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I- La convention d’arbitrage

Existence d’une convention d’arbitrage


La convention d’arbitrage intervient soit pour soumettre à l’arbitrage un litige
déjà né, soit pour prévoir la résolution arbitrale d’une catégorie de litiges encore
éventuels. Dans le premier cas, la convention porte le nom de compromis
arbitral, dans le second, il s’agit d’une clause compromissoire. L’on est alors en
présence de deux sortes de conventions d’arbitrage dont le critère de distinction
repose essentiellement sur un rapport généralement établi entre la date de
conclusion de la convention et la survenance du litige : si la convention précède
le litige, on parle de clause compromissoire, si elle lui est postérieure, on est en
face d’un compromis d’arbitrage.
Il convient toutefois de relativiser la portée de l'affirmation selon laquelle les
conventions d'arbitrage sont régies par les mêmes prescriptions légales, et ceci
dans la mesure où, conformément à l'article 307 CPC, lesdites conventions se
divisent, elles-mêmes, en deux catégories comme précisées en haut : les
compromis d'arbitrage et les clauses d'arbitrage. Le compromis d'arbitrage est
défini par l'article 314 CPC comme « la convention par laquelle les parties à un
litige déjà né soumettent celui-ci à un tribunal arbitral. Le compromis peut être
conclu même au cours d'une instance déjà engagée devant une juridiction.
Lorsqu’il y a accord sur le recours à l'arbitrage au cours de l'examen du litige
devant une juridiction, celle-ci doit décider de soumettre les parties à
l'arbitrage. Cette décision est réputée être une convention d'arbitrage écrite ».
Quant à la clause d'arbitrage, l'article 316 CPC dispose qu'elle réside dans « la
convention par laquelle les parties à un contrat s'engagent à soumettre à
l'arbitrage les litiges qui pourraient naître relativement à ce contrat ».
Il en ressort que même si la clause compromissoire et le compromis d'arbitrage
puisent leur fondement dans la volonté des parties et aspirent aux mêmes
objectifs, à savoir le règlement des litiges par le recours à l'institution arbitrale,
ils ne sont pas pour autant identiques. A cet effet, en dépit de l'existence de
certaines règles similaires, chaque forme n'en demeure pas moins soumise, à
plusieurs égards, à un régime juridique particulier.
1- La clause compromissoire
La loi 08-05 a explicitement conféré aux parties contractantes la faculté d'insérer
des clauses d'arbitrage dans les contrats qu'elles concluent. Toutefois, cette
volonté commune doit remplir un ensemble de conditions de forme et de fond,
prévues par divers textes juridiques, et dont la jurisprudence a déterminé la
teneur.
Aux termes de l'article 317 CPC, la clause d'arbitrage doit, d'un côté, être stipulée
par écrit de façon non équivoque et, d'un autre côté, désigner le ou les arbitres
ou, à tout le moins, prévoir les modalités de leur désignation.
La loi 08-05 a confirmé la nécessité d'établir la clause compromissoire par écrit,
eu égard aux effets contraignants que celle-ci génère à l'égard des contractants.
L'article 317 CPC, inséré en vertu de ladite loi, prescrit ainsi que « la clause
d'arbitrage doit être stipulée par écrit, sans équivoque, dans la convention
principale ou dans un document auquel celle-ci se réfère ». Toutefois, aucune
disposition légale n'a exigé que la rédaction de la clause soit manuscrite. La
majorité de la doctrine est d'avis que le législateur marocain s'est inspiré à cet
égard dû droit français de l'arbitrage qui édicte la même règle au sein de l'article
1443 du Code de procédure civile, à savoir l'exigence d'un écrit sans pour autant
imposer la rédaction manuelle. Néanmoins, les juridictions marocaines étaient
constantes à ériger la rédaction manuelle de la clause compromissoire en
condition de validité. Signalons par ailleurs que si l'exigence du caractère
manuscrit de la clause compromissoire soulevait plusieurs difficultés en matière
