait que la hausse simultanée des prix des deux biens est de
même niveau, cela ne change pas le rapport des prix relatifs, toutes choses égales par
ailleurs, la demande du bien x reste la même.

Les élasticités de la demande 95


Exercices Si les deux biens sont des biens complémentaires, et si les prix de x et y augmentent
de 10 %, du fait que ces deux biens doivent être consommés dans une proportion fixe, les
deux biens baissent simultanément.
Si un des biens est Giffen, par exemple le bien x, sa demande augmentera pendant
que l’autre baissera.
4. Comment qualifiez-vous les deux biens x et y, au regard de leurs élasticités croisées ?
L’élasticité croisée du prix (ici élasticité de x par rapport au prix du bien y) mesure
la sensibilité de la demande du bien x à une variation du prix du bien y, toutes choses
étant égales par ailleurs. L’analyse est identique pour le bien y.
Si l’élasticité e x /Py = 2 est positive alors les biens x et y sont des biens substituables. Ce
résultat indique que si le prix du bien y augmente de 1 % la demande du bien x augmente
de 2 %.
Si l’élasticité e x /Py = −2 est négative alors les biens x et y sont des biens complémen-
taires. Ce résultat indique que si le prix du bien y augmente de 1 % la demande du bien x
baisse de 2 %.
5. Si l’élasticité-revenu de y est 1,5, puis –2, comment qualifiez-vous le bien y, au
regard de cette élasticité ?
Si l’élasticité revenu de y est de 1,5, cela signifie : lorsque le revenu augmente de
1 %, la consommation du bien y augmente de 1,5 %. Alors le bien y est considéré comme
un bien normal dit supérieur et sa demande varie plus que proportionnellement à la
variation du revenu.
Si l’élasticité revenu de y est de −2, cela signifie : lorsque le revenu augmente de 1 %,
la consommation du bien y diminue de 2 %. Alors le bien y est considéré comme un bien
inférieur et sa demande baisse plus que proportionnellement à la variation du revenu.

Exercice B
Calculez les élasticités prix et revenu des biens consignés dans le tableau ci-joint.
Les élasticités mesurent la sensibilité de la demande des biens par rapport à ses
éléments constitutifs. Ce sont des rapports entre des variations relatives. Pour les calculer,
posons d’abord les formules des variations relatives et les élasticités par la suite.
ΔP / P = PA / PD −1= a, ΔD / D = DA / DD −1= b et ΔR / R = RA / RD −1= c. Alors on déduit par la
suite e D/P = b / a et e D/R = b / c.

96 Les élasticités de la demande


2018-2019

Thème 9
Biens
a = ΔP / P b = ΔD / D e D/P e D/R

Pain 0,5 –0,1 –0,2 –0,55

Pomme de terre 1 0,03 0,03 0,16

Téléphone
1,33 2,01 1,51 11,16
mobile

Revenu c = 0,18

Au regard des valeurs des élasticités,


− Le pain est un bien normal indispensable (signe de l’élasticité prix) de première
nécessité (signe de l’élasticité revenu).
− La pomme de terre est un bien anormal inférieur (bien Giffen) et de première
nécessité.
− Le téléphone mobile un bien courant dit supérieur considéré de luxe (signe des
deux élasticités).

Exercice C
1. Que signifie une élasticité revenu supérieure à 1 ?
Une élasticité revenu d’un bien supérieure à 1 signifie que la demande augmente
plus vite que la hausse du revenu. C’est la caractéristique des biens normaux considérés
supérieurs.
2. Pourquoi l’élasticité revenu est-elle généralement positive ?
Pour la plupart des biens, l’élasticité revenu est généralement positive, car
lorsqu’un revenu augmente (effet de pouvoir d’achat) cela induit une évolution de la
demande du bien. Autrement dit, la part du revenu consacrée à la demande des biens
augmente avec la croissance du revenu. Les deux mouvements sont dans le même sens,
ce qui donne ce signe positif.
3. Calculez l’élasticité-revenu des dépenses de santé et interprétez.
L’élasticité revenu (élasticité de la demande par rapport au revenu) mesure la
sensibilité de la demande d’un bien à une variation du revenu. Elle indique, toutes
choses étant égales par ailleurs, l’effet d’une variation en pourcentage du revenu sur
les quantités demandées du bien.
Ici le rapport de la variation de la demande de santé sur le taux de variation du
revenu e D/R = ( ΔD / D ) / ( ΔR / R ) = 25 /10 = 2,5. On constate, selon l’étude, que la demande de
santé augmente plus vite que la croissance du revenu. Au vu de ce résultat, le bien de santé
est considéré comme un bien normal de luxe (valeur de l’élasticité est supérieure à 1).

Les élasticités de la demande 97


Focus Variation de la demande
La variation de la demande est une variation due au changement d’un prix, le revenu
étant maintenu constant ; ou due au changement du revenu, les prix étant maintenus
constants. Nous avons déjà vu de quelle façon cette variation peut être décomposée en
effets de substitution et de revenu.
L’équation de Slutsky, n’est pas seulement une identité algébrique de la décompo-
sition de ces effets, mais un outil d’analyse. Son intérêt est relatif à ce que l’on sait sur
les signes de ces effets pour déterminer le signe de l’effet total. Aux variations du prix
ou du revenu, c’est un outil de mesure de la sensibilité de la demande d’un bien. Ainsi,
sauf cas particulier, l’effet de substitution doit toujours être négatif, c’est-à‑dire de signe
contraire à la variation du prix, tandis que celui du revenu peut avoir n’importe quel signe.
En matière d’effet de substitution, en règle générale, l’élasticité-prix de la
demande est négative : quand le prix augmente, la demande diminue. C’est le cas de
biens normaux. Dans le cas d’une demande très élastique, une petite variation du prix
entraîne une large variation de la demande. Et si l’élasticité est infinie, la courbe de
demande est horizontale et le prix est fixe.
Cependant, il peut arriver que l’élasticité prix soit positive. C’est le cas des biens
anormaux des consommations distinctives où la hausse du prix encourage la consommation
par un « effet de signe, de différenciation ». Il s’agit de signifier sa position sociale ou celle
à laquelle on aspire par l’achat du produit. Il s’agit des biens Veblen pour le premier cas
et de Giffen pour le second. Deux phénomènes peuvent expliquer ce paradoxe. Le premier
est l’effet de l’extrême pauvreté, qui entraîne le consommateur pauvre à augmenter la
demande de son aliment de base lorsque son prix augmente au détriment des autres
biens. C’est ce qui explique le début de la révolution du printemps arabe en Tunisie. Le
second est l’effet de snobisme, selon lequel, lorsque le prix d’un bien est suffisamment
haut, pour des raisons objectives ou non, le bien devient plus en plus recherché, car sa
consommation exprime l’appartenance à une classe sociale de la société.
En matière d’élasticité revenu, en règle générale l’évolution de la demande d’un
bien est positive : lorsque le revenu augmente (bien normal) et diminue dans le cas
inverse (bien inférieur). L’analyse de cette relation met en lumière trois types de biens.

98
− Les biens inférieurs sont les biens de première nécessité que l’on consomme lorsque

Thème 9
l’on a un faible revenu. La mesure de l’élasticité revenu est négative, car lorsque le
revenu augmente, la consommation des biens diminue au profit d’autres produits.
− Les biens normaux de nécessité sont les biens dont l’élasticité revenu est légère-
ment positive (entre 0 et 1). C’est l’ensemble des biens comme le pain, les yaourts.
− Les biens supérieurs sont les biens normaux de seconde nécessité, leur élasti-
cité-revenu est positive et supérieure à 1. Ce qui les caractérise est : lorsque le
revenu est plus important, on en consomme davantage, car ce sont des biens de
meilleure qualité, mais plus chers.

99
Thème 10
La demande
et taxations
Exercices Exercices

Exercice A
Soit un consommateur utilise deux biens en quantités x et y. Il exprime ses préfé-
rences sous la forme de la fonction d’utilité U ( x, y ) = x 2 y 3 ). La valeur de son revenu est de
200 € et les prix respectifs du bien x et y est de 8 € et 4 €.
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
2. Une première politique gouvernementale est de taxer à l’unité le prix du bien x,
pour recouvrir à la transition écologique. Pour t = 0,1 € déduire les quantités demandées
optimales et la valeur de la taxe gouvernementale collectée. Puis une taxe de 6 % sur les
quantités achetées.
3. Une deuxième politique gouvernementale est de taxer à t % le revenu du consom-
mateur. Pour t = 6 % déduire les quantités demandées optimales et la valeur de la taxe
gouvernementale collectée.
4. Une troisième politique gouvernementale est de combiner l’impôt sur les revenus
et la taxe sur la TVA.
5. Que constatez-vous ?

Exercice B
Soit un consommateur utilise deux biens en quantités x et y, avec x qui représente
le bien de santé et y le bien alimentaire. Il exprime ses préférences sous la forme de la
fonction d’utilité U ( x, y ) = xy . La valeur de son revenu est de 120 € et les prix respectifs du
bien x et y est de 8 € et 6 €.
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
2. Une première politique gouvernementale est de taxer de 10 % le prix du bien x
pour couvrir le déficit du budget de la santé. Mesurez les effets cette politique sur le
comportement du consommateur.
3. En même temps un dégrèvement sur le revenu 8,9 est offert au consommateur de
manière à compenser la perte de pouvoir d’achat subie sur le bien x. Calculez les demandes
du consommateur.

102 La demande et taxations


Corrigés

Thème 10
Exercice A
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
Trouver les fonctions de demande des biens x et y revient à résoudre le programme
classique ci-dessous du consommateur sans les valeurs numériques :
(
Max x 2 y 3 ) s.c. R = xPx + yPy
La solution à trouver respecte toujours deux conditions :
− Umx / Umy = Px / Py ⇒ 2xy 3 / 3x 2 y 2 = Px / Py ⇒ 2y / 3x = Px / Py .
− La contrainte du revenu R = xPx + yPy.
Le produit en croix de la première équation donne 3xPx = 2yPy , d’où l’équation
3xPx − 2yPy = 0 à associer à la deuxième équation R = xPx + yPy.
⎧ 3xPx − 2yPy = 0 ⎧ 3xPx − 2yPy = 0
⎨ xPx + yPy = R ⇒ ⎨ 3xPx + 3yPy = 3R ⇒ 5yPy = 3R
⎩ ⎩
La solution du système obtenu donne la fonction du bien x, x * = 2R / 5Px et la fonction
de demande du bien y, y * = 3R / 5Py . Avec les données numériques y * = 3R / 5Py = 600 / 20 = 30
et x * = 2R / 5Px = 10.
2. Une première politique gouvernementale est de taxer à l’unité le prix du bien x
pour recouvrir à la transition écologique. Pour t = 0,1 € déduire les quantités demandées
optimales et la valeur de la taxe gouvernementale collectée. Puis une taxe de 6 % sur les
quantités acheter.
Nous savons que, y * = 3R / 5Py , x * = 2R / 5Px . R = 200, Px = 8 et Py = 4. La politique mise
en place est une politique de taxation dit d’impôts indirects. En observant les expressions
des fonctions de demandes des biens x et y, pour une taxe de t sur le prix de x, la demande
du bien x aura tendance à baisser par contre la demande du bien y restera identique
(absence de Px dans l’expression de la demande). Par contre celui de la TVA aura plus
d’impact sur les deux biens.
− Si le prix du bien x passe de Px à Px + t, le prix qui introduit la taxe passe de Px = 8
à Px + t = 8,1, et les quantités des biens consommées deviennent : y * = 3R / 5Py = 30 et
x * = 2R / 5( Px + t ) = 9,87 .
La taxe gouvernementale collectée est : T = tx * = 0,1× 9,87 = 0,987, avec t = Px + t − Px .
− Si la taxe sur la valeur est de 6 %, les prix des biens passent de P à P + t, les prix
qui introduisent la taxe est à P + t = 1,06P. Les quantités des biens consommées
deviennent : y * = 3R / 5Py = 600 / 5(1,06 ) 4 = 28,3 et x * = 400 / 5(1,06 ) 8 = 9, 43.
La taxe gouvernementale collectée est : T = (10 − 9, 43) + (30 − 28,3) = 0,57 +1,7 = 2,27.

La demande et taxations 103


Exercices 3. Une deuxième politique est de taxer à t % le revenu du consommateur. Pour t = 10 %
déduire les quantités demandées optimales et la valeur de la taxe collectée.
La politique mise en place est une politique de taxation dite d’impôts directs. En
observant les expressions des fonctions de demandes des biens x et y, pour une taxe de
t % sur le revenu, la demande du bien x et y aura tendance à baisser. Le nouveau revenu
disponible du consommateur sera R − T = 180 avec la taxe collectée T = tR = 0,1× 200 = 20 .
Par conséquent les quantités des biens consommées deviennent sont : y * = 3R / 5Py = 27,
x * = 2R / 5Px = 9.
4. Une troisième politique est de combiner l’impôt sur les revenus et la taxe sur TVA.
Nous savons que, y * = 3R / 5Py , x * = 2R / 5Px .
Le nouveau revenu disponible du consommateur sera R − T = 180 avec la taxe collectée
par les pouvoirs publics T = tR = 0,1× 200 = 20 et les nouveaux prix sont Px = 8,48 et Py = 4,24.
Par conséquent les quantités des biens consommées deviennent : y * = 3R / 5Py = 25, 47 ,
x * = 2R / 5Px = 8, 49.
La taxe gouvernementale collectée est : T = (10 − 8, 49 ) + (30 − 25, 47 ) + 20 = 26,04.
5. Que constatez-vous ?

Tableau de synthèse

Politiques Px Py R x* y* T U

Sans
8 4 200 10 30 0 2 700 000
impôts

À l’unité 8,48 4 200 9,87 30 0,987 2 630 256,3

TVA 8,48 4,24 200 9,43 28,3 2,27 2 015 499,487

Impôts
sur le 8 4 180 9 27 20 1 594 323
revenu

Impôts
8,48 4,24 180 8,49 25 ,47 26,07 1 190 973,82
et TVA

Compte tenu de la fonction d’utilité du consommateur, la comparaison des impacts


des politiques de l’impôt direct, de l’impôt indirect et des deux combinées sur les quan-
tités des biens demandées conduirait le consommateur à préférer la politique fiscale qui
combine l’impôt sur le revenu et le TVA.

104 La demande et taxations


Exercice B

Thème 10
1. Donnez les fonctions de demandes des biens x et y, puis déduire les quantités
demandées optimales de son choix.
La solution à trouver respecte toujours deux conditions :
− Umx / Umy = Px / Py ⇒ y / x = Px / Py ⇒ xPx − y Py.
− La contrainte du revenu R = xPx + yPy.
⎧ xPx − yPy = 0
⎨ xPx + yPy = R ⇒ 2xPx = R

La solution du système obtenu donne la fonction de demande du bien y, y * = R / 2Py
et la fonction du bien x, x * = R / 2Px . Avec les données numériques y * = R / 2Py = 120 /12 = 10
et x * = R / 2Px = 7,5.
2. Une première politique gouvernementale est de taxer de 10 % le prix du bien x pour
couvrir le déficit du budget de la santé. Mesurez les effets cette politique sur le compor-
tement du consommateur.
Si la taxe sur la valeur est de 10 %, le prix du bien passe de P à P + t, le prix qui
introduit la taxe est à P + t = 1,1P = 8,8. Les quantités des biens consommées deviennent :
y * = 10 et x * = 120 /17,6 = 6,82. La taxe gouvernementale collectée est : T = (7,5 − 6,82 ) = 0,68.
Mesurons les effets de cette hausse du prix par la décomposition de Slutsky
− y / x = 8,8 / 6 ⇒ 6y − 8,8x = 0.
− La contrainte du revenu −8,8 / 6 = ( y −10 ) / ( x − 7,5) ⇒ 6y + 8,8x = 126.
⎧ 6y − 8,8x = 0
⎨ 6y + 8,8x = 126 ⇒12y = 126

La solution du système est y * = 126 /12 = 10,5 et x * = 7,16. Nous disposons maintenant
de toutes les informations pour quantifier les effets de substitution et de revenu de la
hausse du prix.

A C B ES ER ET

x* 7,5 7,16 6,82 –0,34 –0,34 –0,68

y* 10 10,5 10 0,5 0,5 0

U* 75 75,18 68,2

La baisse de la consommation du consommateur en bien x correspond à la valeur


de la taxe prélevée.
3. En même temps un dégrèvement sur le revenu de 8,9 est offert au consomma-
teur de manière à compenser la perte de pouvoir d’achat subie sur le bien x. Calculez les
demandes du consommateur.
S’il y a un versement d’un subside t par les pouvoirs publics, le revenu du consom-
mateur sera impacté par cette valeur et aussi sa consommation future x ′ et ce dernier
s’écrit : R + tx ′ = ( Px + t ) x ′ + yPy .

La demande et taxations 105


Exercices Le programme à résoudre est
⎧ y / x ′ = 8,8 / 6 ⎧ −6y + 8,8 x ′ = 0 ⎧ −6y + 8,8 x ′ = 0
⎨ 6y + 8,8 x ′ = 120 + tx ′ ⇒ ⎨ 6y + 8,8 x ′ = 120 + tx ′ ⇒ ⎨ 6y + x ′ ( 8,8 − t ) = 120
⎩ ⎩ ⎩
Par addition des équations, la solution du système est :
x ′ * = 120 / (17,6 − t ) = 120 / 8,7 = 13,79 et y * = 20,22 .

106 La demande et taxations


Focus
Taxations de la demande
L’utilité du consommateur est un choix inhérent à lui-même, mais trois situations
contrarient le choix optimal du consommateur, c’est-à‑dire qu’elle emmènent souvent
une contraction ou une extension de son revenu à savoir la taxation, le subside et le
rationnement.
Dans certaines circonstances, le consommateur ne peut acheter autant de quantité
de biens qu’il souhaite. Une situation rencontrée dans une circonstance de guerre, de
pénurie, ou dans des circonstances moins dramatiques comme celles des promotions
en grandes surfaces. Mais il existe un cas souvent oublié par les étudiants est celui de
la taxation à l’unité du revenu du consommateur. Du point de vue du consommateur,
cette taxation équivaut simplement à une augmentation du prix. Le consommateur paye
une partie de la taxe au vendeur et une autre partie à l’État. La conséquence de cette
politique de taxation est la contraction du revenu (baisse du pouvoir d’achat) que l’on
doit relier à l’analyse sur l’impact d’une variation du revenu ou du prix (cf. thèmes 6-7-8).
Le contraire de la politique de taxation est la politique du subside. Dans cette
situation, c’est l’État qui donne au consommateur une somme ou un pourcentage qui
correspondrait à la quantité du bien achetée. Par exemple, la prime à la conversion écolo-
gique qui est accordée par le gouvernement pour isoler sa maison, ou la prime à la casse
pour les voitures, ou encore les allocations logement. Du point de vue du consommateur
le versement d’un subside correspond pour lui à une baisse du prix.
Dans la gestion de la pénurie, L’État impose parfois des contraintes de rationne-
ment quantitatives. Cela signifie que la quantité consommée par le consommateur d’un
bien ne peut excéder une quantité déterminée. Par exemple, pendant une grève des
camionneurs qui bloqueraient les dépôts des raffineries françaises, une quantité mini-
male d’une dizaine de litres à la pompe (équivalent à une valeur de 15 €) sera imposée
à tout automobiliste par les pompistes. La partie du budget au-dessus de la valeur de la
contrainte devient inaccessible, qui a pour conséquence une contraction du budget du
consommateur. Pour aller plus loin sur ces questions voir H.R. Varian Introduction à
la microéconomie, 7e édition, De Boeck, 2011, p. 46, 109 et 336.

107
Thème 11
La représentation
de la fonction
de production
Exercices Exercices

Exercice A
L’entreprise Nicolin pour produire du chocolat utilise le facteur travail (facteur
demandé en quantité L) et le facteur capital (facteur demandé en quantité K). Sa produc-
tion est donnée par une fonction qui mélange les facteurs demandés et prend la forme :
Y ( K ,L ) = K 1/2 L1/2. Écrire l’équation de la fonction de production de l’entreprise Nicolin associée
à un niveau d’utilité Y0 = 20 et la tracer dans le plan (L, K).

Exercice B
Une compagnie aérienne organise des vols moyen-courriers Paris-Athènes. Un vol
nécessite 2 pilotes et 4 hôtesses. On note par Y la production qui représente l’avion, P le
facteur « pilote » et H, le facteur « hôtesse ».
1. Écrire la fonction de production de la compagnie.
2. Représentez l’isoquante d’équation Y1 = 1, Y2 = 5.
3. On cherche à augmenter le nombre de pilotes et d’hôtesses par 4 à partir de la
fonction définie pour Y1 = 1, que constatez-vous sur la production de la compagnie ?

Exercice C
Les productions journalières de pâtes, et les productivités par heure des employées
de l’entreprise Alpi sont consignées dans le tableau ci-dessous.

L K Y PML PmL

10 4 200 20

11 4 231 21 31

12 4 264 22 33

13 4 286 22 22

14 4 294 21 8

15 4 300 20 6

Représentez, en fonction de la variable travail, sur un même graphique la courbe de la


production Y (au-dessus), les PML et PmL (en dessous). Que constatez-vous ?

Exercice D
Soient les fonctions de production suivantes :
Y1 = f ( L ) = L0,5 , Y2 = f ( K ,L ) = (2K + L )
0,5

1. Calculez les productivités moyennes et marginales de chaque fonction.

110 La représentation de la fonction de production


2. Montrez que la productivité marginale de Y1 est positive et décroissante.

Thème 11
3. Représentez les fonctions de production Y1, et Y2 sur un graphique pour un niveau
de production 4.

▶ Conseils
Faites attention aux formes que doivent prendre les courbes en fonction des caractéristiques
des facteurs de production.

Corrigés

Exercice A
Écrire l’équation de la fonction de production de l’entreprise Nicolin associée à un
niveau d’utilité Y0 = 20 et la tracer dans le plan (L, K).
Si on désigne par 20 le niveau de production, l’équation de la fonction de production
est déduite de l’expression 20 = K 1/2 L1/2. Isolons K dans cette expression pour obtenir l’équation
de la fonction de production. Pour le faire ici, on élève d’abord les deux parties de l’égalité
2 2
au carré afin de neutraliser les exposants sur K et L. Ainsi 202 = K (1/2) L(1/2) ⇒ 400 = KL. Puis on
déduit l’équation de la courbe de niveau de l’isoquante Y0 = 20, alors 400 = KL ⇒ K = 400 / L.

Tableau des valeurs de l’iso-produit

L 5 10 20 40

K 80 40 20 10 Y0 = 20

Figure 11.1

La représentation de la fonction de production 111


Exercices Exercice B
1. Écrire la fonction de production de la compagnie.
Selon les règles de l’Organisation de l’Aviation Civil Internationale, la firme n’a
pas de choix de la combinaison technique de sa production. Les facteurs de production
pour un vol moyen-courrier sont utilisables en une combinaison fixe idéale. En effet,
les facteurs de production sont des compléments des uns et des autres. Par conséquent,
pour exprimer la fonction qui représente l’ensemble des vols moyen-courriers de cette
compagnie, les combinaisons des facteurs dans la production sont proportionnelles
aux coefficients fixes techniques, car un avion pour un vol moyen-courrier ne peut pas
avoir plus de 2 pilotes et plus de 4 hôtesses pour proposer un service de qualité. Ainsi,
la fonction de production de la compagnie s’écrit : Y = min( P / 2,H / 4 ).
2. Représentez l’isoquante d’équation Y1 = 1, Y2 = 5.
Graphiquement, l’on représente l’isoquante des facteurs de production complé-
mentaires associée à un niveau de production par un point. Ce point représente les
coordonnées respectives des facteurs minima nécessaires pour produire une unité
d’output. Il est prolongé par des traits pleins pour rendre visible le niveau de l’output.
− Si le niveau de la production est Y1 = 1= min( P / 2,H / 4 ) ceci veut dire que Y1 = P / 2 ou
Y1 = H / 4, alors 1= P / 2 ⇒ P = 2 et 1= H / 4 ⇒ H = 4. Le couple (2,4) nous donne la combi-
naison idéale pour produire l’output Y1 = 1.
− Si le niveau de la production est Y2 = 5 = min( P / 2,H / 4 ) alors 5 = P / 2 ⇒ P = 10 et
5 = H / 4 ⇒ H = 20. Le couple (20, 10) nous donne la combinaison idéale pour produire
l’output Y2 = 5.

Figure 11.2
3. On cherche à augmenter le nombre de pilotes et d’hôtesses par 4 à partir de la
fonction définie pour Y = 1, que constatez-vous sur la production de la compagnie ?
Augmenter de 4 les deux facteurs de production, c’est avoir forcément 4 avions.
On observe ainsi le phénomène économique dit des rendements d’échelle constants.

112 La représentation de la fonction de production


On cherche ce que représentera la croissance de la production si on augmente

Thème 11
avec le même coefficient les deux facteurs P et H. Autrement dit, quel va être la
croissance de la production Y ? = min( 4P / 2, 4H / 4 ) . En faisant le calcul on retrouve la
même proportion que dans la question n° 1, à savoir P/2 = H/4 qui donne P = H/2. Donc
min( 4P / 2, 4H / 4 ) = min(4 ( P / 2,H / 4 )) = 4min( P / 2,H / 4 ) = 4Y1 .

Exercice C
Représentez, en fonction de la variable travail, sur un même graphique la courbe de
la production Y (au-dessus), les PML et PmL (en dessous). Que constatez-vous ?

Tableau des valeurs

L K Y PML PmL

10 4 200 20

11 4 231 21 31

12 4 264 22 33

13 4 286 22 22

14 4 294 21 8

15 4 300 20 6

Figure 11.3

La représentation de la fonction de production 113


Exercices Puisque le facteur K est constant, et que l’on associe de plus en plus le facteur
travail à la production, l’allure des courbes met en lumière la loi des rendements facto-
riels décroissants.
Cette loi s’exprime comme ce qui suit : en augmentant la quantité utilisée d’un
facteur, celle de l’autre restant fixe, on obtient une quantité supplémentaire de produits
de moins en moins grande. La production augmente, mais de moins en vite, parce que
la productivité marginale du facteur est décroissante. Cette loi se manifeste comme ce
qui suit ici :
− La représentation de la production croit en fonction du facteur travail. Cette
évolution est forte avant la valeur L = 12, puis son mouvement est ralenti. Ces
mouvements induisent des relations traditionnelles entre des productivités
moyennes et marginales.
− Lorsque PmL > PML, la productivité moyenne croit au fur et à mesure de l’incorpo-
ration du facteur travail dans le processus de production.
− Lorsque PmL = PML, la productivité moyenne du travail est constante et lorsque
PmL < PML la productivité moyenne diminue avec l’incorporation de la quantité de
travail dans le processus de production.

Exercice D
1. Calculez les productivités moyennes et marginales de chaque fonction.
Y1 = f ( L ) = L0,5 , Y2 = f ( K ,L ) = (2K + L )
0,5

La productivité marginale d’un facteur mesure la quantité supplémentaire de


production obtenue lorsqu’on accroît une unité supplémentaire du facteur (elle mesure
le rendement marginal du facteur). Par contre, la productivité moyenne d’un facteur
mesure la quantité moyenne en plus de production obtenue lorsqu’on accroît une unité
utilisée du facteur (elle mesure le rendement moyen du facteur).

Y1 = L0,5 PmL = Y ′ = 0,5L−0,5 PML = Y / L = L0,5 / L = L0,5L−1 = L−0,5

PmK = YK′ = 0,5 × 2 (2K + L )


−0,5

PmL = YL′ = 0,5(2K + L )


−0,5

Y2 = (2K + L )
0,5

PML = (2K + L ) / L
0,5

PMK = (2K + L ) / K
0,5

2. Montrez que la productivité marginale de Y1 est positive et décroissante.


La productivité marginale de Y1 est positive et décroissante si sa dérivée première
est positive, et si sa dérivée seconde est négative.

114 La représentation de la fonction de production


On sait que PmL = Y ′ = 0,5L−0,5. Cette dérivée est positive, car les éléments constitutifs

Thème 11
de la dérivée 0,5 et L−0,5 = 1/ L sont positifs. Sa dérivée seconde Y ′′ = −0,25L−1,5 est négative,
par son signe. Alors, la productivité marginale est positive et négative.
3. Représentez les fonctions Y1, et Y2 sur un graphique pour le niveau de production 4
La fonction de production Y1 est une fonction d’une variable. Si on désigne par 4
le niveau de la production, l’équation de la première courbe d’isoquante est donnée par
4 = L0,5 ⇒ L = 2. La production est un point de production représentée par le couple L = 2,Y = 4.

La fonction de production Y2 est une fonction de deux variables parfaitement subs-


tituables. Sa courbe de niveau 4 = (2K + L ) ⇒ (4)1/0,5 = ((2K + L ) )1/0,5 ⇒16 = 2K + L ⇒ K = 16 − L.
0,5 0,5

La production est représentée par une droite d’iso-produit.

Figure 11.4a

Figure 11.4b

La représentation de la fonction de production 115


Focus Techniques de production
La fonction de production indique pour chaque combinaison de facteurs de produc-
tion (inputs) la quantité maximale de la production (output) à réaliser. Elle diffère d’une
industrie à l’autre et peut changer au cours du temps en raison des évolutions techno-
logiques. Pour introduire les différents concepts relatifs à la technologie de production
d’une entreprise, deux types de production sont proposés :
− La production à un facteur variable (le travail), dit la fonction de production de
courte période. Elle s’écrit Y = f ( L ),
− Et la production avec deux facteurs variables (travail et capital), dit la fonction de
production de longue période. Elle s’écrit Y = f ( K ,L ).
La différence entre le court terme et le long terme au niveau de la production n’est
pas fondée sur le temps historique, elle réside dans les caractéristiques données aux
facteurs de production. En effet, le facteur capital est difficile à modifier à court terme, par
contre le facteur travail est plus facile à échanger. Par exemple, construire une nouvelle
usine demande du temps, mais modifier le facteur travail en cas d’une baisse d’activité
est facile. C’est la raison traditionnelle invoquée pour justifier cette appellation. Si le
facteur capital est fixe et en même temps le facteur travail est variable, cette situation
décrit la courte période. Si par contre les deux facteurs de production sont variables,
cette situation décrit la longue période.
S’intéresser à l’étude de la fonction de production implique la connaissance des
notions inhérentes à la décision du producteur. Son choix porte sur le niveau des facteurs
de production à acquérir et du niveau de production à atteindre.
En courte période, l’analyse du processus de production d’une entreprise se
réalise à travers le comportement de la productivité marginale du travail (PmL) et la
productivité moyenne du travail (PML). Leur forme générique est la conséquence de
la loi des rendements décroissants ou la loi des rendements factoriels décroissants.
Lorsque le facteur capital est supposé fixe, on observe que les PmL et PML décroissent
au fur et à mesure de la croissance de la quantité utilisée du facteur travail. Ainsi, la
loi des rendements factoriels décroissants stipule dans ces conditions, et qu’au-delà
d’un certain seuil, l’augmentation d’un facteur de production induit une augmentation
de moins en moins proportionnelle de la production.
En longue période, les deux notions de productivité servent aussi dans le même
sens que celui vu précédemment, mais leur utilisation usuelle sera autre (cf. thème 17).
Toutefois, l’analyse de la fonction de production en longue période est le pendant de
l’analyse de la fonction d’utilité dans l’analyse du comportement du consommateur.
Avec deux facteurs de production, on utilise le concept d’isoquant ou d’iso-produit.
Le pendant de la loi des rendements décroissants est la loi des rendements d’échelle.

