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Chapitre III : LES CONDITIONS BANCAIRES

I. Critères d’Evaluation Bancaire de l’Entreprise


Il existe des ratios spécifiques sur lesquels le banquier a défini des normes :

A. Les Ratios de Structure


Ils mesurent la capacité d’emprunt de l’entreprise :
Capitaux. Pr opres
- Autonomie financière = > 20%
Passif .Total

Dettes.Financières
- Composition des ressources durables = ≤ 1 , ce ratio indique le poids relatifs
Capitaux. Pr opres
des emprunts à long et moyen terme par rapport aux capitaux propres, il est préférables qu’ils ne
dépassent pas 1, c’est la règle du « 1 pour 1 », le banquier veut qu’il y ait au moins 1 franc de
capitaux propres pour 1 franc de dettes financières ;

Dettes.Financières
- Capacité dynamique de remboursement = ≤ 3.ou.4.ans , la CAFG représente
CAFG
l’excédent financier dégagé au cours de l’année par l’activité d’ensemble de l’entreprise, ce ratio
est dynamique, car il intègre la notion de flux avec la CAFG. L’entreprise doit être en mesure de
rembourser dettes financières en 3 ou 4 ans de CAFG. L’hypothèse est que l’entreprise emprunte
en moyenne sur une durée entre 6 et 8 ans et qu’elle ne doit pas utiliser sa CAFG a plus de 50%
pour le remboursement des dettes financières. la CAFG a en effet d’autres usages que le
remboursement des emprunts, paiement des dividendes, financement en parti du cycle
d’exploitation et des nouveaux investissements.

B. Ratio de Trésorerie
Il mesure la capacité d’emprunt à court terme de l’entreprise, l’encours global des crédits de trésorerie ne
doit pas dépasser certaines limites :
FR
- degré de couverture du BFR par le FR = ≥ 50% , ce ratio mesure le degré d’indépendance de
BFR
l’entreprise, par rapport aux préteurs à court terme, en l’occurrence les banquiers. Un chef
d’entreprise prudent, va financer une part importante de son cycle d’exploitation par des
ressources stables, principalement les capitaux propres. Ce ratio pourra être amélioré grâce à un
apport important de capital ou réinvestissement des bénéfices, ou encore une meilleure gestion du
BFR ;

créances.mobilisées
- pourcentage de mobilisation du poste client = , un ratio faible indique que
total.créances.clients
l’entreprise dispose à priori d’une réserve de financement importante, elle ne risque donc pas de se
trouver dans une position d’illiquidité. Si l’entreprise se finance par escompte de traites, un ratio
de 50% est déjà élevé

Frais.Financiers
- ratio d’endettement = , l’importance de ce ratio a été démontré par des travaux
EBE
statistiques réalisés par la banque de France, un ratio supérieur à 50% indique une probabilité

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élevée de défaillance à l’horizon de 2 ans : lorsqu’une part trop importante de l’EBE est absorbée
par les frais financiers, la CAFG s’amenuise.

II. Le Nombre de Banques


Les conditions bancaires sont liées aux problèmes des relations entre les banques et les entreprises.
Les entreprises ont pris conscience des coûts financiers qui peuvent peser lourdement sur leurs marges et
de la nécessité de mettre en place des services de trésorerie opérationnelle.
A partir de ce moment, le banquier a des interlocuteurs capables de discuter et de négocier les conditions
des services bancaires.

Le choix du nombre de banques, doit tenir compte du montant des flux que l’entreprise a l’intention de
confier aux banques et de la complexité de la gestion des comptes (équilibrage des comptes entre les
banques). En effet des comptes mal équilibrés peuvent être très coûteux à l’entreprise en agios débiteur,
ou en perte d’opportunités de placement.

Pour les grands groupes, il faut au moins avoir une banque d’affaire. Dans tous les cas avoir au moins 2
banques, permettra à l’entreprise de les mettre en concurrence, afin de pouvoir négocier les conditions
bancaires. Le nombre est donc déterminé en fonction de la simplicité du traitement administratif
recherché pour la gestion quotidienne.