d'arbitrage interne, la situation s'avérait bien plus délicate en matière
internationale. En effet, le Code de procédure civile ne comportait aucune
disposition spécifique à l'arbitrage international. Aussi la doctrine et la
jurisprudence étaient-elles déchirées entre l'application des dispositions
excessivement formalistes qui régissaient l'arbitrage interne, et les prescriptions
à vocation internationale, notamment l'article II de la Convention de New York
qui n'exige pas que la clause compromissoire soit rédigée manuellement.
A ce titre, la jurisprudence marocaine a libéré la clause compromissoire d'un
formalisme qui la décrédibilisait et la rendait source de difficulté, plutôt que
facteur de simplicité et de célérité. La loi 08-05 a par la suite entériné cette
construction jurisprudentielle. En effet, les dispositions régissant l'arbitrage
international n'ont pas érigé le caractère manuscrit de la clause compromissoire
en condition de validité de celle-ci. A la vérité, l'écrit lui-même n'a pas été
explicitement imposé ; il est toutefois indirectement requis puisque l'article 327-
47 CPC, de même que l'article IV de la Convention de New York, exigent, pour
faire droit à la demande d'exequatur, de joindre à cette requête la minute de la
sentence arbitrale et l'original de la convention d'arbitrage, ou une copie de ces
documents réunissant les conditions requises pour leur authenticité.
La rédaction de la clause compromissoire doit être claire et concise, et ce pour
éviter toute confusion ou ambiguïté quant à la portée exacte de ladite clause, ce
qui serait susceptible de nuire au déroulement serein de l'instance arbitrale, ou
de remettre en question l'arbitrabilité même du litige.
Néanmoins, il ne saurait en inférer que la jurisprudence marocaine se montre
libérale dans l'interprétation de la clause compromissoire lorsque le champ de
cette dernière n'est pas soigneusement délimité. Bien au contraire, les juges
marocains se montrent enclins à privilégier une lecture restrictive de ladite
clause. La Cour d'appel de Casablanca a décidé que les arbitres tiennent leurs
pouvoirs de la volonté commune des parties exprimée dans la clause
compromissoire et qu'ils ne peuvent transgresser le champ fixé par cette clause.
Ainsi, leur compétence est donc limitée à un litige précis que les parties ont
entendu soumettre à la procédure d'arbitrage 1.
En cas de clauses combinées dans le sens où il se peut que les parties décident,
par le biais d'une clause contractuelle, de recourir à la procédure d'arbitrage
pour résoudre tout litige éventuel, et conviennent, dans le même temps au sein
d'une ou d'autres clauses, que la compétence pour trancher les litiges qui
pourraient survenir appartient au tribunal étatique.
La revue de la jurisprudence française révèle que le traitement de cette
contradiction apparente entre une clause compromissoire et une clause
attributive de juridiction se traduit par une inclinaison à faire prévaloir la
première sur la seconde. A titre d'exemple, dans le cadre d'une espèce où un
contrat contenait les deux clauses précitées, la première stipulant qu'en cas de
litige, ce seraient les « tribunaux de Paris » qui auraient à connaître, la seconde
donnant « compétence à des arbitres en cas de litige relatif à l'interprétation ou
à l'exécution des présentes conventions ». A cet égard, la Cour d'appel de Paris a
estimé que la première de ces clauses « ne peut être interprétée que comme une
attribution de compétence territoriale, convenue à titre subsidiaire de la
convention d'arbitrage pour le cas où le tribunal arbitral ne pourrait pas statuer
»2. La jurisprudence marocaine quant à elle recherche de l'intention réelle des
parties en l’absence de règle préétablie. S'il apparaît aux juges que ces dernières
ont manifestement exprimé le désir de soustraire l'examen du litige aux
juridictions étatiques, ils concluent à l'irrecevabilité de la requête qui leur est