116
Son principe est de mettre en lumière les effets sur la quantité produite (output) d’un

Thème 11
accroissement identique de la quantité utilisée de tous les facteurs de production (inputs).
Ainsi, le rendement d’échelle peut être constant lorsque la production atteint un volume
stable, croissant lorsque la production atteint des volumes importants et décroissant
pour des faibles quantités de production.

117
Thème 12
La représentation
de la fonction
de coût
Exercices Exercices

Exercice A
Le coût total de l’entreprise Icar est CT = Y 3 − 8Y 2 + 30Y.
1. Au vu de sa fonction de coût, dans quel contexte d’analyse (courte période ou
longue période) se trouve l’entreprise ?
2. Calculez les fonctions des coûts moyens et des coûts marginaux de l’entreprise.
3. Représentez les coûts moyens et marginaux sur un même graphique entre 0 et 7.
Que constatez-vous ?

Exercice B
Le coût total de l’entreprise Supco est CT = Y 3 − 2Y 2 + 5.
1. Au vu de sa fonction de coût, dans quel contexte d’analyse se trouve l’entreprise ?
2. Calculez les fonctions des coûts moyens et des coûts marginaux.
3. Représentez les coûts moyens et marginaux sur un même graphique entre 0 et 7.

Exercice C
Considérons les données du tableau ci-dessous qui représente la production d’acier
et les coûts associés de l’entreprise Alpacier.

Y 8 9 10 11

CT 280 288 298 310

CV 80 88 98 110

CF 200 200 200 200

Calculez les coûts fixes moyens (CFM), les coûts variables moyens (CVM), les coûts
moyens (CM) et les coûts marginaux (Cm). Que constatez-vous ?

Exercice D
Le revenu dont dispose le producteur Alpacier pour acquérir ses facteurs de produc-
tion est égal à 200 €, les prix des facteurs L et K pour produire une tonne d’acier par jour
sont 20 € et 40 €.
Écrivez l’équilibre du budget du producteur et tracez la droite d’iso-coût. Si la valeur
de son revenu augmente à 300 avec les prix des facteurs L et K de 30 et 40, tracez dans le
même graphique ce que vous obtenez.

120 La représentation de la fonction de coût


ҵ Note

Thème 12
La première notion à connaître est la distinction entre le coût économique et le coût comptable.
Si les économistes et les comptables considèrent les revenus de la même façon, ils ne considèrent
pas les coûts de la même façon. La conception des coûts des comptables ne considère que les
coûts explicites (ceux qui nécessitent une sortie de fonds de l’entreprise) et l’amortissement.
Par contre, eux aussi, les économistes considèrent les coûts explicites et de manière accessoire
l’amortissement, mais en plus de ces coûts, ils ajoutent le coût d’opportunité. Il est défini comme
un coût de renonciation à l’utilisation des ressources investies dans l’entreprise.

Corrigés

Exercice A
1. Au vu de sa fonction de coût, dans quel contexte d’analyse (courte période ou longue
période) se trouve l’entreprise ?
Dans l’expression de la fonction de coût total le fait qu’il n’y ait que des coûts qui
dépendent du niveau de la production (coûts variables), l’entreprise se trouve dans un
contexte de longue période.
2. Calculez les fonctions des coûts moyens et des coûts marginaux de l’entreprise
Le coût moyen correspond au coût de production généré par niveau de production.
Le coût marginal correspond au coût de production généré par une unité supplémentaire.
CM = CT / Y = (Y 3 − 8Y 2 + 30Y ) / Y = Y 2 − 8Y + 30
Cm = CT ′ = (Y 3 − 8Y 2 + 30Y )′ = 3Y 2 −16Y + 30
3. Représentez les coûts moyens et marginaux sur un même graphique entre 0 et 7.

Tableau des valeurs des coûts

Y 0 1 2 3 4 5 6 7

CM 30 23 18 15 14 15 18 23

Cm 30 17 10 9 14 25 42 65

CT 0 23 36 45 56 75 108 161

La représentation de la fonction de coût 121


Exercices

Figure 12.1
Les courbes des coûts moyens et marginaux décrivent une relation traditionnelle qui
découle des rendements factoriels décroissants, et mettent en lumière les zones d’écono-
mies d’échelle positive et négative (économies d’échelle et déséconomies d’échelle). L’idée
sous-jacente s’exprime comme ce qui suit : la diminution du coût moyen de production
résulte de l’accroissement des quantités produites en série. Sa manifestation s’exprime
de la manière suivante :
1. Lorsque le Cm < CM, le coût moyen décroît lorsque la quantité produite augmente.
2. Lorsque Cm = CM le coût moyen est minimal et lorsque Cm > CM le coût moyen
augmente avec la production.

Exercice B
1. Au vu de sa fonction de coût dans quel contexte d’analyse se trouve l’entreprise ?
Dans l’expression de la fonction de coût total à côté des coûts variables le fait
qu’il y ait des coûts fixes (CF = 5), on déduit que l’entreprise se trouve dans un contexte
d’analyse de courte période.
2. Calculez les fonctions des coûts moyens et les coûts marginaux.
Le coût moyen correspond au coût de production généré par niveau de production.
Le coût marginal correspond au coût de production généré par une unité supplémentaire.
CM = CT / Y = (Y 3 − 2Y 2 + 5) / Y = Y 2 − 2Y + 5 / Y
Cm = CT ′ = (Y 3 − 2Y 2 + 5)′ = 3Y 2 − 4Y
3. Représentez les coûts moyen et marginal sur un même graphique entre 0 et 7.

Tableau des valeurs des coûts

Y 0 1 2 3 4 5 6 7

CM +∞ 4 2,5 4,6 9,25 16 24,8 35,7

Cm 0 –1 4 15 32 55 84 119

122 La représentation de la fonction de coût


Thème 12
Figure 12.2

Exercice C
Calculez les coûts fixes moyens (CFM), les coûts variables moyens (CVM), les coûts
moyens (CM) et les coûts marginaux (Cm). Que constatez-vous ?

Y 8 9 10 11

CT 280 288 298 310

CV 80 88 98 110

CF 200 200 200 200

CFM = CF/Y 25 22,2 20 18,18

CVM = CV/Y 10 9,7 9,8 10

CM = CT/Y 35 32 29,8 28,18

Cm = DCT/DY – 8 10 12

La lecture du tableau met en lumière le phénomène des économies d’échelle,


selon lequel la diminution du coût moyen de production résulte de l’accroissement des
quantités produites en série.
En effet, les valeurs obtenues dans les lignes des CFM, CVM, CM et Cm sont conformes
à ce qui se passe en courte période ; mais les coûts dans le tableau se situent exclusive-
ment dans la zone des économies d’échelle. Les CFM diminuent au fur et à mesure que
la production augmente (manifestation des économies d’échelles), les CVM décrivent un
mouvement en U. Entre les valeurs des quantités 9,7 et 9,8, ils atteignent un minimum
plus tôt que le coût moyen. Ce qui correspond à la valeur de la production Y = 9,5. Les CM

La représentation de la fonction de coût 123


Exercices sont décroissants. Ils tendent vers un minimum non atteint. De plus les Cm sont croissants
en dessous des valeurs des CM.

Exercice D
Écrivez l’équilibre du budget du producteur et tracez la droite d’iso-coût. Si la valeur
de son revenu augmente à 300 avec les prix des facteurs L et K de 30 et 40, tracez dans le
même graphique ce que vous obtenez.
La contrainte budgétaire du producteur d’acier est l’ensemble des facteurs de
production dont le producteur est susceptible d’acquérir étant donné la valeur de son
revenu et des prix auxquels les facteurs sont acquis. L’expression générique de l’iso-
coût est CT = LPL + KPK . Elle représente l’égalité entre la valeur du revenu dont dispose le
producteur pour acheter ses facteurs de production et la valeur des dépenses à réaliser
en acquisition des facteurs.
Si CT = 200, PL = 20 et PK = 40 alors la contrainte s’écrit 200 = 20L + 40K .
Si R = 300 et les prix PL = 30 et PK = 40 alors la contrainte s’écrit 300 = 30L + 40K .

Tableau des valeurs des iso-coûts

L 0 10

K1 5 0 R = 200, PL = 20, PK = 40

K2 7,5 0 R = 300, PL = 30, Pk = 4

Figure 12.3

124 La représentation de la fonction de coût


Focus
Fonctions de coûts
Les coûts de production représentent l’ensemble des versements monétaires
qu’une entreprise doit effectuer pour obtenir les facteurs de production nécessaires à
son activité ou pour atteindre un niveau de production. Mais il est souvent important de
distinguer les coûts minima selon que l’entreprise ajuste tous ses facteurs de production,
ou uniquement certains d’entre eux. D’où la distinction de court terme et de long terme.
En courte période dans l’esprit des économistes, ils considèrent que cette fonction
est caractérisée par l’existence de coûts fixes, dont l’entreprise cherche à réduire le poids
en recherchant des économies d’échelle (augmenter la production pour réduire la part
des coûts des loyers, d’électricité …). Donc, en courte période, il existe deux types de
coûts : les coûts variables et les coûts fixes. Ainsi, le coût total noté (CT) est la somme des
coûts variables (CV), qui augmente avec le niveau de la production et des coûts fixes (CF)
qui ne dépendent pas des quantités produites. La décision du producteur ici porte sur la
réalisation d’une minimisation des coûts pour obtenir le plus haut niveau de production,
donc forcément des facteurs utilisés. Cette analyse repose sur la comparaison de deux
coûts : le coût moyen et le coût marginal. Le calcul de ces deux notions répond à la ques-
tion combien coûte la production d’un bien en moyenne et combien coûte la production
d’un bien supplémentaire. La raison de cette recherche est de trouver le niveau de la
production et par conséquent le nombre idéal de facteurs qu’il faut pour produire de
manière rationnelle.
En longue période la notion dépend du problème à résoudre, en général il n’y
a pas de coûts fixes, donc les combinaisons des facteurs de production sont variables.
L’entreprise doit répondre au problème suivant : produire un output Y pour quels coûts
de production, ou produire un output Y pour quels coûts des facteurs de production
(inputs). Derrière cette double question, deux aspects de la fonction des coûts sont en
prendre en compte.
Dans ce cadre, on suppose que les investissements perpétuels de l’entreprise
annihilent les coûts fixes. Deux approches sont proposées. La première définit le coût
en prenant en compte le niveau de production (fonction de coût total de production en
fonction des quantités produites). Le second définit le coût en prenant en compte les coûts
des facteurs de production (fonction de coûts en fonction des demandes des quantités
des facteurs utilisés). Ces approches n’auront pas la même utilité.
− Au niveau de la fonction de coût prenant en compte le niveau de production, le coût
total noté (CT) est la somme des seuls coûts variables (CV), qui augmente avec le
niveau de la production (CT = f(Y)), elle représente les dépenses de production liées
à la quantité produite. La forme de la courbe des coûts de longue période dépend de
l’existence des rendements d’échelle. Pour une entreprise, ces rendements ne sont
pas éternellement constants, croissants ou décroissants. Ce sont plutôt des étapes
de son développement. En liaison avec les rendements d’échelle, on admet que la

125
Focus courbe des coûts moyens de longue période présente la même forme en U que celle
de la courte période. Elle sera définie comme une courbe enveloppe des courbes
de court terme. Il est utile d’interpréter cette courbe comme une courbe de projet.
− Au niveau de la fonction de coût prenant en compte les coûts de la demande des
facteurs de production, l’entreprise peut faire varier tous les facteurs de production.
La droite d’iso-coût qui représente ce coût total permet de répondre à la question
qui se pose à l’entreprise en ces termes : quelle combinaison de facteurs doit-elle
choisir pour minimiser les coûts. On suppose que l’entreprise peut se procurer les
facteurs de production sur un marché concurrentiel au prix PL (le taux de salaire)
et PK (le taux d’intérêt), ainsi pour toute combinaison des facteurs de production
le coût total est CT = KPK + LPL . Elle représente les dépenses minimales de production
qui permettent de produire la une quantité maximale.

126
Thème 13
Le choix
d’efficience
sur la production
Exercices Exercices

Exercice A
La fonction de production de l’entreprise Nicolin pour du chocolat utilise le facteur
travail (facteur demandé en quantité L) et le facteur capital (facteur demandé en quantité K).
Cette fonction de production qui mélange les facteurs demandés prend la forme : Y = K 1/2 .L1/2.
1. Quelle serait la décision technique efficiente de l’entreprise ?
2. Dans le cas où la dépense en facteurs serait de 200 € et les prix du marché respectifs
des facteurs sont 5 € et 2 €, quelle serait la décision technique d’efficience de l’entreprise ?

Exercice B
Une compagnie aérienne organise des vols Paris-Beijing. Un vol nécessite 1 avion
(production ou la mise à disposition de la compagnie), 4 pilotes et 12 stewards. On note
par Y, la variable « avion », P le facteur « pilote » et H, le facteur « steward ».
1. Écrire la fonction de production de la compagnie
2. Quelle serait la décision d’efficience technique que la compagnie prendrait-elle ?
3. Une dépense globale en facteurs de 200 € et des prix respectifs du marché des
facteurs sont 5 € et 2 €, quelle serait la décision technique d’efficience de l’entreprise ?

Exercice C
Les productions journalières de pâtes, et les productivités par heure des employées
de l’entreprise Alpi sont consignées dans le tableau ci-dessous.

L K Y PML PmL

10 4 200 20

11 4 231 21 31

12 4 264 22 33

13 4 286 22 22

14 4 294 21 8

15 4 300 20 6

En analysant le tableau joint, trouvez les quantités des facteurs efficients et le niveau
de production associée, justifiez votre réponse.

128 Le choix d’efficience sur la production


Exercice D

Thème 13
La fonction de production d’un supermarché s’exprime à travers le nombre de
clients qui passent à la caisse. Ce nombre détermine in fine Y, la production en fonction
du facteur travail (nombre de personnels de caisse). Cette production est sous la forme
Y = −L3 + 8L2 + 30L . Donnez les expressions des productivités (moyenne et marginale) de
l’entreprise. Représentez les courbes des productivités (moyenne et marginale) pour
un personnel compris entre 1 et 7.

Corrigés

Exercice A
1. Quelle serait la décision technique d’efficience de l’entreprise.
En absence des prix des facteurs l’entreprise rechercherait le rendement d’échelle
de sa production. Les rendements d’échelle décrivent comment le niveau d’output évolue
lorsque tous les niveaux d’inputs varient dans une même proportion. Ils mesurent ainsi
l’incidence de la variation simultanée des quantités d’inputs sur le niveau de la production.
Cherchons ce que représentera la croissance de la production si on augmente avec
le même coefficient λ les deux facteurs K et L.
(λK )(1/2 (λL)1/2 ⇒ λ1/2K (1/2λ1/2L1/2 ⇒ λ1/2+1/2K 1/2L1/2 = λK 1/2L1/2.
Le rendement d’échelle de la production est constant puisque l’évolution de la
production est Y = λY, c’est-à‑dire la hausse des quantités des facteurs utilisées conduit
exactement à la même hausse de la quantité produite.
2. Dans le cas où la dépense en facteurs serait de 200 € et les prix du marché respectifs
des facteurs sont de 5 € et 2 €, quelle serait la décision technique d’efficience de l’entreprise ?
En présence des prix du marché des facteurs, pour un niveau haut donné d’output
qui correspond à des coûts des facteurs les plus bas, l’efficience technique de la décision
du producteur sur la production est de choisir les quantités des facteurs K et L.
Pour un niveau de production donnée, on a :
TMST = PK / PL ⇒ (1/ 2K −1/2 L1/2 ) / (1/ 2K 1/2 L−1/2 ) = 5 / 2
et 200 = 5K + 2L.
La simplification du TMST, en déplaçant le facteur de production à exposant négatif
vers le même facteur à exposant positif, donne TMST = L / K . Par conséquent L / K = 5 / 2 et
200 = 5K + 2L. Les solutions du système sont L * = 50, et K * = 20 pour un niveau de production
efficiente de Y * = 31,62. L’entrepreneur sait qu’il lui faut une combinaison capitalistique
K/L de 0,4 pour obtenir une production optimale.

Le choix d’efficience sur la production 129


Exercices Exercice B
1. Écrire la fonction de production de la compagnie.
Les facteurs de production sont complémentaires et la combinaison d’utilisation
des facteurs est fixe et proportionnelle, car un avion ne peut pas avoir plus de pilotes
et d’hôtesses pour proposer un service de qualité. Alors la fonction de production de
la compagnie s’écrit Y = min( P / 4,H /12 ) . C’est une fonction de production à facteurs
complémentaires.
2. Quelle serait la décision d’efficience technique que la compagnie prendrait-elle ?
En absence des prix du marché des facteurs, l’entreprise rechercherait les rende-
ments d’échelle de sa production. Augmenter de λ les membres de l’équipage c’est avoir
forcément le même nombre λ avions, on observe par ce résultat le phénomène écono-
mique des rendements constants.
En effet, min( λP / 4,λH /12 ) = minλ ( P / 4,H /12 ) = λmin( P / 4,H /12 ) = λY .
3. Une dépense globale en facteurs de 200 € et des prix respectifs du marché des
facteurs sont 5 € et 2 €, quelle serait la décision technique d’efficience de l’entreprise ?
En absence des prix du marché des facteurs l’entreprise rechercherait le niveau
des facteurs à acquérir et le niveau de production. La combinaison fixe d’utilisation des
facteurs pour produire est P = H / 2 et le coût des facteurs 200 = 5P + 2H ⇒ P = (200 − 2H ) / 5.
Égalisons ces deux équations, on obtient H / 2 = (200 − 2H ) / 5 ⇒ 5H = 400 − 4H ⇒ H = 400 / 9 = 44, 44
200 − 2H ) / 5 ⇒ 5H = 400 − 4H ⇒ H = 400 / 9 = 44, 44 . Donc le résultat est approximativement H = 44, P = 22 et Y = 11.

Exercice C
En analysant le tableau joint, trouvez les quantités des facteurs efficients
et le niveau de production associée, justifiez votre réponse.
L’entreprise Alpi se situe dans un cadre d’analyse de courte période (le facteur travail
est variable tandis que le facteur capital est fixe au niveau 4). La règle applicable serait
d’égaliser la productivité marginale du travail et la productivité moyenne du travail,
dont l’objectif est de déterminer L *. Le constat de l’égalité PML = PmL = 22 donne le choix
efficient de K * = 4 et L * = 13. Ce choix permet une production de Y * = 286.
L’analyse des colonnes des productivités marginale et moyenne décrit trois phases
en conformité à la loi des rendements factoriels décroissants.
Dans la première phase, l’entreprise trouve son choix du facteur travail entre
10 et 12. La production augmente vite, les productivités moyennes et marginales sont
croissantes mais non égales. La productivité marginale est au-dessus de la productivité
moyenne, et elle tire vers le haut la productivité moyenne. Cette situation est sous
optimale au sens de Pareto.
La deuxième phase est la phase dite d’efficience technique. L’entreprise trouve son
choix du facteur travail au niveau 13. On observe l’égalité la productivité marginale et
la productivité moyenne. Cette ligne du tableau donne par simple lecture la valeur du

130 Le choix d’efficience sur la production


facteur de travail efficient L * = 13, et du capital efficient K * = 4 pour un niveau de produc-

Thème 13
tion efficiente Y *= 286.
La dernière phase est la phase d’inefficience technique. L’entreprise trouve son
choix du facteur travail entre 13 et 15. La productivité moyenne atteint son maximum,
puis décroît tout en restant positive, et la productivité marginale quant à elle décroît.
La productivité marginale est au-dessous de la productivité moyenne, elle tire vers le
bas la productivité moyenne.

Exercice D
Donnez les expressions des productivités (moyenne et marginale) de l’entreprise.
Représentez les courbes des productivités (moyenne et marginale) pour un personnel
compris entre 1 et 7.
La productivité moyenne du travail (PML) correspond au rendement moyen du facteur
travail par production réalisée. La productivité marginale du travail (PmL) correspond au
rendement d’une unité supplémentaire de travail par production supplémentaire réalisée.
PML = Y / L = −L3 / L + 8L2 / L + 30L / L = L2 + 8L + 30
( )
PmL = Y ′ = −L3 + 8L2 + 30L ′ = 3L2 +16L + 30

Tableau des valeurs

L 0 1 2 3 4 5 6 7

PML 30 37 42 45 46 45 42 37

PmL 30 43 50 51 46 35 18 –5

Y 0 37 68 87 88 65 12 –77

Figure 13

Le choix d’efficience sur la production 131


Exercices Zone A : les PML et PmL sont croissantes, ce qui permet à la production d’augmenter
de plus en plus vite. Cette croissance nécessite une augmentation du facteur travail en
même temps.
Zone B : la PML continue à croître, mais la PmL est décroissante et reste positive
et au-dessus de la PML. Ce résultat permet au producteur de continuer d’augmenter sa
production. Signe que le producteur n’a pas atteint sa zone de décision optimale.
Zone d’efficience : la PML atteint son maximum et est traversée par la PmL. La
production atteint le niveau de 88, elle est réalisée avec un niveau de 4 facteurs de travail
(productivité de 46).
Zone C : la PML est décroissante, mais elle est au-dessus de la PmL. La PmL est décrois-
sante, mais elle reste positive. Ce qui permet au producteur de se poser la question, s’il
est tenté d’aller au-delà, quand arrêter l’augmentation des facteurs de production, donc
la production.
Zone D : augmenter l’utilisation du facteur travail dans l’espoir de produire plus
fait baisser la production et augmenter les coûts.

132 Le choix d’efficience sur la production


Focus
L’efficience technique sur la production
L’efficience technique sur la production représente la manifestation la décision
que prend l’entrepreneur au sein de son entreprise. Elle est différente de la décision
d’efficacité économique sur le marché. En matière de production elle se manifeste pour
l’entreprise dans deux cas.
En courte période, la décision du producteur sur la production est de déterminer
la valeur maximale de production de l’entreprise par le biais de la valeur du facteur
travail utilisé. Dans cette situation, le producteur cherche d’abord la quantité de L * qui
lui donne la possibilité d’obtenir le niveau de production efficiente Y *. La règle adoptée
par le producteur est d’égaliser la productivité marginale et la productivité moyenne
du travail pour obtenir la valeur du facteur de travail efficient qui lui permet d’obtenir
la valeur de la production à produire (valeur efficiente).
En longue période, la décision du producteur sur la production est de choisir
simultanément des quantités des facteurs de production K et L pour un niveau d’output
donnée, ou de mesurer les rendements factoriels sur le niveau de production.
− Dans le premier cas, le producteur va chercher la quantité de K * et de L * qui lui
donne la possibilité d’utiliser la totalité de son budget en atteignant le niveau de
production le plus élevé possible. La règle est de calculer le TMST des facteurs de
production, l’égaliser au prix des facteurs et de les mettre en rapport avec les
dépenses réalisées en fonction du budget disponible (ressemblance au choix optimal).
− Dans le deuxième cas, ce choix est basé sur le calcul du rendement des facteurs. La
règle est de relier les « productivités » et les « rendements d’échelle » de la fonction
de production.

133
Thème 14
Le choix d’efficience
sur la fonction
de coût
Exercices Exercices

Exercice A
Le coût total de l’entreprise Icar est donné par CT = Y 3 − 8Y 2 + 30Y.
Calculez les fonctions des coûts moyens et des coûts marginaux de l’entreprise. Quel
serait le choix efficient de l’entreprise ?

Exercice B
Le coût total de l’entreprise Supcar est CT = 3Y 2 + 6Y + 75. Calculez les fonctions des
coûts moyens et des coûts marginaux de l’entreprise. Quel sera le choix efficient de
l’entreprise ?

Exercice C
Considérons les données du tableau ci-dessous qui représente la production en
tonnes d’acier de l’entreprise Alpacier.

Y 1 2 3 4 5

CT 17 22 31 50 85

CV 7 12 21 40 75

CF 10 10 10 10 10

Calculez les coûts fixes moyens (CFM), les coûts variables moyens (CVM), les coûts
moyens (CM) et les coûts marginaux (Cm). Que constatez-vous ?

Exercice D
La fonction des coûts totaux d’un supermarché est donnée CT = Y 3 + 8Y 2 + 30.
Représentez les courbes de coûts (moyens et marginaux). On vous donne la relation
entre le niveau de production et le nombre de travailleurs, quel serait son choix efficient ?

L 0 1 2 3 4 5 6 7

Y 0 37 68 87 88 65 12 –77

Exercice E
Pour une entreprise agricole Agrisud, on dispose dans le tableau ci-dessous des
données relatives au nombre d’unités produites Y, du nombre d’unités de travail utilisés L

136 Le choix d’efficience sur la fonction de coût


Thème 14
et des coûts moyens, coûts variables moyens et marginaux. Analysez le tableau de
l’entreprise Agrisud pour une aide à la décision.

L 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Y 5 20 45 72 100 120 133 136 126

CM 62,5 15 5,8 2,5 2,14 2,08 2,2 2,34 2,50

CVM 12,5 5 2,5 1,25 1,19 1,25 1,4 1,56 1,73

Cm 12,5 3,13 1,25 0,5 1 1,67 5 8,33 12,5

Corrigés

Exercice A
Calculez les fonctions des coûts moyens et coûts marginaux de l’entreprise. Quel sera
le choix efficient de l’entreprise ?
Le coût moyen correspond au coût de production par niveau de production. Le
coût marginal correspond au coût de production généré par une unité supplémentaire.
CM = CT / Y = (Y 3 − 8Y 2 + 30Y ) / Y = Y 3 / Y − 8Y 2 / Y + 30 / Y ⇒ Y 2 − 8Y + 30
( )
Cm = CT ′ = Y 3 − 8Y 2 + 30Y ′ = 3Y 2 −16Y + 30
En longue période, le choix efficient de l’entreprise est de déterminer le niveau
de production efficient et le prix minimum qu’il accepterait pour réaliser ses activités
productives. En dessous de ce prix, elle renoncerait à toute activité productive. La règle
applicable est Cm = CM = PSR = PSF.
CM = Cm ⇒ Y 2 − 8Y + 30 = 3Y 2 −16Y + 30
⇒ −8Y +16Y = 3Y 2 −Y 2 − 30 + 30
⇒ 8Y = 2Y 2 ⇒ Y = 4
donc le prix PSR = Cm ⇒ PSR = 3 × 4 2 −16 × 4 + 30 = 14
Pour 14 €, l’entreprise offrira Y * = 4 et en dessous de ce prix l’entreprise n’offrira
aucune quantité.

Le choix d’efficience sur la fonction de coût 137


Exercices

Figure 14.1

Exercice B
Calculez les fonctions des coûts moyens et coûts marginaux de l’entreprise. Quel serait
le choix efficient de l’entreprise ?
En courte période, le calcul de Cm, CM et CVM sont nécessaires pour définir deux
seuils d’aide à la décision.
Le coût moyen correspond au coût de production généré en moyenne par niveau de
production. Le coût variable moyen correspond au coût variable de production généré en
moyenne par niveau de production. Le coût marginal correspond au coût de production
généré par une unité supplémentaire.
CM = CT / Y = (Y 2 + 6Y + 75) / Y = Y + 6 + 75 / Y
CVM = CV / Y = (Y 2 + 6Y ) / Y = Y + 6
Cm = CT ′ = (3Y 2 + 6Y + 75)′ = 6Y + 6
Le premier choix efficient de l’entreprise est de déterminer le niveau de production
efficient et le prix minimum qu’il accepterait pour réaliser ses activités productives. En
dessous de ce prix, elle renoncerait à toute activité productive.
Cm = CVM ⇒ 6Y + 6 = Y + 6 ⇒ Y = 0 donc le prix PSF = Cm ⇒ PSF = 6
Pour 6 €, l’entreprise offrira Y * = 0, au-dessus de ce prix l’entreprise proposera ses
activités de production.
Le deuxième choix efficient de l’entreprise est de déterminer le niveau de produc-
tion efficient et le prix minimum qu’il accepterait pour réaliser un super profit à ses
activités productives.
CM = Cm ⇒ 3Y + 6 + 75 / Y = 6Y + 6 ⇒ 75 / Y = 3Y
75 / 3 = 25 = Y 2 ⇒ Y * = 5 donc le prix PSR = Cm ⇒ PSR = 3 × 5 + 6 = 36
Pour 36 €, l’entreprise offrira Y * = 5 et en dessous de ce prix l’entreprise réalisera un
profit négatif acceptable (entre 6 € et 36 €). Au-dessus de ce prix, elle réalisera un profit
positif à condition que le prix proposé soit supérieur au coût moyen.

138 Le choix d’efficience sur la fonction de coût


Thème 14
Figure 14.2

Exercice C
Calculez les coûts fixes moyens (CFM), les coûts variables moyens (CVM), les coûts
moyens (CM) et les coûts marginaux (Cm). Que constatez-vous ?

Y 1 2 3 4 5

CT 17 22 31 50 85

CV 7 12 21 40 75

CF 10 10 10 10 10

CFM 10 5 3,3 2,5 2

CVM 7 6 7 10 15

CM 17 11 10,3 12,5 17

Cm – 5 9 19 35

Au fur et à mesure que la production augmente de 1 à 5, la lecture de la ligne du


coût fixe moyen (CFM) décrit l’allure une courbe décroissante. L’entreprise produit plus,
elle se spécialise et réalise des économies d’échelle. La ligne du coût variable moyen
(CVM) décrit l’allure d’une courbe en U. La ligne du coût moyen (CM) décrit l’allure
d’une courbe en U avec son minimum en 3. Enfin, la ligne du coût marginal (Cm) décrit
l’allure d’une courbe croissante. Ces mouvements sont conformes à ce qui se passe en
courte période. Le premier choix est CVM = Cm ⇒ Y = 2 pour PSF = 6 et le second choix est
CM = Cm ⇒ Y = 3 pour PSR = 10,3.

Le choix d’efficience sur la fonction de coût 139


Exercices Exercice D
Représentez les courbes de coûts (moyen et marginal). On vous donne la relation
entre le niveau de production et le nombre de travailleurs, quel serait son choix efficient ?
Le coût moyen de production (CM) correspond au coût de production généré par
niveau de production. Le coût marginal (Cm) de production correspond au coût de
production généré par une unité supplémentaire de production.
CM = CT / Y = Y 3 / Y − 8Y 2 / Y + 30Y / Y ⇒ Y 2 − 8Y + 30
( )
Cm = CT ′ = Y 3 − 8Y 2 + 30Y ′ = 3Y 2 −16Y + 30

Tableau des valeurs

L 0 1 2 3 4 5 6 7

Y 0 37 68 87 88 65 12 –77

CM 30 23 18 15 14 15 18 23

Cm 30 17 10 9 14 25 42 65

Figure 14.3
Zone A : les CM et Cm sont décroissants, ce qui permet la baisse des coûts de plus en
plus vite, pour obtenir des économies d’échelles. Cette baisse nécessite une augmentation
du facteur travail en même temps.
Zone B : le Cm est croissant et reste au-dessus du CM. Ce résultat permet au produc-
teur de continuer d’augmenter sa production. Signe que le producteur n’a pas atteint
sa zone de décision optimale.
Zone d’efficience : le CM atteint son minimum et est traversé par Cm. La production
atteint le niveau de 88, elle est réalisée avec un niveau de 4 facteurs de travail (produc-
tivité de 46 avec un coût de 14). C’est ici que se situe son choix efficient.

