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I) Pourquoi penser que c’est "l'imitation" plutôt que la rationalité, qui définit la
création artistique?
1.Que veut dire irrationnel?
Peut-on opposer l’irrationalité de l’art à la rationalité de la technique?
Raison: vient du grec logos. La raison = faculté qui doit nous permettre de parvenir à une connaissance, à un discours objectif.
Un discours conforme aux principes logiques et aux lois de la nature est un discours rationnel. La rationalité exclut ce qui n’est
pas cela, ce qui est l’ordre de l’affectivité, de la subjectivité, de la passion, ce qui fait intervenir les pulsions du corps,
l’imaginaire => tout cela est considéré comme irrationnel. Ce qui ne se laisse pas démontrer, expliquer, est irrationnel. De plus,
le propre du rationnel est de mettre en évidence le commun, l’universel. Ce qui ne se laisse pas conceptualiser est irrationnel. De
même, la raison met en évidence des règles, élabore des lois qui régissent des phénomènes. Est irrationnel le singulier, ce qui ne
se répète pas, ce qui est imprévisible: cela échappe à la volonté de rationaliser.
On parle des “règles de l’art”. Cette expression introduit un génitif: est-il objectif ou subjectif? Subjectif = sujet / objectif =
relatif à l’objet.
Exemple: la peur des Romains = soit les romains sont sujets et ont peur / soit les Gaulois expriment la peur des romains: dans ce
cas les Romains sont objets de la peur.
S’il est pris comme objectif: ce sont les règles assignées à l’art par les académies, elles sont conventionnelles et relatives.
S’il est pris comme subjectif: c’est l’art qui se donne ses propres règles. Exemple: en architecture, le matériau impose ses
règles.
Exemple à la Renaissance: volonté d’intellectualiser l’art, de lui donner une dimension scientifique. Les artistes ont voulu se
séparer des artisans, et accéder à un statut social différent des artisans. De Vinci, Dürer, Della Francesca ont fait apparaître cette
distinction en montrant que leur art était quelque chose de scientifique, et reviennent au modèle antique de l’art comme imitation
de la nature.
Sur l’imitation de la nature:
Exemple: si l’on veut représenter un homme, on n’imite pas l’homme lambda mais des canons, un homme idéal aux proportions
exactes définies par le nombre d’or.
La perspective est un exemple-type d’artifice. Procédé inventé par Alberti et Brunelleschi. Procédé technique d’organisation de
l’espace: il s’agit d'organiser un espace bidimensionnel de façon à représenter un espace tridimensionnel, afin de restituer
l’apparence vraie des choses. La perspective est une construction géométrique qui donne l’illusion de profondeur: l'œil restitue
la profondeur là où elle n’est pas car il est habitué à lire ces images.
Panofsky, Idea: la perspective est un procédé technique qui nous informe sur l’attitude globale des hommes devant le monde.
En effet, la perspective est construite à partir du point de vue du spectateur du tableau face à la nature.
Les artistes de la Renaissance insistent donc sur le statut scientifique de leur art, ce qui permet qu’ils changent de statut social.
Autre raison à ce changement de statut: les mécènes font des commandes aux artistes, les amateurs d’art se multiplient et font des
collections => cela permet aux artistes de vivre de leur art. De plus, certains artistes commencent à se faire un nom (Raphaël, De
Vinci, Michel-Ange). La naissance des académies joue également en leur faveur. (Ex: en France, l’Académie royale de peinture
et de sculpture.)
Mais ces artistes qui tirent l’art vers le scientifique, vont également insister contradictoirement sur la dimension individuelle,
singulière, originale, créatrice de l’art. Ils tirent donc paradoxalement l’art vers l’irrationnel aussi.
3. L’énigme de la création
a) L'œuvre d’art doit son apparition à un processus inexplicable.
L’art renvoie à un processus irrationnel. La création se distingue de la production : dans la production, l’idée préexiste à
l'œuvre. Elle est une conception claire de l’objet achevée. Dans le cadre de la création, aucune idée de l'œuvre achevée ne
préexiste à l'œuvre, et donc aucune idée des processus à mettre en place pour la réaliser ne préexiste à l'œuvre.