Le choix des banques doit tenir compte :


- de la situation financière de l’entreprise, par exemple une banque à taille humaine pour la gestion
des opérations courantes des PME/PMI ;

- de la spécialisation es services bancaires ;


- de l’affinité entre trésorier et banquier ;
- des coûts des services bancaires.

La rémunération des services bancaires fait intervenir 3 composantes :


- les jours de valeur et les jours de banques ;
- les diverses commissions liées aux opérations de débit/crédit
- les taux d’intérêts.

A. Les Commissions
Les banques facturent différentes catégories de commissions ou de frais financiers :
- les commissions prorata temporis ;
- les commissions de tenue de compte ;
- les commissions à l’unité (recouvrement des créances) ;
- les frais liés aux incidents et prestations diverses, relatives aux opérations d’encaissements et de
décaissements ;

- les frais dus aux échanges internationaux.

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1. Les Commissions Prorata Temporis
Elles interviennent dans la formation du taux nominal du coût des crédits :
- les commissions d’endos (0,60%) couvrent la rémunération des banquiers qui apposent leurs
griffes sur les effets ;

- la commission catégorielle de 0 à 1%, elle est définie par chaque banque à partir de sa propre
expérience, une méthode de cotation (scoring) permet de hiérarchiser le risque de signature pour
chaque client selon une échelle de valeur. Cette majoration pénalise les entreprises de petite taille
considérées souvent comme plus risquées ;

- la majoration spécifique (0,45%) ; elle est établie en fonction de la nature du crédit utilisé pour
couvrir le risque pris par les banques par défaut de garantie offerte suffisante.

Exemple de formation du taux d’intérêt d’un découvert :

EURIBOR/EONIA/TBB 5,95
+ Majoration spécifique 1,55
Taux nominal 7,50
+ Majoration catégorielle 0,40
Taux appliqué 7,90

2. Les Commissions de Tenue de Compte


Il s’agit de commissions liées au mouvement sur les comptes ou à des services proposés par la banque
dans la tenue des comptes :
- commission de mouvement des comptes (0,05 à 0,20%) du montant des écritures enregistrées au
débit du compte, à l’exception des virements de trésorerie ;

- commission de tenue de compte : 9 500/trimestre ;


- fusion des comptes : 50 000/ trimestre ;
- commission du plus fort découvert : 0,05% du plus fort solde débiteur du mois, elle est payée en
fin de trimestre et est limitée soit à 50% soit à 100% des intérêts débiteurs du trimestre ;

- la commission de dépassement, elle est calculée sur la différence entre le montant du découvert
autorisée et le plus fort découvert mensuel, au taux de 0,90% par mois.

3. Les frais à l’unité


Ce sont des commissions de recouvrement de créances (ex : remise d’effet de commerce, remise de
prélèvement, etc.). Il s’agit également des frais liés aux incidents et aux prestations diverses relatives aux
opérations de paiement ou d’encaissements.

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4. Les Echelles d’Intérêts
L’échelle d’intérêt est un relevé de compte bancaire, classé par dates de valeur, en mouvement et en solde
journalier, qui justifie les agios prélevés par la banque : elle doit être impérativement vérifiée par le
trésorier.
Elle est établie généralement à la fin de chaque trimestre. Elle commence le dernier jour du trimestre
précédent et se termine l’avant dernier jour du trimestre en cours.

Une entreprise possédant plusieurs comptes dans la même banque peut demander la fusion des comptes et
une échelle d’intérêt unique. La fusion des échelles d’intérêts consiste à faire bénéficier soit un groupe,
soit une entreprise qui possède plusieurs comptes dans la même banque, de la compensation entre solde
débiteur et solde créditeur des différents comptes. Les agios sont calculés par la banque sur un compte
unique appelé compte fusionné ; le groupe ou la société assure ensuite la répercussion des agios à chaque
membre du groupe ou à centre d’activité selon une clé de répartition définie d’un commun accord.

L’échelle d’intérêt comprend généralement la date de valeur, les mouvements journaliers débiteurs, les
mouvements journaliers créditeurs, le solde cumulé journalier débiteur ou créditeur. Le nombre s’obtient
à partir du produit du solde par le nombre de jour pendant lequel ce solde est resté inchangé.