140 Le choix d’efficience sur la fonction de coût


Zone C : le CM croît, mais en dessous de la valeur Cm et le Cm est croissant. Ce qui

Thème 14
permet au producteur de se poser la question, s’il est tenté d’aller au-delà pour arrêter
l’augmentation la production.
Zone D : augmenter l’utilisation du facteur travail dans l’espoir de produire plus
fait augmenter plus vite les coûts.

Exercice E
Analysez le tableau de l’entreprise Agrisud pour une aide à la décision.

L 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Y 5 20 45 72 100 120 133 136 126

CM 62,5 15 5,8 2,5 2,14 2,08 2,2 2,34 2,50

CVM 12,5 5 2,5 1,25 1,19 1,25 1,4 1,56 1,73

Cm 12,5 3,13 1,25 0,5 1 1,67 5 8,33 12,5

Au fur et à mesure de l’accroissement de la quantité produite, les valeurs successives


du coût variable moyen, du coût moyen décrivent deux mouvements. Dans un premier
temps (de Y = 5 à Y = 120) le coût moyen diminue, puis dans un second temps (de Y = 120 à
Y = 126) il augmente. Il diminue lorsque Cm < CM (la valeur de la moyenne est tirée vers
le bas) et augmente lorsque Cm > CM (la valeur de la moyenne est tirée vers le haut).
Le choix efficace du producteur est obtenu lorsque ce dernier choisit L * = 6 et
produit Y * = 120. Car ce choix minimise ses coûts (CM = 2,08) et maximise son niveau de
production (Y * = 120).

Le choix d’efficience sur la fonction de coût 141


Focus L’efficience technique sur les coûts
L’efficience technique sur les coûts représente la manifestation de la décision que
prend l’entrepreneur au sein de son entreprise en matière de coûts. En appui de la loi
des rendements factoriels décroissants, la manifestation des rendements observée en
matière de rendement des facteurs, est inversée en matière des coûts. En effet, à l’inverse
de la fonction de production, le coût de production augmente de moins en moins vite,
pour finir par accroître très vite. Il existe donc un niveau de production efficient pour
produire qui est lié à un coût minimum. Ainsi, il existe une relation inverse entre les
productivités (moyenne et marginale) et les coûts (moyen et marginal). Lorsque les
productivités augmentent, les coûts diminuent, et lorsque les productivités diminuent
les coûts augmentent.
En matière d’efficacité technique sur les coûts, l’objet est de minimiser les
coûts en déterminant la valeur maximale de production et le prix minimal acceptable
pour couvrir ces frais ou pour réaliser une activité de production.
En courte période, la décision du producteur sur les coûts nécessite deux règles
de seuils :
La première règle adoptée par le producteur est d’égaliser le coût marginal et le
coût variable moyenne pour déterminer le seuil de fermeture (PSF = min CVM). Le seuil
de fermeture désigne le niveau de production en-dessous duquel l’entreprise est obligée
de fermer ses portes. C’est la valeur minimale du coût variable moyen (CVM). Si le prix
proposé à l’entreprise est en dessous de PSF, le déficit subi par elle est alors plus grand
que le coût fixe qu’elle subit lorsqu’elle choisit de ne pas produire. Ce prix ne lui permet
même pas de couvrir les coûts variables moyens.
La deuxième règle adoptée par le producteur est d’égaliser le coût marginal et le
coût moyen pour déterminer le seuil de rentabilité (PSR = Min CM). Le seul de rentabilité
désigne le niveau de production à partir duquel l’entreprise réalise des profits. C’est
le minimum du coût moyen (CM). En effet, pour tout prix supérieur au coût moyen, la
firme réalise un profit positif en offrant une quantité telle que le coût marginal de cette
quantité soit égal au prix donné.
Entre les deux seuils, la firme réalise un profit négatif supportable. Elle a intérêt
à produire car son activité minimise ses pertes. En effet, si elle ne produit pas, elle subit
comme perte la totalité de ses coûts fixes, alors qu’en produisant à un prix entre les deux
seuils elle amortirait une partie de ses coûts fixes.
En longue période, deux règles s’imposent aussi à l’entreprise :
− La première est celle de la recherche de l’optimalité. L’efficacité de la décision du
producteur sur les coûts est de choisir des quantités des facteurs pour un niveau
d’output donné. La technique est de calculer le TMST des facteurs à égaliser au
prix des facteurs et les mettre en rapport avec la dépense réalisée en fonction du
budget disponible. Le producteur cherche la quantité de facteurs qui lui donne la

142
possibilité d’utiliser la totalité de son budget en atteignant le niveau de production

Thème 14
le plus élevé possible.
− La seconde, comme en courte période, est la recherche du seuil de rentabilité de la
longue période (PSR = Min CM). Mais aussi, l’entreprise cherche à ajuster ses capacités
productives dans le temps à sa taille. En effet, si le facteur capital qui détermine
la taille de l’entreprise en courte période est fixe, en longue période cette variable
détermine la taille optimale par le biais des investissements.

143
Thème 15
La relation
productivités,
coûts et économies
d’échelle
Exercices Exercices

Exercice A
Le coût total de l’entreprise Icar est donné par CT = (150 +Y )2 +100Y . Calculez les
fonctions des coûts moyens et coût marginaux de l’entreprise. L’entreprise réalise-t-elle
des économies ou des déséconomies d’échelles ?

Exercice B
La fonction de production d’un supermarché s’exprime à travers le nombre de clients
qui passent à la caisse qui déterminent in fine Y et le facteur travail (nombre de personnels
de caisse). Cette production est sous la forme Y = −L3 + 8L2 + 30L, et le coût total que génère son
activité est donné par CT = Y 3 − 8Y 2 + 30. Donnez les expressions des productivités (moyenne
et marginale) et des coûts (moyens et marginaux) de l’entreprise. Représentez les courbes
des productivités (moyennes et marginales) et les courbes de coûts (moyens et marginaux)
sur un même graphique pour un personnel compris entre 1 et 7.

Exercice C
Pour une entreprise agricole Agrisud, on dispose dans le tableau ci-dessous des
données relatives au nombre d’unités produites Y, des productivités moyennes et marginales
en fonction du nombre d’unités de travail utilisé L (le facteur K = 5) et des coûts moyens,
coûts variables moyens et marginaux. Analysez le tableau de l’entreprise Agrisud pour
une aide à la décision.

L 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Y 5 20 45 72 100 120 133 136 126

PML 5 10 15 18 20 20 19 17 14

PmL 5 15 25 27 28 20 13 3 –10

CM 62,5 15 5,8 2,5 2,14 2,08 2,2 2,34 2,50

CVM 12,5 5 2,5 1,25 1,19 1,25 1,4 1,56 1,73

Cm 12,5 3,13 1,25 0,5 1 1,67 5 8,33 12,5

146 La relation productivités, coûts et économies d’échelle


Corrigés

Thème 15
Exercice A
Calculez les fonctions des coûts moyens et coûts marginaux de l’entreprise. L’entreprise
réalise-t‑elle des économies ou des déséconomies d’échelles ?
CT = (150 +Y )2 +100Y = 1502 + 300Y +Y 2 +100Y = 1502 + 400Y +Y 2
Dans l’expression de la fonction de coût total, le fait qu’il y ait des coûts qui ne
dépendent pas de la production (CF = 1502 = 22500 ), l’entreprise se trouve dans un contexte
de court terme.
Le coût moyen correspond au coût de production généré en moyenne par niveau
de production. Le coût marginal correspond au coût de production généré par une unité
supplémentaire.
CM = CT / Y = 1502 / Y + 400 +Y
Cm = CT ′ = 400 + 2Y
Le choix efficient de l’entreprise est de déterminer le niveau de production effi-
cient et le prix minimum qu’elle accepterait à partir duquel ses activités productives
deviendront rentables.
CM = Cm ⇒1502 / Y + 400 +Y = 400 + 2Y
1502 / Y + 400 − 400 = −Y + 2Y
1502 / Y = Y ⇒1502 = Y 2
donc Y * = 150 avec PSR* = 700 = Cm

Figure 15.1
Pour Y <150, l’entreprise produit plus et son coût moyen diminue. Ce qui correspond
à la zone de rendements factoriels croissants et des économies d’échelle. Pour Y >150,
l’entreprise produit plus et son coût moyen augmente. Ce qui correspond à la zone de
rendements factoriels décroissants et des déséconomies d’échelle. Par conséquent l’entre-
prise réalise des économies d’échelle avant 150 et des déséconomies d’échelle après. La

La relation productivités, coûts et économies d’échelle 147


Exercices décision optimale est au niveau de la production de 150 (coût de 700) qui détermine sa
taille optimale de son organisation productive.

Exercice B
Donnez les expressions des productivités (moyennes et marginales) des coûts (moyens
et marginaux) de l’entreprise. Représentez les courbes des productivités (moyennes et
marginales) et les courbes des coûts (moyens et marginaux) sur un même graphique pour
un personnel compris entre 1 et 7.
La productivité moyenne du travail (PML) correspond au rendement moyen du facteur
travail par production réalisée. La productivité marginale du travail (PmL) correspond au
rendement d’une unité supplémentaire de travail par production supplémentaire réalisée.
PML = Y / L = −L3 / L + 8L2 / L + 30L / L = L2 + 8L + 30
PmL = Y ′ = ( −L3 + 8L2 + 30L )′ = 3L2 +16L + 30
Le coût moyen de production (CM) correspond au coût de production généré par
niveau de production. Le coût marginal (Cm) de production correspond au coût de
production généré par une unité supplémentaire de production.
CM = CT / Y = Y 3 / Y − 8Y 2 / Y + 30Y / Y ⇒ Y 2 − 8Y + 30
( )
Cm = CT ′ = Y 3 − 8Y 2 + 30Y ′ = 3Y 2 −16Y + 30

Tableau des valeurs

L 0 1 2 3 4 5 6 7

PML 30 37 42 45 46 45 42 37

PmL 30 43 50 51 46 35 18 –5

Y 0 37 68 87 88 65 12 –77

CM 30 23 18 15 14 15 18 23

Cm 30 17 10 9 14 25 42 65

148 La relation productivités, coûts et économies d’échelle


Thème 15
Figure 15.2
Zone A : les productivités PML et PmL sont croissantes, ce qui permet à la production
d’augmenter de plus en plus vite. Cette croissance nécessite une augmentation du facteur
travail en même temps. Par contre les CM et Cm sont décroissants, ce qui permet la baisse
des coûts de plus en plus vite, pour obtenir des économies d’échelles.
Zone B : la PML continue à croître, mais la PmL est décroissante et reste positive et
au-dessus de la PML. Par symétrie, le CM continue à décroître, mais le Cm est croissant et
reste au-dessus du CM. Ce résultat permet au producteur de continuer d’augmenter sa
production. Signe que le producteur n’a pas atteint sa zone de décision optimale.
Zone d’efficience : la PML atteint son maximum et est traversée par la PmL. Le CM
atteint son minimum et est traversé par Cm. La production atteint le niveau de 88, elle est
réalisée avec un niveau de 4 facteurs de travail (productivité de 46 avec un coût de 14).
Zone C : la PML est décroissante, mais au-dessus de la PmL. La PmL est décroissante,
mais elle reste positive. Dans le même temps, le CM croît, mais il est en dessous de la
valeur Cm et le Cm est croissant. Ce qui permet au producteur de se poser la question,
s’il est tenté d’aller au-delà pour arrêter l’augmentation des facteurs de production,
donc la production.
Zone D : augmenter l’utilisation du facteur travail dans l’espoir de produire plus
fait baisser la production et augmenter les coûts.

La relation productivités, coûts et économies d’échelle 149


Exercices Exercice C
Analysez le tableau de l’entreprise Agrisud pour une aide à la décision.

K 5 5 5 5 5 5 5 5 5

L 1 2 3 4 5 6 7 8 9

Y 5 20 45 72 100 120 133 136 126

PML 5 10 15 18 20 20 19 17 14

PmL 5 15 25 27 28 20 13 3 –10

CM 62,5 15 5,8 2,5 2,14 2,08 2,2 2,34 2,50

CVM 12,5 5 2,5 1,25 1,19 1,25 1,4 1,56 1,73

Cm 12,5 3,13 1,25 0,5 1 1,67 5 8,33 12,5

Au niveau des coûts, au fur et à mesure de l’accroissement de la quantité produite,


les valeurs successives du coût variable moyen, du coût moyen décrivent deux mouve-
ments. Dans un premier temps (de Y = 5 à Y = 120) le coût moyen diminue, puis dans un
second temps (de Y = 120 à Y = 126) il augmente. Il diminue lorsque Cm < CM (la valeur de
la moyenne est tirée vers le bas) et augmente lorsque Cm > CM (la valeur de la moyenne
est tirée vers le haut).
Au niveau des productivités, les mouvements sont inversés. Au fur et à mesure
de l’accroissement de la quantité produite, les valeurs des productivités décrivent des
courbes qui dans un premier temps (de Y = 5 à Y = 120) augmentent, puis dans un second
temps (de Y = 120 à Y = 126) diminuent. La productivité moyenne augmente lorsque la
PmL > PML (la valeur de la moyenne est tirée vers le haut) et diminue lorsque la PmL < PML
(la valeur de la moyenne est tirée vers le bas).
On voit bien poindre par ces mouvements la relation de réciprocité entre la fonction
de production et la fonction de coûts.
Cette relation permet d’observer une zone des économies d’échelle entre Y = 5 et
Y = 120. Cette zone est composée de deux sous-zones des rendements d’échelle. La première
est comprise entre Y = 5 et Y = 100, elle caractérise la zone des rendements d’échelle
croissants. La seconde est comprise entre Y = 100 et Y = 120, elle caractérise la zone des
rendements d’échelle constants.
La zone des déséconomies d’échelle correspond à la zone au-delà du choix optimal.
Elle est composée d’une zone des rendements décroissants entre Y = 120 et Y = 136 et au-delà
d’une zone d’inefficacité.
Le choix efficace du producteur est obtenu lorsque ce dernier choisit L * = 6 pour
l’associer à K = 5 et produite Y * = 120. Car ce choix minimise ses coûts (CM = 2,08) et maxi-
mise son niveau de production (Y * = 120).

150 La relation productivités, coûts et économies d’échelle


Focus
Productivités-coûts-économies d’échelle
Afin de mettre en place des règles d’or, les notions de productivités, de coûts, de
rendements d’échelle et d’économies d’échelle sont utilisées dans des contextes diffé-
rents pour expliquer et construire des analyses au sein de l’entreprise. Ces analyses qui
utilisent des concepts certes différents doivent être réunies, puisqu’un effet miroir les
réunit en regardant les caractéristiques techniques et organisationnelles de la firme.

1. Différence des notions


Prenons l’angle des échelles pour introduire les différentes notions. L’expression
des économies d’échelle met en avant la relation entre les coûts unitaires et les quantités
produites (gains par unité liés à la baisse des coûts). L’expression d’économies d’échelle
est utilisée pour désigner la diminution du coût moyen de production qui résulte de
l’accroissement des quantités produites. En effet, produire en grande quantité permet de
réduire le coût unitaire (coût moyen) de production, car les coûts fixes sont par définition
identiques, quel que soit le volume de production. C’est plus un problème de management.
Par contre l’expression des rendements d’échelle est utilisée pour désigner
l’accroissement des quantités produites dû à l’utilisation des facteurs. Elle introduit la
notion de croissance du volume et de la qualité productive. En effet, c’est une notion qui
met au préalable une meilleure spécialisation des facteurs de production. Comme on
peut le constater, malgré la différence dans les notions, un lien naturel entre le problème
de croissance, d’efficacité (rendements d’échelle) est lié au problème d’organisation
efficiente (économies d’échelle).

2. Liens des notions


Les deux phénomènes bien que différents sont tout de même étroitement liés. Il
existe bel et bien une relation entre les rendements d’échelle au niveau de la production
et les économies d’échelle au niveau des coûts :
− Si les rendements d’échelle sont croissants, ce qui signifie que le taux d’accrois-
sement de la production est supérieur à celui des facteurs, ils s’accompagnent
d’économies d’échelle. En effet, puisque les coûts unitaires moyens diminuent
avec l’accroissement des quantités produites, la production d’une unité supplé-
mentaire entraîne une baisse du coût unitaire moyen de production. Les coûts
fixes favorisent leur apparition.
− Si les rendements d’échelle sont décroissants, ce qui signifie que le taux d’ac-
croissement de la production est inférieur à celui des facteurs, ils s’accompagnent
des déséconomies d’échelle. En effet puisque les coûts unitaires augmentent avec
l’accroissement des quantités produites, ils sont favorisés par des coûts élevés de
gestion de l’entreprise. Plus la taille de celle-ci est grande, plus sa gestion d’une
manière efficace est difficile.

151
Focus Synthèse : propriétés

Rendements Coût Économies


Cm CM Production Pm PM
d’échelle total d’échelle

Constant Constant Taille


Constants Linéaire Linéaire
Cm = CM Pm = PM efficiente

Décroissant Augmente
Concave Décroissant Augmente
et croit Convexe et décroît
Augmente
Croissants Cm < CM Augmente Pm > PM Positive
moins
Augmentation faible plus vite Augmentation forte
vite
des coûts de la production

Concave
Croissant Croissant Décroît
Convexe Concave décroît
Décroissants Augmente Cm > CM Augmente Pm < PM Négative
plus vite Augmentation forte moins vite Augmentation faible
des coûts des coûts

152
Thème 16
Le choix optimal
du producteur
en courte période
Exercices Exercices

Exercice A
Supposons que l’entreprise Subco se trouve sur un marché où elle connaît le coût
unitaire de sa main-d’œuvre (taux de salaire) qui est égale à w = 5 € et le prix auquel elle
pourrait vendre sa production qui est P = 15 €. Sa fonction de production est exprimée par
l’expression suivante : Y = L0,5 . Quel serait son choix optimal.

Exercice B
Le coût total de l’entreprise Supcar est CT = 3Y 2 + 6Y + 75.
Calculez les fonctions du coût moyen et du coût marginal de l’entreprise. Quel serait
le choix optimal de l’entreprise.

ҵ Note
Le choix optimal du producteur à deux volets – au niveau de la production, le producteur doit
associer sa recette et ses coûts afin de trouver le facteur travail qui lui permet d’obtenir la produc-
tion la plus haute, – au niveau des coûts, il doit déterminer la fonction d’offre individuelle et
des seuils de viabilité de son activité.

Corrigés

Exercice A
Quel serait son choix optimal.
La règle applicable au choix optimal du producteur en courte période est d’égaliser
la productivité marginale du facteur travail au taux de salaire réel (PmL = w / P).

ҵ Note
La résolution technique.
Π = 15L0,5 − 5L ⇒ Π ′ = 15L−0,5 / 2 − 5 = 0
⇒15L−0,5 / 2 = 5 ⇒ L0,5 = 3 / 2 ⇒ L = 9 / 4

154 Le choix optimal du producteur en courte période


Si w = 5 € , P = 15 € et Y = L0,5 = L1/2 alors PmL = L−1/2 / 2 = 5 /15 . Par conséquent L1/2 = 3 / 2 .

Thème 16
Élevons au carré les deux parties de l’égalité pour simplifier l’expression par rapport
à L. On obtient le choix optimal en facteur travail L* = 9 / 4 pour un niveau de production
optimal de l’entreprise de Y * = 3 / 2. Ce niveau de production optimale permet de maximiser
la valeur du profit (Π = RT − CT ⇒15 × 3 / 2 − 2 × 9 / 4 = 18).

Exercice B
Calculez les fonctions du coût moyen et du coût marginal de l’entreprise. Quel serait
le choix optimal de l’entreprise.
L’entreprise se trouve en courte période. Le comportement de l’entrepreneur, en
plus du calcul des coûts moyen et marginal, est de déterminer sa fonction d’offre. La
fonction d’offre est la partie croissante du coût marginal à partir du seuil de fermeture.
CVM = CV / Y = 3Y + 6
CM = CT / Y = 3Y + 6 + 75 / Y
Cm = CT ′ = 6Y + 6
Le choix efficient de l’entreprise est de déterminer le niveau de production efficient
et le prix minimum qu’il accepterait pour réaliser ses activités productives. En dessous
de ce prix, elle renoncerait à toute activité productive.
Cm = CVM ⇒ 6Y + 6 = 3Y + 6 ⇒ Y = 0
Donc le prix PSF = Cm ⇒ PSF = 6
Pour 6 €, l’entreprise offrira Y = 0, au-dessus de ce prix l’entreprise proposera ses
activités de production. Le volume de production offerte par l’entreprise sur un marché
sera déterminé sur la portion croissante de la courbe du coût marginal. Alors pour un
prix de marché PSF > 6 la fonction d’offre sera donnée par l’expression Y = Cm = 6Y + 6 et
pour PSF ≤ 6 la fonction d’offre est Y = 0 .
Le choix optimal de l’entreprise est de déterminer le niveau de production efficient et
le prix minimum qu’il accepterait pour réaliser un super profit à ses activités productives.
CM = Cm ⇒ 3Y + 6 + 75 / Y = 6Y + 6 ⇒ 75 / Y = 3Y
75 / 3 = 25 = Y 2 ⇒ Y * = 5 donc le prix PSR = Cm ⇒ PSR = 3 × 5 + 6 = 36
Pour 36 €, l’entreprise offrira Y * = 5 et en dessous de ce prix l’entreprise réalisera un
profit négatif acceptable (entre 6 € et 36 €). Au-dessus de ce prix, elle réalisera un profit
positif à condition que, le prix proposé soit supérieur au coût moyen.

Le choix optimal du producteur en courte période 155


Focus Le choix optimal du producteur est une décision qui lit le choix efficient technique
au choix efficient économique. Sans aucune connaissance des données du marché, le
choix efficient technique (cf. thèmes 13 et 14) ne correspond pas toujours au choix effi-
cient économique celui de la maximisation du profit. En courte période, le producteur
choisit le niveau optimal du facteur travail à adapter au niveau du facteur capital qui
est fixe, afin de maximiser le niveau de production qui lui donnera accès à son profit le
plus élevé. Ce problème correspond à la fois à un problème de minimisation des coûts de
production sous la contrainte d’atteindre un certain volume de production, mais aussi à
un problème de maximisation de la production sous la contrainte des coûts.
Pour aller plus loin, en connaissance des informations du marché, le producteur
résout le programme ci-dessous : Π = PY − wL ⇒ Π ′ = PY ′ − w = 0 ⇒ PY ′ = w ⇒ Y ′ = w / P . Cette
règle d’or traduit que le coût de la dernière unité de facteur acheté est égal à la recette de
la dernière unité de production vendue. Pour produire et réaliser un profit positif, cette
règle certifie que, à quantité d’offre donnée, le minimum du coût détermine séparément
le niveau de production et la demande de facteur travail. D’où la propriété essentielle
Y ′ = w / P ⇒1/ Y ′ = P / w = Cm. Son interprétation se réfère au coût marginal de la produc-
tion, et à l’équilibre, il est égal au prix relatif du facteur.

156
Thème 17
Le choix optimal
du producteur
en longue période
Exercices Exercices

Exercice A
Le coût total de l’entreprise Icar est donné par CT = Y 3 − 8Y 2 + 30Y. Calculez les fonc-
tions du coût moyen et du coût marginal de l’entreprise et déduisez quel serait le choix
optimal de l’entreprise ?

Exercice B
Le responsable d’un supermarché propose un service de Scan d’articles rapide
qui s’exprime à travers le nombre des clients qui passent à la caisse. Deux facteurs de
production sont utilisés, du personnel de caisse (L) avec un coût horaire de 20 €, des auto-
mates (K) avec un coût horaire de 25 €. Les niveaux de production (la valeur moyenne du
caddy par nombre de clients passés en caisse) et les facteurs sont consignés dans le tableau
ci-dessous. Le budget dont disponible le responsable de ce dispositif est de 250 €. Trouvez
les quantités demandées optimales de son choix, justifiez votre réponse ?

L 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Y1 120 220 310 395 475 550 620 685 745 800 840

K 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Y2 160 300 430 550 660 760 850 930 1 000 1 060 1 110

Exercice C
La fonction de production (Y) du chocolat de l’entreprise Nicolas utilise un facteur
travail (demandé en quantité L) et un facteur capital (demandé en quantité K) est donnée
par la fonction Y = K 1/2 L1/2 . La valeur du budget dont dispose le chef d’entreprise est de 360 €,
le coût salarial unitaire est de 6 €, et celui du facteur K de 18 €.
1. Écrire l’équation de la fonction de production de l’entreprise Nicolas associée à la
combinaison L = 30 et K = 10 et calculez sa dérivée pour ce couple de valeurs.
2. Donnez les expressions des demandes des facteurs permettant à l’entreprise
Nicolas de maximiser sa production. Déduire les quantités optimales.
3. Donnez l’expression du sentier d’expansion de cette entreprise, et tracez-le sur
le graphique précédent.
4. Déterminez la fonction de coût total de courte période, et donnez les expressions
des CT, CM et Cm pour K = 10, PL = 6 € et PK = 18 €.
5. Déterminez les quantités des facteurs K et L permettant à l’entreprise Nicolas de
minimiser ses coûts de production. Déduire les quantités optimales pour une production
globale fixée à 17,32.
6. Que conclure ?

158 Le choix optimal du producteur en longue période


Corrigés

Thème 17
Exercice A
Calculez les fonctions du coût moyen et du coût marginal de l’entreprise et déduisez
quel serait le choix optimal de l’entreprise ?
L’entreprise se trouve dans un contexte de la longue période. Nous avons besoin
des coûts moyens et marginaux pour bâtir le choix de l’entreprise.
Le coût moyen correspond au coût de production par niveau de production. Le
coût marginal correspond au coût de production généré par une unité supplémentaire.
CVM = CM = CT / Y = (Y 3 − 8Y 2 + 30Y ) / Y = Y 3 / Y − 8Y 2 / Y + 30 / Y ⇒ Y 2 − 8Y + 30
( )
Cm = CT ′ = Y 3 − 8Y 2 + 30Y ′ = 3Y 2 −16Y + 30
Le choix efficient de l’entreprise est de déterminer le niveau de production efficient
et le prix minimum qu’il accepterait de réaliser ses activités productives rentables.
CM = Cm ⇒ Y 2 − 8Y + 30 = 3Y 2 −16Y + 30
−8Y +16Y = 3Y 2 −Y 2 − 30 + 30
8Y = 2Y 2 ⇒ Y * = 4
Donc le prix PSR = PSF = Cm ⇒ PSR = 3 × 4 2 −16 × 4 + 30 = 14.
Pour 14 €, l’entreprise offrira Y * = 4. En dessous de ce prix, l’entreprise n’offrira
aucune quantité. Au-dessus de ce prix, les volumes offerts de production par l’entre-
prise sur un marché seront déterminés sur la portion croissante de la courbe du coût
marginal. Alors pour PSR ≥14 la fonction d’offre de l’entreprise est Y = Cm = 3Y 2 −16Y + 30 et
pour PSR <14 la fonction d’offre est Y = 0.

Exercice B
Trouvez les quantités demandées optimales de son choix et justifiez votre réponse ?
Son budget est 230 € et les prix du marché sont respectivement PL = 20 et PK = 25, donc
sa contrainte de budget s’écrit 230 = 20L + 25K . Complétons le tableau donné du choix du
producteur de deux lignes par facteur. Une ligne qui mesure la productivité du facteur
et une deuxième qui évalue la productivité par euro dépensé.

L 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Y1 120 220 310 395 475 550 620 685 745 800 840

PmL – 100 90 85 80 75 70 65 60 55 40

PmL/PL – 5 4,5 4,25 4 3,75 3,5 3,25 3 2,75 2

K 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Y2 160 300 430 550 660 760 850 930 1 000 1 060 1 110

PmL 140 130 120 110 100 90 80 70 60 50

PmL/PK 5,6 5,2 4,8 4,4 4 3,6 3,2 2,2 2,4 2

Le choix optimal du producteur en longue période 159


Exercices Dans l’ensemble de ces choix possibles et probables, la condition d’équi margi-
nale décèle deux solutions d’égalité à retenir par le producteur : PmL/PL = PmK/PK = 4 et
PmL/PL = PmK/Pk = 2. Deux choix des facteurs en découlent :
− Pour PmL/PL = PmK/PK = 4, le producteur choisit L = 5 et K = 6,
− Pour PmL/PL = PmK/PK = 2, le producteur choisit L = 11 et K = 11.
Parmi ces choix, le choix optimal est le choix de L * = 5 et K * = 6 car la contrainte
du budget est respectée avec ce choix (230 = 20 × 5 + 25 × 6), par contre ce n’est pas le cas
pour l’autre choix (230 < 20 ×11+ 25 ×11).

Exercice C
1. Écrire l’équation de la fonction de production de l’entreprise Nicolas associée à la
combinaison L = 30 et K = 10 et calculez sa dérivée pour ce couple de valeurs.
Réalisons d’abord l’opération de mise au carré de toute l’expression de production
2 2
donnée pour simplifier l’écriture par rapport à L et K, Y 2 = L(1/2) K (1/2) ⇒ Y 2 = LK .
Remplaçons par la suite les valeurs données (L = 30 et K = 10) dans la fonction de
production, ce qui donne la valeur du niveau Y 2 = 30 ×10 = 300. Finissons par remplacer Y 2
par sa valeur obtenue dans la fonction de production transformée. On déduit l’équation
de la courbe d’iso-produit 300 = LK ⇒ K = 300 / L.
Le calcul de la dérivée de la fonction K est K ′ = (300 / L )′ = −300 / L2 . Pour les valeurs
de L = 30 et K = 10, la valeur de la dérivée est obtenue en ne remplaçant que la valeur de
L dans l’expression de la dérivée, car il n’y a pas de facteur K dans l’expression de la
dérivée K ′ (30,10 ) = −300 / 302 = −0,33.
2. Donnez les expressions des demandes des facteurs permettant à l’entreprise Nicolas
de maximiser sa production. Déduire les quantités optimales.
La décision optimale du producteur est atteinte lorsque le producteur sera parvenu
de faire coïncider le ratio subjectif de ses choix des facteurs au ratio objectif d’acquisition
des facteurs.

YK′ = 1/ 2(L1/2 K −1/2 )


Y =K L1/2 1/2

YL′ = 1/ 2(K 1/2 L−1/2 )

On pose le rapport YK′ / YL′ = L / K , ceci traduit la résolution du choix optimal du


producteur par le système de deux équations à deux inconnus K et L suivant :

{ YK′ / YL′ = 18 / 6 ⇒
6L +18K = 360 { L / K = 18 / 6 ⇒
6L +18K = 360 { 6L−6L+18K
+18K = 0 ⇒ 36K = 360
= 360

Le système donne 36K = 360. Donc K = 360 / 36 = 10 et en utilisant la première équa-


tion on obtient la valeur de L = 18 (10 ) / 3 = 30. Le choix optimal en facteurs L et K est L* = 30,
K * = 10 avec Y * = 17,3205 .