Le scientifique (ex: Newton) peut expliquer tout son raisonnement à quelqu’un. VS L’artiste ne sait pas lui-même comment
il en est arrivé là. // “Le premier vers est toujours donné” (Valéry)=> quelque chose arrive et on ne sait pas comment.
concept d’inspiration divine. Platon, Ion. L’artiste est enflammé, connaît ce que les Grecs appelaient l’enthousiasme. Ce
n’est pas l’artiste qui crée mais les muses qui le possèdent. Certains artistes tentent de se mettre dans un tel état, notamment
par la prise de substances (drogue, alcool).
concept de génie: Kant, Critique de la faculté de juger Selon Kant, les Beaux-Arts sont les arts du génie. Ceux qui cherchent
à produire une jouissance esthétique chez le spectateur.
Première thèse: tout art suppose des règles. Une fois que l'œuvre sera achevée, l'œuvre fera apparaître les règles qui ont servi à
sa création.
=>Il y a une intention créatrice de la part de Monet de rendre compte du mouvement sur le paysage. Il en arrive à peindre par
taches de couleur. Il rompt avec la tradition qui veut que l’on souligne les contours des motifs peints, et choisit de peindre par
touches de couleur => impression de mouvement. Il trouve,en faisant, le procédé technique subordonné à son intention
créatrice.
2) il ne peut servir que cette intention (car après c’est de l’imitation sinon).
On peut dire qu’il n’y a pas de règles de l’art que l’on peut apprendre et qui nous permettent de savoir comment créer de
nouvelles règles. Le propre du chef-d'oeuvre est qu’il est singulier:
1. remarquable, se distingue des autres oeuvres par des règles radicalement nouvelles
Dans l’art, on peut donc distinguer une partie rationnelle (partie technique) et irrationnelle (proprement artistique) car on ne
peut pas rendre compte de son processus de production.
Le propre des écoles est d’enseigner les règles appliquées précédemment par d’autres. Mais si l’on ne fait qu’imiter, l’application
des règles ne produit que de l’imitation. Mais tous les grands artistes ont commencé par imiter. Mais l'œuvre peut être à l’origine
d’écoles (cubisme, impressionnisme, etc). Le chef-d'œuvre ouvre de nouvelles voies. En ce sens, il peut y avoir imitation et
inspiration.
Georges de la Tour, Adoration des Bergers
ses sujets (mêmes scènes) Les Tricheurs => Le Tricheur à l’As de carreau
Mais il ajoute ses propres éléments, notamment la diffusion de la lumière par les bougies. Il peut y avoir filiation sans qu’il y ait
imitation.
Les écoles servent à apprendre les techniques + familiariser les esprits avec les œuvres d’art.
Baudelaire dit que les grands artistes sont des “phares”: permettent de guider mais ne doivent pas être imités (ou juste pour
apprendre).
Ex: les cubistes rompent avec la perspective et la représentation réaliste des objets => marque son époque.
=> La grande oeuvre s’impose-t-elle par ses qualités propres ou est-ce une intelligentsia qui décide que c un grand artiste?
Influence d’Eisenstein sur Capra: d’autant plus intéressant que l’un est soviétique et l’autre est américain d’origine italienne
donc il doit montrer qu’il est américain en exaltant dans ses films les valeurs américaines.
Exemple: L’Extravagant Mr Deeds (Mr. Deeds Goes to Town) (1936) / Le cuirassé Potemkine (1925)
(Résumé de l’intrigue: Longfellow Deeds est un jeune homme simple et naïf qui vit en bohème dans un village perdu de l’Ouest
américain. A la mort d’un vieil oncle inconnu, il hérite de 20M de dolalrs. Après avoir traîné dans les quartiers riches de la ville
et s’être installé dans le manoir du défunt, il distribue toute sa fortune aux pauvres fermiers aux chômages. Il est accusé d’être
fou, et finit par être convoqué à un procès, après être resté muet il prononce un discours qui prouve sa raison, il finit par être
embrassé par celle qu’il aime.)