Exemple :
L’échelle d’intérêt du 1er trimestre d’une SA. L’échelle commence le 31/12/N-1 et se termine le 31/03/N
Taux du découvert 10% Solde débiteur au 31/12/N-1 : 4 100

MOUVEMENT DE
DATE DE SOLDE EN VALEUR NOMBRE NOMBRE
CAPITAUX
VALEUR DE JOURS
Débit Crédit Débit Crédit Débit Crédit
31/12/1999 4 100 1 41
01/01/2000 240 000 244 100 9 21 969
10/01/2000 245 000 489 100 1 4 891
11/01/2000 450 000 850 000 89 100 1 891
12/01/2000 850 000 750 000 189 100 6 11 346
18/01/2000 263 000 250 000 202 100 7 14 147
25/01/2000 350 000 340 000 212 100 1 2 121
26/01/2000 2 042 000 2 000 000 254 100 10 25 410
05/02/2000 2 850 000 2 100 000 1 004 100 1 10 041
06/02/2000 540 000 800 000 744 100 9 66 969
15/02/2000 140 000 550 000 334 100 12 40 092
27/02/2000 4 045 800 3 900 000 479 900 1 4 799
28/02/2000 245 000 350 000 374 900 1 3 749
01/03/2000 1 450 000 1 400 000 424 900 11 46 739
12/03/2000 250 000 200 000 474 900 1 4 749
13/03/2000 145 000 125 000 494 900 1 4 949
14/03/2000 365 000 360 000 499 900 5 24 995
19/03/2000 1 450 000 1 300 000 649 900 1 6 499
20/03/2000 2 654 000 2 600 000 703 900 1 7 039
21/03/2000 265 000 350 000 618 900 7 43 323
28/03/2000 256 000 36 000 838 900 1 8 389
29/03/2000 985 000 990 000 833 900 1 8 339
30/03/2000 1 560 000 1 900 000 493 900 1 4 939
31/03/2000 2 560 000 2 600 000 453 900
TOTAUX 24 200 800(1) - 90 366 426 -

(1) : Dont 2 200 800 d’exonération pour la commission de compte


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Calcul du ticket d’agios trimestriel :
Intérêts débiteurs
+ Commission du plus fort découvert (CPFD)
+ Commission de mouvement
+ Frais fixe (arrêté de compte, frais d’envoi, frais d’édition)
+ TVA
TOTAL DU TICKET D’AGIOS

Intérêts débiteurs
solde × nombre.de. jours
Nombre (débiteur ou créditeur) =
100

nombre.débiteur × taux
Intérêts débiteurs =
360
366.426 × 10
Intérêts débiteurs = = 10.178,5
360

Commission du plus fort découvert (CPFD)


CPFD < 50% des intérêts débiteurs
Taux CPFD 0,05 à 0,20%
MOIS Plus fort découvert
JANVIER 489 100
FEVRIER 1 004 100
MARS 838 900
TOTAL 2 332 100

CPFD = 2 332 100×0,05% = 1 166,05

Commission de mouvement
Total mouvement : 24 200 800
- Montant exonéré : 2 200 800
Montant non exonéré 22 000 000

Taux commission de mouvement : 0,025%


Commission de mouvement = 22 000 000 × 0, 025% = 5 500
Frais de tenue de compte : 15 000

TVA/ commission de mouvement et frais de tenue de compte


TVA = (5 500 + 15 000) × 18% = 3 690

Intérêts débiteurs 10 178, 5


+ Commission du plus fort découvert (CPFD) 1 166,05
+ Commission de mouvement 5 500
+ Frais fixe (arrêté de compte, frais d’envoi, frais d’édition) 15 000
+ TVA 3 690
TOTAL DU TICKET D’AGIOS 35 534,55

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Calcul du taux réel d’un crédit de trésorerie
Soit un découvert du 25 mai inclus au 30 mai inclus.
Montant du découvert : 120 000
Taux : 7,2%
CPFD : 0,05% ou 1
2000
120.000 × 6 × 0,072
Intérêts débiteurs = = 144
360