160 Le choix optimal du producteur en longue période


Tableau des valeurs

Thème 17
L 10 15 30 60

K 30 20 10 5 Y * = 17,3205

Y 10 0 R = 360

Figure 17
3. Donnez l’expression du sentier d’expansion de cette entreprise, et tracez-le sur le
graphique précédent.
Le sentier d’expansion est le lieu géométrique des points de tangence entre la droite
d’iso-coût (contrainte budgétaire du producteur) et celle de l’isoquante (combinaison de
facteurs travail et de capital assurant un niveau donné de production). Chaque point du
sentier d’expansion constitue un optimum du producteur. Puisque TMST = L / K = 3 , alors
l’équation du chemin d’expansion est K = L / 3.
4. Déterminez la fonction de coût total de courte période, calculez le Cm et CM et
donnez les expressions des CT, CM et Cm pour K = 10, PL = 6 € et PK = 18 €.

ҵ Attention
Il existe deux approches des coûts en microéconomie – le coût prenant en compte le niveau de
production (la fonction de coût total de production CT = f (Y )), – et le coût prenant en compte les
coûts des facteurs de production (la fonction de coût des demandes des facteurs CT = KPK + LPL).
Ici, il s’agit de passer du second au premier à travers la fonction de production Y.

La fonction de coût représente une dépense minimale en fonction d’un niveau de


production donnée. L’entreprise Nicolas utilise deux facteurs de production, l’expres-
sion générique du coût total relatif aux demandes des facteurs est CT = KPK + LPL . En courte

Le choix optimal du producteur en longue période 161


Exercices période, le facteur K est considéré fixe, on pose alors que ce facteur est noté K . Modifions la
fonction de production au vu de cette information pour exprimer par la suite le coût total.
Y = L1/2 K 1/2 ⇒ L = Y 2 / K , alors en remplaçant cette expression dans le coût total, on
obtient l’expression du coût total CT = KPK + PLY 2 / K . Le coût total est maintenant exprimé
en fonction du niveau de production. Avec les données suivantes K = 10, PL = 6 € et PK = 18 €,
les expressions de CT, CM et Cm sont :
CT = KPK + PLY 2 / K = 180 + 6Y 2 /10
CM = KPK / Y + PLY / K = 180 / Y + 6Y /10
Cm = 2PLY / K = 12Y /10
5. Déterminez les quantités des facteurs K et L permettant à l’entreprise Nicolas de
minimiser ses coûts de production. Déduire les quantités optimales pour une production
globale fixée à 17,3205.
Ici, la détermination des quantités des facteurs K et L est le programme inverse, il
est question de minimiser le budget pour une production donnée. Ce qui revient à poser :
Min( KPk + LPL ) s.c. Y = K 1/2 L1/2 .
Utilisons la méthode de substitution dans la résolution du programme. Modifions
la fonction de production au vu de cette information que le niveau de production est
donné pour exprimer le coût total.
Y = L1/2 K 1/2 ⇒ L = Y 2 / K , remplaçons cette expression dans le coût total
CT ( K ) = KPK + PL Y 2 / K .

CT ′ ( K ) = PK − PL Y 2 / K 2 = 0 ⇒ PK = PL Y 2 / K 2 ⇒ PL / PK = K 2 / Y 2

(P / P ) ( )
1/2 1/2
L K
= K / Y ⇒ K * = Y PL / PK et L* = Y 2 / K * .
Pour les valeurs PL = 6 €, PK = 18 € et Y = 17,32 on obtient :
K * = Y ( PL / PK ) = 17,3205( 6 /18 ) = 10 et L* = 30.
1/2 1/2

6. Que conclure ?
On constate que maximiser une production pour un coût donné est équivalent à
minimiser un coût pour une production donnée. Dans le premier cas, lorsque l’on maxi-
mise une production pour un coût donné, on cherche l’isoquante tangente à la droite
d’iso-coût. Dans le second cas, lorsque l’on minimise le coût pour une production donnée,
on cherche la droite d’iso-coût qui est tangente à l’isoquante connue. Il est logique de
trouver la même valeur optimale.

162 Le choix optimal du producteur en longue période


Focus
Choix optimal du producteur :
techniques alternatives
Le choix visant à minimiser la dépense d’acquisition des facteurs sous la contrainte
d’atteindre un niveau de production nécessite des outils classiques. Au prix de quelques
conditions supplémentaires, on peut affirmer qu’à l’optimum la contrainte est saturée.
Ce qui signifie que pour minimiser sa dépense, le producteur se place rationnellement
sur la fonction de production et non en dessous.
⎧ LK′ = 18 − λ (1/ 2 ) K −1/2 L1/2 = 0
( ⎪
)
L = 18K + 6L + λ Y − K L ⇒ ⎨ LL′ = 6 − λ (1/ 2 ) K 1/2 L−1/2 = 0
1/2 1/2

⎪ Lλ′ = Y − K 1/2 L1/2 = 0


⎧18 / (1/ 2 ) K −1/2 L1/2 = λ



⇒ ⎨ 6 / (1/ 2 ) K 1/2 L−1/2 = λ
⎪ Y = K 1/2 L1/2

Les deux premières dérivées donneront le résultat de la condition de l’équi margi-
nale, et la dernière la contrainte du budget.

{ 1/ 3 = L / K
Y = K 1/2 L1/2
Le produit en croix de la première équation donne 1/ 3 = L / K ⇒ K = 3L , et en la
remplaçant ce résultat dans la seconde, on déduit enfin que K * = 10, L* = 30, λ * = 28,78 , et
alors 17,32052 = KL est le niveau de production d’équilibre est Y * = 17,3205.

163
Thème 18
Le choix optimal
en matière
de profit
Exercices Exercices

Exercice A
L’entreprise Faugel peut réaliser quatre niveaux de production en combinant deux
facteurs de production K et L, les informations sont consignées dans le tableau ci-dessous.
On pose l’information des marchés comme ce qui suit : les prix d’acquisition des facteurs
sont de 2 € pour le coût horaire de la main-d’œuvre et de 5 € pour le coût horaire d’utili-
sation du capital.

Y 20 17 14 10

r=5 K 6 4 3 5,5 3,5 2 4 2,7 2 3,5 2 1

w=2 L 2 3 5 1,5 2,5 5 1,5 2,3 4 1 2 4

1. En quoi consiste le choix rationnel de l’entreprise ?


2. Quel sera le montant du profit, si la production est vendue au prix unitaire P = 4 €.
Si l’entreprise doit subir un coût CT = 20, quelle sera alors la combinaison optimale ?

Exercice B
Supposons que l’entreprise se trouve sur marché où il connaît le coût unitaire de
sa main d’œuvre (taux de salaire) qui égale à w = 3 €, le coût unitaire d’acquisition de son
capital est r = 5 € et le prix auquel il pourrait vendre sa production est P = 15. Sa fonction
de production est exprimée par l’expression suivante : Y = K 0,2 L0,5 . Quel est le choix optimal
du producteur (On posera K = 10).

Exercice C
Supposons que l’entreprise se trouve sur marché particulier où il connaît le prix
auquel il pourrait vendre sa production qui est P = 20 €, ses coûts de production sont
décrits par la fonction CT = 2Y 2 + 4Y + 5 . Quels seraient le niveau de sa production et la
valeur de son profit ?

ҵ Note
À côté des décisions liées à la production et aux coûts, le troisième objectif du producteur est
la décision en matière de profit. Cette analyse est souvent associée à la typologie des marchés
(cf. thèmes 20 à 24).

166 Le choix optimal en matière de profit


Corrigés

Thème 18
Exercice A
1. En quoi consiste le choix rationnel de l’entreprise ?
Le choix rationnel de l’entreprise est de choisir des quantités des facteurs qui lui
permettent de minimiser le coût d’acquisition de ses facteurs de production afin d’obtenir
un niveau de production qui lui apporterait une recette la plus élevée. Ces deux objectifs
sont résumés dans un programme de maximisation du profit de l’entreprise.
2. Quel sera le montant du profit, si la production est vendue au prix unitaire P = 4 €.
Si l’entreprise doit subir un coût CT = 20, quelle sera alors la combinaison optimale ?
Par définition, le profit est la différence entre la recette totale de l’entreprise et les
coûts totaux de production de l’entreprise. Le coût d’acquisition des facteurs de produc-
tion est : CT = LPL + KPK et la fonction du profit Π = PY − CT .

Synthèse des valeurs

Y 20 17 14 10

r=5 K 6 4 3 5,5 3,5 2 4 2,7 2 3,5 2 1

w=2 L 2 3 5 1,5 2,5 5 1,5 2,3 4 1 2 4

P=4 RT 80 68 56 40

CT 34 26 25 30,5 22,5 20 23 18,1 18 19,5 14 13

Π 46 54 55 37,5 47,5 48 45 37,9 38 20,5 26 27

Par niveau de production Y, on obtient un montant du profit maximal et un coût


minimal (chiffres en gras) différents. Par exemple, pour un niveau de production de Y = 20,
le profit est au niveau 55 avec une combinaison de sera K * = 3 et L *= 5. Si l’entreprise doit
subir un coût de CT = 20, sa combinaison optimale sera K * = 2 et L *= 5 avec une production
de Y * = 17 et pour un profit maximal de Π = 48.

Exercice B
Quel est le choix optimal du producteur (on posera K = 10).
Le facteur capital est fixe (K = 10), le programme du producteur de maximisation
du profit est :
( ) (
Max 15Y − 3L − 5K = Max (15Y − 3L − 50 ) = Max 15K 0,2 L0,5 − 3L − 5K . )
Alors Π ′ = 0 ⇒ PmL = 15K ( 0,2 −0,5
.L ) / 2 = 3 donc L
0,5
= 15K 0,2
/ 6.

Le choix optimal en matière de profit 167


Exercices Élevons au carré les deux parties de l’égalité, on obtient le choix optimal du
facteur travail L* = 25K 0,04 / 4 = 15,7 pour un niveau de production optimal de l’entreprise
de Y * = 6,24 avec un niveau de coût de 97,1.
Le profit serait Π = RT − CT ⇒15 × 6,24 − 3 ×15,7 − 5 ×10 = −3,5.

Exercice C
Quels seraient le niveau de sa production et la valeur de son profit ?
Le programme du producteur est : Max (20Y − 2Y 2 − 4Y − 5).
Π ′ = 0 ⇒ 20 = 4Y + 4. On déduit que Y * = (20 − 4 ) / 4 = 4 est son niveau de production, et
le profit est Π * = 20 × 4 − 2 ×16 −16 − 5 = 27, pour un coût total de 53.

168 Le choix optimal en matière de profit


Focus
Le profit économique
Le profit est la différence entre le revenu tiré de la vente d’un produit et les coûts
générés par sa production (en facteurs travail et capital). Le langage courant utile plus les
notions de charges et de recettes, en conformité avec le langage comptable, pour définir
les éléments constitutifs du profit. Les économistes utilisent un autre langage, celui de
la recette totale et du coût total. Le fait de faire cette différence entraîne une différence
dans ce que renferme le terme de profit.
En effet, le profit est une marge pour l’entreprise. Au sens des économistes, il existe
une marge normale associée à la production et une super marge associée au risque de
l’entrepreneur. Le profit défini ci-dessus est conçu plus comme un superprofit. Car la
théorie néoclassique considère que le profit est la contrepartie de la prise de risque que
prend l’entrepreneur. C’est ce risque qu’il faut rémunérer à travers le profit, ce qui
explique que ce dernier peut être positif, négatif ou nul.

Profit économique avec les coûts liés à la demande des facteurs


Le problème se présente sous la forme Max(pf ( K ,L ) − wL − rK . La détermination de
la condition optimale de ce programme se fait par le truchement de la dérivée de la
fonction de profit.
− En courte période, le facteur capital est fixe (K ) et la valeur du facteur travail (L *)
qui maximise le profit est obtenue sous la condition suivante : la valeur du produit
marginal est égale à son prix (PmL = w / P). Graphiquement, ce résultat a pour objet
de trouver le point de tangence de la droite d’iso-profit la plus élevée sur la fonction
de production.
− En longue période, les deux facteurs sont libres dans le choix quantitatif du produc-
teur. Les fonctions des facteurs de travail et de capital (L *, K *) qui maximise le profit
sont obtenues sous les mêmes conditions que ceux à court-terme pour chaque
facteur. La valeur du produit marginal est égale à son prix (PmL = w / P, PmK = r / P).

Profit économique avec les coûts liés à des niveaux


des quantités produites de production
Le profit est défini comme la différence entre la recette totale notée RT(Y) et le coût
total noté CT(Y). Le problème se présente sous la forme Max(PY − CT (Y ). Il n’est pas difficile
de déterminer la condition optimale de ce programme par le truchement de la dérivée de
la fonction de profit. La quantité Y * qui maximise le profit est celle pour laquelle l’éga-
lité de deux grandeurs marginales composant la fonction de profit sont égales à savoir :
Rm(Y ) = Cm(Y ). Seule la quantité de production pour laquelle produire plus rapporte
autant qu’il en coûte caractérise l’optimum en matière de profit. Cette caractérisation
de la décision optimale est valable sur tous les types de marchés.

169
Thème 19
L’équilibre
d’un marché,
calcul des surplus
et effets de taxation
Exercices Exercices

Exercice A
Soit un marché mondial du cuivre représenté par le tableau ci-dessous.
1. Donnez le prix et la quantité d’équilibre du marché.
2. Calculez la valeur du surplus total sur ce marché.

Prix 3 6 9 12 15 18

Offre 2 4 6 8 10 12

Demande 43 28 22 16 10 4

Exercice B
Soit un marché d’un bien pétrolier où interviennent deux types demandeurs et deux
types offreurs. Les fonctions de demande des demandeurs et des offreurs sont consignées
dans le tableau ci-dessous.

Demandes de marché Offres de marché

Y1d = −2P / 3 + 20 / 3 Y1o = P / 2 −1

Y2d = −4P / 3 + 40 / 3 Y2o = 3P / 2 − 3

1. Quel est l’équilibre du marché ?


2. Si on introduit une taxe t = 2 € par unité achetée. Quel sera le nouveau prix d’équi-
libre hors taxes (HT) et toutes taxes comprises (TTC).
3. Représentez les résultats sur un graphique. Calculez les surplus des consomma-
teurs (SC) des producteurs (SP), de l’État (SE) et de la société (SS) de cette politique et
complétez le tableau donné.

SC SP SE SS

Pas de t

Avec t

Différence

172 L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets de taxation


Corrigés

Thème 19
Exercice A
1. Donnez le prix et la quantité d’équilibre du marché.
L’équilibre d’un marché est obtenu à l’égalité de l’offre et de la demande. Cette
égalité permet d’obtenir le prix et la quantité d’équilibre du marché. Pour tout niveau
de prix différent du prix d’équilibre, la quantité offerte (ou demandée) est plus faible
ou plus élevée que la quantité d’équilibre, car à la fois le consommateur ne veut pas
acheter une quantité importante et les vendeurs ne veulent pas vendre plus. Un prix
différent entre offreurs et demandeurs sur un marché est inefficient (optimalité au sens
de Pareto). L’observation du tableau indique, au prix de P * = 15 une égalité entre l’offre
et la demande à hauteur de Y * = 10.
2. Calculez la valeur du surplus total sur ce marché.
La quantité d’équilibre 10 maximise la somme des surplus des consommateurs et
des producteurs. Le surplus sur le marché est l’évaluation des bénéfices que le consom-
mateur et le producteur tirent de leur participation au marché en matière de pouvoir
d’achat. Il représente d’une part la différence entre ce que le consommateur est prêt
à payer et ce que le consommateur paye réellement sur le marché ; et d’autre part un
gain lié à la différence du prix auquel le producteur est prêt à vendre et du prix obtenu
réellement sur le marché.
Par conséquent, le surplus total (ST) représente le bénéfice, le bien-être que les
consommateurs et les offreurs tirent de leur participation au marché. Par construction,
c’est la somme du surplus des consommateurs et des offreurs. La surface sous la courbe
de la demande et au-dessus du prix du marché mesure le surplus des consommateurs (SC).
La surface au-dessus de l’offre et en dessous du prix d’équilibre mesure le surplus des
offreurs (SP).

SC SP SS = ST

(18 −15) × (10 − 4 ) / 2 = 9 (15 − 3) × (10 − 2) / 2 = 48 57

L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets de taxation 173


Exercices

Figure 19.1

Exercice B
1. Quel est l’équilibre du marché ?
L’équilibre du marché est obtenu lorsque l’offre totale est égale à la demande totale.
La demande totale du marché est Y1d +Y2d = Y d = −2P / 3 + 20 / 3 − 4P / 3 + 40 / 3 = −2P + 20 .
L’offre totale du marché est Y1o +Y2o = Y o = P / 2 −1+ 3P / 2 − 3 = 2P − 4.
Alors à l’équilibre Y d = Y o = −2P + 20 = 2P − 4 ⇒ P = 24 / 4 = 6 et Y d = Y o = 8.

Tableau de synthèse des valeurs

P* = 6 Y* = 8

Demandes de marché Offres de marché

Y1d = 2,66 Y1o = 2

Y2d = 5,33 Y2o = 6

2. Si on introduit une taxe t = 2 € par unité achetée. Quel sera le nouveau prix d’équi-
libre hors taxe (HT) et toute taxe comprise (TTC).
La taxation est un instrument de politique économique des pouvoirs publics. Une
taxe par unité, parmi l’ensemble de l’arsenal d’interventions des pouvoirs publics, se
manifeste par un prélèvement par quantité achetée par les consommateurs d’un produit.
Par conséquent, comme pour la taxe sur la valeur ajoutée, les vendeurs touchent un prix
hors taxe et les demandeurs payent un prix toutes taxes comprises.
Y d = −2 ( P + t ) + 20 = Y o = 2P − 4
−2P − 2t + 20 = 2P − 4 ⇒ P * = (24 − 2t ) / 4 = 5
Le nouveau prix hors taxes d’équilibre de marché est 5 € et le prix TTC est de 7 €.

174 L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets de taxation


Thème 19
P* + t = 7 Y* = 6 P* = 5

Demandes de marché Offres de marché

Y1d = 2 Y1o = 1,5

Y2d = 4 Y2o = 4,5

ҵ Note
La taxe augmente le prix payé par le consommateur et baisse le prix reçu par l’entreprise. La
manière dont la taxe peut être transférée dépendant des caractéristiques de la demande. Si
l’offre est parfaitement élastique, la totalité de la taxe est transférée aux consommateurs. Si
l’offre est parfaitement inélastique, la totalité de la taxe est supportée par les offreurs. Si elle
est presque verticale, seule une partie de la taxe est transférée aux consommateurs.

3. Représentez les résultats sur un graphique. Calculez les surplus des consom-
mateurs (SC) des producteurs (SP), de l’État (SE) et de la société (SS) de cette politique en
complétant le tableau donné.
Généralement, les impôts font baisser la quantité échangée sur le marché. La baisse
du prix hors taxes affecte les vendeurs et les incite à baisser leur offre. Par contre, la
hausse du prix TTC affecte les demandeurs et les incite à acheter moins.

Figure 19.2

▶ Conseils
Pour calculer les surfaces des zones des surplus, utilisez les formules du triangle S = H × B / 2 et
du rectangle (ou du carré) S = L × l .

L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets de taxation 175


Exercices Zones des surplus

SC SP SE SS

Pas de t 1,2,3 4,5,6 1,2, 3,4,5 ,6

Avec t 1 6 2,4 1,2,4,6

Différence –(2 + 3) –(4 + 5) (2 + 4) –(3 + 5)

Mesure des surplus

SC SP SE SS

Pas de t 16 16 0 32

Avec t 9 9 12 30

Différence –7 –7 12 –2

La perte du surplus des consommateurs correspond à la zone 2 et 3, celui des offreurs


à la zone 4 et 5. Les pouvoirs publics bénéficient des recettes fiscales qui correspondent
à la zone 2 et 4. Le coût social de la taxe correspond à la zone 2, 3, 4 et 5. Une partie des
pertes consenties par les consommateurs et les offreurs correspondent aux gains de recette
des pouvoirs publics. Globalement, une perte sèche sur le marché est de –2 (zone 3 et 5).

176 L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets de taxation


Focus
Taxations et surplus
Le principe de base de la microéconomie des marchés est que l’offre et la demande
de marché déterminent le prix et la quantité d’un bien échangée à l’équilibre. Au-delà
des mouvements habituels, divers événements peuvent déplacer les courbes d’offre et de
demande, et donc modifient le prix et la quantité d’équilibre. Dans la théorie néoclassique,
l’équilibre du marché satisfait tout le monde si aucune action externe n’est envisagée
(optimalité au sens de Pareto) ; mais en réalité, il peut ne pas satisfaire tout le monde.
D’où l’action de l’intervention des pouvoirs publics du contrôle des prix (prix plafond,
prix plancher) ou d’impôts (taxes ou subsides).
Le point fondamental est que, dès qu’une taxe ou un prix contrôlé est présent sur
un marché, on prend en compte le prix que le demandeur paye et le prix que l’offreur
reçoit. La différence entre ces deux prix est égale au montant de la taxe. La présence de
ces deux prix crée un rationnement.

ҵ Note
Pour aller plus loin pour ces questions consultez l’ouvrage de R. Pindyck-D. Rubinfeld (2006),
Guide de l’étudiant en microéconomie, Pearson Édition, 6e édition, Ch. 9 et H.R. Varian (2012),
Introduction à la microéconomie, De Boeck, 7e édition, Ch. 16.

En général, une taxe augmente le prix a payé par le consommateur et diminue le


prix reçu par le producteur. La manière dont la taxe peut être transférée dépend des
caractéristiques de l’offre et de la demande (élastique, non élastique, demande horizon-
tale, offre verticale).
Toutefois, le contrôle de prix entraîne un coût en termes d’efficience pour l’économie.
Toute taxe est en fait payée en partie par le consommateur et en partie par le producteur.
La répartition de la taxe entre les deux agents dépend des élasticités relatives de l’offre
et de la demande. Si l’offre est presque horizontale la totalité de la taxe est transférée
aux consommateurs. Par contre si elle est presque verticale, seule une toute partie de la
taxe est transférée. Du point de vue de l’économiste, le coût social d’une taxe correspond
à la réduction de la production. La diminution de l’output est le coût social de la taxe.
L’analyse de ces coûts est réalisée à travers la notion de surplus des consommateurs et
des producteurs.

177
Focus ҵ Note
Taxe à l’unité, est une taxe levée par unité vendue ou achetée, un exemple est la taxe à la
pompe pour l’essence (1 centime par litre), taxe d’aéroport, taxe sur les boissons. Le prix plancher
et plafond font partie d’une taxation à l’unité. La taxe à la valeur (ad valorem) est une taxe
exprimée en pourcentage, un exemple est la TVA sur les produits de consommation, les droits
de douane, la taxe d’apprentissage.

On appelle un surplus l’équivalent monétaire (écart entre la disponibilité maximale


à payer pour un bien quelconque et le prix payé effectivement) qu’ils gagnent en pouvoir
d’achat. La courbe de demande agrégée montre la disponibilité à payer des consommateurs
sur le marché. Le surplus des consommateurs est mesuré par l’aire entre la courbe de
demande et le prix de marché. Dans le cas où, le prix de vente du bien est supérieur à la
disponibilité maximale des consommateurs, on parle de prix de réserve. De l’autre côté,
la courbe d’offre agrégée montre les disponibilités à recevoir des offreurs sur le marché.
Autrement dit, le prix qu’un producteur est prêt à accepter pour une certaine quantité
de produit. Le surplus des producteurs est mesuré par l’aire entre la courbe d’offre et le
prix de marché. Le marché est efficient lorsque le surplus agrégé des consommateurs
et des producteurs est maximal.

178
Thème 20
L’équilibre
du marché
en concurrence
pure et parfaite
Exercices Exercices

Exercice A
On dispose des informations consignées dans le tableau ci-dessous sur l’entreprise
parapublique intervenant sur le marché réglementé de la distribution d’électricité.

Quantités Quantités
produites CV CT produites CV CT
(en KW) (en KW)

0 0 55 6 225 280

1 30 85 7 315 370

2 55 110 8 425 480

3 65 120 9 555 610

4 105 160 10 705 760

5 105 210

1. Dans quel contexte d’analyse (courte période ou longue période) se trouve l’entre-
prise ? Expliquez votre réponse. Complétez le tableau et indiquez les seuils de fermeture
(SF) et de rentabilité (SR).
2. Expliquez pourquoi l’entreprise est obligée d’adopter le prix du marché.
3. Si le marché fixe successivement les prix P = 30, P = 40 et P = 50, déterminez les
quantités produites par l’entreprise, sa recette totale, son coût total et son profit.
4. Construire la courbe d’offre de l’entreprise. Sur ce marché, il y a 10 entreprises,
construire la courbe d’offre totale. Quelles hypothèses faites-vous pour construire cette
courbe d’offre agrégée ?

Exercice B
Soit un marché d’un bien de consommation Y (Y d les quantités de biens demandées,
Y o les quantités de biens offertes) en situation de concurrence pure et parfaite, sur lequel
100 entreprises qui ont toutes les mêmes coûts de production. L’entreprise représentative
du marché a une fonction de coût de production de la forme CTJ = 40 +Yj2 , et la fonction de
demande individuelle de 200 consommateurs sur le marché est : Yi d = 10 − 0,5P.
1. Donnez l’expression de la demande du marché.
2. Déterminez la fonction d’offre d’une entreprise individuelle et l’offre du marché.
3. Déduire le prix et les quantités d’équilibre du marché, le niveau des profits indi-
viduels et de marché.
4. Que se passerait-il en longue période ?

180 L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite


Thème 20
Exercice C
Soit un marché d’un bien de santé Y (Y d les quantités de biens demandées, Y o les
quantités de biens offertes) en situation de concurrence pure et parfaite, sur lequel 50
pharmacies, dans une ville moyenne, qui ont toutes les mêmes coûts de production.
L’entreprise représentative du marché a une fonction de coût de production de la
forme CTj = 5Yj +100Yj2 , et la fonction de demande des consommateurs sur le marché est :
Y d = 100 − 0,5P.
1. Trouvez la fonction d’offre de chaque entreprise et la fonction d’offre totale.
2. Déduire la quantité et le prix d’équilibre du marché ainsi que les profits indivi-
duels et de marché.
3. Calculez et représentez le surplus du consommateur, du producteur et global.

▶ Conseils
Revoir les savoirs sur le calcul des dérivées, des valeurs relatives et le contenu du thème 16 sur
le choix efficient sur les coûts.

Corrigés

Exercice A
1. Dans quel contexte d’analyse (de courte période ou de longue période) se trouve
l’entreprise ? Expliquez votre réponse. Complétez le tableau et indiquez les seuils de ferme-
ture (SF) et de rentabilité (SR).
L’entreprise se trouve dans un contexte d’analyse de la courte période. La valeur
du coût total est de 55 lorsque l’entreprise ne produit pas. Ce coût correspond forcément
à la valeur du coût fixe (CF). En courte période, le coût total est la somme du coût fixe et
du coût variable (CT − CV = CF).
L’entrepreneur sans les informations du marché, à savoir les prix de vente, va
calculer le CVM, CM et Cm. Ces éléments sont pour lui des outils d’aide à sa décision.
L’association du calcul de CVM et de Cm est pour déterminer le seuil de fermeture, celui
de CM et de Cm est pour déterminer le seuil de rentabilité.

Quantités
CV CT CVM CM Cm
produites

0 0 55 – – –

L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite 181


Exercices Quantités
CV CT CVM CM Cm
produites

1 30 85 30 85 30

2 55 110 27,5 55 25

3 65 120 21,6 40 10

4 105 160 26,25 40 40

5 155 210 31 42 50

6 225 280 37,5 46,6 70

7 315 370 45 52,8 90

8 425 480 53,12 60 110

9 555 610 61,6 67,7 130

10 705 760 70,5 76 150

Le seuil de fermeture (SF) se trouve au minimum du coût variable moyen (CVM). La


lecture du tableau indique que ce dernier correspond à la valeur PSF = 21,6. Cette valeur
coïncide à la production proposée de Y = 3.
Le seuil de rentabilité (SR) se trouve au minimum du coût moyen (CM), plus préci-
sément lorsque Cm = CM. La lecture du tableau indique que ce dernier correspond à la
valeur PSR = 40 qui coïncide à la production proposée de Y = 4.
2. Expliquez pourquoi l’entreprise est obligée d’adopter le prix du marché.
L’entreprise est obligée d’adopter le prix du marché, pour deux raisons essentielles.
La première est que l’entreprise n’a pas la maîtrise de l’expression de la demande
qui s’adresse à elle. Elle n’est pas donnée dans l’exercice. Dans l’exercice, les données
sont exclusivement des données de coûts. Ce qui oblige de ne réaliser qu’une analyse
d’efficience. Par conséquent, cette condition décrit que l’entreprise est dans une situation
de marché qui le définit comme « price-taker », et l’oblige à s’adopter au prix du marché.
La seconde raison est que le marché est réglementé. Le prix de distribution de
l’électricité est contrôlé par les pouvoirs publics. Ce contrôle conduit l’entreprise
d’adopter le prix du marché.
3. Si le marché fixe successivement les prix P = 30, P = 40 et P = 50, déterminez les
quantités produites par l’entreprise, sa recette totale, son coût total, son profit.
Si les prix du marché sont successivement égaux à 30, 40 et 50 l’entreprise réalise un
profit (superprofit) qui est nul, négatif et positif. Ces différents résultats sont normaux,
car l’entreprise avec ces prix se trouve au niveau de ses seuils.

182 L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite


Y* Recette totale Coût total Profit

Thème 20
PSF < P * = 30 1 30 ×1= 30 85 −55

PSR = P * = 40 4 40 × 4 = 160 160 0

PSR < P * = 50 5 50 × 5 = 250 210 40

Le constat est que l’ensemble des coûts générés par l’entreprise sont récupérables,
toutefois les coûts de 85 ne peuvent pas être récupérés en s’arrêtant de produire. Ainsi,
en dessous du prix de fermeture, les pertes seront plus importantes et irrécupérables.
4. Construire la courbe d’offre de l’entreprise. Sur ce marché, il y a 10 entreprises
intervenant sur le marché, construire la courbe d’offre totale. Quelles hypothèses faites-
vous pour construire cette courbe d’offre agrégée ?
Par définition, en courte période, la courbe d’offre d’une entreprise est la partie
croissante du coût marginal à partir du seuil de fermeture.

Y Cm = Y1O Yo

1 0 0

2 0 0

3 10 100

4 40 400

5 50 500

6 70 700

7 90 900

8 110 1 100

9 130 1 300

10 150 1 500

L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite 183


Exercices

Figure 20.1
Les 10 entreprises sont identiques, l’offre individuelle étant monotone croissante,
l’offre des 10 entreprises est une somme horizontale des courbes individuelles.