158 CA Casablanca, 2 avr. 1999, doss. civ. n° 8184/98, inédit.


2CA Paris, 29 nov. 1991, Rev. Arb., 1993, p. 617, note L. Aynès, rapporté également et commenté par
Ph. FOUCHARD, E. GAILLARD et B. GOLDMAN, op. cit., p. 290.
soumise 3 . Cette tendance est maintenue par la jurisprudence en dépit que
certaines juridictions marocaines ne font pas toujours une juste application du
pouvoir d'appréciation qui leur est dévolu dans le cadre de la recherche de la
véritable intention des parties4. Mais, cet arrêt a été censuré par la Cour suprême,
laquelle a jugé que la qualification opérée par la juridiction d'appel était
manifestement contraire à l'intention des parties.
Par ailleurs, une position médiane a été adoptée par la jurisprudence marocaine,
qui consiste à donner effet aux deux clauses, et ceci en attribuant compétence
aussi bien au tribunal arbitral qu'a la juridiction étatique, chacun dans un champ
bien dessiné, lorsque la portée des deux clauses s'y prête bien évidemment. Il
paraît utile de citer à cet égard, à seule fin d'illustration, l'arrêt rendu par la Cour
suprême en date du 26 mars 20085.
Enfin que lorsqu'il ne paraît pas possible de concilier la clause d'arbitrage et celle
attribuant compétence aux juridictions étatiques, un mouvement jurisprudentiel
préconise de faire application de l'article 464 DOC qui dispose : « Les clauses des
actes doivent être interprétées les unes par les autres, en donnant à chacune le
sens qui résulte de l'acte entier ; lorsque les clauses sont inconciliables entre elles,
on s'en tient à la dernière dans l'ordre de l'écriture » 6.
L’autonomie de la clause compromissoire : L'originalité qui caractérise la clause
compromissoire réside principalement dans son aspect autonome. L'efficacité
de l'arbitrage serait indéniablement compromise si la clause-compromissoire
devait être traitée comme un simple accessoire du contrat principal. En effet,
faire subir à la clause d'arbitrage le sort qui affecterait la convention de fond
reviendrait à réduire considérablement l'étendue de la validité de ladite clause,
eu égard notamment à « la diversité et à la complexité des litiges du commerce
international»
Ainsi l’article Article 318 dispose « - La clause d'arbitrage est réputée être une
convention indépendante des autres clauses du contrat. La nullité, la résiliation
ou la cessation du contrat n'entraîne aucun effet sur la clause d'arbitrage

3 Trib. com. Casablanca ord. réf., 24 déc. 2008, doss. n° 2069/01/2008, rapp. par O. AZOUGGAR et A. EL
ALAMI, Guide pratique de l’arbitrage au Maroc, Annajah Al Jadida, 1ère éd., 2012, p. 28.
4 Trib. com. Casablanca ord. réf., 24 déc. 2008, doss. n° 2069/01/2008, rapp. par O. AZOUGGAR et A. EL

ALAMI, Guide pratique de l’arbitrage au Maroc, Annajah Al Jadida, 1ère éd., 2012, p. 28.
5 CS com., 26 mars 2008, doss. n° 697/3/2/2006, , rapp. par O. AZOUGGAR et A. EL ALAMI, Guide

pratique de l’arbitrage au Maroc, Annajah Al Jadida, 1ère éd., 2012.


6 Trib. com. Casablanca, 9 déc. 2003, rapp. par M. BOUNJA et N. ALLAOUAH, Guide pratique de

l’arbitrage au Maroc, Annajah Al Jadida, 1ère éd., 2012, p. 492.


comprise dans ledit contrat lorsque celle-ci est valable en soi. » Il en résulte que
l'existence, la validité ou le maintien en vigueur de la convention d'arbitrage ne
dépendent pas du sort du contrat principal auquel cette convention se réfère :
que le contrat principal n'a pas été conclu, qu'il est nul, résolu, résilié ou que les
obligations issues du contrat principal ont été novées n'entraîne pas l'inefficacité
de la convention d'arbitrage»7.
2 - Le compromis
Aux côtés de la clause compromissoire qui intervient avant la survenance du
litige, et qui a fait l'objet d'étude dans le cadre de la section précédente, la
législation marocaine admet donc que la convention d'arbitrage emprunte une
autre forme, à savoir le compromis, ce dernier qui est conclu après que le litige
soit né 8.
L'article 314 du code de procédure civile dispose : « Le compromis d'arbitrage
est la convention par laquelle les parties à un litige déjà né soumettent celui-ci à
un tribunal arbitral. Le compromis peut être conclu même au cours d'une instance
déjà engagée devant une juridiction. Lorsqu'il y a accord sur le recours à
l'arbitrage au cours de l'examen du litige devant une juridiction, celle-ci doit
décider de soumettre les parties à l'arbitrage. Cette décision est réputée être une
convention d'arbitrage écrite ».
Le compromis d'arbitrage est susceptible d'engendrer plusieurs effets juridiques.
Toutefois, il n'est permis d'exciper de l'existence du compromis et d'en exiger la
mise en œuvre que si les conditions y relatives ont été remplies. Ces exigences
sont essentiellement de deux sortes :
• Les principales conditions de forme afférentes au compromis d'arbitrage
tiennent à l'exigence d'un écrit, ainsi qu'à l'obligation de désigner le
tribunal arbitral ou de prévoir les modalités de sa désignation ;
• Quant à la détermination de l'objet du litige, bien que celle-ci doive être
effectuée au sein même du compromis.
La convention d'arbitrage doit toujours être établie par écrit, soit par acte
authentique ou sous seing-privé, soit par procès-verbal dressé devant le tribunal
arbitral choisi9.