120.000
CPFD = = 60
2.000

Coût total = 144 + 60 = 204

120.000 × 6 × t 204 × 360


Taux réel du crédit : 204 = ⇒t = = 0,102 → 10,2%
360 120.000 × 6
Taux réel = 10,2%

Taux réel – taux nominal = 10,2% - 7,2% = 3%


Majoration de 3points par rapport au taux nominal

Coût d’un Escompte


L’escompte est calculé sur le nombre de jours qui sépare la date de négociation (exclue) de la date
d’échéance (incluse), à ce nombre, la banque ajoute en général 2 jours dits jours de banque. Par
négociation, les entreprises peuvent obtenir de meilleures conditions.

Exemple :
Le 20 mai, la société A remet à l’escompte 2 effets de nominal 1 000 et 2 000 échéant le 10 juin, taux
d’escompte 6,10%, commission d’endos 0,60%, commission de manipulation 4 Fr par effet, jour de
banque : 2.

TAF : déterminez le coût de cette opération sachant que la date de valeur des effets remis à
l’encaissement est date d’échéance + 4 jours calendaires.

Détermination du nombre de jours sur lequel l’escompte est calculée :


20 mai au 10 juin soit 21 jours
Jours de banque 2 jours
Total 23 jours

Intérêts débiteurs =
(1000 + 2000) × 23 × (0,061 + 0,006) = 12,84
360

Commission de manipulation = 2 × 4 = 8

Coût total = 12,84 + 8 = 20,84

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Taux réel de l’opération : si les effets avaient été remis à l’encaissement, ils auraient été crédités 25 jours
après (21 jours + 4 jours calendaires), la durée du crédit obtenu est donc de 25 jours.
Le montant du crédit obtenu est de : 3 000 – 20,84 = 2 979,16
2.979,12 × 25 × t 20,84 × 360
Taux réel : 20,84 = ⇒t = = 0,1007 → 10,07%
360 2.979,16 × 25
t = 10,07%

Coût et conditions d’utilisation d’un crédit


Le coût d’un crédit est souvent fonction de son utilisation.
L’utilisation d’un crédit peu cher au départ peut se révéler onéreuse si elle est effectuée dans de
mauvaises conditions. Par exemple le taux de revient du découvert peut de 16% ou de 7,2% pour un taux
nominal de 7%, selon que ce découvert a duré 2 jours ou 20 jours.

En cas d’escompte, il faut éviter d’utiliser des effets dont la date d’échéance est trop postérieure à la fin
du déficit ou dont l’échéance est proche, en effet la banque pratique un minimum de jours d’agios.

Il faut également éviter de remettre à la banque les effets de trop faible montant. Les prorogations et les
impayés entraînent des frais qui viennent renchérir le coût du crédit. Les conditions proposées par les
banques peuvent être mise en concurrence et négociées, les facteurs susceptibles d’influencer ces
conditions sont la taille de l’entreprise, son niveau de risque, le montant des flux transitant par la banque
et l’intensité de la concurrence.

Pour résoudre tout problème de sélection des moyens de financement, il faut mettre en œuvre un critère
pertinent, ainsi le choix entre escompte et découvert doit être fait sur la base d’un coût exprimé en franc et
non en taux, ce la en raison de la disparité des éléments de calcul, en effet, le découvert correspond
exactement à la durée et au montant du crédit dont a besoin l’entreprise. Il n’en est pas de même pour
l’escompte notamment quand il porte sur plusieurs effets dont les échéances sont différentes.

Crédit de trésorerie d’un autre type


i : taux nominal
j : jours de banque
D : durée du crédit ou durée de mise à disposition

D + j 365
Crédit à intérêts post-comptés : taux réel = i × ×
360 D
⎡ ⎤
⎢ 1 ⎥ 365
Crédit à intérêts précomptés : taux réel = ⎢ − 1⎥ ×
⎢1 − ⎛ i × D + j ⎞ ⎥ D
⎢ ⎜⎝ ⎟
360 ⎠ ⎥⎦

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