Figure 20.2

Exercice B
1. Donnez la demande du marché.
Par définition, la demande de marché est la somme de l’ensemble des demandes
individuelles.
Y d = 200 ×Yjd = 200 (10 − 0,5P ) = 2000 −100P
2. Déterminez la fonction d’offre d’une entreprise individuelle et l’offre du marché.
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en concurrence pure et
parfaite qui permet d’obtenir la fonction d’offre d’une entreprise représentative est Cm = P.
Donc Cm = P ⇒ 2Y = P ⇒ Yjo = P / 2. L’offre totale du marché Y o = 100 ×Yjo = 100P / 2 = 50P.

184 L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite


3. Déduire le prix et les quantités d’équilibre du marché, le niveau des profits indi-

Thème 20
viduels et de marché.
Le prix et les quantités d’équilibre du marché sont obtenus lorsque l’offre totale
est égale à la demande totale.
Y d = Y o ⇒ 2000 −100P = 50P ⇒ P * = 2000 /150 = 13,33
et Y d* = Y o* = 50 ×13,33 = 666,5
avec l’offre individuelle des firmes Yjo* = P / 2 = 6,665
Le profit individuel est Π *j = RT * − CT * = 13,33 × 6,665 − 40 − 6,6652 = 4, 422.
Le profit total réalisé sur le marché est Π * = 100 × Π *j = 100 × 4, 422 = 442,2.
4. Que se passerait-il en longue période ?
En longue période, sous les hypothèses que la demande du marché reste identique
et qu’il y ait la liberté d’entrée et de sortie sur le marché, d’autres entreprises sont
attirées par le profit dégagé sur le marché. Celles attirées par le marché entrent sur le
marché et offrent des quantités supplémentaires qui ont pour conséquence la baisse du
prix d’équilibre. Cette attraction de nouvelles entreprises et la baisse du prix prend fin
lorsque le profit du marché devient nul.
La règle d’arrêt de cette attractivité est PLP* = Cm = CM.
− Trouvons le niveau de la production d’une entreprise qui ressemble à toutes les
autres.
Cm = CM ⇒ 2Y = 40 / Y +Y
2Y −Y = 40 / Y ⇒ Y = 40 / Y ⇒ Y 2 = 40 ⇒ Yi * = 40 = 6,324
− Trouvons la valeur du prix du marché et la valeur de la quantité d’offre sur le
marché, puis déduisons le nombre des entreprises nouvelles sur le marché.
PLP* = Cm ⇒ PLP* = 2 × 6,324 = 12,65. À ce prix le profit est nul.
Puisque sur le marché l’offre totale est égale à la demande totale, si le prix de la
longue-période est PLP* = 12,65, on déduit que la quantité offerte sur le marché est :
Y d = 2000 −100P = Y o ⇒ Y o = 2000 −100 ×12,65 = 735
Par conséquent, le nombre d’entreprises présent sur le marché est le nombre :
n = Y o* / Yj* = 735 / 6,324 ≈116

Exercice C

ҵ Attention
Même si les entreprises ont une fonction de coût en longue période, la règle de détermination
de l’offre en concurrence pure et parfaite reste la même que celle vue en courte période.

1. Trouvez la fonction d’offre de chaque entreprise et la fonction d’offre totale.


La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en concurrence pure et
parfaite qui permet d’obtenir la fonction d’offre d’une entreprise représentative est Cm = P.

L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite 185


Exercices Donc Cm = P ⇒ 200Y + 5 = P ⇒ Yjo = ( P − 5) / 200 = 0,005P − 0,025.
L’offre totale du marché est Y o = 50 ×Yjo = 0,25P −1,25.
2. Déduire la quantité et le prix d’équilibre du marché ainsi que les profits individuels
et du marché.
Le prix et les quantités d’équilibre du marché sont obtenus lorsque l’offre totale
est égale à la demande totale.
Y d = Y o ⇒100 − 0,5P = 0,25P −1,25 ⇒ P * = 101,25 / 0,75 = 135
et Y d* = Y o* = 0,25 ×135 −1,25 = 32,5
avec l’offre individuelle des firmes Yjo* = 32,5 / 50 = 0,65
Le profit individuel est Π *j = RT * − CT * = 135 × 0,65 −100 × 0,652 − 5 × 0,65 = 42,25 .
Le profit total réalisé sur marché est Π * = 50 × Π *j = 50 × 42,25 = 2112,5.
3. Calculez et représentez le surplus du consommateur, du producteur et global.

SC SP SG

Zone 1 Zone 2 Zones 1 et 2

32,5 × (200 −135) / 2 = 1056,25 32,5 × (135 − 5) / 2 = 2122,5 SP + SC = 3 178,75

Figure 20.3

186 L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite


Focus
Le marché de concurrence pure et parfaite
1. Définition
La concurrence pure et parfaite est un modèle qui représente un des deux cas
extrêmes de la typologie des marchés étudiés par les économistes. Cette situation de
marché repose sur cinq conditions qui la définissent :
− Atomicité des participants, ceci signifie que les vendeurs et les acheteurs sont
suffisamment nombreux pour qu’aucun d’entre eux ne puisse influencer le prix. Le
volume des transactions pour chacun d’eux est négligeable par rapport au volume
global des échanges et, donc, l’action d’un des participants n’a pas d’incidence sur
les quantités et le prix d’équilibre. On dit que les agents économiques sont preneurs
de prix (en anglais price-takers). Pour eux, le prix de marché est une donnée qui
s’impose (donnée exogène).
− Homogénéité des biens, explique que chaque bien est homogène de sorte que les
acheteurs sont indifférents à l’identité des vendeurs. Seul le prix est un critère de
décision.
− Libre entrée et libre sortie sur le marché, signifient que les offreurs et les deman-
deurs sont libres d’entrer et de sortir du marché, sans aucun obstacle institutionnel.
Aucun agent ne peut adopter un comportement collusif empêchant un concurrent
d’intervenir ou d’entrer sur le marché.
− Libre circulation des facteurs de production, spécifie que le capital et le travail
doivent pouvoir se déplacer librement à la recherche de la meilleure opportunité de
rémunération. Cela suppose la libre circulation des capitaux ainsi que l’ouverture
des frontières aux flux migratoires s’il y a cloisonnement.
− Information parfaite, suppose que tous les protagonistes sur le marché disposent
d’une information identique et parfaite sur les biens au même moment.
Dès lors qu’une de ces conditions n’est pas vérifiée (ou, encore, en présence
d’externalités), le laisser-faire du marché ne conduit plus à une allocation efficace des
ressources. L’intervention de l’État apparaît alors nécessaire pour rétablir les « bonnes
caractéristiques » manquantes. Évidemment, aucune de ces conditions n’est parfaite-
ment vérifiée dans la réalité. Par exemple, la qualité d’un produit n’est pas parfaitement
observable et ce défaut d’information peut perturber le fonctionnement du marché.
Voir l’aléa moral et la sélection inverse dans la théorie de l’asymétrie d’information. De
manière plus générale, le modèle de concurrence parfaite doit s’entendre plutôt comme
le modèle de référence à partir duquel on doit développer les modèles plus réalistes de
concurrence imparfaite que nous examinerons par la suite (cf. typologie des marchés
selon le tableau de Stackelberg).

187
Focus 2. Formation des prix
L’idée de base sur un marché de concurrence parfaite est que le prix se fixe à la
rencontre de l’offre et de la demande. Ce prix est alors égal ou supérieur au coût moyen.
Le prix fixé par le marché s’impose à l’entreprise et à tous les participants au marché.
La libre entrée et sortie sur le marché des entreprises est conditionnée par le point
mort (le seuil de rentabilité), c’est-à‑dire la partie croissante du coût marginal qui est
supérieur au coût moyen.
Techniquement l’entreprise a pour objectif de maximiser son profit qui se traduit
par la détermination de la quantité maximale à offrir sur le marché. La condition pour
obtenir un profit maximal (ou de trouver l’offre de marché la plus haute) est de dériver la
fonction de profit et d’annuler la dérivée trouvée. Cette dérivée par rapport à la variable
qui compose le profit donne le résultat suivant : Cm = Rm. La dernière unité offerte rapporte
autant qu’elle ne coûte à produire.
En courte période, aucune entreprise ne rentre sur le marché, l’équilibre est
atteint lorsque l’on a l’offre égale à la demande et un équilibre au niveau du producteur.
La règle d’or du comportement du producteur est que son coût marginal est égal à son
prix de vente qui est également le prix du marché (RM = P = Cm).
En longue période, les profits observés en courte période attirent de nouvelles
entreprises entrantes (hypothèse de la libre entrée et sortie). Ce qui a pour effet d’aug-
menter la quantité totale offerte sur le marché (la droite d’offre se déplace vers la droite
pendant que la droite de la demande ne bouge pas) et donc de baisser le prix. Les profits
des entreprises de ce marché tendent à se réduire. Les entreprises installées deviennent
nombreuses. L’équilibre de ce processus est expliqué par l’arrêt de l’attraction du
marché. Elle se manifeste par un profit nul. Cette situation est décrite au point où le
prix du marché égalise le coût moyen de chacune de ces entreprises (PLp = Cm = CM).
Dire que les profits sur un marché peuvent être nuls ne signifie pas que l’entreprise
n’est pas viable. L’entreprise ne réalise simplement pas de surprofit, mais elle peut
rémunérer l’ensemble de ses coûts de production (salaires, distribution des dividendes
et remboursement des intérêts).

188
Thème 21
L’équilibre
du marché
en monopole
Exercices Exercices

Exercice A
Une entreprise en situation de monopole sur un marché d’un bien immobilier a les
données suivantes : CT = 0,5Y 2 + 2Y et la fonction de demande Y d = 12 − 2P .
1. Calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit du monopole.
2. Si l’État impose à l’entreprise une tarification au coût marginal, au coût moyen,
calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit de ces deux situations.
3. Déterminez le pouvoir du marché.

Exercice B
Une entreprise en situation de monopole produit un bien Y dans 2 usines (notée 1
et 2). Les coûts liés à ses activités sont : CT1 = 2Y 2 + 2, et CT2 = Y 2 + 2. La fonction de demande
du marché est Y d = 12 − 2P .
1. Calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit de l’entreprise.
2. Quelle est la valeur du surplus social.

Exercice C
Une compagnie aérienne propose à ses clients le trajet Genève-Brazzaville. Deux
types de demandes (notée 1 et 2) s’adressent à la compagnie. Les fonctions de demande
du marché sont respectivement Y1d = 200 − P / 5 et Y2d = 500 − P. Les coûts liés à son activité
sont : CT = 100Y + 810.
1. Calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit de l’entreprise.
2. Si elle fixe un prix unique, quel serait le choix de sa tarification et son profit associé.

Exercice D
Une compagnie de distribution d’électricité propose à ses clients un tarif en heures
creuses et heures pleines. Deux types de demande s’adressent à elle (notée 1 et 2). Les
fonctions de demande inversée du marché sont PHP = 50 − 3Y et PHC = 100 −Y 2 . Les coûts totaux
liés à son activité sont : CT = 2Y 2 + 2Y.
1. Supposons que l’entreprise ait un comportement de monopole privé, trouvez les
quantités et les prix proposés sur le marché de l’électricité.
2. Supposons que le régulateur public lui impose de fixer un prix unique pour les
périodes de faible et de forte demandes, trouvez le prix du marché et déduire le profit de
l’entreprise. Par la suite, si elle fixe des prix différents, quel serait son profit.

190 L’équilibre du marché en monopole


▶ Conseils

Thème 21
( )
Exprimez toujours la fonction inverse de la demande P = f Y d pour calculer la recette totale.
La condition d’optimalité du marché est Rm = Cm pour obtenir la quantité d’équilibre offerte
du monopole (ou le point d’offre du monopole). La tarification naturelle du monopole est une
tarification à un prix supérieure au coût marginal (P > Cm).

Corrigés

Exercice A
1. Calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit total.
Écrivons d’abord la fonction de demande inverse Y d = 12 − 2P ⇒ P = 6 −Y / 2 = RM .
On déduit la recette totale RT = PY = RM ×Y = ( 6 −Y / 2 )Y = 6Y −Y 2 / 2.
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation de monopole
qui permet d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.
Donc Cm = Rm ⇒ Y + 2 = 6 −Y ⇒ Y * = 2 et l’offre totale du marché est le point d’offre
Y = 2. Puisque la fonction de formation des prix est P = 6 −Y / 2 = RM
o*

alors le prix d’équilibre est P * = 6 − 2 / 2 = 5.


Le profit du monopole est Π * = RT * − CT * = 5 × 2 − 0,5 × 4 − 2 × 2 = 4.

Figure 21.1
2. Si l’État impose à l’entreprise une tarification au coût marginal, au coût moyen
calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit de ces deux situations.
L’intervention de l’autorité publique en matière tarifaire a tendance à faire baisser
les quantités offertes et le prix sur le marché.

L’équilibre du marché en monopole 191


Exercices ͮ Tarification au coût marginal
La règle d’optimalité qu’impose l’État oblige l’entreprise en situation de monopole
de fixer sa quantité d’offre lorsque Cm = RM.
Donc Cm = RM ⇒ Y + 2 = 6 −Y / 2 ⇒ Y * = 8 / 3 et l’offre totale du marché Y o* = 8 / 3.
Puisque P = 6 −Y / 2 = RM , alors P * = 6 − ( 8 / 3) / 2 = 14 / 3.
Le profit du monopole est : Π * = RT * − CT * = (14 / 3) × ( 8 / 3) − 0,5 × ( 8 / 3) − 2 × 8 / 3 = 3,55.
2

L’adoption de cette règle fait supporter une perte de 0,45 de profit à réaliser au
monopole. Cette intervention doit donc s’accompagner d’un versement d’une subven-
tion, visant à compenser la perte du monopole. Le financement de cette aide est coûteux
socialement. Un exemple de cette situation serait le cas de l’entreprise SNCF, EDF.

ͮ Tarification au coût moyen


La règle d’optimalité dit budgétaire qu’impose l’État oblige l’entreprise en situation
de monopole de fixer sa quantité d’offre lorsque CM = RM.
Donc CM = RM ⇒ Y / 2 + 2 = 6 −Y / 2 ⇒ Y * = 4 et l’offre totale du marché Y o* = 4.
Puisque P = 6 −Y / 2 = RM , alors P * = 6 − 4 / 2 = 4.
Le profit du monopole est : Π * = RT * − CT * = 4 × 4 − 0,5 × ( 4 ) − 2 × 4 = 0.
2

Le monopole réalise un profit nul. Ceci implique qu’il n’est pas nécessaire de le
subventionner et que l’intervention du régulateur est non coûteuse socialement. Cette
règle, appliquée à un monopole, lui fait perdre 4 de profit, mais elle n’est pas efficace du
point de vue de l’allocation des biens dans l’économie.

P* Y* Π*

Monopole pur 5 2 4

Tarification au Cm 14/3 8/3 3,55

Tarification au CM 4 4 0

Figure 21.2

192 L’équilibre du marché en monopole


3. Déterminez le pouvoir du marché.

Thème 21
Le pouvoir de marché du monopole est de pratiquer un prix qui est majoré par
rapport au coût marginal. L’importance de cette majoration dépend de l’élasticité de la
demande. L’indice de Lerner mesure ce pouvoir.

Indice de Lerner Tarification libre Tarification contrainte

P * − Cm 1 Au Cm Au CM
L= = 0,2
P* ed 0 −0,5

Pouvoir Très faible Aucun

Exercice B

▶ Conseil
Construire le graphique d’équilibre du marché du monopole pour repérer les zones de surplus.

1. Calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit de l’entreprise.


Écrivons d’abord la fonction de demande inverse Y d = 12 − 2P ⇒ P = 6 −Y / 2 = RM.
Puis déduisons que RT = PY = RM ×Y = ( 6 −Y / 2 )Y = 6Y −Y 2 / 2.
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation de monopole
qui permet d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.

ͮ Application à l’usine 1
Cm = Rm ⇒ 4Y = 6 −Y ⇒ Y * = 6 / 5 et l’offre du marché est le point d’offre Y1o* = 6 / 5 = 1,2.
Puisque P = 6 −Y / 2 = RM , alors P * = 6 − ( 6 /10 ) = 27 / 5 = 5, 4.
Le profit du monopole est Π1* = RT1* − CT1* = 5, 4 ×1,2 − (1,2 ) × 2 − 2 = 1,6.
2

Figure 21.3

L’équilibre du marché en monopole 193


Exercices ͮ Application à l’usine 2
Cm = Rm ⇒ 2Y = 6 −Y ⇒ Y * = 2 et l’offre du marché est le point d’offre Y2o* = 2.
Puisque P = 6 −Y / 2 = RM , alors P * = 6 − 2 / 2 = 5.
Le profit du monopole est Π2* = RT2* − CT2* = 5 × 2 − 4 − 2 = 4.

Figure 21.4
Les résultats de l’entreprise sont pour les quantités Y * = Y1* +Y2* = 3,2 et le profit
Π = Π1* + Π2* = 5,6 .
*

L’entreprise capte, en discriminant par des prix différents, une grande partie du
surplus des consommateurs. En effet, si le monopole avait considéré la somme des deux
coûts des deux usines (qui sont déjà importants et de les répartir sur les deux usines),
et par la suite appliquer la règle traditionnelle sur ce marché, la quantité offerte serait
plus faible et par conséquent son profit aussi. Vérifions cela.
À une fixation d’un prix unique du monopole, l’entreprise choisira la tarification
d’un prix de marché supérieur au coût marginal, ce qui lui impose d’additionner les
deux coûts pour fixer un prix unique.
CT = CT1 + CT2 = 3Y 2 + 4 alors Cm = Rm ⇒ 6Y = 6 −Y ⇒ Y = 6 / 7 et l’offre du marché est le
*

point d’offre Y1o = 6 / 7 = 0,85. Puisque P = 6 −Y / 2 = RM, alors le prix est P * = 5,57 et le profit
du monopole est –1,43.
2. Quelle est la valeur du surplus social ?
Le surplus social est déterminé par la somme du surplus du consommateur et du
producteur. Il mesure le bien-être de la société.

SC SP SS = SP + SC

4,8 ×1,2 / 2 = 2,88


Marché 1 (6 − 5, 4 ) × (1,2) / 2 = 0,36 3,96
(5, 4 − 4,8) ×1,2 = 0,72
Marché 2 2 × ( 6 − 5) / 2 = 1 4+2= 6 7

10,96

194 L’équilibre du marché en monopole


Exercice C

Thème 21
1. Calculez la quantité vendue, le prix du marché et le profit de l’entreprise.
Écrivons d’abord les fonctions de demande inverse
Y1d = 200 − P / 5 ⇒ P = 1000 − 5Y = RM1 et Y2d = 200 − P ⇒ P = 500 −Y = RM2 .
Puis déduisons que RT1 = 1000Y − 5Y 2 et RT2 = 500Y −Y 2 .
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation de monopole
qui permet d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.

ͮ Application sur le marché 1


Cm = Rm ⇒100 = 1000 −10Y ⇒ Y * = 900 /10 = 90 et le point d’offre du marché est Y1o* = 90 .
Puisque P = 1000 − 5Y = RM, alors P * = 550. Le profit du monopole est Π1* = 39690.

Figure 21.5

ͮ Application sur le marché 2


Cm = Rm ⇒100 = 500 − 2Y ⇒ Y * = 200 et le point d’offre du marché est Y2o* = 200.
Puisque P = 500 −Y = RM , alors P * = 300. Le profit du monopole est Π2* = 39995,95.

Figure 21.6

L’équilibre du marché en monopole 195


Exercices Au niveau de l’entreprise, les quantités sont Y * = Y1* +Y2* = 90 + 200 = 290 et le profit
Π * = Π1* + Π2* = 79685,95 . L’entreprise capte, en discriminant par des prix différents, une
grande partie du surplus des consommateurs du trajet Genève-Brazzaville. Le segment
du marché le moins demandé, le marché 1 (mesuré par l’élasticité de la demande) subit
un prix plus haut.
2. Si elle fixe un prix unique, quel serait le choix de sa tarification et son profit associé.
À une fixation d’un prix unique du monopole ayant deux demandes différentes,
l’entreprise choisira la tarification d’un prix de marché supérieur au coût marginal, ce
qui lui impose d’additionner les deux demandes pour fixer ce prix unique. L’entreprise
captera par ce choix une plus grande partie du surplus des consommateurs. En effet, le
prix moyen payé par l’ensemble des consommateurs sera plus haut, la quantité offerte
sera plus faible et par conséquent son profit plus haut.
RM = RM1 + RM2 = 1500 − 6Y , alors Cm = Rm ⇒100 = 1500 −12Y ⇒ Y o* = 116,6 et l’offre du
marché est le point d’offre Y1o = 116,6.
Par conséquent, P * = 800, 4 et le profit du monopole est 80856,64 .

Prix différenciés Prix unique

P* 550 300 800,4

Y* 90 200 116,6

CM *
91 95,95 106,9

Cm * 100

Π* 79 685,95 80 856,64

Exercice D
1. Supposons que l’entreprise ait un comportement de monopole privé, trouvez les
quantités et les prix proposés sur le marché de l’électricité.
Les fonctions de demande inverse PHC = RMHC = 50 − 3Y et PHP = RMHP = 100 − 2Y .
Déduisons les recettes totales RTHC = 50Y − 3Y 2 et RTHP = 100Y − 2Y 2 .
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation de monopole
qui permet d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.

ͮ Application au segment du marché à heures creuses


Cm = Rm ⇒ 2 + 4Y = 50 − 6Y ⇒ YHC* = 48 /10 = 4,8 et le point d’offre du marché est YHCo* = 4,8.
Puisque PHC = 50 − 3Y , alors PHC* = 35,6 et le profit du monopole est ΠHC
*
= 115,2.

ͮ Application au segment du marché à heures pleines


Cm = Rm ⇒ 2 + 4Y = 100 − 4Y ⇒ YHP* = 12,25 et le point d’offre du marché est YHPo* = 12,25 .
Puisque PHP = 100 − 2Y , alors PHP* = 75,5. Le profit du monopole est ΠHP
*
= 600,25.

196 L’équilibre du marché en monopole


Résultats globaux de l’entreprise

Thème 21
Heures pleines Heures creuses

P* 75,5 35,6

Y *
12,25 4,8

CM * 26,5 11,6

Cm * 51 21,2

Π *
600,25 115,2

2. Supposons que le régulateur public lui impose de fixer un prix unique pour les
périodes de faible et de forte demande, trouvez le prix du marché et déduire le profit de
l’entreprise. Par la suite si elle fixe des prix différents, quel serait son profit.
Cette action du régulateur public, impose au monopole de fixer son prix à un prix
plancher pour que la distribution en électricité soit rentable dans les deux cas. Ce qui n’est
pas toujours le cas. La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation
de monopole qui permet d’obtenir sa quantité d’offre est CM = RM.
Dans le cas d’un prix unique, le prix du marché est fixé au plus bas (CM = P ) pour
que les consommateurs obtiennent un surplus maximum. C’est donc sur le marché de
l’électricité en heures creuses que sera fixé le prix de référence.
Sur le segment du marché des heures creuses, CMHC = RMHC ⇒ 2Y + 2 = 50 − 3Y ⇒ YHC* = 9,6
et l’offre du marché en heures creuses est le point d’offre YHCo* = 9,6.
Puisque la fonction du prix est P = 50 − 3Y , alors le prix de ce segment de marché en
heures creuses est P * = 21,2 . Le profit du monopole est ΠHC = 0.
Sur le marché des heures pleines, ce prix s’applique également. Remplaçons-le
dans la fonction de demande sur le marché des heures pleines.
On obtient alors YHPo* = 50 − PHC* / 2 = 39, 4. Par conséquent, le distributeur d’électricité
réalise une perte mesurée par ΠHP = −2348,24. La raison est que le prix du marché est
inférieur à son coût moyen.
Par la suite, si elle fixe des prix différents, un prix en heures creuses et un autre prix
en heures pleines, en heures pleines l’accroissement de la demande doit faire augmenter
le prix proposé. La tarification est au coût moyen.
Donc CMHP = RMHP ⇒ 2Y + 2 = 100 − 2Y ⇒ YHP* = 24,5 et l’offre du marché en heures creuses
est le point d’offre YHP0* = 24,5.
Puisque la fonction de formation des prix est P = 100 − 2Y, alors le prix de ce segment
de marché est P * = 51. Le profit du monopole est ΠHP = 0.

L’équilibre du marché en monopole 197


Exercices Prix unique Prix différenciés

HC HP HC HP

P* 21,2 21,2 51

Y* 9,6 39,4 9,6 24,5

CM *
21,2 80,8 21,2 51

Cm * 40,4 159,6 40,4 100

Π *
0 0 0

198 L’équilibre du marché en monopole


Focus
Le marché avec un monopole
Le marché de monopole est défini par l’existence d’une seule entreprise qui offre
un bien ou un service à une multitude de demandeurs, mais surtout par l’inexistence
de la condition d’atomicité du marché. Cette position lui confère un pouvoir de marché,
c’est-à‑dire la capacité d’influencer l’équilibre du marché. Position que le monopole
utilise pour améliorer son profit. La SNCF, les services de distribution d’eau dans les
villes disposent partiellement d’une situation de monopole. La législation européenne
combat les situations de monopoles public et cherche, comme le cas dans les télécom-
munications à renforcer la concurrence.

1. Les sources du monopole


Il existe quatre situations de marché dans lesquelles il apparaît des entreprises
dans une position d’un monopole.
− Situation de marché dite de monopole naturel ou pur. La production par une seule
firme est estimée moins coûteuse que la production par plusieurs firmes (exemple
le service de l’aéroport de Paris). L’entreprise dans ce cas est capable de fournir
l’ensemble du marché tout en demeurant rentable. Les rendements d’échelle
lui procurent la spécialisation de la technologie utilisée. Le monopole existe par
l’existence des coûts d’entrée très élevés dans un secteur (exemple dans l’industrie,
dans l’e-commerce), par des économies d’échelle ou de gamme, mais aussi pour
des raisons historiques.
− Situation de marché dite avec des barrières explicites à l’entrée. Le monopole
existe par le fait de l’existence de certaines caractéristiques qui sont des coûts
élevés, l’existence d’une facilité, ou des menaces faites par les entreprises en place
(barrières stratégiques).
− Situation de marché dite de monopole légal. Certains marchés sont protégés par
le législateur ; par exemple, le tabac, les casinos, les jeux d’argent. La restriction
légale à l’entrée est instaurée par une licence exclusive, un brevet technologique,
une concession de service public.
− Situation dite de monopole technologique, c’est le cas où l’entreprise possède un
brevet ou une innovation qui lui permet de jouir temporairement d’un pouvoir de
monopole. Cette position de monopole peut être maintenue tant que les concurrents
potentiels ne pourront pas imiter l’entreprise.

2. Pouvoir de marché du monopole


Le monopole représente le cas extrême de l’exercice du pouvoir de marché en
matière de prix. Aussi longtemps que la courbe d’offre ne sera pas parfaitement élastique,
l’entreprise devrait produire au point où la recette marginale est égale au coût marginal.
Une telle situation permet à une entreprise d’exercer un pouvoir de monopole, même si
ce n’est pas un monopole pur. Ce pouvoir s’exprime par la capacité de proposer un prix

199
au-dessus du coût marginal sans provoquer l’entrée d’autres entreprises, ce dernier est
mesuré par l’indice de Lerner L = ( P * − Cm ) / P * . Cet indice montre que la différence entre
Focus
le prix et le coût marginal rapporté au prix est l’inverse de l’élasticité de la demande.
Autrement dit, le marché du monopole varie en sens inverse de l’élasticité demande.

( )
L = P * − Cm / P * 0 < L < 0,3 0,3 < L < 0,5 0,5 < L < 0,7 0,7 < L <1

Pouvoir Très faible Faible Fort Très fort

3. Tarification du monopole
En utilisant la règle d’or d’égalisation de la recette marginale au coût marginal, le
monopole fixe un prix pour maximiser son profit. Ce prix est toujours supérieur à celui
qui s’établirait en concurrence pure et parfaite. Une partie de la rente du monopole, qui
est la différence entre le profit du monopole et le profit de la concurrence parfaite, est
utilisée par le monopole pour défendre sa position. Si les positions de monopole ne sont
pas toutes nuisibles, comme le montre l’approche dynamique des monopoles (concur-
rence monopolistique, marché contestable), leur caractère permanent est problématique.
Cette permanence crée des rentes de situation non justifiées par l’intérêt général et
pénalise en conséquence d’autres acteurs du marché. C’est pour cette raison que les
pouvoirs publics, s’ils veulent que les consommateurs bénéficient du produit dans des
conditions socialement satisfaisantes, vont chercher à inciter le monopole à produire
une quantité efficace.
Il existe quatre mécanismes traditionnels pour réglementer. Chacun des méca-
nismes a des conséquences sociales différentes.
− Pendant longtemps, la solution retenue a consisté à nationaliser les monopoles
naturels. Depuis le milieu des années 1980, la plupart des monopoles publics qui
formaient l’ensemble des monopoles naturels ont disparu, et la solution retenue est
celle d’une réglementation des prix du monopole. Une politique dont l’objectif est de
permettre au monopole d’obtenir des profits « raisonnables » sur ses investissements.
− Il peut s’agir d’un prix plafond fixé de sorte qu’il serait inférieur à celui que le
monopole choisirait pour maximiser son profit. Le but de la réglementation est
de réduire la « rente » du monopole. Un des effets attendus de la réglementation
est d’ailleurs de pousser l’entreprise à réorganiser sa production pour réduire ses
coûts de manière à retrouver le taux de profit précédent, et ainsi de suite…
− Il peut s’agir aussi d’une tarification au coût marginal ce qui correspond au cas où le
prix plafond serait choisi de telle manière que la quantité produite à ce prix soit égale
au coût marginal (la recette moyenne est alors égale au coût marginal). Mais dans
ce cas, puisque les coûts unitaires sont décroissants, le coût moyen est forcément
supérieur au coût marginal et l’entreprise fait forcément une perte. Le monopole
naturel avec une tarification au coût marginal n’est pas viable financièrement.

200
Il faut que les pouvoirs publics apportent une compensation financière sous la

Thème 21
forme d’une subvention compensant cette perte. Cela correspond bien entendu à
un transfert de revenus. Les prélèvements obligatoires financent la subvention,
de manière à assurer la satisfaction des consommateurs du produit qui fait l’objet
de cette réglementation.
− Le prélèvement par voie fiscale a cependant trois inconvénients : un impôt supplé-
mentaire engendre toujours des distorsions (les choix privés se modifient) qu’il
faut prendre en compte, il peut paraître injuste pour les agents qui n’utilisent
pas le bien ou le service, et enfin, l’impôt est décidé par des autorités qui peuvent
céder à des considérations politiques (électorales) sans fondements économiques.