7 Ph. FOUCHARD, E. GAILLARD et B. GOLDMAN, op. cit., p. 226.


8 Ch. GAVALDA et C.-L. de LEYSSAC, L 'arbitrage, Dalloz, 1993, p. 32
9 Article 313 du CPC
Il convient toutefois de relever que si les parties sont libres, en vertu de l'article
précité, de choisir la forme qui leur convient, elles sont tenues d'observer les
règles prévues par la loi 08-05, de même que les principes généraux édictés par
le Dahir des obligations et des contrats, le compromis étant lui-même une
convention conclue entre les parties. Précisons à cet égard que la jurisprudence
marocaine fait preuve de souplesse quant à la qualification d'écrit en matière de
compromis d'arbitrage. En atteste un arrêt rendu par la Cour d'appel de Rabat
10
, qui a considéré valable la formation d'un compromis par l'échange de lettres
missives entre les parties, du moment que l'objet du litige est déterminé et que
les arbitres sont désignés.
En effet, l'ancien article 307 du Code de procédure civile exigeait expressément
que le compromis soit passé par écrit. Cette disposition n'a pas été maintenue
par la loi 08-05. L'article 315 du CPC, qui énumère les conditions afférentes au
compromis11, se contente en effet d'exiger de déterminer l'objet du litige, de
désigner le tribunal arbitral ou prévoir les modalités de sa désignation, puis
d'obtenir l'acceptation de l'arbitre désigné. Toutefois, l'article 313 du CPC
prescrit que « la convention d'arbitrage doit toujours être établie par écrit, soit
par acte authentique ou sous seing-privé, soit par procès-verbal dressé devant le
tribunal choisi ».
Après avoir traiter le régime juridique de la clause compromissoire et du
compromis, il serait opportun d’analyser les conditions de fonds de la convention
d’arbitrage
II- Les conditions de fonds de la convention d’arbitrage
Les conditions de validité, relatives à la capacité, au consentement des parties à
l'arbitrage, à la cause ou à l'objet seront transportables et fixées par le Dahir des
Obligations et des Contrats (DOC), par la loi n°70-03 portant Code de la Famille
`'auxquels renvoie parfois le code de commerce qui est également applicable
1- Capacité et pouvoir
Le premier paragraphe de l'article 308 du CPC dispose que toutes personnes
capables, physiques ou morales, peuvent souscrire une convention d'arbitrage
sur les droits dont elles ont la libre disposition.

10 CA Rabat, 26 juin 1923, R.A.C.A.R., t. II, 1923-1924, p. 131


11 Ces conditions doivent être remplies à peine de nullité
Il est de principe qu’en raison d’une incapacité qui les frappe, certaines
personnes ne peuvent décider par elles-mêmes du recours à l’arbitrage, il s’agit
d’une mesure de protection motivée par l’inaptitude des intéressés à identifier
et à défendre efficacement leurs intérêts. Il en est ainsi du mineur (du moins tant
qu’il n’est pas émancipé) comme de l’interdit, non pas que la voie de l’arbitrage
leur soit fermée, mais pour compromettre valablement, ils ont besoin d’agir soit
par l’intermédiaire de la personne chargée de leur protection, soit avec son
assistance.
Il est alors question de capacité juridique et de pouvoir, deux notions certes
distinctes mais dont la proximité explique que dans de nombreuses études, elles
partagent souvent une même rubrique12. Le pouvoir fait suite à la capacité et, en
matière d’arbitrage plus spécifiquement, quiconque a reçu un pouvoir de
compromettre pour le compte d’autrui a, a fortiori, la capacité de compromettre
pour son propre compte s’agissant de droits dont il a la libre disposition. N’étant
pas propres à l’arbitrage, ces notions ont tout de même donné lieu à des
applications intéressantes dans ce domaine13.
Il est alors question de capacité juridique et de pouvoir
La capacité
Pour convenir valablement à l'arbitrage il faut avoir la capacité de s'engager. Les
règles générales de la capacité des personnes physiques sont prévues par le
D.O.C en disposant que la capacité civile de l'individu est réglée par la loi qui
régit son statut personnel. Toute personne est capable d'obliger et de s'obliger,
sauf si elle n'en est déclarée incapable par cette loi.
En revanche, il ne faut pas passer sous le silence des dispositions du code de
commerce à propos la capacité commerciale, laquelle fait l'objet des articles 12
à 17, qui renvoient au code de la famille, tout en apportant des précisions
relatives aux personnes capables ou non d'accomplir des actes civils ou
commerciaux.
Le pouvoir de représentation des parties

