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Hénothéisme 49 langues

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Début
L'hénothéisme (grec ancien εἷς θεός [heis theos], « un dieu ») décrit le culte prédominant rendu à un dieu particulier, tout en ne niant pas l'existence
Histoire du mot et apparition du
(ou l'existence possible) d'autres divinités, qui peuvent, selon le cas, bénéficier d'un culte de moindre importance (hénothéisme classique) ou non (cas
concept voisin de kathénothéisme 1, 2
particulier de la monolâtrie) . Friedrich Schelling (1775-1854) fut le premier à introduire ce concept, et Friedrich Welcker (1784-1868) l'a repris pour
Autres exemples historiques
dépeindre une forme de monothéisme primitif qui apparaît progressivement chez les Grecs antiques au profit d'une divinité dominante (Zeus), au
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Bibliographie détriment d'un paganisme généralisé .
Notes et références
Histoire du mot et apparition du concept voisin de kathénothéisme [ modifier | modifier le code ]
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Le néologisme d'hénothéisme a été forgé par Friedrich Schelling dans sa Philosophie der Mythologie und der Offenbarung (1842) . Le mot sera souvent
utilisé ensuite pour définir les religions polythéistes où un dieu exerce une suprématie incontestable sur les autres dieux et est considéré comme le père
des autres, ou encore le monarque qui règne sur eux. Cette définition convient à merveille aux religions grecque et romaine, mais aussi à la religion
mazdéenne, et ce, sans doute, même avant Le quepolythéisme est une croyance
la réforme zoroastrienne religieuse,
ne confirme la prééminence d'Ahura Mazda.
ou philosophique, selon laquelle il existe
Max Müller (1823-1900), un philologue et orientaliste
plusieursallemand, invente Osiris
divinités, comme un concept proche, celui de kathénothéisme (grec ancien καθ' ἕνα θεόν [kath'
ou encore
hena theon], « Un par un dieu ») pour désigner une forme
Anubis, dieux de
du croyance
panthéonendeune pluralité de dieux dans laquelle chacun d'entre eux joue successivement
l'Égypte
4, 5
un rôle prédominant par rapport aux autres etantique.
reçoit un culte préférentiel pendant ce temps. Müller a employé le terme en référence aux Védas, pour
lesquels il explique que chaque déité est tour à tour suprême.

Dans ses travaux au cours des années 1870, Müller introduit une certaine confusion, en utilisant de façon interchangeable les deux termes, et finira par
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abandonner celui de « kathénothéisme » en 1882, constatant que « le mot hénothéisme, plus court, est le plus généralement accepté » .
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Henri Clavier décrit le kathénothéisme comme une sorte de « rotation » du culte entre « plusieurs grands dieux » .

Dans l'hénothéisme des religions grecque et romaine, on trouve moins cette trace de cette rotation du culte entre divinités comme dans les religions
indiennes, car il existe un culte prédominant à une divinité dominante. Toutefois, la pluralité des cultes selon les cités-États (chaque cité ayant sa divinité
dominante) peut manifester dans son ensemble, une forme de kathénothéisme. De même, les cultes à mystères et cultes non-étatiques, ont chacun des
divinités de prédilection qui peuvent changer selon les lieux et les époques.

Autres exemples historiques [ modifier | modifier le code ]

Selon Thomas Römer, la religion israélite ancienne est un hénothéisme, « le culte préférentiel d'une divinité ethnique parmi d'autres », car le
monothéisme n'apparaît qu'au moment de l'Exil, dans les oracles du deuxième Isaïe et dans la dernière rédaction du Deutéronome (4:39) : « C'est
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Yahvé qui est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre, et il n'y en a pas d'autre » . Certains historiens ou archéologues, comme Israël
Finkelstein, affirment même que le judaïsme des origines prend sa source dans le polythéisme cananéen et fait d'une de ses divinités originelles le seul
dieu choisi par le groupe. Le judaïsme serait alors un hénothéisme transformé plus tard (avec l'exil à Babylone ou avec l'émergence de la philosophie
néoplatonicienne juive) en monothéisme.

Ralph Stehly dit, à propos de « la religion arabe traditionnelle », avant l'islam : « Il s'agissait d'un polythéisme, ou plutôt d'un hénothéisme (du grec hen =
"un", par opposition à monos = "un seul") au niveau de chaque tribu, dans ce sens que chaque tribu avait une divinité particulière, différente de la divinité
de la tribu voisine. Cependant les statuettes représentant ces divinités semblent avoir été rassemblées au sanctuaire central de l'Arabie, la Ka'ba, ce qui
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est le signe d'une certaine unité. » .

Bibliographie [ modifier | modifier le code ]

Philippe Borgeaud, « Dieu(x) et divinités » dans Philippe Borgeaud (dir.) et Danièle Hervieu-Léger (dir.), Dictionnaire des faits religieux, Paris,
Presses universitaires de France, avec le concours du Centre National du Livre, 2010, p. 257-259
D. W. Holsten, « Henotheismus » dans (de) Die Religion in Geschichte und Gegenwart, vol. 3, Tübingen, 1959
Julien Ries, « Hénothéisme » dans Paul Poupard (dir.), Dictionnaire des religions, vol. 1, Paris, PUF, 2007, 2218 p. (ISBN 978-2-13-056434-8), p. 832
Michiko Yusa, « Henotheism » dans (en) Mircea Eliade (dir.), The Encyclopedia of Religion, vol. 6, Macmillan, 1987, 598 p. (ISBN 0-02-909480-1),
p. 266-267
Henri Clavier, Les Variétés de la pensée biblique et le problème de son unité, vol. 43, Leyde, Brill, coll. « Novum Testamentum, Suppléments », 1976,
xvi + 424 (ISBN 90-04-04465-5, lire en ligne [archive])

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Pour l'histoire du mot et du concept, on consultera avec profit l'article de Robert Mackintosh « Monolatry and henotheism » dans (en) James Hastings,
Encyclopaedia or Religion and Ethics, vol. 8, Édimbourg, 1915.

Notes et références [ modifier | modifier le code ]

1. ↑ (en) « Monotheism and Polytheism », dans Encyclopædia Britannica, 2014


2. ↑ Charles Taliaferro; Victoria S. Harrison; Stewart Goetz (2012), The Routledge Companion to Theism pp. 78–79., 2012, 730 p. (ISBN 978-1-136-33823-6, lire en
ligne [archive])
3. ↑ Robert Karl Gnuse, No Other Gods : Emergent Monotheism in Israel, Bloomsbury Academic, 1997, 132–133 with footnote 6 (ISBN 978-1-85075-657-6, lire en
ligne [archive])
a b et c
4. ↑ Michiko Yusa (1987)
5. ↑ Julien Ries
6. ↑ Michiko Yusa (1987). La citation de Müller provient de l'édition en anglais India : What Can It Teach Us ? (1896), p. 146-147, qui reproduit plusieurs conférences données
à Cambridge en 1882.
7. ↑ Henri Clavier, Les Variétés de la pensée biblique et le problème de son unité : Esquisse d'une théologie de la Bible sur les textes originaux at dans leur contexte
historique, Brill, 1976, 424 p. (ISBN 978-90-04-04465-4, lire en ligne [archive]), p. 86, note 116
8. ↑ Thomas Römer, La Bible, quelles histoires !, Bayard, 2014, p. 216-217.
9. ↑ La religion arabe traditionnelle [archive], infonie.fr

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