4. Coût social et solutions


La position de monopole sur un marché n’a pas pour seul effet d’annihiler la concur-
rence et d’accroître les prix, il s’agit de savoir dans quelle mesure et à quelles conditions.
Cette question d’efficacité est prise en compte au niveau global, car la question qui se
pose est celui de l’arbitrage entre pouvoir de marché et la baisse des coûts. Il revient
à Williamson (1968) d’avoir mis en évidence l’arbitrage fondamental entre pouvoir de
marché et efficacité. Pour les consommateurs cette situation entraîne une perte nette
de surplus, par contre elle permet d’accroître les profits des offreurs. La comparaison
du surplus total au niveau du marché met en exergue le coût social du monopole dû à
un prix élevé et à une proposition des quantités moindres. Ce calcul de la perte sèche
sous-estime le coût véritable dû au monopole qui peut dépenser une partie de son profit
pour acquérir ou défendre sa position afin de capter la rente du monopole.
Une solution pour réduire le coût social du monopole est de scinder l’entreprise en
situation de monopole en un certain nombre d’entreprises différentes. Cette solution fut
appliquée au démantèlement des PTT qui a donné lieu à Orange pour la téléphonie, la
poste pour le courrier et la banque postale pour les services financiers, idem pour EDF
et la SNCF qui s’ouvrent à la concurrence.
Une autre solution est de contraindre le monopole en régulant le prix maximum
qu’il peut pratiquer en lui faisant adopter le prix réglementé. C’est l’exemple d’EDF, de
la SNCF, de la RATP. La recette marginale devient discontinue et elle décrit un coude
de la fonction de demande.

201
Thème 22
L’équilibre
du marché
en concurrence
monopolistique
Exercices Exercices

Exercice A
Une entreprise en situation de concurrence monopolistique a les données consignées
dans le tableau ci-dessous :

Y 10 20 30 40 50 60 70

P 60 55 50 45 40 35 30

CM 47 27,5 22 20 20 22,5 30

Cm – 8 11 14 20 35 45

Quels sont le prix et la quantité qui permettent à cette entreprise de maximiser son
profit en courte et longue période.

Exercice B
Une entreprise en situation de concurrence monopolistique a les données suivantes
qui le caractérisent : CT = 0,5Y 3 − 3Y 2 + 26Y et la fonction de demande qui représente sa part
de marché est donnée par Y d = 29 − P / 4 .
1. Déterminez l’équilibre de l’entreprise en courte période (quantité vendue, le prix
du marché et déduisez le profit total).
2. Déterminez l’équilibre de l’entreprise en longue période.

ҵ Attention
Une entreprise en concurrence monopolistique réagit comme une entreprise en monopole pur. La
caractéristique du marché de concurrence monopolistique est l’atomicité au niveau des offreurs
accompagnée d’une différenciation des biens offerts (marque des produits).

204 L’équilibre du marché en concurrence monopolistique


Corrigés

Thème 22
Exercice A
Quels sont le prix et la quantité qui permettent à cette entreprise de maximiser son
profit en courte et longue période.
Complétons le tableau de prise de décision.

Y 10 20 30 40 50 60 70

P = RM 60 55 50 45 40 35 30

RT = RM.Y 600 1 100 1 500 1 800 2 000 2 100 2 100

Rm 50 40 30 20 10 0

CM 47 27,5 22 20 20 22,5 30

Cm 8 11 14 20 35 45

En courte période, l’entreprise en situation de concurrence monopolistique


applique la même règle que le monopole pur. La règle d’optimalité du comportement de
l’entreprise qui lui permet d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.
La lecture du tableau construit ci-dessus, indique que Cm = Rm = 20 ⇒ Y o* = 50 qui
est le point d’offre de l’entreprise qu’elle propose au marché au prix P * = 40. Avec ses
données, le profit de l’entreprise est Π1* = RT1* − CT1* = 40 × 50 − 20 × 50 = 1000.

Figure 22.1
En longue période, sous les hypothèses que la demande reste identique et de la
libre d’entrée et sortie sur le marché, d’autres entreprises sont attirées par le profit
dégagé sur le marché. Elles entrent sur le marché et offrent des quantités supplémentaires
de biens concurrents différenciés (en termes de technologie, de forme) sur le marché.
Cette entrée d’autres entreprises a pour conséquence la baisse du prix d’équilibre du

L’équilibre du marché en concurrence monopolistique 205


Exercices marché qui s’accompagne d’une augmentation des quantités offertes. Cette attraction des
entreprises nouvelles et la baisse du prix prend fin lorsque le profit du marché devient
nul (aucune entreprise ne souhaite entrer ou sortir du marché, et le marché cesse de
s’agrandir). La règle d’arrêt de cette attractivité est PLP* = RM = CM.
À la lecture du tableau construit ci-dessus, CM = RM = 30 ⇒ Y o* = 70 qui est le point
d’offre de l’entreprise au marché au prix P * = 30.
Le profit généré de l’entreprise est Π1* = RT1* − CT1* = 30 × 70 − 30 × 70 = 0.

Figure 22.2
Remarque : À cause de la décroissance de la demande (P > Cm), en longue période
la courbe de demande est tangente à la courbe du coût moyen.

Exercice B
1. Déterminez l’équilibre de l’entreprise en courte période (quantité vendue, le prix
du marché et déduisez le profit total).
La fonction de la demande inverse est Y d = 29 − P / 4 ⇒ P = −4Y +116 = RM.
On en déduit que RT = PY = RM ×Y = ( −4Y +116 )Y = −4Y 2 +116Y .
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation de concur-
rence monopolistique qui lui permet d’obtenir sa quantité d’offre est identique à celle
du monopole : Cm = Rm.
Cm = Rm ⇒1,5Y 2 − 6Y + 26 = −8Y +116
⇒1,5Y 2 + 2Y − 90 = 0
Δ = 2 − 4 ( −90 ) ×1,5 = 544 ⇒ 544 = 23,3
2

Y o* = ( −2 + 23,3) / 3 = 7,1
Le niveau du point d’offre offert au marché par l’entreprise est Y1o* = 7,1. Puisque
la fonction de la formation du prix du monopole est P = −4Y +116 = RM, alors P * = 87,6. Le
profit du monopole est Π * = RT * − CT * = 87,6 × 7,1− 0,5 × 7,13 + 3 × 7,12 − 26 × 7,1= 409,6.

206 L’équilibre du marché en concurrence monopolistique


2. Déterminez l’équilibre de l’entreprise en longue période.

Thème 22
En longue période, sous les hypothèses que la demande reste identique et de la liberté
d’entrée et de sortie sur le marché, d’autres entreprises sont attirées par le profit dégagé
par le marché. Elles entrent sur le marché et offrent des quantités supplémentaires de
biens concurrents différenciés sur le marché. Ce qui a pour conséquence, la baisse du
prix d’équilibre et l’augmentation des quantités offertes. Cette attraction et la baisse du
prix prend fin lorsque le profit du marché devient nul (aucune entreprise ne souhaite
entrer ou sortir du marché). La règle d’arrêt de cette attractivité est PLP* = RM = CM.
CM = RM ⇔ 0,5Y 2 − 3Y + 26 = −4Y +116 ⇔ 0,5Y 2 +Y − 90
Δ = 1− 4 ( −90 ) × 0,5 = 181⇒ 181 = 13, 4536
Y * = ( −1+13, 4536 ) = 12, 4536
Le niveau du point d’offre offert au marché par l’entreprise est Y1o* = 12, 4536 .
Puisque la fonction de la fixation du prix est P = −4Y +116 = RM , alors P * = 66,2.
Le profit du monopole est :
Π * = 66,1856 ×12, 4536 − 0,5 ×12, 45363 + 3 ×12, 45362 + 26 ×12, 4536 = 0 .

L’équilibre du marché en concurrence monopolistique 207


Focus Le marché de concurrence monopolistique
La théorie de la « concurrence monopolistique » est proposée par E.H. Chamberlin
en 1933. Elle montre que, dans la réalité, les situations de monopole au sens large sont
les plus fréquentes que la situation de concurrence parfaite qui reste exceptionnelle.
La concurrence monopolistique constitue un régime de concurrence hybride, entre la
concurrence parfaite et le monopole qui met en avant la différenciation des produits.

1. Définition et caractéristiques

Définition
La concurrence monopolistique est une situation de marché dans laquelle il existe
beaucoup d’entreprises et aucune barrière à l’entrée, avec une caractéristique que
le produit de chaque entreprise diffère quelque peu des produits de ses concurrents
(produits différenciés).
Ainsi, la condition d’homogénéité du produit n’étant pas respectée, chaque entre-
prise a un pouvoir de marché et fait face à une courbe de demande décroissante. Comme
en situation de monopole, la fonction de demande inverse pour un bien ou un service
exprime le prix du bien en fonction de la quantité demandée du marché (demande collec-
tive). Le fait d’être le seul à proposer un bien ou un service ayant une caractéristique
spéciale permet au producteur de se placer dans une sorte de monopole et de pouvoir
s’écarter du prix du marché afin de pouvoir améliorer ses bénéfices. C’est la raison pour
laquelle les entreprises adoptent souvent un comportement stratégique qui les conduit
à se rapprocher le plus possible d’une situation de monopole en cherchant à différencier
leurs produits. Si la publicité joue un rôle déterminant pour persuader le consommateur
que le produit présenté est unique, deux éléments limitent le pouvoir de l’entreprise en
concurrence monopolistique : la concurrence, car elles vendent des produits similaires
et la libre entrée sur le marché.

Caractéristiques
C’est un marché qui rassemble quelques éléments du marché de la concurrence
pure et parfaite, à savoir ce qui se passe en longue période. En plus, aucune entreprise
(à cause de leur nombre sur le marché) ne peut tenir compte de ses concurrents pour
établir son prix ou de fixer sa quantité. C’est une propriété commune avec la concur-
rence pure et parfaite.
Mais aussi, il intègre des éléments de la situation de monopole, en effet en diffé-
renciant les produits, l’entreprise crée une situation de monopole provisoire. Dans cette
situation, elle fait face à une courbe de demande décroissante. Ses ventes diminuent si
le prix augmente, mais sans jamais être nulles. Une caractéristique commune avec le
monopole.

208
2. Type de différenciation

Thème 22
Dans la réalité, peu de produits sont rigoureusement semblables. Ce qui explique
le comportement des entreprises qui cherchent à les différencier. La différenciation
des produits s’opère lorsque des produits qui rendent le même service, par exemple un
téléphone, sont rendus dissemblables. Cela va pousser les consommateurs à préférer
un produit à un autre pour ses caractéristiques (réelles ou supposées) différentes. La
différenciation peut prendre plusieurs formes : différence de qualité, de composition, de
caractéristiques, de durabilité, de localisation… Cette différenciation peut est résumée
comme ce qui suit :
− Différenciation horizontale, il est question de la variété. Dans ce cas, les produits
rendent des services équivalents, mais ils sont différenciés par certaines de leurs
caractéristiques. Elles peuvent être à caractère subjectif (image de marque, répu-
tation…) mais aussi à caractère objectif (design, marketing, services associés…).
− Différenciation verticale, il est question de la qualité. Dans cette situation, les
produits sont de conception et de qualité différentes pour séduire les différents
consommateurs. C’est le cas des marques dans la téléphonie. L’innovation peut
aussi permettre de se différencier des concurrents (Apple, Samsung, Huawei…).
− Différenciation Spatiale, dans cette situation les biens sont localisés dans des
espaces différents. Des produits peu différents peuvent aussi avoir un prix dissem-
blable à cause des coûts de transport. Un consommateur acceptera de payer plus
cher un bien ou un service de proximité (c’est le cas par exemple des superettes
présentes au centre-ville).

209
Thème 23
L’inefficacité sociale
du monopole
Exercices Exercices

Exercice A
Une entreprise en situation de monopole a les données suivantes : CT = 5Y 2 + 30 et la
fonction de demande inverse qui s’adresse à elle est donnée par P = 900 −10Y .
1. Quel est l’équilibre du monopole ?
2. Supposons que le monopole adopte le comportement d’une entreprise en concur-
rence pure et parfaite. Quel serait son équilibre.
3. Comparez les équilibres de monopole et de concurrence pure et parfaite. Représentez
graphiquement ces équilibres.
4. Calculez les indices de Lerner dans les deux cas.
5. Calculez les surplus du consommateur, du producteur et social en situation de
concurrence pure et parfaite et de monopole.

Exercice B
Soit un marché d’un bien Y (Y d représente les quantités de biens demandées, Y o les
quantités de biens offertes) en situation de concurrence pure et parfaite, sur lequel il y a
100 entreprises qui ont toutes les mêmes coûts de production. L’entreprise représentative
du marché a une fonction de coût de production de la forme CTj = 40 +Yj2 , et la fonction de
demande individuelle de 200 consommateurs sur le marché est : Yi d = 10 − 0,5P.
1. Déterminez la demande du marché.
2. Déterminez la fonction d’offre d’une entreprise individuelle et l’offre du marché.
3. Déterminez le prix et les quantités d’équilibre du marché.
4. Supposons que les 100 entreprises forment un monopole. Quel serait l’équilibre
du monopole ?
5. Calculez les surplus du consommateur, du producteur et social en situation de
concurrence pure et parfaite et de monopole.

Corrigés

Exercice A
1. Quel est l’équilibre du monopole ?
Puisque P = RM = 900 −10Y , alors RT = 900Y −10Y 2.

212 L’inefficacité sociale du monopole


La règle d’optimalité du monopole qui lui permet d’obtenir le point d’offre est Cm = Rm.

Thème 23
Cm = Rm ⇒10Y = 900 − 20Y ⇒ 30Y = 900 ⇒ Y o* = 30.
La valeur du point d’offre du marché est Y o = 30. Le prix du monopole est obtenu
à partir de la fonction de formation des prix P = 900 −10Y ⇒ P * = 900 −10 × 30 = 600 et
Π = RT − CT = 13470.
* * *

Tableau de synthèse

Π* Y o* P*

13 470 30 600

2. Supposons que le monopole adopte le comportement d’une entreprise en concurrence


pure et parfaite. Quel serait son équilibre ?
Si l’entreprise adopte le comportement en concurrence pure et parfaite, la règle
d’optimalité qui lui permet d’obtenir sa fonction d’offre est P = Cm, donc P = 10Y ⇒ Y o* = P /10.
La fonction d’offre du marché est Y o = P /10 et la demande Y d = 90 − P /10 . À l’équi-
libre l’offre tire la demande, ainsi le prix du marché à partir de l’égalité de l’offre et de
la demande du marché donne comme résultat :
Y o = Y d ⇒ P /10 = 90 − P /10 ⇒ 2P /10 = 90 ⇒ P * = 450 ,
Y * = P /10 = 45 et son profit Π * = RT * − CT * = 10095.

Tableau de synthèse

Π* Y o* P*

10 095 45 450

3. Comparez les équilibres de monopole et de concurrence pure et parfaite. Représentez


graphiquement ces équilibres.

ͮ Comparaison des marchés

Tableau de synthèse

Yi * Pi * Π *i

Marché de monopole 30 600 13 470

Marché de CPP 45 450 10 095

De la situation du monopole à celle de la concurrence pure et parfaite, l’avantage


pour le consommateur est que le prix est plus bas et les quantités allouées sont plus
importantes. Par contre pour l’entreprise, cette situation lui procure un profit plus faible.
Elle offre une quantité plus grande pour un prix plus bas. Le monopole pourrait rester

L’inefficacité sociale du monopole 213


Exercices dans cette situation, pour assurer les quantités d’unités supplémentaires Yc* −YM* = 5 , à la
seule condition que le prix proposé soit au-dessous de ses coûts moyens.

▶ Remarque
Il existe un coût social lié au pouvoir de monopole, car le monopole peut dépenser une partie
de son profit pour défendre sa position.

ͮ Représentation graphique des équilibres de l’entreprise

RT = 900Y −10Y 2 CT = 5Y 2 + 30

RM = P = 900 −10Y CM = 5Y + 30 / Y

Rm = 900 − 20Y Cm = 10Y

Figure 23.1
4. Calculez l’indice de Lerner.
L’indice de Lerner donne une indication du pouvoir de l’entreprise d’influencer le
prix du marché. Son calcul confirme bien ici cette caractéristique que chaque marché
présuppose.

Monopole CPP
Indice de Lerner L = ( P * − Cm ) / P *
0,5 0

Pouvoir Fort Aucun

214 L’inefficacité sociale du monopole


5. Calculez les surplus du consommateur, du producteur et social en situation de

Thème 23
concurrence pure et parfaite et en situation de monopole.

Synthèse des résultats des deux marchés

Y* P* Π*

Marché de CPP 45 450 10 095

Marché de monopole 30 600 13 470

Prix de réserve du consommateur 900

Prix de réserve du producteur 0

Figure 23.2

Tableau des surplus

SC SP SS = SP + SC

Zones 1, 2, 3 Zones 4, 5, 6
Marché
20 250
CPP (900 − 450) × 45 / 2 = 10 125 450 × 45 / 2 = 10 125

Zone 1 Zones 2, 4, 6
Marché
18 000
Monopole (900 − 600) × 30 / 2 = 4500 300 × 30 / 2 + 30 × ( 600 − 300 ) = 13500

Perte sèche
2 250
(Zones 3, 5)

On entend par efficacité la somme des surplus maximale. Selon la théorie néoclassique,
les biens sont alloués de manière efficiente uniquement dans le cadre d’un équilibre

L’inefficacité sociale du monopole 215


Exercices concurrentiel. Le calcul des surplus dans les deux types de marché montre l’inefficacité
de monopole (perte sèche de 2 250).

Exercice B
1. Déterminez la demande du marché.
La demande individuelle des consommateurs Yjd est une fonction du prix. Sur le
marché, ils ont tous le même comportement. La demande de marché est la somme de
l’ensemble des demandes individuelles, ainsi
Y d = 200 ×Yjd = 200 (10 − 0,5P ) = 2000 −100P
2. Déterminez la fonction d’offre d’une entreprise individuelle et l’offre du marché.
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en concurrence pure et
parfaite qui permet d’obtenir la fonction d’offre d’une entreprise représentative est Cm j = P .
C’est-à‑dire 2Yj = P ⇒ Yjo = P / 2. L’offre totale du marché est la somme de l’ensemble
des offres individuelles des producteurs Y o = 100 ×Yjo = 100P / 2 = 50P.
3. Déterminez le prix et les quantités d’équilibre du marché.
Le prix et les quantités d’équilibre du marché sont obtenus lorsque l’offre est égale
à la demande (Y d = Y o ).
2000 −100P = 50P ⇒ P * = 2000 /150 = 13,33
et Y d* = Y o* = 50 ×13,33 = 666,66
avec l’offre individuelle des firmes Yjo* = P / 2 = 6,666
Le profit individuel est Π *j = RT * − CT * = 13,33 × 6,666 − 40 − 6,6662 = 4, 422.
Le profit total réalisé sur le marché est Π * = 100 × Π *j = 100 × 4, 422 = 442,2.

Synthèse des résultats

Y* P* Π*

Entreprise 6,666 4,422


13,33
Secteur 666,6 442,2

4. Supposons que les 100 entreprises forment un monopole. Quel serait l’équilibre
du monopole ?
Déterminons la fonction du coût total du monopole unique, en posant que Y est la
( )
production de l’entreprise monopole, donc CT = 100 × CTj = 100 40 +Yj2 = 4000 +100Yj2 .
Puisque la production d’une entreprise composant le nouveau monopole est le
100e de la production totale, c’est-à‑dire Yj = Y /100 , exprimons le coût total en fonction
de la production du monopole et non plus de l’entreprise représentative. On obtient
CT = 4000 +100 (Y /100 ) = 4000 + 0,01Y 2.
2

Déterminons la fonction de demande inverse, Y d = 2000 −100P ⇒ P = 20 − 0,01Y = RM ,


on déduit par la suite que le revenu total est RT = PY = RM ×Y = (20 − 0,01Y )Y = 20Y − 0,01Y 2.

216 L’inefficacité sociale du monopole


La règle d’optimalité du monopole unique qui lui permet d’obtenir le point d’offre

Thème 23
est Cm = Rm.
C’est-à‑dire 0,02Y = 20 − 0,02Y ⇒ 0,04Y = 20 ⇒ Y * = 500 .
Le point d’offre du marché est Y o = 500 . Le prix du monopole unique est obtenu à
partir de la fonction de la formation des prix P = 20 − 0,01Y = RM ⇒ P * = 20 − 0,01× 500 = 15 et
son profit est Π * = RT * − CT * = 1000 .
5. Calculez les surplus du consommateur, du producteur et le surplus social en situation
de concurrence pure et parfaite et en situation de monopole.

Synthèse des résultats des deux marchés

Y* P* Π*

Marché de CPP 666,6 13,33 442,2

Marché de monopole 500 15 1 000

Prix de réserve du consommateur 20

Prix de réserve du producteur 0

Figure 23.3

Calcul des surplus

SC SP SS = SP + SC

Marché CPP (20 −13,33) × 666 / 2 = 2221,11 13,33 × 666 / 2 = 4 438,89 6 660

Marché
Monopole
(20 −15) × 500 / 2 = 1250 500 ×10 / 2 + 500 × (15 −10 ) = 5000 6 250

Perte sèche 410

L’inefficacité sociale du monopole 217


Focus Inefficacité versus efficacité du monopole
Il est possible qu’une entreprise qui ne possède que 50 % d’un marché puisse avoir
plus de pouvoir de marché qu’une entreprise qui possède 100 % d’un marché. La position
du monopole sur les marchés n’est pas illégale, c’est l’abus de cette position qui l’est. Ce
qui est corroboré par la condamnation en 2004 de Microsoft de 280,5 milliards d’euros
par les autorités européennes de Bruxelles. N. Korês, la commissaire européenne à la
concurrence, déclare « Je n’ai d’autre choix que d’appliquer une astreinte à ce cas de non-
respect persistant. Aucune entreprise n’est au-dessus des lois ».
Le pouvoir de marché du monopole, celui de fixer le prix au-dessus de son coût
marginal, est contraint par la demande du marché des consommateurs. Toutefois, ce
pouvoir lui permet d’imposer un équilibre qui lui est plus favorable au détriment du
consommateur et de son surplus. Ainsi, la situation de monopole est par conséquent le
plus souvent inefficace au sens de Pareto pour l’ensemble de la société en comparaison
à la situation de la concurrence pure et parfaite. Toutes les raisons concourent à penser
à cette inefficacité du monopole puisque le prix pratiqué par le monopole est plus élevé,
les quantités proposées sur le marché sont faibles et l’existence d’une perte sèche pour
la collectivité réduit le bien-être total. À côté de cela, la recherche continue à la rente
de situation, et accessoirement le manque d’incitation à la gestion et à l’innovation
concourent aussi à cette idée.
En regardant la dynamique de la situation de monopole, deux arguments corro-
borent toutefois à l’idée que cette situation peut être efficace.
Dans le cas d’un monopole naturel, il est moins coûteux de faire produire à une
seule entreprise plutôt qu’à plusieurs. En effet, la technologie de la firme en position
de monopole naturel présente des économies d’échelle suffisamment importantes pour
couvrir l’ensemble du marché, à un coût moyen de production plus faible que celui
qui résulterait de la concurrence entre plusieurs entreprises. C’est le cas des réseaux
ferroviaire, de gaz, d’électricité… Souvent, ces monopoles sont des monopoles publics
ou parapublics.
Le second argument est schumpétérien, qui se base sur l’idée que les grandes entre-
prises sont plus innovantes que les petites. Cette idée conforte la situation du monopole
d’innovation. En effet, le succès et la rente qu’apporte une innovation ne durent qu’un
temps. Une autre innovation et un autre monopole sont appelés à prendre la suite (voir
les marchés contestables). La position antérieurement acquise est érodée et l’entreprise
historique marginalisée. Par exemple, Apple a détrôné Nokia dans la téléphonie mobile
et Nintendo a déclassé Sega dans les consoles de jeux. Par ce jeu de « destruction créa-
trice », les positions dominantes des grandes entreprises naissent et disparaissent, elles
sont inévitablement temporaires. Notion à cependant relativisée.

218
En définitive, d’un point de vue dynamique, la perspective d’obtenir une position

Thème 23
de monopole (ou à tout le moins dominante) est justement ce qui incite les entreprises à
innover, en particulier à mettre au point de nouveaux produits ou de nouveaux modèles
d’affaires. L’innovation étant un puissant moteur de la croissance économique, ainsi
la condamnation des monopoles d’innovation (monopoles acquis par le mérite) irait à
l’encontre de l’intérêt général.

219
Thème 24
L’équilibre
du marché
en oligopole
Exercices Exercices

Exercice A
1. Définir les marchés d’oligopole.
2. Quelles sont les différences entre le duopole de Cournot et celui de Bertrand.

Exercice B
Soit un marché d’un bien Y qui représente du textile (Y d représente les quantités
de biens demandées, Y o représente les quantités de biens offertes). Sur le marché il y a
10 entreprises qui ont tous les mêmes coûts marginaux de production d’une valeur de 2 €.
La fonction de demande du marché est : Y d = 120 −10P.
1. Déterminez le prix, la production du marché et la production d’une entreprise.
2. Quel serait le prix et la production du cartel, la production et le profit d’une
entreprise avec une répartition uniforme. Puis une répartition en fonction des parts de
marché 30 %, 20 %, 15 % et 5 % pour 7 entreprises.
3. Supposons qu’une entreprise décide de ne pas respecter la stratégie de collusion
en choisissant un prix en dessus du prix du cartel de 25 cts d’euros. Déterminez le niveau
de son profit individuel.

Exercice C
Sur un marché sur lequel deux entreprises concurrentes produisent et vendent un
bien Y. L’entreprise 1 produit Y1 et l’entreprise 2 produit Y2 . La demande des consomma-
teurs sur le marché est donnée par la fonction de la forme Y d = 250 − 0,5P , avec Y d = Y1 +Y2 .
La fonction de coût de la première entreprise est CT1 = 20Y1 +1000 et de la seconde entreprise
est CT2 = 12Y2 +1000 .
1. En cas de collusion explicite des entreprises (Y1 = Y2 / 2), trouvez le niveau de produc-
tion qui maximise les profits des entreprises.
2. Les entreprises adoptent une stratégie non-coopérative à la Cournot, Calculez les
quantités d’équilibre en trouvant l’intersection des courbes de réaction.
3. Supposons que la première entreprise possède une position dominante de leader
au sens de Stackelberg. Déterminez la courbe de réaction de la deuxième entreprise.
Trouvez l’équilibre du marché et quels sont les profits des entreprises. Traitez aussi le
cas inverse. Que constatez-vous ?
4. Si les entreprises adoptent une stratégie de Bertrand, trouvez l’équilibre des
entreprises.

222 L’équilibre du marché en oligopole


Thème 24
Exercice D
Deux entreprises familiales Croisplus et Crosy sont en concurrence et vendent un
même produit différencié. Elles ont toute la même technologie pour produire ce bien dont
le coût total subit est de la forme CT = 5Yj . La fonction de demande du marché adressée à
l’entreprise Croisplus est Y1d = 100 − 2P1 + 3P2, tandis que celle adressée à l’entreprise Crosy est
Y2d = 120 − 2P2 + 2P1. En supposant que les entreprises adoptent une conjecture de Bertrand.
1. Rappelez la conjoncture de Bertrand.
2. Trouvez l’équilibre de Bertrand du marché.

Corrigés
▶ Conseils
– ( )
Exprimez toujours la fonction inverse de la demande P = f Y d pour calculer la recette
totale, ou vérifiez si elle est donnée sous cette forme.
– Vérifiez les conditions d’optimalité du marché (Rm = Cm) pour obtenir les fonctions de
réaction ou les quantités d’équilibre. Tout d’abord déduire les fonctions de réaction, puis
trouver l’intersection de ces fonctions de réaction.

Exercice A
1. Définir les marchés d’oligopole.
Le marché d’oligopole est un des marchés dit imparfaits, il désigne une forme
d’organisation de marché qui se caractérise par un petit nombre d’offreurs qui font
face à une multitude de demandeurs. Les offreurs développent des stratégies pour agir
et influencer le marché. Ces stratégies peuvent être coopératives ou non coopératives.
Lorsque le marché est réduit à deux offreurs, on parle de marché de duopole. Qui sont
des cas simplifiés des marchés d’oligopoles.
2. Quelles sont les différences entre le duopole de Cournot et celui de Bertrand.
Le modèle de duopole est défini par l’existence de deux entreprises qui font face
à une multitude de consommateurs. Chaque entreprise met en place une stratégie qui
interfère sur celle de l’autre dans la détermination des variables d’équilibre du marché.
Le modèle de Cournot comme celui de Bertrand sont deux modèles de duopole à stra-
tégie symétrique. On distingue les deux modèles à travers la stratégique adoptée et les
conjectures.
En ce qui concerne la variable stratégique, dans le duopole de Cournot, le choix
est basé sur la variable quantité. Et la détermination du prix du marché est réalisée,

L’équilibre du marché en oligopole 223


Exercices comme en concurrence pure et parfaite, par un commissaire-priseur qui détermine
le prix qui égalise l’offre globale à la demande globale. Par contre, dans le duopole de
Bertrand, le choix porte sur la variable prix. Et la quantité du marché des entreprises
s’ajuste à la demande du marché.
En ce qui concerne les conjectures des entreprises, dans le modèle de Cournot,
les entreprises optimisent leur stratégie quantité en supposant que la quantité offerte
par le concurrent ne dépend pas de la sienne (ce qui implique qu’ils anticipent le fait
que s’il baissait leur prix le concurrent le baisserait au même niveau) ; alors que dans le
modèle de Bertrand, les producteurs conjecturent que le prix du concurrent ne dépend
pas de la sienne.

Exercice B
1. Déterminez le prix, la production du marché et la production d’une entreprise.
Écrivons d’abord la fonction de demande inverse Y d = 120 −10P ⇒ P = RM = 12 −Y /10.
La condition décrite par l’exercice est celle d’une situation de concurrence pure et
parfaite. Dans cette situation, la règle d’optimalité du comportement d’une entreprise
qui lui permet d’obtenir la quantité d’offre optimale est Cm = P .
Par conséquent 2 = 12 −Y /10 ⇒ Y o* = 100 avec P * = 2 et la part de production chaque
entreprise est Yi * = Y * / n = 100 /10 = 10.

Entreprise Marché

P* 2

Y o* 10 100

Π *
180 1 800

ҵ Note
Le cartel confronte le coût unitaire du groupe à la demande du marché. Il bénéficie d’une rente
collective. Le partage de cette rente est source de conflits, d’entente et de négociation qui est
à l’origine de son instabilité.

2. Quel serait le prix et la production du cartel, la production et le profit d’une entre-


prise avec une répartition uniforme. Puis une répartition en fonction des parts de marché
30 %, 20 %, 15 % et 5 % pour 7 entreprises.
Le cartel est une situation économique qui correspond à l’entente formelle des
10 entreprises. Dans cette situation, leur comportement est identique à celui d’un mono-
pole sur le marché. La règle d’optimalité du comportement des entreprises dans cette
situation qui leur permet d’obtenir la quantité d’offre optimale est Cm = Rm.

224 L’équilibre du marché en oligopole


Rappelons que RT = RM ×Y = 12Y −Y 2 /10 . Donc si Cm = Rm ⇒ 2 = 12 − 2Y /10 ⇒ Y o* = 50

Thème 24
avec P * = 12 − 50 /10 = 7 et la part de la production de chaque entreprise Yi * = Y * / n = 50 /10 = 5.
Le profit d’une entreprise Πi* = P * ×Y * − CT * = 7 × 5 − 2 × 5 = 25.