• 12 A. Bucher, Le nouvel arbitrage international en Suisse, Helbing und Lichtenhahn, Bâle, 1988, p. 45

• 13Les litiges liés aux compétitions sportives internationales échappent souvent aux juridictions
étatiques
Les parties à un différend peuvent désigner leur représentant aux fins de
compromettre à leur place, ce qui diffère de leur assistance ou défense au cours
de la procédure arbitrale. Là encore c'est, selon le cas, le DOC, les lois relatives
aux sociétés commerciales, voire parfois des règles de droit ou de jurisprudence
administratives, qui régissent la situation des mandataires conventionnels.
2- L’arbitrabilité
Comme toute convention, pour être valable, la convention d’arbitrage doit être
licite quant à son contenu et conforme à l’ordre public quant à son but.
L’objectif d’une convention d’arbitrage étant de soumettre la résolution des
litiges qu’elle vise à l’arbitrage, ces litiges doivent donc être susceptibles d’être
réglés par voie d’arbitrage. Or, la plupart des droits étatiques posent des
restrictions à l’accès à la justice arbitrale, soit à l’égard de certaines personnes
Ratione personae (relativement aux personnes); en principe, toute personne
privée ou publique, physique ou morale peut recourir à un arbitrage, sous
réserve du consentement des deux parties au différend, soit pour certains types
de litiges, certaines matières liées à l'ordre public ne sont pas arbitrables, elles
ne peuvent donc pas faire l'objet d'un arbitrage. Par exemple, il n'est pas possible
de compromettre (au sens juridique) sur les droits dont on n'a pas la libre
disposition, ce qui est très souvent le cas en droit de la famille par exemple
(divorce, filiation, etc.).
L’arbitrabilité d’un litige peut être mise cause dans deux hypothèses : en
premier lieu sur le plan subjectif quand il est question de la qualité d’une partie
au litige (rationae personae) et en second lieu sur le plan objectif si la matière en
débat présente des motifs de contrariété à l’ordre public (rationae materiae).
Article 309 dispose « La convention d'arbitrage ne peut concerner le règlement
de litiges relatifs à l'état et à la capacité des personnes ou aux droits personnels
qui ne font pas l'objet de commerce. »
Les litiges relatifs aux actes unilatéraux de l'Etat, des collectivités locales ou
autres organismes dotés de prérogatives de puissance publique ne peuvent faire
l'objet d'arbitrage.
Toutefois, les contestations pécuniaires qui en résultent peuvent faire l'objet
d'un compromis d'arbitrage à l'exception de celles concernant l'application
d'une loi fiscale.
Se pose la question de l’aptitude des personnes morales de droit public à
compromettre. Cette question n’avait jamais reçu une réponse claire avant la
réforme de 2007. En effet, l’ancien article 306 du CPC exclut du champ de
l’arbitrage « les litiges concernant des actes ou des biens soumis à un régime de
droit public ». Cette disposition renfermait donc expressément une interdiction
de recourir à l’arbitrage relative à la matière du litige susceptible d’être tranché
par une juridiction arbitrale. Contrairement au droit français, le droit marocain a
toujours récusé le critère organique pour l’interdiction faite à l’Etat et aux
personnes morales de droit public de recourir à l’arbitrage. L’ancienne loi
retenait uniquement un critère matériel pour juger de l’aptitude ou non des
personnes morales de droit public à souscrire une convention d’arbitrage.
Partant, l’Etat et les personnes morales de droit public pouvaient donc
compromettre dès lors que les litiges ne mettaient pas en cause des actes ou des
biens soumis à un régime de droit public.
Désormais, l’Etat et les personnes morales de droit public sont expressément
autorisés à recourir à l’arbitrage, aussi bien en matière interne qu’en matière
internationale.
Les litiges relatifs aux actes unilatéraux de l'Etat, des collectivités locales ou
autres organismes dotés de prérogatives de puissance publique ne peuvent faire
l'objet d'arbitrage.
Toutefois, les contestations pécuniaires qui en résultent peuvent faire l'objet
d'un compromis d'arbitrage à l'exception de celles concernant l'application
d'une loi fiscale.
Exemple : Affaire Salini « les décisions fiscales de l’Etat ne peuvent faire l’objet
d’un arbitrage, même quand il s’agit d’un arbitrage international. En l’espèce, il