Dans la séquence finale, on constate une alternance de plans larges (foule / collectif) et de gros plans (filment l’individu) qui
rappellent ceux du Cuirassé Potemkine. Mais renversement des valeurs d’Eisenstein: c’est ici l’individu, la vedette qui est mise
en valeur VS dans le Cuirassé Potemkine c’est le peuple qui est mis en valeur.
Cette filiation ne sera jamais reconnue par Capra lui-même, naturellement.
Exemple: Raphaël en peinture, Michel-Ange en peinture et sculpture, les oeuvres de Bach, etc…
Les artistes du passé auraient défini ce qu’est l’art par la médiation de leurs oeuvres. Ainsi, tout ce qui est fait après ne pourrait
être qu’inférieur. On ne peut donc qu’imiter ce qui a déjà été fait; tout ce qui est nouveau ne peut pas être accepté dans la
catégorie de l’art selon ce raisonnement.
Le propre des critiques, selon Nietzsche, est d’empêcher les artistes de créer du nouveau. Le rapport qui existe entre les critiques
et les artistes est un cas particulier de la revanche des faibles sur les forts. (Dichotomie traditionnelle de Nietzsche, qui pense que
l’on peut expliquer les relations humaines de Nietzsche selon un rapport entre les hommes qui auraient plus de puissance et
d’autres qui en auraient moins.) Ici, les faibles sont ceux qui n’ont pas de force créatrice, contrairement aux forts. Les faibles font
barrage à la puissance des artistes pour conserver une position dominante, en créant une définition de l’art qui exclut toute forme
de création nouvelle.
=> Cela est la manifestation, selon Nietzsche, d’une médiocrité ambiante de la culture, et d’une pathologie des faibles.
Les “connaisseurs” voudraient supprimer l’art, c'est-à-dire supprimer le processus créatif. Pour Nietzsche, l’art n’est pas le
produit fini mais le travail de l’artiste.
Selon Nietzsche, les artistes contemporains doivent imiter le processus de création des anciens: c’est-à-dire le courage d’inventer
de nouvelles règles relativement radicales. Par conséquent, selon Nietzsche, la survalorisation du passé entrave la création des
artistes présents.
Clouzot choisit de faire coïncider l’écran avec la feuille de la toile, pour nous montrer le processus d’élaboration du tableau en
cours. L’espace est réduit à l’espace de la toile. Le réalisateur nous oblige à focaliser notre regard sur la toile; notre champ de
vision est totalement purifié. Feuille blanche = sentiment que tout peut advenir. Clouzot nous montre le surgissement de quelque
chose. La toile est le lieu d’apparition de quelque chose, et non de l’imitation du réel.
Sur la transformation du poisson en poule: virtuosité qui consiste en un art de la métamorphose. Picasso est un peu comme un
magicien, il fait surgir des formes. Cette impression est renforcée par l’absence du peintre: le toile se remplit “toute seule”
d’applats de couleur => illusion d’apparition. André Bazin a écrit un article sur ce film: il rappelle que Picasso dit: “Je ne cherche
pas, je trouve.” Il n’y a pas d’hésitation chez Picasso. VS Miro: s’arrête, hésite, etc. Néanmoins, ce qui domine dans le travail de
Picasso, c’est l’imprévisibilité et c’est ce qui le rend intéressant.
Une illusion est créée par le film: le travail de Picasso étant passé en accéléré, on peut avoir l’impression qu’il y a une nécessité
interne à l’oeuvre, l’idée que chaque geste appelle le suivant (cf. texte d’Alain), comme s’il y avait un lien nécessaire entre
chaque étape. Mais le film s’insurge contre cela: il n’y a aucune nécessité: ce qui domine c’est l’imprévisibilité. On ne sait jamais
à quoi s’attendre, et Picasso fait continuellement autre chose que ce à quoi on pourrait s’attendre. “Chaque trait de Picasso est une
création qui en implique une autre, non pas comme une cause entraîne un effet, mais comme la vie entraîne la vie.” Mais
attention: quand la vie engendre un vivant, il y a une nécessité qui fait que chaque partie va croître et en entraîner une autre (ex:
on peut décrire les lois d’organisation de la nature de façon précise et certaine). Il ne faut pas penser que la création se passe de
cette façon-là, car à chaque moment de la création, tout est absolument possible. Chaque trait, chaque geste est une micro-
décision. Il y a à chaque moment de l'œuvre une pluralité de possibles. La création est absolument libre, imprévisible, et rien ne
nécessite Picasso à aller dans une direction plutôt qu’une autre. Chaque étape de la création peut toujours être déconstruite.
