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LE BUFFET

Ce sonnet de Rimbaud a été écrit en 1870 dans le cahier de Douai qui rassemble les poèmes de jeunesse de ce jeune écrivain. Il
a eu une éducation stricte. Ceci l’a poussé à faire de nombreuses fugues. Il s’est lié d’amitié avec Verlaine. Il aura une vie assez
dissolue et meurt à 37 ans d’une tumeur au genou.
L’auteur décrit un objet familier du quotidien : un meuble fait de tiroirs contenant à l’origine de la vaisselle. Cet objet peu poétique
sert à évoquer le temps qui passe et donne une tonalité lyrique au sonnet

PB : Comment le poète parvient-il à percevoir ce qui se cache derrière cet objet du quotidien ?

Le poème est découpé en 1er Q : évocation d’un meuble


2èQ : description du contenu concret du meuble
2T : le meuble devient une personne familière qui détient des souvenirs
Lecture du texte

I humanisation progressive du buffet

C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,


V1 : présente les attributs de meuble

Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;


V2 : Rimbaud lui donne des attributs humains : comparaison avec des personnes âgées
Le meuble prend alors un visage.

Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre


V3 : le buffet ouvert semble se laisser approcher et passage de l’article indéfini « un » à l’art indéfini « le » fait passer le buffet
d’objet banal à celui d’un membre de la maisonnée

Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;


V4 : allitérations en « ch », « v », « f » comme dans vieux, verse, parfum, fouillis, cheveux… traduisent les bruits du meuble

II Accès a un passé riche en souvenirs (portes ouvertes)


L’emploi du présent de l’indicatif > description

Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,


V5 : redondance dûe aux pléonasme « vieilles vieilleries » qui personnifie le meuble > pers ki radote

De linges odorants et jaunes, de chiffons


De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
V6-7: abondance de termes au pluriel et l’accumulation d’objets à l’intérieur ki montre la richesse du meuble

De fichus de grand’mère où sont peints des griffons ;


V8 : allusion à l’univers fantastique

– C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches


De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits
V9-11, énumération du contenu du meuble > accumulation des objets
- traces du passé marquée par les virgules
- l’anaphore « de »
- Champ lexical de la vieillesse et vétusté (vieux, flétries, grand-mère, cheveux blancs..)

Ds tt le poème, l’ouverture du buffet éveille les sens qui donnent des sensations : Ces synesthésies font du buffet un lieu de
mémoire et de vie.
- Visuelles par les couleurs (sombre, noir, jaune…)
- Sonores (tu bruis)
- Olfactives (parfum, odorant…)
- Gustatives (vin, fruit)

III Ame au buffet


2PS (tu) montre une proximité et une sympathie vis-à-vis de cet objet personnifié.
On passe de verbes d’état à des vb d’action (verse, sais, voudrais, bruis) : de meuble passif, il devient actif qui pense et parle

– Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,


V12 : L’apostrophe > l’admiration

Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis


V13 : redondance > pers agée ki radote > le buffet apparait comme une grand-mère qui transmet des histoires à ses petits-enfants
Le buffet possède aussi une volonté > Il le transforme d’objet banal en objet extraordinaire
Emploi du conditionnel (on trouverait, tu voudrais) : mode de l’irréel permet le lecteur d’entrer dans l’imaginaire. Ceci est renforcé
par l’emploi des tirets au début de chq tercet

V12-13 : assonance en T > lenteur associée à la vieillesse

CC Ainsi « le buffet » est le seul poème de ce genre dans le recueil consacré plutôt aux émois amoureux ou à la révolte d’un
adolescent. Le poète transcende dans ce sonnet original le réel grâce à des images et des sonorités. Il fait vivre les objets : le
buffet prend vie et est sublimé par son regard laissant une atmosphère à la fois lyrique et mystérieuse.
Ce poème est à rapprocher du « Parti pris des choses » de Francis Ponge qui veut rendre compte de la beauté des objets du
quotidien.
Lyrique : Se dit d'une œuvre poétique où s'expriment avec une certaine passion les sentiments personnels de l'auteur.

Texte : Arthur RIMBAUD


Cahiers de Douai
« Le Buffet »
1871
Parcours associé : Emancipations créatrices

1 C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,


Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

5 Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,


De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand’mère où sont peints des griffons ;

9 – C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches


De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

12 – Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,


Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.

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