s’agissait d’un marché public dont le maître d’ouvrage n’est autre que le
ministère de l’équipement et du transport et dont l’attributaire est une société
italienne. Au cours de l’exécution dudit marché, des conflits ont surgi entre la
société et le maître d’ouvrage concernant plusieurs points dont une partie est en
relation avec la fiscalité.
Mettant en œuvre la clause compromissoire stipulée dans le contrat, la société a
déposé une demande d’arbitrage devant la Chambre de commerce
internationale de Paris (CCI), qui a condamné l’Etat marocain au paiement de
certaines indemnités, y compris des montants portant sur les impôts. Sentence
rendue, la société a déposé une demande d’exequatur devant le président du
tribunal de commerce de Rabat, qui s’est déclaré incompétent pour traiter la
demande. Elle a ensuite attaqué en appel cette ordonnance et la Cour d’appel de
commerce de Casablanca a adhéré à l’analyse du président du tribunal de Rabat
et a confirmé son incompétence. Suite au pourvoi en cassation formulé par la
société italienne contre la décision de la Cour d’appel de commerce de
Casablanca, la Cour de cassation a confirmé l’incompétence des tribunaux de
commerce pour connaître des demandes d’exequatur des sentences arbitrales
dont fait partie une personne morale de droit public et a renvoyé les parties
devant le juge administratif, ce dernier a ordonné l’exécution partielle de la
sentence arbitrale, en excluant la partie en relation avec la fiscalité. »
Nonobstant les dispositions du 2e alinéa de l'article 317 ci-dessous, les litiges
relatifs aux contrats conclus par l'Etat ou les collectivités locales peuvent faire
l'objet d'une convention d'arbitrage dans le respect des dispositions relatives au
contrôle ou à la tutelle prévus par la législation ou la réglementation en vigueur
sur les actes concernés.
L’arbitrabilité en matière commerciale : Le recours à des textes autres que ceux
régissant l'arbitrage paraît nécessaire pour affirmer la validité de la clause
compromissoire en matière commerciale. Ainsi, l'article 5, alinéa 4 de la loi n°
53-95 instituant des juridictions de commerce prescrit que « les parties pourront
convenir de soumettre les différends ci-dessus énumérés à la procédure
d'arbitrage conformément aux dispositions des articles 306 à 327 du Code de
procédure civile ».
Nous estimons que la référence au Code de procédure civile est très significative.
Ce renvoi à des dispositions qui font état de la possibilité d'insérer des clauses
compromissoires, consacre en effet la validité de celles-ci en matière
commerciale — bien qu'il n'y soit pas fait référence de manière expresse —, le
fait d'admettre le recours à l'arbitrage de manière générale l'englobant
parfaitement à notre sens.
Quant aux litiges que l'alinéa précité a expressément permis de régler par voie
d'arbitrage (en vertu d'un compromis ou d'une clause compromissoire), l'alinéa
premier du même article en fait l'énumération suivante :
- ceux relatifs aux contrats commerciaux ;
- ceux qui opposent des commerçants à l'occasion de leurs activités
commerciales ;
- ceux afférents aux effets de commerce ;
- ceux qui surviennent entre associés d'une société commerciale ;
- ceux qui naissent à raison de fonds de commerce.
120. Toutefois l'étendue de la clause compromissoire en matière commerciale
souffre parfois de quelques restrictions d'ordre pratique. Il semble ainsi difficile
d'insérer une clause compromissoire au sein d'un effet de commerce.
En effet, en s'appuyant sur les articles 159, 232 et 239 du Code de commerce qui
déterminent le contenu de la lettre de change, du billet à ordre et du chèque, et
au vu des modèles préétablis relatifs à ces effets, l'insertion d'une telle clause
s'avère malaisée ; néanmoins, « rien n'empêche de prévoir une clause
compromissoire dans un contrat à part ». Par ailleurs, la pratique démontre que
lorsqu'un effet de commerce est émis, les parties n'y insèrent pas de clause
d'arbitrage, le litige éventuel relatif au défaut de paiement ne présentant a priori
aucun aspect technique ou complexe pour le soustraire à la justice étatique et le
confier à un homme de l'art, et ce d'autant plus qu'il est possible de saisir le
président de la juridiction compétente et obtenir une injonction de payer dans
de très brefs délais, la procédure n'étant pas contradictoire.

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