La peinture de Picasso peut être conçue comme un palimpseste, en raison des différentes étapes de recouvrement: “Il faut
montrer les tableaux sous le tableaux”. Pour nous, ce sont des étapes intermédiaires, mais pour l’artiste ce ne sont pas des parties
Freud démystifie la création: l’artiste n’est plus un être extraordinaire: c’est monsieur Toutlemonde, un névrosé, et non pas
quelqu’un qui vit une expérience surnaturelle, divine. La frontière entre le normal et le pathologique n’est qu’une différence de
degré — cela n’empêche pas, cependant, une admiration pour les grandes oeuvres. La création artistique , selon Freud,
s’explique donc sur le modèle du rêve, qui n’est jamais que la satisfaction symbolique d’un désir qui a été mal refoulé (= on
continue à chercher la satisfaction de ce désir car il est mal refoulé, pour cela il doit essayer passer par la conscience; il se déguise
donc en rêve pour passer la censure.) Le dormeur réussirait donc à satisfaire symboliquement dans le rêve le désir qu’il n’a
pas pu satisfaire dans son existence. On transpose cette analyse à la création artistique: selon Freud, l’origine de la création
artistique est un désir refoulé. Il essaye de se manifester à la conscience, non pas par la voie du rêve mais par celle de la
création. L’oeuvre serait l’expression sublimée, figurée du désir: dans l’oeuvre apparaîtrait des traces déformées d’un désir
qui a été mal refoulé. L’oeuvre ne s’expliquerait donc pas par un acte d’une nature singulière: elle n’est, dans cette conception,
que la manifestation d’une pulsion à laquelle l’artiste a donné une forme maîtrisée. L’art serait donc une forme de thérapie
— mais dans l’oeuvre d’art, contrairement à la thérapie analytique, il n’y a pas de prise de conscience du traumatisme à l’origine
du trouble.
b. Autres explications possibles.
Pour Nietzsche, Humain trop humain, il n’y a pas de réel ni de vérité en soi (un discours vrai = un discours qui dit adéquatement
le réel). S’il y a le réel, il n’y a pas une vérité, et donc seulement des interprétations.
📎 Interpréter, cela veut dire proposer une signification, en partant du principe que l’élément interprété est univoque
(=il y a une pluralité de sens possibles).
⇒ Il n’y a pas de réel en soi, seulement des interprétations du réel. S’il n’y a pas de réel en soi, ces interprétations se jugent en
fonction de leur utilité pour la vie selon Nietzsche. Il y en a qui accroissent ou qui affaiblissent la volonté de puissance. Le
principe de la hiérarchie est dit pragmatisme vital (classement des interprétations du réel en fonction de leur utilité pour la vie).
Nous nous donnons toujours la représentation du monde dont notre physiologie a besoin pour vivre. On a besoin de transformer
la nature en un monde habitable, familier. Partant de là, le terme d’art chez Nietzsche a donc une extension extrêmement large: il
considère comme relevant de l’art toute création de forme. Cela veut dire que quand on interprète le monde, on donne une
On peut avoir du monde une interprétation scientifique qui permet aux hommes faibles de se rassurer en se reposant sur un
monde quantifiable et stable, régi par des lois objectives. Mais Nietzsche dit que cette représentation est superficielle,
appauvrissante : que sait on de la musique lorsqu’on sait qu’un son est une longueur d’onde? Le point de vue scientifique de la
musique ne nous permet pas de faire l’expérience de celle-ci. Faire l’expérience de la musique = se laisser absorber par celle-ci.
Exemple: La sonate de Vinteuil et ses effets sur Swann.
Dans cet exemple, on voit bien qu’en un sens les scientifiques sont artistes, et que les artistes sont artistes également.
Cependant, il y a une différence entre eux: le scientifique pense qu’il dit vrai, il prend une interprétation du monde pour la
vérité. Il est un artiste, mais qui refuse de se penser comme tel. Il s’ignore en tant qu’artiste et nie le caractère fictionnel de ce
qu’il nous présente comme la vérité, à la différence de l’artiste qui admet que ce qu’il crée n’est qu’une fiction, une illusion.