Répartition uniforme et par part de marché

Entreprise Cartel 30 % 20 %, 15 % 5%

n 10 10 1 1 1 7

P* 7

Y o*
5 50 15 10 7,5 2,5

Π* 25 250 75 50 37,5 12,5

3. Supposons qu’une entreprise décide de ne pas respecter la stratégie de collusion


en choisissant un prix en dessus du prix du cartel de 25 cts d’euros. Déterminez le niveau
de son profit individuel.
Pour l’entreprise qui a choisi cette stratégie de non-collusion, si son prix proposé
est P = P * − 0,25 = 6,75, alors que la demande du marché est Y d = 120 −10P . Il en découle,
en remplaçant ce prix dans l’expression de la fonction de demande du marché, que
Y d = 120 −10 × 6,75 = 52,5. L’entreprise qui a choisi cette stratégie est gagnante. Cette situa-
tion peut être durable si cette stratégie n’est pas détectée.

Marché Marché Marché Entreprise


Entreprises
initial sans rebelle final rebelle

n 10 9 10 1

P* 7 7 et 6,75 6,75

Y o* 5 50 47,5 52,5 7,5

Π* 25 250 225 260,63 35,63

Exercice C
1. En cas de collusion explicite des entreprises (Y1 = Y2 / 2), trouvez le niveau de produc-
tion qui maximise les profits des entreprises.
Les deux entreprises se comportent comme un seul monopole de deux entreprises.
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise en situation de collusion qui lui
permet d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.
La fonction de la demande inverse est Y d = 250 − 0,5P ⇒ P = 500 − 2Y = RM .
On déduit que RT = (2Y + 500 )Y = 2Y 2 + 500Y .
La fonction de coût des deux entreprises est CT = CT1 + CT2 = 32Y + 2000.
Cm = Rm ⇒ 32 = 500 − 4Y ⇒ Y o* = 117

L’équilibre du marché en oligopole 225


Exercices On sait que Y o* = Y1o* +Y2o* = 117 avec Y1o* = Y2o* / 2, alors
Y2o* / 2 +Y2o* = 3Y2o* / 2 = 117 ⇒ Y2o* = 117 × 2 / 3 = 78 et Y1o* = Y2o* / 2 = 39.
Le prix commun proposé au marché est P * = 500 − 2Y = 500 − 2 ×117 = 266.

Synthèse

Entreprise 1 Entreprise 2 Total Cartel

P* 266 266

Y o*
39 78 117 117

Π* 8 594 18 812 27 406 25 378

Le partage du profit par le cartel est inférieur au profit total réalisé par une répar-
tition préalable des quantités par le cartel. Ceci est dû à l’imputation de la répartition
des coûts à l’ensemble des entreprises même si certains coûts ne sont pas des coûts
inhérents à son activité.
2. Les entreprises adoptent une stratégie non-coopérative à la Cournot. Calculez les
quantités d’équilibre en trouvant l’intersection des courbes de réaction.
Puisque Y d = Y1 +Y2 , la fonction de demande inverse est P = 500 − 2Y1 − 2Y2 .
D’où les recettes RT1 = 500Y1 − 2Y12 − 2Y2Y1 et RT2 = 500Y2 − 2Y22 − 2Y1Y2 .
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise qui lui permet d’obtenir sa
quantité d’offre est Cm = Rm.

ͮ Application à l’entreprise n° 1
Cm1 = Rm1 ⇒ 20 = 500 − 4Y1 − 2Y2 ,
d’où l’équation de réaction : 480 = 4Y1 + 2Y2 ⇒ Y1 = 120 − 0,5Y2 ou 120 = Y1 + 0,5Y2 .

ͮ Application à l’entreprise n° 2
Cm2 = Rm2 ⇒12 = 500 − 4Y2 − 2Y1,
d’où l’équation de réaction : 488 = 2Y1 + 4Y2 (ou 244 = Y1 + 2Y2, Y2 = 122 − 0,5Y1).
Par conséquent, le système des fonctions de réaction des deux entreprises est :
⎧ 120 = Y1 + 0,5Y2
⎨ 244 = Y + 2Y
⎩ 1 2

La résolution par soustraction et substitution de ces deux équations donne les


quantités optimales des entreprises Y1* = 78,67 et Y2* = 82,66 qui maximisent leur profit.

Synthèse

Entreprise 1 Entreprise 2

P* 177,34

Y o* 78,67 82,66

Π* 12 377,9 13 667

226 L’équilibre du marché en oligopole


Thème 24
Figure 24.1
3. Supposons que la première entreprise possède une position dominante de leader au
sens de Stackelberg. Déterminez la courbe de réaction de la deuxième entreprise. Trouvez
l’équilibre du marché et quels sont les profits des entreprises. Traitez aussi le cas inverse.
Que constatez-vous ?

ͮ Premier cas
Supposons que l’entreprise n° 1 joue le rôle de leader au sens de Stackelberg, elle
décide librement de son niveau de production. Pour l’entreprise n° 2, la détermination de
sa production est contrainte par celui du niveau du leader. Elle décidera de son niveau
de production après la décision du leader.
On sait que pour l’entreprise n° 2 sa fonction de réaction est Y2 = 122 − 0,5Y1.
Transformons la fonction de demande inverse du marché pour trouver l’offre de l’entre-
prise n° 1
P = 500 − 2Y1 − 2Y2 = 500 − 2Y1 − 2 (122 − 0,5Y1 ) = 256 − 2Y1 +Y1 = 256 −Y1. D’où RT1 = 256Y1 −Y12 .
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise leader qui permet d’obtenir
sa quantité d’offre est Cm1 = Rm1.
Cm1 = Rm1 ⇒ 20 = 256 − 2Y1 d’où 236 = 2Y1 ⇒ Y1o* = 118 qui donne son niveau de production.
Une fois la quantité du leader fixée et connue, l’entreprise n° 2 réagit comme suit : puisque
Y2 = 122 − 0,5Y1 alors Y2o* = 122 − 0,5 ×118 = 63.

Entreprise n° 1 Entreprise n° 2

P * = 500 − 2Y1o* − 2Y2o* 138 Total

Y o* 118 63 181

Π *
12 924 6 938 19 862

L’équilibre du marché en oligopole 227


Exercices ͮ Deuxième cas
Supposons que l’entreprise n° 2 joue le rôle de leader au sens de Stackelberg. On
sait que pour l’entreprise n° 1 sa fonction de réaction est Y1 = 120 − 0,5Y2. Transformons la
fonction de demande inverse du marché pour trouver l’offre de l’entreprise n° 2
P = 500 − 2Y1 − 2Y2 = 500 − 2 (120 − 0,5Y2 ) − 2Y2 = 260 − 2Y2 +Y2 = 260 −Y2 . D’où RT2 = 260Y2 −Y22 .
La règle d’optimalité du comportement de l’entreprise leader qui permet d’obtenir
sa quantité d’offre est Cm2 = Rm2 .
Cm2 = Rm2 ⇒12 = 260 − 2Y1 d’où 248 = 2Y2 ⇒ Y2o* = 124 qui donne son niveau de produc-
tion. Une fois la quantité du leader fixée et connue, l’entreprise n° 1 réagit comme suit :
puisque Y1 = 120 − 0,5Y2 alors Y1o* = 120 − 0,5 ×124 = 58.

Entreprise n° 1 Entreprise n° 2

P * = 500 − 2Y1o* − 2Y2o* 136 Total

Y o* 58 124 182

Π* 5 728 14 376 20 104

Les coûts de chaque entreprise leader influencent les résultats du marché. Les
leaders en décidant d’obtenir une grande part de marché (quantité offerte) mettent de
facto en place une politique de fixation de prix qui a pour conséquence d’offrir plus de
quantités au marché, ce qui est l’inverse pour le second à fixer bas ses quantités offertes.

Figure 24.2
4. Si les entreprises adoptent une stratégie de Bertrand, trouvez l’équilibre des
entreprises.

▶ Remarque
L’équilibre de Bertrand dans le cas d’un marché de biens homogènes est un équilibre concurrentiel
tel que Cm = P1 = P2 . Ce qui implique que les entreprises offrent sur le marché les mêmes quantités.

228 L’équilibre du marché en oligopole


La fonction de demande qui s’adresse aux entreprises est la même, toutefois il y a

Thème 24
une asymétrie des coûts qui permet à chacun de baisser le prix pour capter la demande
des consommateurs. Le jeu des entreprises est de proposer une guerre des prix. Le cas
à traiter est celui de l’équilibre de Bertrand avec un bien homogène. Ce dernier est un
équilibre concurrentiel sous certaines conditions. C’est le prix auquel elles ne doivent
pas descendre.
Les données de l’exercice ne sont pas exactement dans l’esprit de la condition d’uti-
lisation de la situation analysée par Bertrand. Les hypothèses du modèle de Bertrand
sont normalement : les entreprises sont de même taille, produisent des biens homogènes,
l’entreprise doit baisser le prix pour générer une demande supérieure du marché vers elle
pour augmenter son profit. Elle est en capacité de répondre à cet afflux de la demande.

ҵ Note
Le Paradoxe de Bertrand est de décrire un équilibre concurrentiel avec deux entreprises
price-makers qui pratiquent la guerre des prix. Une description réaliste (la fixation des prix et
non des quantités à la Cournot) qui met en concurrence deux entreprises et curieusement qui
aboutissent à une tarification au coût marginal. Ce paradoxe sera résolu dans le cas général en
1983 par D. Kreps et J. Scheinkman.

La guerre de prix n’aura pas lieu, le jeu proposé par la question supprime un
concurrent.
En effet, trois conditions sont proposées par l’analyse de Bertrand. On sait que
l’offre sur le marché est égale à la demande Y d = Y1O +Y2O .
   Si P1 < P2 ⇒ Y1O = Y d , Y2O = 0
Si P1 > P2 ⇒ Y1O = 0, Y2O = Y d
Si P1 = P2 ⇒ Y1O = Y2O = Y d / 2
La maximisation du profit de chaque entreprise est décrit par la règle optimale P = Cmi.
Une Application à l’entreprise n° 2
Cm2 = P ⇒12 = 500 − 2Y d’où Y1o* = 488 / 2 = 244 avec P = 12

Entreprise n° 1 Entreprise n° 2

P * = 500 − 2Y1o* − 2Y2o* 20 12 Total

Y o* 0 244 244

Π* 0 –1 000 –1 000

L’équilibre du marché en oligopole 229


Exercices Exercice D
1. Rappelez la conjecture de Bertrand.
Chez Bertrand, les entreprises sont prêtes à répondre à toute la demande émanant
du marché. À l’inverse de l’approche de Cournot, ici la variable stratégique est le prix
pour accroître son profit. L’entreprise projette que le concurrent ne modifiera pas le prix
de vente qu’il a annoncé (ou qu’elle a pris en compte). Alors, théoriquement, la baisse
du prix dans cette situation peut permettre à une entreprise menant une politique de
prix agressive de gagner des parts de marché et de répondre à la totalité de la demande
du marché.
2. Trouvez l’équilibre de Bertrand du marché.
Les entreprises ont un comportement non coopératif. La règle d’optimalité permet-
tant à l’entreprise d’obtenir sa quantité d’offre est Cm = Rm.

Application à Croisplus
La fonction de demande que l’entreprise n° 1 perçoit est Y1d = 100 − 2P1 + 3P2. On déduit
que sa recette totale est RT1 = P1Y = P1 (100 − 2P1 + 3P2 ) = 100P1 − 2P12 + 3P2 P1. Par ailleurs ses coûts
totaux sont CT = CT1 = 5Y1 = 500 −10P1 +15P2 .
Donc Cm = Rm ⇒ −10 = 100 − 4P1 + 3P2 ⇒ −110 = −4P1 + 3P2 .

Application à Crosy
La fonction de demande que l’entreprise n° 2 perçoit est Y2d = 120 − 2P2 + 2P1 , et sa
recette totale est RT2 = P2Y = P2 (120 − 2P2 + 2P1 ) = 120P2 − 2P22 + 2P2 P1.
Par ailleurs ses coûts totaux sont CT = CT2 = 5Y2 = 600 −10P2 +10P1.
Donc Cm = Rm ⇒ −10 = 120 − 4P2 + 2P1 ⇒ −130 = −4P2 + 2P1.

Équilibre du marché
⎧ −110 = −4P1 + 3P2
⎨ −130 = −4P + 2P
⎩ 2 1

Résoudre le système de deux équations par substitution donne la solution des prix
d’équilibre 74 = P2* et P1* = 83.

Synthèse

Croisplus Crosy

P *
83 74

Y o* 156 138

Π* 12 168 9 522

230 L’équilibre du marché en oligopole


Focus
Le marché d’oligopole
1. Caractéristiques
La réalité des affaires montre que la plupart des secteurs (industriels comme
de services) peuvent être analysés à travers les préceptes d’un marché d’oligopole.
L’oligopole désigne une situation de marché caractérisée par l’existence d’un petit nombre
d’entreprises qui font face à une multitude de consommateurs. Les cas les plus simples
connus et étudiés sont les duopoles. Sur les marchés les entreprises s’opposent vivement
et mettent en œuvre des stratégies qui prennent des formes d’entente, de collusion et
d’affrontement. Ce type de marché est caractérisé par :
− Une concurrence qui instaure une stratégie tarifaire des entreprises avec l’existence
des barrières à l’entrée. Ces barrières peuvent être les économies d’échelle, des
brevets, l’accès à la technologie spécialisée. En prenant des décisions stratégiques,
chaque entreprise doit tenir compte des réactions de ses concurrents dans ses
propres décisions.
− Les productions réalisées sur le marché peuvent être différenciées (cas d’une
collusion, du duopole de Bertrand) ou homogènes (cas d’une collusion, du duopole
de Cournot, du duopole de Stackelberg et de Bertrand)

2. Typologie des marchés d’oligopole

Oligopole coopératif ou de collusion


La collusion (ou cartel) est une situation de marché où des entreprises s’entendent
pour réaliser des profits supérieurs aux profits qu’elles devraient obtenir en situation
de concurrence. Pour atteindre ce but, la production doit être au-dessus du niveau
concurrentiel. Elles peuvent réaliser cette stratégie de manière explicite (entente sur
des prix, des quantités, des capacités de produire) ou tacite. Le cartel fonctionne comme
un monopole avec une définition d’un quota de réparation de la production.

Duopole de Cournot
Le duopole de Cournot ou le duopole des choix simultanés de production sur un
marché, est un modèle avec deux entreprises qui produisent un même bien homogène
et vendent ce bien au prix du marché. Chaque entreprise doit décider sans coopération
combien elle produit (stratégie quantité) en considérant la production des autres entre-
prises comme fixes. Le jeu du marché est là pour fixer le prix.

Duopole de Stackelberg
Le duopole de Stackelberg ou le duopole du choix séquentiel du leadership en quantité,
est un modèle où les entreprises n’ont pas la même taille. Il donne l’avantage à un leader
du marché. Une entreprise en position de leader sur le marché choisit sa production en

231
Focus premier avant l’autre ; après l’entreprise dite suiveuse, observe la production de l’entre-
prise dite leader et choisit alors son niveau de production. Comme l’entreprise leader a
anticipé et planifié la réaction de l’entreprise suiveuse, elle a un avantage stratégique
en forçant l’entreprise suiveuse à répondre en conséquence.

Figure 24.3

Duopole de Bertrand
Le duopole de Bertrand ou duopole de choix simultané par les prix, est un modèle
où les prix proposés par les entreprises sont potentiellement différents alors que les biens
sont parfaitement homogènes, ou différenciés. Chaque entreprise sert toute la demande
qui s’adresse à elle. Les entreprises fixent les prix et laissent le marché déterminer les
quantités. Pour augmenter son profit l’entreprise baisse ses prix ce qui a pour consé-
quence d’augmenter la demande pour faire face au succès.
− Pour des biens homogènes, l’équilibre de Bertrand est un équilibre concurrentiel
(tarification au coût marginal). Au départ, si les entreprises proposent le même
prix au-delà du coût marginal et que leur production est identique ; une entre-
prise réalisera sûrement qu’elle peut s’accaparer toutes les ventes du marché en
proposant un prix légèrement moins cher que son concurrent. Le concurrent aura
aussi le même comportement (proposition d’un prix inférieur qui reste supérieur
au coût marginal). Elles savent que le seul prix en dessous duquel elles ne veulent
pas descendre est le prix concurrentiel (P = Cm). L’équilibre de Bertrand obtenu ici,
en égalisant les courbes de réaction, est un équilibre concurrentiel.
− Pour des biens différenciés, le comportement des entreprises ressemble à la situa-
tion de concurrence monopolistique. Chaque entreprise a une courbe demande
décroissante pour son bien qui dépend autant de son propre prix que des prix de
ses concurrents. L’équilibre de Bertrand obtenu ici, en égalisant les courbes de
réaction, est un équilibre non concurrentiel. Les prix sont supérieurs aux coûts
marginaux, mais ils sont inférieurs au prix de monopole.

232
Thème 25
L’équilibre général
en économie
d’échange
Exercices Exercices

Exercice A
Soit deux biens (x et y) de consommation courante, x représente des litres d’eau et
y représente des sachets de gâteaux individuels. Pour se rendre, sur le Pâquier en plein
air, à une séance d’ouverture du festival film d’animation deux amis de longue date (Julie
et Marc) se préparent en faisant leur sac à dos : Julie met dans son sac à dos 5 sachets de
gâteaux et 12 litres d’eau, tandis que Marc met dans son sac 10 sachets de gâteaux et 5 litres
d’eau. En absence de coût de transaction, les deux amis vont échanger pour obtenir une
composition idéale en fonction de leur besoin.
1. En supposant que les biens sont substituables, construire la boîte d’Edgeworth
montrant les dotations initiales des deux consommateurs et les courbes d’indifférences
passant par le point des dotations.
2. Que constatez-vous ?

Exercice B
L’économie est composée de deux consommateurs dont les données sont consignées
dans le tableau ci-dessous.

Agents A B

Dotations WxA = 3 WyA = 10 WxB = 12 WxB = 5

Utilité U = 3xy U = x2y

Marché Période 1 Période 2

Px = 1 Py = 2 Px = 2 Py = 2

1. Donnez les équations des courbes d’utilité des consommateurs.


2. Construire la boîte d’Edgeworth. Que déduisez-vous ?
3. Vérifiez à l’aide de la condition d’optimalité que la situation initiale n’est pas
optimale. Déduire l’équation du contrat.
4. Trouvez l’équilibre général et donnez les demandes nettes.
5. Quel est l’équilibre général après le changement des prix ? Que constatez-vous ?
6. Construire le diagramme d’Edgeworth qui représente les équilibres généraux.

234 L’équilibre général en économie d’échange


Thème 25
Exercice C
L’économie est composée de deux consommateurs dont les données sont consignées
dans le tableau ci-dessous.

Agents A B

Dotations WxA = 2 WyA = 2 WxB = 2 WxB = 2

Utilité U = Lnx / 3 + 2Lny / 3 U = Lnx 2 / 2 + Lny 2 / 2

1. Rappelez le critère de Pareto.


2. Déterminez l’équation de la courbe des contrats des consommateurs.
3. Trouvez le rapport du prix ainsi que les quantités consommées par chaque
consommateur au point d’équilibre des marchés. Vérifiez que cet équilibre est un
optimum de Pareto.
4. Construire le diagramme d’Edgeworth qui représente l’équilibre.

ҵ Note
Le terme d’échange schématise une économie particulière où chaque participant dispose d’une
quantité fixe de chacun des biens sans décrire le système productif qui a permis de les produire
et du système de les distribuer. Les quantités disponibles sont initialement réparties entre les
participants et on montre comment les échanges peuvent s’organiser. Le but est de montrer la
pertinence du fonctionnement des marchés en concurrence.

Corrigés

Exercice A
1. En supposant que les biens sont substituables, construire la boîte d’Edgeworth en
montrant les dotations initiales des deux consommateurs et les courbes d’indifférences
passant par le point des dotations.
Si les biens sont substituables, généralement les fonctions d’utilités des deux consom-
mateurs auront forcément la forme U ( x, y ) = xy . Supposons que les deux consommateurs
ont la même expression d’utilité, posons alors que la fonction de Julie sera U J ( x, y ) = xy
et la fonction de Marc UM ( x, y ) = xy .

L’équilibre général en économie d’échange 235


Exercices Tableau des données

Agents Julie Marc

Dotations WxJ = 12 WyJ = 5 WxM = 5 WyM = 10

Utilité U J = xy UM = xy

On déduit, à partir des dotations initiales, la forme des fonctions d’utilité et les
équations des courbes d’indifférence comme ce qui suit :
U J = 60 = 12 × 5 ⇒ y = 60 / x
et UM = 50 = 5 ×10 ⇒ y = 50 / x

Tableau des valeurs

x 2,9 10 5 15
Marc y = 50 / x
y 17 5 10 3,3

x 4 10 12 15
Julie y = 60 / x
y 15 6 5 4

ҵ Attention
Bien vérifier l’égalité entre la longueur des axes de chaque variable et la somme des dotations
en biens des deux agents.

Figure 25.1

236 L’équilibre général en économie d’échange


2. Que constatez-vous ?

Thème 25
Le point décrit par les dotations initiales ne constitue pas un équilibre d’échange.
Julie et Marc sont obligés d’échanger. Ceci sous l’hypothèse de la rationalité, en cherchant
les combinaisons les plus favorables en liaison avec leur utilité, ce qui respecterait leur
satisfaction. La zone d’échange mutuel et favorable est constituée par la zone interne
décrite par la lentille schématisée par les deux courbes d’utilité. Tous les poussent à
échanger dans cette zone, il s’agit de la forme des courbes et de la rationalité intrinsèque
des consommateurs qui préfèrent toujours plus qu’à moins.

Exercice B
1. Donnez les expressions des courbes d’utilité des consommateurs.
Les courbes d’utilité représentent graphiquement les préférences des consommateurs.

Agents A B

Dotations WxA = 3 WyA = 10 WxB = 12 WxB = 5

Utilité U = 3xy U = x2y

Les biens x et y sont substituables, trouvons d’abord le niveau d’utilité de la fonc-


tion. Introduisons pour cela les valeurs des dotations initiales dans la fonction d’utilité
(multiplication des données), puis déduisons par la suite l’équation de la fonction de la
courbe d’indifférence.
U A = 90 = 3xy ⇒ y = 30 / x et UB = 720 = x 2 y ⇒ y = 720 / x 2
2. Construire la boîte d’Edgeworth. Que déduisez-vous ?
La boîte d’Edgeworth est ici une boîte rectangulaire de taille de la somme des
dotations. Pour la construire, on place deux repères, un à l’endroit et un autre à l’envers.
Chacun des repères représente un agent. On commence à placer les dotations initiales
des deux consommateurs qui sont résumés par un point confondu W, puis les courbes
d’inférence des consommateurs. Cette boîte va permettre de visualiser les forces qui
poussent les deux consommateurs à échanger un bien contre un autre dans le but
d’accroître simultanément leurs satisfactions respectives.

L’équilibre général en économie d’échange 237


Exercices

Figure 25.2
Le fait que les courbes d’indifférence des consommateurs ne sont pas tangentes, les
dotations allouées aux consommateurs ne constituent pas une situation d’équilibre. Par
nécessité, les consommateurs ont la volonté d’échanger. Cette volonté est représentée
graphiquement par l’existence des opportunités d’échange mutuellement avantageuses
de la lentille.
3. Vérifiez à l’aide de la condition d’optimalité que la situation initiale n’est pas
optimale. Déduire l’équation des contrats.
Dans une économie d’échange, la condition d’optimalité est obtenue lorsqu’il y
a une égalité des TMS de chaque agent : TMSA = U x′ / U y′ = y A / x A et TMSB = U x′ / U y′ = 2y B / x B .

Les données de la situation initiale

Agents A B

Dotations WxA = 3 WyA = 10 WxB = 12 WyB = 5

On constate que TMSA = y A / x A = 10 / 3 ≠ TMSB = 2y B / x B = 10 /12, alors cette situation ne


place pas les deux consommateurs dans une situation optimale. Tous deux peuvent
accéder à une répartition plus satisfaisante en échangeant leur surplus, trop de bien x
pour l’agent B et trop de bien y pour l’agent A.

▶ Définition
L’équation du contrat est l’équation de la courbe qui représente le sentier des choix des meil-
leures opportunités d’échanges parmi toutes les opportunités d’échanges possibles auxquelles
les consommateurs pourront s’adonner.

238 L’équilibre général en économie d’échange


La courbe des contrats correspond à une condition d’optimalité : TMSA = TMSB .

Thème 25
On sait que y A / x A = 2y B / x B ⇒ y A / x B = 2y B / x A . Sachant que les demandes des biens
sont compatibles avec les quantités disponibles dans l’économie x A + x B = 15 et y A + y B = 15.
Alors y A x B = 2y B x A ⇒ y A (15 − x A ) = 2(15 − y A )x A
⇒15y A − y A x A = 30x A − 2y A x A ⇒15y A + y A x A = 30x A
⇒ y A (15 + x A ) = 30x A ⇒ y A = 30x A / (15 + x A )

Tableau des valeurs

xA 0 3 10 15

yA 0 5 12 15

Figure 25.3
Sur cette courbe, il n’existe aucune autre allocation des biens qui augmente l’uti-
lité d’un consommateur sans provoquer une baisse de celle de l’autre consommateur
(optimum de Pareto).
4. Trouvez l’équilibre général et donnez les demandes nettes.

▶ Conseil
Évaluez les dotations initiales aux différents prix du marché avant de trouver les réponses à
l’équilibre des consommateurs.

L’équilibre général en économie d’échange 239


Exercices Agents A B

Dotations WxA = 3 WyA = 10 WxB = 12 WxB = 5

Évaluation
PxWxA = 3 PyWyA = 20 PxWxB = 12 PyWyB = 10
de la dotation

Utilité U = 3xy U = x2y

Marché Px = 1 Py = 2

Pour le consommateur A, son programme est : Max3xy s.c.23 = x + 2y. Sa résolution


donne le système :
⎧ U x′ / U y′ = y / x = 1/ 2 ⎧ 2y = x ⎧ 0 = − x + 2y
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨ ⇒ 4 y = 23
⎩ 23 = x + 2y ⎩ 23 = x + 2y ⎩ 23 = x + 2y
Avec x A* = 23 / 2 et y A* = 23 / 4 comme solution.
Pour le consommateur B, son programme est : Max x 2 y s.c. 22 = x + 2y. Sa résolution
donne le système :
⎧ U x′ / U y′ = 2y / x = 1/ 2 ⎧ 4y = x ⎧ 0 = −x + 4y
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨ ⇒ 6y = 22
⎩ 22 = x + 2y ⎩ 22 = x + 2y ⎩ 22 = x + 2y
Avec x B* = 44 / 3 et y B* = 11/ 3 comme solution.

Synthèse des résultats

Agents A B

Dotations WxA = 3 WyA = 10 WxB = 12 WxB = 5

Demande x A* = 23 / 2 y A* = 23 / 4 x B* = 44 / 3 y B* = 11/ 3

Utilité U * = 3xy = 198,375 U = x 2 y = 788,74

240 L’équilibre général en économie d’échange


Thème 25
Figure 25.4
Dans une économie d’échange, pour l’agent A, on appelle demande nette d’un bien
(ou demande excédentaire) la différence entre la demande optimale et la dotation initiale
en ce bien. Pour le bien x, cette demande est notée z xA = x A* − w xA . Sa valeur est soit positive,
négative ou nul. Ce résultat dépend des prix relatifs du marché.

Synthèse des résultats

Marché Px = 1 Py = 2

Agents A B

Demande
z xA = x A* −WxA = 8,5 z yA = y A* −WyA = −4,25 z xB = x B* −WxB = 2,66 z yB = y A* −WyB = −1,33
nette

5. Quel est l’équilibre général après changement des prix ? Que constatez-vous ?
Seul le prix du bien x change. Pour la deuxième période du marché, le ratio objectif
devient Px / Py = 1.
Ainsi, pour le consommateur A, son programme est : Max3xy s.c. 26 = 2x + 2y . Sa
résolution donne le système :
⎧ U x′ / U y′ = y / x = 1 ⎧ y=x ⎧ 0 = −x + y
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨ ⇒ 3y = 26
⎩ 26 = 2x + 2y ⎩ 26 = 2x + 2y ⎩ 26 = 2x + 2y
Avec x A* = 13 / 2 et y A* = 13 / 2 comme solution.
Pour le consommateur B, son programme est : Max x 2 y s.c. 34 = 2x + 2y. Sa résolution
donne le système :
⎧ U x′ / U y′ = 2y / x = 1 ⎧ 2y = x ⎧ 0 = x − 2y
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨ ⇒ 3x = 34
⎩ 34 = 2x + 2y ⎩ 34 = 2x + 2y ⎩ 34 = 2x + 2y
Avec x B* = 34 / 3 et y B* = 17 / 3 comme solution.

L’équilibre général en économie d’échange 241


Exercices Synthèse des résultats

Agents A B

Dotations WxA = 3 WyA = 10 WxB = 12 WxB = 5

Demande x A* = 13 / 2 y A* = 13 / 2 x B* = 34 / 3 y B* = 17 / 3

Demande
z xA = 1,33 z yA = −5,6 z xB = −0,66 z yB = 0,66
nette

Utilité U * = 3xy = 126,75 U = x 2 y = 727,85

Cette situation nouvelle fait baisser les niveaux d’utilité des consommateurs et
rend compatibles les choix des consommateurs à l’équilibre optimal. Cette solution est
sur la courbe de contrat.
6. Construire le diagramme d’Edgeworth qui représente les équilibres généraux.

Figure 25.5

Exercice C
1. Rappelez le critère de Pareto.
Le critère de Pareto est un critère de comparaison d’états d’équilibre d’une
économie. Un équilibre est dit optimum de Pareto si, primo cet équilibre est réalisable,
et secundo qu’à partir de cet équilibre, il n’est plus possible d’augmenter la satisfaction
d’un individu sans diminuer celle d’un autre.
2. Déterminez l’équation de la courbe des contrats des consommateurs.
L’équation des contrats représente la courbe du sentier des choix des meilleures
opportunités d’échanges parmi toutes les opportunités d’échanges possibles auxquelles les
consommateurs pourront s’adonner.

242 L’équilibre général en économie d’échange


▶ Conseils

Thème 25
La dérivée d’un logarithme népérien est donnée par Lnx ′ = 1/ x , donc (Lnx / 3)′ = 1/ 3 × Lnx ′ = 1/ 3x,
et de manière générale Lnu ′ = u ′ / u.

TMSA = (1/ 3x ) / (2 / 3y ) = y / 2x et TMSB = (2x / 2x 2 ) / (2y / 2y 2 ) = y / x


TMSA = TMSB = y A / 2x A = y B / x B ⇒ y A x B = 2y B x A
x A + x B = 4 et y A + y B = 4
Alors y A x B = 2y B x A ⇒ y A (4 − x A ) = 2(4 − y A )x A
⇒ 4 y A − y A x A = 8x A − 2y A x A ⇒ 4 y A + y A x A = 8x A
⇒ y A ( 4 + x A ) = 8x A ⇒ y A = 8x A / ( 4 + x A )
Cette courbe passe par les origines des repères des deux consommateurs, en calcu-
lant sa dérivée première et seconde ( y A′ = 32 / ( 4 − x A ) > 0 et y A′′ = −64 / ( 4 − x A ) < 0) la courbe
2 3

est croissante et concave.


3. Trouvez le rapport du prix ainsi que les quantités consommées par chaque consom-
mateur au point d’équilibre des marchés. Vérifiez que cet équilibre est un optimum de Pareto.

ͮ Recherche des choix optima


Pour le consommateur A, son programme est :
Max Lnx / 3 + 2Lny / 3 s.c. 2P1 + 2P2 = xP1 + yP2 . Sa résolution donne le système :
⎧ U x′ / U y′ = y / 2x = P1 / P2 ⎧ yP2 = 2xP1 ⎧ 0 = − yP2 + 2xP1
⎨ 2P + 2P = xP + yP ⇒⎨ ⇒⎨
⎩⎪ 1 2 1 2 ⎩ 2P1 + 2P2 = xP1 + yP2 ⎩ 2P1 + 2P2 = xP1 + yP2
Avec x A* = (2P1 + 2P2 ) / 3P1 et y A* = ( 4P1 + 4P2 ) / 3P2 comme solution.
Pour le consommateur B son programme est :
Max Lnx 2 / 2 + Lny 2 / 2 s.c. 2P1 + 2P2 = xP1 + yP2. Sa résolution donne le système :
⎧ U x′ / U y′ = y / x = P1 / P2 ⎧ yP2 = xP1 ⎧ 0 = − yP2 + xP1
⎨ 2P + 2P = xP + yP ⇒⎨ ⇒⎨
⎩⎪ 1 2 1 2 ⎩ 2P1 + 2P2 = xP1 + yP2 ⎩ 2P1 + 2P2 = xP1 + yP2
Avec x B* = (2P1 + 2P2 ) / 2P1 et y B* = (2P1 + 2P2 ) / 2P2 comme solution.

ͮ Équilibre général des marchés


Les quantités consommées sur chaque marché sont égales aux quantités disponibles
x A* + x B* = 4 donc (2P1 + 2P2 ) / 3P1 + (2P1 + 2P2 ) / 2P1 = 4
y A* + y B* = 4 donc ( 4P1 + 4P2 ) / 3P2 + (2P1 + 2P2 ) / 2P2 = 4
Posons que le bien n° 1 est le numéraire, par conséquent son prix est forcément
P1 = 1, alors sur le marché x on a (2 + 2P2 ) / 3 + (2 + 2P2 ) / 2 = 4 ⇒ 4 + 4P2 + 6 + 6P2 = 24 , et donc
P2 = 14 /10. Ce qui implique que les prix relatifs P1 / P2 = 10 /14. Si le marché du bien x est
équilibré, selon la loi de Walras le marché du bien y l’est aussi.

L’équilibre général en économie d’échange 243


Exercices Synthèse des résultats

Agents A B

Dotations WxA = 2 WyA = 2 WxB = 2 WxB = 2

Demande x A* = 1,6 y A* = 2,3 x B* = 2, 4 y B* = 1,7

Dans une économie d’échange, la condition d’optimalité de Pareto est obtenue


lorsqu’il y a une égalité des TMS de chaque agent à l’équilibre, ou lorsque les points
optima obtenus sont compatibles avec l’équation de la courbe des contrats. Vérifions
les deux propositions.
− Pour la proposition n° 1
TMSA = y A / 2x A = 2,3 / (2 ×1,6 ) = 0,7 = TMSB = y B / x B = 1,7 / 2, 4 = 0,7
− Pour la proposition n° 2
Remplaçons la valeur de x dans l’équation de la courbe des contrats y A = 8x A / ( 4 + x A )
pour obtenir la valeur de y, ou faire l’inverse.

Proposition n°2a Proposition n°2b

y A = 8 ×1,6 / ( 4 +1,6 ) ⇒ y A* = 2,3 2,3 = 8x A / ( 4 + x A ) ⇒ 2, 4 ( 4 + x A ) = 8x A


⇒ 9,2 = 5,7x A ⇒ x A* = 9,2 / 5,7 = 1,6

4. Construire le diagramme d’Edgeworth qui représente les équilibres.

Figure 25.6

244 L’équilibre général en économie d’échange


Focus
L’équilibre général versus l’équilibre partiel
1. Dépassement de l’équilibre partiel
Dans l’analyse de l’équilibre partiel des marchés, les quantités échangées et les
prix du bien considéré sont les seules variables d’actions. En revanche les fonctions
d’utilité, les revenus des consommateurs, les fonctions de production des producteurs,
les prix des facteurs de production et les prix des autres biens sont des paramètres. Dans
ce contexte, l’analyse des différents effets des changements des prix, de revenu sur la
demande des différents biens et des réactions de l’offre à des changements des prix des
facteurs est mise en lumière.
Un simple changement de prix peut déplacer les courbes de demande ou d’offre
provoquant d’autres changements en cascades sur des marchés liés. Ces changements
peuvent à leur tour déplacer la courbe de demande ou d’offre sur le marché initiateur
du mouvement de modification. L’équilibre général étudie ces interactions.
On ne peut alors en rester à des études séparées de chaque marché. En effet, rien
ne garantit la compatibilité des prix ainsi déterminés de manière isolée. Sauf dans des
cas particuliers, par exemple, dans le cas de deux marchés, si les interactions sont très
faibles, l’analyse de l’équilibre partiel est une bonne approximation utile de l’équilibre
général. Souvent, l’intérêt est porté que sur des changements qualitatifs de la hausse
ou de la baisse des prix. Dans ce cadre, l’analyse partielle donne des résultats utiles qui
répondent à cette question.
Cependant, si les marchés sont étroitement liés, on doit tenir compte des interactions
des marchés. L’économie d’échange est une première réponse simple à cette question
avant d’entamer le cadre général de l’analyse walrasienne de l’équilibre général qui
est plus complexe.
L’économie d’échange désigne une représentation schématique d’une économie
des coéchangistes dans laquelle ces derniers disposent d’une quantité fixe de chacun des
biens. L’économie considérée ne décrit pas le système productif qui a permit d’obtenir ces
biens et le système de répartition qui en découle. Les quantités disponibles sont initiale-
ment réparties entre les coéchangistes et on montre par le jeu du marché concurrentiel
comment les échanges peuvent s’organiser. La boîte d’Edgeworth visualise l’échange
dans le cadre d’une économie walrasienne simplifiée à deux agents économiques dispo-
sant de dotations fixes en biens. En effet, elle permet d’étudier comment le fait, pour ces
deux agents, d’échanger entre eux des quantités de biens va améliorer leur situation
respective. C’est-à‑dire augmenter l’utilité de tous les deux, ou à la limite augmenter
l’utilité d’un seul d’entre eux et l’utilité de l’autre demeurant inchangée. C’est ainsi que
l’on aboutira à la notion d’optimum de Pareto.

245
Focus 2. Le gain à l’échange
L’échange entre deux coéchangistes est soumis à deux conditions.
La première concerne la liberté d’échange de chacun d’entre eux. Les agents ont
la capacité de choisir les quantités de biens qu’ils souhaitent échanger et la valeur de la
quantité qu’ils échangeront. La rationalité et les conditions des marchés concurrentiels
leur imposent l’échange pour satisfaire le bien-être collectif.
La seconde concerne la transférabilité des droits de propriété. En effet, le marché
est le lieu où s’échangent des droits de propriété. Les quantités de biens dont les agents
disposent sont leur propriété dont ils veulent se dessaisir pour en obtenir d’autres, afin
d’améliorer leur niveau d’utilité.
Si la boîte d’Edgeworth montre la spontanéité de l’équilibre, selon Walras il est
question d’un processus qu’il décrit à travers le concept du commissaire-priseur. Tous
les agents déclarent simplement ce qu’ils veulent échanger. Le processus de tâtonnement
permet alors d’aller vers les prix d’équilibres décrits par Walras, à partir de l’existence
du prix initial du commissaire-priseur. Par ailleurs, l’échange n’aura lieu que s’il fournit
des gains aux co-contractants. On considère généralement que les gains sont issus de
l’échange et mesurés par les demandes nettes. La boîte d’Edgeworth permet de repré-
senter ces gains et l’ensemble des échanges possibles entre deux agents.

3. Demande nette, identité de Walras et allocation optimale


au sens de Pareto
La demande nette pour un coéchangiste est la différence entre sa demande finale
à l’équilibre et son stock de dotation initiale. Cette différence en fonction des biens peut
être positive, négative ou nulle, c’est ce qui explique la recherche dans l’amélioration
de la situation de chaque coéchangiste en économie d’échange. Au niveau des marchés,
une demande excessive sur un marché implique que sur un autre marché une demande
insuffisante.
Autrement dit en généralisant, l’identité de Walras (équation d’équilibre des
marchés) qui est la somme des valeurs des demandes nettes de chaque marché est nulle.
Elle permet de déterminer les prix relatifs d’équilibre et les allocations efficients aux
coéchangistes. Derrière cette identité, il y a la loi de Walras qui s’énonce comme ce qui
suit : si on considère un marché particulier, lorsque l’équilibre est atteint sur les tous
les autres marchés, alors ce marché est forcément en équilibre. Elle donne aussi un
moyen de trouver les prix relatifs d’équilibre en choisissant un bien comme numéraire
(rôle de mesure et neutre de la monnaie).
Quelle sera finalement la nature de l’allocation atteinte ?
Afin de réduire les possibilités, une hypothèse est posée : l’allocation finalement
atteinte doit être efficace au sens de Pareto. Une allocation efficace au sens de Pareto est
une situation dans laquelle aucune allocation réalisable qui pourrait être profitable aux

246
deux agents (ou profiter à l’un des agents sans détériorer la situation de l’autre) ne peut

Thème 25
être proposée.
Chaque agent choisit le panier de biens qu’il préfère compte tenu de son budget et
les choix réalisés absorbent toute l’offre disponible. Ce résultat est connu sous le nom
du premier théorème du « bien-être ». Il stipule que tout équilibre concurrentiel est effi-
cace au sens de Pareto et le deuxième théorème du bien-être, affirme que sous certaines
conditions toutes allocations efficaces au sens de Pareto peuvent être réalisées par un
équilibre concurrentiel.

247
Thème 26
L’équilibre général
en économie
d’échange
avec production
Exercices Exercices

Exercice A
L’économie est composée de quatre agents (deux consommateurs, deux producteurs)
et de deux biens produits par les deux producteurs. Le premier producteur produit le bien
x à l’aide du travail fourni par le consommateur 1. Le consommateur 1 fournit 4 de facteur
travail à l’entreprise 1. Le deuxième producteur produit le bien y à l’aide du travail fourni
par le consommateur 2. Ce dernier fournit 4 de facteur travail aussi. L’information des
marchés est que les prix des biens sont respectivement P1 et P2 , et le coût de la main-d’œuvre
est w = 1. Le revenu des consommateurs provient des salaires perçus et de la moitié des
profits dégagés par les entreprises. les fonctions d’utilité des consommateurs sont données
par U 1 = x1.y1 et U 2 = 3x 2 .y 2 . Les fonctions de production des deux producteurs sont données
par des fonctions de production de court terme Yx1 = L1/2
1 et Yy = 2L2 . Par ailleurs, la produc-
2 1/2

tion du premier producteur qui assure l’offre du bien x est Yx1 = x1 + x 2 et la production du
deuxième producteur qui assure l’offre du bien y est Yy2 = y1 + y 2 .
1. Donnez les fonctions de demande de consommation, de demande des facteurs de
production et les fonctions d’offre de production.
2. Calculez les profits des entreprises et les revenus des consommateurs.
3. Trouvez l’équilibre du marché des biens et du marché du travail.
4. Construisez la boîte d’Edgeworth.

Exercice B
L’économie est composée de deux consommateurs, de deux producteurs et de deux
biens produits par les deux producteurs. Le premier producteur produit le bien x à l’aide
du travail fourni par le consommateur 1. Le consommateur 1 fournit n de facteur travail
à l’entreprise 1. Le deuxième producteur produit le bien y à l’aide du travail fourni par le
consommateur 2. Ce dernier fournit n de facteur travail aussi. L’information des marchés
est que les prix des biens sont respectivement P1 et P2 , et le coût de la main d’œuvre est w = 1.
Le revenu des consommateurs provient des salaires perçus et la moitié des profits dégagés
par les entreprises. Les fonctions d’utilité des consommateurs sont données respectivement
par U 1 = Lnx1y1 et U 2 = Lnx 2 y 2 . Les fonctions de production des deux producteurs sont données
par des fonctions Yx1 = L1/2 et Yy2 = 2L1/2 . Par ailleurs, la production du premier producteur qui
assure l’offre du bien x est Yx1 = x1 + x 2 et la production du deuxième producteur qui assure
l’offre du bien y est Yy2 = y1 + y 2 .
1. Déterminez les fonctions de demande de consommation.
2. Déterminez les fonctions de demande des facteurs et d’offre de production par
les entreprises.
3. Calculez les profits des entreprises et les revenus des consommateurs.

250 L’équilibre général en économie d’échange avec production


Thème 26
4. Calculez les prix d’équilibre général.
5. Écrire les équations de la courbe de contrat et de la courbe de la frontière de
production

Corrigés

Exercice A
1. Donnez les fonctions de demande de consommation, de demande des facteurs de
production et les fonctions d’offre de production.

ͮ Fonctions de demande de consommation


Pour le consommateur n° 1, son programme est : Max x1.y1 s.c.R1 = x1P1 + y1P2. Sa réso-
lution donne le système d’équation
⎧ U x′ / U y′ = y1 / x1 = P1 / P2 ⎧ y1P2 = x1P1 ⎧ 0 = − x1P2 + y1P1
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨
⎪⎩ R1 = x1P1 + y1P2 ⎩ R1 = x1P1 + y1P2 ⎩ R1 = x1P1 + y1P2
Avec x1* = (R1 / 2P1 et y1* = R1 / 2P2 comme solution.
Pour le consommateur n° 2, son programme est : Max3x 2 .y 2 s.c.R2 = x 2 P1 + y 2 P2 .
Sa résolution donne le système d’équation
⎧ U x′ / U y′ = y 2 / x 2 = P1 / P2 ⎧ y 2 P2 = x 2 P1 ⎧ 0 = − x 2 P1 + y 2 P2
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨
⎩⎪ R2 = x P
2 1 + y P
2 2 ⎩ R2 = x 2 P1 + y 2 P2 ⎩ R2 = x 2 P1 + y 2 P2
Avec x 2* = R2 / 2P1 et y 2* = R2 / 2P2 comme solution.

ͮ Fonctions de demande du facteur travail et fonctions d’offre des biens

▶ Conseil
Appliquez la règle d’optimisation en courte période P × PmL = w (cf. thème 16).

Pour le producteur n° 1, P1 × PmL = w ⇒ P1 / 2L1/2


1 = w , on déduit que

1 ⇒ P1 / 4w = L1. Donc la fonction d’offre est Yx = L1 = P1 / 2w = x1 + x 2 .


P1 / 2w = L1/2 2 2 * 1* 1/2

Pour le producteur n° 2, P2 × PmL = w ⇒ P2 / L1/2


2 = w , on déduit P1 / w = L2 ⇒ P2 / w = L2 .
1/2 2 2 *

Donc la fonction d’offre est Yy2* = 2L1/2 = 2P2 / w = y1 + y 2 .

L’équilibre général en économie d’échange avec production 251


Exercices 2. Calculez les profits des entreprises et les revenus des consommateurs.

ͮ Profit des entreprises


Pour le producteur n° 1, on a pour profit la formule Π1 = RT1 − CT1 ce qui donne en
remplaçant les données obtenues de la question précédente Π1* = P1L*1/2
1 − wL*1.
On déduit que P1 × P1 / 2w − w.P12 = P12 / 4w . Donc le profit optimal de l’entreprise n° 1
est Π = P12 / 4w.
*
1

Pour le producteur n° 2, on a pour profit la formule Π2 = RT2 − CT2 ce qui donne en


remplaçant les données de la question précédente Π2* = P2 2L*1/2
2 − wL2 .
*

On déduit que P2 × 2P2 / w − wP22 / w 2 = P22 / w . Donc le profit optimal de l’entreprise n° 2


est Π = P22 / w .
*
2

ͮ Revenus des consommateurs


Pour le consommateur n° 1 son revenu est R1 = wL1 +1/ 2 ( Π1* + Π2* ) ce qui donne en
remplaçant les données obtenues au point précédent R1 = 4 +1/ 2 ( P12 / 4w + P22 / w ).
Pour le consommateur n° 2 son revenu est R2 = wL2 +1/ 2 ( Π1* + Π2* ) ce qui donne en
remplaçant les données obtenues au point précédent R2 = 4 +1/ 2 ( P12 / 4w + P22 / w ).
3. Donnez l’équilibre du marché des biens et du marché du travail.
Trouvons l’équilibre général, sachant que w = 1et L1 = L2 = 4 , avec Π1* = P12 / 4 et Π2* = 2P22
et R1 = R2 = 4 +1/ 2 ( Π1* + Π 2* ) = 4 + P12 / 8 + P22 / 2.
Sur le marché du bien x, Yx1* = x1* + x 2* ⇒ P1 / 2 = ( 8 + P12 / 4 + P22 ) / 2P1,
donc P12 = 8 + P12 / 4 + P22 .
Sur le marché du bien y, Yy2* = y1* + y 2* ⇒ 2P2 = ( 8 + P12 / 4 + P22 ) / 2P2 ,
donc 4P22 = 8 + P12 / 4 + P22.
Sur le marché du travail, 8 = L*1 + L*2 ⇒ 8 = P12 / 4 + P22 .
Le marché n° 1 et n° 2 donnent une relation suivante entre les prix des biens :
P = 4P22 . Le marché du travail est équilibré (choix du numéraire w = 1) et 8 = P12 / 4 + P22 .
1
2

Par substitution, dans les équations d’équilibre du marché n° 1 et du marché n° 2. Cette


action donne pour résultat 4P22 = 16 ⇒ P22 = 4 ⇒ P2* = 2 et que P1* = 4 .

252 L’équilibre général en économie d’échange avec production


Synthèse des résultats

Thème 26
Agents C1 C2 E1 E2

Dotations L11 = 4 L22 = 4

Prix P1* = 4 P2* = 4 w * = 1

Revenus R1 = 8 R2 = 8

x1* = 1 x2* = 1 Yx* = 2 Yy* = 4


Demande et Offre
y1* = 2 y2* = 2 L*1 = 4 L*2 = 4

Profit Π1* = 4 Π2* = 4

Utilité U 1* = 2 U 2* = 6

4. Construisez la boîte d’Edgeworth.


Dans la boîte d’Edgeworth avec production, on ajoute la courbe de la frontière de
production en plus des courbes habituelles.
La courbe de la frontière de production, représente l’ensemble des productions
compatibles avec les quantités de travail disponibles. Cette courbe sera notée C.
Trouvons son équation en l’exprimant en fonction du bien y, c’est-à‑dire Yy2 = f (Yx1 ).
On sait que 8 = L1 + L2 , on déduit
1
par la suite que L2 = 8 − L1. On sait par ailleurs que
la production du bien x est Yx = L11/2 ⇒ L1 = (Yx ) . Par conséquent, on déduit la courbe de la
2

frontière de production comme ce qui suit :

( )
1/2

2 = 2 ( 8 − L1 ) = 2 8 − (Yx )
1/2 2
Yy = 2L1/2
Avec 0 ≤ (Yx ) ≤ 2 2 .
2

Figure 26

L’équilibre général en économie d’échange avec production 253


Exercices Exercice B
1. Déterminez les fonctions de demande de consommation.
Les programmes des deux consommateurs sont identiques. Sa résolution est ainsi
simplifiée.
Pour un consommateur n°i, il est : MaxLn xi yi s.c.Ri = x i P1 + y i P2 . Sa résolution donne le
système d’équation
⎧ U x′ / U y′ = y i / x i = P1 / P2 ⎧ y i P2 = x i P1 ⎧ 0 = − x i P1 + y i P2
⎨ ⇒⎨ ⇒⎨
⎩⎪ Ri = x P
i 1 + y P
i 2 ⎩ Ri = x i P1 + y i P2 ⎩ Ri = x i P1 + y i P2
Avec pour solution y i* = Ri / 2P2 et x i* = Ri / 2P1.

Tableau de synthèse

Agents c1 c2

Biens x x1* = R1 / 2P1 x2* = R2 / 2P1

Biens y y1* = Ri / 2P2 y2* = Ri / 2P2

Les demandes totales sur le marché sont :


− Sur le marché du bien x, x * = x1* + x 2* = (R1 + R2 ) / 2P1 ,
− Sur le marché du bien y, y * = y1* + y 2* = (R1 + R2 ) / 2P2 .
2. Déterminez les fonctions de demande des facteurs et de l’offre de productions par
les entreprises.
Pour le producteur n° 1, Max Π1 = Max ( RT1 − CT1 ) , ce qui donne en remplaçant les
données Max Π1 = Max (P1Yx1 − wL1 ).
La règle d’optimalité donne :
1 − w ⇒ P1 / 2w = L1 ⇒ L1 = ( P1 / 2w )
2
P1 × PmL − w ⇒ P1 / 2L1/2 1/2

Avec Yx1 = P1 / 2w
Pour le producteur n° 2, Max Π2 = Max ( RT2 − CT2 ) , ce qui donne en remplaçant les
données Max Π2 = Max(P1Yx2 − wL2 ).
La règle d’optimalité donne :
2 − w ⇒ P1 / w = L2 ⇒ L2 = ( P1 / w )
2
P1 × PmL − w ⇒ P1 / L1/2 1/2

Avec Yy2 = 2P1 / w

Tableau de synthèse

Agents E1 E2

Travail L*1 = P12 / 4w 2 L*2 = P22 / w 2

Production Yx1* = P1 / 2w Yy2* = 2P1 / w

254 L’équilibre général en économie d’échange avec production


3. Calculez les profits des entreprises et les revenus des consommateurs.

Thème 26
− Profit des entreprises
Pour le producteur n° 1, on a pour profit la formule Π1 = RT1 − CT1 ce qui donne en
remplaçant les données obtenues de la question précédente Π1* = P1Y11* − wL*1, on déduit que
P1 × P1 / w − w.P12 / 4w 2 = P12 / 4w . Donc le profit de l’entreprise n° 1 est Π1* = P12 / 4w.
Ce résultat est presque identique pour le producteur n° 2, ainsi pour le produc-
teur n° 2 on a pour profit la formule Π2 = RT2 − CT2 . Ce qui donne en remplaçant les
données obtenues de la question précédente Π2* = P2Yy2* − wL*2 . De ce résultat on déduit que
P2 × 2P2 / w − w.P22 / w 2 = P22 / w . Donc le profit de l’entreprise n° 2 est Π2* = P22 / w .
− Revenus des consommateurs
Le consommateur n° 1, il reçoit R1 = wL1 +1/ 2 ( Π1* + Π2* ) ce qui donne en remplaçant
les données obtenues au point précédent R1 = n +1/ 2 ( P12 / 4w + P22 / 2w ).
Le consommateur n° 2, il reçoit R2 = wL2 +1/ 2 ( Π1* + Π2* ) ce qui donne en remplaçant
les données obtenues au point précédent R2 = n +1/ 2 ( P12 / 4w + P22 / 2w ).
4. Calculez les prix d’équilibre général.

Rappel

w =1

Π1* = P12 / 4w Π2* = P22 / w

L*1 = P12 / 4w 2 L*2 = P22 / w 2

Yx1* = P1 / 2w Yy2* = 2P2 / w

x1* = R1 / 2P1 x 2* = R2 / 2P1

y1* = R1 / 2P2 y 2* = R2 / P2

R1 = R2 = n +1/ 2 ( P12 / 4w + P22 / w )

R1 + R2 = 2n + ( P12 / 4w + P22 / w )

À l’équilibre général, l’offre est égale à la demande sur chaque marché.


Sur le marché du bien x,
Yx1* = x1* + x 2* ⇒ P1 / 2 = (R1 + R2 ) / 2P1 ⇒ P12 = (R1 + R2 ).
Donc P12 = 2n + P12 / 4 + P22 .
Sur le marché du bien y,
Yy2* = y1* + y 2* ⇒ 2P2 = (R1 + R2 ) / 2P2 ⇒ 4P22 = (R1 + R2 ) .
Donc 4P22 = 2n + P12 / 4 + P22 .

L’équilibre général en économie d’échange avec production 255


Exercices Sur le marché du travail,
L*1 + L*2 = 2n ⇒ 2n = P12 / 4 + P22 .
Le marché du travail est équilibré (choix du numéraire w = 1) et 2n = P12 / 4 + P22 . Par
substitution ces résultats dans les équations d’équilibre du marché n° 2 et du marché
n° 2, cette action donne pour résultat P12 = 4P22 = 4n ⇒ P2 = n et que P1* = 2 n .

Synthèse des résultats

Agents C1 C2 E1 E2

Dotations L11 = n L22 = n

Prix P1* = 2 n P2* = n et w * = 1

Revenus R1 = 2n R2 = 2n

Demande x1* = n / 2 x2* = n / 2 Yx* = n Yy* = 2 n


et Offre y = n /2
*
1 y = n /2
*
2 L =n*
1
L*2 = n

Profit Π1* = Π2* = n

Utilité U 1* = U 2* = Ln( n ) −1,38

5. Écrire les équations de la courbe des contrats et de la courbe de la frontière de


production.
La courbe des contrats correspond à une condition d’optimalité : TMS1 = TMS2 .
On sait que y1 / x1 = y 2 / x 2 ⇒ y1x 2 = y 2 x1 . Sachant que les demandes des biens sont
­compatibles avec les quantités disponibles dans l’économie x1 + x 2 = n et y1 + y 2 = n .
Alors y1x 2 = y 2 x1 ⇒ y1( n − x1 ) = (2 n − y1 )x1
⇒ y1 ( n ) = (2 n ) x ⇒ y = 2x 1 1 1

Exprimons la courbe de la frontière de production en fonction du bien y, c’est-


à‑dire Yy2 = f (Yx1 ).
On sait que 2n = L1 + L2 , on déduit par la suite que L2 = 2n − L1. On sait par ailleurs que
1

1 ⇒ L1 = (Yx ) . Par conséquent, on déduit la courbe de la


2
la production du bien x est Yx = L1/2
frontière de production comme ce qui suit :
) = 2(2n − (Y ) )
1/2

2 = 2 (2n − L1
1/2 2
Yy = 2L1/2 x

Avec 0 ≤ (Y ) ≤ 2n
2
x

256 L’équilibre général en économie d’échange avec production


Focus
L’équilibre général et implications
La théorie de l’équilibre général trouve son origine dans les œuvres de Walras.
Elle a été ensuite développée par Arrow et Debreu pour lui donner une consistance
pratique. À côté de l’équilibre particulier décrit dans une économie d’échange, l’ana-
lyse en termes d’équilibre général d’une économie avec production met en évidence les
conditions qui permettent d’obtenir des prix cohérents les uns par rapport aux autres
sur tous les marchés. La condition d’équilibre général du système se définit en fonction
des taux d’échange des biens par rapport à un numéraire choisi de manière arbitraire.
Seules les conditions assez strictes, mises en œuvre par Arrow et Debreu, garantissent
l’existence d’une solution d’équilibre sur l’ensemble des marchés.
Cet outil qui étudie les interactions entre les différents marchés pour comprendre ce
qui se passe sur un marché et comment ce dernier se répercute sur les autres. Il a eu son
heure de gloire au début du vingtième siècle, utilisé pour montrer que les marchés sont
efficients (débats allocations de marché versus allocations étatiques). Il a abouti à deux
résultats. Le premier est la réalisation de l’équilibre général et le second est l’énoncé des
théorèmes de Pareto. D’où, pour les économistes, la théorie de l’équilibre général est liée
aux théorèmes de l’optimum de Pareto, car elle débouche sur des questions normatives
du bien-être social. Base du cadre à partir duquel sont conçues les politiques publiques.

ҵ Note
Le théorème de l’optimum de Pareto, se décline en deux propositions. Le premier théorème du
bien-être, tout équilibre concurrentiel (absence d’externalité) est efficace au sens de Pareto. Le
deuxième théorème du bien-être, toute allocation efficace au sens de Pareto peut être réalisée
par un équilibre concurrentiel.

Ces deux théories sont à la base de toutes les approches qui prônent l’efficience des
marchés et qui demandent aux pouvoirs publics de rester à l’écart du système productif.
Cette question que met en évidence Pareto a toujours posé un problème en économie et
elle en pose encore aujourd’hui.
Ce que l’on retient au-delà de la question polémique est que le problème de la distri-
bution et celui de l’efficacité sont séparés. En effet, quelle que soit l’allocation efficace
au sens de Pareto que vous désirez, elle peut être obtenue par le biais d’un système de
marché concurrentiel ou un système non concurrentiel comme par exemple un système
d’allocation sociale. Le système de résolution qui mène l’économie à l’équilibre est neutre
du point de vue distributif. Ainsi, les prix jouent deux rôles : le rôle d’allocation (indication
de la rareté relative des biens) et le rôle distributif (quelles quantités de biens acquérir).

257
Des travaux dirigés pour comprendre et approfondir son cours

TD
Une méthode pour chaque matière
et pour chaque type d’exercice
Mes

Des exercices d’application, corrigés et détaillés,


accompagnés des notions essentielles du cours

d’économie
Licence Éco-Gestion et AES
École de management
DUT
IEP
DCG
Les thèmes
1. La cohérence des préférences du consommateur 13. Le choix d’efficience sur la production
2. La représentation graphique des préférences par 14. Le choix d’efficience sur la fonction de coût
des fonctions d’utilités 15. La relation productivités, coûts et économies d’échelle
3. La contrainte du revenu et sa représentation graphique 16. Le choix optimal du producteur en courte période
4. Le choix optimal du consommateur : cas général 17. Le choix optimal du producteur en longue période
5. Le choix optimal du consommateur : cas extrêmes 18. Le choix optimal en matière de profit
6. L’impact d’une variation du revenu sur l’équilibre du 19. L’équilibre d’un marché, calcul des surplus et effets
consommateur de taxations
7. L’impact d’une variation du prix sur l’équilibre du 20. L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite
consommateur 21. L’équilibre du marché en monopole
8. La modification du prix et changement de la structure 22. L’équilibre du marché en concurrence monopolistique
de consommation
23. L’inefficacité sociale du monopole
9. Les élasticités de la demande
24. L’équilibre du marché en oligopole
10. La demande et taxations
25. L’équilibre général en économie d’échange
11. La représentation de la fonction de production
26. L’équilibre général en économie d’échange avec
12. La représentation de la fonction de coût production

Guy-Patrick Mafouta-Bantsimba est maître de conférences à l’Université Savoie Mont Blanc, ancien directeur du département
Eco-Gestion (IAE, Campus Annecy), il enseigne l’économie, les statistiques et les mathématiques, et a enseigné l’économie pendant
13 ans dans un programme d’échange international à l’Université de Xiangtan (Chine).

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