II. Que cette irrationalité de l’art peut également être décelée dans la réception de
l’oeuvre d’art.
1.L’oeuvre exerce sur les esprits une fascination toujours susceptible de mettre la raison en déroute.
Les thèses platoniciennes.
a. Un art illusionniste est une menace pour la raison.
La réflexion sur l’art apparaît chez Platon dans La République, V: le passage traite de l’éducation des gardiens de la cité.
Platon se demande en quoi doit consister l’éducation des gardiens de la cité. Il s’en prend à la poésie d’Homère, oeuvre de
référence qui fait partie de l’éducation de base dans la Grèce Antique, parce qu’il considère qu’elle est une mauvaise
représentation de ce que sont vraiment les dieux. Homère parle en effet des dieux de l’Olympe, qui ont toutes les
caractéristiques des hommes: des vices, des passions, etc. Pour Platon, Homère donne une représentation des dieux qui ne
convient pas: sa poésie donne à imiter des actions violentes, injustes et gouvernées par les passions, alors même qu’il faut
absolument leur donner à imiter de bons modèles selon Platon. L’artiste a une fonction sociale, éthique, selon Platon: il a une
fonction éducative. Son travail doit donc être subordonné au politique. L’art doit être soumis à une législation, que Platon
compare à la législation sur le vin, car le vin libère les passions des hommes, produit une dépossession de soi, un dérèglement des
sens, il faut donc encadrer sa consommation. En effet, comme le vin, une tragédie par exemple peut avoir un pouvoir hypnotique,
magnétique: on perd la conscience de nous-mêmes pour nous identifier à ce que nous voyons. Les Grecs définissaient la
contemplation d’une certaine façon: elle est à la fois l’identité du contemplant et du contemplé. Dans la contemplation, nous
devenons ce que nous regardons. Nous sommes totalement fascinés, subjugués: il y a une dépossession dans le sens où nous ne
sommes plus nous-mêmes: nous devenons ce que nous regardons. Il y a donc une coïncidence entre l’esprit du contemplateur
et le contemplé: nous ne distinguons plus notre propre identité de ce que nous contemplons. Ce que nous vivons en nous
identifiant aux acteurs sur scène peut nous imprégner au point de nous influencer une fois la représentation finie. La coïncidence
avec ce qui est vu a des limites: la condition pour qu’il y ait plaisir esthétique c’est que jamais on oublie qu’on est face à une
oeuvre, une fiction, que jamais on ne confonde le réel et l’imaginaire.
Dans La Poétique, Aristote explique les règles propres à la comédie, la tragédie, etc; et il insiste sur le fait que les oeuvres ne
sont pas une imitation du réel: c’est une représentation du réel, qui est construite, fabriquée, composée. Le poète est un
“faiseur”: poiein (= 1er sens = fabriquer). ce qu’on nous donne à voir est une histoire inventée. On nous raconte une histoire
“La consciente imageante pose son objet comme absent ou inexistant, mais
Ce qui caractérise la conscience du spectateur / du lecteur, c’est toujours de faire comme s’il prenait le réel pour l’imaginaire,
alors qu’il conserve toujours une distance avec l’oeuvre. Nous avons une capacité à feindre le fait de prendre une oeuvre pour la
réalité. Nous décidons de ne plus percevoir le réel comme à l’ordinaire: on passe d’une consciente perceptive à ce que Sartre
appelle une conscience imageant dans L’imaginaire: c’est une conscience qui décide de constituer une image à partir d’une
perception réelle. Saisie d’une réalité par la médiation de la perception. Nous décidons de faire des acteurs des substituts, des
analogon d’autre chose (autre chose= le personnage représenté). Suspension de l’objectivité. La réalité est perçue, non pas pour
elle-même, mais pour un analogon d’autre chose. La conscience ne voit plus l’acteur mais le prend pour autre chose que ce qu’il
incarne. C’est une activité volontaire de la conscience.
Si je perçois de façon normale, je prends l’objet de ma perception pour réelle.